David Madore's WebLog: 2009-10

Vous êtes sur le blog de David Madore, qui, comme le reste de ce site web, parle de tout et de n'importe quoi (surtout de n'importe quoi, en fait), des maths à la moto et ma vie quotidienne, en passant par les langues, la politique, la philo de comptoir, la géographie, et beaucoup de râleries sur le fait que les ordinateurs ne marchent pas, ainsi que d'occasionnels rappels du fait que je préfère les garçons, et des petites fictions volontairement fragmentaires que je publie sous le nom collectif de fragments littéraires gratuits. • Ce blog eut été bilingue à ses débuts (certaines entrées étaient en anglais, d'autres en français, et quelques unes traduites dans les deux langues) ; il est maintenant presque exclusivement en français, mais je ne m'interdis pas d'écrire en anglais à l'occasion. • Pour naviguer, sachez que les entrées sont listées par ordre chronologique inverse (i.e., la plus récente est en haut). Cette page-ci rassemble les entrées publiées en octobre 2009 : il y a aussi un tableau par mois à la fin de cette page, et un index de toutes les entrées. Certaines de mes entrées sont rangées dans une ou plusieurs « catégories » (indiqués à la fin de l'entrée elle-même), mais ce système de rangement n'est pas très cohérent. Le permalien de chaque entrée est dans la date, et il est aussi rappelé avant et après le texte de l'entrée elle-même.

You are on David Madore's blog which, like the rest of this web site, is about everything and anything (mostly anything, really), from math to motorcycling and my daily life, but also languages, politics, amateur(ish) philosophy, geography, lots of ranting about the fact that computers don't work, occasional reminders of the fact that I prefer men, and some voluntarily fragmentary fictions that I publish under the collective name of gratuitous literary fragments. • This blog used to be bilingual at its beginning (some entries were in English, others in French, and a few translated in both languages); it is now almost exclusively in French, but I'm not ruling out writing English blog entries in the future. • To navigate, note that the entries are listed in reverse chronological order (i.e., the most recent is on top). This page lists the entries published in October 2009: there is also a table of months at the end of this page, and an index of all entries. Some entries are classified into one or more “categories” (indicated at the end of the entry itself), but this organization isn't very coherent. The permalink of each entry is in its date, and it is also reproduced before and after the text of the entry itself.

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Entries published in October 2009 / Entrées publiées en octobre 2009:

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(lundi)

Confusion nocturne

Je me réveille assez souvent pendant la première partie de la nuit (c'est-à-dire, très grossièrement, dans les 3h après m'être endormi) en étant complètement désorienté par exemple quant à l'endroit où je me trouve. Généralement cela fait suite à un rêve, ou une sorte de rêve.

Un thème commun de ce rêve, par exemple, serait que je suis entré dans un endroit plus ou moins labyrinthique et que je ne sais plus en sortir ou que je suis enfermé (les psychanalystes de comptoir auraient certainement beaucoup à dire sur ces thèmes-là !). Ou encore je rêve que quelqu'un a éteint la lumière alors que je suis dans un endroit qui m'est très peu familier et que je veux en sortir mais que je ne sais plus bien où est la sortie ni où est la lumière (ou même je rêve que je me suis endormi dans une maison que je ne connais pas, et que je me réveille et que je ne sais plus où sont les toilettes) : dans ces derniers cas, le rêve touche de très près à la réalité, et même lorsque, dans la réalité, je suis simplement chez moi, je me réveille complètement perdu. (Et parfois, je cherche la lumière une fois réveillé, justement je ne la trouve pas, ce qui alimente encore le même rêve.) Parfois aussi je fais un peu de somnambulisme et je me mets dans un état semi-endormi à chercher la sortie du labyrinthe de mes rêves[#]. J'en ai déjà parlé.

Ma confusion ne concerne pas forcément l'endroit où je suis. Parfois je me réveille en disant quelque chose de complètement incompréhensible (enfin, cela devait probablement être compréhensible si on connaissait le rêve qui précédait, mais moi-même je l'oublie très rapidement). Je réveille de temps en temps mon poussinet, comme ça, qui ne comprend pas plus que moi ce qui lui arrive. D'ailleurs, la même chose lui arrive aussi (mais plus rarement, je crois, et je ne crois pas qu'il ait jamais cette sensation d'être perdu).

Ce qui est bizarre, c'est que ça n'arrive presque que dans les premières heures du sommeil. Quand la nuit est bien plus avancée, je peux faire rêve sur rêve (et il m'arrive là aussi de rêver de labyrinthes, même s'ils prennent une forme assez différente) et même si on me réveille au cours de ceux-ci, je n'ai peut-être pas l'esprit complètement frais, mais je n'ai pas cette confusion caractéristique des débuts de nuit.

[#] Il m'est arrivé d'appeler au secours, cependant, quand j'étais plus petit, notamment quand j'étais vraiment dans un endroit que je ne connaissais pas et que je n'avais pas repéré les lieux. La panique de ne retrouver ni la porte de sortie de la pièce, ni l'interrupteur de lumière, pouvait être vraiment terrible.

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(lundi)

Provoquer des rencontres

Ce week-end, j'ai mis en contact deux amis que je connaissais séparément, en espérant qu'ils sympathisent. Chose qui n'a rien de remarquable (sauf à la rigueur le fait que ces deux amis habitent à 8977km(±2km) de chez moi à vol d'oiseau) ; mais, finalement, je n'ai pas souvent l'occasion de le faire : beaucoup de mes amis se connaissent déjà entre eux, ou quand ce n'est pas le cas, il est souvent soit peu souhaitable (humeurs probablement incompatibles, centres d'intérêts trop disjoints) soit probablement difficile (connaissance limitée à un cadre restreint, emplois du temps difficiles à concilier) de les amener à se rencontrer. C'est dommage.

Je pense pourtant que je devrais — et qu'en général « on » devrait — faire des efforts pour rassembler des gens qu'on connaît et qui auraient des chances de pouvoir s'entendre, voire devenir amis (ou, pourquoi pas, plus) si affinités : on s'extasie sur des sites web de réseaux sociaux (le plus récemment Facebook, même si celui-ci exploite en vérité assez peu la notion d'ami d'ami), mais dans la vraie vie j'ai l'impression qu'on explore assez peu qui nos amis d'amis et amis d'amis d'amis peuvent nous amener à rencontrer[#].

Il y a déjà assez longtemps, j'avais proposé un système pyramidal consistant, pour résumer, à inviter à dîner six amis qui (autant que possible) ne se connaissent pas les uns les autres, afin qu'ils se rencontrent et lient connaissance, puis leur demander que chacun reproduise le schéma (en plaçant celui qui les a invités au préalable dans la liste des convives) — et ainsi de suite récursivement. Comme beaucoup d'idées que j'ai eues, je me sens idiot de ne jamais l'avoir mise en pratique ; je devrais y reréfléchir ou, au moins, rédiger proprement des « règles » d'un tel système de rencontres et lui donner un nom accrocheur, après tout ça pourrait être un mème à succès[#2].

