David Madore's WebLog: 2016-08

Vous êtes sur le blog de David Madore, qui, comme le reste de ce site web, parle de tout et de n'importe quoi (surtout de n'importe quoi, en fait), des maths à la moto et ma vie quotidienne, en passant par les langues, la politique, la philo de comptoir, la géographie, et beaucoup de râleries sur le fait que les ordinateurs ne marchent pas, ainsi que d'occasionnels rappels du fait que je préfère les garçons, et des petites fictions volontairement fragmentaires que je publie sous le nom collectif de fragments littéraires gratuits. • Ce blog eut été bilingue à ses débuts (certaines entrées étaient en anglais, d'autres en français, et quelques unes traduites dans les deux langues) ; il est maintenant presque exclusivement en français, mais je ne m'interdis pas d'écrire en anglais à l'occasion. • Pour naviguer, sachez que les entrées sont listées par ordre chronologique inverse (i.e., la plus récente est en haut). Cette page-ci rassemble les entrées publiées en août 2016 : il y a aussi un tableau par mois à la fin de cette page, et un index de toutes les entrées. Certaines de mes entrées sont rangées dans une ou plusieurs « catégories » (indiqués à la fin de l'entrée elle-même), mais ce système de rangement n'est pas très cohérent. Le permalien de chaque entrée est dans la date, et il est aussi rappelé avant et après le texte de l'entrée elle-même.

You are on David Madore's blog which, like the rest of this web site, is about everything and anything (mostly anything, really), from math to motorcycling and my daily life, but also languages, politics, amateur(ish) philosophy, geography, lots of ranting about the fact that computers don't work, occasional reminders of the fact that I prefer men, and some voluntarily fragmentary fictions that I publish under the collective name of gratuitous literary fragments. • This blog used to be bilingual at its beginning (some entries were in English, others in French, and a few translated in both languages); it is now almost exclusively in French, but I'm not ruling out writing English blog entries in the future. • To navigate, note that the entries are listed in reverse chronological order (i.e., the most recent is on top). This page lists the entries published in August 2016: there is also a table of months at the end of this page, and an index of all entries. Some entries are classified into one or more “categories” (indicated at the end of the entry itself), but this organization isn't very coherent. The permalink of each entry is in its date, and it is also reproduced before and after the text of the entry itself.

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Entries published in August 2016 / Entrées publiées en août 2016:

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(mercredi)

De la difficulté d'acheter un PC correct en 2016

Un moment que je craignais depuis longtemps est arrivé : le PC qui est chez moi est mort. Enfin, il n'est pas complètement mort puisque je m'en sers encore pour écrire ces lignes, mais il ne tient apparemment guère plus que 48h sans planter : je suppose qu'un condensateur dans la carte mère s'est usé, ou quelque chose comme ça, et il y a à parier que d'ici quelques jours il ne marchera plus du tout (et même s'il continue au même rythme, 48h sans planter est bien trop court pour les usages que j'ai). Cette carte mère (Asus P5W64 WS Pro) date de 2007 : il est peut-être de toute façon temps d'en changer.

Voici donc mon first world problem du moment : en 2016 il est devenu vraiment difficile d'acheter un PC correct, en tout cas selon ma définition de « correct ». Précisons d'emblée que ce qui m'intéresse surtout est la fiabilité, pas la performance. Or, pour qu'un produit soit trouvable, il faut qu'il y ait des gens (autres que moi) qu'il intéresse.

Je ne sais pas bien qui achète des PC fixes ni pourquoi. Beaucoup de gens qui autrefois eurent acheté des PC sont passés à ces sales merdes qu'on appelle des tablettes : cette évolution a fait chuter le marché des PC. Même parmi les gens qui ont besoin d'un vrai clavier (parce que, quand même, pour taper beaucoup sur une tablette, il faut être motivé), la plupart achètent des portables, ou des transportables (par transportable, je veux dire un truc qui se présente comme un portable mais qui pèse quand même très lourd). Restent les gamers (ceux parmi eux qui utilisent un PC normal et pas un de ces PC propriétaires spéciaux qu'on appelle consoles) ; mais les gamers recherchent des choses complètement différentes de ce qui m'intéresse : uniquement la performance, ils se foutent de la fiabilité tant que la machine n'en est pas à planter plus vite que leur personnage virtuel ne se fait tuer.

Jusqu'à il y a quelques années, je me disais que je pouvais compter sur une autre catégorie d'acheteurs : les gens (ou en fait, typiquement les TPE/PME) qui veulent un « serveur ». Et de fait, même si je déteste profondément la classification des PC en « machines de bureau » et « serveurs », car je parle bien d'acheter un truc pour mettre sur mon bureau, ce que je veux colle bien avec la catégorie « serveur » : fiabilité avant tout, pas mal de mémoire, fiabilité, pas mal de disque dur, fiabilité, peu importe le chipset graphique, et est-ce que j'ai parlé de la fiabilité. Ou du moins, cela collait bien, parce que je ne sais pas si si cette catégorie existe encore en 2016 : maintenant, si on veut un serveur, ce n'est pas pour mettre chez soi — quand on veut un serveur, on prend une machine hébergée en colocation, ou un serveur virtuel sur le nuage à-ma-zone. Et là ça ne colle plus avec mes besoins, parce que je veux quand même un PC physique à mettre chez moi, qui m'appartienne et sur lequel je puisse stocker mes données (les serveurs en colocation, j'en loue déjà quatre, c'est bon, je n'en veux pas d'un cinquième). Bien sûr, ces serveurs en colocation, ou virtuels dans le nuage, ils doivent bien avoir une existence physique quelque part, mais elle peut être hautement spécialisée, peut-être sous une forme qui ne s'achète que par lots de 1024, ou qui impérativement ont besoin d'être rackée dans un datacenter avec une alimentation groupée, que sais-je encore.

Et du coup, je me demande si on ne s'achemine pas vers un monde où seuls Google, Facebook, Amazon et semblables peuvent acheter des vrais ordinateurs, tous les autres devant leur louer de ces ressources.

J'en viens à une petite description de ce que j'entends par fiabilité, et ce en quoi elle affecte le matériel. Il y a deux points cruciaux à la fiabilité : le taux d'erreur le plus bas possible dans le traitement, la reproduction et le stockage de l'information (car l'information est sacrée), et un fonctionnement 24 heures sur 24 avec le moins de downtime possible (i.e., que l'ordinateur soit tout le temps accessible, et avec lui, l'information qu'il stocke).

