David Madore's WebLog: 2014-12

Vous êtes sur le blog de David Madore, qui, comme le reste de ce site web, parle de tout et de n'importe quoi (surtout de n'importe quoi, en fait), des maths à la moto et ma vie quotidienne, en passant par les langues, la politique, la philo de comptoir, la géographie, et beaucoup de râleries sur le fait que les ordinateurs ne marchent pas, ainsi que d'occasionnels rappels du fait que je préfère les garçons, et des petites fictions volontairement fragmentaires que je publie sous le nom collectif de fragments littéraires gratuits. • Ce blog eut été bilingue à ses débuts (certaines entrées étaient en anglais, d'autres en français, et quelques unes traduites dans les deux langues) ; il est maintenant presque exclusivement en français, mais je ne m'interdis pas d'écrire en anglais à l'occasion. • Pour naviguer, sachez que les entrées sont listées par ordre chronologique inverse (i.e., la plus récente est en haut). Cette page-ci rassemble les entrées publiées en décembre 2014 : il y a aussi un tableau par mois à la fin de cette page, et un index de toutes les entrées. Certaines de mes entrées sont rangées dans une ou plusieurs « catégories » (indiqués à la fin de l'entrée elle-même), mais ce système de rangement n'est pas très cohérent. Le permalien de chaque entrée est dans la date, et il est aussi rappelé avant et après le texte de l'entrée elle-même.

You are on David Madore's blog which, like the rest of this web site, is about everything and anything (mostly anything, really), from math to motorcycling and my daily life, but also languages, politics, amateur(ish) philosophy, geography, lots of ranting about the fact that computers don't work, occasional reminders of the fact that I prefer men, and some voluntarily fragmentary fictions that I publish under the collective name of gratuitous literary fragments. • This blog used to be bilingual at its beginning (some entries were in English, others in French, and a few translated in both languages); it is now almost exclusively in French, but I'm not ruling out writing English blog entries in the future. • To navigate, note that the entries are listed in reverse chronological order (i.e., the most recent is on top). This page lists the entries published in December 2014: there is also a table of months at the end of this page, and an index of all entries. Some entries are classified into one or more “categories” (indicated at the end of the entry itself), but this organization isn't very coherent. The permalink of each entry is in its date, and it is also reproduced before and after the text of the entry itself.

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Entries published in December 2014 / Entrées publiées en décembre 2014:

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(lundi)

Photos des aventures de Ruxor à New York

Voici les photos que j'ai prises à New York (dont je suis rentré hier matin) pour accompagner les aventures que j'ai racontées ici, , , et . J'ai pris le soin de les étiqueter, et de les positionner géographiquement (en corrigeant parfois manuellement les coordonnées relevées par le GPS de mon téléphone ou en en ajoutant) : ne pas oublier, donc, de cliquer sur le petit ‘i’ entouré dans le coin en haut à gauche pour avoir accès à ces informations (les coordonnées sont un lien vers Google Maps : dans la version classique, la flèche verte indique le point référencé, dans la version nouvelle, c'est la goutte rouge).

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(jeudi)

Les aventures de Ruxor à New York, cinquième partie

(Début ici, , et .)

Aujourd'hui nous avons eu la chance qu'il faisait plutôt beau (même s'il y avait pas mal de vent parfois un peu froid), et comme essentiellement tout était fermé pour Noël[#], et les rares choses qui ne l'étaient pas étaient passablement bondées, nous avons fait un tour dans Central Park. En fait, nous avons fait le tour de Central Park, juste à l'intérieur de sa périphérie, dans le sens des aiguilles d'une montre (apparemment les joggeurs font plutôt l'inverse) à partir du coin sud-ouest, ce qui nous a pris presque trois heures. Avec ça, nous avons quand même réussi à y rater des choses, comme le château du belvédère, la terrasse de Bethesda ou encore le jardin de Shakespeare, ce qui est dommage.

Le parc a un style nettement différent des parcs européens, même si je le compare à Hyde Park à Londres ou au Englischer Garten de Munich, qui sont sans doute les plus comparables : pourtant, je ne saurais pas dire exactement en quoi consiste la différence et pourquoi je pensais immédiatement aux parcs que je voyais à Toronto quand j'étais petit (sont-ce les essences d'arbres représentées ? la manière dont ils sont agencés ? le style des voies et des ponts ? je ne sais pas, mais en tout cas je ne crois pas que ce soient juste les écureuils ou les bâtiments au fond qui permettent de voir qu'on est en Amérique du Nord).

Après Central Park nous avons visité (la pointe sud de) Roosevelt Island, qu'on pourrait appeler l'île depuis laquelle on a la vue emblématique sur l'est de Manhattan et les bâtiments de l'ONU et où les films aiment bien montrer quelqu'un en train de faire du jogging histoire de situer la scène à New York grâce à la vue en question — mais c'est plus court de dire Roosevelt Island. Il y a aussi une ruine classée sur cette île, qui a un certain charme gothique anglais, et un pont impressionnant qui traverse l'île sans s'y arrêter, reliant Manhattan à Queens. (C'est bien, Google Images, on n'a plus besoin de prendre des photos, juste d'écrire ce qu'on veut montrer. Enfin, j'ai pris quelques photos, mais elles seront moins bien que ce qu'il y a sur Google Images, et je ne vais pas les mettre en ligne avant de rentrer.)