[#] Sauf peut-être quand il s'agit d'obtenir une faveur (le piston social) : c'est sans doute utile d'apprendre à cette occasion qu'on a forcément un ami qui connaît un proche de tel ou tel ministre, mais il y a beaucoup d'autres gens intéressants dans la vie que des proches de ministres.

[#2] Il y a des petits jeux du même genre avec des livres, par exemple (comme des chaînes, où on reçoit un livre qu'on est invité à lire et à donner à quelqu'un d'autre après avoir inscrit son nom dedans), qui ne sont pas moins sympathiques.

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(dimanche)

Les Joies de la famille

Mon poussinet et moi avons vu le film Patrick 1,5 (titre bizarrement traduit en français comme Les Joies de la famille). C'est certes un peu prévisible, mais c'est tout mignon et ça nous a beaucoup plu : je recommande, donc (et pas seulement parce que les deux principaux acteurs, Gustaf Skarsgård et Thomas Ljungman, sont très jolis à regarder). La difficulté, par contre, c'est qu'il n'est (plus ?) diffusé que quand une douzaine de salles en France (deux à Paris) : pour notre part, nous sommes allés au Mk2 Beaubourg (qui s'est fait une certaine spécialité de projeter les films « LGBT-themed »).

En passant, j'ai vu des gens (je crois que c'étaient les Mormons de la rue Saint-Merri) qui s'étaient installés au coin de Beaubourg et qui, perchés sur des bittes[#], lisaient à haute voix des textes religieux en anglais, probablement la bible du roi Jacques ou le livre de Mormon ou quelque chose de ce genre : ça faisait exactement penser à la scène des prophètes de Life of Brian (ou un peu au sermon au tout début de ce passage de The Meaning of Life), du coup j'ai vraiment eu envie de me mettre à côté d'eux et de commencer à prêcher moi aussi (mais je me suis souvenu de comment Brian finit et j'ai préféré éviter).

[#] Des bittes pour empêcher les voitures de passer, je veux dire. Après, si pour Pierre sur une pierre on peut fonder une Église, on peut certainement aussi faire des choses intéressantes sur une bitte.

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(samedi)

La petite famille s'agrandit

[Photo de peluche]Les lecteurs attentifs de ce blog (c'est de vous que je parle) connaissaient depuis longtemps Naughty & Dotty, ainsi que Daisy, et peut-être avez-vous vu remarqué Coinky (le poussin obèse qui joue de la flûte ténor). Ruxor et le poussinet ont la joie de vous présenter le nouvel arrivé de cette petite ménagerie : Bluby, la baleine toute souriante. (Adoptée au magasin Le Phare de la Baleine de Bordeaux par un poussinet de passage. La vendeuse lui a demandé c'est pour un petit garçon ou une petite fille ?, et le poussinet a, on peut l'imaginer, un peu rougi en répondant c'est pour moi ; la vendeuse l'a alors rassuré : vous avez le droit d'aimer les baleines.) La DDASS n'a fait aucune difficulté à ce que nous l'adoptions conjointement.

Vous pensez peut-être que nous sommes fous de peluches, mais en fait c'est très difficile d'en trouver qui me plaisent. Quand je fais un tour au rayon peluches et doudous du BHV, la plupart de celles que je vois ont une expression qui ne me plaît pas. Peut-être que je n'ai pas les mêmes goûts que les enfants de cinq ans ?

Sinon, parlant de baleines, j'aime bien cette vidéo.

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(jeudi)

Hadopi 2, amendement 138, et une conférence

Il y avait ceux (et même des gens célèbres-sur-la-toile) qui prévoyaient, les mêmes causes produisant les mêmes effets, que le Conseil constitutionnel ne pouvait que renouveler sur la loi Hadopi 2 la censure dont il avait déjà frappé la loi Hadopi. Il y avait même ceux qui suggéraient qu'un certain énervement se ferait ressentir rue de Montpensier en voyant le législateur publier exactement la même loi qui avait déjà été refusée une fois (dans des termes différents, certes, mais tout étant fait en sorte que les effets soient exactement les mêmes). Et il y avait des rumeurs comme quoi le Conseil d'État (qui loge, après tout, à quelques couloirs du Conseil constitutionnel et ne doit pas être complètement ignorant[#] de la Constitution) aurait soufflé au gouvernement que cette loi était contraire à la Constitution. En vérité, ces Messieurs du Conseil constitutionnel n'ont pas eu l'air spécialement émus de devoir plancher une deuxième fois sur la même loi, ou qu'on contourne grossièrement leur précédente décision : cette fois, ils ont validé la loi (à un détail près, qui déplaira peut-être à certains mais qui ne protège absolument pas les internautes). J'avoue que j'ai une image du Conseil constitutionnel un peu comme sa caricature chez les Guignols de l'Info et que ceci ne l'aide pas vraiment.

[#] Même si on a, en France, cette aberration incompréhensible du droit qui veut que le juge, qu'il soit administratif ou judiciaire, ne peut pas regarder la Constitution pour savoir si les lois y sont conformes. Ce serait éventuellement sensé s'il n'avait jamais le pouvoir d'écarter l'application d'une loi, mais il l'a lorsqu'elles sont contraires à un traité (ou, via les traités européens, au droit communaitaire même dérivé) : on arrive donc à cette situation totalement idiote, absurde, et que personne n'est foutu d'expliquer, que la Constitution est censément au-dessus des traités eux-même au-dessus des lois, mais qu'elle est tellement au-dessus qu'on ne la voit même plus. D'où ma sempiternelle question : que se passerait-il si la France passait un traité avec les îles Tuvalu dont le contenu serait la France s'engage à respecter la Constitution française (en échange de quoi les îles Tuvalu s'engagent à ce que 2+2=4, puisqu'il faut paraît-il une réciprocité dans les traités) : ceci permettrait-il au juge de faire respecter le traité qui dit que la Constitution doit être respectée ?

Pendant ce temps, à Bruxelles (ou Strasbourg ?), il semble qu'il y ait aussi des mauvaises nouvelles de l'amendement 138 (aka 46) du paquet Télécoms (un amendement qui prévoyait, justement, d'interdire de suspendre une connexion Internet sauf par une décision de justice — et auquel les gouvernements français et anglais étaient, très logiquement, viscéralement opposés). Rappelons que le Parlement avait plusieurs fois, à une très large majorité, rétabli cet amendement contre la volonté du Conseil (c'est un domaine de codécision, donc il faut que les deux s'entendent sur le même texte), et aux dernières nouvelles le texte était en comité de conciliation. J'entends maintenant que l'amendement a été abandonné mardi par le Parlement, mais je n'arrive pas à savoir si c'est en comité ou en séance plénière (je ne suis pas sûr de comprendre la procédure, mais si c'est en comité, il est possible que l'amendement puisse encore être réintroduit en séance plénière ; si c'est en plénière, c'est trop tard, parce que le Conseil va certainement approuver le paquet tel qu'il est). Impossible de trouver un dossier sur le paquet Télécoms sur le site Web du parlement européen : si vous y arrivez, vous êtes plus fort que moi ; mais je note que les minutes de la séance de mardi sont en ligne et même si je ne comprends pas ce mélange de toutes les langues de l'Union ça n'a pas l'air de beaucoup parler de Télécoms.

