J'écris trop (ici notamment) pour ne pas dire assez : certaines entrées doivent être saoulantes à lire. Je devrais viser plus de concision. On va voir ça.
Vous êtes sur le blog de David Madore, qui, comme le
reste de ce site web, parle de tout et
de n'importe quoi (surtout de n'importe quoi, en fait),
des maths à
la moto et ma vie quotidienne, en passant
par les langues,
la politique,
la philo de comptoir, la géographie, et
beaucoup de râleries sur le fait que les ordinateurs ne marchent pas,
ainsi que d'occasionnels rappels du fait que
je préfère les garçons, et des
petites fictions volontairement fragmentaires que je publie sous le
nom collectif de fragments littéraires
gratuits
. • Ce blog eut été bilingue à ses débuts (certaines
entrées étaient en anglais, d'autres en français, et quelques unes
traduites dans les deux langues) ; il est
maintenant presque exclusivement en
français, mais je ne m'interdis pas d'écrire en anglais à
l'occasion. • Pour naviguer, sachez que les entrées sont listées par
ordre chronologique inverse (i.e., la plus récente est en haut).
Cette page-ci rassemble les entrées publiées en
janvier 2004 : il y a aussi un tableau par
mois à la fin de cette page, et
un index de toutes les entrées.
Certaines de mes entrées sont rangées dans une ou plusieurs
« catégories » (indiqués à la fin de l'entrée elle-même), mais ce
système de rangement n'est pas très cohérent. Le permalien de chaque
entrée est dans la date, et il est aussi rappelé avant et après le
texte de l'entrée elle-même.
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site, is about everything and
anything (mostly anything, really),
from math
to motorcycling and my daily life, but
also languages, politics,
amateur(ish) philosophy, geography, lots of
ranting about the fact that computers don't work, occasional reminders
of the fact that I prefer men, and
some voluntarily fragmentary fictions that I publish under the
collective name of gratuitous literary
fragments
. • This blog used to be bilingual at its beginning
(some entries were in English, others in French, and a few translated
in both languages); it is now almost
exclusively in French, but I'm not ruling out writing English blog
entries in the future. • To navigate, note that the entries are listed
in reverse chronological order (i.e., the most recent is on top).
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J'écris trop (ici notamment) pour ne pas dire assez : certaines entrées doivent être saoulantes à lire. Je devrais viser plus de concision. On va voir ça.
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Ça faisait longtemps que je n'étais pas allé au cinéma. Depuis le retour du roi, en fait. Ce soir j'ai vu L'Esquive, l'histoire d'un groupe de lycéens de banlieue qui répètent la pièce Jeux de l'amour et du hasard de Marivaux. À l'image de leur façon de jouer, ce film est amusant, et très touchant, mais aussi un peu lassant. (Et pour ceux qui s'imaginent que je suis surtout aller mater de la racaille : non, pas trop — ils sont attendrissants, mais pas spécialement kiffants ; d'ailleurs, le héros est plutôt moche et ça se voit sur l'affiche.)
Je pense que la vision des cités qu'on y trouve est très « vraie »
et on peut prendre ça quasi comme un documentaire. En tout cas les
jeunes parlent exactement comme je les entends parler dans le
RER. Notamment, les filles me saoulent complètement
parce qu'elles forcent tout le temps leur voix (ce qui a rendu le film
un peu pénible à regarder). Une autre chose qui m'épate, que j'avais
déjà constaté mais qui m'a été ici vraiment manifeste, c'est que le
contenu informationnel de tout discours prononcé en « tchatche de
banlieue » est complètement noyé sous des qualificatifs ou des
expressions totalement vides de sens (du style,
grave
, trop
, j'te dis
, sur la tête de ma mère
j'te jure
et ainsi de suite, et ne parlons pas de
inch'allah
) qui servent uniquement à ponctuer la parole.
Inversement, dès qu'on veut dire quelque chose, il est nécessaire de
le répéter trois ou quatre fois. Si on croit aux thèses de
Sapir-Whorf, on va prendre les gens qui parlent comme ça pour des
débiles mentaux, bien sûr : ce qui n'est sans doute pas une bonne
idée, parce que, quand j'y pense, j'ai tendance à trouver un peu la
même chose du grec ancien, par exemple (or en effet car mais
cependant par Zeus oui tu dis vrai !
).
Sur le plan des rapports humains, le phénomène frappant (dans le
film, mais je crois là aussi que cela reflète très bien la réalité)
c'est à quel point toute relation est conflictuelle : on semble
incapable de prier quelqu'un de faire quelque chose, on ne
peut que lui ordonner, et, en réponse à un ordre, entrer soit
dans une position d'obéissance (temporaire) soit dans une situation de
conflit ; même pour quelque chose d'aussi trivial que peux-tu
descendre, j'ai quelque chose à te dire
on en arrive à vas-y,
descends, j'veux t'parler
, c'est-à-dire de la demande à
l'injonction. C'est finalement une ambiance fortement liberticide
pour les choix individuels, puisque chaque décision se fait avec une
forte interaction de l'environnement (ce qu'une des protagonistes du
film exprime clairement : vous m'foutez trop la pression
).
Sinon, parlant de discours absolument conditionné, il y a une chose
que je commence à très mal supporter, ce sont les annonces américaines
de films. Vous avez déjà fait attention à la voix off du type
qui dit coming soon by Academy Award winning director
John Doe-Smith
et autres commentaires censés éveiller l'intérêt du
spectateur pour les qualités du film ? La voix, le ton de la voix, la
formulation des phrases, tout cela est toujours rigoureusement
identique. Et ça me tape violemment sur les nerfs.
Bon, enfin, le pire c'est encore la réclame pour la barre
chocolatée, toujours la même, et le petit spot UGC (on
partage plus que du cinéma
) que j'en ai vraiment marre de
voir.
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Doué
C'est absolument scandaleux à quel point il est mignon sur cette photo de l'affiche du film Peter Pan. Voir cette image sur tous les murs, c'est une véritable incitation à la pédophilie, c'est insupportable : je suis déjà suffisamment frustré avec les mecs d'à peu près mon âge, ce n'est pas la peine d'en rajouter avec les gamins de quinze ans.
Ah, c'est vrai que Peter Pan n'a pas d'âge, de toute façon.
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J'ai fait aujourd'hui des courses avec un ami — pour acheter
des fringues, je veux dire. Forcément on en est venu à parler de mon
look. Il faut dire que nous avons une certaine divergence de goûts
puisqu'il s'habille plutôt de façon BCBG (dandy
serait exagéré mais il y a un peu de ça) et que j'ai positivement
horreur du style bourge, et que réciproquement il n'aime pas
du tout les sweats à capuche ou les choses de ce genre et que c'est
exactement ce que je porte.
Il me fait observer ceci : que ce n'est vraiment pas la peine que j'essaie de me donner un look de racaille (note : ce n'est pas exactement ce que je cherche à faire, c'est un peu plus compliqué que ça, mais ce n'est pas la question, donc admettons-le pour les besoins de l'exposé), je ne peux pas y arriver, je n'ai pas le comportement d'un mec de banlieue et je ne l'aurai jamais ; tout ce que je peux réussir (me dit-il), c'est à me rendre ridicule ou à rendre les gens complètement confused (ce qui est peut-être plus grave, en fait). Ce n'est pas la peine (m'avertit-il encore) d'essayer de paraître ce que je ne suis pas, je ferais mieux de m'occuper d'avoir l'air de ce que je suis (pas forcément tout ce que je suis, il n'est pas nécessaire de faire resortir mon côté geek), et notamment, pédé. Parce qu'en l'état on ne m'identifie pas comme pédé en me regardant (ça c'est bien possible, oui), et il peut être tout à mon avantage qu'on le fasse. Je devrais donc (me conseille-t-il pragmatiquement) essayer de suivre un peu la mode homo.
Bon, normalement j'achète des vêtements dans lesquels je me sens à l'aise. C'est le premier critère, et on m'a souvent dit de m'y tenir. Malheureusement, c'est vaguement incompatible avec le conseil précédent. Mais bon, expérimentalement, les habits dans lesquels je me sens à l'aise n'ont pas trop l'air de plaire aux autres (enfin, je n'en sais rien, en fait : à part cet unique ami qui a le bon sens de me donner des conseils, il est impossible de tirer le moindre jugement de la part des autres gens que je côtoie, ils restent obstinément évasifs).
Admettons donc que j'essaie de suivre le conseil. Je m'adresse donc à toutes les personnes de bon goût qui lisent mon blog (oui, vous, c'est à vous que je parle) pour lancer ce défi :
Relookez le Ruxor !
Vous disposez d'un budget maximum de 1000€ (tout compris,
notamment le passage nécessaire chez le coiffeur) avec lequel il faut
faire au mieux, c'est-à-dire faire un miracle. Comment feriez-vous
(aussi précisément que possible) ? Vous pouvez répondre par mail
(davidwwwmadoreorg
) ou par les commentaires de ce blog (vous savez, le petit
lien en bas à droite de chaque entrée, si, si). Je précise qu'il n'y
a rien à gagner (sinon la gloire quand on me demandera comment il se
fait que je sois aussi sexy et que je répondrai que c'est grâce à
Untel). Attention, ce n'est pas facile : le Ruxor a une furieuse
tendance à avoir l'air violemment pas naturel quand on essaie de
changer sa façon de s'habiller.
↑Entry #0482 [older|※ permalink|newer] / ↑Entrée #0482 [précédente|※ permalien|suivante] ↑
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Je trouve amusante la manière dont les rêves partent de souvenirs existants (et parfois oubliés), en recombinent les mèmes et obtiennent ainsi de nouvelles idées. Ce qui est épatant, c'est qu'ils ne semblent jamais pouvoir rien créer de nouveau, seulement faire du neuf avec du vieux. (Mais peut-être est-ce le cas de tout processus créatif, les mèmes n'évoluant que par lentes mutations ?)
Quoi qu'il en soit, la nuit dernière j'ai rêvé à un jeu de société,
ou, en fait, deux jeux mélangés, que j'avais quand j'étais petit.
L'un d'eux (qui doit s'appeler Labyrinthe ou quelque
chose de ce genre) était une idée assez bien trouvée : des pions
évoluent sur un plateau formé de petites plaques carrées mobiles (en
fait, une sur quatre était fixe) portant des éléments de couloirs et
constituant dans l'ensemble un grand labyrinthe ; le but du jeu était
de récupérer un certain nombre de trésors dans ce labyrinthe (indiqués
par des cartes tirées dans le paquet), et avant chaque déplacement du
pion il fallait faire évoluer le plateau en poussant une colonne ou
une ligne, ce qui changeait largement la configuration du dédale.
L'autre jeu était une chasse au vampire, aux règles assez compliquées,
sur un plateau quadrillé représentant un pays féerique avec des noms
un peu inquiétants (du genre monts du loup
, arbre au
pendu
, torrent du diable
, et ainsi de suite). En réalité,
j'ai assez peu joué aux jeux en question de la manière qui avait été
prévue, surtout que j'arrivais rarement à rassembler plus que deux
personnes susceptibles de jouer (et quand j'avais plusieurs amis
ensemble chez moi, nous trouvions d'autres jeux que des jeux de
société). Les plateaux dans ce genre me servaient plutôt à inventer
des jeux de rôles sortant complètement du cadre imaginé par les
concepteurs du terrain, et les dessins et les noms figurant sur
celui-ci alimentaient mon imagination dans la création d'un
topos pour l'aventure. Plus tard, c'est vraiment cette
opération démiurgique, la création d'un monde, la quintessence de
l'imagination, qui m'a motivé dans l'écriture de romans (l'intérêt
pour la construction de l'intrigue, puis pour la langue elle-même, ne
sont venus que plus tard).
J'en reviens à mon rêve. Je présentais (à des personnes non identifiées) un jeu de société, justement, dont le plateau ressemblait beaucoup aux deux jeux dont j'ai parlé. En fait, il s'agissait d'un labyrinthe mobile autour de cinq lieux cardinaux, mais dans mon esprit la nature du jeu était essentiellement un jeu de rôle (ou au moins d'aventure). Ces lieux cardinaux étaient illustrés, et il faut imaginer un type de graphisme qui ressemble à celui du jeu Vampire dont j'ai parlé mais aussi aux tableaux de la série King's Quest (je pense notamment au IV et au V, auquel j'ai longuement joué quand j'étais au lycée, et peut-être aussi au tout premier, qui a été ma première vraie plongée dans le monde de l'informatique ludique). De plus, les lieux cardinaux en question portaient des noms. Je ne me rappelle malheureusement pas les cinq noms (les souvenirs des rêves s'estompent à une vitesse impressionnante, ce qui tient sans doute à leur nature de connexion temporaire entre des souvenirs « vrais »).
Le lieu central s'appelait tout bêtement chambre centrale
.
Je pense que c'est le mot chambre
qui m'a fait faire
l'association d'idées avec cette fameuse « phrase » (si on peut dire)
de l'Aiguille creuse d'Arsène Lupin (je veux dire, de
Maurice Leblanc, bien sûr) : en aval d'Étretat… la chambre
des Demoiselles… sous le fort de Fréfossé… l'Aiguille
creuse
. Ce sont ces noms à la sonorité un peu solennelle et
hautement rythmique que j'ai mélangés avec toutes sortes
d'associations d'idées pour former les quatre ou cinq noms de mon
rêve. L'un d'eux était, je m'en souviens nettement, l'aiguille
noire
(imaginez un château de sorcière de conte de fées, orné de
quantités d'ogives noires), et c'est ce qui m'a permis
rétrospectivement de me comprendre que j'avais fait l'association
d'idées avec Arsène Lupin. Un autre lieu s'appelait le fort de
Malachut
(je ne suis pas sûr du mot fort
), et il est
amusant d'expliquer comment je suis arrivé à ce mot
Malachut
: des associations d'idées totalement
invraisemblables, des connexions bizarres qui sont faites dans mon
cerveau.
L'aiguille noire, donc. Il n'y a pas si longtemps je
réfléchissais à différents noms de couleurs et de produits chimiques
colorés ou colorants. Notamment le bleu de méthylène
et le
rouge Soudan
(le rouge Soudan III — je ne sais pas
pourquoi ce III — est le réactif des lipides, comme je l'avais
appris en cours de biologie au collège). Il m'est alors venu à
l'esprit, avec une netteté incomparable, l'alexandrin suivant :
Le bleu de méthylène et le vert du Bengale.
Je ne sais pas comment je l'ai fumé (je soupçonne en fait une série
hallucinante de connexions à partir de l'alexandrin de De
Nerval, Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie
), mais
il n'est assurément pas classique, ne serait-ce que parce que le terme
bleu de méthylène
date de la fin du XIXe siècle et surtout
parce que le vert du Bengale
, si j'en crois Google, ça n'a pas
l'air d'être un terme qui existe. Le vert qui existe, en revanche,
c'est le vert de Malachite. Ça m'a rappelé un roman d'Agatha
Christie (After the Funeral) que j'avais lu
assez récemment où une petite table en malachite jouait un rôle
important. J'ai posé la question dans le forum des élèves de
l'ENS de savoir s'il fallait préférer la prononciation
[malakit] ou [malaʃit], et apparemment la première est
meilleure. Mais tout près de Malachite
, dans mon réseau
d'idées, il y a aussi Malachie
, le nom d'un des moines dans
Le Nom de la rose d'Umberto Eco. Umberto Eco qui, dans
Le Pendule de Foucault cite la « phrase » de
l'Aiguille creuse (lors du décodage du prétendu texte des
templiers). Umberto Eco dont Gérard de Nerval est un des auteurs
préférés (et qui en parle longuement dans Six promenades dans
les bois du roman et d'ailleurs que j'ai lu il n'y a pas
longtemps). Et Umberto Eco qui structure aussi tout son roman (je
parle toujours du Pendule de Foucault) selon l'arbre des
séfirots de la kabbale ; or un des séfirots s'appelle Malchut
,
et Malchut, comme je l'ai récemment
signalé, ce n'est pas un cocktail. Mettez tout cela ensemble et
vous avez une idée de l'état de la bouillie qui me sert de cerveau, et
dont est sorti ce mot bizarre, Malachut
(prononcez
[malakut]).
Étonnante reconstitution, n'est-ce pas ?
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Je viens de voir Nettoyage à sec (dans le cadre d'une projection organisée par Homonormalité, l'association homo de l'ENS). Je pourrais dire beaucoup de bien sur le film, qui est vraiment magnifique (ça fait un moment que je me disais que je devais le voir), mais je dirai surtout ceci : putain de bordel de merde, qu'est-ce qu'il est beau gosse, Stanislas Merhar !
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Date: Thu, 29 Jan 2004 16:17:23 +0100 (CET) Subject: recherche de l'âme soeur Dans le cadre d’une nouvelle émission de télévision sur les célibataires, je me permets de vous contacter. Si vous êtes intéressé et que vous désirez en savoir plus, écrivez-moi à : …
Comment dire…?
↑Entry #0479 [older|※ permalink|newer] / ↑Entrée #0479 [précédente|※ permalien|suivante] ↑
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Tu écoutes quoi, comme musique ?