Une chose que je me demande quasiment à chaque fois que je passe devant un de ces hauts gratte-ciel new-yorkais à l'architecture moitié gothique, moitié sarrasine, qui a l'air de se soutenir dans les airs comme par miracle[#3] (et Hermès sait qu'il y en a !), c'est ce qu'il y a tout en haut. Parce que beaucoup de bâtiments ont une sorte de toit en terrasse surmonté d'une sorte de protubérance, petite construction supplémentaire, pouvant prendre la forme d'un clocheton, d'une petite maison, d'un châtelet, ou simplement d'un cube, selon la fantaisie architecturale du moment (de l'arrière de notre hôtel on en voit un qui a une sorte d'arc de belvédère néoclassique, avec son propre toit en terrasse, juché sur son toit, et tout à l'heure j'ai vu un truc un peu chinoisifiant). Beaucoup doivent être une façon de cacher le réservoir d'eau que les bâtiments sont apparemment tenus d'avoir, mais peut-être s'agit-il parfois d'autres choses : machinerie d'ascenseur, système de climatisation, ou pourquoi pas une habitation fantaisiste avec une vue imprenable. Que peut-il bien y avoir derrière ces petites fenêtres tout en haut de telle ou telle tour dans le style art nouveau ou art déco ? derrière une petite lucarne isolée mais positionnée au centre et au-dessus des autres dans un bâtiment pompeux ? Et qu'y a-t-il au tout dernier étage (le plus haut à avoir des fenêtres en triangle, juste en-dessous de l'aiguille) du bâtiment Chrysler ? (Bon, pour cet exemple précis, on peut avoir la réponse ici, quoique malheureusement sans photos.)

[#] Même si on voit partout des ménoras[#2] (menorahs ? menoroth ?) un peu partout dans New York parce que c'était hier la fin de hanoucca (hanukka ?), je pense que c'est plus du politiquement correct histoire de ne pas avoir qu'un sapin de Noël qu'une si grande ferveur culturelle juive. D'ailleurs, les gens n'avaient pas l'air complètement d'accord sur le bon nombre de bougies à allumer sur les ménoras.

[#2] Vous savez, la ménora de hanoucca : contrairement à la ménora normale, qui a sept branches, celle de hanoucca en a huit, même si le goy idiot comme moi va avoir tendance à en compter neuf (le truc au milieu n'est pas une bougie, c'est un truc qui sert à allumer les bougies, alors que dans la ménora à sept branches le truc au milieu est bien une bougie, le Club Contexte vous remercie).

[#3] Pour les incultes, ceci était une citation (appropriée pour le jour où je visite Central Park).

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(mercredi)

Les aventures de Ruxor à New York, quatrième partie

Je continue la série commencée ici, et avec d'autres observations aléatoires et sans transition (voire sans intérêt). Aujourd'hui le temps était particulièrement pourri dans le genre pluvieux et brumeux (avant-hier il a fait froid mais sec, hier il y avait un crachin froid mais pas de vraie pluie, et à partir de demain il devrait faire plus beau — globalement je ne me plains pas trop). Nous sommes voir Brooklyn (guère plus qu'y mettre les pieds, en vérité), et la vue des ponts suspendus sur l'East River et des buildings de Manhattan va bien avec la brume un peu déprimante (comment rend-on bleak en français ?).

Je refais quelques remarques sur la nourriture parce que mon idée de voyager c'est quand même de bien manger. C'est un peu dommage que bien manger à New York semble être si souvent associé à la cuisine française ou italienne, que je n'ai pas traversé l'Atlantique pour goûter ici, notamment dans un de ces endroits au nom ou au menu faussement français et comportant souvent des orthographes un peu fantaisistes (certes généralement limitées à un accent mal placé, style créme bruleé, mais j'ai vu quelque part un restaurant dont le sous-titre était spécialitées lyonnaises, sic. : c'est tout de même bizarre de ne pas prendre la peine de consulter un dictionnaire avait d'écrire quelque chose partout sur la façade). Maintenant, ce midi nous avons mangé dans un petit bouiboui d'inspiration indienne (sur Macdougal Street), qui n'était pas mauvais du tout même si le cadre était riquiqui et un peu glauque. Et dans quelques jours un ami doit nous montrer un bon restaurant chinois.