Je fais un léger non sequitur pour dire qu'il y avait avant-hier à Télécom (l'École !) une conférence, organisée par l'association Utopia et dont le titre était : Quels enseignements politiques tirer des expériences du logiciel libre et de celle des creative commons ? J'y suis allé, outre parce que j'étais dans le bâtiment, parce que l'un des invités était Patrick Bloche (député de Paris, maire du 11e arrondissement, PS), pour qui j'ai le plus grand respect (au moins dans ce combat précis, mais déjà il y a dix ans lorsqu'il a « porté » le PACS à l'Assemblée). Il a fait la prévision que, quelle que soit la décision que le Conseil constitutionnel rendrait, cette loi ne serait jamais appliquée, ne serait pas plus appliquée que la loi DADVSI avant elle, et que ce n'était pas l'intention de ceux qui la portaient qu'elle fût appliquée puisque l'ancienne ministre de la culture parlait de loi pédagogique (peut-être même thérapeutique ?), qu'il s'agissait plutôt d'une tentative de contrôle d'Internet et surtout de l'attention du public. Mais celui qui a surtout parlé, dans cette conférence, c'est Philippe Aigrain (connu notamment comme le fondateur de La Quadrature du Net) : et il faut dire qu'il parle extraordinairement bien, Philippe Aigrain — c'est clair, c'est précis, c'est compréhensible, c'est argumenté. Je ne veux pas tenter de résumer en une phrase ce qu'il a dit. Mais comme je tape des notes dans la plupart des séminaires scientifiques auxquels j'assiste et que j'ai décidé d'en faire autant cette fois-là, vous voulez les lire : elles sont ici (évidemment, comme c'est saisi sur le vif, il y a des choses que j'ai ratées, ou mal comprises, ou mal entendues, etc., donc c'est parfois un peu bordélique, mais j'espère quand même que ça reste compréhensible). La vidéo sera disponible plus tard (je ne sais pas quand) en ligne (ou peut-être ailleurs : ils avaient évoqué Mediapart).

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(mercredi)

TP en Sage, et webapplications

J'ai donné hier un TP pour un cours d'(introduction à l')arithmétique pour la cryptographie[#] dont je suis responsable à Télécom (dans le cadre d'un master sécurité). Le choix du logiciel de calcul symbolique dans lequel travailler est toujours un peu épineux. Je préfère par principe un logiciel libre, ce qui laisse encore un certain choix ; mais il faut tenir compte de l'environnement disponible dans les salles de TP auxquelles j'ai accès. Or, à ce sujet, sauf à aller frapper à la porte d'autres départements de l'École, le choix est entre des salles de PC Windows (or je ne sais pas utiliser Windows, et je n'ai pas trop envie d'apprendre) ou de Sun (également Intel) sous Solaris 11, l'installation de ce dernier OS n'étant pas toujours complètement orthodoxe (et, concrètement, compiler n'importe quoi est une gageüre). L'an dernier j'avais fait mes TP sous Maxima qui est, il faut le dire, assez mauvais (et je ne sais pas qui a eu l'idée d'utiliser “:” pour l'affectation, mais il devait vraiment avoir fumé quelque chose). Cette année, j'ai jeté l'éponge sur l'idée de compiler quoi que ce soit sur les machines de TP, et j'ai utilisé Sage[#2] à distance : le programme tourne sur ma machine au bureau, et les étudiants y accèdent par un navigateur Web. Il faut dire que Sage a un système de worksheets assez impressionnant de ce point de vue-là (il y en a une démonstration publiquement accessible sur www.sagenb.org[#3]).

C'est une idée séduisante a priori : au lieu de faire une interface graphique, un programme peut toujours décider d'utiliser un navigateur pour ça, de se présenter sous la forme d'un site Web. Et de fait, les webapplications rencontrent un succès spectaculaire qu'on peut juger au nombre de bouquins sur Ajax (il ne s'agit pas du cousin d'Achille) qu'on peut trouver dans n'importe quel rayon informatique (section technologies Web) de librairie.

Mais en fait, le concept a aussi ses limitations, qu'on rencontre rapidement même quand la réalisation est soignée, et qui donnent un petit goût désagréable d'inachevé ou de bricolé. Prenez les racourcis clavier : on ne peut y mettre que ce que le navigateur lui-même n'a pas réquisitionné ; prenez les commandes à la souris : elles sont sévèrement contraintes par ce que le modèle de focus du document permet ; on a du mal à avoir un vrai menu contextuel, on a du mal à avoir du glisser-déplacer qui marche de façon fluide et claire, on a du mal à avoir un copier-coller riche, on a du mal à avoir un système de menus ou un toolkit qui s'harmonise bien avec le navigateur, l'édition des textes se fait dans des widgets qui ne sont pas de vrais éditeurs, la notion de session est difficile à faire avaler à un système (le Web) prévu pour être sans état… Bref, l'idée est sympa et certainement très utile, mais j'aimerais bien que des solutions soient trouvées pour que ça cesse d'être du bricolage et que l'intégration soit vraiment parfaite (c'est-à-dire aussi bonne que pour une application native) : or j'y crois fort peu. S'agissant de l'interface worksheet de Sage, le boulot réalisé est impressionnant, certes, mais ce genre de limitations me frappe toujours : le copier-coller a des ratées, les rectangles de saisie varient parfois de taille de façon inexpliquée, bref, les finitions manquent (et ce n'est pas la faute de Sage, c'est le concept de webapplication qui rend ça pour l'instant inévitable).

Bon, le pire ça a surtout été quand j'ai voulu faire cet après-midi un corrigé de ce TP : je me suis dit que j'allais l'écrire comme une worksheet Sage, justement (plutôt qu'en tapant tout en TeX). Mauvaise idée. D'abord, tous les commentaires entourant les commandes, j'ai dû les saisir dans un éditeur HTML appelé depuis l'interface et qui est certes impressionnant mais qui n'est pas l'éditeur que j'ai l'habitude d'utiliser (et pour ce qui est du copier-coller, de nouveau, c'est pas terrible). Mais une fois que j'eus fini et que j'eus publié ma worksheet, je me suis senti un peu escroqué : la page Web ainsi produite est assez jolie, mais pas moyen de l'exporter en PDF (si j'essaie de l'imprimer vers un PDF, mon navigateur produit quelque chose de vraiment très moche), pas vraiment moyen non plus de la sauver comme une page HTML (elle fait appel à des quantités invraisemblables de JavaScript de chez jQuery et jsMath), on peut juste en sauvegarder une version au format Sage worksheet, qui sera certes lisible sur un autre Sage, mais bon, le problème initial était justement que ce n'est pas la chose la plus facile au monde à installer.

[#] Le but du cours étant d'arriver à faire comprendre à des gens qui ont fait des parcours assez différents (et parfois plus fait de maths depuis longtemps) comment « fonctionnent », si j'ose dire, ℤ/mℤ (le théorème chinois, les éléments primitifs, ce genre de choses) et (un tout petit peu) les corps finis.

[#2] Aux dernières nouvelles, Sage ne tourne pas sous Windows, et pas bien (ou pas complètement) sous Solaris. Donc c'était peu évident, comme solution !