Quand on rencontre quelqu'un dont on ne sait absolument rien et
qu'on cherche à engager la conversation, il y a diverses répliques
toutes faites de small talk qui peuvent
s'utiliser. Une des plus populaires (à part les évidences comme tu
t'appelles comment ?
et tu fais quoi dans la vie ?
) est
sans doute tu écoutes quoi, comme musique ?
En vérité, ce n'est pas ça la question. La question est plutôt,
à quelle tribu appartiens-tu ?
: car outre l'apparence
vestimentaire, l'affirmation du ralliement à tel ou tel style de
musique est une des manières dont on se colle une étiquette pour dire
je suis de la tribu foo
. Il est certain qu'on
imaginera des choses assez différentes sur celui qui répond selon
qu'il déclare préférer, au hasard, Eminem, Mylène Farmer, Céline Dion,
Marilyn Manson, les Beatles, Louis Armstrong, Marlene Dietrich,
Jean-Sébastien Bach, Frédéric Chopin ou Karlheinz Stockhausen (j'ai dû
oublier quelques pôles importants, sans doute ; ce serait d'ailleurs
amusant de faire un sondage grandeur nature pour demander qui les gens
préfèrent entre ces différents artistes et faire des statistiques
là-dessus). À tel point qu'on se demande dans quel point on n'en est
pas arrivé à écouter une musique pour revendiquer son identité
(tribale, disais-je). Autrefois on pouvait prétendre dis-moi ce
que tu manges et je te dirai qui tu es
ou dis-moi ce que tu lis
et je te dirai qui tu es
, maintenant c'est vraiment la musique qui
marque les frontières de la démosphère.
Comme d'habitude, je n'ai pas
d'étiquette tribale définie, pas plus en ce qui concerne la musique
que j'écoute qu'en ce qui concerne mon style vestimentaire. Jusqu'à il y a
quelques années, mes goûts musicaux
étaient exclusivement dans le « classique » (nom donné par convention
à cette période qui ne s'étend que de Monteverdi à Debussy ou
quelque chose comme ça), et mes connaissances musicales s'arrêtaient à
la mort de Verdi (date emblématique : Verdi est mort en janvier 1901,
quelques jours après la formidable reine Victoria, en quelque sorte le
symbole de la fin du XIXe siècle), et c'est tout juste si je ne
considérais pas que la musique était née le jour où un certain Ludwig
van B. avait posé la plume sur ce qui allait devenir la partition de
sa symphonie Héroïque. Quoi qu'il en soit, je suis
revenu de ces errements de jeunesse et j'ai appris à reconnaître aussi
le génie de la Star
Academy. Sérieusement, je veux dire que
j'ai tâché d'abandonner le snobisme à la con dans lequel je m'étais
enfermé. Mais ni avant ni après je n'avais de tribu musicale : ni
avant, car j'avais beau écouter « du classique », je n'étais pas
capable de disserter sur les auto-plagiats de
Bach, de critiquer l'interprétation de Rameau par William Christie
et les Arts florissants ou d'expliquer la mesure de
l'influence de Honegger dans l'œuvre de Ligeti, ce qui fait
évidemment partie des rituels d'admission dans la tribu (de toute
façon, je n'ai pas l'oreille absolue, donc c'est perdu d'avance), et,
pire encore, je ne trouve Wagner ni divinement génial ni nul à brûler
(or il faut, semble-t-il, qu'une porte soit ouverte ou fermée) ; ni
après, car je ne sais décidément pas quoi répondre à la question tu
écoutes quoi, comme musique ?
(comme c'est dur d'être épigone de
Potamon d'Alexandrie !). Bon, j'avoue : à l'instant, j'écoutais le
générique de l'Île aux
enfants, et ça ne se fait pas d'admettre ce genre de
perversions en bonne société.
Je pourrais essayer de prendre un ton docte et répondre, ben tu
vois, j'écoute de tout, j'essaie de ne pas me cataloguer, j'aime pas
les étiquettes
. Ce serait simplement parfaitement faux : j'aime
énormément les étiquettes, et je cherche à les collectionner, et s'il
y a une tribu qui m'agace, c'est celle des gens qui refusent les
étiquettes (parce qu'ils se croient « plus uniques » que les
autres ?).
↑Entry #0478 [older|※ permalink|newer] / ↑Entrée #0478 [précédente|※ permalien|suivante] ↑
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Je ne suis pas à la recherche de l'âme sœur (enfin, frère), ou d'un mec avec qui partager ma vie.
Si je prends la peine de le dire, c'est que pour une raison qui m'échappe, beaucoup de gens qui me connaissent semblent en être convaincus.
Quand j'essaie de rencontrer des gens, c'est soit pour être amis, soit pour coucher ensemble (ou les deux à la fois, éventuellement : je ne vois aucune raison pour laquelle ça devrait être incompatible), ou en tout cas pour faire connaissance parce que c'est toujours intéressant de lier connaissance — et j'essaie de ne pas avoir trop d'a priori sur ce que je veux avoir comme relation. Mais en tout cas l'idée de chercher à avoir une relation stable monogame fidèle exclusive tout ça tout ça n'est pas ce qui me motive (je ne dis pas non plus que j'en exclus complètement la possibilité). Il est vrai que par le passé j'ai pu tenir un discours différent.
Je ne sais pas pourquoi, beaucoup de ceux qui me connaissent
semblent pourtant persuadés que c'est ça que je veux : me trouver
un copain
. Peut-être est-ce une projection de ce qu'ils
souhaitent eux-mêmes (l'idée que l'épanouissement affectif et sexuel
ne peut être pleinement satisfaisant que dans le cadre d'un couple
stable est un mème très
répandu). Peut-être pensent-ils que je suis un garçon sérieux
(mwahahahahaha), et qu'un garçon sérieux ne peut chercher qu'une
relation sérieuse. Peut-être leur est-il absolument inimaginable
qu'un homo ni trop vieux ni trop moche ne puisse trouver personne avec
qui baiser — c'est vrai que je suis Très Fort. (Et peut-être
que je ne trouve personne avec qui baiser parce que tout le monde
s'imagine que ce n'est pas ça que je cherche ?)
Globalement, ma vie
n'est pas quelque chose que je cherche à
partager. D'ailleurs, je ne conçois pas bien comment ça peut se
partager, une vie — c'est un peu étroit pour ça, si j'ose dire.
Mais enfin. De toute manière, je pense que je suis assez invivable
sur le long terme, et je suis certain que je suis trop jaloux de ma
liberté pour laisser quelqu'un foutre son nez dans mes affaires. Ce
n'est pas tellement le point. Par ailleurs, j'ai un assez grand
nombre d'amis — ou en tout cas de connaissances — qui ont
tous leurs qualités propres, toutes différentes et toutes précieuses,
et je ne vois absolument pas comment une seule personne pourrait se
substituer à la moitié du quart du commencement de tous ces rapports
humains. Ceci étant, ça n'a pas beaucoup de sens de justifier
pourquoi je cherche ceci ou cela : ce n'est pas exactement une envie
raisonnée.
Je ne dis pas que je cracherais sur le mec idéal si je le trouvais, évidemment. Mais le mec idéal ne se trouve pas, il se construit : deux personnes peuvent s'apprivoiser l'une l'autre, se changer chacune sous l'influence de l'autre, et se rendre compte au bout d'un temps qu'elles sont devenues quelque chose de très fort l'une pour l'autre. Je ne renie absolument pas ça. Je trouve juste que se dire au départ d'une relation qu'on veut qu'elle devienne ceci ou cela, c'est un peu inutilement orgueilleux. Notamment — mais je me suis déjà exprimé à ce sujet — je trouve que la fidélité en couple est quelque chose qui doit venir naturellement et qu'on ne doit sans doute pas chercher à s'imposer.
Alors pourquoi diable, me demanderont certains, si je cherche juste à baiser (parce que pour les amis, je suis très satisfait de ceux que j'ai, même si bien sûr je m'estime toujours prêt à m'en faire de nouveaux), ne vais-je pas dans une des nombreuses boîtes à sexe que compte la capitale française ? Tout bêtement parce que ce n'est pas du sexe furtif et anonyme que je cherche. Une comparaison rendra peut-être ma position plus claire :
Ruxor en a assez de manger tout seul, mais il ne trouve décidément
personne avec qui partager ses repas. Le problème n'est pas tant
qu'il fait partie des 5% de la population préférant le salé (alors que
90% préfèrent le sucré, et peut-être 5% aiment autant les deux) : il a
après tout un certain nombre d'amis qui ont des goûts sans doute
compatibles avec les siens. Mais il est considéré comme terriblement
malpoli de demander à quelqu'un de partager sa table, et la réponse
sera forcément non
si des manœuvres d'approche savantes
n'ont pas été employées. Déjà, il y a tous ceux qui se sont trouvé
quelqu'un avec qui manger en tête-à-tête, et il serait alors
inacceptable pour eux de le faire avec quelqu'un d'autre (et parfois
même mal vu de dîner seul). De faire un repas en groupe entre amis,
il n'est évidemment pas question : l'idée même est presque choquante.
Évidemment, on peut toujours aller au restaurant, et là, il y en a
pour tous les goûts, et pour tous les styles. Certainement la
nourriture peut y être meilleure que ce qu'on se prépare soi-même en
vitesse. Seulement, est-on vraiment moins seul quand on mange au
restaurant, à la même table qu'un inconnu (ou plusieurs), que quand on
le fait seul ?
D'accord, cette analogie est sans doute exagérée. (À la base, la raison principale pour laquelle je ne veux pas baiser avec un inconnu, c'est que je suis trop timide pour ça.) Je ne peux pas honnêtement dire qu'un acte sexuel soit exactement aussi anodin que celui de se nourrir. Dans les deux cas il s'agit d'accomplir socialement un acte biologique fondamental, mais il y a quand même des raisons assez naturelles pour que le sexe se fasse à deux — maintenant, il y a aussi des raisons assez naturelles pour qu'il se fasse entre un homme et une femme, alors… Ceci étant, dormir c'est aussi accomplir un acte biologique fondamental, et ce n'est vraiment pas quelque chose que j'aime faire en compagnie.
Tiens, dormir, ça c'est une idée. Je crois que je vais faire ça (et seul) au lieu de débiter des conneries plus grosses que moi.
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I guess there is no need for me to introduce the latest member of the (no longer very select) club of email viruses, since you probably received, like I did, a good dozen copies of it, in complete self-standing executable form, in your mailbox today. (Incidentally, I wonder how long it will take before someone writes a virus and starts suing everybody for illegally redistributing copyrighted material. Or maybe just attach a digital music file to the virus and let the Robbers' Ignoble Association of America take care of the second part.) Maybe I should send an email back for every copy of the virus I receive saying, thank you very much for your little program, but I have no machine on which I could run this Windows binary. The difficulty, though, would be to discover who the actual sender of the virus were, since sender addresses are forged. Meaning that after the pleasure of receiving N copies of the virus, I will get the delightful backslash effect of getting just about as many emails telling me they were sorry the virus I sent could not be delivered. Ha.
But the simply stupendous thing about email viruses is that the cure is so completely simple: just don't use an email reading program that allows execution of attachments without asking you half a dozen times for confirmation. Honestly, when did you ever receive a valid email, not a virus, with an executable attachment? I'm sure I never did (if someone wishes to send me a program, I will demand the source code anyway). Basically, it just amounts to: don't use any email program made by that company in Redmond; even if you need to run the Windows operating system (and I suppose there are valid reasons for that, even though I never discovered any myself), I'm sure there are dozens of very acceptable email reading programs in existence (Mozilla is one) which don't have the strange “feature” of enabling email viruses.
But no: not even are people so blatantly stupid that they refuse to change programs even when virus after virus proves that the one they use is fundamentally flawed, they actually seem to think that email viruses are something perfectly normal and understandable. I remember having a discussion with someone who was convinced that there was some sort of deep reason why they must exist, and the only way to fight them was to write “anti-virus” software; the idea that all it would take to eradicate them is to remove one simple and useless feature in his email reading program was astounding to him.
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J'observe, ou en tout cas je crois constater, que les gens que j'admire le plus sont ceux qui ont les qualités (humaines, notamment) que j'ai le moins, ou qui n'ont pas les défauts que j'ai. À l'inverse, mes propres qualités (disclaimer d'usage : à supposer que j'en aie) ne m'intéressent pas chez les autres, et les défauts qui m'irritent le plus sont ceux que je possède. C'est peut-être bêtement une recherche de complémentarité.
Sur le plan physique, les choses sont différentes. Je ne peux certes pas dire que je recherche spécifiquement les gens qui me ressemblent, à part dans la généralité de dire que ce sont des garçons (et que normalement je n'aime pas ceux qui sont trop efféminés, par exemple) ; on plaisante souvent du fait que je suis censé avoir un faible pour les blonds aux yeux bleus, mais je crois qu'il y a dans tous les types ethniques à peu près autant de gens qui me plaisent (c'est ennuyeux pour les sites de PA, je ne peux pas dire que je cherche un blond / un brun / un beur / un black, et pourtant je suis quand même difficile — passons).
En fait, le rapport est contraposé : j'ai tendance à vouloir ressembler aux gens qui m'attirent ou sur qui je fantasme. (Bon, sur le plan strictement physique, c'est évidemment mal parti. Mais le mimétisme peut se faire sur d'autres provinces de l'apparence.) On m'a déjà fait observer que ce n'est pas forcément une attitude rationnelle, d'ailleurs (en plus clair : ce n'est pas forcément en cherchant à ressembler à foo que je vais intéresser foo) ; mais à la limite c'est une envie autonome et qui ne peut pas du tout être amenée à la raison.
Finalement, je suis assez incapable de penser d'un homme qu'il est séduisant, donc d'éprouver du désir pour lui, sans éprouver en même temps de la jalousie du fait de vouloir lui ressembler. J'exagère sans doute, mais il y a de cela. (Du coup, je conçois très mal ce que peut être l'hétérosexualité, sans doute beaucoup plus mal que les hétérosexuels conçoivent l'homosexualité, et ce n'est d'ailleurs certainement pas la seule raison pour ça.)
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Les travaux dirigés de mon enseignement de projet professionel sont terminés, j'en suis à lire les dossiers de synthèse des étudiants (j'en ai douze à noter). Des dossiers, donc, où ils résument un semestre de travail de recherche de documentation sur un métier de leur choix, et tentent de le présenter de manière synthétique et, si possible, intéressante.
La diversité est étonnante. Certains ont manifestement décidé
qu'ils s'en foutaient, et ils ont pondu trois-quatre pages pleines de
vide où ils ne disent rien du tout (le métier de frobnicateur est
un métier d'avenir… nous avons obtenus des documents sur le
métier de frobnicateur en nous adressant à… nous avons
également interviewé M. Foobar, chef du département de frobnication de
la société ACME, qui nous a beaucoup appris sur le
métier de frobnicateur… en conclusion, ce travail m'a beaucoup
aidé à me faire une idée sur le métier de frobnicateur, mais
finalement je ne sais pas si c'est ce que je veux faire
), assortis
d'annexes où ils ont bêtement photocopié tout ce qui leur passait sous
la main contenant le nom du métier et un compte-rendu d'interview où
il ne s'est strictement rien dit. D'autres se sont donné un mal fou.
J'en ai un qui a fait un dossier sur le métier de dessinateur de BD dont la présentation est absolument
remarquable, c'est un vrai plaisir à regarder (bon, ensuite, le
contenu n'est pas exceptionnel, c'est vrai ; ceci dit, il y en a de
nettement plus creux dans le tas).
Mais ce qui est le plus amusant, finalement, c'est la manière dont ils écrivent (je ne parle pas de l'orthographe, qui est assurément très mauvaise, mais de l'expression en général). C'est d'une maladresse enfantine, presque candide, que je trouve tout à fait touchante. Ils pontifient gentiment (en déclarant, du haut de la sagesse de leurs dix-huit ans, tel ou tel secteur en crise, ou florissant d'emplois, parce qu'ils ont vu ça quelque part ou qu'il leur a semblé le déduire des propos sans doute plus circonstanciés de leur interlocuteur) ; ou au contraire ils se perdent en considérations personnelles complètement anecdotiques ; ils essaient de prendre un ton formel mais se trahissent toutes les lignes par un mot familier ou parfaitement incongru (remarquez, je fais sans doute pareil ici !) ; bref, tout cela est vraiment mignon.
Demain (matin, grrr…) j'assiste à des soutenances d'exposés oraux, par équipes, toujours pour ce projet professionnel. Globalement ce sera la fin de ma charge d'enseignement pour ce premier semestre. Je n'ai pourtant aucune nouvelle de ce que je dois faire au second semestre (je ne figure nulle part sur le planning de répartition du département, alors qu'il me manque une vingtaine d'heures pour compléter mon service de 96h de demi-ATER).
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Basically, the point I'm trying to make is, is that…
I know what you're getting at, Zephira dear. All I'm saying is, angels have no sex, so there are no female angels. Period. I don't care what Betty Friedan says.
And I—replied Zephira, angered,don't care what pseudo-Dionysius…
Come now!Zaniel interrupted.We all know that none of us here has read any of the pseudo-Areopagite's works. Least of all Zebulon.Donning his most sarcastic smile, he added:Remind us, Zebulon: was it Ingrid Bergman who directed The Seventh Seal?Zebulon flushed.