Concrètement, au niveau stockage de l'information, l'impératif de fiabilité signifie que j'utilise des disques en RAID ; mais ceci ne concerne pas vraiment le matériel (à part la nécessité d'avoir, disons, quatre disques durs identiques). En revanche, au niveau de la mémoire vive (RAM), cela impose d'avoir de la mémoire ECC (j'ai déjà ranté à ce sujet à de nombreuses reprises, par exemple ici), c'est-à-dire avec correction d'erreurs (pouvant corriger 1 bit erroné quelconque sur un mot de 64 bits, et en détecter 2) : c'est le genre de choses qui n'intéresse pas du tout les gamers parce que c'est forcément plus lent, et parce qu'ils n'ont pas de données importantes à protéger, mais pour moi c'est une condition sine qua non de fiabilité.

Pour avoir de la RAM ECC, il faut non seulement des barrettes ECC (avec 9/8 fois plus de bits dessus), mais il faut aussi que la carte mère supporte l'ECC (c'est-à-dire, que le chipset la supporte, que le câblage le supporte, et que le BIOS le supporte) et aussi que le processeur le supporte. Chez Intel, ça veut dire que le processeur doit être un Xeon. Chez AMD, je n'ai pas compris (ça a l'air un peu plus largement disponible au niveau processeurs — au niveau cartes mères c'est autre chose — mais je suis complètement paumé dans les références). Les informations sont très difficiles à trouver en ligne, parce que très peu de gens veulent de la RAM ECC.

Un autre composant matériel que je souhaite avoir, c'est un watchdog matériel dans la carte mère, c'est-à-dire un composant qui redémarre automatiquement la machine si elle est plantée (concrètement, dès qu'on l'active, il faut lui envoyer régulièrement un signal montrant que tout se passe bien, et s'il ne le reçoit pas au bout de quelques minutes, il provoque un reboot). J'ai ça sur mon PC actuel (celui qui est mourant ; et grâce au watchdog, il reboote quand il plante, au lieu de rester bêtement inutilisable). Le problème de trouver des informations est encore pire concernant les watchdogs que concernant la RAM ECC : c'est quasiment impossible de savoir à l'avance quelles cartes mères ont un watchdog (même si on a les références d'une carte mère précise et de son chipset, parfois même quand on a accès au produit lui-même, c'est vraiment difficile de le savoir). Peut-être même que ce genre de système a été complètement remplacé par des gadgets plus sophistiquées comme l'IPMI ou autres choses dont j'ignore jusqu'au nom. Toujours est-il que je voudrais bien un système qui m'assure que si mon PC plante pendant que je ne suis pas chez moi pour le redémarrer, il y aura quelque chose à faire. Je ne considère pas ça comme aussi absolument indispensable que la mémoire ECC, mais si je peux avoir un watchdog, c'est mieux.

À part ça, laissant de côté les questions de fiabilité, j'ai aussi besoin d'au moins 6 ports SATA (j'ai quatre disques durs à brancher plus deux lecteurs/graveurs optiques) plus un eSATA, et de 2 ports Ethernet gigabit ; tout cela peut s'ajouter par cartes d'extensions, donc ce n'est pas rigoureusement indispensable, mais ce serait pratique. Idéalement j'aimerais plusieurs connecteurs internes PCIe disponibles et aussi un PCI (pour y mettre une vieille carte son que j'aime bien). Et je voudrais avoir au moins 16Go de RAM.

Bon, j'ai fini par me décider à opter pour une carte mère Asus P10S-WS (basée sur un chipset Intel C236, supportant la RAM ECC, et dont je suis presque sûr qu'elle a un watchdog), un processeur Intel Xeon E3-1230v5 (je ne comprends rien, mais alors rigoureusement rien, à la nomenclature et à la numérotation des processeurs Intel, et je ne suis d'ailleurs pas le seul, mais je sais au moins que les Xeon supportent la RAM ECC, et je crois que maintenant la réciproque est plus ou moins vraie), et 2×16Go de RAM Kingston (ECC, donc). J'ai aussi pris une nouvelle alimentation, parce que les alimentations sont une source fréquente de problèmes des PC (il n'est même pas exclu que le problème de mon PC actuel, celui que je qualifie de mourant, soit seulement un problème d'alim, mais je n'ai pas vraiment le temps de tester pour voir : il faut que j'envisage qu'il est en train de mourir).

Mais j'en viens à la suite de mes first world problems de 2016 : ce n'est pas tout de décider quel matériel on veut acheter, encore faut-il l'acheter. Autrefois (il y a 5 ou 10 ans), cela signifiait de passer rue Montgallet. Maintenant, il semble qu'il n'y ait plus rien rue Montgallet à part des vendeurs de tablettes et de mobiles : le matériel informatique qui ne soit pas complètement basique, on l'achète en ligne.

Le problème n'est pas juste que je déteste Amazon (mais je déteste Amazon).

Un problème est que les délais de livraison sont très mauvais (la carte mère et le processeur doivent m'être expédiés d'Allemagne, et apparemment l'Allemagne est un pays très lointain parce que la livraison m'est annoncée pour le 7 septembre(!)), tandis qu'à l'époque où un Parisien pouvait acheter des choses rue Montgallet, on avait ce qu'on voulait dans la journée. D'ici le 7 septembre, mon PC actuel a bien le temps de finir son agonie.

Un autre problème est que la réception d'un colis est une entreprise notoirement périlleuse : ici, j'ai opté pour me faire livrer au bureau, ce qui diminue sans doute un peu les problèmes (et en tout cas, les modifie), mais il ne faudrait pas imaginer que tout est réglé pour autant.

Et aussi, je suis quasiment certain que parmi les quatre-cinq articles que j'ai commandés (la carte mère, le processeur, les deux barrettes de RAM et l'alim), au moins l'un d'entre eux va m'être livré remplacé par autre chose — ou défectueux. Je soupçonne vaguement la RAM, dont la page de description ne mentionne quasiment pas qu'elle est ECC (il faut lire attentivement le numéro de modèle Kingston). Le système de recherche d'Amazon est d'ailleurs épouvantablement pourri : on ne peut pas chercher de la RAM ECC parce que tous les descriptifs disent soit ECC soit (le plus souvent) non ECC, et du coup la recherche de ECC renvoie les deux (ils sont au courant qu'un produit peut se décrire et se rechercher de façon plus fine qu'une chaîne de caractères, chez Amazon ?).

Tout ceci étant dit, j'ai commandé les parties d'un nouveau PC. Qui peut-être me seront livrées un jour, et je pourrai alors exprimer mon exaspération sur d'autres sujets (le fait que l'UEFI qui a remplacé le BIOS traditionnel est une sale merde, le fait que c'est affreusement difficile de reconfigurer Linux pour une nouvelle machine, le fait que je ne sais pas appliquer de la pâte thermique, que sais-je encore).