Une chose dont j'ai souvent entendu les Européens se plaindre, c'est que les Américains ne savent pas faire du café. Et c'est vrai que la boisson vendue sous ce nom est de l'eau chaude teintée et très légèrement aromatisée, probablement moins caféinée que ce que j'ai l'habitude de boire comme thé. Mais il faut simplement considérer qu'ici le café et l'espresso sont des boissons totalement différentes, qui n'ont qu'un vague lien de parenté : une fois ce fait admis, on trouve sans trop de mal des espressi tout à fait convenables, et qui vont bien avec les cookies trop sucrés. (En revanche, la cannelle un peu partout, je n'arrive pas à m'y habituer, et je me fais régulièrement avoir en oubliant de vérifier ce qui en contient.)

J'ai un peu du mal à me faire, dans les commerces américains, à l'idée qu'il ne faut pas hésiter à faire appel au personnel (qui me paraît d'ailleurs souvent considérablement overstaffed) : moi qui en France, par timidité ou par peur de déranger, préfère tout faire par moi-même (qu'il s'agisse de trouver un article ou d'en choisir un à essayer), je suis assez désemparé par la manière dont on me saute dessus (how are you folks doing today?) dès que je rentre quelque part pour me demander de jouer au client-roi (how can I be of service?).

Nous sommes passés tout à l'heure par un magasin Muji (無印良品), dont j'ai pu constater qu'ils vendent exactement les mêmes choses qu'ailleurs (ou en tout cas qu'en France et en Allemagne), et la raison pour laquelle je signale ça c'est que dans le tas il y a des règles graduées (uniquement) en centimètres — je serais curieux de savoir combien ils en vendent.

Aucun rapport (j'ai déjà dit que je laissais tomber les transitions), mais j'ai vu plusieurs chantiers devant lesquels un panneau invitait les passants à dénoncer anonymement s'ils voyaient que les ouvriers travaillaient dans des conditions dangereuses : je trouve que c'est une excellente idée. Aussi, quand il y a des travaux sur un immeuble, ils ménagent un passage piéton correct et protégé (par opposition à Paris où on peint vaguement des marques par terre et on invite les piétons à voir en face s'ils y sont).

J'ai vu une pub dans le métro que j'ai trouvée vraiment adorable (I love my boo, de la fondation Gay Men's Health Crisis, photo ici).

À propos du métro (d'accord, je fais quand même des transitions, même si elles sont pourries), c'est étonnant pour un parisien de voir à quel point les rames sont longues ici (du coup, la même station dessert quelque chose comme trois rues consécutives), et à quel point il est peu profond. Les lignes sont essentiellement nord-sud dans Manhattan, et le graphe ressemble plus à un réseau de bus (i.e., beaucoup de lignes réalisant des itinéraires raisonnables de bout en bout, avec relativement peu de correspondances, et pas trop d'efforts pour unifier les stations) que dans d'autres villes que j'ai pu visiter. Le nom de la station n'est unique que relativement à la ligne, ce que je trouve assez merdique ; une autre chose que je trouve merdique, c'est que les lignes n'ont pas toutes un plan de la ligne bien visible dans chaque voiture, et si elles ont bien un plan de l'ensemble du réseau, il est placé à un endroit où on a neuf chances sur dix de déranger quelqu'un quand on veut le consulter.

Je n'arrive pas bien à me représenter la taille de Manhattan. Il paraît que c'est plus petit que Paris intra muros, mais ça me donne l'impression d'être beaucoup plus grand. Peut-être parce que c'est déjà la partie très centrale donc que j'ai tendance à comparer à la partie centrale de Paris. Peut-être parce que c'est plus allongé ou que la répartition des rues ferait qu'il y aurait plus de longueur de voies au kilomètre carré (j'aimerais bien voir des statistiques sur les villes classées en longueur de voies et en rapport longueur de voie sur surface totale). J'aimerais bien voir, aussi, un plan de New York City et de l'Île-de-France à la même échelle, pour me faire une idée des tailles.

Demain, comme tout sera fermé pour Noël, nous comptons nous promener dans Central Park (surtout qu'il devrait faire moins moche) et peut-être Roosevelt Island.

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(mardi)

Les aventures de Ruxor à New York, troisième partie

Je continue la série commencée ici et , même si je n'ai pas des masses à raconter aujourd'hui puisque nous avons surtout fait du shopping, et je ne crois pas qu'il soit vraiment intéressant de raconter les fringues que j'achète, sauf peut-être si je trouvais quelque chose d'introuvable à Paris, mais je ne crois pas que ça ait été le cas (je n'ai pas acheté un tee-shirt avec une tête de Haliaeetus leucocephalus, des étoiles blanches sur fond bleu et le mot Liberty écrit en lettres pleines de ferveur). Je suis quand même tombé par hasard sur un magasin très rigolo, qui s'appelle The Container Store, au croisement de la 19e rue et de la 6e avenue et qui, comme son nom l'indique, se spécialise dans les boîtes de rangement, cartons, bouteilles, sacs, et autres contenants — et comme j'adore les boîtes, je suis resté assez longtemps à m'émerveiller devant la diversité de leurs articles. Tiens, en revanche, je m'étonne que les différentes marches aléatoires que j'ai faites dans Manhattan ne m'ont pas amené devant des grandes (ou moins grandes) librairies.

