David Madore's WebLog: 2003-09

Vous êtes sur le blog de David Madore, qui, comme le reste de ce site web, parle de tout et de n'importe quoi (surtout de n'importe quoi, en fait), des maths à la moto et ma vie quotidienne, en passant par les langues, la politique, la philo de comptoir, la géographie, et beaucoup de râleries sur le fait que les ordinateurs ne marchent pas, ainsi que d'occasionnels rappels du fait que je préfère les garçons, et des petites fictions volontairement fragmentaires que je publie sous le nom collectif de fragments littéraires gratuits. • Ce blog eut été bilingue à ses débuts (certaines entrées étaient en anglais, d'autres en français, et quelques unes traduites dans les deux langues) ; il est maintenant presque exclusivement en français, mais je ne m'interdis pas d'écrire en anglais à l'occasion. • Pour naviguer, sachez que les entrées sont listées par ordre chronologique inverse (i.e., la plus récente est en haut). Cette page-ci rassemble les entrées publiées en septembre 2003 : il y a aussi un tableau par mois à la fin de cette page, et un index de toutes les entrées. Certaines de mes entrées sont rangées dans une ou plusieurs « catégories » (indiqués à la fin de l'entrée elle-même), mais ce système de rangement n'est pas très cohérent. Le permalien de chaque entrée est dans la date, et il est aussi rappelé avant et après le texte de l'entrée elle-même.

You are on David Madore's blog which, like the rest of this web site, is about everything and anything (mostly anything, really), from math to motorcycling and my daily life, but also languages, politics, amateur(ish) philosophy, geography, lots of ranting about the fact that computers don't work, occasional reminders of the fact that I prefer men, and some voluntarily fragmentary fictions that I publish under the collective name of gratuitous literary fragments. • This blog used to be bilingual at its beginning (some entries were in English, others in French, and a few translated in both languages); it is now almost exclusively in French, but I'm not ruling out writing English blog entries in the future. • To navigate, note that the entries are listed in reverse chronological order (i.e., the most recent is on top). This page lists the entries published in September 2003: there is also a table of months at the end of this page, and an index of all entries. Some entries are classified into one or more “categories” (indicated at the end of the entry itself), but this organization isn't very coherent. The permalink of each entry is in its date, and it is also reproduced before and after the text of the entry itself.

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Entries published in September 2003 / Entrées publiées en septembre 2003:

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(mardi)

Blah

Complètement en vrac. J'ai commencé à écrire une petite introduction / vulgarisation bordélique à la logique mathématique pour mes DEUGs, mais je n'ai pas eu le temps de la finir dans la journée (c'est même assez brutalement interrompu), donc si je le fais ce sera pour la semaine prochaine (mais peut-être sera-ce un de mes nombreux projets commencés et jamais terminés ?). Là je dois me coucher parce que lever tôt demain. Mes TD se passent plutôt bien pour l'instant, le taux d'assiduité est bon, les étudiants sortent lentement de leur torpeur de rentrée, et l'ambiance est encore bonne (cela durera-t-il ? à voir) ; je n'ai pas trop l'impression de les emmerder, j'espère que c'est vrai. Jeudi je vois mon directeur de thèse, ça fait un moment que nous ne nous sommes pas rencontrés, il faut faire sérieusement le point sur le travail restant pour boucler cette thèse. Je suis encore horriblement à la traîne dans les réponses aux mails qu'on m'envoie, il y a quelqu'un qui m'a invité il y a trois semaines à donner un séminaire à Rennes, date à ma convenance, et je ne lui ai toujours pas répondu, et maintenant je me fais tirer les oreilles ; je suis incorrigible. Jeudi soir, assemblée générale de l'association HBO : l'actuel président s'en va, épuisé après une année de dévouement associatif — c'est fou comme la vie associative use les bénévoles qui l'animent. J'ai eu une conversation avec *** (je ne sais pas s'il veut que je le nomme, laissons-le donc anonyme) ; qui me dit d'une part que mon 'blog donne une image négative de moi. D'autre part, à propos de mon look ou absence thereof, que je ne devrais pas essayer de me faire passer pour ce que je ne suis pas : seulement, que suis-je ? et si je tache d'y ressembler, je crains d'obtenir une apparence qui me déplaise furieusement — et (peut-être pire), qui ne plaise qu'à des gens qui me déplaisent. Il faudra que j'en reparle. L'ennui, c'est que pour ressembler à ce qu'on est, il faut aussi savoir ce qu'on est, et je ne le sais pas (ou peut-être que je ne veux pas le savoir). La question se pose aussi de savoir si je fais pédé (indépendamment de la manière dont je m'habille). Quoi d'autre ? Je suis toujours incroyablement fatigué le matin, ça ne s'arrange pas. Bon, ma mère vient me dire bonsoir, alors je vais me coucher, là.

Tiens, le mois de septembre se finit : il va falloir passer à octobre (encore vide à l'instant où j'écris, évidemment) — mais, je le répète, je conseille de lire ce 'blog depuis la page des dernières entrées.

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(lundi)

Shopping? No shopping?

J'aime et je déteste faire du shopping. J'aime parce que je n'apprécie l'argent qu'en le dépensant (ce qui me procure un délicieux frisson « oh non, je n'aurais jamais dû acheter ça, c'était vraiment idiot et inutile ») ou, mieux, en ayant la possibilité de le dépenser : je suis un pur produit de la société de consommation, je trouve terriblement jouissif de rentrer dans un de ses temples païens et de savourer ma liberté, le choix qui se présente à moi. Mais je déteste aussi, parce que quand je regarde dans les détails, je ne suis pas content de l'offre : je ne sais jamais ce que je veux mais je sais clairement que ce n'est pas là. (Et c'est sans doute pour ça que je n'arrive pas à dépenser tout l'argent que je gagne, qui n'est pourtant pas mirobolant.) En fait, l'impression que je ressens est exactement celle décrite par Lewis Carroll dans Through the Looking-Glass (De l'autre côté du miroir) :

The shop seemed to be full of all manner of curious things—but the oddest part of it all was, that whenever [Alice] looked hard at any shelf, to make out exactly what it had on it, that particular shelf was always quite empty: though the others round it were crowded as full as they could hold.

Passons. En ce moment, les températures baissent à une vitesse dingue, il faut que je prévoie quelque chose à me mettre pour l'automne et l'hiver. De l'an dernier (je ne sais pas où les choses disparaissent si vite, c'est effrayant, on dirait qu'un vêtement ne peut matériellement pas tenir plus qu'un an), il me reste une doudoune (celio* sport) bien chaude et un bombers (d'aucune marque identifiable) qui arrête le vent à peu près autant qu'une passoire arrêterait les eaux de l'Amazone. Et mon sweat actuel me va bien pour le moment, mais si la température descend en-dessous de 12°C ce n'est plus suffisant. Alors, comment trouver quelque chose qui aille bien avec mon (absence soigneusement calculée de) look ? Ben je ne sais pas, je n'y arrive pas, je viens de passer l'après-midi à chercher, et je suis rentré bredouille (avec juste un parapluie acheté au BHV et un torchon de chez Gap pour tenir le temps d'ici que je trouve mieux). Normalement je trouve des choses qui me plaisent dans les collections par Quiksilver et Schott (tiens, ils n'ont pas de site Web, eux ?), mais là j'ai été déçu.

Aussi, je suis agacé tant par les grands magasins, qui présendent des vêtements chers (il n'y a pas si longtemps, la Samaritaine avait encore quelques articles à un prix abordable) et un choix minable eu égard à leur superficie, que par les petites boutiques où on a parfois l'impression en entrant, à la manière dont un vendeur vous fonce dessus, d'être un moucheron qui vient de se frotter à une toile d'araignée.

Je croise plein de gens dans la rue dont je me dis, tiens, voilà des vêtements intéressants. Erreur — ou illusion d'optique : en vérité, ce ne sont pas les vêtements qui sont beaux, c'est la personne qui est dedans.

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(Monday)

The United States join UNESCO

The United States join UNESCO, after slamming the door eighteen years ago. I'm speechless.

What next? Will Switzerland join the UN? Oh, wait…

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(dimanche)

Les Invasions barbares

Je suis bien allé le voir, mais je n'ai pas énormément à commenter. Ce n'était pas mal du tout, mais je m'attendais à mieux (malgré les critiques de certains). Il y a beaucoup de bons mots (certains sont même absolument excellents), de réflexions cyniques et percutantes, et quelques pensées vraiment profondes qui sont un peu jetées là ; mais globalement rien de transcendant, et parfois c'est même un peu lourd. L'ensemble est émouvant, sans mélo trop facile, mais sans chercher dans l'infiniment subtil pour autant. Bref : un bon film, pas un chef d'œuvre.

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(dimanche)

Homo sum, humani nil a me alienum puto

[Attention, rant ahead : cette entrée est fort longue (peut-être en ferai-je une page séparée). Mais ça fait un moment que je me propose d'écrire ce mot, qui me tient beaucoup à cœur, alors il faut bien m'y lancer un jour.]

Je pars de l'extrait suivant (daté du 26 février 2002) du Journal interrompu de Sylviane Agacinski (l'épouse de l'ancien Premier ministre Lionel Jospin, mais c'est ici « en tant que » philosophe qu'elle parle, de sorte que cette précision est peu pertinente), dont je recommande au passage la lecture :

  • Je comprends que l'on parle des complications de l'identité sexuelle, puisque le masculin et le féminin ne s'appliquent pas simplement aux hommes et aux femmes et que chacun est mixe, à sa façon. Dans cette mesure, on peut dire qu'il y a plus de deux « genres ». Mais je conteste que cette multiplicité, cette multiplication des genres, puisse jamais réduire, encore moins annuler, la division sexuelle originaire. Il y a au moins deux genres, et là est l'irréductible.
  • L'hétérogénéité sexuelle de l'espèce fonctionne comme modèle de toutes les divisions — comme de toutes les oppositions hiérarchiques.
  • Toute neutralisation de la différence (comme de dire que la binarité sexuelle est disséminée jusqu'au point où « elle cesse de faire sens ») est contraire à ce qui relève pour moi de l'ordre d'une expérience élémentaire. Ainsi la possibilité d'être enceinte et porter un enfant constitue-t-elle une épreuve absolue de l'altérité sexuelle de deux façons au moins : elle est l'épreuve du corps maternel, qui accueille en lui un autre ; et elle est l'épreuve de l'altérité sexuelle, celle du mâle sans lequel le corps féminin ne peut être fécond.

D'autres expériences, fort obscures, font que n'importe quel homme m'est toujours étranger, toujours étrange, même si je l'aime, alors que n'importe quelle femme est un peu une sœur — même si je ne l'aime pas. Et la lionne elle-même m'est plus proche que le lion. […]

  • Enfin le différend sexuel est beaucoup plus ancien et profond que la division secondaire entre homosexuels et hétérosexuels. L'affirmation de caractères ou de valeurs liés à l'homosexualité en général ne devrait pas être affaiblie par le fait que les gays sont des hommes et les lesbiennes des femmes. Ce que l'on peut dire, c'est qu'il y a plusieurs « genres » de femmes, et plusieurs « genres » d'hommes, et non un seul de chaque « côté ». Mais il n'y en a pas moins deux côtés : penser la femme comme l'autre côté de l'être humain. Non pas son mode mineur, ou faible, mais son autre face.
  • Selon Augustin, Ève a été tirée d'un côté d'Adam, et non de sa côte (latus, et non costa).
  • Les genres se démultiplient, mais ils ne se neutralisent pas (contrairement au ni… ni… de la pensée queer).

Je suis parfaitement en accord avec ces remarques (à quelques détails près), et surtout avec l'utilisation du mot profond (le différend sexuel est beaucoup plus […] profond que la division secondaire…). C'est essentiellement sur ce point que je voudrais insister.

En bref : je suis un homme (vir — individu de genre masculin) avant d'être homosexuel. Certainement les deux qualifications ont leur importance (comme beaucoup d'autres, je vais y venir), mais la première, l'affirmation de mon genre (tant biologique qu'identitaire) en a nettement plus que la seconde, affirmation de mon orientation sexuelle.

Pourquoi éprouvé-je le besoin de le souligner ici (et maintenant) ? Je vais tenter d'expliquer pourquoi je pense cette profession de foi capitale et ce qu'elle signifie concrètement (car ce n'est pas qu'une déclaration abstraite et une pétition de principe sub specie æternitatis).

Pour commencer, peut-être ma proclamation suprendra-t-elle des lecteurs de ce 'blog : on ne compte plus les entrée dans lesquelles j'ai cru utile de rappeler que j'étais pédé — à peu près chacune, en fait, celle-ci comprise — alors que je n'ai pas cru nécessaire d'insister lourdement et péniblement sur le fait que, sans contrefaçon, je suis un garçon. Mais cette insistance est trompeuse : les faits les plus fondamentaux ne sont pas ceux sur lesquels nous devons insister le plus constamment (deux plus deux font quatre, répétez après moi, deux plus deux font quatre…), et parfois le langage le fait pour nous : chacun de nos mots présuppose tout l'Univers et toute notre conception d'icelui. En l'occurrence, chaque phrase dans laquelle j'accorde avec moi un adjectif ou un participe au masculin renvoie à mon genre, ce n'est pas un choix délibéré de ma part, c'est simplement la grammaire française qui le veut (d'autres langues ne le font pas), mais ce n'est pas pour autant anodin. (Je ne compte pas faire une petite crise de Sapir-Whorf-isme, je vous rassure, ni prêter allégeance à Lacan.) Et au-delà du langage : il n'est pas forcément évident, quand on me croise dans la rue, de m'identifier comme gay, alors qu'il est passablement clair que je suis un garçon (sinon, vous avez besoin de lunettes).

Concrètement, cela veut dire que je me sens le plus proche, que j'ai le plus de facilité à m'identifier, dans ma sensibilité, dans ma manière d'appréhender le monde (je ne parle pas spécifiquement de la pensée rationnelle, que je crois asexuée), d'un homme hétérosexuel que d'une femme (quelle que soit son orientation sexuelle). Certainement, je partage avec les lesbiennes l'appartenance à une minorité identifiée par son orientation sexuelle, et donc un certain nombre de valeurs ou de revendications qui peuvent procéder de l'appartenance à cette minorité. Certainement, je partage avec les « hétéroïnes » une attirance affective ou sexuelle pour le genre masculin. Mais l'appartenance à ce genre masculin prime sur l'attirance ressentie pour lui. Et la femme, la féminité, me restent distantes et inaccessibles, même incompréhensibles (Das Unbeschreibliche, / Hier ist's getan; / Das Ewigweibliche / Zieht uns hinan). J'insiste sur le fait que je ne parle pas ici de la pensée rationnelle, qui assurément ne connaît pas les frontières du sexe (ni peut-être celles de l'espèce, cela est un autre problème) : mais réduire l'individu à l'étroitesse de la pensée rationnelle est une fort singulière limitation de sa richesse et de sa diversité.

Concrètement, cela veut dire aussi que je trouve extrêmement blessante l'habitude qu'ont certains (notamment des homosexuels eux-mêmes, justement) de parler au féminin des garçons homosexuels ou de les désigner par des mots féminins (si j'ai écrit que « pédé » ne me gêne pas, en revanche je trouve « tapette » ou même le censément affectueux « tapiole » très insultants). Évidemment, je reconnais à tout le monde le droit de se désigner comme ils le veulent : juste soyez assez aimables pour ne pas dire « elle » en parlant de moi, merci (ni « elles » d'un groupe dont je fais partie — si vous n'aimez pas le fait que la grammaire française demande le masculin à moins que tous les membres du groupe soient féminins, dites par exemple « elles et ils »). Il va de soi que je ne trouve rien d'insultant au féminin in ipso : c'est juste que je ne m'y rattache pas. Au demeurant, ce sont autant les femmes qui pourraient être insultées de la suggestion que prendre un homme et lui retirer son goût pour les femmes fait de lui un individu féminin : quel singulier outrage à la dignité féminine que de penser qu'une femme est un homme « avec quelque chose en moins » !

Si je souligne aussi lourdement, c'est que cela correspond pour moi à un lourd traumatisme (et mon but n'est donc pas ici seulement de débiter mes théories mais aussi de parler de moi, ce qui est normal, c'est mon 'blog et c'est fait pour ça). Je n'ai jamais eu le moindre problème pour m'identifier moi-même (par rapport à moi-même, j'entends : devant les autres il m'a fallu plus de temps) comme homosexuel, ni évidemment comme individu de sexe masculin ; mais l'image que la société (ou que ma vision, adolescent, de la société) me renvoyait de l'homosexualité masculine, apparemment associée à des caractéristiques féminines ou efféminées que je ne trouvais pas du tout en moi, m'a causé un profond trouble identitaire. Comment pouvais-je réconcilier ma masculinité (ou, n'ayons pas peur du mot, ma virilité) avec mon homosexualité alors que toute l'iconographie ou l'idéologie que je recevais au sujet de ces idées les présentait comme contradictoires ? Comme je ne pouvais douter de ma masculinité (je suis en train de le dire, c'est ce qui est le plus significatif), j'ai pu me demander si ce que j'identifiais comme de l'homosexualité n'était pas une erreur de jugement de ma part : il m'a fallu un certain temps avant de comprendre qu'il n'en était rien, c'était seulement une certaine représentation de l'homosexualité qui ne correspondait pas à la réalité. Maintenant je fais un rejet extrêmement fort de l'association d'idées entre l'homosexualité masculine et la féminité ; rejet qui pourtant n'a rien à voir avec une « follophobie » comme certains en éprouvent (et que je réprouve), mais seulement avec un traumatisme d'adolescence.

Passons. Cependant j'en profite pour demander s'il est réellement opportun de rassembler, comme on le fait fréquemment, les transgenres et transsexuels, avec les homosexuels. Au-delà du fait trivial que tous ces groupes prônent de façon générale une plus grande tolérance sexuelle de la société (mais ce fait-là regrouperait également les zoophiles ou adeptes du sado-masochisme, par exemple) et peut-être la demande que la loi n'ait jamais connaissance du genre d'un individu, je ne vois pas ce qui regroupe les transgenres et les homosexuels. Et à vouloir assimiler ceux-là à ceux-ci ou ceux-ci à ceux-là, on risque de perdre de vue que leurs revendications ne sont pas du tout les mêmes (bien qu'elles puissent s'allier) ; donc oublier la spécificité des transgenres et entretenir des idées fausses sur les homosexuels. Je maintiens : l'homosexualité n'a rien à voir avec une confusion des genres (pas plus que la transsexualité, d'ailleurs), c'est au contraire nier l'existence même de l'homosexualité que de la ramener à une confusion des genres (le ni… ni… dont parle Sylviane Agacinski) dans laquelle il n'y aurait plus d'homosexualité ni d'hétérosexualité mais une pansexualité tout simplement contraire à l'observation la plus immédiate. Et c'est aussi ignorer la bisexualité (un oubli trop fréquent) que prétendre qu'il y a un clivage fondamental entre l'hétérosexualité et l'homosexualité.

Je ne prétends évidemment pas qu'il existe une séparation absolue et infrangible entre les genres. D'abord, ce n'est pas parce que j'insiste sur l'existence et l'importance de l'altérité sexuelle que je nie pour autant le fait que nous ayons chacun en nous des caractéristiques identifiables comme masculines et d'autres que l'on pourrait qualifier de féminines. C'est d'une telle banalité que j'ai presque honte à le dire ; mais parfois il faut défoncer les portes ouvertes pour être sûr d'être parfaitement bien compris. Je ne prétends nullement jouer au « macho », nier ou rejeter ma féminité en affirmant distinctement que je suis un individu de sexe et de genre masculin et en proclamant ma fierté quant à ma virilité, ni même en me prétendant incapable de comprendre la femme ; je prétends en revanche que cette féminité en moi n'a pas à voir avec mon homosexualité. Et je prétends encore que si l'on passe de l'affirmation (banale et de peu d'intérêt) « il y a du masculin et du féminin en chacun d'entre nous » à « tout est en tout et réciproquement » on risque de sombrer dans une eau de vinaigre intellectuelle qui ne mène à rien. S'il faut une illustration, je propose plutôt cette très jolie phrase (que j'ai d'ailleurs déjà citée) : I'm more man than you'll ever be and more woman than you'll ever get.