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(mardi)

Vieux dossiers : ce n'était pas une blague

Je voudrais vraiment bien parler d'autre chose que de permis de conduire, mais il semble que je vienne d'en prendre pour trois mois de plus. Résumé des épisodes précédents : pour s'inscrire au permis de conduire, si on a déjà été inscrit par le passé, il faut obligatoirement fournir à l'Administration une copie du dossier antérieur (pourquoi ? mystère, c'est sans doute une règle gratuitement vexatoire). Or j'ai bien été inscrit dans une auto-école (à Orsay) il y a 15–20 ans. L'auto-école (à Paris) où j'ai voulu m'inscrire mi-juillet me dit : ça va poser problème, il faut essayer de remettre la main sur ce dossier. J'envoie ma maman essayer de récupérer mon ancien dossier à l'auto-école d'Orsay. Celle-ci lui répond que non, si longtemps après, ce n'est pas possible, tout a disparu, mais de toute façon mon dossier n'est jamais arrivé à la préfecture donc ils n'en ont aucune connaissance et il n'y a pas de problème. Du coup, rassuré, j'ai fait mon inscription (début août), en affirmant ne pas avoir de dossier antérieur, à l'auto-école à Paris. Laquelle transmet le dossier à la préfecture. Et voilà que ce matin ils m'appellent pour me dire que le dossier leur est revenu avec la mention : fournir le vieux dossier de 1997. Comme quoi apparemment il en existe bien une trace (et ce n'est pas une erreur, parce que l'année colle, donc ça doit effectivement être moi).

La procédure dans ce cas est de faire une demande de duplicatum. L'absurdité de la chose est vraiment confondante : on doit demander à l'Administration un dossier qu'ils ont pour le leur transmettre. Et apparemment il leur fois trois mois pour retrouver le dossier. Là aussi, l'absurdité est impressionnante : ils sont capables de voir immédiatement, pour bloquer l'inscription, qu'un ancien dossier existe, mais il leur faut trois mois pour retrouver effectivement ce dossier (et vous le renvoyer pour que vous le leur re-renvoyiez). Kafka apprécierait.

Et encore, ça c'est si les choses se passent bien. Parce que j'imagine parfaitement le scénario suivant (pour l'instant fictif, mais je ne parierais pas sur le fait qu'il le reste) : je demande le duplicatum et on m'affirme que le dossier n'existe pas — rien n'oblige l'Administration a être cohérente avec elle-même — et je me retrouverais alors avec une partie de l'Administration qui affirme que le dossier existe et qui me le demande, et une autre qui affirme qu'il n'existe pas ou plus, et aucun moyen de m'inscrire. Peut-être qu'il existe encore des solutions dans ce cas (faire un recours gracieux, saisir le défenseur des droits, saisir les tribunaux administratifs), mais ils sont compliqués et lents : ce n'est plus en mois mais en années qu'on compterait alors le délai.

Après tout, il doit y avoir très peu de cas comme moi de gens qui se sont inscrits au permis il et qui se réveillent vingt ans après pour refaire une inscription : il se peut très bien que les anciens dossiers (avant informatisation) aient été entièrement perdus sauf les numéros montrant qu'ils existent, ou quelque chose comme ça. Donc si cela conduit à des situations absurdes, presque personne ne s'en sera rendu compte. Il ne faut jamais être dans des cas bizarres.

Bref, je ne sais pas si je finirai par l'avoir, ce permis. Certes, j'ai maintenant pleeeein de temps pour apprendre par cœur toutes les questions stupides et aussi pour enquêter sur leur provenance ; mais dans trois mois je serai trop occupé par mon travail pour pouvoir penser au permis de conduire, donc il faudra sans doute que ça attende l'été prochain, et encore, s'il n'y a pas un nouveau contretemps d'ici là !

Ajout : pour la suite de mes aventures de permis de conduire, c'est ici, et à partir de pour la partie pratique.

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(samedi)

Le mystère de la provenance des questions de code de la route reste intact

Promis, je ne parlerai pas de permis de conduire jusqu'à la fin des temps. Mais la densité des questions stupides, et mon énervement qui va avec (que je voudrais bien savoir contre qui diriger !) m'amène à me poser de plus en plus la méta-question suivante : par qui au juste, et comment sont choisies les questions de l'épreuve théorique générale (a.k.a. « code ») de l'examen du permis de conduire ? Et combien y en a-t-il ?

Je n'ai pas la réponse. Et c'est vraiment bizarre : une proportion très importante de la population française passe le permis, mais personne n'a l'air de se demander, ou encore moins de savoir, comment cette épreuve est organisée au juste. (Alors que si on cherche à savoir un peu précisément comment sont élaborés, disons, les sujets du bac, on trouve facilement plein d'informations. Mais pour le permis, toute recherche sur le Web fait juste tomber sur des sites et applis proposant de le réviser.) Je crois ne pas être trop incompétent pour mener des enquêtes en ligne, mais là, je n'ai trouvé aucune piste. Personne n'en parle, personne ne sait. Et du coup, c'est un mystère que j'aimerais éclaircir, ne serait-ce que par principe.

Entre autres choses que je voudrais savoir :

  • Combien existe-t-il de questions en tout et pour tout — i.e., quelle est la taille totale de la banque de questions parmi laquelle sont choisies les 40 qui tombent à une séance donnée ?
  • Est-ce que cette banque est publiquement connue ? Officiellement accessible quelque part ?
  • Existe-t-il au moins un programme officiel ? Une liste de choses qui doivent être connues ?
  • Qui, concrètement, rédige les questions ? Qui invente les chiffres complètement pipo qu'on doit connaître pour passer cette épreuve (du genre : le champ visuel du conducteur dans un véhicule circulant à 130km/h est d'environ 30° — chiffre manifestement surgi d'un grand pipotron et je me demande bien de qui) ? Qui prend les photos ?
  • Quel est le rapport exact entre les questions posées à l'examen et celles des différentes séries d'entraînement proposées par des éditeurs privés (Codes Rousseau, Prép@code, Éditions nationales du Permis de conduire, etc. — je ne comprends d'ailleurs pas bien combien il y en a, ou comment ils sont reliés les uns aux autres) ?

J'ai essayé de tracer les références sur Legifrance en partant du Code de la route, je ne suis tombé sur rien (voici un exemple de texte qui ne dit rien : il est extrêmement précis sur les modalités d'organisation de l'épreuve mais ne dit rien sur les questions ou leur nature). Un communiqué comme celui que j'ai déjà cité ne donne aucun détail, juste un petit échantillon minable de questions.