Hier soir, j'ai dîné avec mon poussinet, mon beau-frère et ma belle-mère au restaurant (Asiate) du Mandarin oriental sur Columbus Circle, au coin sud-ouest de Central Park — et qui offre une vue assez impressionnante sur les environs, malheureusement un peu gâchée par le temps désespérément nébuleux. Les chambres de l'hôtel démarrent à 700$ la nuit, mais le restaurant est un chouïa moins exorbitant, et il est excellent.

Parlant de restaurants, je trouve frappant de voir dans chaque café ou restaurant où je vais aux toilettes la mention employees must wash hands (je l'avais déjà vue aux États-Unis, mais pas de façon aussi systématique : je ne sais pas si c'est le lieu ou le temps qui ont changé). Je suppose qu'elle s'adresse aux clients pour les rassurer, pas aux employés eux-mêmes (si on veut leur donner des instructions, on peut le faire autrement que par un petit écriteau), mais finalement je ne sais pas si c'est rassurant que ce soit nécessaire de le signaler — si je voyais l'indication employees must not poison customers ou employees must not eat babies for beakfast, je crois que je serais plus inquiet qu'autre chose.

Ah, aucun rapport (c'est difficile de prévoir des transitions entre les petites remarques aléatoires que je veux faire, alors je laisse tomber) : New York décore le pied de certains arbres, ou des parterres un peu partout, avec des choux d'ornement. (Je ne savais même pas que ça existait, moi, les choux d'ornement : il y a une semaine j'aurais pris ça pour une sorte d'oxymore.) Je trouve ça vraiment très chou.

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(lundi)

Secondes impressions de New York

Je continue ma série d'impressions aléatoires de New York. Comme je n'aime pas trop les attractions touristiques (ou tout ce qui peut ressembler à un passage obligé), et que je préfère visiter les rues que les musées, je n'irai voir ni la statue de la liberté (je me suis contenté de la voir de loin) ni Ellis Island (idem), ni l'Empire State Building, ni le Guggenheim (sauf probablement de l'extérieur), ni le Metropolitan, nec cetera. D'ailleurs, il faut croire que mon poussinet et moi arrivons à ne pas trop passer pour des touristes puisque ça fait déjà trois ou quatre fois qu'on nous demande le chemin dans la rue.

Nous avons, en revanche, vu Ground Zero (sans rentrer dans le musée mémorial du 11 septembre, et de nouveau, je n'en ai pas l'intention) : je savais qu'ils avaient construit une tour de 1776 pieds de haut dans ce coin, mais ce que je ne savais pas, c'est que l'emplacement précis des tours jumelles est matérialisé par deux bassins noirs carrés de la même taille que leur base, dont le bord est formé de cascades. L'effet est vraiment frappant (les photos ne leur rendent vraiment pas justice), tant ces bassins paraissent immenses et vides, et en même temps petits quand on pense que c'est l'empreinte d'un bâtiment.

Ceci me fait penser à un bâtiment très impressionnant que j'ai croisé par sérendipité en déambulant dans le lower Manhattan : le Long Lines Building d'AT&T, un gratte-ciel de presque 170m de hauteur, dans le style brutaliste extrême, sans une seule fenêtre (parce qu'il s'agissait d'héberger des centraux téléphonique sensibles à la lumière, mais cette considération n'est plus pertinente maintenant, et les gens qui y travaillent ne sont apparemment pas spécialement heureux de cette particularité architecturale). [Ajout () : au sujet de ce bâtiment, voir cette vidéo qui m'apprend que des journalistes l'ont identifié, en 2016, comme l'emplacement probable d'un site de surveillance de la NSA connu sous le nom de code de Titanpointe.]

À part ça, nous avons parcouru d'un bout à l'autre la High Line, la version new yorkaise de la Promenade plantée de Paris, et là aussi c'est intéressant de voir l'extrême diversité architecturale des bâtiments adjacents, entre copropriétés de luxe, petits immeubles semblant quasiment à l'abandon et entrepôts portuaires.

Sinon, nous sommes allés voir le bar Stonewall sur Christopher Street (mais il était fermé), le lieu emblématique des révoltes du même nom suite à l'enterrement de Judy Garland et qui sont commémorées par la communauté LGBT sous forme de gay pride ou variations de ce nom, d'ailleurs nommées Christopher Street Day dans les pays germanophones. Ceci dit, à part ce lieu symbolique, la vie gay new yorkaise ne m'a pas semblé spécialement visible, ou alors je n'ai pas cherché aux bons endroits.

Aucun rapport, mais je me rends compte à New York que j'ai pris l'habitude d'habiter dans une ville qui est assez à l'ouest dans son fuseau horaire : alors qu'à Paris le soleil se couche vers 16h55 (heure locale) au solstice d'hiver, ici c'est plutôt 16h30, et je trouverais ça limite déprimant si le décalage horaire ne m'avait pas donné des habitudes plus matinales que je n'en ai chez moi (mais ça ne durera sans doute pas). Je me demande d'ailleurs quelles sont les villes les plus à l'ouest du méridien de référence de leur fuseau horaire (i.e., le multiple de 15° correspondant à leur heure par rapport à Greenwich), il faudra que je pose la question à une quelconque base de données.