Are you going to tease me forever just because of one tiny slip?
Would you rather have me mention the day you thought Tifereth and Malchut were cocktails?Zaniel and Zephira burst out laughing.
Oh, look who's here!Zita gestured toward the club's entrance.Zohar was clothed in radiance. He was accompanied by three archangels; twelve platinum dragons were flying above his head; the Phoenix was perched on one of his shoulders and the Roc on the other; and the Midgard serpent, Jormungand, was buried in his hair. He was carrying the Leviathan under one arm and the beast of the Apocalypse under the other; Cerberus was sitting obediently at his foot, a major demon was tucked in his pocket, and he held Death on a leash.
Hi, Zohar!Zion waved genially to Zohar, who acknowledged their presence by a nod to the little group.Show-off!Zion muttered under his breath.
Exactly,agreed Zaniel.Show-off. I mean, is he really that desperate? Why, he'll just pick up yet another minor deity to sleep with, and then dump him—or her—the day after. I guess he always does.
What an asshole!Zebulon said.Oh, they say he even has group sex with incubi, sometimes.
In any case,Zephira added,they should have made him leave his… er… pets at the door. It's way too crowded in here.
Not to mention the stink of that dog, Cerberus. I can smell it from here.Zita sounded revolted.
Amen!Zeus joined the chorus.The Elysium isn't the place it used to be.
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Mes journées suivent en ce moment presque toutes le même schéma : je me lève vers 16h, je n'arrive à décoller de l'ordinateur que vers 20h, le temps de courir faire des courses au Champion local, je dîne vers 22h, et si j'essaie de sortir faire quelque chose, je me rends compte qu'il n'est pas loin de 23h et qu'il n'y a pas grand-chose que je puisse faire si je veux rentrer avant le dernier métro qui est à 1h. Ensuite je n'ai plus qu'à glandouiller jusqu'à ce que le sommeil me prenne, vers 4h du matin. Je caricature, mais c'est l'idée. En tout cas, je n'arrive décidément pas à être opérationnel à une heure où les commerces sont encore ouverts, par exemple : ainsi, j'ai des draps à aller chercher au pressing depuis dix jours, mais je n'ai toujours pas réussi à y être avant sa fermeture à 19h30.
Les perturbations à ce rythme ne sont que locales : si je dois me lever tôt pour une raison impérative, je ne dors pas de la nuit qui précède, du coup je suis complètement crevé de la journée, je me couche tôt mais me réveille quand même dans l'après-midi. Si je me force à me coucher plus tôt, je ne dors vraiment pas. Même si j'arrive à m'extraire de ce cycle infernal pendant quelques jours, j'y replonge bien vite. Je m'en sens prisonnier, et c'est oppressant.
Décidément, je n'arrive pas à échapper à la recherche du temps perdu !
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Petit résumé de ma journée d'hier.
Le matin, trois heures passées à mater des étudiants de DEUG (j'ai beaucoup aimé le 644, le petit au regard espiègle avec un sweat Slipknot, par exemple). C'est-à-dire, surveillance d'examen. J'en ai profité pour faire quelques calculs (faire avancer ma thèse, si, si).
L'après-midi, soutenance de thèse de Péter Horvai : le contenu était extrêmement brillant, à l'image de l'impétrant, mais la désorganisation était catastrophique. Personne ne savait si c'était 15h, 15h30 ou 16h, aucune affiche ne prévenait du lieu, il est arrivé en retard (pour 16h), alors que nous nous employions à assurer les membres du jury que, si, si, Péter existait bien nous l'avions vu… Les exemplaires imprimés de la thèse (finis de composés la veille au soir et reproduits le matin même) sont arrivés encore plus en retard, et un des transparents était imprimé recto-verso (!). Le rétroprojecteur était de qualité douteuse, et le tableau noir n'était pas éclairé. Et le pot de thèse, pour ce que j'en ai vu avant, était minimaliste, mais je n'ai de toute façon pas eu le temps de rester, je suis parti juste quand le jury s'est retiré pour délibérer. Ceci étant, le travail sur la thèse elle-même (concernant, précisément, l'advection par des champs de vitesse stochastiques) est très impressionnant et certains résultats sont tout à fait remarquables. Mais je connais Péter depuis bientôt dix ans, et tout cela ne m'étonne pas de lui.
Le soir, j'ai fait la connaissance de Ghalys (dont j'étais bien curieux de savoir à quoi il pouvait ressembler). C'est un garçon tout à fait charmant, et qui a l'air vraiment très au courant de tout ce qui se passe dans le Marais. J'espère que je n'ai pas trop moi-même fait une impression d'extra-terrestre, mais enfin, puisqu'il lit mon blog (salut Ghalys !) il devait savoir à quoi s'attendre.
Ceci étant, malgré tout ça, hier était quand même une journée de merde parce que j'étais mort de fatigue et je me sentais, selon les moments, entre un peu malade et carrément in articulo mortis et qu'il pleuvait vraiment sans arrêt. J'ai vraiment eu un mal fou à ne pas m'endormir pendant l'exposé de Péter (et pourtant, ce n'est pas que ce qu'il disait était ennuyeux). Je me suis couché vers 22h30 et je me suis endormi aussitôt (pour être réveillé par le bruit d'une tronçonneuse vers 9h30, ce qui m'a assez fâché).
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The thesis was made popular by John Guare's play Six Degrees
of Separation: the idea (very loosely stated) that two people
in the world are connected by a “chain of relations” of
length at most six. In other words, one has an acquaintance who has
an acquaintance who has an acquaintance who has an acquaintance who
has an acquaintance in common with the other. Where exactly the
number six was found is uncertain, and of course it depends
exactly what is meant by acquaintance
, and also on whether we
require for all pairs of people to be connected this way, or
merely most pairs. But the order of magnitude is probably
correct.
The naïve explanation is this: one has roughly speaking of the order of one hundred (direct) acquaintances, so at the second level (acquaintances of acquaintances) there should be ten thousand or so, and a million at the third level, a hundred million at the fourth, ten billion at the fifth and a trillion at the sixth; only this is wrong because each acquaintance's circle of acquaintances is not entirely disjoint, quite the contrary, there are many in common, and of course in the end there aren't a trillion people on Earth, but, still, the basic idea is there, that the number of acquaintances at level n should grow exponentially with n until it saturates when mostly everyone has been reached. Even if this is true, some further questions can be asked, for example: whether the linking chain can easily be found in practice (how would I proceed to find a connection between me and someone living in Central Asia whose name I have never heard of?), and whether if follows more or less geographical routes. Also, whether there exist “hubs”, or people who are acquainted to a very large number of people at small degrees, and who serve to shorten the way between two random individuals.
Dunan J. Watts, Peter Sheridan Dodds and Roby Muhamad from Columbia
University have attempted to conduct a large-scale experiment on
this: their findings have
been published in Science's
August 2003 issue (An Experimental Study of Search in Global Social
Networks
). I mention this mainly because I was part of the
experiment (and I served to connect Pierre Senellart
and my mother in order to get to a certain Monique
Laroze-Travers).
Certain Web sites such as friendster.com or tribe.net have attempted to reproduce on a smaller scale the “six degrees of separation” phenomenon. Also nearby in the nootope are mathematical considerations on random graphs; for example: take N points, and for each of the N·(N−1)/2 possible (unordered) pairs of points, connect them with probability p, so as to form a “random graph” with N vertices, and then ask what is the probability (as a function of N and p) that this graph has diameter less than d (meaning that any two points can be connected by a chain of at most d edges); of course, many apparently similar questions could be asked.
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(jeudi) · Nouvel An Chinois (Année du Singe)
‘They've cut it down!’ cried Sam. ‘They've cut
down the Party Tree!’ He pointed to where the tree had stood
under which Bilbo had made his Farewell Speech. It was lying lopped
and dead in the field. As if this was the last straw Sam burst into
tears.
Quand mes parents et moi nous sommes installés avenue du Grand Mesnil à Orsay, à l'été 1986, c'était une rue très boisée : beaucoup de terrains ne portaient qu'une petite maison entourée d'un grand nombre d'arbres, essentiellement des chênes, parfois centenaires. Une parcelle, notamment, avait un aspect particulièrement pittoresque parce que c'était une véritable petite forêt avec une clairière au milieu, où stationnait en permanence une roulotte qui y était la seule forme de maison. Hélas, cette époque est finie et bien révolue : les terrains boisés ont été vendus et ont fait place à d'énormes pavillons qui se touchent presque les uns les autres, construits dans le mode américano-pharaonique (avec force colonnes imitées du temple de Louxor). Jusque récemment, il restait encore une grande propriété, une demeure dans un style vaguement victorien entourée d'un parc important, où les arbres subsitaient. Cette propriété était celle d'un couple de personnes âgées, mais le mari est décédé l'été dernier et sa femme est partie en maison de retraite, le terrain a été revendu, et ces jours-ci ces arbres ont été abattus.
Heureusement, l'extrémité de la rue (qui est une impasse) s'arrête sur le Bois Marie, la propriété de l'IHÉS, qui ne risque pas trop de disparaître du jour au lendemain.
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(jeudi) · Nouvel An Chinois (Année du Singe)
Il n'est pas six heures du matin et je suis déjà debout, alors que ces derniers jours c'était plus près de l'heure à laquelle je me couchais… Je pourrais rester au lit encore une petite heure, mais j'en ai assez de me tourner et me retourner sans trouver le sommeil — alors même que je crève d'envie de rejoindre Morphée, mais la pensée d'être réveillé sitôt après m'empêche de me détendre et donc de m'assoupir. (Toujours je revérifie ce fait terrible qu'il suffit que j'aie un réveil en marche à côté de moi, quelle que soit l'heure à laquelle il est réglé pour sonner, pour être dans l'incapacité de m'endormir.)
Je dois surveiller un examen en DEUG ce matin (d'où le réveil matinal), à partir de 8h (ce qui veut dire que les surveillants doivent être là à 7h50). Heureusement, ça ne demande pas trop de présence d'esprit ; de toute façon, même s'il y en avait qui essayaient de tricher, on les laisserait faire : ceux qui sont assez mauvais pour tricher le sont suffisamment pour échouer même en trichant (observation mainte fois confortée par l'expérience).
Ensuite j'assiste à la soutenance de thèse d'un de mes meilleurs amis, à l'École polytechnique (autour de 15h en amphi Becquerel). J'espère que j'arriverai à rester éveillé pendant la soutenance, ça risque d'être technique. Il sera question de turbulence. J'observe d'ailleurs que je suis à peu près le dernier de ma promotion à ne pas avoir soit soutenu soit abandonné la thèse : c'est inquiétant.
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Jusqu'à il y a deux-trois semaines, le réseau marchait parfaitement
chez mes parents, via un abonnement Wanadoo ADSL tout ce
qu'il y a de plus standard, avec un routeur sous Linux (géré par moi)
qui masquerade et distribue le réseau sur notre ethernet local. Et
puis voilà que le 2004-01-06 (c'est-à-dire mardi d'il y a deux
semaines), mon père, sur un coup de tête (il agit souvent sur un coup
de tête, mon père) est allé demander une adresse IP fixe.
Enfin, c'est ce qu'il dit avoir demandé, il n'est pas très sûr,
peut-être qu'il a demandé un accès 1024kbit/s au lieu de 512kbit/s, ou
peut-être que les deux vont ensemble (sous une offre
professionnelle
ou quelque chose comme ça).
Deux jours plus tard, plus de réseau. Quand je dis plus de
réseau
, c'est vraiment plus rien : France Telecom avait supprimé
(le terme savant est déconstruit
, semble-t-il) la ligne
ADSL, le voyant (de synchronisation ADSL) du
modem ADSL avait viré au rouge. Aucune explication de
pourquoi ils ont fait ça, évidemment : on a demandé une extension de
service à Wanadoo, pas une déconstruction de la ligne à France
Telecom. Longues discussion avec le service technique, on a promis le
retour de l'ADSL à mes parents pour le lundi suivant,
puis pour le jeudi, et finalement ce n'est que lundi dernier
(avant-hier, le 2004-01-19) que la ligne revient, le voyant de
synchronisation repassant au vert.
Au bout de nos peines ? Non ! La connexion ne se fait toujours
pas. Je passe ce soir voir pourquoi. D'abord il me faut défaire
toutes les conneries de branchement que mon père a faites, qui croit
apparemment qu'il suffit de brancher au petit bonheur la chance les
machines sur le switch Ethernet ainsi que le routeur ADSL
et que ça va marcher automatiquement. Mais bon, ça ce n'était pas
trop difficile à réparer.
Cependant, les paramètres de connexion de Wanadoo sont refusés.
Maintenant la ligne marche (si je rentre
netissimo@netissimo
comme identifiant et
netissimo
comme mot de passe, j'arrive à avoir accès à la
page de test Netissimo), mais le serveur Wanadoo rejette les
paramètres qui marchaient jusqu'à présent. Pourtant, mon père a reçu
une lettre de Wanadoo donnant les paramètres censément
nouveaux
, et ils sont exactement identiques aux anciens.
Enfin, l'identifiant était fti/rh29ec9@fti
et maintenant
il est donné comme fti/rh29ec9
, mais j'ai essayé toutes
les combinaisons, avec ou sans ce @fti
, avec ou sans le
fti/
initial et ainsi de suite, rien ne marche.
Appel au service technique de Wanadoo (qui m'ont fait patienter un
bon quart d'heure sur de la musique d'ambiance, évidemment), ce soir
vers 23h. Le type me certifie absolument que mes paramètres sont bons
(et que le @fti
ne peut pas poser de problèmes), il m'a
fait répéter cinq ou six fois l'identifiant et le mot de passe et a
même vérifié que la barre oblique était bien un slash et pas un
backslash, et il me confirme que ma ligne ADSL est bonne.
Mais comme je ne suis pas sous Windows, il ne peut pas m'en dire plus.
Évidemment, je n'avais pas vraiment de message d'erreur à lui
donner ; enfin, j'avais mieux qu'un message d'erreur, j'avais une
sortie de tcpdump
sous les yeux, du genre
00:42:37.190714 PPPoE PADI [Service-Name] [Host-Uniq UTF8] 00:42:37.368032 PPPoE PADO [AC-Name "BSSGW112"] [Host-Uniq UTF8] [Service-Name] [AC-Cookie UTF8] 00:42:37.368287 PPPoE PADR [Service-Name] [Host-Uniq UTF8] [AC-Cookie UTF8] 00:42:37.711846 PPPoE PADS [ses 0x583] [Service-Name] [Host-Uniq UTF8] [AC-Name "BSSGW112"] [AC-Cookie UTF8] 00:42:37.713870 PPPoE [ses 0x583] LCP 21: Conf-Req(68), MRU=1492, Auth-Prot CHAP/MD5, Magic-Num=7cf34163 00:42:37.715206 PPPoE [ses 0x583] LCP 16: Conf-Req(1), MRU=1492, Magic-Num=30eff5f4 00:42:37.715254 PPPoE [ses 0x583] LCP 10: Conf-Nak(68), Auth-Prot PAP 00:42:37.752951 PPPoE [ses 0x583] LCP 16: Conf-Ack(1), MRU=1492, Magic-Num=30eff5f4 00:42:37.757020 PPPoE [ses 0x583] LCP 20: Conf-Req(69), MRU=1492, Auth-Prot PAP, Magic-Num=7cf34163 00:42:37.758210 PPPoE [ses 0x583] LCP 20: Conf-Ack(69), MRU=1492, Auth-Prot PAP, Magic-Num=7cf34163 00:42:37.758256 PPPoE [ses 0x583] LCP 10: Echo-Req(0), Magic-Num=30eff5f4 00:42:37.758334 PPPoE [ses 0x583] PAP 30: Auth-Req(1), Peer=fti/rh29ec9@fti, Name=PASSWORD 00:42:37.798821 PPPoE [ses 0x583] LCP 10: Echo-Rep(0), Magic-Num=7cf34163 00:42:37.971054 PPPoE [ses 0x583] PAP 7: Auth-Nak(1), Msg= 00:42:37.971744 PPPoE [ses 0x583] LCP 6: Term-Req(70) 00:42:37.972328 PPPoE [ses 0x583] LCP 46: Term-Req(2) 00:42:37.972835 PPPoE [ses 0x583] LCP 6: Term-Ack(70) 00:42:38.010823 PPPoE [ses 0x583] LCP 6: Term-Ack(2) 00:42:38.013368 PPPoE PADT [ses 0x583] [Host-Uniq UTF8] [Generic-Error "RP-PPPoE: System call error"] [AC-Cookie UTF8] 00:42:38.017957 PPPoE PADT [ses 0x583]
— ce qui pour moi est clair et sans appel : ma machine a bien
envoyé une demande PAP Auth-Req
avec
le bon identifiant (fti/rh29ec9@fti
) et le bon mot de
passe (que je n'ai pas écrit ici) et la machine en face, répondant au
doux nom de BSSGW112
, a refusé (Auth-Nak
)
ces paramètres.