J'ai envisagé plusieurs hypothèses :

  • Hypothèse 1 : Il existe une banque officielle de ~104 questions, pondue par l'Administration, et communiquée aux éditeurs des séries d'entraînement (et peut-être à tout le monde qui le demande, mais connaissant l'Administration française, probablement sous un format merdique au possible). Les éditeurs en question rédigent juste des exégèses des réponses et mettent en place un système interactif, mais ce n'est pas eux qui inventent les questions (ou alors juste un petit nombre pour varier un peu et peut-être rendre la chose plus dur afin d'avoir une marge sur ce qui se passera à l'examen).
  • Hypothèse 2 : La banque officielle est secrète (à l'exception d'un tout petit échantillon). Les éditeurs de séries d'entraînement essaient de la parodier comme ils le peuvent à partir des fuites qu'ils ont (ce que les candidats leurs font remonter), peut-être en les rendant volontairement un poil plus dures.
  • Hypothèse 3 : En fait, ce sont les éditeurs privés qui rédigent les questions. Chacun fabrique ses séries d'entraînement, et met de côté un sous-ensemble des questions (ou un ensemble disjoint dans le même genre ?) versées à la banque officielle. (Mais ceci laisse encore plein de questions en suspens : comment le choix est fait, quel est le nombre total de questions et le nombre fourni par chaque éditeur, et sur la base de quel programme officiel les questions sont rédigées.)

J'ai accès à un site Web Prép@code via mon auto-école, mais sur place celle-ci propose des séries d'entraînement éditées par Codes Rousseau (qui a l'air d'être une très vénérable institution !). Ces séries me semblent un peu différentes, et en tout cas disjointes l'une de l'autre : ceci invaliderait l'hypothèse 1.

J'ai posé la question (enfin, un sous-ensemble des questions ci-dessus) au formateur de mon auto-école : soit il n'a pas bien compris ma question (je crois que beaucoup de gens ont du mal à concevoir qu'on puisse vouloir savoir ce genre de choses par curiosité intellectuelle), soit je n'ai pas bien compris sa réponse, mais j'ai l'impression qu'il suggérait plutôt l'hypothèse 3 (en fait, je n'avais même pas pensé initialement à l'hypothèse 3, d'ailleurs je me sens un peu con ; mais ça reste une hypothèse, parce que je ne suis pas sûr qu'il n'y ait pas eu un malentendu entre lui et moi). Et même si c'est l'hypothèse 3 qui est la bonne, comme je disais, ça laisse un tas de choses ouvertes : est-ce que les éditeurs écrivent ce qu'ils veulent dans les questions ? sur la base de quel cahier de charges ? est-ce qu'ils se relisent les uns les autres ? comment est-ce que l'Administration contrôle tout ce procédé ? Et où est-il écrit officiellement qu'il y a quarante questions, que les réponses se choisissent parmi les sous-ensembles de {A,B,C,D} et qu'il doit toujours y avoir au moins une réponse juste et une réponse fausse ?

Je pourrais essayer de trouver un interlocuteur au ministère de l'Intérieur (au moins j'ai l'adresse : délégation à la sécurité et à la circulation routières, sous-direction de l'éducation routière et du permis de conduire, bureau du permis de conduire ; j'aaaaime ce genre d'organigramme). Mais j'ai peur, outre qu'il soit peu probable d'obtenir une réponse en août, que la question soit encore impossible à poser de manière à être compris par un non-geek.

Mise à jour () : Mon poussinet me fait remarquer que la production des questions a fait l'objet d'un marché public dont l'offre est parue au BOAMP ici (avis 15-23943 du 18 février 2015, Production de 1000 questions pour l'épreuve théorique générale de l'examen du permis de conduire — je ne sais pas pourquoi c'est localisé à la Défense). Ceci conforte donc l'hypothèse 3 ci-dessus (les questions seraient produites par des éditeurs privés en réponse à cette offre). Mais pour en savoir plus, il faut mettre la main sur le cahier des charges de l'offre en question. Or le site www.marches-publics.gouv.fr ne semble donner les détails que des offres en cours (ou alors je n'ai pas compris comment le faire fonctionner).

Mise à jour : L'hypothèse 2 est la plus proche de la réalité : la banque de questions comporte 1000 questions, et est tenue secrète ; elle a été réalisée par EDISER suite à un marché public passé par l'Administration (cf. le paragraphe ci-dessus), et facturée 42k€ ; les éditeurs de séries d'entraînement se renseignent comme ils peuvent sur le contenu des vraies questions officielles (et je les soupçonne de prévoir exprès légèrement plus dur). Cf. cette entrée ultérieure pour quelques autres précisions.

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(mardi)

Quelques questions débiles ou mal foutues au code de la route

(Complément à l'entrée de vendredi. Je compléterai certainement cette liste au fur et à mesure. Il ne s'agit pas uniquement de questions où j'ai mal répondu lors de mes tests — parfois j'ai deviné correctement mais je trouve quand même la question merdique, parfois j'ai répondu au pif et j'ai eu raison — mais des questions que je trouve particulièrement idiotes, mal posées, ou vicieuses.)