[#3] Je me demande comment ce site fait pour ne pas être complètement vandalisé, d'ailleurs.

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(samedi)

Les Espagnols ont deux noms, les Français maintenant aussi

Tout le monde sait que les Espagnols ont deux noms de famille[#] : un qui leur vient du père (a priori placé en premier), et un qui leur vient de leur mère (a priori placé en second). Je pensais que l'un de ces noms était patrilinéaire et l'autre matrilinéaire : je suis déçu d'apprendre que, non, même si la loi autorise à permuter les deux noms, chacun donne à ses enfants son premier nom, donc normalement le nom de son père. Donc normalement le nom de quelqu'un est formé du nom de son père et du nom de sa mère, c'est-à-dire, du nom de son grand-père paternel et du nom de son grand-père maternel, les grand-mères pouvant aller se faire voir. Contrairement à ce qu'on dit parfois, le système ne respecte pas l'égalité des sexes (sauf, justement, depuis que la loi permet de permuter les deux noms, mais ce n'est pas trop dans l'usage). La solution que j'avais en tête était plus simple : chacun a un nom patrilinéaire et un nom matrilinéaire (l'ordre entre les deux étant arbitraire et non défini), et reçoit le nom patrilinéaire de son père et le nom matrilinéaire de sa mère ; là, l'égalité des sexes aurait été parfaite. Malheureusement, le monde ne se conforme pas toujours à mon imagination de matheux[#2]. ☺️

Même ce schéma consistant à avoir un nom patrilinéaire et un nom matrilinéaire est un peu regrettable : s'il respecte l'égalité des sexes, il en organise aussi la ségrégation rigoureuse (noms d'hommes et noms de femmes ne se mélangent pas : on reçoit un nom de son grand-père paternel, un autre de sa grand-mère maternelle — les hommes ne peuvent préserver un de leurs noms qu'en ayant un garçon, les femmes en ayant une fille). On pouvait imaginer d'autres choses : les Modulotroisiens, par exemple, ont aussi deux noms, que nous appellerons le Nom 1 et le Nom 2 (ce qui ne signifie pas qu'ils soient forcément cités dans cet ordre là) ; la règle est que le Nom 1 d'un individu est le Nom 2 de son père, et que le Nom 2 d'un individu est le Nom 1 de sa mère — cette fois, ce sont le grand-père paternel et la grand-mère maternelle qu'on oublie, les hommes transmettent un de leurs noms (le 2) par leurs filles et les femmes (le 1) par leurs fils. C'est un peu tordu, mais les anthropologues structuraux ont décrit des choses autrement plus tordues dans les structures de tabous sur l'inceste ou d'obligations de mariage entre cousins croisés : ça ne m'étonnerait pas qu'on eût vraiment rencontré quelque part le système de noms que je décris. On peut évidemment le compliquer : chez les Modulocinquiens, chaque individu à quatre noms, numérotés de 1 à 4 (même si seuls les noms 1 et 4 sont couramment utilisés) ; les noms 1 et 2 d'un individu sont les noms 2 et 4 (respectivement) de son père, et les noms 3 et 4 d'un individu sont les noms 1 et 3 (respectivement) de sa mère ; chez les Moduloseptiens, chaque individu a six noms, les noms 1, 2, 3 étant les noms 2, 4 et 6 du père, et les 4, 5, 6 étant les 1, 3 et 5 de la mère — malgré la similitude, il y a une différence très importante entre les Modulocinquiens et les Moduloseptiens, que je laisse le lecteur découvrir par lui-même[#3].

Trêve de délires matheux, il est maintenant possible en France de donner à ses enfants un double nom (un nom du père et un nom de la mère, choisis par les parents, et dans un ordre également choisi par eux ; mais le nom de toute une fratrie d'enfants d'un même couple doit être le même, choisi lors de la naissance du premier). Il était initialement prévu — par une simple circulaire — de séparer les deux noms d'un nom double par un double trait d'union (ainsi les enfants de Monsieur Dupont et de Madame Dugenou pourraient-ils s'appeler les Dupont, les Dugenou, les Dupont--Dugenou ou les Dugenou--Dupont : et rien d'autre), pour les différencier des noms composés mais uniques pour ce qui est de la loi en question[#4]. Comme la France est généreusement dotée d'autant de procéduriers pénibles pour contester des règles idiotes que de bureaucrates pour inventer ces règles idiotes, il s'est évidemment trouvé des gens pour contester devant les tribunaux l'usage du signe typographique “--” comme séparateur (dont il faut avouer qu'il est assez peu français, mais bon, innover en matière de ponctuation est une bonne idée) ; et le tribunal de grande instance de Lille leur a donné raison (impossible apparemment de trouver le jugement sur Internet) au motif qu'une circulaire ne peut pas créer de droit[#5]. Du coup, maintenant, on doit se trouver dans une situation où il y a une différence byzantine entre des gens qui ont un nom double et des gens qui ont un nom composé, sans que cette distinction puisse se voir au niveau de l'écriture du nom ! Si le législateur avait été un peu moins control-freak, il aurait simplement prévu que les parents choisissent le nom de leur enfant en juxtaposant comme ils le souhaitent[#6] les éléments du nom des deux parents, ces éléments étant séparés par une espace, un trait d'union, ou un signe de ponctuation quelconque (le choix étant arbitraire à chaque fois que le nom est écrit), et on aurait évité ce merdier de distinction inutile entre noms doubles et noms composés : je ne vois absolument pas l'intérêt de fixer des règles juste pour éviter que les enfants de Monsieur Machin-Trucmuche ne reçoivent que Machin ou Trucmuche dans leur nom ou que ceux de Madame Dupont--Dugenou reçoivent à la fois le Dupont et le Dugenou (sauf à recevoir exactement les deux).

[#] Même si je ne suis pas certain que les deux servent vraiment (en France, beaucoup de gens ont quatre prénoms, mais il est plus qu'un peu rare d'appeler quelqu'un par autre chose que son premier prénom ; dans les pays anglo-saxons, le middle name est un peu moins rarement utilisé, mais il reste relativement marginal). Sans regarder Wikipédia, sauriez-vous dire les deux noms de Rafael Nadal, Pedro Almodóvar, Penélope Cruz ou Antonio Banderas (attention, pour ce dernier, il y a un piège) ?

[#2] Par contre, il y a des gens qui étudient assez sérieusement ce qu'on trouve en remontant un arbre généalogique très loin dans la branche patrilinéaire et dans la branche matrilinéaire. Avec ce système, j'imagine que mes noms de famille seraient R1b et F : pas très joli, finalement. 🤪

[#3] Indication : qu'arriva-t-il le jour où la moitié de l'état-civil de la Moduloseptie fut brûlé de sorte que seuls les noms 1, 2 et 4 de chaque individu survécurent ?

[#4] Les enfants de Monsieur Machin-Trucmuche et de Madame Dupont--Dugenou pourraient s'appeler les Machin-Trucmuche, les Dupont--Dugenou, les Dupont, les Dugenou, les Machin-Trucmuche--Dupont, les Machin-Trucmuche--Dugenou, les Dupont--Machin-Trucmuche ou les Dugenou--Machin-Trucmuche ; mais pas les Machin--Dupont ni les Trucmuche, ni les Dugenou--Dupont, ni les Dupont-Dugenou : vous suivez ?