L'ennui, c'est que si moi je sais lire la sortie du
tcpdump
d'une connexion ADSL qui échoue, et
si j'ai lu la RFC 2516,
le type en face il ne sait même pas de quoi je parle, et je doute
qu'il ait lu la RFC 2516, je doute même qu'il ait la
moindre idée de ce que c'est. Je n'ai pas de message d'erreur Windows à lui fournir,
donc il ne peut pas m'aider, me dit-il.
Alors je suis censé faire quoi, moi ? Ou mes parents sont censés faire quoi ? Wanadoo assure que ces paramètres sont bons, moi je vois sous mes yeux leur serveur me les refuser.
J'ai conseillé à mon père de faire résilier immédiatement son
abonnement Wanadoo (normalement il a dépassé le terme de
l'engagement contractuel) et de contacter un autre fournisseur d'accès. L'ennui,
c'est que puisque la ligne ADSL est maintenant incluse
avec le service d'accès (dans le cadre d'un pack
ADSL), ça va demander de déconstruire de nouveau la ligne
et de la reconstruire !
C'est véritablement kafkaïen.
Dans ces conditions, on comprend que je reste sagement à Paris à
l'abonnement que j'ai actuellement (même s'il ne se fait plus et que
Nerim m'a écrit pour me dire que je ferais des économies à le
remplacer par un de ces fameux packs
, et même si je pourrais
avoir le double ou le quadruple du débit en passant à Free dégroupé) : si je devais me
retrouver une semaine sans ADSL, ce serait une
catastrophe absolue, je ne veux absolument pas prendre ce risque.
En plus, j'avais d'autres choses à faire aujourd'hui que de passer mon temps à essayer de faire marcher ce foutu ADSL et ensuite à attendre des transferts de fichiers abominablement lents sur modem RTC !
Mise à jour (2004-01-25T03:00+0100) : Finalement, tout est rentré dans l'ordre. La faute était bien du côté de Wanadoo. En insistant suffisamment et en produisant les messages erreurs annoncés par une machine Windows, mon père a pu obtenir qu'ils fassent quelque chose.
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Je crois que j'ai attrapé un rhume, ou quelque chose de ce genre. En tout cas je tousse et je me sens bien fatigué.
Du coup, et comme j'ai beaucoup écrit hier, je m'en tiens au minimum aujourd'hui.
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Quelqu'un joue la Lettre à Élise à la station Châtelet (du côté des quais de la ligne 7). Enfin, quand je dis, joue la Lettre à Élise, je veux dire dix mesures de ce morceau répétés ad lib, et ça, c'est vraiment pénible, vraiment de quoi s'en dégoûter (si par hasard ce n'était déjà fait).
Je trouve pénible l'utilisation intransitive de plus en plus
fréquente du verbe consommer
. On consomme quelque chose, bordel, on ne
peut pas juste consommer
, ça ne veut rien dire. Le seul usage
de consommer
intransitif qui figure dans mon dictionnaire,
c'est pour dire consommer une boisson
dans un café ou un bar,
genre prière de ne pas consommer sur la terrasse
. Mais
quelqu'un, et j'aimerais bien savoir quand, et surtout qui, a
manifestement pris le mot consommateur
pour former l'expression
société de consommation
(qui ne veut pas dire grand-chose) puis
consommer
utilisé absolument. D'où la nouvelle pub
parfaitement creuse de Carrefour, mieux consommer,
c'est urgent
, sur laquelle des militants anti-pub ou
anti-quelque-chose-je-ne-sais-pas-quoi-au-juste graffitent arrêtez
de consommer
ou autres slogans eux aussi dénués de sens et de
grammaire. Le pire, c'est que je n'ai toujours pas compris ce qu'on
voulait dire par là, ça a l'air vaguement synonyme de
acheter puis jeter
mais ce n'est pas complètement clair,
peut-être que c'est tout simplement synonyme de être un acteur de
l'économie d'une société plus ou moins capitaliste
sauf que dans
ce cas je ne vois pas comment on peut mieux
ou moins
consommer. Passons.
Les restaurants japonais fleurissent à Paris comme des champignons. Je me rappelle d'un temps où c'était encore une rareté, maintenant ils sont partout. Et surtout dans le Marais, qui n'est plus tant le quartier pédé de Paris que le quartier des restaurants japonais (mais nettement moins authentiques que ceux de la rue Saint-Honoré). Remarquez, j'aime bien la cuisine japonaise (sauf qu'en matière de poisson cru je n'aime que le saumon, pas du tout le thon rouge, et parfois c'est un problème). Je crois surtout que les gens sont pressés pressés pressés et que le restaurant japonais répond bien à cette volonté de vitesse (tout en restant de meilleure qualité que le fast food).
Parlant de cuisine asiatique, nos enquêteurs s'interrogent encore
sur la façon correcte d'écrire le mot biryani
, qui désigne ce
plat indien formé de riz aromatisé mélangé à de la viande, du poisson
ou des légumes. Un locuteur de hindi interrogé sur le sujet a écrit
बिरयानी
,
ce qui se transcrit birayānī
. Je trouve le premier
a très bizarre et je me demande s'il ne voulait pas plutôt mettre बिर्यानी
,
ce qui se lirait biryānī
(en conformité avec la
transcription que donne le American Heritage Dictionary
of the English Language), mais on voit mal comment il a pu
confondre vu qu'en alphabet nagari ça donne une écriture vraiment
différente (ce que vous devriez constater si vous avez des polices
indiennes correctes installées sur votre ordinateur et un bon
navigateur — ça fait beaucoup de si
, tout ça). Un
serveur dans un restaurant indien a écrit le mot pour nous, mais c'est
en tamoul, et ça donne புரியாணி
,
ce qui se transcrirait puriyāṇi
(notez le point
sous la n). Pas très ressemblant (la transformation du b en p est
logique vu que le tamoul n'a pas de [b], mais je suis perplexe quant à
la nature du n vu que toutes les langues indiennes sont censées
distinguer nettement le n dental du n rétroflexe — et les
langues dravidiennes comme le tamoul ont même une troisième sorte de
n). Normalement, quand on a un doute sur une orthographe, on regarde
dans Google, mais aucun de ces mots ne renvoie le moindre résultat ni
même une suggestion de correction : je trouverais quand même vraiment
stupéfiant que personne n'ait jamais écrit une page en hindi, ourdou
ou tamoul contenant le mot biryani
! Apparemment le mot est
d'origine persane, en fait, mais ça ne m'aide pas trop.
Quand je saurai pour le biryani, je chercherai à apprendre comment
on écrit correctement tikka masala
.
Il y a place Jussieu (devant le campus), chaque vendredi soir (enfin, peut-être d'autres soirs aussi, c'est juste que c'est le vendredi soir que j'y passe pour aller à >Dégel!), un rassemblement de gens à l'allure pas très fréquentable (disons Punk&Oi, en gros), un peu semblable à ce qu'on devait pouvoir trouver autour de Leicester Square au summum des années '80. (Hum, je vous ai parlé de mon fantasme #299792458, au-dessus des racailles mais en-dessous des skateurs ? Ah oui, c'est vrai, je radote.) Je trouve ça amusant. Ils ont un look qui peut faire peur et ils se gueulent dessus, mais en fait je suis assez sûr qu'ils ne sont pas méchants du tout (sauf qu'ils sont vite bourrés, et là ça doit dégénérer assez facilement).
Tagalog
, Hanunoo
, Buhid
, Tagbanwa
:
non, ce n'est pas une formule magique, ce sont les noms de quatre
alphabets qui se suivent dans Unicode.
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Je dois avouer mon ignorance des écrits — ou même, au-delà d'une certaine généralité, des idées — d'Élisabeth Badinter. Je sais qu'après avoir publié un livre intitulé Fausse route (Réflexions sur 30 années de féminisme), elle a été désavouée par une partie du mouvement féministe (comme les chiennes de garde). J'ai tendance à me considérer (ou à vouloir me considérer ?) moi-même comme féministe modéré (si tant est qu'un homme en a le droit) ; mais j'étais assez opposé, par exemple, à la manière dont la parité dans la vie politique française a été imposée par une révision constitutionnelle (j'ai à la fois une grande méfiance vis-à-vis de la discrimination positive et contre les modifications hasardeuses de la Constitution), et j'avais trouvé, dans une tribune publiée je crois par Le Monde, une formulation extrêmement claire et forte des opinions que je partageais à ce sujet, sous la plume d'Élisabeth Badinter. [Houlà, ma phrase est vraiment alambiquée. Mais je crois qu'elle se comprend quand même.]
Ce n'est pas mon point ici. Je suis tombé par hasard en allumant ma télé tout à l'heure, sur l'émission 100 minutes pour convaincre (note : leur site Web n'est pas très à jour !) consacrée à la question de la laïcité à travers le problème du port du foulard islamique. Je n'allais pas regarder parce que c'est un débat (celui du voile) qui m'intéresse fort peu (c'est-à-dire surtout que je trouve qu'on en parle trop), mais Élisabeth Badinter, qui était sur le plateau, a pris la parole. Alors je suis resté à l'écouter, et j'en aurais presque pleuré. Elle a parlé avec des mots simples, mais avec une conviction, avec une force, et avec un courage aussi, qui m'ont fascinés.
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J'avais mentionné un jeu consistant à chercher, à partir d'un mot (très commun) tiré au hasard à trouver une parole de chanson ou un vers de poème qui contienne ce mot, et j'avais évoqué la difficulté (pour moi en tout cas) à m'en sortir vu qu'on ne pense pas à une chanson en fonction des mots qu'elle contient (en termes un peu geek, il manque le bon index vers la base de données).
Voici un défi du même genre : essayer d'écrire un texte, peu importe le sujet mais qui tienne debout (au moins syntaxiquement et à peu près sémantiquement), qui semble naturel, et qui soit entièrement un patchwork de paroles de chansons, de vers de poèmes, de phrases célèbres, de titres, de proverbes, de slogans publicitaires, et ainsi de suite. C'est-à-dire qu'autant que possible, chaque mot doit apparaître dans le cadre d'une référence, d'un clin d'œil, d'une citation.
J'aime assez glisser sans prévenir, dans un texte anodin, ou dans une conversation, une citation célèbre, sans attirer l'attention dessus, comme une sorte d'« œuf de Pâques » caché qu'on pourra reconnaître si on est perspicace. Ce n'est pas difficile. Mais produire un texte qui soit entièrement de la sorte, c'est autrement plus technique. En tout cas je n'ai rien réussi à pondre qui ne soit pas franchement mauvais.
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J'ai dîné ce soir chez des amis et voisins (les mêmes chez lesquels j'avais fini mon réveillon du Nouvel An) : ils habitent au 16e étage d'une tour qui surplombe le centre commercial Italie 2 (rue Vandrezanne). Comme leur séjour donne sur le nord-ouest, ils ont une jolie vue sur la tour Montparnasse (enfin, dans la mesure où une vue sur la tour Montparnasse peut être jolie), la tour Eiffel, les Invalides, le Val-de-Grâce… En regardant le paysage nous avons été intrigués par une intense lumière verte, juste à droite de la tour Eiffel, venant apparemment des hauteurs du Trocadéro (ce n'était pas bien clair d'où nous étions). Une petite recherche Web n'a pas permis de trouver d'événement ou de manifestation culturelle qui justifierait un tel éclairage. Un spécialiste en lasers qui se trouvait parmi nous a prétendu reconnaître la longueur d'onde 514nm d'un laser à argon (mise à jour 2004-01-18T16:00+0100 : en fait, il me dit qu'il a parlé de la 532nm d'un Nd:YAG doublé — admettons). Après le dîner (puisque les autres s'apprêtaient à regarder le DVD du film La Planète des singes que j'ai déjà vu), j'ai donc décidé, mû par ma maladive curiosité de cinglé, d'aller voir sur place ce qu'il en était, et d'en profiter pour me promener un peu.
J'ai été surpris de constater que, même sur la ligne 6 à l'esprit
pourtant si Rive Gauche™, l'ambiance du samedi soir est
assez avinée — qu'on me pardonne l'expression. Je suis tombé
sur un groupe d'étudiants d'une école de commerce quelconque qui
s'étaient déjà bien saoulés et qui allaient terminer la nuit dans une
boîte près de l'Étoile. En fait, au moment où j'arrivais à Corvisart
pour prendre le métro, l'un d'eux à commencer à s'engueuler avec la
chef de station : pendant ce temps, le reste de la bande a pris la
rame qui arrivait, mais lui et moi l'avons ratée de justesse. Sur le
quai, en attendant le métro suivant, il a commencé à me faire la
causette, et comme il était très beau garçon (dans le genre châtain
bouclé aux yeux bleus un peu elfiques) je lui ai tenu le crachoir
jusqu'à ce qu'il retrouve ses copains à la station suivante : il m'a
raconté son malheur d'être le seul provincial dans une école de Paris
où les autres — dixit — même quand ils sont bourrés ils
continuent à lever le petit doigt
(jolie image ; de fait, c'était
le seul à ne pas avoir un look affreusement bourge). En tout cas, la
bande a grandi en nombre à Denfert et à Montparnasse, et, petit doigt
levé ou pas, ils étaient bien pénibles, nettement plus que les cailleras moyens, en fait.
Quoi qu'il en soit, je suis arrivé (vers 0h15 sans doute) au Trocadéro. Là je me suis senti très con, parce que la lumière verte qui m'avait attiré là n'était ni un laser à argon ni un éclairage festif mais tout bêtement l'illumination d'une grue de chantier située à l'extrémité nord-est du palais de Chaillot, et dont le faisceau se trouve par hasard braqué en direction de Montparnasse et de la place d'Italie.
Puisque j'étais là, cependant, et puisque j'avais eu la bonne idée d'emporter le GPS, j'ai décidé de faire quelques mesures : j'ai trouvé que l'appareil a la possibilité de marquer un point en faisant une moyenne dans le temps pour augmenter la précision, et comme par ailleurs l'endroit est assez dégagé de bâtiments (de sorte que beaucoup de satellites pouvaient être captés simultanément) j'ai pu obtenir une précision assez convenable (une imprécision de moins de 5m, peut-être même 2m, pour certains relevés). J'ai relevé la position de la terrasse centrale de Chaillot, du centre de la tour Eiffel (autant que je pouvais y accéder, car il y a un stupide bâtiment préfabriqué qui y a été posé), et de la statue de Joffre devant l'École militaire.
Ensuite, j'ai voulu reprendre le métro à la Motte-Picquet, et je l'ai raté de quelque chose comme cinq minutes. Je ne peux pas reprocher à la RATP de ne pas avoir pris en compte, au moment où elle a fixé les horaires des derniers trains, le fait que dans la nuit du 17 au 18 janvier 2004 j'arriverais à la Motte-Picquet vers 0h55, mais je peux assurément lui reprocher de ne pas faire une annonce claire (au moins dans cette station) quand le trafic est terminé, ce qui fait que nous étions un certain nombre à poireauter comme des cons sur le quai en se demandant si nous aurions un métro, jusqu'à ce que vers 1h10 on vienne nous dire que non. Je suis donc reparti à pied (et comme un idiot je me suis d'abord dirigé dans la mauvaise direction et ne me suis rendu compte de mon erreur qu'une fois à Dupleix — comme quoi j'aurais dû laisser mon GPS allumé ou me rappeler que les métros à Paris circulent à droite et pas à gauche). Au moins ça m'aura permis, sur le chemin du retour, de mesurer les coordonnées de la place de Catalogne et du Lion de Belfort place Denfert-Rochereau. En revanche, je n'ai plus eu qu'à rentrer directement chez moi.
Pour ne pas laisser de si précieuses (et si chèrement acquises !) informations tomber dans l'oubli, voici les points relevés (voir mon entrée précédente pour les commentaires généraux ; tout ce qui suit est rapporté à l'ellipsoïde WGS 84, et j'ai laissé tomber UTM pour ne relever que la latitude et la longitude, puisque de toute manière il existe d'excellents convertisseurs entre les deux systèmes) :
Il faudrait que je mesure de nouveau, plus précisément, les coordonnées de l'origine que j'ai choisie, pour pouvoir rapporter toutes ces coordonnées au « repère parisien ». Déjà, je suis surpris d'apprendre qu'il y a plus de 400m de l'entrée de mon immeuble à la place d'Italie (j'aurais cru moitié moins). On remarque aussi que les mesures ne sont pas si bonnes que ça puisque les trois premiers points ci-dessus devraient être parfaitement alignés or ils ne le sont pas.
Bon, et la morale de toute cette histoire est : il ne faut pas suivre aveuglément les lumières vertes dans la nuit.
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↓Entry #0460 [older|※ permalink|newer] / ↓Entrée #0460 [précédente|※ permalien|suivante] ↓
[Traduction française ci-dessous.]I made a few very
minor changes to my comments system. The most important modification
is that, now, when an account is created, it is automatically logged
in. Previously, because of a rather stupid design flaw in the
interface, the user was expected to enter one more time the password
he had just chosen in order to log in to the system. But many people
failed to do so, because the logging in form was below the
form used to post a comment: instead, people used the same nick that
they had created (as an account) to post
anonymously
with. So I also changed the order in which the
fields appear below the comment lists.