Questions merdiques sur le fond

  • La photo montre un passage à niveau. Le panneau lumineux fermé est allumé. Il n'y a personne sur la route. La question demande si le panneau annonce l'arrivée d'un train (évidemment oui), et demande aussi si des véhicules peuvent être arrêtés sur la chaussée. On voit très bien sur la photo qu'il n'y en a pas, et qu'il n'y a aucun moyen qu'ils se matérialisent. Pourtant, d'après le site sur lequel je m'entraîne, il faut quand même répondre oui (=des véhicules peuvent être arrêtés sur la chaussée) : pas d'explication particulière n'est fournie à ce sujet.
  • La photo montre un panneau annonçant une aire piétonne. En-dessous, un autre panneau, rectangulaire (et peut-être pas très règlementaire) sur lequel est symbolisé le panneau circulation interdite (B0) avec l'indication textuelle interdit sauf livraisons de 7h à 19h véhicules autorisés limités à 7.5t (l'endroit exact est ici, et la photo de Google street view montre les deux panneaux dont je parle). La question demande si dans cette rue il est possible de circuler à pied, en vélo, en rollers, en voiture. Il n'y a pas de doute que les piétons et les rollers ont le droit de passer, et les voitures non (enfin, sauf livraison, mais on n'est pas censé faire ce genre d'hypothèse). Le doute porte sur les vélos : dans une zone piétonne en général, la réponse est oui, mais le panneau d'en bas portant la symbolisation du panneau B0 qui exclut aussi les vélos, j'ai conclu que non ; pourtant, le corrigé du site sur lequel je m'entraîne prétend que oui (ils ignorent purement et simplement ce deuxième panneau).
  • La photo montre une route en pente montante (dans le sens où on regarde) avec un obstacle à droite qui empêche de passer à deux simultanément. Exactement le cas où on ne sait pas quelle règle s'applique entre priorité à la voiture montante et celui qui est du côté de l'obstacle doit céder le passage. Et la question demande, justement, si on est prioritaire. Apparemment il faut deviner que la pente n'est pas assez forte (ou est-ce parce qu'on est en agglomération ? l'article R414-3 du Code de la route commence par lorsque sur les routes de montagne et sur les routes à forte déclivité le croisement se révèle difficile — je ne sais pas si une rue en agglomération constitue une route au sens du langage administratif).
  • La photo montre qu'on est sur la voie du milieu d'une autoroute 2×3 voies. Devant se trouve un autocar (toujours sur la voie centrale), dont le cligotant gauche est allumé. Sur la voie de droite, des poids lourds. La voie de gauche est libre. La question demande quelque chose comme : je peux dépasser par la voie de gauche. La prudence demande de répondre non (l'autocar a le clignotant gauche allumé, peut-être va-t-il s'insérer sur la voie de gauche). Réponse attendue : oui, selon la logique que l'autocar n'a pas le droit de circuler sur la voie de gauche, il est donc en train de finir de se mettre sur la voie centrale, pas de commencer à passer sur la voie de gauche, donc il n'y a pas d'objection à le doubler par la gauche. C'est vraiment stupide, parce que (A) ça fait l'hypothèse que tout le monde obéit au Code de la route, chose manifestement fausse non seulement dans la réalité mais aussi dans plusieurs autres questions du même examen, et (B) dans la vraie vie, contrairement à une photo fixe, on aurait bien vu ce que faisait l'autocar juste avant (est-il en train de finir de passer sur la voie centrale ou veut-il se mettre plus à gauche), et enfin (C) quand bien même il vient de la voie de droite, ça ne coûte pas cher d'attendre quelques secondes qu'il ait éteint son clignotant gauche pour être sûr.
  • Dans une première question, la photo montre quelqu'un en train de manger un sandwich et de boire de l'eau au volant ; la question demande si ce comportement entraîne : une mauvaise prise en compte d'indice (réponse A), une augmentation du temps de réaction (réponse B), une difficulté d'accès aux commandes (réponse C), une mauvaise maîtrise de la trajectoire (réponse D) — il fallait répondre A, C et D (mauvaise prise en compte d'indice parce qu'on est occupé à regarder ce qu'on mange, mauvais accès aux commandes parce qu'on a les mains occupées, et mauvaise maîtrise de la trajectoire parce qu'on tient mal le volant ; moi j'aurais répondu tout à la fois, mais il y a toujours au moins une réponse fausse, donc j'ai écarté B et c'était correct). Seulement, une question dans une série ultérieure montre quelqu'un en train d'allumer une cigarette au volant et demande, entre autres choses, si cela augmente le temps de réaction — cette fois, la réponse attendue était oui. Pourquoi diable est-ce qu'allumer une cigarette aurait plus d'effet sur le temps de réaction que manger un sandwich ?
  • Je suis fatigué, mais j'ai un rendez-vous important : je circule plus lentement (réponse A), je fais une pause (réponse B), je circule plus vite (réponse C) : la réponse attendue était évidemment (B) je fais une pause, et il est évident que la (C) est fausse. Mais fallait-il aussi choisir la (A) ? Apparemment pas — mais c'est vraiment une question de boule de cristal à ce niveau-là.

Questions merdiques sur la forme ou la logique

  • La sécurité enfant empêche les passagers arrière de sortir du véhicule (oui/non) : il faut avoir une boule de cristal bien réglée pour deviner si on doit répondre oui (elle bloque l'ouverture de la portière par l'intérieur) ou non (l'ouverture reste possible par l'extérieur). Apparemment la réponse attendue était oui.
  • La photo montre une voie de stockage permettant de faire un virage à gauche « à l'indonésienne ». On est dans une position où il est clair qu'on doit avancer un peu, céder le passage à un camion qui vient en face, puis tourner. Mais la question est formulée ainsi : je tourne à gauche immédiatement (oui réponse A, non réponse B), je m'arrête sur la seconde flèche pour céder le passage (oui réponse C, non réponse D). La seconde flèche en question, si on devine bien qu'elles sont numérotées dans le sens dans lequel on avance, est celle qui pointe dans la direction inverse (concerne les véhicules venant d'en face). Il faut donc répondre B (non je ne tourne pas immédiatement, j'avance un peu) et D (non je ne m'arrête pas pour la seconde flèche, c'est trop loin), ce qui fait qu'au final on n'a même pas explicité le fait qu'on cédait le passage !
  • Les questions du genre : je passe avant la voiture fuchsia (oui réponse A, non réponse B), après la voiture aigue-marine (oui réponse C, non réponse D) (les noms des couleurs sont de moi !), où il faut tourner trois fois son cerveau dans son crâne pour bien noter que la première partie de la question utilise la préposition avant mais que la seconde partie utilise la préposition après et est donc inversée.
  • Je passe avant le camion (oui/non), avant le véhicule blanc (oui/non) : très bien, sauf qu'il y a deux véhicules blancs sur la photo ! Certes, l'un est en train de s'éloigner et n'est probablement pas visé par la question, mais ça reste vraiment confusant.
  • La photo montre qu'on est stationné, et une voiture arrivant dans la voie où on veut s'engager empêche qu'on quitte le stationnement immédiatement. La question est formulée ainsi (de mémoire) : J'actionne le clignotant avant de quitter le stationnement (oui/non) — il faut répondre non, parce qu'on ne peut pas quitter le stationnement maintenant (et on ne doit pas mettre le clignotant pour signaler une intention, seulement une action). C'est vraiment pervers, parce que j'actionnerai le clignotant avant de quitter le stationnement, juste pas maintenant. (Je n'étais pas le seul à trouver cette question outrageusement stupide et illogique : il y a eu un concert de protestations chez les autres préparationnaires de mon auto-école.)
  • Dans la question je commets un délit si je roule avec une quantité d'alcool dans le sang au moins égale à (0.3g/L réponse A ; 0.5g/L réponse B ; 0.8g/L réponse C ; 1.2g/L réponse D), il faut répondre C et seulement C. Alors que dans la question titulaire d'un permis probatoire, je dois effectuer un stage de sensibilisation à la sécurité routière si je perds (1 points réponse A ; 2 points réponse B ; 3 points réponse C ; 6 points réponse D), là il faut répondre C et D. Franchement, quelle logique pourrie !
  • Je passe après le piéton nº2 : il faut répondre non s'il y a un piéton nº3 qui vient après. Autrement dit, il faut implicitement comprendre après comme juste après et pas plus tard que. De qui se moque-t-on ?