[#5] Je ne comprends d'ailleurs pas vraiment le raisonnement du tribunal : la circulaire semble préciser uniquement la façon dont on note le double nom sur l'acte d'état-civil, je ne vois pas ce que ça change de si la circulaire avait demandé que figure en toutes lettres la mention Dupont-Dugenou est un nom double dont la première partie est Dupont et la seconde Dugenou. Idem quand quelqu'un demandera son nom à Madame Dupont--Dugenou : c'est à celui qui rédige le formulaire de préciser s'il veut qu'on sépare les deux parties d'un nom double par un signe de ponctuation particulier, et il peut très bien demander qu'on mette un astérisque ou une barre oblique.

[#6] Au moins un élément, bien sûr ! Et en permettant éventuellement au pouvoir réglementaire fixer quelques règles supplémentaires concernant des éléments tels que de ou le, si on veut absolument éviter que les enfants de Monsieur de la Pâte Feuilletée s'appellent de tout court. Encore que, si les parents y tiennent vraiment…

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(samedi)

Mettez-vous à la place des victimes…

Lorsqu'il y a une discussion sur la justice pénale (que ce soit en général ou sur une affaire en particulier), il y a des chances que quelqu'un finisse par sortir cette incantation, qui ressemble beaucoup au point Godwin en la matière : Mais mettez-vous un peu à la place des victimes… C'est quelque chose qui m'horripile.

Ce n'est pas que l'argument soit mauvais en soi : il est certainement bon et souhaitable, que ce soit pour une réflexion générale ou particulière sur la Justice, de prendre en compte le point de vue des victimes. Le problème, c'est que quand on le fait, il faudrait aussi savoir se mettre à la place des coupables (ou, s'agissant d'une affaire particulière et non encore jugée, des accusés). Ce n'est pas un exercice formel de relativisme, et ce n'est certainement pas un argument pour dire que les points de vue de la victime et du criminel sont interchangeables et qu'on doit faire une sorte de « moyenne » entre eux ! Mais ces deux points de vue ne sont pas, ou ne devraient pas être, irréconciliables : si la victime d'un crime ne cherche pas à se venger mais demande simplement justice, et si le coupable ne cherche pas à échapper à la peine mais à se réconcilier (avec sa conscience, avec la société, et idéalement avec la victime aussi) et à se réinsérer, alors ils peuvent être d'accord. Le rôle d'un juge, dans un procès où les faits ne sont pas contestés, devrait sans doute être de se rapprocher mentalement à la fois de la victime « parfaite » et du criminel « parfait » qui parleraient d'une même voix. Si on ne regarde que le point de vue de la victime, c'est sans doute que ce n'est pas celui d'une victime « parfaite » en ce sens.

Or je n'entends jamais (de la part, au hasard, d'un ministre de la Justice, dans le cadre d'une discussion sur la rigueur des peines), l'exhortation : Mettez-vous à la place des condamnés… Une telle phrase déclencherait certainement un tollé : Comment ? On oserait mettre sur le même plan <gnagnagnagnagnagna> ! Cette attitude offensée (par exemple celle consistant à se dire ah mais moi je ne ferais jamais quelque chose de semblable ! je ne suis pas un criminel / violeur / pervers / détraqué sexuel, moi ! comment voulez-vous que je me mette à la place d'un coupable ?) procède de l'idée que les coupables d'un crime ne sont pas sont des humains normaux ; que ce sont gens complètement à part, des monstres, qui ont a priori quelque chose de différent de vous ou moi. Cette idée est fausse, et elle est dangereuse pour la Justice. Parmi les gamins de cinq ans qui nous regardent avec des yeux d'ange, il y en a qui seront victimes de crimes, oui, et il y en a (sans doute pas beaucoup moins) qui en commettront : l'idée (qu'on peut soupçonner certains hommes politiques de tous bords de croire ou surtout d'entretenir) que les coupables et les victimes seraient des populations structuralement différentes, voire prédestinées à l'un ou l'autre rôle, la première apparaissant peut-être par génération spontanée (ce ne sont quand même pas ces petits anges des écoles maternelles qui deviendront comme ça, si ?), est une conception de la nature humaine dont la naïvetée manichéenne ferait sourire si elle n'était pas par ailleurs un peu nauséabonde comme toute tentative pour diviser l'humanité en eux versus nous. De même l'idée que les criminels sont des malades, comme si le Bien était fondamentalement ancré dans l'âme humaine et que sa disparition était une aliénation mentale (on aimerait peut-être le croire, mais ce n'est pas sérieux).

Se mettre à la place d'un criminel, ce n'est pas excuser le crime : c'est aussi essayer de le comprendre, et on ne peut pas lutter contre sans le comprendre.

Et quand les gens essaient d'appeler à l'empathie sur les victimes de crime en clamant et si c'étaient vos enfants ?, j'ai envie de demander : les criminels n'auraient pas de parents ? (toujours cette idée de génération spontanée).

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(lundi)

La science est aussi une forme de culture générale

Il est de bon ton dans certains milieux de se lamenter que les jeunes de nos jours (ou les Français en général, ou les gens en général, selon qui parle) ont une culture générale complètement nulle. Je ne sais pas si je suis d'accord avec cette affirmation (je suis en tout cas assez sceptique quant à l'idée, souvent implicite, que ce soit pire qu'avant ; j'aimerais certainement que les gens fussent plus cultivés mais je ne sais pas si on peut y arriver), mais il y a une chose qui m'agace profondément dans la façon dont la grande majorité des gens qui prononcent ce constat accablant l'entendent : c'est qu'ils parlent uniquement de culture littéraire, historique, géographique, politique, bref, humaine, et qu'ils font une sorte d'impasse sur tout ce qui est culture scientifique ou technique. Bref, ils se lamentent de ce que les jeunes (ou je ne sais qui) ne savent pas dans quel siècle Shakespeare est né, ne reconnaissent pas un tableau aussi connu que Les Noces de Cana, ni ne peuvent citer les pays frontaliers de l'Allemagne[#] ; mais je suis sûr qu'ils auraient souvent l'air moins fiers si on leur demandait de but en blanc (ce que je tâcherai de faire, la prochaine fois que quelqu'un tiendra devant moi un discours de ce genre, et j'invite mes lecteurs à jouer aussi à ce jeu) : pouvez-vous me dire approximativement la masse de la Terre ? (chose qu'il est à peu près aussi scandaleux — ou non-scandaleux — d'ignorer que le siècle dans lequel Shakespeare est né).

La notion de culture générale, et l'idée de ce qu'il est scandaleux ou non d'ignorer, varie furieusement selon la personne qui donne son avis, et on devine facilement que c'est une notion qui a tendance à épouser bien facilement les contours de ce que cette personne elle-même connaît. Je lève les yeux au ciel parce que mon poussinet ignore qui est William Blake, et peu de temps après c'est lui qui se moque de moi parce que je n'ignore presque jusqu'au nom de Paolo Conte. Je me rappelle avoir entendu un ami s'indigner qu'on puisse ne pas faire l'effort d'apprendre la liste des rois de France (de fait, il la connaissait par cœur) et, alors que nous passions rue Dante, montrer son ignorance complète de qui était ce Monsieur à part un poète italien (peut-être de l'antiquité ?).