[French
translation of the above.]J'ai fait quelques modifications très
mineures à mon système de commentaires. Le changement le plus
important est que, maintenant, quand un compte est créé, il est
automatiquement utilisé. Auparavant, à cause d'une erreur de
conception assez stupide dans l'interface, l'utilisateur devait entrer
une fois de plus le mot de passe qu'il venait de choisir de façon à
s'authentifier auprès du système. Mais beaucoup de gens oubliaient de
le faire, parce que le formulaire pour s'authentifier était
en-dessous de celui servant à poster un commentaire : au lieu
de ça, les gens utilisaient le même nick qu'ils venaient de créer
(comme compte), mais pour poster anonymement
. J'ai donc aussi
changé l'ordre dans lequel les champs apparaissent sous la liste de
commentaires.
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Un grand bravo à Garoo pour avoir tenu le pari et avoir pris une photo aussi réussie de M@nu qui nous fait un très joli mois de janvier. On espère que le courage du principal auteur se maintiendra et qu'il aura les moyens de réaliser les douze mois de l'année. En tout cas j'ai proposé ma candidature pour un mois ultérieur (à déterminer).
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Un pédé, ça n'a pas de psychologie : un pédé, c'est juste une paire de couilles sur pattes.
— petite phrase qui prend toute sa saveur quand on sait que celui qui l'a prononcée est psy et pédé.
Le même, un peu plus tard :
De toute façon, un mec blond aux yeux bleus, c'est pas possible qu'il soit actif…
— ravi de le savoir ! Vu comme je l'ai foudroyé du regard,
il a rajouté, …avec moi
. Ceci dit, juste après, il a
comparé les blonds aux yeux bleus, toujours, à des sardines à
l'huile.
↑Entry #0458 [older|※ permalink|newer] / ↑Entrée #0458 [précédente|※ permalien|suivante] ↑
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(Puisque certains amis se moquent de moi en disant que les deux tiers des entrées de ce blog sont consacrées à mes problèmes affectifs, il faut bien que je remplisse mon quota.)
Il y a des gens qu'on appelle normaux. Enfin, je ne sais pas s'ils existent vraiment ou si c'est seulement un idéal, mais on voit assez bien ce que c'est. Les gens normaux n'ont rien d'exceptionnel. Et puis il y a des gens qui s'éloignent plus ou moins de cet idéal. Moi, par exemple, je dois être vraiment anormal, parce que les gens normaux ne s'intéressent pas aux subtilités du calendrier (ils savent qu'il y a une année bissextile tous les 4 ans — 2004 par exemple — et ça leur suffit), ils ne s'amusent pas, s'ils programment, à écrire des quines, ils ne jouent pas à des jeux de cartes cinglés, ils ne trippent pas sur la réflexivité de la philosophie Zen, et, de façon générale, ils ne pratiquent pas la masturbation intellectuelle ; d'ailleurs, ils n'écrivent pas non plus des blogs et ne racontent pas leur vie sur le Web.
Il y a une tendance qui voudrait faire de la normalité un défaut, ou au moins un sommet de l'ennui, et de toute idiosyncrasie qui s'éloigne de la normalité une qualité. Cette tendance est aussi absurde que celle, exactement contraire, qui voudrait condamner toute forme d'originalité. En vérité, évidemment, il n'y a rien en soi de bien ou de mal à être normal ou anormal ; certaines anomalies sont manifestement « mal » (comme le fait de se transformer à chaque pleine lune en loup-garou et d'aller égorger les passants dans la rue), d'autres sont « bien », et la grande majorité ne sont ni bien ni mal. Le culte de l'originalité pour l'originalité, quant à lui, est une parfaite idiotie.
Le fait, aussi, est qu'on a une certaine tolérance pour l'anomalie,
et cette tolérance n'est pas infinie. Les particularités des gens
sont parfois amusantes ou pittoresques, mais elles fatiguent aussi la
tolérance qu'on peut avoir à leur égard, et, tout tolérant qu'on est,
on finit par atteindre des limites et par trouver pénibles les gens
dont la bizarrerie va au-delà de ces limites. À petite dose, la
déviation de la normalité donne une identité aux gens, leur évite
l'ennui d'être tous semblables, mais quand cette déviation devient
énorme, on ne peut plus interagir convenablement (pensez aux gens qui
font un jeu de mot par phrase, à ceux qui ressortent sans arrêt leur
dada, à ceux qui se sentent obligés de dire la consommation par
voie respiratoire de substances nicotiniques peut entraîner à terme
une cessation générale des fonctions vitales
là où n'importe qui
dirait fumer tue
, et ainsi de suite).
Bref, moi, par exemple, je dois passer pour un cinglé auprès de pas
mal de gens. (Il y en a auprès de qui je passe pour un génie, aussi,
ce qui est encore plus faux. À tout le moins, je dois très souvent
être considéré comme un personnage pittoresque.) Sur le plan
intellectuel et même, peut-être, me signale-t-on, sur le plan moral ou
caractériel. Sans doute beaucoup de gens sont rebutés par mes
excentricités : ça ne veut pas forcément dire qu'ils vont me fuir,
mais ils vont toujours me cataloguer comme un weirdo
. Ou alors c'est souvent qu'eux-mêmes sont
largement déviants
.
Eh bien j'en ai parfois marre d'être considéré comme une créature étrange, parce que, pour bizarre que je suis, j'ai une véritable soif de normalité. J'ai de très bons amis, qui me sont très chers, qui ont toutes sortes d'excentricités dans tous les domaines, ce n'est pas le problème. J'ai suffisamment de difficultés dans le domaine affectif pour ne pas devoir y ajouter l'éloignement causé par une anormalité excessivement visible. Parce que les extra-terrestres, on peut les trouver drôles ou pénibles, parfois on les admire, parfois on les déteste, mais on les aime rarement (à moins d'en être soi-même — or pour ma part je cherche à être aimé par des humains, pas par des extra-terrestres, surtout que ma tolérance pour la bizarrerie est nettement en-deçà de ma propre bizarrerie).
Le mot visible
est important. Car au fond ce n'est pas
écrit sur mon front que le standard Unicode est mon livre de chevet, je
peux le cacher. Il est permis d'être aussi anormal qu'on veut, tant
qu'on n'impose pas cette anormalité aux autres — tant qu'on ne
leur prend pas la tête
, notamment. Déjà, je suis nettement
moins bizarre dans la vraie vie que je ne l'apparais sur le Web. Et
je suis nettement plus normal, aussi, quand je suis entouré de gens
eux-mêmes plutôt normaux. Mais apparemment pas encore assez, puisque
je continue à être marginalisé — plus ou moins inconsciemment de
la part du groupe — par des milieux où je cherche à
m'intégrer.
Je voudrais corriger cette apparence, mais ce que j'ignore largement c'est : qu'est-ce qui trahit le plus fortement que je suis un cinglé ? Est-ce la manière dont je m'habille (ceci dit, ça change tout le temps), la manière dont je me déplace, la manière dont je parle, ce que je dis quand j'ouvre la bouche, le fait que je ne boive pas, mes goûts musicaux (ou absence thereof)… ?
[Zut, je me suis vraiment embrouillé, et je n'ai pas du tout réussi au final à dire ce que je voulais dire. Il est tard, je réessaierai une autre fois.]
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↓Entry #0456 [older|※ permalink|newer] / ↓Entrée #0456 [précédente|※ permalien|suivante] ↓
[Traduction française ci-dessous.] From now on I'll
stop writing 'blog
, a spelling which I was the only one to use
anyway, and write blog
instead like everyone does.
[French
translation of the above.] Désormais je cesse d'écrire
'blog
, une orthographe que j'étais le seul à utiliser de toute
façon, et j'écrirai blog
à la place, comme tout le monde.
↑Entry #0456 [older|※ permalink|newer] / ↑Entrée #0456 [précédente|※ permalien|suivante] ↑
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À 11h ce matin je me suis réveillé en sursaut parce que je m'étais encore endormi sur mon bras (le droit, cette fois), qui était du coup paralysé (et insensibilisé) par manque de sang. Il a fallu un bon moment avant de pouvoir le ranimer, et ça faisait mal, bien sûr, quand le sang recommençait d'affluer (c'est vraiment mal foutu, ce système, ça fait souffrir quand le sang revient, pas quand il cesse de couler). Du coup, j'étais épuisé par l'émotion, je me suis recouché et j'ai dormi jusqu'à 17h (et là, c'est vraiment raté pour toutes les choses que je comptais faire aujourd'hui, zut !).
Je trouve que ça m'arrive vraiment souvent (du genre, peut-être une fois par mois), c'est inquiétant. Certes, je n'ai jamais encore perdu de bras (ou de jambe, parce qu'il m'arrive, plus rarement, de bloquer ma circulation dans une jambe) comme ça, mais ce n'est sans doute pas une bonne chose pour autant. Je peux imaginer plein de conséquences affreuses : le membre qui se gangrène si on ne se réveille pas à temps, ou bien l'impossibilité de se dégager si on se retrouve avec les deux bras et les deux jambes paralysées (ne rigolez pas, j'ai fait ça une fois, je ne comprends toujours pas comment, et ça n'a pas été facile de me réanimer), ou encore le sang qui coagule, forme un caillot baladeur et cause une embolie ailleurs (il y a bien des gens qui décèdent d'embolie cérébrale simplement parce qu'ils sont restés assis trop longtemps sans bouger dans un siège d'avion). Bon, je sais que je suis hypocondriaque, mais quand même, c'est pénible.
Peut-être devrais-je dormir avec des bracelets cloutés ou quelque chose comme ça ? Histoire que ce soit absolument inconfortable de me coucher sur mes bras. Ou changer d'oreiller ? Y a-t-il des gens qui ont le même problème ?
↑Entry #0455 [older|※ permalink|newer] / ↑Entrée #0455 [précédente|※ permalien|suivante] ↑
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Davide Bruno [je me suis demandé si je devais garder son anonymat ou si je pouvais révéler son identité : mais comme d'une part je ne vais rien dévoiler de compromettant à son sujet, que de toute manière il existe certainement des milliers de gens s'appelant ainsi, et qu'enfin ça me crée une chance, aussi faible fût-elle, de pouvoir retrouver contact avec lui, j'écris son nom] : je ne sais pas pourquoi son souvenir me revient aussi fortement maintenant. S'il y a une chance dans cette vie, une personne vraiment merveilleuse, que je regrette d'avoir laissée passer, c'est bien lui.
Davide était étudiant en médecine à Bologne (ou peut-être à Gênes : je ne me rappelle plus s'il était allé de Gênes à Bologne pour y étudier ou le contraire), du même âge que moi, qui était venu passer l'année universitaire 2000–2001 à Paris dans le cadre d'un échange Erasmus. Il parlait un français quasiment parfait, avec juste un petit accent délicieux. Physiquement, il était très joli : de petite taille, très brun mais presque imberbe, le regard espiègle, un sourire radieux toujours aux lèvres ; et pour ce qui est de son caractère, j'en ai rarement vu d'aussi agréable, amène, ouvert et vif. Je ne crois vraiment pas exagérer ici ses qualités.
Il logeait à la Cité Universitaire internationale de Paris (au pavillon Honnorat), et s'était constitué un certain nombre d'amis là-bas (notamment deux Portugais) lorsque j'ai fait sa connaissance, leur connaissance, dans le cadre d'une association de jeunesse LGBT que je fréquentais alors assidûment ; nous nous sommes amusés du fait que nous nous appelions Davide et David, nous avons échangé nos numéros de téléphone, et nous nous sommes rapidement revus. (En fait, ce n'était pas la première fois que je constatais que j'« accrochais » particulièrement bien avec les étrangers de passage en France : peut-être parce que les Français sont plus fermés, mais il y a d'autres explications possibles, par exemple il est imaginable que j'aie en moi une certaine forme d'hospitalité — si j'ose dire — qui me rend plus accueillant et plus ouvert dans ces circonstances.)
Si vous voulez des ragots, il n'y en a pas là matière : Davide et moi n'avons rien fait dont la pudeur pourrait s'émouvoir. Ce n'est pourtant pas cela que je regrette aujourd'hui, même si cela se serait pu, je le crois maintenant (j'étais trop inhibé pour le saisir alors, même lorsqu'il a réagi avec beaucoup d'adresse à la confidence que je lui ai faite de ma virginité). Non, ce que je regrette, c'est de ne pas avoir compris à temps à quel point il m'était cher : j'étais trop aveuglé par l'amour (à sens unique, évidemment) que je portais à un autre garçon (si on dit qu'il est impossible d'aimer deux êtres à la fois, c'est évidemment faux ; en revanche, il est possible de laisser un sentiment en éclipser un autre), et en même temps par l'amitié (et l'admiration, peut-être) que j'éprouvais pour Davide, pour me rendre compte de l'immense tendresse — que ma timidité m'empêchait d'exprimer plus clairement — qui me liait à lui, si ce n'est de l'amour franc. Et je regrette aussi de ne pas avoir vu, indépendamment de mes sentiments pour lui, à quel point Davide était un garçon merveilleux. Plus tard, il s'est trouvé un copain aussi de la Cité U (Ian, l'espagnol qui faisait un DEA de physique — c'était d'ailleurs amusant de les entendre communiquer dans un mélange d'italien, d'espagnol et de français), mais je n'ai ressenti aucune sorte de jalousie : ils formaient un couple tellement parfait qu'ils semblaient faits l'un pour l'autre.
Un des souvenirs les plus heureux qui me restent est celui du 2001-06-20 où, après une soirée étudiante à la Cité U, Davide et moi (rejoints ensuite par Ian) nous sommes allongés sur l'herbe, parmi d'autres petits groupes éparpillés, devant la fondation Deutsch de la Meurthe, pour regarder les étoiles. Pour une certaine forme de bonheur, de sérénité, je crois que je n'ai jamais égalé ni dépassé ce soir-là. Trois jours plus tard, c'était la Gay Pride : je l'ai suivie avec Davide (qui devait rentrer peu de temps après en Italie), Ian (qui n'arrêtait pas de prendre des photos — mais je ne les ai jamais vues), et quelques autres de la Cité U. Ça a commencé par une formidable baignade dans la fontaine de la place Félix Éboué. Seulement, un peu plus tard, vers 16h, nous nous sommes perdus de vue dans la foule (largement par ma faute), et je n'ai plus jamais revu Davide : je n'ai pas ses coordonnées en Italie (bon, peut-être qu'en engageant un détective privé je pourrais retrouver sa trace, mais je n'en suis pas là), et je ne sais absolument pas ce qu'il est devenu depuis ce 23 juin 2001. Mon plus grand regret, donc, c'est de ne lui avoir fait aucune sorte d'adieu. Quelle connerie de ma part !
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C'est marrant, quand j'y pense, c'est à peu près depuis que M. Sarkozy est ministre de l'Intérieur (et de la Sécurité intérieure et tout et tout) que j'ai commencé à tripper sur le look racaille. (Bon, ce n'est qu'un de mes très nombreux fantasmes, et pas le plus important. Et je tiens aussi à préciser que je ne trouve pas Joey Starr spécialement séduisant.) Y aurait-il une corrélation ?
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Je me suis levé à 6h30 ce matin, pour pouvoir donner mon TD à 8h30 — c'était d'ailleurs la dernière fois que je voyais ce groupe. Normalement je passais la nuit du mardi au mercredi à Orsay, chez mes parents, de façon à être sur place, mais cette fois, pour différentes raisons, j'avais décidé de rentrer à Paris.
Du coup, je suis mort de fatigue. J'ai des millions de choses à faire, mais je n'arrive pas à mieux que comater devant mon PC, et à m'ennuyer.
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Encore un projet de loi complètement cinglé et liberticide est en cours d'adoption, en France, essentiellement sous la pression des éditeurs de disques, et qui tente d'imposer au 'net des contraintes non seulement invraisemblablement dangereuses mais de surcroît techniquement délirantes. À la clé, notamment : tentative de mise en place d'un filtrage global au niveau du pays (comme le font la Chine ou l'Iran, soulignent les détracteurs de la loi, et comme aucune autre démocratie ne prétendait avoir l'audace de faire), obligation pour les fournisseurs d'accès de jouer un rôle de juges de contenu (sous peine de risquer d'être attaqués à leur tour), et détachement de l'e-mail de la notion de correspondance privée.
Vous en saurez plus sur www.odebi.org
. Une
chose m'embête, cependant, ils proposent un formulaire trivial pour
envoyer une lettre à son député : or ça, c'est du spam, et je n'aime
pas l'idée de combattre le mal avec le mal. Mais comment faire du
lobbying autrement qu'en spammant son député, et comment contrer la
pression des majors du disque autrement qu'en faisant du
contre-lobbying ?
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Pour changer des conneries sans
intérêt que je raconte d'habitude, je vais parler un peu
d'eschatologie, aujourd'hui. (J'ai bien dit eschatologie
, avec
un “e”, bande d'obsédés !)
Je ne sais pas quelle proportion de la population française —
disons — croient en une vie après la mort, mais je pense que
prima facie elle n'est pas très importante : la plupart des
gens sont plutôt agnostiques en pratique, je suppose, ou en tout cas
pas prêts à miser sur une continuation dans l'au-delà. J'écris
prima facie
, cependant, parce qu'il y a une croyance qui
semble très répandue, c'est celle de la survivance des mèmes à travers la continuation de
l'humanité.