Mais continuons à attaquer au bélier les rares portes ouvertes encore intactes : il est évident qu'encore plus important que notre genre est le fait que, femmes et hommes ensemble, nous soyons des humains. Car la discrimination, toute discrimination, et notamment celle fondée sur le sexe, vient non d'une exagération de la différence entre les genres, mais de l'oubli simple de cette donnée vitale : notre genre est masculin ou féminin peut-être, mais c'est aussi le genre Homo (pun unintended, mais assurément bienvenu). N'oublions pas non plus que nous sommes encore d'autres choses. Par exemple : des mammifères ; cela peut paraître très bête à dire, mais de notre identité mammalienne proviennent certaines des fonctions « nobles » de notre cerveau, les émotions les plus importantes (dont l'amour maternel) ; donc je le dis sans crainte du ridicule, soyons fiers d'être des mammifères, voyons en les chats, les chiens, les rats et les vaches nos cousins, et n'ayons pas peur de dire que nous avons survécu là où les dinosaures ont péri. Je laisse au lecteur le soin de trouver ce qui doit être tiré de notre identité de primates, de vertébrés, et tout simplement d'êtres vivants (et quelle importance doit être donnée à chacune).

Merci de votre attention. Vous pouvez maintenant faire passer les mèmes. ☺️

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(samedi) · Nouvel An Juif (5764)

Johnny Got His Gun

Mes petits neurones lents ont enfin fait l'association d'idées que je cherchais à trouver depuis un certain temps, maintenant, et m'ont rappelé le titre du film que j'essayais de connecter avec l'« affaire » Vincent Humbert, dont on parle beaucoup en ce moment (et sur laquelle je ne dirai rien, parce que je ne saurais rien dire d'intéressant qui n'ait déjà été dit quantité de fois) : c'est Johnny Got His Gun (Johnny s'en va-t-en guerre). Un film absolument insoutenable — je n'ai pas réussi à le regarder jusqu'au bout — qui raconte l'histoire d'un soldat qui, touché par un obus, a perdu ses jambes, ses bras, et sa face (yeux, oreilles, nez et bouche), mais est resté vivant, et ne comprend la vérité que progressivement, trouve un moyen de communiquer avec l'extérieur (en morse en bougeant la tête, je crois) et demande qu'on lui donne la mort. Le film est d'ailleurs basé sur un roman du même auteur.

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(samedi) · Nouvel An Juif (5764)

Avis de séance : Les Invasions barbares

J'irai voir Les Invasions barbares (voir aussi sa fiche Allociné) demain soir (dimanche 28, donc) à la séance de 20h à l'UGC Ciné-Cité Bercy. S'il y a des gens qui veulent me tenir compagnie, ce sera avec plaisir.

J'ai beaucoup entendu parler de ce film, tant en bien qu'en mal. Mes parents avaient énormément aimé Le Déclin de l'empire américain en '86 (il est dommage qu'ils n'en aient pas profité pour ressortir ce film-là), donc je trouve qu'il peut être intéressant de voir la suite et de me faire ma propre idée.

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(samedi) · Nouvel An Juif (5764)

Rainbow Attitude : cékoiça ?

Le « 1er salon européen gay et gay friendly » (dixerunt) s'installera à Paris Expo porte de Versailles les 18 et 19 octobre 2003. J'ai vu quelques affiches. À part ça, impossible de tirer quelque info que ce soit de leur site Web tout pourri tout en flash et donc impossible à naviguer sans criser (ne serait-ce qu'à cause de la lenteur de réaction). Je me suis toujours demandé ce qu'on trouvait au juste à exposer dans un salon de foobar pour toute valeur de foobar, et celui-là ne fait pas exception.

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(samedi) · Nouvel An Juif (5764)

Je déteste la flûte à bec

Je déteste la flûte à bec quand elle est dans les mains d'un enfant qui croit que c'est un jouet apparenté à un sifflet (mais c'est à peine mieux s'il s'applique et qu'il ne connaît que quatre notes). C'est un instrument qui porte incroyablement loin et fort, et qui est vendu librement dans le commerce au lieu d'être soumis aux prix prohibitifs de tous les autres instruments de musique, de sorte que les parents ou les instituteurs trouvent bon de le mettre dans les mains de ces horribles garnements.

Or voilà que ce matin (enfin, soyons honnête : ce midi) le fils de mes voisins est sorti en jouer sur la terrasse (dont j'ai déjà noté que c'était l'endroit où l'isolation phonique est déplorable entre chez eux et chez moi). J'ai eu droit à pas mal de répétitions de toutes les permutations des quatre notes qu'il connaît, et aussi beaucoup du jeu de « je bouge mes doigts n'importe comment sur la flute en soufflant et je vois ce que ça produit comme son ». Plus quelques disputes avec sa sœur qui voulait peut-être jouer elle aussi.

C'est très gentil, les enfants, d'avoir pensé me faire un petit concert, mais j'aurais préféré continuer à dormir. Bon, là, j'ai décidé de me lever, pas tant parce qu'il était midi que parce que j'aurais sans doute fait des rêves bizarres où des enfants de huit-douze ans se font massacrer de toutes les façons possibles (mais très sanglantes) par des vengeurs armés de flûtes.

Certains vont peut-être me demander pourquoi je n'utilise pas de boules quies ou autres protections auditives en mousse. J'en ai, mais je trouve ça assez gênant, et j'apprécierais peu d'être condamné à dormir chacune des nuits de ma vie avec ces accessoires à cause des petits pénibles d'à côté qui une fois par mois décident de m'emmerder.

Devrais-je écrire une lettre à mes voisins ? Passer les voir pour m'expliquer ? Ou ignorer simplement la chose ?

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(Saturday) · Jewish New Year (5764)

Happy new year!

I forgot, last Monday (Primidi 1er Vendémiaire), to wish everyone a happy new year CCXII; and I forgot, last Saturday (12.19.10.11.0 on the Long count, 4 Ahau 8 Chen, rule of the Fourth Lord of the Night), to wish everyone a happy new round of the Tzolkin; and I even forgot, Friday two weeks ago (Tut 1 and Maskaram 1), to wish you a happy new year 1720 and 1996; but today it is not too late to wish everyone a happy new year 5764. The nice thing about the totally crazy number of calendars that mankind has come up with is that there's always some kind of new year to celebrate (I'll let you figure out what they stand for; please consult your local Emacs for more details).

So, whatever your calendar, and whatever your culture, I wish you a happy new year and a happy rest of your life.

On 2003-12-20 (December 20), I will be 10000 days old. Please remind me if I forget.

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(Friday) · New Moon

On European software patents

[Traduction française ci-dessous.] It seems that we (“we” being the opponents to the patentability of programming techniques and software concepts) have scored, against all odds, an important point in Wednesday's European parliament session. Do not cry victory too soon, though! This is only a first reading, and it remains to be seen whether the parliament and the European Council can agree on a common text. But, for the first time in decades, it seems that all is not dark for those of us who oppose systematic and thoughtless reinforcement of so-called “intellectual property” rights.

[French translation of the above.] Il semble que nous (« nous » étant les opposants à la brevetabilité des techniques de programmation et concepts logiciels) ayons marqué, contre toute attente, un point important lors de la séance du parlement européen de mercredi. Ne criez pas victoire trop vite, cependant ! Ce n'est qu'une première lecture, et il reste à voir si le parlement et le Conseil européen peuvent se mettre d'accord sur un texte commun. Mais, pour la première fois depuis des décennies, on dirait que tout n'est pas noir poru ceux d'entre nous qui s'opposent à un renforcement systématique et irréfléchi des dénommés droits de « propriété intellectuelle ».

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(vendredi) · Nouvelle Lune

Sur le divorce

Une émission très intéressante à l'instant sur France 5 consacrée au divorce. Je n'imaginais pas que ce n'était qu'en 1975 que le divorce par consentement mutuel avait enfin été réintroduit en France (avant n'existait, et depuis 1884, que le divorce pour faute), dans la foulée de la loi Veil [et pas Weil, bien sûr ! merci Chrodegang] sur l'interruption volontaire de grossesse : même si le président d'alors (Valéry Giscard d'Estaing) n'a plus trop la cote actuellement (et je m'abstiendrai de dire quoi que ce soit sur son Premier ministre d'alors, qui a en tout cas fait preuve d'une belle longévité politique), il faut au moins lui savoir gré d'avoir reconnu la nécessité de faire enfin adopter des lois indispensables pour refléter l'évolution des mœurs et des mentalités.

Certaines mesures provoquent une très vive polémique au moment du débat parlementaire, et sont, quelques années plus tard, reconnues à peu près universellement comme des acquis sociaux indéniables et irrévocables ; un demi-siècle plus tôt ils pouvaient paraître absolument inimaginables. C'est sans doute ça que l'on appelle le progrès (social) : le législateur le précède-t-il ou le suit-il ? je l'ignore, mais certainement il doit l'accompagner.

J'aimerais avoir un tableau récapitulant, pour les grands pays du monde, les dates des principales mesures ponctuant cette marche vers le progrès : liberté de la presse, liberté d'association, abolition de l'esclavage, fin des discriminations raciales (du moins de jure ! pour le de facto, je crois qu'on attend encore), égalité entre hommes et femmes (notamment pour le droit de vote), séparation de l'Église et de l'État, dépénalisation de l'avortement, abolition de la peine de mort, etc. Et il serait intéressant d'attribuer un « score de progrès » aux différents pays comparés, sur la base des dates de ces mesures (avec, bien sûr, une pénalité pour celles qui restent à accomplir).

Cela soulève aussi l'évidente question : si nous pouvons voir les marches qui sont derrière nous, quelles sont les prochaines que nous devons gravir ? Et, dans un demi-siècle (si le destin nous prête vie), nous qui nous croyons maintenant Éclairés, aurons-nous encore la clairvoyance de reconnaître le progrès où il sera ? ou au contraire serons-nous dépassés par la nouveauté comme l'ont été certains grands esprits, prêts à accompagner le progrès jusqu'à un certain point seulement ?

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(jeudi)

Apologie de la beauté

Bradshaw écrit dans son 'blog :

c'est vrai que y'en a qui ne doute de rien. moi je suis plutôt très difficile sur le physique des garçons, je ne sors qu'avec des mecs que je juge mignon, bon un soir, bourré, dans le noir je peux me laisser surprendre, mais ça ne dépassera pas la soirée et on ne couchera jamais ensemble. même très moches ils ne doutent de rien, les dents jaunes (mais il pense vraiment que je vais mettre ma langue là dedans ?! serieux, il le crois ?!), la calvitie naissante, une peau blanche et grasse qui permet de compter chaque pore, le corps flasque et bedonnant, j'ai tout connu et parfois tout en même temps.

parfois je me dis que je ne devrais pas m'arrêter au physique de la personne, idéalement c'est ce que je voudrais, pouvoir dépasser ça… mais une fois au lit, c'est très concret et il faut pouvoir s'emballer un peu sur la personne (surtout moi qui a déjà du mal à m'emballer avec des bombes, alors avec des thons).

Mais je ne sortirais jamais (sur la durée) avec un mec qui est juste beau, il faut qu'il me touche (c'est malheureusement rare) par son intelligence et sa sensibilité (ça aussi j'ai bcp connu, les mecs mignons mais très cons).

— ce qui me donne envie de réagir, mais je ne suis pas sûr de savoir comment. 😕 (Mais je précise bien que ce n'est pas pour marquer un total désaccord.)

Je sais que je suis très influencé par la beauté physique. Je n'ai jamais réussi à déterminer si, au juste, j'étais « exigeant » ou pas, ni dans quelle mesure mes goûts étaient banals, mais ce qui est certain est que l'apparance physique conditionne assez largement mon comportement à l'égard d'une personne, et que j'en suis complètement conscient. On a beau dire, même l'amitié n'est pas entièrement détachée de ces considérations : il y a, tout simplement, des têtes qui ne me « reviennent pas », et j'ai énormément de mal à dépasser ce jugement (et je ne pense pas être seul dans ce cas). Quant au fait de coucher, euh, j'ai un peu oublié ce que ça signifie (ça fait trop longtemps que je n'ai pas pu réviser), mais je crois à peu près clair que mes critères sont uniquement d'ordre physique ; enfin, malheureusement pour moi, je n'ai jamais couché avec un garçon que je trouvasse joli, donc, en fait, je ne peux pas vraiment parler de critères.

Ce qui m'amuse, c'est de voir que certains (en tout cas Bradshaw, ci-dessus : parfois je me dis que je ne devrais pas) s'en excuseraient presque. Il traîne dans certains cerveaux le mème que je pourrais résumer ainsi : l'apparence physique n'est pas ce qui compte chez une personne, ce qui importe est quelque chose de bien plus profond, et il est injuste de refuser d'aimer quelqu'un parce que son apparence n'est pas la plus belle, sans voir sa beauté intérieure ; je peux illustrer cette idée par l'histoire de La Belle et la Bête, par exemple, ou de Notre-Dame de Paris, ou par une certaine phrase tirée du Petit Prince de Saint-Exupéry (concernant le cœur et les yeux) que je ne reproduirai pas ici parce qu'on l'a trop entendue. Or je souhaite souligner la profonde absurdité de ce mème. Certes, ce n'est pas la faute de Pierre s'il est laid, mais ce n'est pas non plus sa faute s'il est stupide, s'il est colérique, s'il est dépressif, comme ce n'est pas sa faute s'il est pauvre ou malade. Il n'y a pas plus de justice ou de logique à aimer les hommes intelligents et bons qu'à aimer les beaux ou les riches. Mais une certaine conception du dualisme cartésien, donnant à la res cogitans (la pensée, l'apanage de l'humain) la supériorité sur la res extensa (la matérialité, le corps), nous pousse à avilir la beauté, perçue comme quelque chose de « superficiel » (or la beauté, comme l'intelligence, ne sont que des manifestations d'un certainement ordonnancement de nos cellules à tel ou tel endroit, sur lequel nous pouvons plus ou moins agir).

La notion de justice n'a rien à faire dans le cadre des relations affectives : il n'est pas notre devoir de réparer les inégalités du monde ! cela peut parfois être à notre honneur, mais dans ce domaine-là c'est plutôt douteux. Vais-je me plaindre, moi, qu'Untel m'a été injuste parce qu'il n'a pas répondu à mon amour (et il y en a des quantités) ? Ce serait crétin. En introduisant cette idée nous introduisons aussi un sentiment de culpabilité qui ne sert personne et blesse inutilement ceux qui voient un écart entre leurs sentiments et ce qu'ils voudraient qu'ils fussent.

En bref : déculpabilisons ceux qui croient que la beauté est quelque chose de futile à aimer. Je ne dis pas qu'il faut la vénérer, ou se moquer de ceux qui prétendent aimer Cyrano pour son esprit, je dis juste que ces derniers n'ont pas à se croire plus nobles que ceux qui préfèrent Christian pour sa beauté. Ce n'est pas par de pieuses résolutions ou des considérations morales douteuses que nous renverserons nos critères d'affinité, qui sont profondément personnels et n'ont pas à être jugés ou examinés par la raison.

Évidemment, je compatis avec ceux qui, défigurés (par exemple), se sentent exclus de l'amour de tous pour une raison dont ils ne sont nullement responsables. Au moins peuvent-ils se dire que la beauté des autres, qui les rend jaloux, ne durera pas, elle est chose beaucoup plus éphémère que la bonté d'âme qui rend jaloux ceux qui se sentent exclus parce qu'ils sont méchants, lesquels sont finalement plus malheureux, sans doute. Je pourrais aussi parler de ceux qui se sentent exclus sans être défigurés ni méchants et qui se demandent encore pourquoi. Écrivez un 'blog, ça ne résoudra pas vos problèmes mais ça vous permettra de perdre autrement le temps que vous ne passez pas entre les bras d'un joli garçon / d'une jolie fille.

Bradshaw écrit encore :

quand je me retrouve avec un mec dont l'apparence empêche la naissance de toute éventualité d'une relation, il faut jouer serré : si le mec est sympa, et pas trop con, je prends un air enjoué et je parle. bcp. surtout éviter de relever la moindre de ses allusions vaguement sexuelles, changer de sujet, ne pas y faire attention, se tenir à distance toujours raisonnable pour parer à toute attaque frontale, désexualiser la conversation, éviter tous propos qui pourraient être mal interprêtés, ne pas minauder (essayer), si le mec fait un compliment dire merci et passer à autre chose, ne pas faire trop durer les choses (le temps consacré peut apparaîte comme un signe d'intérêt)…

— et là je suis mort de rire de reconnaître exactement la manière dont certains agissent avec moi.

Je rajoute enfin que j'apprécie beaucoup plus la flatterie quand on me dit que je suis beau (ce qui arrive fort rarement, d'ailleurs ☹️) que quand on me dit que je suis intelligent (ce qui a le don de m'agacer prodigieusement, même) ; et si on veut me flatter en ne me disant ni l'un ni l'autre, le mieux est de dire que je suis gentil (ou drôle, ou que sais-je encore). Certes, la flatterie ne vous mènera à rien avec moi (et je ne vous croirai pas une seule seconde, quoi que vous disiez), mais, surtout, que ça ne vous empêche pas d'essayer ! 😉

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(mercredi)

BiblioBlog (mes livres préférés)

Je donne immédiatement mon choix de trois livres, établi au prix d'immenses déchirements : L'Aleph de Jorge Luis Borges, La Guerre de Troie n'aura pas lieu de Jean Giraudoux et Les Trophées de José Maria de Heredia. Un choix terriblement difficile à faire, comme je viens de le dire, mais que je tente de justifier un minimum :

  • L'Aleph (El Aleph) de Jorge Luis Borges, à cause de plusieurs des nouvelles qu'il contient (essentiellement L'Immortel, Le Mort, L'Écriture du Dieu et la nouvelle éponyme pour le recueil, L'Aleph). Évidemment, il est difficile de juger un recueil : il y a certaines nouvelles de Fictions (Ficciones) que je peux préférer, mais je crois qu'elles sont moins nombreuses. J'ai du mal à décrire ce qu'éveillent en moi les nouvelles de Borges, c'est surtout une satisfaction intellectuelle devant leur construction parfaite, je pense, même si l'émotion n'est souvent pas absente ; en tout cas je suis fréquemment émerveillé de voir avec quelle précision l'auteur semble précéder mes propres cheminements mentaux, à tel point que je pense parfois qu'il m'est inutile d'écrire quoi que ce soit car Borges a tout écrit à ma place et infiniment mieux que moi.
  • La Guerre de Troie n'aura pas lieu de Giraudoux est à mon avis tout simplement la pièce la plus parfaite jamais écrite. Je sais que son propre auteur n'aurait pas été de cet avis (il n'aimait pas tant cette œuvre). Mais je n'ai jamais ailleurs rencontré un mélange aussi parfait de l'humour et de la gravité : ce n'est pas une simple juxtaposition — l'humour est dans la gravité et inversement. Chaque scène, chaque conversation est à la fois si drôle et si profonde que j'ai envie de toutes les qualifier de kōan Zen.
  • Les Trophées de José-Maria de Heredia sont dans mon esprit l'expression la plus parfaite de la beauté de la langue française. Je sais que j'ai des goûts très académiques (pour ne pas dire positivement poussérieux), mais je me refuse à en rougir. L'alexandrin de Heredia m'enchante par sa majesté solennelle. J'ai d'ailleurs fait un effort important de saisie d'une bonne partie du texte des Trophées.