Mais dans tous les cas, les connaissances scientifiques ont tendance à être écartées de la culture générale, même quand il s'agit d'un scientifique qui s'exprime. Il n'y a aucune raison à ça : toute forme de connaissance qui n'est généralement pas directement applicable dans la vie courante, mais qui participe de façon vague à notre compréhension du monde dans les bases de telle ou telle discipline, mérite d'être appelée culture générale. Le fait de savoir que la Terre tourne autour du Soleil[#2] se range donc bien là-dedans (comme le prouve l'étonnement de John Watson quand Sherlock Holmes lui avoue dans A Study in Scarlet qu'il n'en avait aucune idée, et qu'il fera de son mieux pour oublier cette information vu qu'elle ne peut lui servir à rien) : à mon avis, c'est assez comparable avec le fait de savoir que Shakespeare était un poète et dramaturge anglais (et peut-être Sherlock Holmes ignorait-il cela aussi). D'ailleurs, un assez célèbre exemple à la télévision française montre que ce n'est pas gagné pour tout le monde.

J'aimerais lancer une vaste opération (plus étendue et aussi plus facile que celle-ci) pour évaluer l'étendue de la culture générale des Français, à la fois dans l'absolu et selon des critères et catégories socio-professionnelles, dans différentes disciplines, et en distinguant la connaissance brute et la capacité à la mettre en œuvre dans une question partique (par exemple, un nombre pas forcément ridicule de personnes doivent être capables d'énoncer le théorème de Pythagore ; pour autant, si je leur montre deux points sur une grille centimétrique carrée situés l'un de l'autre à 3cm dans une direction et 4cm selon l'axe orthogonal, je pense que très peu de gens seraient capables de donner la distance entre les deux points).

Mais la chose qui m'effraie le plus, c'est que je pense l'immense majorité de la population incapable de faire le moindre raisonnement d'ordre de grandeur. Par exemple, si je demande la masse de la Terre à un facteur 10 près, la réaction sensée à avoir est de se dire : Voyons, je sais que sa circonférence fait 40000km (ça c'est un chiffre que les gens retiennent), donc le rayon fait dans les 6000km, donc le volume dans les 1021m³ ; or puisqu'un mètre cube d'eau pèse 1000kg, un mètre cube de terre (enfin, de Terre), ça doit sans doute peser quelque part entre 103kg et 104kg, donc la masse de la Terre doit être quelque part entre 1024kg et 1025kg. (De fait, la valeur correcte[#3] est 6·1024kg.) Pour en arriver là, il n'y a qu'à connaître la formule donnant la circonférence d'un cercle ou le volume d'une boule (même ma maman les connaît) et un peu de jugeote dans les approximations. Mais je soupçonne que quasiment personne ne fera ce genre de raisonnements : les gens se diraient qu'ils ne se rappellent pas combien vaut π, n'auraient pas l'idée de se dire que 40 divisé par 2π ça fait environ 40 divisé par 6 ça fait environ 6 et c'est bien assez précis comme ça, et évidemment ils n'oseraient pas manipuler des puissances de 10. Peut-être que je me trompe, mais je suis pessimiste : je crois que les gens, même ceux qui connaissent la formule donnant le volume d'une boule, refuseraient juste de brancher leur cerveau et sortiraient un nombre quelconque (mille milliards de tonnes, ça semble beaucoup ? ça doit être ça alors). J'ai déjà souligné ce genre de choses.

C'est aussi lamentable que le fait que beaucoup de gens ne sauraient pas dire que Shakespeare est né au XVIe siècle (et/ou ne tenteraient pas de réfléchir pour situer la chose par rapport à l'arrivée de Christophe Colomb en Amérique, à la glorieuse révolution anglaise, que sais-je encore). Mais c'est aussi plus grave de conséquences : on n'arrête pas de nous bombarder avec des chiffres plus ou moins idiots d'ordres de grandeur (pensez, par exemple, à tout ce qu'on peut raconter en ce moment en ce qui concerne les émissions de CO2 et la politique énergétique) ; parfois d'ailleurs des journalistes imbéciles se plantent d'un facteur dix, mille ou un million (typiquement, traduisent l'anglais billion, qui désigne[#4] le milliard ou 109 en le français billion, qui désigne mille milliards ou 1012 ; ou confondent des kilotonnes et des kilogrammes), quand ils ne se plantent pas, en plus, d'unité (exercez-vous à compter le nombre de fois qu'un journaliste exprime une puissance en kilowatts-heure, ou une énergie en kilowatts, ou parle de kilowatts par heure pour quelque chose qui n'est certainement pas une vitesse de variation de puissance : c'est peut-être un agacement de pédant, mais si le type qui parle ou écrit avait la moindre compréhension de ce qu'il dit, il ne ferait jamais ce genre de faute). Je rêve d'un cours d'ordres de grandeur au lycée, où on poserait des questions comme : estimez le nombre de grains de sables sur une plage typique ou quelle est la masse totale de toutes les fourmis de la Terre ? (vous avez droit à un facteur 100 ou 1000 près, parce que ce n'est pas facile du tout). La leçon essentielle serait qu'il est bien plus important de retenir la puissance de 10 que la mantisse (le multiplicateur qui est devant), et que connaître des nombres approximatifs, fût-ce à un facteur 10, 100 voire 1000 près, peut être utile et important pour se rendre compte si une affirmation est vraisemblable ou non.

Le fait est que l'inculture scientifique crasse de nos concitoyens est utilisé sans vergogne pour leur faire prendre des vessies pour des lanternes. (Quand ce n'est pas eux qui se précipitent d'eux-mêmes pour prendre des vessies pour des lanternes.) Et parfois sur des sujets graves ou problématiques : beaucoup de gens sont persuadés que l'énergie nucléaire est mauvaise ou dangereuse, ou que les antennes de téléphonie mobile émettent trop fort, ou que les OGM sont dangereux, pour des raisons totalement dénuées de fondement scientifique (ce qui ne veut pas dire qu'on ne doive pas débattre à ce sujet, mais l'idée de trancher ces débats par un choix « démocratique » quand les citoyens sont profondément ignorants et facilement manipulables par des slogans simplistes, c'est très inquiétant). Quand ce n'est pas sur des questions de société, c'est aussi sur des choix individuels à la consommation (xkcd l'a illustré récemment, d'ailleurs) : un ami me faisait par exemple remarquer que les produits alimentaires contiennent soit de l'énergie (c'est bien l'énergie, c'est positif, c'est bon pour les enfants pour se dépenser) soit des calories[#5] (mais alors il en faut le moins possible parce que ça fait grossir, donc il faut être pauvre en calories, si possible contenir moins de 1 calorie par dose) — je ne suis pas certain que les gens soient bien conscients qu'il s'agit bien de la même chose !