Les gens sont en effet très dérangés par l'idée que l'humanité peut venir à s'éteindre. La pensée de leur propre extinction, de leur mort personnelle est assurément difficile à supporter, mais nous avons derrière nous des millénaires d'une culture qui a tenté, par toutes sortes de moyens, d'affronter cette idée, de la pacifier, de l'intégrer, etc. Mais cela passe justement, notamment, par l'idée d'une continuation au-delà de la mort : l'idée qu'il y en aura derrière nous d'autres, enfants de notre corps (continuation de nos gènes) ou enfants de notre esprit (continuation de nos mèmes), pour continuer ce que nous avons entrepris, pour réussir là où nous avons échoué. Incontestablement j'adhère moi-même à cette croyance et à cette volonté de continuation en propageant mes mèmes. Et cette volonté de continuation suppose un réceptacle : les générations futures.
On entend parfois des vulgarisateurs scientifiques se demander comment l'humanité arrivera à survivre à la mort du Soleil, et proposer la conquête spatiale comme réponse à ce problème. Quel invraisemblable orgueil ! L'Homme n'existe (sous une forme pouvant raisonnablement mériter ce nom) que depuis trois millions d'années environ ; la mort du Soleil est prévue dans un temps qui se compte en milliards d'années, considérablement supérieur à l'intervalle qui nous sépare du premier dinosaure : il y a même plus loin de nous à la mort du Soleil que de la révolution cambrienne à nous ! Et pourtant, des gens font — plus ou moins subconsciemment — l'hypothèse nil novi sub Sole forte : penser que dans un milliard d'années non seulement l'Homme existera encore mais même que sa civilisation sera peu ou prou semblable à celle que nous connaissons actuellement. Ce n'est plus seulement de l'orgueil, c'est de la déraison invraisemblable : rappelez-vous la vision de l'an 2000 qu'on avait en 1950, observez à quel point elle est comique et éloignée de la réalité, et vous aurez une idée du ridicule qu'il y a à faire des prévisions sur l'an un milliard.
Maintenant, considérez la proposition suivante : il reste moins
d'humains à vivre qu'il n'en a vécu depuis l'apparition de l'Homme
(soit à l'heure actuelle quelque chose de l'ordre de 80 milliards). À
moins que l'humanité soit réellement infinie (supposition qui
franchit allègrement les barrières de la déraison pour tomber dans le
règne de la mythologie), on est forcé de se rendre à la conclusion
évidente suivante : au moins la moitié des hommes (à savoir ceux de la
« deuxième moitié de l'humanité ») auraient raison d'affirmer la
proposition ci-dessus. De là à dire que si un homme quelconque la
tient il a environ une chance sur deux d'avoir raison, il n'y a qu'un
pas, que je me garderai bien de franchir (je ne suis pas suffisamment
bayesien pour cela, et de toute manière le sens en serait douteux) :
néanmoins, on est tenté de se dire qu'elle n'est peut-être pas
absurde. Au rythme des naissances actuels (mais, admettons-le, il
serait assez surprenant qu'il se maintînt durablement, soit quelque
chose comme 150 millions de naissances par an), si la proposition est
vraie, cela laisse quelques siècles à l'humanité. En tout état de
cause, cela rend hautement douteux la suggestion que l'humanité puisse
survivre un milliard d'années : par quelle incroyable
coïndicence nous serions-nous retrouvés tellement près du
commencement ? (Pour raisonner plus loin, il faudrait parler du
principe anthropique. Je m'abstiendrai.)
Le fait est que les gens n'ont aucune idée de l'immensité d'un milliard d'années. Ils n'ont, en fait, aucune idée de l'immensité d'un millier d'années, ne parlons pas d'un million. Mais alors l'éternité ! Quelle incroyable bêtise que la promesse d'une vie éternelle : que feriez-vous, si on vous l'offrait, après que vous auriez prononcé un milliard de fois toutes les paroles qui peuvent se prononcer dans une langue quelconque en moins d'un milliard d'années ? Je pense bien qu'un certain sentiment d'ennui et de répétition vous saisirait, alors même que ce temps gigantesque n'est pas plus proche de l'éternité que le commencement ; à supposer, du moins, que les souvenir de tant d'années puissent rester simultanément dans l'esprit : mais si ce n'est pas le cas, on retrouve un temps cyclique (si le cerveau n'a qu'un nombre fini d'états, aussi grand soit-il, il finira toujours, en assez de temps, par retrouver un état déjà atteint), à moins qu'on finisse par se figer dans un état fixe, mais cet état est exactement ce que l'on peut appeler la mort. Jorge Luis Borges, dans ses nouvelles L'Immortel et La Bibliothèque de Babel, s'est approché d'une description de l'éternité et de l'infinité, mais il reste impuissant à illustrer leur taille. Les théologiens hindous, s'amusant avec la notation décimale qu'ils avaient introduite, ont défini des longueurs de temps passablement grandes (comme le kalpa), mais ils sont restés très loin du compte (sans parler de la Longue Droite, qui est qualitativement plus longue que l'éternité).
Finalement, l'éternité est un artifice qui a été inventé pour détourner l'attention du présent : la promesse d'une éternité bienheureuse est un moyen de compenser un présent merdique, et le raisonnement du pari de Pascal est censé faire préférer cette éternité, même hypothétique, à toute félicité immanente. De même, la continuation de notre vie dans celle de nos descendants est un artifice pour oublier nos limitations. La croyance en la conquête spatiale ou la vie extra-terrestre est censée détourner l'attention de l'ici, la Terre.
Il est assurément difficile d'admettre que nous sommes là par
hasard, que l'Univers est absolument indifférent à notre présence, que
nous disparaîtrons entièrement, nous et toutes nos œuvres, sans
qu'une Conscience supérieure remarque notre passage, sans que tout
cela ait eu de sens : pire, sans même que la question de savoir le
sens de tout cela ait, elle-même, un sens. Mais le sens
est
une invention humaine, qui ne prééxiste pas dans l'Univers, comme le
Bien et le Mal ou le Juste et l'Injuste : chercher le sens de la vie
est aussi absurde que scruter une feuille blanche pour y trouver
l'endroit où j'ai pu écrire le mot abracadabra
, car le sens de
la vie ne peut venir que de nous-mêmes, il n'existera que si nous
daignons nous en donner un, et il sera exactement ce que nous voudrons
qu'il soit. N'est-ce pas là une pensée rassurante ? Et pour cette
raison, justement, je ne traite d'aucun mépris ceux qui ont foi en la
vie éternelle ou en l'existence d'un Dieu : s'ils veulent voir
là-dedans le sens de leur vie ou quelque chose qui les y amène, grand
bien leur en fasse, et leur Dieu existe bien puisqu'ils l'ont créé en
cela même qu'ils croient à son existence.
Il n'y a après tout aucun sens scientifique à donner à la vie après la mort : notre moi n'existe que par un gentleman's agreement par lequel nous convenons que ceci constitue notre corps et cela notre esprit ; quand nous mourons, cet accord tombe, et il est aussi dénué de sens de se demander ce que nous devenons (fût-ce pour affirmer que notre conscience disparaît) qu'il l'est de se demander si Hamlet a les cheveux blonds. Donc, si vous voulez vous attribuer une éternité paradisiaque après la mort, il suffit d'y croire, et vous pourrez en attribuer une à Hamlet par la même occasion, cela sera aussi vrai, ou aussi dénué de sens, selon ce qu'on voudra bien dire. Ce qui compte est la manière dont nous vivons, et si la croyance en une vie après la mort aide à donner courage aux mourants (ce dont je ne suis, au demeurant, pas pleinement convaincu), et les aide à surmonter leur souffrance, et aide encore leurs proches, c'est probablement une bonne chose. Il n'y aura de toute façon pas de réfutation. Pour ma part, je préfère ne pas m'infliger une vie éternelle : comme je l'ai souligné, l'éternité, c'est long — surtout vers la fin.
[Zut alors : non seulement je crains ne pas avoir été clair dans ce que j'ai dit, mais je crois même avoir donné l'impression de me contredire plusieurs fois. Pourtant, en vérité, il n'y a là nulle contradiction.]
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Quand on commence à observer quelque chose, il arrive souvent qu'on se mette à le voir partout : difficile, dès lors, de savoir si c'est une nouveauté ou si on ne l'avait simplement jamais remarqué avant.
En l'occurrence, ce sont deux modèles de blousons que j'ai
remarqués, et soudainement j'ai l'impression que tout le monde en
porte (tout le monde
signifie quelque chose comme une personne
croisée tous les quarts d'heure dans une période d'affluence modérée
dans la rue). L'un, c'est le type de blouson que j'ai moi-même acheté il y a environ un
mois : blouson à capuche (avec une fermeture éclair ventrale), noir
(même s'il existe d'autres coloris, le noir semble le plus répandu
— ou en tout cas c'est le seul que je remarque), dont la
caractéristique la plus notable est la surface extérieure, qui
rappelle exactement (m'a fait remarquer ma mère) la texture des
combinaisons de plongée (tandis que la surface intérieure, elle, est
un duvet de coton bien ordinaire). L'autre type, que je n'ai pas
acheté (je ne l'ai même pas vu en vente où que ce soit) est un blouson
de cuir, noir aussi, un peu dans le genre motard, avec un col droit,
une ouverture qui selon les modèles peut être un peu asymétrique (je
trouve ça un peu ridicule, d'ailleurs) et surtout deux (parfois trois)
bandes blanches sur les manches en partant des épaules ; il doit être
très connoté, d'ailleurs, celui-là, parce que tous ceux que j'ai vus
le portant étaient presque certainement pédés.
Existe-t-il une sociologie descriptive de la mode ? Je veux dire, non de la mode telle que les grands couturiers la conçoivent (et qui est complètement déconnectée de ce que les vraies gens portent) mais la mode telle qu'elle est réellement portée par les humains normaux dans la rue. Une vraie description des styles vestimentaires et des catégories qui les portent (sans chercher à analyser pourquoi, juste décrire), de comment les tenues apparaissent, évoluent et disparaissent. C'est quelque chose qu'on reconnaît souvent instinctivement, mais qui mériterait d'être couché sur papier.
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On me signale, et je pense que ça vaut la peine d'être répercuté, que le roi du Cambodge tient un(e sorte de) weblog, habituellement en français. Surprenant.
Il faudra penser à lui transmettre une invitation lors des rencontres des bloggueurs francophones.
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À partir de 20h environ, c'est-à-dire à l'heure où je vais acheter
mon pain, il n'y a plus de baguette dans les boulangeries. On
pourrait croire que, comme le même phénomène se reproduit
systématiquement, les boulangers finiraient par comprendre et feraient
un peu plus de baguettes voyant qu'ils pourront les vendre, mais non,
apparemment, ça ne marche pas comme ça. Résultat, chaque client qui
défile demande, d'un air plein d'espoir, une baguette, s'entend dire
qu'il n'y en a plus, et se rabat sur autre chose. L'autre chose,
c'est un de ces dizaines de sortes de pain qui portent des noms
bizarres, qui ressemblent à de la baguette (parfois il y a
baguette
dans le nom) mais n'en sont pas, et ne servent en
définitive, je pense, qu'à être vendus aux clients qui arrivent quand
il n'y a plus de baguette. Le plus ridicule, je trouve, c'est le pain
qui s'appelle tout simplement pain
: est-ce qu'il était
vraiment impossible de lui trouver un autre nom ?
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Je suis déçu : on m'avait vanté le gadget en question comme ayant — depuis que les Américains ont cessé de brouiller les données — une précision de l'ordre du mètre. En réalité il n'en est rien, ou alors c'est en restant une heure au même endroit pour intégrer les données. Pourtant, le GPS que j'ai utilisé (celui de mon père) n'est pas du plus bas de gamme : c'est un Garmin 12CX (12 canaux, donc, mais il trouvait typiquement entre trois et sept satellites à utiliser). À chaque fois qu'un nouveau satellite apparaît ou disparaît de la collection repérée, les coordonnées sautent d'une bonne trentaine de mètres, et entre deux tels sauts, elles varient continûment d'une demi-douzaine de mètres. Bref, pour établir des coordonnées précises dans Paris, ce ne sera pas adapté.
Je n'avais pas non plus pensé à quel point ce serait pénible. Aller au point dont on veut relever les coordonnées, mémoriser les derniers chiffres à un instant donné (parce qu'ils changent tout le temps), les noter sur le calepin prévu à cet effet, avec l'heure de la mesure, puis naviguer dans les menus de l'instrument pour passer entre le mode UTM et le mode latitude/longitude et noter de nouveau. S'il s'agit de mesurer une place, il faut au moins deux points, diamétralement opposés sur la place (même si c'est un peu symbolique, eu égard à la précision obtenue). Reprendre le métro pour aller ailleurs, en pestant contre l'emplacement des passages piétons et des bouches de métro…
Voici cependant les coordonnées brutes que j'ai mesurées, pour ce qu'elles valent. Pour chacune, j'ai enregistré à la fois les valeurs dans le système Mercator transverse universel (il s'agit du fuseau 31) et en latitude et longitude (en degrés décimaux). Tout cela se rapport au géoïde WGS 84. Les deux mesures sont indépendantes et décorrélées, je n'ai fait aucune conversion entre les deux (je n'ai même pas cherché comment la faire), il se peut donc que les points ne coïncident pas, à cause des imprécisions des mesures.
Ensuite, transi de froid par le vent et pestant contre la pluie qui mouillait mes notes, au-dessus du point zéro des routes de France, j'ai laissé tomber (en tout cas pour le moment).
Si je tente de transformer les coordonnées géographiques (je laisse tomber UTM parce que c'est trop pénible à utiliser) en coordonnées « parisiennes » (mesurant les distances vers l'est et vers le nord à partir du point zéro devant Notre-Dame, tout étant exprimé en mètres) je trouve :
Ces coordonnées sont relativement plausibles (encore que je me serais plutôt attendu à +5 qu'à −18 pour l'ordonnée de la Bastille). Quant à savoir quelle est leur précision, et quelles sont les valeurs correctes et exactes, c'est une autre affaire : finalement j'aurais sans doute aussi bien fait (et aussi précisément fait) de les lire sur un plan déjà établi. Mais bon, c'est un proof of concept des données que je cherche à récolter.
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C'est génial, les soldes, pour perdre de l'argent qu'on aurait en trop : je suis parti avec l'idée d'acheter des choses bien précises, et je suis revenu avec plein de fringues qui n'avaient aucun rapport avec ce que je voulais trouver (et rien de ça) — et dont je n'ai clairement aucun besoin. Et deux ou trois centaines d'euros en moins sur mon compte en banque. Et comme j'ai toujours l'idée d'acheter les choses que j'avais initialement prévu d'acheter, j'ai gagné le droit à une itération supplémentaire du processus (et qui va sans doute conduire au même résultat).
Vive la société de consommation !
PS : Chez Quiksilver, la vendeuse fait remarquer à son
collègue, au moment où je passe à sa caisse à elle et que deux jeunes
filles vont à la sienne à lui, tu vois, tu as toutes les clientes
et moi tous les clients
; il lui répond : c'est normal, les
hommes préfèrent les femmes et les femmes préfèrent les hommes
(verbatim) ; et elle rétorque, pas toujours
. Est-ce que
j'aurais dû confirmer ?
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Tomorrow, Satuday 2004-01-10, at 13:37:04 UTC, we will be halfway
between the creation of the Universe (1970-01-01T00:00:00Z) and the
end of the world (2038-01-19T03:14:08Z). That is, Unix will be one
(binary) gigasecond old (in Coordinated Universal Time),
or, if you will, the gettimeofday()
function will return
230 (or 1073741824=0x40000000).
Geeks of all countries, celebrate!
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Je me promène souvent avec un sac à dos. Parfois on me demande ce
qu'il y a dedans, et je réponds : Tout ce qui pourrait m'être
utile.
J'ai souvent impressionné les gens parce que juste après
qu'ils disaient ce serait bien d'avoir un foobar
, je
sortais un foobar de mon sac (non, je n'ai pas sorti,
littéralement, un foobar
, j'ai sorti toutes sortes de choses à
mettre à la place de foobar
). Rien qu'aujourd'hui, j'en ai
sorti : du papier et un stylo (d'accord, ce n'est pas très
surprenant), un appareil photo numérique, et du paracétamol à croquer.
Par le passé, il m'est arrivé d'en sortir, juste quand des gens en
avaient besoin, des choses plus surprenantes : une serviette, une
lampe-torche, un tournevis cruciforme, le dernier numéro de
Têtu, le livre de géométrie algébrique de Robin
Hartshorne, et, sans doute le plus surprenant, Fictions
de Borges avec un marque-page placé pile à la bonne page (marquant la
nouvelle Pierre Ménard, auteur du
Quichotte). Bien sûr, je ne me promène pas
toujours avec dans mon sac une serviette, une lampe-torche,
un tournevis cruciforme, le dernier numéro de Têtu, etc.
Mais j'ai été remarquablement chanceux d'avoir souvent juste ce qu'il
fallait au bon moment (pour moi ou pour les autres), ou parfois assez
perspicace pour deviner ce qui était susceptible d'être utile.