Voici maintenant, pour prolonger cette liste même si le seul choix de trois sera « pris en compte », ceux que j'ai écartés avec le plus de regret (listés à peu près en vrac) :

  • Jonathan Livingstone le goéland (Jonathan Livingston Seagull) et/ou Illusions : Le Messie récalcitrant (Illusions: the Adventures of a Reluctant Messiah) de Richard Bach. Ces livres ont eu la plus profonde influence sur moi et sur ma philosophie personnelle (même si je n'aime pas trop ce terme). Disons qu'ils m'ont aidé à construire mon regard sur le monde. Je ne les ai pas mis dans mon choix de trois parce qu'il aurait fallu choisir entre eux, d'une part, et d'autre part à cause de quelques légers reproches que je peux néanmoins leur faire (comme celui de laisser transparaître un certain théisme en filigrane qui est pourtant entièrement superflu à la philosophie exposée).
  • Le Hasard et la Nécessité (Essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne) de Jacques Monod, un essai qui a également eu la plus profonde influence sur ma philosophie personnelle (on peut dire que c'est la lecture de ce livre qui a été un des éléments pour moi les plus déterminants dans l'affirmation de mon athéisme).
  • Les Villes invisibles (Le Città invisibili) et/ou Si par une nuit d'hiver un voyageur (Se una notte d'inverno un viaggiatore) d'Italo Calvino. Deux livres sans grand rapport à part leur auteur, que je regroupe parce que j'aurais aussi eu du mal à choisir entre eux. J'ai déjà parlé ici du second, qui est en quelque sorte un roman de tous les romans ; quant au premier, il est d'une poésie (mais une poésie plus dans les idées que dans la langue) et d'une beauté très rares.
  • Bug-Jargal de Victor Hugo — son premier roman, peu connu, écrit quand l'auteur n'avait que seize ans. Certains diront que c'est une histoire maladroite qui prouve que l'auteur n'était pas encore bien mûr, mais je trouve au contraire qu'elle est d'une force inouïe, et qu'elle dégage une émotion aussi forte, sinon plus, que ce qu'il a composé par la suite (même si la réflexion politique, elle, par exemple, n'a rien de comparable avec ce qu'on peut trouver, disons, dans Les Misérables, mais ce n'est pas ici le propos), sauf peut-être Hernani. En tout cas j'en ai été bouleversé quand j'ai lu ce roman.
  • Seconde Fondation (Second Foundation) d'Isaac Asimov — mais je pourrais en citer quantité d'autres du même auteur. Je me sens très proche d'Asimov du point de vue éthique, si j'ose dire, et j'aime énormément la bienveillance qui ressort clairement de la lecture de ses histoires. Mais Seconde Foundation est aussi sans doute le livre ayant l'histoire la plus intelligemment construite que j'aie jamais lu, l'œuvre d'un véritable génie combinatoire.
  • Gödel, Escher, Bach, ou peut-être Les Vues de l'esprit (The Mind's I), de Douglas R. Hofstadter (et Daniel C. Dennett pour le second ouvrage cité), des livres qui ont profondément marqué toute ma façon de penser.
  • Le Guide du routard galactique (The Hitch-Hiker's Guide to the Galaxy) de Douglas Adams (et les deux premiers des quatre ou cinq volumes qui suivent). Tout simplement le livre le plus drôle de l'Univers.
  • J'ai encore omis Bérénice de Jean Racine, une pièce qui me frappe par sa pureté et sa simplicité tant dans son intrigue que dans l'incroyable langue de Racine donc chaque vers est un bijou de force et de concision. Mais je ne mets pas la pièce dans ma liste de trois tout simplement car c'est un trop grand classique : si j'ouvre la porte dans cette voie-là, je devrais sans doute rajouter le Songe d'une nuit d'été (Midsummer Night's Dream) de Shakespeare, le Faust de Goethe, et en fait une telle quantité d'œuvres que je ne laisse plus aucune chance à quiconque (qui osera se comparer à Homère, Virgile, Dante, Shakespeare, Racine et Goethe réunis ? choisir trois livres n'aurait plus aucun sens).
  • Nathan le sage (Nathan der Weise) de Gottlob Lessing, une pièce d'une grande beauté, à la fois drôle et optimiste.
  • Les contes d'Oscar Wilde (je ne sais pas bien comment ils sont regroupés — mais je pense notamment à The Happy Prince), tellement beaux et touchants.
  • Bilbo le Hobbit (The Hobbit) de J. R. R. Tolkien. Que, finalement, je préfère au Seigneur des Anneaux à cause de son charme et de sa légèreté enfantins.

— mais je m'arrête là : je n'ai pas l'intention de faire une liste complète des livres qui m'ont plu, ce serait un peu longuet. Et sinon, où que je mette la limite, il y aura des déchirements : voilà juste ce à quoi je pensais sur le moment parmi mes livres préférés, et je suis sûr que j'en ai oublié de très importants.

Merci à McM pour avoir signalé cette opération BiblioBlog.

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(mercredi)

Projet Professionnel

Comme je l'ai dit, le projet professionnel est un module d'enseignement que j'ai pris cette année et que je ne connaissais pas encore. Les étudiants doivent effectuer un travail de recherche documentaire sur un métier qu'ils envisagent, pour arriver à la fin du semestre à une soutenance orale (par équipe formée de choix de métiers proches) et un rapport écrit (individuel) : notre tâche (à deux enseignants pour un groupe) est juste d'encadrer et d'animer les TD (et de juger rapport et présentation finaux).

La première séance était aujourd'hui. C'était un peu déroutant, je n'étais pas trop sûr de savoir comment orienter ou assister les étudiants dans leurs réflexions — j'ai eu l'impression d'être passablement inutile ; heureusement, ma binôme d'enseignement est une habituée de ce module. Déroutante aussi la variété de choix et de précision des idées des étudiants : l'un veut devenir prêtre ou moine (et doit constituer une équipe seul, parce qu'aucun thème proche n'est apparu), un autre chercheur spécialisé dans la démystification du paranormal, d'autres encore ont du mal à voir plus clairement que le fait de chercher dans l'“informatique”, certains enfin forment une équipe sur “vétérinaire en zoo”… Ambiance générale assez surréaliste !

Peut-être aussi un peu déstabilisant le fait de retrouver dans le groupe un des nouveaux avec qui j'avais bavardé lors du buffet d'accueil de rentrée de l'association des étudiants homos de la fac jeudi dernier ; enfin, il n'a pas laissé transparaître la moindre réaction (bon, je n'en dirai pas plus, je ne vais pas l'outer non plus).

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(mercredi)

Le beau gosse du jour

Jérémie Rénier. OK, OK, toujours désespérément banal. Tiens, il a quatre ans de moins que moi. Ouin, je suis vieux.

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(mercredi)

Il y a de l'abus, quand même

Sur la liste des étudiants de mon groupe de TD, il y a une seule fille : et elle ne vient pas. OK, le DEUG MIAS est très majoritairement masculin, mais les années précédentes j'avais quand même autour de 5% ou 10% de filles.

Il faudra que je voie combien il y en a sur l'ensemble de la section.

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(Tuesday) · Autumnal Equinox (2003-09-23T10:46:44.54Z)

The Evil Empire's influence must be spreading

Major announcement: portable OpenSSH versions 3.7p1 and 3.7.1p1 contain a vulnerability (potential remote root exploit) due to an error in PAM library management code; version 3.7.1p2 fixes this problem. So I go through all the Unix machines I administrate and, for each one, upgrade the OpenSSH to one that does not have the problem.

Déjà vu?

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(mardi) · Équinoxe d'Automne (2003-09-23T10:46:44.54Z)

Mon premier TD de l'année

Je crois qu'il ne s'est pas trop mal passé. C'est un peu difficile à juger, parce que les étudiants ne réagissent que très peu en apparence (mais ils n'en pensent pas moins) : s'il est vrai que tout se joue lors de la première séance, ce n'est qu'après quelques semaines qu'on apprend comment les choses se sont vraiment jouées. Les principaux risques : passer pour un chieur, passer pour un incapable, passer pour un guignol. J'ai l'impression de les avoir évités, mais ce n'est pas certain non plus (surtout pour le dernier). Je remets ça demain, de toute façon (horriblement tôt ! je couche chez mes parents à Orsay cette nuit), nous verrons ce que donne le deuxième contact.

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(Tuesday) · Autumnal Equinox (2003-09-23T10:46:44.54Z)

The Unicode standard, version 4.0

I have just received from Amazon.com my copy of the Unicode standard, version 4.0. For those who do not know what this is, the Unicode standard is, in a nutshell, a computer standard that seeks to provide a uniform encoding (computer representation) for all human scripts, past and present—an infinite job, of course, that will never be complete, but which is nevertheless proceeding at its own pace. Unicode is what permits any well-conceived computer file format, for example any HTML page, to contain characters, even mixed, from an incredible variety of alphabets and scripts; you can test your system's Unicode conformance (browser and scripts) by viewing this Unicode test page, which gives a small sample of Unicode from a few different scripts, together with images of what they should look like. Before Unicode, it was certainly possible to write an HTML page, say, in Japanese, or in Hindi, but it was impossible to write one that contained both Japanese and Hindi (in the same file).

But this Standard, and, beyond the standard itself, the 1500-pages printed form of the standard—the book I just bought—is truly amazing. This is a book about Writing (with a capital ‘W’), a beautiful one, and, turning its pages, one discovers many an elegant and artistic script, whose very existence had sometimes gone unsuspected (I had certainly never heard of Shavian until I learned about it from Unicode; actually, I hadn't even heard of Yi either, which is less forgivable). Have you ever beheld the strange serpent-like signs of Syriac? The graceful curves of Gujarati? The strange loops of Georgian? The treelike glyphs of Ethiopic? The deceptively simple Cherokee? The mysterious pictures of Linear B ? If not, you should have a look at the Standard (all of whose pages can be found in PDF format on the Unicode Web site).

The Unicode standard is one of Man's dreams: one standard to rule all scripts. It is also an endless pursuit: version 3.0 of the Standard (which I had also bought in printed form) already contained 27496 Chinese ideograms (simplified and unsimplified alike), and version 3.1 added another 42711 to these, making a total of 70207—probably the single largest collection of Chinese ideograms ever compiled, more than any dictionary ever published, or any collection of printer's glyphs; and rest assured that more ideograms will yet be found and added to the Standard.

But there are also important omissions in Unicode. The largest and most remarkable one is probably that of Egyptian hieroglyphic: it will certainly take years of work before a decent repertoire of glyphs for Egyptian can be added to the standard, even as a start. (I look forward to the day when I can quote the Book of the Dead in the original in my Web pages—and have it display correctly everywhere!) Unicode guru Michael Everson has written a very interesting note, Leaks in the Unicode Pipeline: Script, Script, Script…, on some of the scripts that remain to be encoded and how difficult it will be to include them someday. Well, good luck with this heroic task!

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(lundi) · Nouvel an républicain (1er Vendémiaire an CCXII)

Demain, nous serons en automne

L'équinoxe d'automne, c'est demain, mais l'heure à laquelle il se produit n'est pas entièrement claire : voici une copie d'un email que j'ai envoyé à Pierre Bretagnon de l'Institut de mécanique céleste et de calcul des ephémérides, et qui peut intéresser les astronomes de service—

Date: Sat, 20 Sep 2003 16:48:02 +0200
From: David Madore <david[point]madore[arobase]ens[point]fr>
To: Pierre Bretagnon <pierre[arobase]imcce[point]fr>
Subject: instant de l'équinoxe
Message-ID: <20030920164802.A14194@clipper.ens.fr>
User-Agent: Mutt/1.2.5.1i
Content-Length: 1913
Lines: 41

Bonjour,

Je me permets de vous contacter parce que j'ai vu votre nom associé à
plusieurs théories planétaires et de rotation de la Terre, donc vous
êtes sans doute la personne la plus compétente pour répondre à ma
question. Je précise que je suis pour ma part thésard en maths pures
(en géométrie algébrique) et intéressé par la mécanique céleste à
titre de hobby.

En une phrase, ma question est : quelle est la définition précise de
l'équinoxe (d'automne, en l'occurrence, parce que c'est celui qui
arrive dans trois jours) ?

Naïvement, j'aurais dit, c'est l'instant où le soleil vrai arrive à
l'ascension droite de 12 heures et déclinaison de 0 degrés mesurés par
rapport à l'équinoxe vrai de la date, ces deux événements étant
simultanés par définition du système de coordonnées. Mais j'ai
consulté le serveur d'éphémérides sur le site du Bureau des
Longitudes
, et j'y apprends avec une petite dichotomie que le soleil
aura l'ascension droite de 12 heures mesurée par rapport à l'équinoxe
vrai de la date à 2003-09-23T10:46:45.10Z UTC tandis qu'il aura la
déclinaison nulle à 2003-09-23T10:47:11.12Z UTC. Cela fait une
différence de 26 secondes, ce qui n'est pas du tout négligeable. J'ai
pu croire à une imprécision des théories planétaires, mais la
différence entre VSOP et DE406 n'est que de 600 ou 700 millisecondes,
donc j'imagine que je peux attendre une précision en-dessous de la
seconde de temps pour le calcul de l'événement en question.

Donc : pourriez-vous m'expliquer à quoi est dû cet écart ? Et,
globalement, si vous deviez dater l'équinoxe à la seconde près, que
répondriez-vous ?

J'espère ne pas abuser de votre temps en vous demandant cela, et je
vous remercie d'avance de votre attention.

Bien cordialement,

--
David A. Madore
Mél: david[point]madore[arobase]ens[point]fr ; WWW: http://www.eleves.ens.fr:8080/home/madore/
Tél: 0145883961 (Paris) / 0169281582 (parents) / 0699730449 (portable)

Note : On m'a fait savoir que Pierre Bretagnon était décédé depuis environ un an quand je lui ai envoyé ce mail, ce qui explique qu'il n'y ait jamais répondu. Toujours est-il que je n'ai pas trouvé la réponse à ma question.

Ajout : Je recopie ici ce que j'ai écrit en commentaires sur ce que je crois avoir compris sur la définition de l'écliptique et de l'équinoxe vrais et moyens :

Pour commencer, l'écliptique n'est pas « le plan de l'orbite terrestre » puisque l'orbite terrestre n'est pas plane, et de toute façon ce serait plutôt l'orbite du barycentre Terre-Lune (EMB) qu'il faudrait prendre ; mais ce n'est même pas « le plan osculateur de l'orbite de l'EMB » (plan qui contiendrait l'EMB, sa vitesse instantanée, et son accélération instantanée, et dont il n'y a aucune raison qu'il contienne le Soleil, c'est clair).

En fait, l'écliptique, c'est (au moins en négligeant les effets relativistes qui viennent encore compliquer les choses) le plan (ou plutôt la direction de plan) perpendiculaire au moment cinétique de l'EMB dans son mouvement héliocentrique (le moment cinétique du mouvement héliocentrique de l'EMB, c'est le moment cinétique héliocentrique du système Terre+Lune moins le moment cinétique interne du couple Terre+Lune par rapport à son barycentre). C'est-à-dire que c'est le plan contenant le Soleil, l'EMB, et la vitesse instantanée de l'EMB. Ce plan (qui n'est pas osculateur) contient donc toujours le (centre du) Soleil, du moins si on le rapporte à l'EMB, mais plus si on le rapporte à la Terre, évidemment.

Sauf que ça c'est l'écliptique vrai, et personne n'utilise l'écliptique vrai. À la place, on utilise l'écliptique moyen, qui est défini comme perpendiculaire au moment cinétique moyen de l'EMB, « moyen » signifiant qu'on a retranché, dans une théorie analytique à variation séculaire, les termes dépendant des longitudes moyennes des planètes et des arguments de la Lune (dans un référentiel inertiel, si on cherche à définir l'écliptique moyen inertiel, parce qu'il y a aussi un écliptique moyen rotationnel, mais passons).

Le piège dans lequel je suis tombé, c'est que quand on parle d'« équinoxe vrai », il s'agit de l'intersection de l'équateur vrai (chose qu'il faudrait définir, et ce n'est pas évident non plus, ce n'est ni le plan perpendiculaire à l'axe instantané de rotation ni le plan perpendiculaire à l'axe du moment cinétique ni le plan perpendiculaire à l'axe principal d'inertie, mais ce n'est pas le point ici) et de l'écliptique moyen. Or j'ai cru qu'une grandeur « vraie » serait définie par rapport à deux grandeurs « vraies » : ce qui était naïf de ma part (justement, personne n'utilise l'écliptique vrai comme plan de référence).

Mais bon, en fin de compte, il est assez clair que la bonne chose à prendre en compte est l'ascension droite du Soleil (et c'est ce que j'ai fait), mesurée dans le plan de l'équateur vrai et par rapport à l'équinoxe vrai.

De plus, je crois que les constellations astrologiques se définissent selon la longitude écliptique géocentrique vraie des astres (regroupée de 30° en 30°) mesurée sur l'écliptique inertiel moyen de la date avec pour référence le nœud de l'équateur moyen de la date sur ce dernier (le nœud en question définissant la tête du Bélier).

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(lundi) · Nouvel an républicain (1er Vendémiaire an CCXII)

Demain, mon devoir m'appelle

Demain je commence mes TD en DEUG MIAS à Orsay pour cette année. J'enseignerai, ce semestre, de 10h45 à 12h45 le mardi, et de 8h30 à 11h30 le mercredi. S'il y a des gens qui veulent se glisser dans l'assistance (les cours des Universités françaises sont publics, que je sache), c'est en salle 100 du bâtiment 336 le mardi, et en salle 2 du bâtiment 236 le mercredi. J'aurai aussi certaines semaines (dont celle-ci) une charge supplémentaire le mercredi après-midi : le projet professionnel, qui consiste plus en un travail d'encadrement (en binôme) que d'enseignement.

Bien que ce soit la quatrième année que je reprenne le même programme (à l'exception du projet professionnel, comme je viens de le dire), je me sens toujours assez nerveux pour le premier TD, car c'est au cours de cette première prise de contact que se détermine essentiellement l'ambiance de toute l'année. En 2000–2001, l'ambiance avait été très bonne et très agréable, le courant passant bien entre moi et les étudiants, et en 2002–2003 également (peut-être un peu plus studieuse et un peu moins conviviale) ; en revanche, en 2001–2002, sans que je sache au juste pourquoi, le climat avait été beaucoup moins plaisant, un certain nombre d'étudiants s'étant mis en tête de me faire ch***, et même s'ils n'avaient pas vraiment réussi (je les ignorais largement), ils avaient pas mal gâché le semestre de tout le monde. Cette année-ci, le groupe sera nettement plus réduit, et la part de redoublants très importante. Nous verrons bien ce que cela donnera.

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(Sunday)

Why do I write this 'blog?

[Traduction française ci-dessous.]

Time for a little introspection: what is my purpose in 'blogging? Certainly I enjoy talking about myself, but it runs deeper than just this. Here's one possible reason.

Have you ever played a video game where you could save the game at any point—and be sure you could come back to it later? Felt that very special relief, not so much that you had defeated the ugly monster, but that you had saved the game afterward? Or simply (outside the narrow world of video games) felt relieved, after making important work on a computer, that you had not only saved it, but saved it in a secure place, made a backup, or whatever?

Unfortunately, there is no such thing in real life. Sure, one can get an insurance for something one cares for (even for one's own life!), but there is nothing like the particular bliss of cyberlife where one can make a perfect copy of anything to serve as backup, and store it in security.

Somehow—please don't laugh—'blogging seems to be a substitute of a kind. I may not be able to back up my life in security, but at least I can save some of my memes (see outset below), by propagating them in other people's brains. You, for example. And indeed I feel, after having written some of this 'blog's entries, much as if I had “saved” something of myself.

This is the sort of Sehnsucht nach Ewigkeit (“longing for eternity”) that drives mankind's greatest artists or thinkers, aspiring for immortality, to leave their name on their works for future times to remember. But it is not the sole privilege of the greatest and highest to propagate their memes: though my name be engraved in no such marble, I can still hope for some of the ideas that have flowed through me (I say not come from me, merely flowed through) to become somehow, someday, a significant part of the noosphere.

Ridiculous? Perhaps—but quite common. Such is exactly the frame of mind of people who wish for their children or descendants a life that they could not have for themselves, or those who think it important for someone to “continue their name”. There are good chances that I won't have any biological children (and I certainly won't have nephews or nieces, so the closest thing I have to descendants are a couple of cousins' children who share some of my genes). But my brainchildren might beget brainchildren of their own, and so on—crescite et multiplicamini: these are my real descendants.

In short, what I am doing now is this: fertilizing your brain. Thank you for your kind assistance.

☺️

[French translation of the above.]

C'est le moment d'une petite introspection : quel est mon but en écrivant ce 'blog ? Certainement j'apprécie de parler de moi, mais cela court plus profondément. Voici une raison possible.

Avez-vous déjà joué un jeu vidéo où vous pouviez sauvegarder la partie à n'importe quel point — et être sûr de pouvoir y revenir plus tard ? Et éprouvé ce soulagement très particulier, non tant d'avoir triomphé du vilain monstre, mais d'avoir sauvé la partie ensuite ? Ou simplement (hors du monde étroit des jeux vidéo) vous êtes senti soulagé, après avoir fait un travail important sur ordinateur, de l'avoir non seulement sauvé, mais sauvé en un endroit sûr, fait une copie de sauvegarde, que sais-je ?