Sinon, je remarque des petites différences auxquelles je n'avais pas fait attention précédemment dans les habitudes alimentaires des américains par rapport aux français (je ne suis d'ailleurs pas sûr qu'elles soient réelles ou simplement liées au lieu, au moment, ou au hasard de mon observation). Les yaourts nature (non sucrés) ont l'air relativement difficiles à trouver ici, par exemple, par opposition aux yaourts aux fruits (on trouve du fromage frais de toutes sortes, ou éventuellement des yaourts nature à la grecque, mais pas trop de yaourts nature ordinaires). Les biscuits sucrés du genre que je grignote en France (par exemple des chokini — mais je ne parle pas bien sûr d'un type particulier mais de la catégorie générale des biscuits sucrés plutôt sablés que gras) n'a pas vraiment l'air trop vendus ici. Ah, et tout à l'heure je cherchais quelque chose de salé dans la catégorie boulangerie à prendre comme goûter (du genre pain au fromage, pain au pavot, quelque chose de ce style), et ça n'avait vraiment pas l'air possible (je me suis rabattu sur un bretzel, c'est le plus proche que j'aie trouvé) : apparemment si on veut grignoter autre chose que du sucré ou des chips, c'est difficile.

Ah, et il y a de la cortisone en vente libre au 24h/24 (certes en crème et pas en pilules), je trouve ça assez hallucinant.

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(dimanche)

Premières impressions de New York

Comme le Wifi de l'hôtel est excellent (et que je m'ennuie un peu en attendant mon poussinet qui est allé voir une pièce de théâtre néo-expérimentale qui ne m'intéressait pas a priori), je peux raconter un peu mes premières impressions de New York.

Sur le voyage lui-même, je n'ai pas grand-chose à dire, à part qu'il a été prévisiblement fatigant (18 heures de porte à porte de chez nous à notre chambre d'hôtel, c'est tout de même long — ça ne fait d'ailleurs que 320km/h de moyenne si on prend la distance en ligne droite). Nous avons fait la folie de prendre la classe affaires (ce qui explique le vol avec escale à Toronto, sinon c'était hors de nos moyens), et il faut dire que la classe affaires sur le nouveau Boeing 787 Dreamliner d'Air Canada dont ils sont très fiers (apparemment notre avion avait quelque chose comme 20 jours de vol commercial), c'est vraiment luxueux — les sièges presque des cabines, avec un petit bureau sur le côté et moyen de se mettre complètement à l'horizontal, ce qui fait que mon poussinet a très bien dormi et moi j'ai même réussi à fermer l'œil quelques heures. (Sinon, j'ai regardé le dernier Woody Allen, et je l'ai beaucoup aimé.) Ah, et sinon, passer l'immigration américaine à Toronto, c'est plus sympa, les agents des US Customs and Border Protection sont nettement plus détendus qu'aux États-Unis.

Sinon, la première chose que j'ai vue en arrivant à l'aéroport de New York LaGuardia (après des écrans qui diffusaient des matchs de football américain), c'est une enseigne lumineuse portant en gros caractères l'inscription God bless our troups (je crois que c'est quelque chose comme l'aumonerie de l'aéroport qui faisait une messe spéciale pour les troupes américaines). Juste après, j'ai vu une pub pour un rachat des dettes d'emprunts étudiants. Ce pays est parfois vraiment la caricature de lui-même !

Mais bon, je ne vais pas commencer la liste des choses qui m'agacent aux États-Unis, sinon je vais commencer à pester contre les prix indiqués hors taxes qui font qu'on ne sait jamais combien on va payer (sauf à savoir multiplier de tête par 1.08875, ce qui n'est pas mon cas — ou sauf pour la nourriture qui n'est apparemment pas taxée (dans certains cas ?) — dans l'état de New York). Et contre le fait qu'on doive choisir combien on va laisser pour le service dans les restaurants, ce qui est franchement une honte. Et je vais ranter, et ce ne sera pas bon pour mes nerfs. Alors concentrons-nous plutôt sur les avantages culturels des États-Unis, comme les petits supermarchés ouverts 24h/24 (ce qui, comme pour le service dans les restaurants, est une honte du point de vue social, mais pour le coup il faut reconnaître que c'est très très très pratique). Ou sur leurs spécialités culinaires comme le bacon, le beef jerky et le beurre d'arachides (d'ailleurs, si quelqu'un sait où trouver, à un prix abordable, à Paris, du bon bacon américain, ou du beef jerky, ça m'intéresse). Parce que ce matin j'ai pris le brunch dans le West Village avec du bon bacon au sirop d'érable et en dessert une mousse aux arachides, et tout ça était fort bon (quoique certainement aussi diététique que le football américain est un sport fin et délicat).