Mais cette habitude cache en fait une certaine névrose de ma part : le besoin d'avoir tout un tas de choses utiles à ma disposition immédiate. Je m'efforce maintenant de sortir le moins possible avec mon sac, mais j'ai encore toujours les poches bien pleines. Par exemple, j'ai (presque) toujours sur moi une ou deux serviettes rafraîchissantes au citron : c'est très souvent utile de pouvoir se nettoyer, et j'ai plus d'une fois rendu service à quelqu'un qui s'était mis quelque chose de poisseux sur les mains en sortant de mon chapeau — enfin, de ma poche — le rince-doigt salvateur (bien sûr, encore plus souvent, c'est à moi que ça sert). Parfait, mais l'ennui, c'est qu'à force d'accumuler les choses que j'estime utiles, je finis par avoir les poches vraiment très pleines — c'est pour ça que je porte des treillis avec plein de poches, pour pouvoir y mettre tout mon bardas —, et en fait c'est révélateur d'un sentiment d'insécurité qui me hante. J'ai aussi toujours avec moi un plan de la ville où je suis (presque toujours Paris, donc, mais dès que je vais ailleurs, même pour quelques heures, je me sens obligé d'acheter une carte).
Chez moi, c'est encore pire : s'il y a déjà beaucoup de choses que j'aime avoir avec moi quand je sors juste pour quelques heures, le nombre de choses dont j'estime avoir besoin dans mon appartement pour pouvoir en disposer à tout moment est assez hallucinant. Quantité de livres (des dictionnaires et d'autres usuels, des livres de maths de référence, quelques grands classiques), mais aussi quelques outils de bricolage ou de cuisine, des ingrédients alimentaires, et énormément de produits pharmaceutiques (aspirine, paracétamol, désinfectant, alcool, eau oxygénée, vaseline, sérum physiologique, et encore, je ne cite là que les produits génériques). Plus, bien sûr, l'ordinateur et énormément de fichiers qui vont dessus, et une connexion Internet permanente (Google fait partie de ces choses dont l'accès immédiat m'est indispensable).
Quand quelque chose me manque, je peux entrer dans de vives colères. Notamment, je me suis vraiment énervé il y a quelques jours d'apprendre qu'il n'y avait chez mes parents à Orsay ni punaises ni patafix, alors que ce sont vraiment des objets indispensables qui devraient en permanence se trouver dans n'importe quel domicile décemment fourni.
Mine de rien, c'est la principale raison pour laquelle je ne peux pas voyager (c'est presque une phobie de ma part) : à moins de me promener avec quelques esclaves derrière moi pour porter les nombreuses malles renfermant tous ces objets indispensables (et ne parlons pas de la difficulté à les ranger à chaque fois), je serais obligé de les laisser derrière, ce qui est inadmissible. Les rares fois où je pars en voyage, je fais les courses et je prends avec moi un sac à dos gigantesque contenant des quantités stupéfiantes de choses (et il est vrai que beaucoup me sont, à un moment ou un autre, au moins modérément utiles), du rouleau de sopalin à la crème solaire et de la paire de ciseaux à la boîte de vitamine C à croquer.
Si j'étais milliardaire, je m'offrirais dans un certain nombre de grandes villes du monde un appartement relativement modeste (pour un milliardaire, je veux dire) mais généreusement fourni en toutes sortes de choses de ce genre. Je pourrais alors voyager tout à mon gré, et trouver partout de quoi satisfaire mon obsession de toujours-tout-avoir-avec-moi. Actuellement, j'arrive à peu près à me sentir correctement entouré à la fois chez moi à Paris et chez mes parents à Orsay (même si presque tous mes livres de maths sont à Orsay, ce qui me tracasse, et si ma pharmacie y est moins bien fournie). En revanche, le camping, ou ce genre de choses, m'est à tout jamais interdit, parce que l'eau courante fait quand même partie des items les plus indispensables sur la liste.
Une psychanalyste m'a affirmé que ce besoin que j'éprouve d'avoir
toujours auprès de moi des objets familiers pour marquer mes repères
devait révéler le fait que mes parents n'avaient pas correctement tenu
leur rôle pendant mon enfance. C'est à ce moment-là que j'ai décidé
que je ne croyais pas à la psychanalyse. (Je dis ça
en plaisantant : ce que je veux dire, c'est que cette psy plaquait
immédiatement sur moi une théorie toutes les névroses sont nées de
situations vécues pendant l'enfance
qui est peut-être vraie en
général mais dont j'ai suffisamment de pouvoir d'introspection pour
être sûr qu'ici elle était fausse.)
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Voici une liste partielle de chefs de gouvernement français, dans un certain ordre. Question : quel ordre ? La réponse est tellement simple qu'il faut parfois un moment pour s'en rendre compte (cliquez ici pour révéler la réponse, qui figure sous la liste, si elle est cachée).
Amusant, non ? La réponse est facile : par ordre d'âge, tout
simplement
.
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Arcanoid
Damien
Massé has suggested the following perfect name for pseudo-tarot:
Arcanoid
(I already mentioned
this game several times on this 'blog, and I had offered a deck of cards for who would
find a satisfactory name—so Damien has earned them). With a
‘c’, of course, unlike the famous (breakout) arcade game.
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C'est une bonne idée que j'ai eue d'afficher le plan du métro sur le mur à côté de mon bureau, parce que même si j'avais déjà regardé la carte en question mille et mille fois dans les stations, j'en découvre toujours plus maintenant que je l'ai quasiment en permanence sous les yeux. Une chose notamment à laquelle je n'avais pas prêté grande attention jusqu'à présent sur les plans de Paris est à quel point la capitale française est organisée de façon concentrique. Notamment, de l'extérieur à l'intérieur, il y a trois limites historiques importantes qui continuent d'apparaître de manière frappante sur le plan actuel. Voici ce qu'on peut en dire.
non ædificandi
des fortifications, dont l'urbanisme
a été contrôlé : c'est là notamment qu'est implantée la cité
universitaire internationale (fondée par le ministre André Honnorat
avec l'appui de l'industriel Émile Deutsch de la Meurthe et le recteur
Paul Appell).Le mur murant Paris rend Paris murmurant), qui a existé de la fin des années 1780 jusqu'à 1859. À part quelques rares traces comme la rotonde du parc Monceau ou les colonnes du Trône place de la Nation, l'enceinte des fermiers généraux ne subsiste que sous forme d'un anneau de boulevards « extérieurs » (Boulevard Blanqui, Boulevard Saint-Jacques, Boulevard Raspail, Boulevard Edgar Quinet, Boulevard de Vaugirard, etc.), dont le parcours est également très fidèlement suivi par la boucle des lignes 2 et 6 du métro actuel, de l'Étoile à la Nation (la seule exception notable est le Boulevard Vincent Auriol, qui passe un peu au-delà de l'enceinte des fermiers généraux). Entre cette enceinte et la limite actuelle de Paris, les communes ou fractions de communes rattachées en 1859 (Belleville, Charonne, une partie de Saint-Mandé, Bercy, etc.), portant le nombre d'arrondissement de Paris de 12 à 20. Les limites extérieures des 8e, 9e, 10e et 11e arrondissements suivent donc également l'enceinte des fermiers généraux (en revanche, ce n'est pas le cas pour les 5e, 6e et 7e, qui ont été légèrement rétrécis au moment de l'annexion) (précision (2004-01-10T15:55+0100) : il est en fait probable que je me trompe en supposant implicitement que les 12 arrondissements d'avant 1860 coïncident à peu près avec les 12 premiers arrondissements actuels : ils correspondraient plutôt aux 12 « municipalités » introduites par la Révolution).
Il y a évidemment d'autres limites historiques dans Paris, encore plus près du centre, comme l'enceinte de Philippe Auguste, mais celle-ci n'est pratiquement pas matérialisée actuellement.
Peut-être auriez-vous aimé voir toutes ces explications agrémentées de jolies illustrations. J'aurais aimé pouvoir le faire, mais en tout état de cause je ne peux que vous renvoyer à un plan quelconque de Paris. Parmi les projets fous qui me hantent, il y a celui de réaliser un plan de Paris qui soit entièrement libre de droit et dans un format ouvert et exploitable : cette tâche est probablement trop difficile, mais sans doute y a-t-il moyen de réaliser au moins le commencement, à savoir mesurer (au GPS puis transportées dans un repère adapté) et lister les coordonnées exactes des principales places parisiennes et de divers points remarquables. Un jour j'emprunterai le GPS de mon père et je ferai des relevés précis. Bref.
Sinon, je peux recommander l'Atlas de Paris
(Évolution d'un paysage urbain
) de Danielle Chadych et
Dominique Leborgne, édité chez Parigramme.
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Il ne me reste que deux séances de TD avant la fin du semestre — les choses vont plus vite que je le pensais, l'examen a lieu le 22 — peut-être trois si je propose une séance supplémentaire et que les étudiants acceptent de venir. C'est le rush pour couvrir les calculs de primitives et d'intégrales à temps : intégration par parties (ils connaissent déjà le principe, mais il faut expliquer avec moult exemple quand utiliser quoi), changements de variables, intégration de toutes les fonctions rationnelles, des fonctions rationnelles de lignes trigonométriques, etc. L'ennui est qu'ils mettent un tel temps, quand on leur propose un calcul à faire, pour se mettre en route (recopier l'énoncer sur leur cahier, le regarder pendant un quart d'heure sans rien faire, sommeiller encore un peu, m'écouter trois fois expliquer la méthode à suivre, demander quelle est la méthode à suivre, butter contre une première difficulté, abandonner, attendre que je passe les pousser un peu, et finalement prendre la correction sans chercher à la comprendre), on n'avance pas du tout. Malheureusement, il y a un si grand nombre d'exemples à traiter avant d'avoir couvert tout ce qu'ils doivent savoir que je ne peux pas m'attarder. J'ai bien peur de les larguer complètement.
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For those not familiar with the expression, the phrase Turing
tarpit
refers to a situation in computer science (typically, a
programming language) from which “everything” is possible
(everything that a Turing machine can do can be done) but nothing is
easy. Some programming languages (such as the dire Unlambda which I unleashed
upon the world) achieve this situation deliberately, but more
frequently it occurs unsought for. As a matter of fact, I do believe
we are all—all of computing, that is—in the Turing tarpit.
Some are deeper than others, of course.
Here, then, is a thought rant as to what archaeologists
of future times will find within the tarpit, under the auspices of a
famous epigram by Alan Perlis,
A programming language is low level when its programs require attention to the irrelevant.
The irrelevant
refers to anything that is not part of the
algorithm
behind the problem, the latter being what one would
describe to a fellow human being when explaining how things work; or,
if you will, the algorithm
is what requires inspiration whereas
the irrelevant
is merely perspiration (apologies due to Thomas
Edison). The irrelevant can be further categorized in: syntactic
sugar (which, Perlis notes in another epigram, causes cancer of the
semicolon), propitiatory rites (to ward off evil deities), reinventing
the wheel (because you need a different color of wheel than the ones
provided in the tarpit), feeding fuel to the Shaddock pump (if you
haven't lived in France, you might not know what Shaddocks
are—besides a kind of grapefruit—but it doesn't matter
much), keeping track of the zorkmids, taking out the garbage, and
generally working around the many gratuitous barriers which someone
decided to erect in your way to prevent you from reaching your goal
too easily. Naturally, what is irrelevant to one man, or in one
context, can be of the highest importance elsewhere: another insidious
form of tarpit is that in which one lacks control over something
because it was arbitrarily categorized as irrelevant.
The dominant programming language of our times is probably
C. Accordingly, C is responsible for the
sorry state of most programs nowadays: it lacks even elective bounds
checking, strict type checking, stack checking and integer overflow
checking, whether static (at compile time) or dynamic (at run time);
and, certainly, C's absence of any kind of optional
verification is the cause of a great deal of bugs and security holes
in a vast repertoire of programs (one might argue, of course, that the
bug is always the programmer's fault: prima facie this is
admittedly true, but it is at least debatable whether the programmer's
role is to count the zorkmids like a Byzantine monk, just as it is
debatable whether a mathematician's work is to provide complete proofs
in some formal system, a similarly tedious kind of job). Another of
C's nastinesses is the lack of any sort of exception
(even flow control is very limited, in the absence of labeled
break
s, which require goto
to be used
instead), except as setjmp()
/longjmp()
,
which has been so carefully maimed as to make it useless. Let us also
mention the lack of inner (nested) functions, and the necessity of
explicitely constructing any kind of closure or continuation as a
manually allocated structure (for this reason, all callback data is
systematically passed as void*
and benefits from no kind
of type checking), making all manner of functional programming or
polymorphism absolutely impractical. C encourages the
use of null-terminated strings, which cause all sorts of problems
(such as mishandling of null characters, possibly with underlying
security problems, in a huge number of programs). C
requires the programmer to collect all his garbage himself: not only
does it not promote the use of a garbage collector (or
promote a specific one, and this is probably a good thing, because
having a GC, let alone a specific GC, forced
upon oneself, is not always nice), it actually discourages it in every
way (for example, most of C's very extensive external
library is only remotely usable with a GC), and allows
only very conservative garbage collection. And let's not even mention
the worthlessness of C's absurdly complex and
aggressively syntactical preprocessor.
C was invented so that Ken Thompson and Dennis Ritchie could port Unix to the PDP-11, and it shows: it was designed to function as a portable assembler for Digital's computers, and it is dubious whether it is good for anything else (even as a general-purpose portable assembler, it isn't very good as it obscures many implementation details). C makes modular programming (at least top-down, functional and callbackable modular programming) very difficult, and any kind of code reusability is severely limited by the way C works (and the flat namespace is only one aspect of the problem). De facto, code reusability is low, metaprogramming is practically inexistent, even automated code analysis is extremely difficult, data structures are kept to a bare minimum, and all maintenance work on the code (such as upgrading to a new set of specifications, or providing compatibility bindings) must be done by hand. Worse: all these limitations have so severely penetrated the minds of programmers that many of them are persuaded that they are some fundamental part of computer science.
Given all these problems, one may ask of me: why program mostly in
C, then? Besides inertia, there is the simple fact that
all libraries are written for and in C, and using them in
any other language means a load of extra work to convert the bindings
and very little gain since the library semantics are in any case
restricted to those that C can afford; and among these
libraries
I count the operating system I use, Unix, which is
sadly dependent on C from its inception. So
C is the mammoth that is bringing us all with it in the
tarpit. In any case, I have almost entirely ceased to program, given
that all programming languages that currectly exist are either full of
tar or unusable, or both: it seems to me that the only really useful
program to write would be a compiler for an entirely new programming
language.
What about existing languages other than C?
Java, for example, seems to improve considerably upon some of
C's most ridiculous limitations. Still, Java is rather
conservative in the way it departs from C, its main
improvements being usable exceptions and generalized garbage
collection: they are not certain to compensate the pratical problems
associated with Java (the lack of a really usable free-as-in-speech
implementation, and the slowness of the existing environments). Even
insofar as it differs from C, Java also is not perfect,
however (it has pretty much failed at providing polymorphism).
Likewise, C++ provides some improvements on
C (but still no garbage collector, at the cost of an
unreasonable complexity of the language). Functional programming
languages are no better: OCaml is plagued by, besides a horrible
syntax, a type system with an unreasonable number of features, the sum
of all previous research work and experimentation; Haskell is highly
elegant and very understandable, but its lazy evaluation is so
pervasive and impossible to escape that it becomes a plague (not even
counting the consequently atrocious performance); Scheme is a
toy-language, its ridiculous standard library (not even a decent
printf
!) competes to make the language useless with the
fact that one must create types “by hand” by composing
pairs and tags. Common Lisp presumably has every imaginable feature
from every imaginable language, but this makes it impossibly
complicated. Perl is as ugly as my worst nightmares (except that
perhaps Perl6 will be better, but so far this is complete vaporware);
Python is better but still has some annoying defects (the gratuitous
separation of expressions and instructions, which has no place in this
kind of imperative high-level language, is certainly one). Prolog, or
its much better cousin Mercury, is too specialized. The list is long
(even just counting languages which I know: I have yet to learn
Smalltalk, for example).
The bottom line is that good—high-level—programming
languages, in my opinion, are still to be invented. But I don't think
it would be impossibly complicated: merely learning the design
principles and the motivating logic behind a number of very different
languages which come closest to being good
(say: Algol,
ML, Haskell, Scheme, Common Lisp, Smalltalk, Java,
PostScript, Mercury, Dylan, Erlang and Python), and avoiding each
one's most glaring mistakes, should be a good start. (I'm not saying
it is possible to produce a language that is excellent in every
circumstance; but it is assuredly possible to produce one which is uniformly
catastrophic.) Then we might start escaping the Turing tarpit,
and then we can start thinking about truly novel features for
languages (one that comes to my mind is: bounded resource
reflexivity/sandboxes, which I believe no known language implements in
any way).
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Attention, Messieurs-Dames, devant vos yeux ébahis, le grand David
Madore va encore se ridiculiser en pontifiant sur des sujets dont il
ne connaît rien. C'est vrai, quoi, j'en ai marre de parler de mes
propres problèmes affectifs, alors pour changer un peu je vais parler
de ceux des autres. Plus sérieusement, je veux juste donner à
quelques mèmes la chance de se
propager un peu : si on secoue la boîte à mèmes, de temps en temps, ça
ne peut faire que du bien. (Vous remarquerez que je reste extrêmement
vague quant au cadre dans lequel je m'exprime, par exemple ce que
j'entends par couple
ci-dessous : c'est délibéré, je veux
laisser les mèmes aussi libres que possibles de se fixer dans telle ou
telle configuration.)