Malheureusement, il n'y a rien de tel dans la vie réelle. Assurément, on peut souscrire à une assurance pour quelque chose à quoi on tient (même pour sa propre vie !), mais ce n'est rien comme la sérénité particulière de la cybervie où l'on peut faire une copie parfaite de n'importe quoi pour servir de sauvegarde, et la stocker en sécurité.

D'une façon ou d'une autre — ne riez pas — 'blogger m'en semble une sorte d'ersatz. Je ne peux certes pas faire une copie de sauvegarde de ma vie en sécurité, mais au moins je peux sauver certains de mes mèmes (voir l'encadré ci-dessous), en les propageant dans le cerveau d'autres personnes. Vous, par exemple. Et je me sens en effet, après avoir écrit certaines des entrées de ce 'blog, comme si j'avais « sauvé » une partie de moi-même.

C'est la sorte de Sehnsucht nach Ewigkeit (« poursuite de l'éternité ») qui guide les plus grands artistes et penseurs de l'humanité, aspirant à l'immortalité, à laisser leur nom sur leurs œuvres pour que les temps à venir se les rappellent. Mais ce n'est pas le privilège exclusif des plus grands et plus hauts de propager leurs mèmes : quoique mon nom ne soit engravé en aucune sorte de marbre, je peux cependant espérer que quelques-unes des idées qui ont coulé par moi (je ne dis pas venues de moi mais seulement coulé par moi) deviennent un jour, d'une façon ou d'une autre, une partie significative de la noosphère.

Ridicule ? Peut-être — mais fort commun. Tel est exactement le cadre d'esprit des gens qui veulent pour leurs enfants ou descendants une vie qu'ils n'ont pas pu avoir pour eux-mêmes, ou ceux qui croient important que quelqu'un « continue leur nom ». Il y a de bonnes chances pour que je n'aie pas d'enfants biologiques (et certainement je n'aurai pas de neveux ou nièces, de sorte que le plus près que j'aie en matière de descendants sont quelques petits-cousins qui partagent certains de mes gènes). Mais mes enfants de l'esprit pourraient engendrer d'autres enfants de l'esprit, et ainsi de suite — crescite et multiplicamini : ceux-là sont mes vrais descendants.

En bref, ce que je fais maintenant est ceci : fertiliser votre cerveau. Merci de votre aimable coopération.

☺️

What is a meme?

[Traduction française ci-dessous.]

The word “meme”, which parallels “gene”, was invented by the English biologist Richard Dawkins in his celebrated book The Selfish Gene (1976). In a nutshell, memes are to ideas what genes are to living creatures: the elementary building blocks from which ideas are made. And much the same way as the biosphere is a struggle in which the fight for survival of the fittest individuals, competing for food, selects the genes most capable of ensuring their own reproduction, while random mutations continuously produce new genes from old ones, much in the same way, the noosphere (the world of thoughts) is a struggle in which the fight for survival of the fittest ideas, competing for brain space, selects the memes most capable of ensuring their own reproduction, while random variations continuously produce new memes from old ones.

This concept can also be traced, for example, in the work of the French philosopher Alain, who had already noted that human tools follow an evolutionary process very similar to that which Darwin pictures as the origin of species: craftsmen tend to reproduce prior tools as faithfully as possible, but slight changes always happen, willy-nilly, and the best tools are more successful and tend to be copied more often. So even if no individual craftsman is creative in his work or shows any ingenuity in improving existing tools, civilizations tend to develop better objects over the course of generations.

[French translation of the above.]

Le mot « mème », qui fait parallèle à « gène », a été inventé par le biologiste anglais Richard Dawkins dans son célèbre livre The Selfish Gene (1976). En bref, les mèmes sont aux idées ce que les gènes sont aux créatures vivantes : les blocs élémentaires de construction à partir desquels les idées sont faites. Et de la même manière que la biosphère est une lutte dans laquelle le combat pour la survie des individus les plus aptes, en concurrence pour la nourriture, sélectionne les gènes les plus capables d'assurer leur propre reproduction, tandis que des mutations aléatoires produisent continuellement de nouveaux gènes à partir des anciens, bien de la même manière, la noosphère (le monde des pensées) est une lutte dans laquelle le combat pour la survie des idées les plus aptes, en concurrence pour le terrain de pensée, sélectionne les mèmes les plus capables d'assurer leur propre reproduction, tandis que des variations aléatoires produisent continuellement de nouveaux mèmes à partir des anciens.

Ce concept peut aussi être tracé, par exemple, dans l'œuvre du philosophe français Alain, qui avait déjà noté que les outils humains suivent un processus d'évolution très semblable à celui que Darwin dépeint comme l'origine des espèces : les ouvriers tendent à reproduire les outils antérieurs aussi fidèlement que possible, mais de petits changements se produisent toujours, çà et là, et les meilleurs outils ont plus de succès et tendent à être copiés plus souvent. Donc même si aucun ouvrier individuel n'est créatif dans son travail et ne montre aucune originalité pour améliorer les outils existants, les civilisations tendent à développer de meilleurs objets au fil des générations.

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(Saturday)

Name this game!

[Traduction française ci-dessous.] I've already mentioned my pseudo-tarot game several times on this 'blog. I've played it again with some friends, this evening and thursday evening, and some further changes and clarifications have been made to the rules. By now it is really necessary to give the game a permanent name. So I'm making a public offer: send me suggestions on how to call it, and if I find a proposal that I like well enough to use it as the game's name (I'll be the only judge as to that), I'll offer its sender a deck of tarot cards from Amazon.com.

[French translation of the above.] J'ai déjà mentionné mon jeu de pseudo-tarot plusieurs fois sur ce 'blog. J'y ai de nouveau joué avec des amis, ce soir et jeudi soir, et quelques nouveaux changements et éclaircissements ont été apportés aux règles. Maintenant il est vraiment nécessaire de donner au jeu un nom permanent. Donc je fais une offre publique : envoyez-moi des suggestions sur la façon de le nommer, et si je trouve une proposition que j'aime assez pour l'utiliser comme nom du jeu (je serai seul juge en la matière), j'offrirai à son auteur un jeu de cartes de tarot d'Amazon.com.

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(samedi)

MacDo c'est pas (forcément) mauvais

Hier soir j'étais pressé de dîner pour pouvoir arriver au cinéma à temps, donc je suis rentré dans un MacDo (place d'Italie). Ils avaient un burger appelé « Chicken Première », et j'ai voulu essayer : eh bien j'ai été surpris, ce n'était pas mauvais du tout, en fait. C'était même bon, si, si.

En revanche, je tiens à me plaindre de ce que les restaurants du centre commercial Italie 2 ferment en même temps que les autres boutiques, à 21h (peut-être même 20h, d'ailleurs). N'est pas un peu ridicule, un MacDo qui ferme à 21h ?

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(Friday)

The Italian Job

[Traduction française ci-dessous.]

Hollywood producers seem to have the recipe for this kind of film down pat, now, and The Italian Job plays it by the book. So if one has a fondness for the genre (how should it be called, incidentally? “gangster film” doesn't work well, nor does “thriller”; update (2003-09-21T20:00+0200): “heist movie”—thanks, Pierre), one will like this film. Beyond that, it's just your regular summer feature (except that here in France we get to see it in late September: what are distributors thinking?).

By “the genre”, I mean the kind of movies, of which Ocean's Eleven was one of the finer representatives, where a team of thieves-but-thieves-who-have-some-sense-of-ethics defeat the most cunning security systems through even more cunning and good teamwork, and steal something infinitely valuable from a rather disreputable character. Almost nobody gets killed: the heroes' satisfaction lies less in the money itself than in seeing the look on the villain's face when he discovers his money gone. The plan for taking the booty is always incredibly well—uh—planned: everything is calculated down to the second and to the millimeter; and, of course, something always goes wrong, but the heroes' ingenuity (and, again, good teamwork) manages to get the plan back on its feet (or millimeters—ha, ha, ha). The movie's script is just as calculated (to the second) as the heroes' plan, and works just as well provided we are willing to lend it some sympathy and suspend disbelief. In the case of Ocean's Eleven, there were some surprises on the road; there are none in The Italian Job: the scenario works just as a well-oiled machinery of no originality whatsoever, and basically the spectator knows everything that's going to happen after the first fifteen minutes of the film. But, assuredly, when I bought a ticket for this show, I knew what to expect, so I'm not complaining: I like well-oiled machineries, sometimes. (I'd like to know how much the Austin Mini payed for all the advertising, however.)

Teamwork is probably what sells the film, actually: there is a reassuring sense of comfort in this “every character in his or her role, and a role for each character” idea. One member of the team has become unavoidable these days: the computer nerd (here portrayed by Seth Green, with some talent, it must be said). And it is assumed as a matter of course that the guru can basically break into any system's security—a sort of mise en abyme of the entire plot, except that details are never given as to how the breaking into is done because they would be too technical hence incomprehensible to the audience (certainly if we are supposed to take the phrase “cartesian coördinates” as a technicality, then many things become technicalities). But these technicalities have become a commodious way for the screenwriters to shove dirt under the rug: use computers and networks to remove any obstacle that gets in the scenario's way, and no explaining needs to be done; conversely, create arbitrary limitations when they get too powerful. A friend of mine once pointed out to me that this is the reason why magic is a dangerous literary artifice: once you introduce magic, everything can be explained using it, and this takes away much of the plot's interest. Well, computers are now being used on many occasions in the same way magic could be—thus giving a new twist to Arthur C. Clarke's famous saying that any sufficiently advanced technology is indistinguishable from magic.

Another thing that annoys me is that this propagates the concept that any computer security system has a flaw, and that by being smarter than the system's designers one can always defeat the system's security. This is simply wrong. One can always crack a safe open by attacking it with a stronger force than its defenses (if necessary, put in in a pool of hydrochloric acid: that should dissolve the safe without damaging the gold that's in it); but such is not the case with computer security, and perfect (in the sense of “theoretically perfect”, or even “provably perfect”) security is possible. Certainly it has not often been realized in practice on systems of relatively large size. But computer pirates (or “hackers” as they are inaccurately called by the press) are not genii by far: they are more like script kiddies who always try the same recipes, and by the “million monkeys” rule eventually break into some systems. The idea that someone could rewrite the entire Los Angeles traffic control software algorithms in a matter of days is simply ludicrous. Oh, and, in The Italian Job the computer geek claims to be the real inventor of Napster: this would have been a fun passing clin d'œil, but I wonder why they chose to dwell on it so heavily (or was the film also subsidized by Napster as well as by Austin?).

[French translation of the above.]

Les producteurs hollywoodiens semblent avoir bien compris la recette de ce genre de films, maintenant, et Braquage à l'italienne en suit les règles. Donc si on a un faible pour le genre (comment devrait-on l'appeler, d'ailleurs ? « film de gangsters » ne convient pas bien, ni « thriller »), on aimera ce film. Sinon, c'est juste un divertissement d'été (sauf qu'ici en France on le voit fin septembre : à quoi pensent donc les circuits de distribution ?).

Par « le genre », je veux dire le genre de films, dont Ocean's Eleven était un des bons représentants, où une équipe de voleurs-mais-voleurs-qui-ont-un-sens-de-l'éthique triomphent des plus ingénieux systèmes de sécurité par encore plus d'ingéniosité et un bon travail d'équipe, et volent quelque chose d'une valeur inestimable à un personnage plutôt douteux. Presque personne n'est tué : la satisfaction des héros est moins dans l'argent lui-même que dans le regard du méchant quand il découvre que son argent est parti. Le plan pour s'emparer du butin est toujours incroyablement bien — euh — planifié : tout est calculé à la seconde et au millimètre près ; et, bien sûr, quelque chose va toujours mal, mais l'ingéniosité des héros (et, encore une fois, le bon travail d'équipe réussit à remettre le plan sur ses pieds (ou millimètres — ha, ha, ha). Le script du film est aussi calculé (à la seconde) que le plan des héros, et marche aussi bien à condition qu'on soit prêt à lui accorder de la sympathie et faire semblant d'y croire. Dans le cas d'Ocean's Eleven, il y avait quelques surprises sur la route ; il n'y en a aucune dans Braquage à l'italienne : le scénario marche comme une machinerie bien huilée d'absolument aucune originalité, et en gros le spectateur sait tout ce qui va se passer après les quinze premières minutes de film. Mais, assurément, quand j'ai acheté un ticket pour ce spectacle, je savais à quoi m'attendre, donc je ne me plains pas : j'aime bien les machineries bien huilées, parfois. (J'aimerais savoir, cependant, combien l'Austin Mini a payé pour toute la pub.)

Le travail d'équipe est probablement ce qui vend le film, en fait : il y a un sens rassurant de confort dans cette idée « chaque personnage à son rôle et un rôle pour chaque personnage ». Un membre de l'équipe est devenu inévitable de nos jours : le mordu d'informatique (ici joué par Seth Green, avec un certain talent, il faut le dire). Et il est bien entendu que le gourou peut essentiellement pénétrer la sécurité de n'importe quel système — une sorte de mise en abyme de l'intrigue entière, sauf que les détails ne sont jamais donnés quant à la façon dont il pénètre parce que ce serait trop technique donc incompréhensible pour l'assistance (certainement si nous devons prendre l'expression « coordonnées cartésiennes » comme une expression technique, alors beaucoup de choses deviennent techniques). Mais cette technicité est devenue une façon commode pour les scénaristes de cacher de la poussière sous le tapis : utiliser les ordinateurs pour retirer n'importe quel obstacle qui se trouve sur la route du scénario, et on évite d'avoir à expliquer ; à l'inverse, créer des limitations arbitraires quand ils deviennent trop puissants. Un ami m'a jadis signalé que c'est la raison pour laquelle la magie est un artifice littéraire dangereux : une fois qu'on l'introduit, tout peut être expliqué par son moyen, et cela retire beaucoup de l'intérêt de l'intrigue. Eh bien les ordinateurs sont maintenant utilisés à beaucoup d'occasions de la même manière que la magie pourrait l'être — donnant ainsi un nouveau tour au fameux adage d'Arthur C. Clarke que toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie.

Une autre chose qui m'irrite est que ceci propage le concept que tout système de sécurité informatique a une faille, et qu'en étant plus malin que les concepteurs du système on peut toujours triompher de la sécurité du système. C'est tout simplement faux. On peut toujours ouvrir un coffre-fort en l'attaquant avec une force supérieure à sa résistance (si nécessaire, le mettre dans un bain d'acide chlorhydrique : cela devrait dissoudre le coffre sans endommager l'or qui est dedans) ; mais ce n'est pas le cas de la sécurité informatique, et la sécurité parfaite (dans le sens de « théoriquement parfaite », ou même « démontrablement parfaite ») est possible. Certainement elle n'a pas souvent été réalisée en pratique sur des systèmes de quelque taille. Mais les pirates informatiques (ou « hackers » comme la presse les appelle à tort) ne sont pas des génies de loin : ils sont plutôt des script kiddies qui essaient toujours les mêmes recettes, et par la règle des « millions de singes » finissent par pénétrer quelques systèmes. L'idée que quelqu'un pourrait réécrire la totalité des algorithmes logiciels de contrôle du trafic de Los Angeles en quelques jours est simplement délirante. Oh, et dans Braquage à l'italienne le mordu d'informatique prétend être le réel inventeur de Napster : ç'aurait été un clin d'œil rigolo en passant, mais je me demande pourquoi ils ont voulu s'appesantir tellement là-dessus (ou est-ce que le film était subventionné par Napster en plus d'Austin ?).

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(jeudi) · Dernier Quartier

Suis-je déprimé ?

Un commentateur d'une entrée passée [il faudra que je prévoie une façon de faire des liens vers les commentaires sans m'engager quant à la stabilité de leurs URI ; pour l'instant je me contente de cette périphrase], « organoleptix », me suggère que je suis peut-être sujet à dépression sans en être conscient (il me renvoie à un article sur la dépression masculine). C'est intéressant, parce que je me suis souvent posé cette question. A priori, je ne présente aucun des symptômes majeurs de la dépression : je ne suis pas mélancolique (enfin, passablement rarement), et j'ai plutôt le problème d'être intéressé par trop de choses que de manquer de goût pour tout. D'un autre côté, il est vrai que mon appétit de sommeil est peut-être franchement pathologique (surtout quand je m'endors en pensant mourir), et que je manque souvent d'énergie pour faire quantité de choses qui me plairaient. Par le passé j'ai eu des périodes d'excessive tristesse associée à ma perpétuelle solitude affective. Mais je me suis résolu à ne plus m'en laisser abattre, et à ne plus laisser le sentiment de malheur (au moins pour cette raison) s'emparer de moi ou m'empêcher de profiter pleinement de ma vie (qui, je dois bien l'avouer, est assez odieusement chanceuse) ; maintenant, peut-être cela me coûte-t-il des efforts dont je n'ai pas forcément conscience.

Je m'étonne, moi qui ai longtemps été un farouche solitaire, de constater que je trouve des forces dans la société et la compagnie de mes congénères (je parle ici uniquement de relations de camaraderie et d'amitié, pas de liens affectifs forts — dont je n'ai, finalement, pas l'expérience). Finalement, ma motivation et ma force vitale sont assez directement liées à ma fréquentation de toutes sortes de personnes, et réciproquement (et quand, l'été ou la chaleur faisant, je ne vois personne, alors ça ne va pas bien). Je pourrais tenter une explication facile en disant que voir du monde me permet de tourner mon regard ailleurs que mes entrailles qui ruminent mon mal-être ; mais je peux aussi avancer quarante mille autres explications contradictoires, donc je n'y crois pas plus que ça. (D'ailleurs, si j'ai une vague idée de ce qui se passe dans ma tête, celle des autres me reste résolument opaque.)

D'ailleurs je peux être taquin et me demander quelle importance cela a que je sois déprimé si je n'en ai pas conscience. 😉

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(jeudi) · Dernier Quartier

Il faut que je fasse du sport

Ma forme physique est catastrophique, ç'en est assez effrayant. Surtout du point de vue de l'endurance : je ne peux pas courir 100m sans être à bout de souffle ; certes, j'ai toujours été peu endurant, mais là c'est quand même pire que d'habitude, et il faut que je fasse quelque chose. Du sport, par exemple (plus sérieusement que les trois séries de trente pompes et quelques exercices symboliques que j'aligne chaque jour pour me donner bonne conscience). En même temps, je me sens très médiocrement motivé. Il est vrai que je n'ai pas trop de problème de, euh, « surcharge pondérale » (la dernière fois que je me suis pesé, j'étais passé en-dessous de 60kg, c'est limite trop maigre, et en fait ce serait bien de gagner quelques kilos en protéines) ; mais si l'héridité fait son boulot, ça pourrait bien arriver dans quelques dizaines d'années.

Pfiou… Par où je commence ? Faire du jogging dans Paris, bof-bof, quand même.

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(Wednesday)

Scanned tarot cards

[Traduction française ci-dessous.] I have scanned my full deck of Visconti tarot cards (the one which is a facsimile of the original): you can find the large (512×1024) images here (around 200kbyte per card) and the reduced (154×307) images here (around 17kbyte per card). Actually, only seventy-four cards are to be found: the remaining four (the Devil, the Tower, the knight of coins and the three of swords) are lost: my deck uses modern remplacements for them (in the style of the rest), but these are subject to copyright so I cannot redistribute them (I scanned them, but I am not making them publicly available). As far as I can tell (but one needs to be careful with the totally crazy and fascist Intellectual Property laws that we now have), the seventy-four Visconti tarot cards are in the Public Domain, and you and I can copy and use them freely and for any purpose. Enjoy!

[French translation of the above.] J'ai scanné la totalité de mon jeu de tarots des Visconti (celui qui est un fac simile de l'original) : vous pouvez trouver les grandes (512×1024) images ici (autour de 200ko par carte) et les images réduites (154×307) ici (autour de 17ko par carte). En fait, seules soixante-quatorze cartes s'y trouvent : les quatre restantes (le Diable, la Maison-Dieu, le cavalier de deniers et le trois d'épées) sont perdues : mon jeu utilise à leur place des remplacements modernes (dans le style du reste), mais ceux-ci sont sujets au copyright donc je ne peux pas les redistribuer (je les ai scannés, mais je ne les rends pas publiquement disponibles). Autant que je puisse en juger (mais il faut être prudent avec les lois totalement folles et fascistes que nous avons maintenant sur la Propriété intellectuelle), les soixante-quatorze tarots des Visconti sont dans le Domaine public, et vous et moi pouvons les copier et les utiliser librement et dans n'importe quel but. Faites ce que vous en voudrez !