Questions merdiques par la connaissance demandée

  • Les signes annonciateurs de fatigue sont — suivi de quatre symptômes tous également plausibles. Non mais franchement, tous ces symptômes méritaient raisonnablement qu'on s'arrête pour faire une pause, quelle connerie que de demander lesquels sont annonciateurs de fatigue au sens où je-ne-sais-pas-qui l'a décidé !
  • Il est nécessaire de connaître les catégories de sièges pour enfants et les poids entre lesquels on peut les utiliser. Franchement, dans le genre de connaissance complètement inutile, celle-ci emporte le pompon : toute personne raisonnable confronté à la question de l'adéquation d'un siège à un enfant va simplement consulter Internet au moment utile ; faire apprendre ces chiffres à tous ceux qui passent le permis est d'une idiotie indescriptible.
  • Il est nécessaire de savoir que le contrôle technique doit être effectué au plus 6 mois avant la vente d'un véhicule : apparemment on ne peut pas se contenter de savoir que c'est un certain nombre de mois — ils sont assez pervers pour poser la question de savoir si c'est 8 mois (et il s'agit donc de répondre non dans ce cas). Quel intérêt de faire mémoriser des détails idiots pareils ?
  • Il est nécessaire de savoir qu'un gilet haute visibilité permet d'être vu la nuit à environ 160m (chiffre certainement complètement pipo et sorti du chapeau de quelqu'un).
  • Il est nécessaire de savoir que l'AFU (Aide au Freinage d'Urgence) accentue le freinage tandis que l'ABS est un système d'antiblocage — et ne pas les traiter comme synonymes même si, dans la pratique, et peut-être même par obligation, ces deux systèmes sont toujours couplés !

Divers

  • Apparemment les carrefours à sens giratoire (tels qu'annoncés par le panneau AB25) ont toujours un cedez le passage à l'entrée (matérialisé hors agglomération par un panneau AB3a), jamais un stop [instruction interministérielle sur la signalisation routière, 3e partie, notamment article 42-10]. Je ne sais pas, moi, ça ne me semblait pas spécialement idiot a priori qu'on puisse avoir un stop en entrée de carrefour à sens giratoire dans des circonstances un peu spéciales. Était-ce vraiment utile de faire apprendre un truc pareil ? Pourtant, je suis tombé sur une question qui me demande, après le panneau annonçant un sens giratoire, quel panneau je vais rencontrer ensuite, et qui proposait entre autres choses le panneau cédez le passage et le panneau stop.

Ajout : pour la suite de mes aventures de permis de conduire, c'est ici, , et à partir de pour la partie pratique.

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(lundi)

Abdications

Quelque part dans le palais, Charles montre le journal à sa mère :

— Tu as vu ça ? Akihito veut abdiquer. Il a bien raison, ça lui permettra de se concentrer à plein temps sur l'étude de ses poissons. Ça me fait repenser à cette série d'abdications il y a trois ans. D'abord, il y a eu Benoît XVI : ça a dû lui demander du courage, oh oui, énormément de courage, parce qu'on n'a pas l'habitude de penser qu'un pape puisse abdiquer ; mais il a eu bien raison, maintenant en tant qu'émérite il peut se consacrer à la théologie sans être dérangé. Puis Beatrix : quelle force de caractère, celle-là ! Tu sais, j'ai relu son discours dans lequel elle parle de mettre la responsabilité du pays entre les mains d'une nouvelle génération, c'est vraiment émouvant. Je l'ai eue au téléphone récemment, elle me disait qu'elle était très heureuse de pouvoir se reposer à Drakensteyn sans avoir à remplir toutes ces cérémonies officielles. Et son fils fait un bon travail. Après, il y a eu l'émir du Qatar, et le roi des Belges. Albert a gardé le titre de roi, d'ailleurs : c'est toujours possible de négocier ce genre de choses. Et bien sûr, Juan Carlos. Pour lui aussi, ça a dû être une décision difficile, en tant que souverain d'un pays qui avait autrefois eu un si glorieux empire et descendant d'une si illustre famille, de passer la main. On ne renonce pas facilement au titre de roi d'Espagne !, mais il a fait ce qui est le mieux pour le pays, tu ne crois pas ? Il a toujours fait ce qui était le mieux pour son pays. Et maintenant l'empereur du Japon. Les conservateurs sont furieux, apparemment, ils n'imaginent pas qu'un empereur puisse abdiquer. Mais on trouve toujours un moyen. Il ne faut pas se sentir irrémédiablement lié par la tradition ou les serments.

Il laisse passer un temps. Puis il continue :

— Sinon, comment vas-tu ? Tu m'avais l'air si retournée, l'autre jour, d'apprendre qu'ils avaient mis Boris ministre des affaires étrangères… Toutes ces histoires, quand même, qu'est-ce que c'est fatiguant. Et Nicola Sturgeon qui continue à parler d'indépendance pour rester dans l'UE… Ces politiciens sont si pénibles, ça doit être dur pour toi, à ton âge, de devoir les supporter. J'aimerais bien t'épauler en ça, maman, mais bien sûr, c'est toi qui es chef d'état, on n'y peut rien, c'est comme ça.

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(vendredi)

Gro-Tsen prépare le permis de conduire : (1) l'épreuve théorique

Pour toutes sortes de raisons, je me suis enfin inscrit pour passer le permis, à la veille de mon 40e anniversaire. (Raisons telles que : déménagement prévu dans quelques années de mon école à Saclay où les transports en commun sont merdiques ; pression insidieuse de mon poussinet et de ma maman et deals bizarres passés avec eux ; et une vague inquiétude que ça risque d'être long et compliqué et que si je ne fais pas maintenant je ne le ferai jamais.) Le fait d'avoir une auto-école à 150m de chez moi aide sans doute un peu à surmonter ma flemme, d'ailleurs. Comme je l'ai raconté récemment, j'ai eu un petit contretemps initial, qui n'en était en fait pas un (finalement je n'ai jamais eu de dossier, donc j'ai juste perdu deux semaines pour rien à confirmer ce fait), mais j'ai réussi à passer l'épreuve 0, celle de l'inscription. (On ne rigole pas, à l'agreg de maths, c'est l'épreuve où le plus de normaliens échouent.) En fait non, suite ici.

L'examen du permis de conduire proprement dit, en France, se compose de deux parties : (1) l'épreuve théorique générale (que tout le monde appelle le code, mais une partie de la théorie consiste justement à connaître le jargon de l'Administration que personne n'utilise à part elle), et (2) l'épreuve pratique de conduite. Pour préparer l'épreuve théorique, on s'entraîne comme on peut (livres, sites Internet, cours à l'auto-école, examens blancs), je vais y revenir.