Je ne veux surtout pas jeter la pierre sur les profs ou sur l'Éducation nationale (ils en reçoivent largement assez, des pierres, de tous les côtés). Je dis que je rêve d'un cours d'ordres de grandeur, mais je ne sais pas si ce n'est pas un rêve totalement utopique : j'ai une profonde répugnance à penser que les gens soient condamnés à être ignorants, mais j'ai aussi assez de réalisme pour me rendre compte que c'est parfois naïf d'espérer autre chose. Bref, je n'en sais rien. Mais on pourrait au moins espérer faire rentrer dans la tête des gens que, justement, ils sont ignorants, et qu'à défaut de savoir il est bon de savoir qu'on ne sait pas ! Car si pour ce qui est de la culture dans les humanités il est rare que le pékin moyen, ou l'homme politique (tout aussi moyen) qui le représente, se mêle d'avoir forcément raison[#6], en matière de tout ce qui est scientifique ou technique (informatique, politique énergétique, santé publique), on ne se prive pas de parler bien fort de ce sur quoi on ne sait rien.

Et surtout, je veux jeter la pierre sur ceux qui désespèrent qu'on pense que Shakespeare est né au XIIe siècle (décidément, je tiens à mon exemple) mais qui trouvent normal qu'on puisse s'imaginer que la Terre pèse mille milliards de tonnes ; qui défendraient une ignorance en disant bah, on n'est pas des astronomes et qui rejetteraient l'argument bah, on n'est pas non plus des historiens. La chose qui est indéfendable, ce n'est pas d'être ignorant de l'une ou l'autre question : la chose indéfendable, c'est d'entendre une question de ce genre dont on ne sache pas la réponse, et de ne pas aller se bouger son c** pour aller regarder sur Wikipédia ou dans n'importe quel dictionnaire, pour être un peu moins ignorant pour la suite.

[#] L'émission Karambolage s'était livrée à ce petit jeu que de demander ça à des Parisiens (et, à des Berlinois, les pays frontaliers de la France). Ce n'était pas vraiment brillant (ni dans un sens ni dans l'autre) : notamment, beaucoup de Français semblent penser que la Russie est limitrophe de l'Allemagne.

[#2] Et un grand blah préventif à ceux qui feront les malins en expliquant que ce n'est pas faux de dire que le Soleil tourne autour de la Terre car tout est relatif.

[#3] Pour faire un peu d'histoire des sciences, le premier à avoir mesuré la masse de la Terre est Henry Cavendish en 1798, en mesurant du même coup — ou de façon équivalente — la constante de Newton (que certains appellent, du coup, de Cavendish) de la gravitation, ou la masse volumique de la Terre (ce qui était la chose qui l'intéressant le plus dans l'histoire : quelque chose comme 5½ fois celle de l'eau). À ce sujet, une autre façon de retrouver la masse de la Terre est de connaître la constante de la gravitation (autour de 6.7·10−11m³/kg/s²), la distance de la Terre à la Lune (c'est plus facile à retenir sous la forme d'un peu plus que 1 seconde lumière si on connaît la vitesse de la lumière), la période de révolution de la Lune (ça, a priori tout le monde sait que c'est un mois — même si on peut pinailler pour faire la différence entre le mois sidéral et le mois synodique, ce sera le même ordre de grandeur)… et les lois de Kepler (ou le théorème du viriel). Mais bon, c'est un peu plus compliqué, et c'est aussi moins précis quand on prend des chiffres trop approximatifs (de tête je trouve dans les 2·1024kg pour la masse de la Terre avec ces valeurs, ce qui est le bon ordre de grandeur mais quand même pas terrible sur la mantisse).

[#4] Là, normalement, des lecteurs me font remarquer que billion désignait historiquement 1012 en anglais, d'ailleurs ce sens a perduré plus longtemps en anglais britannique, et que réciproquement, billion a pu désigner un milliard (109) en français. Les deux sont vrais, mais maintenant l'usage est à peu près fixé. Mon avis est d'ailleurs que le mot billion et même milliard devrait être complètement supprimé, et qu'on devrait utiliser les préfixes SI comme si c'étaient des nombres (ça a le double avantage de ne pas dépendre de la langue, et d'avoir le même langage pour les quantités sans dimensions et pour celles qui en ont) : donc dire que la Terre compte six giga habitants, que la dette des États-Unis est d'une douzaine de téra dollars, etc.

[#5] Il s'agit, en fait, de kilocalories (soit 4.184kJ). Mais comme les gens n'ont aucune idée des ordres de grandeur des énergies, faire remarquer la différence c'est comme pisser dans un violon. Pour la défense de ceux qui confondent calorie et kilocalorie, admettons cependant qu'il y a une ambiguïté historique sur l'usage de ce terme (c'est comme pour le billion).

[#6] Pour faire un léger coq-à-l'âne, cela m'évoque cependant l'anecdote suivante (probablement apocryphe, et donc je ne vais pas chercher à en retrouver une source, de peur d'apprendre que c'est complètement inventé) : au cours d'un débat à la Chambre des Communes quand elle était Premier ministre, Margaret Thatcher aurait expliqué qu'il ne fallait pas écouter le chant de sirène des travaillistes, car si Ulysse avait écouté le chant des sirènes, son bateau aurait sombré et il ne serait pas arrivé à bon port. Ce à quoi un député travailliste aurait répliqué que (1) Ulysse a écouté le chant des sirènes, (2) son bateau a sombré, (3) il a quand même fini par arriver à bon port, et (4) il serait temps d'ouvrir une commission d'enquête sur l'état des études classiques au Royaume-Uni.

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(samedi)

Comment paie-t-on pour un taxi ?

Je soupçonne qu'il s'agit là d'une question assez caractéristique de celles que les matheux se posent et réciproquement [que ceux qui se la posent sont matheux dans un certain sens]. Quand on prend un taxi, outre les frais de prise en charge et un prix minimum par course, il y a essentiellement deux tarifs : un tarif horaire (appelons-le α), qui garantit que le taxi est payé même s'il y a des embouteillages et qu'il passe beaucoup de temps à faire une courte distance, et un tarif kilométrique (appelons-le β) qui est le prix pour ainsi dire « normal ». Comment ces deux tarifs sont-ils combinés ? Je peux imaginer trois façons assez naturelles, que je peux décrire ainsi (avec beaucoup plus de détails qu'il n'en faut !) :