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(Wednesday)

The Evil Empire's influence must be spreading

Yesterday evening, major announcement: all OpenSSH versions prior to 3.7 contain a vulnerability (potential remote root exploit) due to an error in buffer management code; version 3.7 fixes this problem. So I go through all the Unix machines I administrate and, for each one, upgrade the OpenSSH to one that does not have the problem.

This morning, major announcement: all OpenSSH versions prior to 3.7.1 contain a vulnerability (potential remote root exploit) due to an error in buffer management code; version 3.7.1 fixes this problem. So I go through all the Unix machines I administrate and, for each one, upgrade the OpenSSH to one that does not have the problem.

Déjà vu?

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(Tuesday)

Apparently not

[Traduction française ci-dessous.]

Apparently I am still alive, although I slept for over seventeen hours (with only a short pause to write the previous entry), which is a lot even by my standards. And I got up feeling very much dazed and bewildered, having a hard time to think (I seem back to normal, now—if you agree to call me normal, that is); which is to be expected after such a bout of inactivity.

To answer some of the comments, I don't seriously think I might have an aneurysm on one of my brain's arteries—I just consider the possibility. But if I did, I think I'd rather not know rather than take a scan and be told, this thing might burst any moment, and we can't remove it by surgery because of the way it's buried in the brain tissue. Well, maybe it is stupid. Some aneurysms give forewarnings, by the way (in the form of localized headaches), but certainly they don't move around in the head. (Some other nasty things might, though, for example a clot.) And some problems can happen at any age. Cerebrovascular accidents are, after all, one of the major causes for death in industrial countries (more than cancer, if I recall correctly).

Oh yes: I'm a hypochondriac. I've known this for a long time.

[French translation of the above.]

Apparemment je suis encore en vie, même si j'ai dormi plus de dix-sept heures (avec seulement une courte pause pour écrire l'entrée précédente), ce qui est beaucoup même selon mes standards. Et je me suis levé me sentant très désorienté, avec des difficultés pour penser (je semble être revenu à la normale — si vous convenez de m'appeler normal, je veux dire) ; ce qui est attendu après une telle période d'inactivité.

Pour répondre à quelques-uns des commentaires, je ne crois pas sérieusement avoir un anévrisme dans une artère cérébrale — j'en imagine juste la possibilité. Mais si c'était le cas, je crois que je préférerais ne pas savoir plutôt que passer un scanner et m'entendre dire, ce truc pourrait rompre à n'importe quel moment, et on ne peut pas le retirer chirurgicalement à cause de la manière dont il est enfoui dans le tissu cérébral. Bon, peut-être que c'est stupide. Certains anévrismes donnent des signes avant-coureurs, au fait (sous la forme de maux de tête localisés), mais assurément ils ne se déplacent pas dans la tête. (D'autres choses désagréables peuvent le faire, cependant, comme un caillot.) Et certains problèmes peuvent survenir à tout âge. Les accidents cérébrovasculaires sont, après tout, une des causes majeures de décès dans les pays industrialisés (plus que le cancer, si je me rappelle bien).

Ah oui : je suis hypocondriaque. Ça fait longtemps que je le sais.

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(Tuesday)

Am I dead?

[Traduction française ci-dessous.]

I was lying in bed, soundly sleeping, when the following things happened (c. 2003-09-16T02:15+0200): (a) I became half-awake, (b) I very clearly thought “I'm going to die”, (c) I had a terrible headache, (d) a loud bang (at least that's what it felt) resonated in my head (in a very localized place, near the top of the parietal lobe of the right hemisphere), and then (e) I fully awoke, with my heart pounding at an incredible speed. This all happened during a few seconds. (The recollection I have is that the chronological order is (a), (b), (c), (d) and (e). But logic would have me think (d), then (b) and (a), then (c) and (e). Sometimes memory is unreliable as to the order of events in close succession: it is known that the impression of chronological order is imposed a posteriori by the brain.) Then all went back to normal, very rapidly (I've never had such a bad headache recede so quickly). Apparently I'm not dead; and I went through a sequence of simple tests to make sure I hadn't lost some major mental, psychomotor or sensitive ability, but it doesn't seem so.

I don't know what to make of this. I've had various signs before that made me worry about my cerebrovascular condition, and I've already had (d) and (e) happen unexpectedly (though the location of the bang is usually the occipital lobe of the right hemisphere), but never with (b) before (it was really strange). Maybe I should take a scan (on the other hand, maybe I don't really wish to know more).

This is irritating. If an aneurysm burst is to kill me, I wish it would do it cleanly, not giving me the time to think “I'm going to die” or feel anything like a bang or a headache. And, by the way, not leaving me alive and mentally crippled would be nice: thanks in advance!

(Note, by the way, the utter stupidity of the reflex reaction: sudden pain in the head ⇒ adrenaline discharge ⇒ increase in blood pressure. Probably not the right response to a cerebrovascular problem!)

[French translation of the above.]

J'étais au lit en train de dormir profondément quand les choses suivantes se sont produites (vers 2003-09-16T02:15+0200) : (a) je me suis à moitié réveillé, (b) j'ai clairement pensé « je vais mourir », (c) j'ai eu un mal de tête épouvantable, (d) une détonation (au moins c'est l'impression que ça donnait) a résonné dans ma tête (à un endroit très localisé, vers le haut du lobe pariétal de l'hémisphère droit), et ensuite (e) je me suis entièrement réveillé, mon cœur battant à toute vitesse. Tout cela s'est produit en quelques secondes. (L'impression que j'ai est que l'ordre chronologique était (a), (b), (c), (d) et (e). Mais la logique me ferait penser (d), puis (b) et (a), puis (c) et (e). Parfois la mémoire n'est pas fiable quant à l'ordre d'événements en succession rapide : il est connu que l'impression d'ordre chronologique est imposée a posteriori par le cerveau.) Puis tout est revenu à la normale, très rapidement (je n'ai jamais eu un mal de tête pareil qui se résorbe aussi rapidement). Apparemment je ne suis pas mort ; et j'ai fait une suite de tests simples pour m'assurer que je n'avais pas perdu une capacité mentale, psychomotrice ou sensorielle importante, mais il ne semble pas.

Je ne sais pas quoi en penser. J'ai eu des signes auparavant qui m'ont fait m'inquiéter quant à mon état cérébrovasculaire, et j'ai déjà eu (d) et (e) se produisant de façon inattendue (même si l'emplacement de la « détonation » était d'habitude le lobe occipital de l'hémisphère droit), mais jamais avec (b) avant (c'était vraiment étrange). Peut-être devrais-je passer un scanner (d'un autre côté, peut-être que je ne veux pas en savoir plus, en fait).

C'est irritant. Si une rupture d'anévrisme doit me tuer, je voudrais qu'elle le fasse proprement, sans me laisser le temps de penser « je vais mourir » ou de sentir quelque chose comme une sensation de détonation ou un mal de tête. Et, en passant, ne pas me laisser vivant et mentalement diminué serait sympa : merci d'avance !

(Notez, au passage, la stupidité complète de la réaction réflexe : soudaine douleur dans la tête ⇒ décharge d'adrénaline ⇒ augmentation de la pression sanguine. Probablement pas la bonne réponse à un problème cérébrovasculaire !)

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(lundi)

Les beaux gosses du jour

OK, ce n'est vraiment pas original. Mais il se trouve juste qu'ils sont apparus dans la lucarne magique que, lobotomisé par ma dure journée, j'avais allumée.

And the winners are: Gaël Leforestier et Jonathan Cerrada. (Ben oui, j'avais bien dit pas original du tout. Enfin, il s'en trouvera certainement pour dire quand même que j'ai des goûts de chiottes.)

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(lundi)

Les tribulations de Ruxor en DEUG

Opération séduction dans la vallée de l'Yvette ? Vol au-dessus d'un nid de bacheliers frais pondus ? Je vous laisse imaginer. En tout cas je me suis insidieusement fait passer pour un des leurs (facile, me dit un lecteur, je suis à peu près aussi nul en orthographe). Enfin, je ne sais pas si j'ai été crédible une seule seconde ou si tout le monde s'est demandé, mais c'est qui, ce vieux type qui nous mate et qui nous propose des bonbons ? — je n'ai adressé la parole à personne et on m'a laissé dans mon coin (je suis très fort pour ça), ce qui était un peu ce que je voulais, aussi (pour éviter un embarras certain). Ce sont surtout les intervenants que j'ai écoutés, pour savoir ce qu'on peut raconter aux étudiants lors de cette fameuse semaine (enfin, journée, au moins, pour l'instant) de rentrée. Quelques petites fausses notes, des informations incorrectes (ou périmées), des oublis, des contradictions aussi d'ailleurs, qu'il faudra éventuellement que je rectifie. Et un certain pouvoir soporifique de plusieurs orateurs, il faut dire (même si j'y étais assez prédisposé) — qui, de fait, a semblé produire son effet. En fait, ma constatation préliminaire après observation du Studens deugmiassis Jr. (sur plusieurs années) fait état de deux phases principales (deux périodes, deux ères, si l'on voudra) au cours de son évolution : la phase mouton et la phase glande. Pendant la première phase, le spécimen note scrupuleusement tout ce qu'on écrit au tableau devant lui (même si c'est totalement incohérent) et fait plus ou moins ce qu'on lui dit, si ce n'est pas trop pénible ou trop demandant et surtout si les autres le font ; pendant la seconde, il est définitivement assommé par la masse de travail qui a précédé, et avance droit vers la lobotomie ; nous verrons cette année si je parviens à catalyser la difficile transformation vers la phase boulot : comme je ne la connais moi-même que de réputation, ça semble difficilement parti.

Bon, il y a eu un moment délicat quand quelqu'un, nous ayant rassemblés en petit groupe (groupe de TD, justement), nous a proposés de nous présenter. Je me suis souvenu avec Asimov que The closer to the truth, the better the lie, and the truth itself, when it can be used, makes the best lie of all. — et je m'en suis tiré en ne disant que des choses techniquement vraies (au prix d'un certain effort rhétorique). Mais est-ce mal, au fait ?

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(lundi)

Encore une nuit sans sommeil

Couché à 23h30, réveil mis à 7h. Mais je n'ai pas dormi. Décidément, les réveils émettent vraiment des ondes malfaisantes qui m'empêchent de dormir. À 5h45, las de me tourner et me retourner dans tous les sens sans parvenir à fermer l'œil, je me suis levé.

C'est parti pour une journée shootée à la caféine (et au chocolat et à la vitamine C).

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(dimanche)

Opération Lurker

Demain lundi c'est la rentrée des DEUG à Orsay : le moment où ils débarquent tout frais de leur lycée maternel pour découvrir les charmes de la glande en fac (enfin, au début, ils ne sont pas encore étudiants dans l'âme, ils sont encore tout purs et innocents avec le label « bachelier 2003 » tout frais sur leur front, mais le virus du farniente s'attrape vite). Au programme des réjouissances, donc, des « amphis d'accueil » où les profs vont tenter de les convaincre que, si, si, si vous ne bossez pas, vous allez être recalés, et d'ailleurs environ 50% des étudiants à l'entrée n'obtiennent pas leur DEUG ; et des associations (comme celle où je me suis — un peu — investi) où d'autres étudiants vont tenter de les convaincre qu'il existe plein de façons amusantes (autres que jouer à la belote) pour perdre leur temps en fac. Bref, c'est émouvant comme tout, c'est un moment important.

Je songe à tenter, pour voir d'un peu plus près à quoi ressemble le Studens deugmiassis Jr. dans son environnement naturel, de faire de l'infiltration insidieuse : me mêler aux étudiants et passer la semaine de rentrée avec ceux de mon groupe de TD (celui où j'enseignerai, je veux dire). Je suis peut-être un peu vieux pour avoir l'air d'un étudiant de DEUG plausible (encore que, avec le nombre de fois que certains redoublent, et s'il est vrai que je ne fais pas mon âge, c'est jouable), mais grâce à mon look d'étudiant attardé (ce que, de fait, je suis) et mon don pour passer complètement inaperçu partout où je vais, ça devrait marcher. Du moins si j'arrive à me motiver suffisamment pour me lever aux aurores, ce qui est moins gagné, mais bon, pour enseigner il le faut bien. Ce n'est pas la première année que j'ai cette idée, mais comme c'est sans doute la dernière où j'en aurai l'occasion, c'est maintenant ou jamais. Ah, il faut encore qu'aucun redoublant ne me reconnaisse.

D'accord, c'est une idée complètement stupide. C'est sans doute pour ça que ça me plaît.

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(samedi)

Good bye, Lenin!

Good bye, Lenin! (voir aussi sa fiche Allociné) : ce film m'a absolument emballé. Il est à la fois tellement drôle et délicieusement touchant : le genre de combinaison qui me fait vraiment fondre. Pas de mélo, juste une légèreté heureuse qui n'exclut pas des moments graves et sincères.

Ne vous attendez pas à un film politique ou historique : ce n'est rien de tel. Le regard est tout simplement humain, rappelant peut-être celui des Ailes du désir (Der Himmel über Berlin) de Wim Wenders (je parle du regard, un peu « angélique » et sans jugement; non du ton, qui n'a pas grand rapport). Les événements titanesques de ces jours où l'on a du mal à suivre l'histoire tant elle va vite, ces événements emportent les personnages un peu éberlués vers un avenir qu'ils ne contrôlent pas. Et le film nous fait revivre « de l'intérieur » ces onze mois qui ont changé la face du monde — 1989-11-09, le Mur tombe — 1990-10-03, l'Allemagne est réunifiée. J'y suis très sensible, moi qui suis plus facilement ému aux larmes par un bon documentaire historique que par une fiction. Mais le regard ici, je le répète, n'est pas historique (ni nostalgique, comme certains ont pu le dire sommairement de ce film).

On a parfois, ici, comparé dans son ton Good bye, Lenin! au Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, dont l'héroïne possède en effet une espièglerie imaginative et bienfaisante qui la rapproche beaucoup d'Alexander Kerner (le héros de Good bye, Lenin!). L'humour est également assez proche. Peut-être le film allemand a-t-il plus d'ampleur et le français plus de poésie, mais il ne faut sans doute pas pousser la comparaison trop loin. (On pourrait également évoquer Forrest Gump — que pourtant, personnellement, je n'ai pas énormément aimé.)

Les acteurs jouent bien, notamment l'acteur principal, Daniel Brühl, dans le rôle d'Alexander (que je trouve, en plus, beau comme un dieu — ça ne gâche rien). La scène, lors de la soirée, où il regarde le dessin animé avec les enfants (j'utilise cette périphrase pour ne pas spoiler le scénario pour ceux qui n'ont pas vu le film), puis rencontre leur père, m'a fait pleurer : par de simples échanges de regards les acteurs communiquent une telle émotion ! C'est vraiment très fort.

Je veux aussi souligner encore une raison pour laquelle ce film m'a marqué : il évoque (il pouvait difficilement faire autrement) la coupe du monde que l'Allemagne a gagnée en 1990. J'étais moi-même à Munich à l'été '90, et malgré mon peu d'intérêt pour le foot, l'événement m'a marqué. Le 1990-07-04, jour de la demi-finale contre l'Angleterre (qui s'est gagnée aux tirs au but, situation de tension insoutenable), j'ai regardé la rencontre à la télé chez un collègue de mon père (qui organisait une petite soirée buffet dans sa maison) ; et le 1990-07-08, quand l'Allemagne a battu l'Argentine en finale, j'ai entendu les bruits de klaxons envahir la capitale bavaroise. Ça n'a pas beaucoup d'importance en soi, mais ce qui me surprend c'est que j'avais complètement oublié jusqu'à aujourd'hui que le seul voyage que j'ai fait en Allemagne était précisément, dans le temps, entre la chute du mur de Berlin et la réunification du pays.

Mon professeur d'histoire-géographie de classe de 3e (Mme Fernandez, que je salue au passage), dans son discours de bienvenue lors de la rentrée des classes en septembre '90, demanda à la classe de bien se souvenir que nous vivions des heures historiques, pour qu'un jour nous puissons dire à ceux qui sont plus jeunes, « je me souviens d'un temps où il y avait deux Allemagnes ». Je me souviens, donc, d'un temps où il y avait deux Allemagnes. Et pour un peu je me serais levé à la fin du film pour chanter : Einigkeit und Recht und Freiheit für das deutsche Vaterland

La réunification allemande s'est d'ailleurs faite avec une célérité considérable : quand je vois le nombre d'années qu'il a fallu attendre pour donner une monnaie unique à plusieurs pays de l'Union européenne, je trouve prodigieux qu'on ait pu résoudre aussi rapidement toutes les difficultés techniques inhérentes à l'unification de deux pays, sans parler de lever les obstacles sociopolitiques et diplomatiques. Sur ce dernier point, il a fallu la concurrence de plusieurs circonstances : l'extrême faiblesse de Mikhaïl Gorbatchev (Михаил Сергеевич Горбачёв), l'insistance de l'administration Bush (père) pour accélérer les choses (afin de ne pas laisser les soviétiques « reprendre leur souffle » et exiger des concessions telles que la sortie de l'Allemagne de l'OTAN), la résolution rapide par Helmut Kohl du litige avec la Pologne par l'acceptation de la frontière Oder-Neisse, l'incapacité de Margaret Thatcher et François Mitterrand (qui tous deux étaient réticents — pour ne pas dire franchement hostiles — à la réunification) de s'entendre sur un contre-projet acceptable, et l'inquiétude de ce dernier de voir voler en éclat, s'il s'opposait à l'unification, l'axe privilégié franco-allemand et plus généralement l'Union européenne. Mais peut-être — du moins je voudrais le croire — les obstacles auraient-ils de toute façon été rapidement levés, d'une façon ou d'une autre, même face à des circonstances moins favorables, devant la volonté indubitable du peuple allemand de se réunifier, au nom du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Qui pourrait le dire ?

Note : L'interview du réalisateur (Wolfgang Becker) sur Allociné est aussi assez intéressante.

PS : Mon ami Arthur propose le très joli sous-titre suivant au film : Im Osten nichts Neues. Excellent !

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(samedi)

M…

Il est très mignon, il est gentil, il est intelligent, et il a l'air de penser du bien de moi.

Le problème c'est qu'il habite à quelque chose comme 1300km d'ici, à Łódź (en Pologne).

(Bon, OK, c'est pas l'autre bout du monde. Reste que ça semble mal parti pour qu'on se voie en vrai.)

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(vendredi)

À une heure du matin

Enfin ! Seul ! Horrible vie ! Horrible ville ! Récapitulons la journée : m'être moqué avec d'autres enseignants de l'incapacité des étudiants à résoudre l'inéquation 1/x>-4 ; avoir admis avec un air de moquerie condescendante que peut-être cependant ils arrivent à développer (a+b)² sans se tromper (mais, rajouta quelqu'un, (a+b)³, il en faudrait pas trop en demander). Avoir suivi avec attention une conversation où l'on comparait les films d'Eric Rohmer à la sitcom Hélène et les garçons mais en moins bien : acteurs débutants, dialogues mal écrits, scénario flasque. En avoir écouté un autre se plaindre (ou s'amuser ?) d'une infection sexuellement transmise qu'il avait contractée (par pudeur je tairai comment) : et en être resté partagé entre le dégoût et l'admiration. Ou encore d'autres discuter des détails de la posologie des anxiolytiques et antidépresseurs. Et pendant toute la soirée avoir salivé en secret et en ultime frustré devant une demi-douzaine de personnes avec qui j'entretiens des relations parfaitement courtoises ou bien qui semblent à peu près autant conscientes de mon existence que de celle des pigeons qui passent au-dessus d'eux (i.e. jamais, sauf quand ça chie). Avoir tenu à étaler ma culture en soulignant gratuitement et sur un prétexte minable que je connaissais l'existence de Under the Volcano de Malcolm Lowry, le livre préféré de mon père, que je n'ai pour ma part même pas ouvert, récit du dernier jour d'un consul déchu au Mexique qui sombre dans l'alcoolisme. Avoir vu un beau garçon dédaigner les signes d'intérêt d'un autre beau garçon dont il venait pourtant de me dire une minute auparavant je sombrerais bien dans l'alcoolisme avec celui-là ; et avoir bavé en silence devant l'un et l'autre, mais n'avoir rien fait. Avoir refusé du feu à un inconnu alors que j'avais justement un briquet dans mon sac (moi qui ne fume pas). Être resté longuement place de l'Hôtel de Ville regardant avec irritation et fascination les prémisses de ce qui sera demain la Techno Parade. Ouf ! Est-ce bien fini ? Mécontent de tous et mécontent de moi, je voudrais bien me racheter et m'enorgueillir un peu dans le silence et la solitude de la nuit.

