Comme le Wifi de l'hôtel est excellent (et que je m'ennuie un peu
en attendant mon poussinet qui est allé voir une pièce de théâtre
néo-expérimentale qui ne m'intéressait pas a priori), je peux raconter
un peu mes premières impressions de New
York.
Sur le voyage lui-même, je n'ai pas grand-chose à dire, à part
qu'il a été prévisiblement fatigant (18 heures de porte à porte de
chez nous à notre chambre d'hôtel, c'est tout de même long — ça ne
fait d'ailleurs que 320km/h de moyenne si on prend la distance en
ligne droite). Nous avons fait la folie de prendre la classe affaires
(ce qui explique le vol avec escale à Toronto, sinon c'était hors de
nos moyens), et il faut dire que la classe affaires sur le nouveau
Boeing 787 Dreamliner d'Air
Canada dont ils sont très
fiers (apparemment notre avion avait quelque chose comme 20 jours
de vol commercial), c'est vraiment luxueux — les sièges presque des
cabines, avec un petit bureau sur le côté et moyen de se mettre
complètement à l'horizontal, ce qui fait que mon poussinet a très bien
dormi et moi j'ai même réussi à fermer l'œil quelques heures. (Sinon,
j'ai regardé le dernier
Woody Allen, et je l'ai beaucoup aimé.) Ah, et sinon, passer
l'immigration américaine à Toronto, c'est plus sympa, les agents
des US Customs and Border
Protection sont nettement plus détendus qu'aux États-Unis.
Sinon, la première chose que j'ai vue en arrivant à l'aéroport de
New York LaGuardia (après des écrans qui diffusaient des matchs de
football américain), c'est une enseigne lumineuse portant en gros
caractères l'inscription God
bless our troups
(je crois que c'est quelque chose comme
l'aumonerie de l'aéroport qui faisait une messe spéciale pour les
troupes américaines). Juste après, j'ai vu une pub pour un rachat des
dettes d'emprunts étudiants. Ce pays est parfois vraiment la
caricature de lui-même !
Mais bon, je ne vais pas commencer la liste des choses qui
m'agacent aux États-Unis, sinon je vais commencer à pester contre les
prix indiqués hors taxes qui font qu'on ne sait jamais combien on va
payer (sauf à savoir multiplier de tête par 1.08875, ce qui n'est pas
mon cas — ou sauf pour la nourriture qui n'est apparemment pas taxée
(dans certains cas ?) — dans l'état de New York). Et contre le fait
qu'on doive choisir combien on va laisser pour le service dans les
restaurants, ce qui est franchement une honte. Et je vais ranter, et
ce ne sera pas bon pour mes nerfs. Alors concentrons-nous plutôt sur
les avantages culturels des États-Unis, comme les petits supermarchés
ouverts 24h/24 (ce qui, comme pour le service dans les restaurants,
est une honte du point de vue social, mais pour le coup il faut
reconnaître que c'est très très très pratique). Ou sur leurs
spécialités culinaires comme le bacon, le beef jerky et le beurre
d'arachides (d'ailleurs, si quelqu'un sait où trouver, à un prix
abordable, à Paris, du bon bacon américain, ou du beef jerky, ça
m'intéresse). Parce que ce matin j'ai pris le brunch dans le West
Village avec du bon bacon au sirop d'érable et en dessert une mousse
aux arachides, et tout ça était fort bon (quoique certainement aussi
diététique que le football américain est un sport fin et délicat).
Mais bon, pour l'instant, je n'ai pas encore pu voir grand-chose de
la ville de New York : je me suis contenté de parcourir un peu
Manhattan pour me familiariser avec sa géographie générale. Comme
tout le monde, je savais que Manhattan était organisé selon
un plan
en grille très régulier avec des rues orientées est-ouest (ou
plutôt est-sud-est–ouest-nord-ouest) et des avenues nord-sud (enfin,
perpendiculaires aux rues), les deux étant numérotées, avec des
exceptions sur les bords, et bien sûr Broadway qui n'est ni droit ni
tout à fait parallèle aux avenues. Je ne savais pas, par exemple, que
les rues étaient beaucoup plus denses et régulières que les avenues.
(Ces dernières ne sont d'ailleurs pas toutes numérotées, ou parfois
ont un nom en plus du numéro. Par ailleurs, il me semble qu'elles
sont plus passantes.) Je ne savais pas non plus à quel point
il est difficile de trouver un endroit par le nom de la voie et le
numéro : les numéros ne sont marqués presque nulle part, et quand
ils le sont c'est plus souvent des numéros dans l'avenue que dans la
rue (pour les bâtiments qui font l'intersection), et pour ne pas aider
les rues ont une double numérotation en partie est et ouest — tout
ceci explique qu'il est bien plus facile de s'y retrouver en parlant
de l'intersection de la n-ième rue et la k-ième
avenue que du numéro m de la n-ième rue (je ne
sais d'ailleurs pas s'il y a une règle précise pour
déterminer k en fonction de n : ce serait
logique, mais ça n'a pas l'air totalement clair). Je ne savais pas
non plus que l'architecture de la ville était à ce point hétéroclite
et éclectique (c'est amusant, Paris a une géographie des rues
totalement aléatoire mais une architecture très uniforme grâce au bon
Eugène Haussmann, Manhattan c'est le contraire, les urbanistes ont
trouvé bon d'imposer l'angle des rues mais pas la taille ou la forme
des bâtiments).
Ceci dit, une bonne partie du temps passé depuis notre arrivée a
été consacré non pas à la découverte de la ville mais à la quête de
l'obtention d'une formule mobile prépayée pour pouvoir avoir un accès
Internet portable à un prix correct (j'en ai finalement eu pour 66USD
chez AT&T, ce qui n'est pas trop mal pour 2Go, largement plus que
ce que je consommerai pendant la semaine, ainsi que les appels
et SMS illimités vers les numéros américains, donc
notamment vers le mobile de mon poussinet pendant la semaine). Mon
poussinet, lui, a eu des contretemps parce qu'en achetant bêtement une
carte SIM chez un Best
Buy, il s'est retrouvé avec une carte de mauvais format (nano
au lieu de micro — il s'agit de différences de format inventées par
Apple juste pour le plaisir d'être des connards). Or si en France il
n'est pas difficile de trouver des adaptateurs pour insérer n'importe
quel format de carte SIM dans un téléphone en
attendant une plus grande (et par ailleurs on fournit toujours les
cartes comme des matriochkas de plastique, ce qui permet de couper le
format dont on a besoin), aux États-Unis, ce n'est apparemment pas le
cas. La raison est probablement que la plupart des téléphones sont
vendus verrouillés et quasiment tous les abonnements viennent avec un
téléphone (verrouillé, donc). Et ceci, à son tour, vient du fait que
plusieurs opérateurs américains utilisent des fréquences, voire des
modulations (CDMA au lieu de GSM), qu'ils
sont essentiellement les seuls à faire, si bien qu'on ne peut pas
simplement prendre un téléphone d'un opérateur, fût-il déverrouillé,
pour s'en servir chez un autre. Toujours est-il que la séparation
entre carte SIM et téléphone, qui est maintenant
clairement établie en Europe, a l'air de ne pas du tout être bien
passée aux États-Unis. Ah zut, je suis de nouveau passé en mode
« quel pays de merde », il est donc temps que j'arrête là sinon je
vais me remettre à parler des cartes bancaires.