Pour s'entraîner à l'épreuve pratique, il faut suivre un certain nombre d'heures de formation, au minimum 20, dont le nombre prévisionnel est déterminé par une évaluation psychomotrice préalable qui, dans mon cas, a pris la forme d'une succession de petits jeux sur ordinateur (dont certains ressemblaient un peu aux idées surgies de mon cerveau diabolique) pour mesurer des choses comme la mémoire à court terme, le temps de réaction, le champ de vision, la capacité d'évaluation des temps, distances et vitesses, la concentration, la capacité à multitâcher, etc. Dans mon cas, l'Ordinateur a décidé, dans son immense sagesse, que j'avais besoin de 25–30 heures de formation. Ou peut-être que ça c'est après que j'ai insisté sur le fait qu'à 40 ans on n'acquiert peut-être pas des habitudes aussi vite qu'à 20, je ne sais pas. On verra, de toute façon, pour l'instant, il s'agit pour moi de passer le « code ».

L'épreuve théorique générale, donc, prend la forme (je raconte ça pour mes lecteurs qui n'ont pas passé le permis en France, ou l'ont passé il y a très longtemps) d'un questionnaire à choix multiple de 40 questions où il faut répondre juste à au moins 35 d'entre elles. Chacune de ces questions se présente comme une photo ou plus rarement une courte vidéo, typiquement prise depuis l'habitacle d'une voiture, et sur laquelle on demande des choses comme la signalisation m'autorise à dépasser : oui réponse A, non réponse B ; je dépasse : oui réponse C, non réponse D et on doit choisir un sous-ensemble de {A,B,C,D} (qui, méta-information très utile, ne peut jamais être ni l'ensemble vide ni l'ensemble plein, ce qui laisse 14 possibilités au maximum) ; parfois, seul un sous-ensemble des lettres est utilisé (ces questions-là sont donc combinatoirement plus faciles). Matériellement, on entre la réponse sur un boîtier spécialisé.

Les questions peuvent porter sur le Code de la route, bien sûr (i.e., la réglementation sur la signalisation, règles de priorité, etc.), mais aussi sur la sécurité, quelques aspects de mécanique et de règlementation générale (assurances, infractions), le bon sens, et même maintenant la protection de l'environnement (comme l'« écoconduite »). Enfin, ça c'est le principe. Parce qu'en réalité, les questions portent surtout sur la logique tordue et le langage merdique utilisés par les auteurs de la question.

Je pourrais donner quantité d'exemples de la formulation absolument épouvantable utilisée dans ces questions, mais ça deviendrait vite lassant [ajout : voir cependant cette entrée ultérieure]. Il y a des choses qui se défendent : après tout, conduire une voiture est un exercice d'attention, donc le fait de poser parfois les questions de façon affirmative (la signalisation me permet de dépasser (oui/non)) et parfois de façon négative (la signalisation m'interdit de dépasser (oui/non)), cela peut se justifier. Le fait d'utiliser un vocabulaire administratif se justifie peut-être aussi (dans le français de la vie réelle, tout le monde dit doubler, mais il est sans doute normal d'obliger à connaître le terme administratif effectuer un dépassement).

Mais parfois les questions jouent au logicien (par exemple : je peux circuler à : 50km/h réponse A, 90km/h réponse B, 110km/h réponse C, 130km/h réponse D — il faut choisir la vitesse maximale et aussi les vitesses en-dessous parce qu'on a le droit de rouler plus lentement que la vitesse maximale, même si ce n'est évidemment pas comme ça que le non-logicien comprendrait la question à quelle vitesse ai-je le droit de rouler ?) ; et parfois les questions ne jouent pas au logicien (par exemple : titulaire d'un permis probatoire, je suis en infraction à partir de 0.5g d'alcool par litre de sang réponse A, 0.2g d'alcool par litre de sang réponse B — là il ne faut pas répondre à la fois A et B, même si le fait d'être en infraction à partir de 0.2g/L implique logiquement de l'être aussi à partir de 0.5g/L). De même, à une question demandant si on cède la priorité aux véhicules venant par la droite, il faut apparemment répondre non s'il ne peut pas y avoir de véhicule venant par la droite. Comment savoir quelles questions jouent au logicien et quelles questions ne le font pas ? Eh bien il faut l'apprendre à travers des tonnes d'exemples, ce qui, on l'admettra, est d'une utilité fort douteuse pour la conduite d'un véhicule à moteur.

À part les questions de logiciens, il y a aussi un usage fort douteux des modalités. Sur le principe, je suis content qu'ils distinguent je dois et je peux (il y a des questions où la réponse correcte est bien de dire non à je dois et oui à je peux, ce qui est très bien), mais c'est souvent incohérent. Les notions d'obligation légale (réglementaire) et d'impératif de sécurité sont parfois distinguées, parfois non. Quand la question est je dépasse (oui/non), il faut appremment comprendre je peux dépasser (selon le règlement et la sécurité). Une distinction byzantine est faite entre un panneau indiquant un X et un panneau indiquant un risque de X (par exemple, ce panneau, apparemment, signale un bouchon et pas un risque de bouchon : non mais franchement, à quoi rime cette différence ? ; et cet autre panneau signale une zone de danger lié au vent, et on a faux si on répond qu'il signale un vent fort — là ils ont décidé de jouer aux logiciens ou en tout cas, aux jésuites).

Parfois, aussi, ce ne sont pas les gens qui rédigent les questions qui sont des jésuites, ce sont les règles de circulation elles-mêmes qui sont franchement bizarres. Il existe, par exemple, une obligation de circuler sur la voie de droite même sur une autoroute ou route à chaussées séparées où, en tout cas, plusieurs voies sont affectées au même sens de circulation. Autrement dit, les voies situées plus à gauche doivent servir uniquement au dépassement (la question de savoir à quelle fréquence il faut se rabattre sur la voie de droite pour pouvoir prétendre qu'on fait bien des dépassements et pas une circulation sur la voie de gauche étant laissée en exercice au lecteur), ou en cas de circulation dense. Ceci vient apparemment d'une lecture complètement bouledecristalesque (vitrorbiculaire ? hyalosphérique ?) d'un alinéa de l'article R412-9 du Code de la route : Sous réserve des dispositions des quatrième et cinquième alinéas du présent article [qui concernent les cycles], le fait, pour tout conducteur, de ne pas maintenir, en marche normale, son véhicule près du bord droit de la chaussée est puni de l'amende prévue pour les contraventions de la deuxième classe [soit 35€]. Franchement, cette phrase ne veut absolument rien dire (et semble contredire l'exsitence de bandes d'arrêt d'urgence, de voies pour véhicules lents, etc.). Il est aussi clair que cette règle est encore bien moins respectée que l'obligation de s'arrêter aux feux orange à Paris, et j'aimerais savoir combien d'amendes ont été infligées à ce titre sur les denières 10 années dans toute la France, c'est dommage que le ministère de l'Intérieur ne fournisse pas ce genre de statistiques en OpenData. Toujours est-il que pour passer le code, il faut non seulement connaître cette règle, mais même penser à l'appliquer dans des cas vicieux où ils essaient de distraire votre attention en ajoutant des raisons objectivement raisonnables pour rester sur une voie de gauche. Admettons que c'est pour le moins vicieux !