Toutes mes excuses à C. B. pour ce pastiche minable. Mais je lui rends sa plume : si les faits racontés sont techniquement corrects, l'esprit et le ton dans lesquels ils sont rapportés sont commandés par l'exercice, et ne reflètent pas la réalité. La réalité, tout simplement, dispose d'un excellent sens de l'humour, que j'apprécie beaucoup. Les gens, quant à eux, sont vraiment admirables (si, si, je le pense honnêtement).

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(Friday)

Quasi-spam alert!

Spam is one thing: it isn't all that hard to get rid of—accumulating two or three spam filters, in my case SpamAssassin and SpamProbe successively, more or less does the trick, even in really bad cases like my own. But what about quasi-spam? By this I mean thinks like “newsletters” (to which I've never subscribed, of course, but which aren't complete junk either), or targetted email advertising. The typical example is Amazon.com sending me reading suggestions or special offers or whatever: things I really don't care about, thank you, but if I train my spam filters to recognize this as spam, I'm afraid they'll soon treat every email sent by Amazon.com as spam. I similarly receive quasi-spam from lots of other channels, including supposedly reputable ones such as the Franco-German cultural TV channel Arte or recently the Monnaie de Paris. And, of course, many emails I receive throught my lab could also count as quasi-spam. I'm getting annoyed with all of it!

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(vendredi)

Prérentrée en DEUG MIAS

Réunion de préparation de la rentrée ce matin entre enseignants du premier semestre de DEUG MIAS à Paris-Sud XI. Constatation la plus importante : les effectifs se sont effondrés. Les années précédentes on tournait autour de 400 ou 450 inscrits, répartis en quatorze ou quinze groupes de TD : nous voilà n'arrivant même pas à 300 (on ne va faire que douze groupes). Et apparemment, si la section MIAS est la plus touchée, les autres ne sont pas indemnes pour autant ; et Paris-Sud n'est pas la seule Université affectée. Les causes ne sont pas entièrement claires, mais il semble que les classes préparatoires de province aient pu faire, cette année, du recrutement en Île-de-France, ce qui a causé une désaffection des sections de DEUG, un étudiant français préférant systématiquement, on le sait, n'importe quelle prépa à n'importe quelle Université. C'est inquiétant ; je ne sais pas s'il faut condamner d'emblée le système élitiste français des prépas, mais s'il est poussé au point que les Universités sont considérées comme moins que rien, c'est indubitablement un excès.

En tout cas, si vous voulez vous inscrire en DEUG scientifique dans une Université quelconque d'Île-de-France, n'hésitez pas : on vous accueillera les bras ouverts.

Pour ma part, j'enseignerai ce semestre les mardi et mercredi matin (assez tôt, dans l'espoir que ça me force à garder un rythme de vie raisonnable, mais en fait je doute que ça marche, je crains être plutôt complètement crevé la moitié de la semaine à cause de ça).

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(Thursday)

The WTC buildings

Strangely enough, the thing which hit me most when the World Trade Center collapsed was not the number of people who died (that's just too abstract, too difficult to picture): it was the destruction of the buildings themselves. I had never seen the twin towers myself (in real, I mean)—or just for a very brief time, and from a distance, when I spent half a day in New York City in the summer of '94. Not that they were such an extraordinary piece of architecture (although my father always claimed that they were very fine specimens of perpendicular gothic, and I guess they were quite a technical achievement), not even that they were so remarkable; but they were, so to speak, part of the landscape (cityscape, that is). And one doesn't expect the landscape to change: every picture of Manhattan (from '77 onward) showed these two towers, so they weren't allowed to change, let alone vanish in a day. The Great Pyramids, Westminster Abbey or the Eiffel Tower aren't “allowed” to disappear: not just because they are important monuments, works of art, or whatever, but also because they are, simply, landmarks that the entire world is familiar with; and such were the twin towers.

Maybe I'm being thoughless, there, to mind the destruction of some bits of steel and stone when so many people have died. Maybe. A cynic would point out that the number dead in the WTC attacks is far less than the number of people who die in the world in a day—September 11, 2001, for example—so why should I care more about the former than about the latter? People aren't worth more when they die in mass or when they die in New York; and it just isn't possible to care about every single dead on Earth. But that's beside the point. It's just that it's so hard to imagine all the people who lost their lives, whereas the buildings are so very concrete. So I admit (qui sine peccato est primus lapidem mittat): I was deeply shocked, I cried, just because of the disappearance of two towers that I had never seen, and I did not cry for the thousands who died in the event.

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(Thursday)

09-11

[Traduction française ci-dessous.]

Thirty years ago today, on 1973-09-11, democratically elected Chilean president Salvador Allende was overthrown by a military junta in a CIA-assisted coup d'État that brought general Augusto Pinochet Ugarte to power in what quickly became one of the world's most brutal dictatorships of the half century. Salvador Allende chose suicide over exile; many of the world's cities have payed tribute to his courage, including Paris: a square named after him now exists in the 7th arrondissement (formerly place Santiago du Chili), inaugurated today by mayor Bertrand Delanoë and Chilian ambassador in France Marcello Schilling. Despite complaints lodged against him before several courts in the world, Augusto Pinochet never faced justice, and is presently senator for life in Chile.

Coincidentally, September 11 is also the birthday of another dictator: Ferdinand Marcos (born 1917), sometime president of the Philippines. But more reputable people were also born on that day: writers O. Henry (William Sydney Porter, aka—) and David H. Lawrence, or film director Brian DePalma, among others. Some famous people died on 09-11, too: Nikita Khrushchev (Никита Сергеевич Хрущёв) for one, thirty-two years ago. And, this very morning, Swedish foreign affairs minister Anna Lindh, stabbed in a supermarket in Stockholm yesterday: I offer my condolences to the Swedish people and their king Carl XVI Gustav, for this absurd assassination of an admirable and devoted stateswoman.

Last, but not least, let us remember 2001-09-11, most certainly the largest scale terrorist attempt in History: barbarous acts which have outraged the conscience of mankind.

[French translation of the above.]

Il y a trente ans aujourd'hui, le 1973-09-11, le président démocratiquement élu du Chili Salvador Allende fut renversé par une junte militaire au cours d'un coup d'état assisté par la CIA qui mena au pouvoir le général Augusto Pinochet Ugarte dans ce qui est rapidement devenu une des plus brutales dicatatures au monde dans le demi-siècle. Salvador Allende préféra le suicide à l'exil ; de nombreuses villes du monde ont rendu hommage à son courage, y compris Paris : une place à son nom existe maintenant dans le 7e arrondissement (auparavant place Santiago du Chili), inaugurée aujourd'hui par le maire Bertrand Delanoë et l'ambassadeur du Chili en France Marcello Schilling. Malgré les plaintes déposées contre lui devant plusieurs cours dans le monde, Augusto Pinochet n'a jamais affronté la justice, et est à présent sénateur à vie au Chili.

Par coïncidence, le 11 septembre est aussi l'anniversaire d'un autre dictateur : Ferdinand Marcos (né en 1917), ancien président des Philippines. Mais des gens plus fréquentables sont aussi nés ce jour : les écrivains O. Henry (William Sydney Porter, dit —) et David H. Lawrence, ou le metteur en scène Brian DePalma, parmi d'autres. Des gens célèbres sont morts le -09-11, aussi : Nikita Khrouchtchev (Никита Сергеевич Хрущёв) notamment, il y a trente-deux ans. Et, ce matin même, la ministre suédoise des affaires étrangères Anna Lindh, poignardée hier dans un supermarché à Stockholm : je présente mes condoléances au peuple suédois et à leur roi Carl XVI Gustav, pour cet assassinat absurde d'une femme d'État admirable et dévouée.

Enfin, mais non le moindre, souvenons-nous du 2001-09-11, très certainement l'attentat terroriste le plus important de l'Histoire : des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l'humanité.

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(mercredi) · Pleine Lune

« Pédé »

Un lecteur s'est ému de mon utilisation du mot « pédé » dans une récente entrée.

Le plus simple serait pour moi de rétorquer que je n'applique ce terme qu'à moi-même — jamais aux autres sauf si je suis sûr que ça ne les dérange pas ou bien si je désigne un groupe indéterminé (genre, les pédés portent rarement les cheveux longs) ; quand j'ai un doute, je dis « homo ». Mais j'admets que c'est une défense un peu facile et insatisfaisante.

Est-ce une insulte ? Je m'interdis d'emblée de considérer l'étymologie du mot pour le savoir (pour éviter des débats vaseux pour savoir s'il doit être considéré comme signifiant la même chose que « pédéraste » ou si l'abréviation a un sens autonome — et pour ne pas avoir à gloser sur le sens de « παῖς » en grec, enfant ou adolescent, risque de pente glissante vers le sens de « pédophile ») : de toute façon, c'est une erreur de croire que l'étymologie définit le vrai sens d'un mot. (L'étymologie du mot « étymologie » a beau être « la science du vrai », nous ne devons pas la croire : c'est justement l'étymologie qui fait sa propre publicité, mais ce n'est pas en affirmant qu'elle a raison qu'elle nous convaincra.) Maintenant, ce serait aussi un peu facile de dire le sens d'un mot est celui qu'on lui donne, et ce n'était pas une insulte puisque je ne l'ai pas utilisé comme insulte (l'insulte, pourrais-je alors rajouter, est dans l'œil du proverbial spectateur, ou lecteur en l'occurrence).

“When I use a word,” Humpty Dumpty said in rather a scornful tone, “it means just what I choose it to mean—neither more nor less.”

“The question is,” said Alice, “whether you can make words mean so many different things.”

“The question is,” said Humpty Dumpty, “which is to be master—that's all.”

Alors, est-ce une insulte ? Il me semble que ce n'en est une qu'à partir du moment où on admet que traiter quelqu'un d'homo est une insulte : je veux dire, le problème n'est pas que le mot « pédé » insulte les pédés — c'est que quelqu'un essaie d'insulter en traitant de pédé, parce que, pour l'insulteur, être homo est la pire insulte imaginable. Mais justement, ce n'est pas une prémisse que je suis disposé à admettre. Quelles sont les paroles, au fait ? Ah oui : Moi les lazzi, les quolibets / Me laissent froid, puisque c'est vrai : / Je suis un homo comme ils disent. (Bon, Aznavour n'a pas eu le culot de mettre « pédé ». Hum, c'est un comble que je cite cette chanson que je n'aime vraiment pas.)

C'est sans doute en imitant le combat que certains Noirs — on pense évidemment à Léopold Sédar Senghor — ont mené pour réhabiliter le mot « nègre » que des homos ont fait de même pour le mot « pédé ». Et ça ne date pas d'hier comme le prouvent les échantillons du défunt Gai Pied que Matoo a exposés sur son 'blog.

Il y a certes d'autres mots qu'on pourrait utiliser (les appellations diverses et variées des homosexuels, ce n'est pas ça qui manque !). Mais « gay » ne satisfait pas ceux qui ne se reconnaissent pas dans une certaine culture communautaire ; personnellement, je trouve que c'est surtout pour des raisons d'euphonie qu'il passe mal en français, en fait (en plus, on ne sait jamais si ça inclut ou non les lesbiennes). Et « tapiole », même si c'est mignon et affectueux, me déplaît parce que c'est un nom féminin et que je suis résolument opposé au fait de parler au féminin des homos de sexe masculin.

Mais finalement, ce qui me convainc le plus en faveur de « pédé », c'est ce passage des Roseaux sauvages, une scène toute simple mais qui m'a véritablement bouleversé quand j'ai vu le film : Gaël Morel (dans le rôle de François) se regarde dans un miroir, comme s'il se découvrait, et articule — doucement au début, et avec plus de force à mesure qu'il prend courage — je suis pédé. Une insulte ? Non : une reconnaissance de soi. J'en ai pleuré.

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(mercredi) · Pleine Lune

« L'État opprime et la loi triche, / L'impôt saigne le malheureux. » (devise libérale)

C'était trop beau : je viens de recevoir mon avis de taxes foncières. 616€ ☹️

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(Wednesday) · Full Moon

Fonts

Character fonts are a strange thing: one usually doesn't consciously notice them, but one still accustoms oneself to seeing this-or-that font on a given document; so if one sees the same text (Web page, typically) with the same layout and colors but different fonts one gets this strange feeling that something is “not right”, much like hearing the wrong instrument play a familiar tune. Now imagine the feeling when a minor change in a font setup makes every single Web page appear with ever-so-slightly different fonts: then the entire Web (that is, the part one is familiar with) suddenly seems “out of tune”. Totally weird.

Well, that's more or less the feeling I'm having now. I was having some difficulties with my XFree86, so I upgraded it all, server and libraries. This shouldn't have affected font layout, but it did. I have hundreds of installed fonts on my PC, from dozens of different sources, and in all sorts of formats (TrueType, PostScript Type1, bitmap), which can further be handled at at least three different levels (the X server, the X font server or the FreeType library—just talking about display, here, not printing): the whole thing is a complete mess, it's just about impossible to track down from which file a given font came, especially when matters are further obscured by Mozilla's handling of the CSS specification. Ordinary logic has no course here, it's the rule of black magic, and apparently the upgrade changed something in the font selection mechanism and the rendering engine, and everything was subtly different.

In the end I managed to mostly clean things up by removing from the search path many broken, damaged or otherwise unpleasant fonts. Now I view nearly every Web page with completely different fonts than I used to, two days ago. Mostly it's an improvement. But strangely enough, there's one site for which things now look distinctly worse: my own.

The font I specify for viewing this page is Hermann Zapf's beautiful Optima, in my opinion the most refined and elegant font ever designed (ex æquo with Adrian Frutiger's Univers face, in a very different style). Optima is a highly readable typeface of the “humanist” kind, combining features of both serif and sans-serif types: although it doesn't have serifs, its strokes are subtly modulated—the ends of a straight stroke being slightly wider than the middle—suggesting a delicate mixture of carving and handwriting. Of course, not all Web users will have Optima installed on their computer: so I specify Palatino (Linotype), another humanist typeface designed by Hermann Zapf, as a fallback, and, if Palatino also isn't available, any serif face. Most Mac OS X users will have Optima installed, and many Windows users will have Palatino. (I have both on my system.)

[Fontshot][Fontshot]Anyway, somehow, even though the font itself (a TrueType file) stayed the same, the upgrade in the rasterizer considerably degraded the appearance of the Optima font on my screen. Before I changed it looked like the image on the left; and afterward it looked like that on the right. (Both images come from my bookmarks page.) Note how the letters in the word “Libération” are very unevenly spaced on the image on the right, and how ugly the ‘N’ in “Normale” looks; the letters ‘h’ and ‘n’ are also too narrow. This seems like an acute case of badly hinted TrueType, but I've tried everything from disabling hinting to activating autohinting, to no avail.

I hope that at least some people see a nicely rendered Optima font when viewing my Web page and not this sort of junk.

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(Tuesday)

Happy birthday Google

Little search engine turns five: congratulations, and please keep up the good work and public service!

Remember the dark days before the blessing of Google was bestowed upon the face of the Web? When the best we could use as far as search engines went was AltaVista? Fortunate that we did not know our own misfortune, in that time! Still, much as I enjoy the youngling, I wish the competition weren't utterly worthless—I mean, I wish there were a real competition to Google—because we must presently live in fear of what we would come to pass if something happened to Google (so that it ceased to perform as a public service), for example if it were taken over by the forces of evil.

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(mardi)

Pétant, c'est pas pétant

Pourquoi l'émission 20h10 pétantes commence-t-elle à 20h06 ? En tout cas, c'était le cas ce soir (il était même 20:05:50, pour être précis) : c'est toujours comme ça ?

Je ne veux pas avoir l'air de faire le pinailleur, mais c'est un peu ridicule de commencer l'émission en disant réglez vos montres, il est 20h10 pétantes quand il n'est pas 20h10. Enfin bon, je dis ça, moi, je dis rien.

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(Dienstag)

Leni Riefenstahl ist verstorben

[English translation follows.] [Traduction française ci-dessous.] Gestern Abend ist deutsche Filmregisseurin Leni Riefenstahl in ihrem Haus in Pöcking am Starnberger See (südwestlich von München) verstorben. Sie war 101 Jahre alt. Obwohl ihr Olympia (Götter des Stadions) als ein Meisterwerk der nazistischen Propaganda, Kult des Körpers, usw., gilt, lasst sich die trotzdem bezaubernde Schönheit der Bilder dieses Filmes jedoch nicht leicht vergessen. Ja, ja, richtig: ein Schwuler spricht.

[Englische Übersetzung des oben Geschriebenen.] Yesterday evening, German filmmaker Leni Riefenstahl died in her house in Pöcking on the Starnberg lake (south-west from Munich). She was 101 years old. Although her Olympia (Gods of the Stadium) passes for a masterpiece of Nazi propaganda, cult of the body, etc., yet the bewildering beauty of the pictures of this film is not easily forgotten. Yeah, right: a faggot speaks.

[Französische Übersetzung des oben Geschriebenen.] Hier soir, la réalisatrice allemande Leni Riefenstahl s'est éteinte dans sa maison à Pöcking sur le lac de Starnberg (au sud-ouest de Munich). Elle avait 101 ans. Bien que son Olympia (Les Dieux du Stade) passe pour un chef-d'œuvre de propagande nazie, culte du corps, etc., malgré cela, la beauté pourtant fascinante des images de ce film n'est pas facilement oubliée. Oui, d'accord : c'est un pédé qui parle.

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(Monday)

Maxwell's equations in MathML

I wrote down a set of electromagnetic relations in XHTML+MathML: this is both because I got tired of looking them up in books all the time and so as to test MathML functionality. And it isn't great: only (a recent version of) Mozilla displays something even vaguely accurate (but far from pretty). Opera shows every formula as a pretty much meaningless sequence of letters and numbers (interestingly enough, the Maxwell-Gauß equation is named Maxwell-Gau [sic] in Opera and becomes simply D=D, which is certainly true, but not what was intended). Konqueror is honest about its inabilities and refuses to even try and open the file. And the big disappointment comes from Amaya which also refuses to understand the MIME type application/xhtml+xml and, even if you force it to, isn't smart enough to avoid (wrongly) displaying the MathML semantic content annotation.

***Sigh***. And this is two and a half years after the standardization of version 2.0 of MathML. Hullo? Anyone doing any work around here?

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(dimanche)

Jussieu

Quand on regarde ces photos du campus le plus laid de l'Univers, Jussieu (site officiel de Jussieu ici — remarquez que les points de vue ne sont pas exactement identiques), on ne croirait pas que c'est l'œuvre d'un grand architecte (Édouard Albert) selon un plan inspiré du magnifique palais de l'Escurial. On ne croirait pas que le projet, dont le seul « 1% culturel » correspondait à un budget de quelque 3.5 millions de francs (de '65), a vu (ou aurait dû voir) des contributions d'aussi grands artistes que Picasso, Braque, Dubuffet, Arp ou Vasarely. Et pourtant !

On me dit (je n'ai pas pu vérifier de façon fiable) que la tour centrale de la fac (qui hébergeait l'administration), cette monstruosité, est maintenant désaffectée à cause de l'amiante, qu'on ne la désamiantera pas parce que ça coûterait trop cher, mais qu'on ne peut pas non plus la raser (soit parce qu'il faudrait d'abord la désamianter pour éviter les projections, soit parce que le site est protégé par les droits — aberrants — de propriété intellectuelle des différents artistes et architectes). Si c'est vrai, c'est vraiment lamentable de penser, avec le prix du mètre carré dans le coin, qu'une tour de trente étages — qui défigure le quartier presque autant que la tour Montparnasse le sien — va rester inoccupée.