Mais bon, pour l'instant, je n'ai pas encore pu voir grand-chose de la ville de New York : je me suis contenté de parcourir un peu Manhattan pour me familiariser avec sa géographie générale. Comme tout le monde, je savais que Manhattan était organisé selon un plan en grille très régulier avec des rues orientées est-ouest (ou plutôt est-sud-est–ouest-nord-ouest) et des avenues nord-sud (enfin, perpendiculaires aux rues), les deux étant numérotées, avec des exceptions sur les bords, et bien sûr Broadway qui n'est ni droit ni tout à fait parallèle aux avenues. Je ne savais pas, par exemple, que les rues étaient beaucoup plus denses et régulières que les avenues. (Ces dernières ne sont d'ailleurs pas toutes numérotées, ou parfois ont un nom en plus du numéro. Par ailleurs, il me semble qu'elles sont plus passantes.) Je ne savais pas non plus à quel point il est difficile de trouver un endroit par le nom de la voie et le numéro : les numéros ne sont marqués presque nulle part, et quand ils le sont c'est plus souvent des numéros dans l'avenue que dans la rue (pour les bâtiments qui font l'intersection), et pour ne pas aider les rues ont une double numérotation en partie est et ouest — tout ceci explique qu'il est bien plus facile de s'y retrouver en parlant de l'intersection de la n-ième rue et la k-ième avenue que du numéro m de la n-ième rue (je ne sais d'ailleurs pas s'il y a une règle précise pour déterminer k en fonction de n : ce serait logique, mais ça n'a pas l'air totalement clair). Je ne savais pas non plus que l'architecture de la ville était à ce point hétéroclite et éclectique (c'est amusant, Paris a une géographie des rues totalement aléatoire mais une architecture très uniforme grâce au bon Eugène Haussmann, Manhattan c'est le contraire, les urbanistes ont trouvé bon d'imposer l'angle des rues mais pas la taille ou la forme des bâtiments).

Ceci dit, une bonne partie du temps passé depuis notre arrivée a été consacré non pas à la découverte de la ville mais à la quête de l'obtention d'une formule mobile prépayée pour pouvoir avoir un accès Internet portable à un prix correct (j'en ai finalement eu pour 66USD chez AT&T, ce qui n'est pas trop mal pour 2Go, largement plus que ce que je consommerai pendant la semaine, ainsi que les appels et SMS illimités vers les numéros américains, donc notamment vers le mobile de mon poussinet pendant la semaine). Mon poussinet, lui, a eu des contretemps parce qu'en achetant bêtement une carte SIM chez un Best Buy, il s'est retrouvé avec une carte de mauvais format (nano au lieu de micro — il s'agit de différences de format inventées par Apple juste pour le plaisir d'être des connards). Or si en France il n'est pas difficile de trouver des adaptateurs pour insérer n'importe quel format de carte SIM dans un téléphone en attendant une plus grande (et par ailleurs on fournit toujours les cartes comme des matriochkas de plastique, ce qui permet de couper le format dont on a besoin), aux États-Unis, ce n'est apparemment pas le cas. La raison est probablement que la plupart des téléphones sont vendus verrouillés et quasiment tous les abonnements viennent avec un téléphone (verrouillé, donc). Et ceci, à son tour, vient du fait que plusieurs opérateurs américains utilisent des fréquences, voire des modulations (CDMA au lieu de GSM), qu'ils sont essentiellement les seuls à faire, si bien qu'on ne peut pas simplement prendre un téléphone d'un opérateur, fût-il déverrouillé, pour s'en servir chez un autre. Toujours est-il que la séparation entre carte SIM et téléphone, qui est maintenant clairement établie en Europe, a l'air de ne pas du tout être bien passée aux États-Unis. Ah zut, je suis de nouveau passé en mode « quel pays de merde », il est donc temps que j'arrête là sinon je vais me remettre à parler des cartes bancaires.

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(jeudi)

Je vais passer quelques jours à New York

Samedi je vais anéantir mon bilan carbone excellent depuis sept ans et demi (je n'ai voyagé qu'en train pendant ce temps) en allant aux États-Unis. Comme j'imite assez mal la masse en rang serré des pauvres et fatigués aspirant à la liberté, ce sera seulement pour de petites vacances avec ma belle-famille. Mes parents viendront nourrir les peluches. Mon passeport est prêt.

(Je ne posterai donc probablement pas sur ce blog d'ici après Noël. Parce que si on avait un réseau de communications capable de faire traverser l'Atlantique à de l'information à la vitesse de la lumière, ça se saurait, n'est-ce pas ? Enfin, sauf si je décide de dumper une entrée mathématique à moitié finie ou deux, juste pour m'en débarrasser.)