  • La plus simple consiste à faire la somme des deux. Autrement dit, si je parcours en taxi pendant un temps T une distance L, je paie (outre les frais de prise en charge, et jamais moins que le prix minimum, bien sûr) α·TL (le premier terme correspondant au prix horaire, le second au prix kilométrique, dont on fait juste la somme). Ceci vaut encore (α+β·vTv=L/T est la vitesse moyenne du taxi sur la course (là on voit que si le chauffeur est assuré d'avoir des clients en permanence, il a intérêt à rouler le plus vite possible), ou évidemment (α/v+β)·D (là on voit qu'à distance D donnée, on a intérêt à ce que le taxi roule le plus vite possible si on veut payer le moins possible, ce qui ne surprendra évidemment pas). On peut encore écrire le montant comme l'intégrale de (α+β·v(t))·dt, où v(t) est la vitesse instantanée.
  • Une autre possibilité consiste à décider qu'au lieu que le client paye α·T pour le temps passé et β·v·T=β·D, il ne paie que le plus grand des deux. Autrement dit, il paie max(α,β·vTv est toujours la vitesse moyenne : si le taxi a roulé moins vite que la vitesse critique α/β en moyenne sur la course, alors on le paie à l'heure (soit α·T), tandis que s'il a roulé plus vite, on le paie à la distance. (soit β·D). Le client a alors intérêt à ce que le taxi roule (en moyenne sur la course) à cette vitesse critique ; le taxi, lui, a plutôt intérêt à s'en écarter (mais de nouveau cela dépend de s'il a suffisamment de clients pour remplir son temps, donc c'est plus compliqué à analyser de son point de vue).
  • Enfin, on peut imaginer d'appliquer la méthode précédente mais sur des intervalles infinitésimaux[#] du parcours, et de sommer sur tous ces intervalles. Autrement dit, le client paie l'intégrale de max(α,β·v(t))·dt, où v(t) est la vitesse instantanée. C'est-à-dire, concrètement, que dès que la vitesse instantanée v(t) passe en-deçà de la vitesse critique α/β (fût-ce pour peu de temps), le taxi est payé à l'heure, tandis que si elle passe au-dessus, il est payé au kilomètre. Le taxi n'est jamais payé moins de α·Δt pour un intervalle de temps Δt du parcours, ni moins que β·Δl pour un intervalle de distance Δl du parcours.

Si la différence n'est toujours pas assez claire, voici un exemple : si le tarif horaire est de α=30€/h et le tarif kilométrique de β=1€/km, et qu'un taxi parcourt L=10km en allant constamment à 20km/h sur la première moitié du trajet et à 50km/h sur la seconde moitié, soit au total T=21min (et une vitesse moyenne d'environ 28.6km/h), il sera payé 20.50€ avec le premier système (qui donne toujours le montant le plus élevé des trois, et pour lequel ces valeurs de α et β seraient plutôt excessives, en fait), 10.50€ avec le second (qui donne toujours le montant le plus faible des trois), et 12.50€ avec le troisième.

(Là, normalement, n'importe quel matheux est déjà endormi tellement ce que je dis est évident, et n'importe quel non-matheux a cessé de lire tellement ça ne l'intéresse pas, mais bon, j'ai l'habitude de parler tout seul.)

Que je sache, les taxis parisiens appliquent la troisième méthode de facturation (ou en tout cas une approximation de celle-ci : probablement l'intégrale est discrétisée sous forme d'une somme d'intervalles de longueur une minute ou quelque chose comme ça). Je n'en suis pas complètement sûr, parce que la façon dont c'est écrit dans les règlements officiels ou la présentation résumée d'iceux affichée dans les clients rend la chose complètement incompréhensible (on n'a pas le droit de parler d'intégrale dans un texte juridique ou un contrat, j'imagine, donc on est obligé de dire les choses très mal), et surtout je remarque que ces règles officielles donnent une vitesse critique qui diffère peu, mais néanmoins de façon sensible, de α/β, donc il doit y avoir une subtilité un peu gratuite. Mais bon, probablement c'est à peu près ça quand même.

L'inconvénient, c'est que c'est un peu difficile de contester la facture : même si on connaît la distance L parcourue et le temps T qu'on a mis à la parcourir, on ne peut pas en déduire la valeur du prix du trajet (on ne peut qu'en donner des encadrants qui sont justement les résultats des première et deuxième méthodes que j'ai exposées — le majorant étant obtenu quand le taxi reste immobile tout le temps puis va a une vitesse infinie à destination, et le minorant étant obtenu quand le taxi roule à vitesse constante égale à la vitesse moyenne). Néanmoins je pense que c'est une façon raisonnable de faire parce qu'à la différence de la seconde possibilité évoquée elle est locale (le prix est bien une intégrale sur le parcours, donc peut se calculer sur n'improte quel tronçon et se sommer) et le conducteur n'est pas « doublement » payé comme dans la première possibilité (cet argument est un peu faible, j'en suis conscient).

Je pense qu'un procédé de facturation qui semblerait plus naturel à un matheux — pour plein de raisons — serait d'intégrer non pas max(α,β·v(t))·dt mais √(α²+β²·v(t)²)·dt, c'est-à-dire, à un facteur √2 près, la moyenne quadratique entre α et β·v(t), qui peut aussi se voir comme proportionnelle à la longueur du parcours dans un espace-temps euclidien où la vitesse critique α/β serait utilisée pour unifier espace et temps.

Je me demande si cette question (décrire précisément comment on calcule le prix d'une course en taxi) ne pourrait pas être utilisée comme exemple pour introduire la notion d'intégrale à des débutants.

[#] En pratique, ils n'ont pas besoin d'être infinitésimaux : il suffit de séparer des intervalles (car, hors des contre-exemples pervers des matheux, ce sont bien des intervalles) où v(t) reste en-dessous de α/β et ceux où il est au-dessus.

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(jeudi)

L'Affaire Farewell

Le fait que j'aie une certaine tendance à l'ostalgie, et certainement à la nostalgie (notamment des années '80) explique sans doute en partie que L'Affaire Farewell m'ait plu. J'aime beaucoup les films qui recréent une époque, et j'aime aussi les films polyglottes (ou plutôt, a contrario, je trouve très agaçants les films où tout le monde parle inexplicablement l'anglais, le français, ou ce que vous voudrez). En tout cas, je conseille le dernier Kusturica.

Je ne savais pas que c'était lui le réalisateur, d'ailleurs, sans quoi je ne serais peut-être pas allé voir (je ne connaissais de lui que Arizona Dream et Chat Noir, Chat Blanc[#], que j'ai tous deux détestés, et la blague que les Guignols de l'info avaient fait quand il avait présidé le jury de Cannes où dès qu'on voulait lui parler un orchestre-fanfare se mettait à jouer). Mais je m'aperçois que non seulement il peut faire des films qui me plaisent [Correction : on me fait remarquer qu'en fait il n'est pas le réalisateur, il est seulement acteur ; donc je ne sais pas s'il peut faire des films qui me plairaient] mais aussi qu'il joue lui-même bien, car c'est lui qui joue le rôle principal. Ce que je ne savais pas non plus, logiquement ; j'avais cru m'apercevoir qu'il avait un accent étranger quand il parlait russe[#2], donc je m'étais demandé s'ils avaient pris un Français pour jouer le rôle, mais en fait il a aussi un accent quand il parle français.

[#] Pour autant que ma boule de cristal déchiffre bien le serbo-croate, le titre en VO ressemblerait plutôt à Chatte Noire, Chat Blanc, d'ailleurs.

[#2] Peut-être que je me fais des idées, parce que le serbo-croate n'est vraiment pas éloigné du russe (mais je ne sais pas ce qu'il en est pour la prononciation), et parce qu'il est par ailleurs plausible qu'il ait dû apprendre le russe quand il était jeune. Mais même si ce n'est pas vraiment un accent, il ne parlait pas russe de la même façon que les autre acteurs (et qui devaient bien être des Russes, eux) et du coup je le comprenais beaucoup mieux.

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