Je ne parle même pas (oh une prétérition) de ces graffiti sur la façade à l'entrée (je veux dire, aux coins des barres qui encadrent l'entrée principale) : je ne sais pas de quand ils datent (on m'a suggéré mai '68, dès l'ouverture de la fac) ; plutôt qu'être effacés, ils ont été rendus illisibles par les autorités, en rajoutant des traits un peu partout (mais on peut encore lire quelques mots : en haut du côté est, je lis « on assassine », par exemple) — et c'est resté dans cet état depuis. Impressionnant.

Finalement le pot doré n'est pas si moche que ça…

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(Sunday)

Behold the cubic surface!

[Cubic surface]Here on the left (click to enlarge) you can see—to contradict an earlier statement I made that they are difficult to picture—a (nonsingular) cubic surface, one of the beasts that I've spent a good part of my thesis studing (the arithmetic of). Specifically, this is the surface with (affine) equation y³-3x²y+z³-3z=0. The white rods (fifteen of them, if you count well) are not part of the surface itself—or rather, they are, but they've been emphasized for clarity: they represent the straight lines lying on the surface. There are always twenty-seven straight lines on a nonsingular cubic surface, but all might not be “real” in the sense that some are actually pairs of complex conjugate lines; and this particular surface has fifteen real lines and six pairs of complex conjugate lines. Sometimes three lines on the surface (necessarily in the same plane) meet in one point: then that point is called an Eckardt point; this surface happens to have six Eckardt points (all real), three of which have been shown on the picture as small bright pink spheres (the other three are at infinity so you cannot see them); one of them (namely (0,0,0)) is at the center of the image. I've already mentioned Eckardt points on this 'blog; they have many remarkable properties, but they make the arithmetic of the surface rather harder to study when they exist. The sort of question one might ask is this: given that the surface has one point with rational coordinates (namely (0,0,0)), and since its equation has rational coefficients, is it true that there are points with rational coordinates arbitrarily close to any real point? (And the answer, for this surface, is yes.)

The image was made with the Persistance of Vision (“POV-ray”) raytracer. I don't deserve much credit since POV-ray has a primitive (quite appropriately called cubic!) which draws a cubic surface. My work as a mathematician in composing this image was limited to finding the equation of a nice cubic surface having some Eckardt points and then computing the equation of all the lines on it (a horrendous task in general, but relatively easy for this one surface since it has a very simple equation in which variables are separated). Note incidentally that the colors are not on the surface but come from three colored light sources.

I've also made a little animation of the rotation of the cubic surface (984kbyte AVI file) from the images computed by POV-ray. (Don't ask me how to read it or what codec it uses, I don't know anything about this stuff: I just fiddled around with MPlayer/MEncoder, randomly tweaking the command line options until it produced something that seemed like it was an animation.)

Would you believe it? Cubic surfaces have their own Web site!

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(dimanche)

Morphée, mon amant de chaque nuit

[English translation follows.]

J'aime trop dormir — au point que ça en devient vraiment problématique. Ça fout à l'eau ce qui pouvait me rester d'aptitude sociale : comment puis-je faire quelque chose de mes journées quand le simple fait de mettre un réveil à côté de moi (quelle que soit l'heure sur laquelle il est réglé) m'empêche de trouver un repos satisfaisant parce que je sais que ce repos sera brisé ? Si je me couche à 4h du matin, que je m'interdis d'utiliser un réveil parce que ça me stresse trop, et que je risque de dormir dix ou douze heures, et qu'en plus il me faut deux heures après m'être levé (le temps de manger et de m'habiller, notamment) pour commencer à être opérationnel, je ne peux rien faire avant 18h, et la journée est un peu foutue. Malheureusement pour moi, je ne vois pas trop ce que je peux imaginer comme vie qui ne m'impose jamais de mettre un réveil, ou de faire quelque chose avant 18h.

Aujourd'hui, j'ai promis à ma mère d'aller la voir à Orsay pour déjeuner. Donc, réveil réglé à midi, en me couchant à 4h. Du coup, j'ai terriblement mal dormi, j'ai fini par me lever à 10h30 (plus la peine d'espérer continuer à dormir) de bien méchante humeur.

[Traduction anglaise de ci-dessus.]

I too much like sleeping—to a point where it becomes a real problem. It ruins what I still had left of social aptitude: how can I do anything of my days when simply having an alarm clock beside me (whatever the hour to which it is set) prevents me from getting a satisfactory rest because I know it this rest will be broken? If I go to bed at 4AM and forbid the use of an alarm clock because it is too stressing, and risk sleeping ten or twelve hours, and then need two further hours after I'm up (time to eat and get dressed, for example) to be somwhat operational, I can't do anything before 6PM, and the day is rather ruined. Unfortunately for me, I don't see what kind of life I could imagine that never demands that I use an alarm clock, or do something before 6PM.

Today I promised my mother I'd go see her in Orsay for lunch. So I set my alarm clock for noon, going to sleep at 4AM. Consequently, I slept terribly badly, and ended up getting up at 10:30AM (no hope of getting any more sleep) in a dreadful mood.

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(samedi)

สตรีเหล็ก (Satree Lek) : verdict

Ben c'est bien : allez le voir ! ☺️

J'ai beaucoup aimé. C'est très touchant et drôle, et il y a un petit côté à la fois (légèrement) amateur et authentique qui donne vraiment du charme au film.

Et pourtant ce n'était pas gagné : je suis très facilement agacé (pour ne pas dire mis en furie dès le moindre écart) par toute insinuation d'association entre l'homosexualité masculine et des caractères efféminés. (Il faudra que j'en reparle plus longuement ici, d'ailleurs.) Alors, une équipe de folles ostentatoirement revendiquées, ça avait de quoi éprouver mes nerfs. Mais rien de cela ici, ce sont les adversaires des Satree Leks qui sont joliment ridiculisés par leur homophobie. Et on pourrait ressortir à propos de la sympathique équipe cette jolie phrase que prononce Antonio Fargas dans Car Wash : more man than you'll ever be and more woman than you'll ever get.

Je suis surpris, au passage, que ce soit l'UGC Ciné-Cité les Halles qui ait sorti ce film : normalement c'est plutôt le Mk2 Beaubourg qui fait ce genre de coups. Évidemment, la moitié de la salle était homo rien qu'à vue de nez (ce qui est dommage, parce que ce n'est vraiment pas nécessaire, je pense, pour apprécier ce film), et, forcément, j'ai croisé des gens connus.

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(vendredi)

Carpe diem — bibe noctem

La première chose que je pense le matin quand je me réveille, c'est zut, je ne suis pas mort paisiblement pendant mon sommeil — c'est-à-dire zut, je suis vivant, je vais devoir subir cette journée. Oui, je sais, ça peut paraître parfaitement névrotique (suicidaire), comme pensée, mais je ne me fais pas cette réflexion sur le ton du désespoir, plutôt de l'agacement (ou, à la limite, du découragement). Je ne suis pas suicidaire ne serait-ce que parce qu'il s'agit d'un geste qui cause considérablement plus de désagrément (physique et moral pour celui qui pratique, et moral, aussi, pour ceux qui l'entourent) que la journée que je vais devoir traverser, et qui peut par ailleurs fort commodément être perpétuellement remis au lendemain (jusqu'à ce que le destin s'en charge à votre place). Je ne m'endors pas non plus en espérant ne jamais me réveiller, parce que j'en suis déjà convaincu : le David Madore qui s'endort n'est pas le même que le David Madore qui se réveille le lendemain en rouspétant — le premier meurt le soir avec soulagement, et le second est un nouvel individu créé avec les souvenirs de l'ancien (et qui hérite de son solde face au monde). Voilà pourquoi j'aime tellement dormir. Et voilà aussi pourquoi je remets si volontiers les choses au lendemain : ce sera à quelqu'un d'autre de s'en charger, en pestant contre ce que son prédécesseur lui a légué. Oui, oui, je sais, c'est une politique de l'autruche.

Pour ceux qui n'ont pas compris : je suis en train de dire que j'aime la vie — que je cueille le jour et que je croque à pleines dents dedans (eritis sicut dei scientes bonum et malum ?). Si vous ne comprenez toujours pas, vous n'êtes pas mûrs pour la philosophie Zen (ah, tiens, il faudra que je mette quelque part sur mon site Web mon kōan sur le bonheur).

Tiens, aujourd'hui, quand je suis descendu à la station Place d'Italie, mon métro allait repartir quand une vieille dame (toute souriante) est arrivée sur le quai, et a essayé de se dépêcher pour attraper la rame : forcément, elle n'allait pas bien vite, même comme ça, et elle a pris très longtemps à arriver jusqu'aux voitures, mais le conducteur l'a attendue. Moi je suis resté à regarder ça, la vieille dame qui marchait aussi vite qu'elle pouvait et le métro qui l'attendait : je ne sais pas au juste pourquoi, j'ai trouvé cette scène très belle et très heureuse (indépendamment de la question de savoir si c'est normal ou gentil de la part du conducteur d'avoir attendu la vieille dame — ce n'est pas du tout le propos).

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(vendredi)

สตรีเหล็ก (Satree Lek)

Je compte voir ce film (voir aussi sa fiche Allociné) demain (samedi) soir à l'UGC Ciné-Cité les Halles (à une des séances de 18h10, 20h20 ou 22h30, je ne sais pas encore ; Mise à jour : c'est celle de 22h30). Plusieurs personnes m'en ont dit énormément de bien. Si des gens veulent aussi le voir et auraient envie d'y aller avec moi, qu'ils me contactent.

[N'est-ce pas que le Web est génial ? Je ne connais pas un mot de thaï (enfin, si, maintenant, j'en connais deux — สตรี qui veut dire « femme », et เหล็ก qui veut dire « fer » — mais il y a dix minutes je n'en connaissais pas un), et en jouant un peu le détective grâce à l'IMDB, Google, Unicode et thai-language.com, j'ai réussi, à partir d'une transcription foireuse, à retrouver l'écriture originale du titre, qui doit être correcte puisque quand on la recherche dans Google, on tombe bien sur le site officiel du film.]

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(Friday)

Anti-software-patent ad

[Traduction française ci-dessous.]

After much hesitation (as to whether the method is efficient, not as to whether the cause is just!), I decided to include in each of my pages this special ad calling for lobbying against software patents in Europe. I'll only keep the ad for a few days, though, because beyond that it will only annoy people and be detrimental to the cause that I'm trying to advocate; maybe until 2003-09-22 which is when the European parliament is voting in plenary session on this subject (the commission vote has already taken place and is favorable to software patents by twenty to eight and one abstention). If you don't see the ad above because I've removed it, here it is again (in “large, friendly letters”):

Special request: please help fight software patents in Europe!

I could write pages about why software patents are evil and why they shouldn't be permitted, or about what you can do to help, but it turns out that other people have already done this, and much better than I would. If you wish to know more, or if you think you can help, please see:


[French translation of the above.]

Après beaucoup d'hésitation (quant à savoir si la méthode est efficace, non si la cause est juste !) j'ai décidé d'include dans chacune de mes pages cet appel spécial au lobbying contre les brevets logiciels en Europe. Je garderai la bannière seulement quelques jours cependant, parce qu'au-delà cela ne ferait qu'agacer les gens et serait nuisible à la cause que je veux promouvoir ; peut-être jusqu'au 2003-09-22 qui est la date à laquelle le parlement européen va voter en session plénière sur la question (le vote en commission a déjà eu lieu et est favorable aux brevets logiciels par vingt voix contre huit et une abstention). Si vous ne voyez pas la bannière ci-dessus parce que je l'ai retirée, la revoici (en « grosses lettres sympathiques ») :

Appel spécial : aidez à combattre les brevets logiciels en Europe !

Je pourrais écrire des pages sur pourquoi les brevets logiciels sont néfastes et poruquoi ils ne devraient pas être permis, ou sur ce que vous pouvez faire pour aider, mais il se trouve que d'autres gens l'ont déjà fait, et mieux que je n'y arriverais moi-même. Si vous voulez en savoir plus, ou si vous pensez pouvoir aider, voyez :

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(jeudi)

Little Neo m'a (presque) tuer

[English translation follows.] Little Neo, qu'on voit occasionnellement (« ln ») dans les commentaires de ce 'blog, m'a bien eu avec le test qui se trouve sur son site Web, je tiens à le dire (mais je ne sais pas si je dois le féliciter ou l'engueuler — en tout cas je suis la victime facile de ce genre de choses). Avertissement : n'essayez qu'à vos risques et périls, vous pourriez bien le regretter, vous sentir très bête, ou pire.

[Traduction anglaise de ci-dessus.] Little Neo, sometiems spotted (« ln ») in the comments section of this 'blog, really had me with the test which is found on his Web site, I mean to say is (but I don't know whether I should be congratulating him or bawling him out—at any rate I'm an easy victim for this kind of thing). Warning: try at own risk, you could very well regret it, feel very stupid, or worse.

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(jeudi)

Il me faut un nouveau mobile

Mon téléphone portable — ahem, mobile — est en train de rendre l'âme (si tant est qu'il en ait une). Notamment, il lui arrive fréquemment, au cours d'une communication, et sans raison apparente, d'émettre une sonnerie censée indiquer l'épuisement des batteries et de s'éteindre (alors que les batteries, d'après l'indicateur de charge, si on rallume le téléphone, sont encore pleines). C'est pour le moins gênant. Et il a quelques autres comportements pénibles également révélateurs d'un dysfonctionnement lié sans doute à une fin de vie utile. Pourtant, il n'a même pas quatre ans : je trouve ça un peu court, vu que je ne suis pas de ceux qui ont envie de changer de mobile tous les ans pour être à la pointe du progrès (d'ailleurs, le truc que j'ai, un Siemens A36, était déjà « obsolète » quand je l'ai eu).

Par ailleurs, mais ce n'est pas nouveau, ce mobile ne capte pas dans mon appartement. C'est un peu pénible, parce qu'il y a toujours des gens qui ne pensent pas à essayer d'appeler mon téléphone fixe avant mon mobile : le téléphone sonne, j'entends vaguement mon interlocuteur (entrecoupé de silences plus ou moins longs) mais lui, apparemment, ne m'entend pas.

Je vais donc sans doute me mettre en quête d'un remplacement. Mes priorités sont : la robustesse et l'autonomie (et, dans une moindre mesure, le poids, mais je ne suis pas trop exigeant). La robustesse est vraiment de loin le plus important : idéalement, je voudrais un appareil que je peux faire tomber de 2m de hauteur sur le parquet (ou le bitume) sans risquer qu'il soit abîmé — j'espère qu'on sait faire ça. Les gadgets comme les jeux, la lecture de MP3, l'écran graphique couleur, l'accès Wap et Web, la fonction appareil photo ou caméra, l'enveloppe changeable, tout cela ne m'intéresse pas du tout. En revanche, avoir quelque chose de bon marché me plairait considérablement, parce que mon porte-monnaie n'est pas au mieux de sa forme.

Encore faut-il que je décide, aussi, si je change de formule ou si je reste sur le système actuel : certes je n'en pense pas beaucoup de bien, mais je doute que les concurrents soient moins malhonnêtes. Je ne suis pas trop enthousiaste pour changer mon numéro, non plus — sauf que je n'ai aucune solution pour garder ma formule et changer le téléphone autrement qu'en achetant un nouveau téléphone non verrouillé (ce qui coûte ¤¤¤).

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(jeudi)

Les bonnes résolutions ne tiennent pas

Je me suis levé à 15h aujourd'hui. En fait, j'étais réveillé depuis assez longtemps, mais je n'avais vraiment pas le courage d'affronter cette journée, alors j'ai préféré rester au lit selon la politique de l'autruche : peut-être que la journée va disparaître d'elle-même (« si je ferme les yeux et que je n'embête pas le monde, le monde va-t-il me laisser tranquille ? »).

Pour ma défense, j'ai un rhume. Un petit, seulement, semble-t-il, mais ce n'était pas encore clair au moment où je me suis réveillé. Je passe le quart de ma vie à avoir des rhumes — surtout aux alentours de la rentrée (j'en enfile normalement cinq ou six entre septembre et décembre).

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(Thursday)

A riddle

What do I (David Madore) have in common with Danish unicyclist Morten Borges, French soccer player Johann Charpenet, Canadian wrestler J. C. Derksen, Hungarian consultant Vass Enikő-Ibolya, French engineer David Gerson, American baseball player Troy Glaus, Canadian Hockey player Jason Groleau, Australian mystic “gypsiefire”, Thai star actor Chatyodom Hirunyattithi (“Chai”), American artist “Jenny”, sometime Dune singer Tina Lacebal, Finnish Linux guru Ville Laurikari, French engineer Christophe Monin, US marine and Naval academy member Bryant Nunn, American singer and guitarist Lea Pop(ielinski), Malaysian engineer Khairul Salleh bin Mohamed Sahari, French roller champion Ghizlane Samir, Canadian cyclist Mathieu Toulouse, and a couple hundred thousand other people on Earth, famous or unknown, from all countries and just about all professions?

This should be obvious enough.

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(Wednesday) · First Quarter

Pseudo-tarot is tried

[Traduction française ci-dessous.]

As I had announced, my (still nameless) game of pseudo-tarot has been tried today: three full games (of five rounds each), with five players each (two disjoint sets of five players for the first two games, played simultaneously, and then those five who were willing to go for one more game after dinner); plus a few test rounds (one with eight players, to “warm up”, and one or two between games). A few modifications have been made to the rules, by consensus (in particular, we came up with a different effect for the Hierophant, and we slighly modified the Devil and Justice and the interaction between these): I updated the corresponding page to reflect this. A couple of interactions still need some clarification: we played by consensus in these cases, and not always consistently.

The two conclusions are: first, the game is fun, at least if everyone is willing to have fun, and does not take it too seriously, and, second, there is hardly any strategy in this thing, mostly luck. It's fun in the way that Uno or Mille Bornes are fun—but much more than these (in our opinion, at least). It's fun because there's always something unexpected happening; or because of the exhilarating sensation when luck puts in your hand just the card that will annoy your favorite opponent. It's also fun because the rules are a bit crazy, and at first, when nobody knows them too well and keeps fumbling through the papers, there's many a good laugh to be had (“so that's what this card does!”). But don't expect this to be a strategy game: it isn't. Even though I wrote the rules in a very dry and formal style, it's just about relaxing and having a good time in a crazy battle.

Five players is probably the ideal number. I recommend the use of these cards [note: not sure that URL is correct—the Amazon.com server seems to have died just when I wanted to check], but any tarot deck will do.

[French translation of the above.]

Comme je l'avais annoncé, mon jeu de pseudo-tarot (toujours anonyme) a été essayé aujourd'hui : trois parties complètes (de cinq manches chacune), avec cinq joueurs dans chaque (deux ensembles disjoints de cinq joueurs pour les deux premières parties, jouées simultanément, et ensuite les cinq qui voulaient refaire un jeu après le dîner) ; plus quelques manches d'essai (une avec huit joueurs, pour « s'échauffer », et une ou deux entre les jeux). Quelques modifications ont été faites aux règles, par consensus (en particulier, nous avons trouvé un effet différent pour le Pape, et nous avons légèrement modifié le Diable et la Justice et l'interaction entre ceux-ci) : j'ai mis à jour la page correspondante pour refléter cela. Quelques interactions ont encore besoin d'être clarifiées : nous avons joué par consensus dans ces cas, et pas toujours de façon cohérente.

Les deux conclusions sont les suivantes : d'abord, le jeu est amusant, au moins si tout le monde a envie de s'amuser, et ne le prend pas trop au sérieux, et, deuxièmement, il n'y a à peu près aucune stratégie dans ce truc, essentiellement de la chance. C'est amusant de la façon dont Uno ou Mille Bornes sont amusants — mais bien plus que ceux-ci (à notre avis du moins). C'est amusant parce qu'il y a toujours quelque chose d'inattendu qui se passe ; ou à cause du sentiment excitant quand la chance met dans votre main justement la carte qui va emmerder votre adversaire préféré. C'est aussi amusant parce que les règles sont un peu folles, et au commencement, quand personne ne les connaît trop bien et parcourt sans arrêt les papiers, il y a bien de quoi rigoler (« ah, c'est ça que cette carte fait ! »). Mais ne vous attendez pas à ce que ce soit un jeu de stratégie : ce n'est pas le cas. Même si j'ai écrit les règles dans un style très sec et formel, c'est surtout pour se détendre et passer un bon moment avec une bataille cinglée.