Je suis un immense angoissé des voyages. Pas du vol en avion en lui-même, mais plutôt de l'idée d'oublier de faire ou de prendre quelque chose d'important avant de partir. (Certes, nous n'allons pas exactement au milieu de nulle part, mais je peux imaginer plein de choses qui seraient difficiles à trouver sur place pour une raison ou une autre, comme je ne sais quel médicament pour Ruxor hypocondriaque, ou trop chères à remplacer.) Ou au contraire, de prendre quelque chose auquel je tiens et dont les mesures de sécurité incompréhensibles du transport aérien m'obligeraient à choisir entre abandonner ou rater mon vol. (Par exemple si mon portable n'avait plus de batterie au moment où il faut l'allumer pour prouver que c'est un vrai.) Ou de me faire voler mes bagages — ou qu'ils se retrouvent à Rio ou Shanghai. Ou que ma carte de crédit ne fonctionne pas. Ou qu'elle se fasse voler (enfin, plutôt, que son numéro se fasse voler dans un pays qui n'a toujours pas progressé jusqu'à la technologie « carte à puce »). Ou que l'hôtel n'ait pas enregistré notre réservation. Ou que pour des raisons idiotes je n'arrive pas à prendre une offre téléphonique prépayée me permettant d'avoir partout l'accès Internet nécessaire à ma survie (parce que Orange France facture les connexions données depuis les États-Unis à environ 14000€ le giga-octet, et non, ce n'est pas une blague : je ne trouve même pas les mots pour dire à quel point c'est du vol). Ou que nous manquions notre correspondance à Toronto (vu que le vol Paris→Toronto que nous prenons a une heure de retard quasiment tous les jours en ce moment, c'est hautement envisageable). Ou que je tombe malade dans ce pays où il soit impossible soit hors de prix de voir un médecin (bon, nous avons pris une assurance médicale spécifique, mais elle ne doit couvrir que les vrais cas d'urgence, pas une grippe). Ou d'attraper des punaises de lit dans l'avion ou l'hôtel. Bref, mon cerveau est très fort pour me préfigurer toutes sortes de contrariétés possibles.

Au moins je n'ai pas l'anxiété de ne pas connaître la langue de l'endroit. Mais elle est remplacée par celle d'aller dans un pays qui me semble souvent exceptionnellement archaïque, et dont les bizarreries vont (à part ce que j'ai déjà dit sur le système bancaire ou médical) de choses pittoresques et inoffensives comme le fait que les gens continuent d'utiliser un système d'unités tribales apparemment surgies d'un livre de heroic fantasy, à des manifestations plus inquiétantes comme le fait que ces mêmes gens croient nécessaire de s'armer comme s'ils étaient des aventuriers de Donjons & Dragons, mais avec des armes à feu plutôt que des épées (qui auraient au moins le mérite de la classe). Il n'est pas étonnant que dans un pays qui se croit comme ça en plein médiéval fantastique finisse par pratiquer la torture comme on se l'imagine. Mais bon, au moins, je ne commets pas le grave crime d'être de couleur, ça devrait faciliter les éventuelles interactions avec la police.

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(mercredi)

Je vais passer à la télé

J'ai été interviewé tout à l'heure par des journalistes du magazine Cash investigation de France 2 (non, pas par Élise Lucet elle-même ☺️) dans le cadre d'un reportage qu'ils préparent sur la protection de la vie privée, où ils ont voulu m'interroger en tant que cryptographe sur la fonction de hachage MD5 (utilisée dans des bases de données de ciblage publicitaire pour associer un identifiant unique à un internaute), et notamment sur son irréversibilité. (En vérité, c'est tombé sur moi parce mes collègues se sont défilés.) Je pense avoir réussi à faire comprendre au moins aux journalistes eux-mêmes certaines questions pas forcément évidentes (par exemple, le fait que MD5 est cassé du point de vue de la résistance aux collisions mais que ça n'entame pas la confiance qu'on doit avoir en son irréversibilité au moins si l'espace des messages possibles est suffisamment grand — ce n'est pas évident à faire passer, tout ça) : je ne sais évidemment pas comment ça se traduira à l'antenne après montage. Il me semble au moins que je n'ai pas dit de grosse connerie (après, je vais sans doute avoir l'air pontifiant, mais ce n'est pas très grave).

Comme ils voulaient quelque chose d'impressionnant, j'ai dû écrire le nombre 340282366920938463463374607431768211456 (c'est 2↑128) au tableau ; et comme ils voulaient quelque chose de technique, j'ai fait un dessin d'une des opérations internes de MD5. Et pour faire une démonstration du fait que j'ai bien confiance en l'irréversibilité de la fonction, j'ai été filmé tenant un papier sur lequel on voit le haché 466747e2a601d09f8cb79cd8b8df3321, qui est le MD5 de mon numéro de carte bleue avec son code confidentiel et sa date d'expiration et bien sûr d'une phrase aléatoire suffisamment longue pour rendre l'espace des possibles gigantesque. (Si vous arrivez à cette entrée en cherchant ce haché dans Google, bonjour !, c'est malin, mais bizarrement je ne révélerai pas exactement ce que j'ai haché.)

