Une émission très intéressante à l'instant sur France 5 consacrée au divorce. Je n'imaginais pas que ce n'était qu'en 1975 que le divorce par consentement mutuel avait enfin été réintroduit en France (avant n'existait, et depuis 1884, que le divorce pour faute), dans la foulée de la loi Veil [et pas Weil, bien sûr ! merci Chrodegang] sur l'interruption volontaire de grossesse : même si le président d'alors (Valéry Giscard d'Estaing) n'a plus trop la cote actuellement (et je m'abstiendrai de dire quoi que ce soit sur son Premier ministre d'alors, qui a en tout cas fait preuve d'une belle longévité politique), il faut au moins lui savoir gré d'avoir reconnu la nécessité de faire enfin adopter des lois indispensables pour refléter l'évolution des mœurs et des mentalités.
Certaines mesures provoquent une très vive polémique au moment du débat parlementaire, et sont, quelques années plus tard, reconnues à peu près universellement comme des acquis sociaux indéniables et irrévocables ; un demi-siècle plus tôt ils pouvaient paraître absolument inimaginables. C'est sans doute ça que l'on appelle le progrès (social) : le législateur le précède-t-il ou le suit-il ? je l'ignore, mais certainement il doit l'accompagner.
J'aimerais avoir un tableau récapitulant, pour les grands pays du monde, les dates des principales mesures ponctuant cette marche vers le progrès : liberté de la presse, liberté d'association, abolition de l'esclavage, fin des discriminations raciales (du moins de jure ! pour le de facto, je crois qu'on attend encore), égalité entre hommes et femmes (notamment pour le droit de vote), séparation de l'Église et de l'État, dépénalisation de l'avortement, abolition de la peine de mort, etc. Et il serait intéressant d'attribuer un « score de progrès » aux différents pays comparés, sur la base des dates de ces mesures (avec, bien sûr, une pénalité pour celles qui restent à accomplir).
Cela soulève aussi l'évidente question : si nous pouvons voir les marches qui sont derrière nous, quelles sont les prochaines que nous devons gravir ? Et, dans un demi-siècle (si le destin nous prête vie), nous qui nous croyons maintenant Éclairés, aurons-nous encore la clairvoyance de reconnaître le progrès où il sera ? ou au contraire serons-nous dépassés par la nouveauté comme l'ont été certains grands esprits, prêts à accompagner le progrès jusqu'à un certain point seulement ?