Je suis toujours désolé de voir le nombre de personnes que je vois souffrir (le mot est peut-être excessif) de l'écart entre leur vie affective et l'image morale qu'ils en conçoivent. Cela se rapporte typiquement soit à la fidélité en couple, soit au rapport entre amour et sexe.
Or à mon avis la seule réponse à la question La fidélité en
couple, est-ce bien ?
ou Le sexe sans amour, est-ce mal ?
est de répondre que la question n'a pas de sens (無
, si on veut) : le mot
bien
ou mal
, au sens moral, n'a tout simplement pas sa
place ici. Le problème n'est pas de savoir s'il faut faire ceci ou
cela — ça c'est une question profondément personnelle, celle de
la conception de l'amour —, le problème se pose quand on tente
de définir une morale de l'orthodoxie sexuelle, et qu'on classe de ce
fait les hétérodoxes comme déviants (ce n'est pas forcément une
question de condamnation, et parfois la condamnation est
auto-infligée). Au moins a-t-on largement tendance à considérer que
la le respect de la doxa est une forme de « maturité », ce qui
est une terrible sottise.
Je n'ai pas l'intention de faire ici l'apologie de l'amour libre,
de la polyamorie ou de quoi
que ce soit. Il serait tout aussi absurde de dire
L'homosexualité, c'est bien (adhérez ici)
. Il est fort
possible que — comme on l'a suggéré — la fidélité soit une
forme de masochisme (en tant que soumission à l'autre, à qui on
concède une exclusivité), mais il est clair qu'elle est assez
naturelle au moins pour une partie de la population.
Ce n'est pas non plus mon propos de dire, l'adultère n'a rien de
blâmable
: il est certain que doit être dépassé le stade de la
luxure perçue comme péché capital (vous rôtirez en enfer !), mais il
n'en demeure pas moins que le fait de trahir une promesse qui a été
faite — fût-ce dans l'intimité d'une alcôve — n'est pas
forcément reluisant. Au risque de paraître vieux jeu, j'accorde une
grande valeur à l'honnêteté. Il est également vrai qu'un certain
degré de jalousie est probablement assez naturel à l'esprit
humain, et que la fidélité est une façon de vivre en paix avec ce
penchant (confronter la jalousie pour l'abolir est autrement plus
dur).
Simplement, il ne faudrait pas que les promesses d'alcôve fussent perçues comme opposables aux tiers : si X et Y se jurent éternelle fidélité, c'est leur problème, ce n'est pas le problème de Z qui veut interagir avec X (peut-être aussi X et Y se sont-ils jurés de ne jamais manger qu'en compagnie l'un de l'autre, ce qui, somme toute, n'est ni beaucoup plus ni beaucoup moins sensé que de se jurer de ne jamais avoir de relation sexuelle que l'un avec l'autre : et Z n'a pas à le savoir s'il se propose d'inviter X à sa table). Et d'autre part je pense qu'il y a un problème lorsque les gens se torturent pour respecter le pacte orthodoxe. L'ascèse est peut-être une belle vertu lorsqu'elle est complètement élective, mais un anachorète qui souffre de la solitude et de la privation devrait sans doute reconsidérer ses vœux par-devant son dieu : la souffrance n'est jamais une vertu en elle-même.
Il est curieux, aussi, qu'on puisse s'interroger sur l'excès de sexe : l'acte sexuel n'est pas plus condamnable, pratiqué sans amour, que le fait de manger sans faim (filons la métaphore culinaire). L'excès se définit comme ce qui menace de nuire à la santé (y compris à l'équilibre mental, s'il y a obsession), non comme tout ce qui dépasse la limite fixée par la nécessité ou par la doxa.
Pour conclure, je saupoudre d'un mème amusant trouvé dans Illusions de Richard Bach (cité violemment hors-contexte, pourra-t-on dire, mais il est douteux qu'il y ait un contexte) :
Your only obligation in any lifetime is to be true to yourself.
Being true to anyone else or anything else is not only impossible, but
the mark of a fake messiah.
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Demain matin, lever à 8h. J'ai oublié l'effet que ça fait, et j'ai peur que ça ne me plaise pas vraiment de me rappeler.
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With all its sham, drudgery, and broken dreams,
it is still a beautiful world.
Be cheerful. Strive to be happy.
Probably the best-known “moralizing” poem in the world
after Rudyard Kipling's If— which might have
inspired it (and which I, personally, much prefer), Max Ehrmann's Desiderata
is actually famous mostly because of a recurring story that has it
found in Old St. Paul's Church in Baltimore 1692
, whereas it
was actually written in the twenties. Regularly I come across people
quoting Desiderata as this really old anonymous poem
that was found in a church
, so I'm spreading the meme: this is an urban legend, the
author is actually named Max Ehrmann. I mention this poem now because
I thought of the following pastiche of the last paragraph:
With all its hacks, incompatibilities, and broken links,
it is still a beautiful web.
Be accessible. Strive to be conformant.
Anyway, while I'm at it debunking urban legends, I should also state (as I frequently have to) that the following ultra-famous quote,
I disapprove of what you say, but I will defend to the death your right to say it.
is not by Voltaire, to whom it is almost always, wrongly,
attributed. So, to spread the correct meme: the above sentence is
actually by Evelyn Beatrice Hall, who wrote it in chapter VII of
The Friends of Voltaire (1906), published under the
pseudonym S. G. Tallentyre
. She used the phrase to describe
the philosopher's attitude toward Helvétius; certainly it is in the
spirit of Voltaire, but we must respect historical accuracy
and note that he did not pen it. However, to quote Avram Grumer on
rec.arts.sf.written, I may disagree with what you say, but I will
defend to the death your right to mis-attribute this quote to
Voltaire.
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Promis, après celui-ci, je me calme un peu et je parle d'autre chose.
Jessica regarda autour d'elle avec le sentiment d'avoir pénétré le Saint des Saints. C'était donc ici qu'elle vivait.
Le séjour était spacieux et bien éclairé. Une grande baie vitrée dévoilait le Trocadéro, l'Arc de Triomphe — le panorama urbain rougeoyait à la lumière du soir. L'ameublement intérieur était sobre et géométrique, fonctionnel et élégant, vaguement intemporel. Les antiquaires ne devaient pas profiter de la fortune de Françoise Blanqui. Guère plus le marché de l'art : les quelques œuvres décorant les murs étaient des reproductions de classiques (ici de L'Arbre aux corbeaux de Friedrich et là d'une gravure par Dürer). Une pointe d'éclectisme dans le style d'ensemble aurait pu passer pour de la fantaisie, de l'ignorance ou même un soupçon de mauvais goût, si on l'avait trouvé ailleurs que chez une femme dont le jugement était aussi avéré, aussi universellement respecté et admiré que celle-ci. La bibliothèque semblait presque incongrue dans un immense appartement du 8e arrondissement : elle devait figurer au catalogue Ikea, et ne contenait presque que des poches (de nouveau, de grands classiques ; un marque-page dépassait de L'Œuvre au noir de Marguerite Yourcenar, facétieusement glissée entre Virginia Woolf et Susan Sontag).
Jessica s'était assise au bord du grand canapé en cuir noir et n'osait se servir au bar, tout bienvenu qu'aurait été un remontant. L'impression de ne pas être à sa place la prenait à la gorge. Que faisait-elle ici ? Comment, même, pouvait-elle souiller cet endroit de sa présence ? Elle transpirait dans son blouson d'aviateur qu'elle n'arrivait pas à se décider à retirer — comme si se mettre à l'aise eût été une manière de s'accaparer le lieu — ce blouson qui lui semblait, à l'image d'elle-même et de ses cheveux ras, inconvenant ici.
Une éternité passa.
Jessica sauta au plafond en entendant un bruit. C'était elle. Et Françoise Blanqui fit son entrée. La vedette était très grande — beaucoup plus que ses apparitions à l'écran le laissaient croire. Elle était vêtue tout en noir, d'un tissu diaphane et ample, qui se confondait avec ses longs cheveux souples. D'un ton mondain, elle commença :
Ah, bien, on vous a fait entrer. Veuillez m'excuser de ce retard, je…— puis s'interrompit.Point d'orgue. Les deux femmes se dévisagèrent en silence. Jessica se sentait, face à sa déesse, comme une biche prise dans les feux d'une voiture. Devant elle, l'incarnation même de la beauté et de la féminité.
Enfin, Françoise Blanqui parla de nouveau, sur un tout autre ton.
Allons droit au but. Je vous sais gré d'avoir répondu à ma requête.Petit silence.J'admire ce que vous faites, et j'admire ce que vous êtes. Passionnément. C'est pour cela que désirais vous rencontrer.Nouveau petit silence.Passionnément, Jessica.
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Le calme et la sérénité sont les trois (4) vertus du Sage.
Aux petites heures de ces nuits d'hiver où on a froid, après une soirée plaisante entre copains, rentré dans la chaleur de mon chez moi, la tristesse (peut-être la nostalgie) et la bonne humeur (une étincelle inattendue de joie de vivre) se disputent mon cœur. Mais la fatigue et le silence des ténèbres les emportent — ou les marient — et ne laissent en moi qu'une douce sérénité, celle de la solitude bienfaisante. Le sommeil dissipera les brumes de mes soucis : toutes préoccupations, intellectuelles ou affectives, s'évanouissent quand ma conscience elle-même va disparaître. Plus rien n'a d'importance. La promesse me berce d'un jour nouveau, porteur d'espoir et de potentiel. J'aime Paris, j'aime cette ville engourdie qui m'entoure, dont le plan me dévisage et m'invite à la découvrir. J'aime ce monde, ici et maintenant. J'aime la Lune, j'aime la fleur, j'aime la clochette au tintement cristallin.
Je suis heureux.
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Sa voix se cassa enfin, et les murs anciens, indifférents aux chagrins humains, cessèrent de nous renvoyer ces sanglots entrecoupés de hoquets. Son regard se tourna sur moi, et je reculai sous la force du coup porté ; les yeux criaient le désespoir d'une voix plus claire encore que les hurlements qui s'étaient tus.
Non,supplia Camille. Puis :Loïc !J'observais cette beauté sauvage transfigurée par la douleur. Le nom appelé semblait, lui, si serein, si pur, après cette éruption de tourments, comme s'il avait déjà rejoint d'autres rives. J'en cherchai un écho en mon propre cœur — mais rien n'y répondit.
Resterez-vous sans rien dire ? C'est votre fils qu'on va tuer ! C'est votre fils que j'aime !Le vieux duc posa doucement sa main, consolatrice, sur l'épaule de Camille, mais elle fut reçue par une morsure emplie de rage : ce n'était pas pour la consolation que Camille ouvrait en cet instant son âme.
Laissez-moi. Ne ferez-vous enfin rien ?Cette fois, le timbre résonnait comme un jugement.
D'une voix que je ne reconnus pas, je répondis :
Loïc est mort. Ne tardons plus.Loïc était mort — et toute la saveur du monde avec lui.
Je n'en suis pas content. Le style est beaucoup trop visible et trop pesant alors que j'aurais voulu faire quelque chose d'épuré. Que l'art est difficile !
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J'avais déjà parlé ici d'une méthode pour tenter d'arriver à la cuisson idéale de l'œuf (i.e. le jaune parfaitement liquide et le blanc parfaitement solide mais non caoutchouteux). On m'avait ensuite signalé (ce dont j'aurais pu me rendre compte par moi-même) que cette méthode présentait un danger hygiénique : la cuisson pendant une longue période à température tiède (sans ébullition) doit donner un vrai bouillon de bactéries, ce qui n'est pas forcément très sain à manger. Voici une autre technique que j'ai essayée ce soir : porter de l'eau à ébullition dans une bouilloire, la verser sur les œufs dans une casserole (placée sur une table, pas sur une plaque électrique allumée), jusqu'à les recouvrir juste, et laisser simplement l'eau refroidir d'elle-même (et réchauffer les œufs) pendant quelques minutes. L'idée est que la cuisson se fait rapidement à l'extérieur de l'œuf, mais qu'au fur et à mesure que la chaleur pénètre l'intérieur, l'eau refroidit et la cuisson devient moins importante. Le jaune (qui est au centre en haut de l'œuf) cuit donc moins que le blanc. L'avantage aussi est qu'hygiéniquement cette méthode est sans doute préférable. L'inconvénient est qu'on contrôle moins bien les choses : la température de la pièce, le matériau dans lequel la casserole est faite, le type de table, tout cela doit influencer sur la vitesse de refroidissement de l'eau et donc sur la cuisson des œufs. En tout cas, ce soir mes œufs étaient vraiment parfaits.
À part ça, dans la rubrique les conseils de cuisine de papi Ruxor, je peux aussi recommander les légumes à la vietnamienne de Suzi Wan (soja, champignons noirs, carottes, poivrons) mangés en salade avec juste du vinaigre balsamique comme assaisonnement : c'est délicieux.
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Non, je n'ai pas la gueule de bois, puisque je suis toujours sobre : je ne bois pas, je ne fume pas, je ne… bon, bref, vous savez déjà que je suis parfait.
Mercredi soir, dîner très agréable (et très bon, merci Picard) chez mes parents, conversation très intéressante même si ça tournait parfois aux ragots de physiciens (par exemple, je ne tenais pas spécialement à tout apprendre sur la vie et la mort de Marie-Antoinette Tonnelat). Je suis rentré à Paris grâce au service exceptionnel « Grande Nuit » de la RATP.
Les fêtes, et notamment la nuit du 31 décembre au 1er janvier, ont ceci de déplaisant que tous les gros beaufs pénibles qui ne font jamais la fête se croient obligés de mettre le paquet ce jour-là, et en pratique, évidemment, de se saouler la gueule. Je n'ai rien contre les gens qui boivent, même jusqu'à l'ivresse, mais ceux qui ne conçoivent pas d'autre façon de s'amuser que de se bourrer ont à mon avis un problème. Et les rues le soir de la Saint-Sylvestre, ce n'est pas très drôle à voir. Ni le métro, pendant le service exceptionnel en question, d'ailleurs.
Après un bref passage chez moi je suis passé chez des copains,
quatre colocataires qui partagent un appartement rue Vandrezanne
— donc nous sommes vraiment voisins. Il y avait là une petite
dizaine de personnes, que je connaissais pour la plupart déjà. On a
passé la nuit à faire des jeux idiots (du style, on tire un mot au hasard et on
doit trouver des paroles de chansons ou des vers de poèmes qui
contiennent ce mot : c'est affreux, parce qu'on est certain d'en
connaître des dizaines pour un mot comme
eau
, mais on n'arrive plus à en retrouver un seul, surtout à un
stade avancé de la nuit).
Jeudi soir, dîner à l'École. Nous étions une bonne vingtaine.
Ambiance très geek, évidemment, et très naze. (Morceau
choisi : Oui, les missions spatiales télécommandées échouent plus
souvent que celles où il y a des hommes, parce que les hommes peuvent
parfois rattraper les problèmes ; dans la mission
Apollo 13, par exemple, s'il n'y avait pas eu des gens
dans la navette pour intervenir, on n'aurait sans doute pas pu sauver
l'équipage.
) Mais on a rudement bien mangé, et c'était vraiment
sympathique. <joke kind="private">
J'ai détruit
le pavillon à la petite cuiller (en
plastique, parce que moins c'est coupant, plus ça fait
mal).</joke>
Comme il se doit, on a fini en jouant
au pseudo-tarot (qui n'a
toujours pas de nom) : ce qui est un
peu normal, vu qu'il n'y a pas beaucoup d'autre endroit sur Terre où
on arrive à rassembler quatre ou cinq personnes connaissant les règles
de ce jeu et un paquet de cartes adéquat, donc il faut bien
en profiter.
Ce soir je suis allé à l'Imprévu, un bar (gay-friendly) rue Quincampoix, pour boire un verre avec des gens de >Dégel! et des gens chez que j'avais vus l'avant-veille (l'intersection étant non vide). Retour en Noctambus vers 2h du matin (pas aussi mal fréquenté que les rues le soir du 31, mais pas terrible non plus : je n'étais pas mécontent de ne pas le prendre seul, en fait ; ceci dit, avec le froid qu'il fait, rentrer à pied n'est pas vraiment plaisant).
Diantre, mais je sors beaucoup. Le retour à la réalité du travail, la semaine prochaine, risque d'être dur !
[Désolé pour les photos, si elles font souffrir ceux qui ont une connexion un peu lente. Mais bon, ce n'est pas souvent que mon 'blog est illustré, alors pour une fois…]
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Je vous souhaite à tous une bonne et heureuse année 2004 ! Cette fois c'est la bonne, et il n'y en aura pas d'autre (en tout cas pas pour 2004).
J'espère que vous avez passé une aussi bonne soirée que moi, pour qui elle a été très réussie et amusante. Mais je n'ai pas le temps d'en raconter beaucoup, parce qu'il est déjà tard et que ce soir je m'y recolle.
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