Cinq joueurs est probablement le nombre idéal. Je recommande l'usage de ces cartes [note : je ne suis pas sûr que cette URL est correcte — le serveur Amazon.com semble être mort juste quand j'ai voulu vérifier], mais n'importe quel jeu de tarot conviendra.

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(mercredi) · Premier Quartier

Le pot doré devant Beaubourg

[200e entrée dans ce 'blog ! Hourra, hourra !]

(Non, je n'étais pas présent — ni comme participant ni comme spectateur — à la dernière Flash Mob à Paris, j'en ai juste lu un compte-rendu, ce qui m'amène à ressortir cette réflexion que je m'étais déjà faite.)

Ce gigantesque — et hideux — pot de fleur doré (œuvre de Jean-Pierre Raynaud, paraît-il) sur le parvis devant le centre George Pompidou, ce symbole monumental de mon incompréhension de l'art contemporain, pourrait devenir quelque chose de magnifique, de beau, si seulement on y mettait quelque chose. Imaginez : un petit arbre — j'y verrais bien un pommier nain, ou bien peut-être un cerisier du Japon — surgissant de cette monstruosité dorée. Ça ce serait grandiose.

(Pour ceux qui ne connaissent pas Paris et n'ont pas vu la chose, je fournirais bien une photo, mais (a) je n'ai pas envie de défigurer mon 'blog avec ça, (b) de toute façon ce serait illégal à cause des lois profondément débiles qui existent maintenant dans le monde sur la « Propriété intellectuelle » et qui interdisent de « reproduire » ce genre de choses, et (c) en fait, c'est idiot, il n'y a pas grand-chose à reproduire, il suffit de s'imaginer un pot de fleur de couleur dorée, haut de peut-être 3m (c'est dur à évaluer) placé au sommet d'un piédestal.)

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(mardi)

De l'art de rendre la monnaie

Apparemment c'est une opération trop compliquée pour la plupart de nos concitoyens de comprendre comment rendre la monnaie. Ce n'est pas la première fois que je m'en plains. Voici un exemple typique de ce qui m'arrive régulièrement, et qui s'est produit encore récemment : on me demande 17.18€ au supermarché ; je tend un billet de 20€, deux pièces de 1€ et une pièce de 0.20€ — et là, la caissière repousse les deux pièces de 1€ en me regardant comme si j'étais un demeuré (style, mais pourquoi me donne-t-il 22.20€ pour payer 17.18€, celui-là ? les 2€ sont clairement de trop !). Est-ce vraiment si compliqué à comprendre ? Si je donne deux pièces de 1€, c'est pour qu'on me rende un billet de 5€, plutôt que 3€ en pièces, dont j'ai peut-être déjà trop dans mon porte-monnaie. Même chose au niveau cents ou des dizaines de cents : par exemple, pour payer 3.07€, si je donne une pièce de 2€, une de 1€, une de 0.10€ et une de 0.02€, typiquement on me refuse celle de 0.02€, on ne prend que 3.10€ pour me rendre 0.03€ de monnaie, parce qu'il n'est « pas normal » que je donne 3.12€ pour payer 3.07€ quand 3.10€ suffisent ; ou, si je dois payer 1.80€ on comprendra mal pourquoi je donne 2.30€ et pas simplement la pièce de 2€. Comme quoi la congruence modulo cinq ne passe pas ; alors que modulo dix, ça passe : si je dois payer 3.12€ on comprendra que je donne 3.22€ (et pas juste 3.20€ qui suffisent). Et modulo deux ça passe encore moins bien que modulo cinq : personne ne comprendra que si je donne 1.12€ (=1€+0.10€+0.02€) pour payer 0.92€, c'est parce que je veux remplacer ma pièce de 0.10€ par une de 0.20€ plutôt qu'en récolter une deuxième.

Alors je ne vous dis pas, quand le même phénomène se produit sur plusieurs niveaux : si pour payer 37.69€ je donne — machinalement — 63.21€ (=50€+10€+2€+1€+0.20€+0.01€), je passe pour un cinglé complet, ou quelqu'un qui n'a pas lu le prix, ou qui « raisonne encore en francs », ou quelque chose comme ça. Bien sûr que c'est mieux de donner 40.70€ (par exemple), mais si je donne 63.21€, c'est bien que je n'ai pas de billet de 20€ ni de pièce de 0.50€, alors que j'ai trop de 1€ et de 0.20€ ! Bon, c'est un exemple un peu caricatural, même moi je ne ferais pas ça. Mais il y a un phénomène scientifique là-dessous : si les gens ne font pas les rassemblements modulo deux et cinq, et qu'ils les font modulo dix, alors les pièces de 0.01€, 0.10€ et 1€ (et les billets de 10€) devraient avoir tendance à apparaître dans les porte-monnaies plus que les autres pièces (ou en tout cas plus que dans une situation où tout le monde gèrerait la monnaie de façon optimale). Il faudrait des études précises sur le sujet.

En vérité, je m'arrange pour avoir toujours un porte-monnaie assez bien garni pour pouvoir faire l'appoint (mais, bien sûr, c'est justement en ne le faisant pas toujours que je m'assure qu'il est bien garni…). Notamment, les pièces de 1€ et 2€, je les collectionne (pour les distributeurs c'est bien pratique) en faisant presque toujours comme si je n'en avais aucune dans mon porte-monnaie lorsqu'il s'agit de payer (donc je paye au-dessus). Jusqu'à ce que j'arrive vraiment à en avoir trop (la dernière fois que j'ai compté, j'avais plus d'une vingtaine d'euros en pièces), et là je me mets à les liquider — ça descend beaucoup plus vite que ça ne monte, ces choses.

Des gens font des études ou des collections sur la provenance nationale des pièces dans leur porte-monnaie, mais déjà avec les différentes dénominations il y a des considérations très intéressantes. Ayons pitié des Américains qui n'ont que des pièces de 0.01$, 0.05$, 0.10$ et 0.25$ (et très rarement 0.50$ et 1$)!

OK, OK, peut-être que je suis effectivement cinglé.

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(mardi)

Jumeaux

Une émission sur M6 tout à l'heure consacrée aux jumeaux ; le genre d'émissions typique de M6 : une vague sauce scientifique sur un reportage un peu creux, un zeste de caméra cachée, pas mal de rigolade, et le tout donne quelque chose de pas trop sérieux, vaguement écervelant, mais qui se laisse finalement regarder.

Certainement j'aurais regardé de toute façon, parce que — comme sans doute pas mal de monde — j'ai toujours été fasciné par les jumeaux. Déjà par la fraternité (je suis fils unique) : mon ami Laurent m'en avait fait la remarque très tôt à la lecture de mes œuvres littéraires (en particulier La Larme du Destin ; plus récemment j'ai été très clair dans mon Requiem à la mémoire d'une ombre), mais plus encore par la gémellité.

Clairement un fantasme homo : je ne sais pas en général, mais dans mon cas c'est indubitable, et j'ai pu constater que ce n'est pas rare pour les homos d'avoir cette fascination pour les jumeaux, pour leur relation très proche, parfois fusionnelle, et sur l'idée de possibles rapports incestueux. C'est idiot, me disait un ami, autant fantasmer sur quelqu'un en train de se masturber que sur deux jumeaux qui baisent ensemble. Certes, et pourtant ! (Bon, il y a bien sûr des gens qui tripent sur la masturbation solitaire, mais ce n'est pas trop mon truc — comme fantasme, je veux dire, hein 😉.)

En plus, c'est idiot : vu que je suis absolument persuadé que je ne me supporterais pas moi-même si je devais me côtoyer, je ne vois pas comment je pourrais supporter un frère jumeau (bon, en grandissant avec, c'est autre chose, mais justement je ne serais pas moi-même — et je serais peut-être moins imbuvable — si j'avais eu un germain). De toute façon, je ne peux pas avoir un evil twin brother séparé de moi dès la naissance, parce que si c'était le cas je l'aurais forcément retrouvé grâce à Google. 🤪

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(Tuesday)

My email is back on its feet

[Traduction française ci-dessous.]

The email difficulties I had been experiencing are now mostly gone. They turn out to have been caused by the combination of a number of “bad luck” factors: number one, the Sobig.F virus; number two, the fact that someone on the same server was receiving an incredible number of them (several hundreds in an hour); number three, a horrendously slow virus filter that didn't work well and just ate up all the CPU time to no avail (so the system couldn't catch up with the number of emails received); number four, limited disk space; number five, our usual system administrator being away in August and the substitute being not as competent as we might have wished; number six, the fact that Solaris stores its sendmail configuration file in /etc/mail/sendmail.cf rather than /etc/sendmail.cf and I did not know; and, number seven — to please a reader of this 'blog — the fact that we use sendmail in the first place rather than qmail.

But things seem to be back to normal, now. I may still be receiving emails that have been delayed for indefinite periods, still. And it isn't impossible that a couple have been lost. So if you sent me something really important in the last two or three weeks and aren't sure that I received it, you might as well resend it.

Naturally, the fact that I now receive email normally doesn't mean that I'll suddenly be much better at replying. 😉

[French translation of the above.]

Les difficultés avec mon mail que j'ai connues sont maintenant à peu près disparues. Il se trouve qu'elles étaient causées par la combinaison d'un certain nombre de facteurs « malchance » : primo, le virus Sobig.F ; secundo, le fait que quelqu'un sur le même serveur en recevait un nombre incroyable (plusieurs centaines par heure) ; tertio, un filtre à virus atrocement lent qui ne fonctionnait pas bien et se contentait de bouffer tout le temps CPU pour rien (de sorte que le système ne pouvait pas suivre le nombre d'emails reçus) ; quarto, l'espace disque limité ; quinto, l'absence en août de notre administrateur habituel et le fait que le remplaçant n'était pas aussi compétent qu'on aurait pu le vouloir ; sexto, le fait que Solaris stocke son fichier de configuration sendmail dans /etc/mail/sendmail.cf au lieu de /etc/sendmail.cf et je ne savais pas ; et, septimo — pour faire plaisir à un lecteur de ce 'blog — le fait qu'on utilise sendmail en premier lieu plutôt que qmail.

Mais les choses semblent être revenues à la normale, maintenant. Je risque de continuer à recevoir des mails qui ont été retenus pendant une période indéfinie. Et il n'est pas impossible que quelques-uns aient été perdus. Donc si vous m'avez envoyé quelque chose de vraiment important pendant les deux ou trois dernières semaines et n'êtes pas sûr que je l'ai reçu, vous pourriez aussi bien le renvoyer.

Naturellement, le fait que je reçoive les mails normalement ne signifie pas que je sois devenu soudainement meilleur pour y répondre. 😉

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(lundi)

2003-09-01

[English translation follows.]

Voilà, nous sommes en septembre (c'est fou comme le fait de tenir un 'blog divisé en mois fait prendre conscience du passage du temps). J'ai atteint l'année Bac+9. Et j'en profite pour regarder ce qui m'attend, professionnellement.

Ma thèse a maintenant de sérieuses chances d'être menée à son terme, et peut-être même d'ici décembre (du moins, c'est ce qui est prévu). Rien n'exclut, évidemment, un blocage inattendu ou un malheur quelconque, mais enfin les chances commencent à se préciser que je porte avant trop longtemps le titre de Docteur de l'Université de Paris XI (oui, mon fan-club commençait à désespérer, et moi avec). Mon directeur de thèse et moi-même sommes convenus (au début de cet été) de ce qu'il me restait à faire avant de soutenir, et cela semble atteignable. À part pour une inévitable introduction au sujet, je n'aurai pas de phase de rédaction (souvent si pénible pour les thésards) parce que ma thèse sera simplement la réunion d'une série d'articles soit déjà parus soit soumis à publication. Le principal regret qu'on peut avoir, c'est qu'alors que l'intitulé de mon sujet était Arithmétique des variétés rationnellement connexes, je n'aurai pour ainsi dire travaillé que sur les hypersurfaces cubiques (et même, plus précisément, que sur les surfaces cubiques, autrement dit la dimension 2), qui sort certes des variétés rationnellement connexes, mais tout de même assez particulières ; et au lieu d'appliquer de belles et grandes techniques de déformation à la façon de Kollár, j'ai surtout travaillé avec les symétries (et combattu les points d'Eckardt) sur les surfaces cubiques. J'ai certes aussi un petit article minable sur la R-équivalence très libre sur les variétés toriques et surfaces de Del Pezzo de degré 5 (autres variétés rationnellement connexes), mais ce n'est vraiment pas grand-chose ; et mon article commun avec mon directeur de thèse, qui parle certes de surfaces de Del Pezzo de degré 4 (en plus — encore une fois — de celles de degré 3 qui sont précisément les surfaces cubiques), ne sera pas versé à ma thèse parce qu'il est cosigné. Je risque de ne plus pouvoir voir une surface cubique, même en photo, quand j'aurai fini (ça tombe bien, c'est difficile à photographier ☺️).

Et justement, après la thèse ? Eh bien je ne sais pas. La suite naturelle serait de postuler une charge d'enseignant-chercheur en fac ou de chercheur au CNRS (cette dernière possibilité étant à peu près perdue d'avance à cause des restrictions draconiennes sur le nombre de postes). Bref, devenir mathématicien, ce qui est logique après une thèse de maths. J'exclus d'emblée la possibilité d'un post-doc à l'étranger, vue ma profonde aversion pour toute forme de voyage. Et je ne suis pas non plus terriblement emballé à l'idée de me retrouver maître de conf' en province, moi qui ai passé les cinq dernières années à apprendre à aimer Paris jusqu'à ne plus pouvoir supporter de vivre ailleurs (et puis, matériellement, je suis propriétaire d'un appartement à Paris, et je n'ai aucune intention de le revendre) : bon, à la limite il est possible d'avoir un poste à Lyon ou Lille (par exemple) tout en habitant Paris, et faire de fréquents allers-retours. Sans post-doc, et avec une thèse qui ne révolutionne pas le monde, mes chances à Paris sont limitées.

Quant au travail de recherche… Bien sûr que les mathématiques pures me passionnent, mais les questions qui me motivent semblent sans aucun rapport avec celles qui motivent les autres mathématiciens (le journal mathématique que j'ai tenu par le passé le prouve) ; les « questions intéressantes » (comme on les qualifie) ne m'intéressent pas, ce sont les « questions élégantes » que je recherche ; les démonstrations m'intéressent moins que les énoncés des théorèmes (toujours les plus élégants possibles), et les théorèmes moins que les définitions et les formalismes harmonieux. Bref, j'ai le sentiment de ne pas être en phase avec le monde de la recherche mathématique, de ne pas poursuivre le même but. 😕 Et je ne suis pas non plus sûr d'arriver à (ou simplement d'avoir envie de) socialiser avec les mathématiciens.

Et sinon mathématicien, quoi ? Eh bien je n'ai pas trop le choix : à moins de vouloir démissionner (ou au moins prendre un congé pour convenance personnelle) de mon poste d'agrégé, ce serait pour enseigner (par exemple en prépa) ; ce qui ne me motive que très médiocrement (enseigner me plaît, mais refaire toujours le même programme… quelle barbe ! et le niveau mathématique du programme de prépa est bien peu intéressant), et corriger les copies est très pénible. Enseigner demande pas mal de temps (à moins de me mettre à mi-temps, mais alors ce serait forcément en lycée, donc encore plus chiant), mais moins que d'autres choses que je serais susceptible de faire. De toute façon, il est hors de question que je cherche du travail dans l'informatique (même si j'en trouverais sûrement) : mes nerfs craqueraient sans doute encore plus vite face à un ordinateur et un programme con à écrire que face à une trentaine d'étudiants ou lycéens (pour le lycée, ça dépend où, certes). Quand j'en ai parlé à mon directeur de thèse, il m'a confié qu'il avait lui-même à un moment nourri l'idée de partir enseigner pour être tranquille et pouvoir se consacrer en même temps à l'écriture. Ce n'est pas absurde ; si j'avais vraiment foi en mes talents d'écrivain, je n'hésiterais pas.

Pourtant, rapidement, je vais devoir faire un choix. Le choix de ma carrière, au fond, et ce n'est pas facile.

[Traduction anglaise de ci-dessus.]

So, we are now in September (crazy how holding a 'blog that's divided in months makes one aware of the passage of time). It's now been nine years since I graduated from high school. And I take the occasion to look at what's ahead of me, professionally.

My doctorate thesis now has serious chances of going to its end, and perhaps even before the end of the year (at least, that's what is planned). Nothing says, of course, an unexpected obstacle won't come up, or some disaster, but the chances are getting better that I'll have before long the title of doctor of the University of Paris XI (yes, my fan-club was beginning to despair, and I along with it). My thesis advisor and I agreed (at the beginning of summer) on what remains for me to do before I defend my dissertation, and it seems within my reach. Apart from the inevitable introduction to the domain, I won't have any special composition stage to go through (which doctorate students often find a great pain) because my thesis will just be the collection of a series of articles either already published or submitted for publication. The main regret I can have is that although the wording of the subject was Arithmetic of rationally connected varieties, I practically will have worked only on cubic hypersurfaces (and even, more specifically, on cubic surfaces, in other words, dimension 2), which are indeed rationally connected varieties, but very specific ones; and instead of applying beautiful and general deformation techniques in the manner of Kollár, I have mostly worked with symmetries (and fought Eckardt points) on cubic surfaces. True, I have also a small and insignificant article on very free R-equivalence on toric varieties and Del Pezzo surfaces of degree 5 (further rationally connected varieties), but it really isn't much; and my joint paper with my thesis advisor, which is indeed on Del Pezzo surfaces of degree 4 (besides—again—those of degree 3 which are precisely cubic surfaces) won't go into my thesis since it is co-signed. I probably won't be able to stand the sight of a cubic surface, when I'm done (well, that's all right, they're difficult to get a sight of, anyway ☺️).

So, precisely, after the thesis? Well, I don't know. The natural continuation would be to apply for a research-and-teaching position in a University or for a pure research job at the CNRS (the latter possibility being essentially doomed from the start because of severe cuts in the number of positions). In a word, to become a mathematician, which is logical after a doctorate in mathematics. I immediately rule out the possibility of a post-doc abroad, because of my deep aversion for any kind of travel. And I'm not too terribly enthusiastic either about getting an assistant professor's position away from Paris, after I've spent the last five years of my life getting to love this city and not being able to bear living elsewhere (and then, materially, I own an apartment in Paris and have no intention of selling it): all right, I could in principle have a position in Lyon or Lille (for example) and still live in Paris, and commute frequently. Without a post-doc, and with a thesis that doesn't turn the world around, my chances in Paris are limited.

As for research work… Of course pure mathematics fascinates me, but the problems which motivate me seem very different from those which motivate other mathematicians (the mathematical diary which I've held in the past proves it); « interesting questions » (as they are qualified) don't interest me, it is « elegant questions » which I seek; proofs interest me less than the statement of theorems (always as elegant as possible), and theorems less than definitions or harmonious formalisms. In brief, I have a feeling of being out of phase with the world of mathematical research, not to pursue the same goal. 😕 And I'm also unsure that I can (or even want to) socialize with mathematicians.

But if not mathematician, then what? Well, I don't have much choice: unless I resign (or take leave for personal convenience) from my office as agrégé [state employee as qualified high school teacher], it would be to teach (for example in preparatory classes [“classes préparatoires”]); which I find only very mediocrely motivating (I like teaching, but to endlessly go through the same curriculum… what a bore! and the mathematical level of the preparatory classes curriculum really isn't very interesting), and grading exams is a real pain. Teaching takes rather a lot of time, but less than other things that I might do. In any case, it is out of question for me to seek employment in the computer industry (even if I surely might find it): my nerves would certainly crack much faster before a computer and a stupid program to write than before thirty or so students (well, if in high school, it depends where, assuredly). When I spoke of this to my thesis advisor, he confided that he had himself at some point entertained the idea of going into teaching so as to have the leisure and time to write. It isn't absurd; if I really had faith in my gifts as a writer, I wouldn't hesitate.

But, rapidly, I'll have to make a choice. The choice of my career, in fact, and it isn't easy.

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