Bref, la seule possibilité est de ne pas chercher à comprendre la logique ou la cohérence, de considérer l'épreuve comme un exercice complètement déconnecté de toute réalité et d'apprendre bêtement et par cœur toutes les situations possibles. C'est dommage, parce que ce n'était certainement pas le but recherché. C'est d'autant plus dommage que les questions qui pourraient être intelligentes sont généralement d'une simplicité déconcertante. (Et souvent résolubles en prenant simplement la réponse qui maximise la prudence : par exemple, une question qui demande si on regarde à gauche (oui/non) et à droite (oui/non) peut être résolue sans même regarder l'image — ce qui est passablement ironique — en répondant oui et oui, parce qu'ils ne vont quand même pas poser une question pour vérifier que vous avez compris que vous n'avez pas besoin de regarder dans un certain sens ; de toute façon, même sur un sens unique, il peut y avoir des vélos à contresens ou des gens qui reculent.)

Comme j'ai une certaine capacité à mémoriser les conneries inutiles (déjà quand j'étais tout petit, une collègue de mon père m'avait qualifié de source inépuisable de renseignements complètement inutiles), je pense que je vais finir par atteindre une probabilité de répondre juste qui dépasse les 90% par question permettant — si je calcule bien ma loi de Bernoulli — de passer le test avec probabilité de près de 80%. Je me demande quand même si je suis vraiment obligé de mémoriser, par exemple, le fait que les pneus à crampon sont autorisés uniquement entre le samedi précédant le 11 novembre et le dernier dimanche de mars (ce n'est pas une blague !). Déjà que la quantité de choses relatives à l'alcool, alors que je ne bois pas, me gonfle prodigieusement. (Ceci dit, c'est amusant, le dernier livre que j'ai lu aux toilettes avant d'y mettre mon précis de code de la route était un livre de biochimie humaine, et j'en avais justement retenu que le catabolisme de l'alcool par le foie a une cinétique d'ordre 0 — c'est-à-dire un rythme d'élimination constant, d'environ 0.15g/L/h — parce que ce qui limite est la quantité de NAD⁺ disponible pour oxyder l'éthanol.)

J'avais bien sûr déjà appris une certaine quantité de conneries inutiles lors de ma tentative avortée pour passer le code il y a 15–20 ans. Mais ils en ont ajouté plein dans l'intervalle. Il y a bien dû en avoir qui ont disparu, aussi, mais je n'ai trouvé qu'un seul exemple. Autrefois, il y avait un panneau (A21) avertissant d'un débouché possible de cyclistes et une variante de ce panneau (A21b, symétrique gauche-droit du précédent) avertissant d'un débouché possible de cyclistes venant spécifiquement de la gauche — donc, parmi les conneries inutiles à retenir, il y avait le fait que si on voyait le premier panneau il fallait répondre que les cyclistes pouvaient venir de droite ou de gauche alors que si on voyait le second les cyclistes pouvaient venir uniquement de gauche. Apparemment, ce panneau complètement saugrenu (et qui n'existait que pour les cyclistes, pas pour les piétons, cavaliers, animaux et autres trucs bizarres dont les panneaux peuvent vous avertir du risque de présence) n'existe plus, maintenant le cycliste est toujours représenté venant de la droite. (Je serais curieux de savoir l'histoire de cette micro-réforme et qui au ministère des transports a pris une décision aussi importante. Dans le même genre, si j'en crois ce site routes.wikia.com qui a l'air délicieusement geek, on a supprimé en 1992 la version temporaire — de fond orange : AK1(a–d) et AK3(a–b) — des panneaux de danger A1(ad) et A3(ab) annonçant des virages ou un rétrecissement de la chaussée spécifiquement par la gauche ou par la droite.) Bref, ça fait toujours ça de moins à retenir : quel dommage que je l'aie déjà retenu !

Sinon, j'aimerais bien savoir plus précisément comment est défini l'ensemble des questions possibles à l'examen. Est-ce qu'il y a une liste complète de toutes les questions possibles ? Publiquement connue ? Connue des auto-écoles ? Les questions utilisées pour la préparation du test font-elles partie de cette liste complète ou sont-elles simplement inspirées d'elle ? C'est un peu confus.

J'arrive peut-être au mauvais moment : il y a quelques mois, plein de nouvelles questions ont été ajoutées à l'épreuve de code. Ça a été un désastre, et le taux de réussite est passé du jour au lendemain (le 3 mai) de 70% à 17% (on doit pouvoir en déduire quelque chose sur le nombre total de question, d'ailleurs, si le fait d'en ajouter 1000 nouvelles suffit à provoquer cette baisse : quelque chose comme 12000 questions au total ?). Une semaine plus tard, les plus difficiles parmi ces nouvelles questions ont été retirées « provisoirement », et le taux de réussite est remonté. Mais la situation est, du coup, assez confuse, et je ne sais pas ce que provisoirement veut dire, ni si les questions difficiles retirées font parties des questions présentées par le site en ligne sur lequel je m'entraîne.

En effet, mon inscription à l'auto-école me donne accès à un site Web (Prép@code, je ne donne pas le lien parce que de toute façon il n'y a rien d'intéressant sans codes d'accès) pour pouvoir faire des tests depuis chez moi, ce qui est quand même nettement mieux qu'il y a 15–20 ans où je devais prendre mes petits petons pour aller à l'auto-école (et elle n'était pas à 150m). En fait, il y a deux sites différents, quasiment indépendants, sous le même nom (c'est très confus : la page d'accueil les appelle séries sur la réglementation et séries de préparation à l'EXAMEN), l'un en Flash et visiblement assez vieux, et l'autre en HTML5 et globalement mieux foutu ; le site « nouveau » (préparation à l'EXAMEN) est divisé en rubriques thématiques (dispositions légales en matière de circulation routière, le conducteur, la route, les autres usagers, réglementation générale, secours, précautions, mécanique, sécurité, et environnement) qui semblent justement avoir été introduites dans le cadre de cette réforme en mai dernier. Du coup, je ne sais pas bien.

Tiens, je découvre qu'on peut acheter en ligne des panneaux de signalisation. Ils ont même le panneau B9e (accès interdit aux charrettes à bras — je veux voir la question de code portant dessus) qui est tellement rare que ni routes.wikia.com ni code-route.org n'a réussi à en trouver un dans la vie réelle à photographier.

Ajout : pour la suite de mes aventures de permis de conduire, c'est ici, , , et à partir de pour la partie pratique.

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