Le plus étonnant dans le tournage, en fait, c'est le temps passé à le préparer, et notamment à trouver une façon de placer l'éclairage et les caméras (en l'occurrence, bêtement des appareils photo numériques) pour n'avoir ni ombre ni reflet.

Ça devrait passer à l'antenne dans quelques mois.

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(lundi)

La banane Android du jour

[Gorille tenant une banane]Il est bien connu que ça ne sert à rien de soumettre des bug-reports Android : Google les ignore avec un mépris qui ajoute l'insulte à l'agacement du bug lui-même. (Parfois, d'ailleurs, ils poussent l'injure plus loin que simplement ignorer : pour ce bug-là, ils l'ont carrément marqué obsolète.) Mais ce bug-ci, je dois avouer que je l'ai soumis juste pour faire le kéké et dire moi j'ai compris ce qui s'est passé. Un peu comme ce bug que j'avais trouvé dans Firefox, causé par la présence des fichiers de développement d'une très vieille libc, ici je pense que j'ai eu droit au bug parce que je me trimbale ma base de données de contacts depuis la toute première version d'Android.

Un autre fait bien connu est que Google souffre de la maladie de vouloir toujours tout changer, les interfaces d'Android devenant obsolètes encore plus rapidement que les lubies d'un adolescent : le fait qu'ils aient traversé tellement de versions différentes de la signature de la base de données des contacts en est un symptôme assez révélateur (le fait qu'on en soit à la version 9.10 est bien le signe que jamais personne n'a pris le temps de s'asseoir pour se dire on va réfléchir à une structure bien faite et dont on soit contents pour la base de données des contacts, histoire de ne pas avoir à en changer avant un bon moment).

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(dimanche)

Un nouveau jeu de labyrinthe(?) hyperbolique

Je viens de produire un nouveau jeu de labyrinthe hyperbolique. Je n'étais pas vraiment satisfait du précédent (introduit ici) parce que je trouvais qu'il y a quelque chose d'insatisfaisant à plaquer un labyrinthe au sens traditionnel (i.e., des murs infranchissables) sur l'espace hyperbolique : l'espace hyperbolique est labyrinthique en lui-même (au sens où, par exemple, si on se trompe de direction quelque part, on doit essentiellement revenir à son point de départ pour aller à l'endroit où on voulait aller), je trouvais qu'il faudrait exploiter ce fait — et c'est ce que j'ai tenté de faire dans cette nouvelle version.

[Navigation : pour plus d'explications sur la géométrie hyperbolique, voir cette série de trois entrées passées : 1, 2, 3 (plus ou moins indépendantes) ; voir aussi celle-ci pour des illustrations de différentes projections ; voir aussi les jeux de labyrinthe hyperbolique que j'introduis ici et et , et celui-ci dont j'explique le fonctionnement dans des transparents disponibles ici.]

Le monde, « périodisé » du plan hyperbolique, est exactement le même que dans la version précédente (88110 carrés formant une surface de genre 8812, et pavé par des carrés selon mon pavage préféré), de même type que le monde « jouet » dont je bassine régulièrement mes lecteurs depuis quelques jours, si ce n'est que ce dernier n'a que 30 carrés formant une surface de genre 4, ce qui le rend plus facile à analyser. J'ai repris le monde à 88110 carrés (et qui est un déguisement du graphe de Cayley du groupe PSL(2,89)) parce qu'il est facile à construire, et d'une taille suffisamment raisonnable.

Cette fois, donc, il n'y a aucun obstacle : juste 24 orbes de couleur cachés (quoique placés de façon régulière) dans ce monde, et qu'il s'agit de collecter, mais c'est surtout un prétexte pour explorer ce à quoi ce monde peut ressembler. Pour aider à l'exploration, chaque orbe fait apparaître un domaine de couleur proche autour de lui, tous connexes et approximativement de même taille (c'est-à-dire dans les 3700 cases). J'ai donné des noms aux orbes pour décorer et surtout pour éviter qu'on s'arrache les cheveux à savoir quand deux couleurs sont identiques.

Le monde n'est pas très grand en diamètre : on peut aller de n'importe quelle carré à n'importe quel autre en au plus 17 mouvements (consistant à passer à une case adjacente). Ce qui n'empêche que ces 17 mouvements, dans un pavage hyperbolique, permettent d'aller à beaucoup plus d'autres cases que ce que ce serait dans un pavage euclidien. On retombe donc assez difficilement sur ses pas (sauf évidemment à suivre une boucle — par exemple en allant tout droit selon un des axes du quadrillage on boucle en 11 mouvements).

Globalement, ce n'est pas très difficile une fois qu'on a un peu compris comment fonctionnent les choses.

Pour aider à savoir par où on est passé, j'ai mis une fonction « petit poucet » qui est amusante en elle-même.

Bref, dans l'ensemble je trouve que c'est plus réussi que le jeu de labyrinthe précédent. Mais j'aimerais surtout trouver comment motiver des gens plus doués que moi pour écrire des jeux informatiques à explorer plus les possibilités intéressantes offertes par la géométrie hyperbolique.

Petit changement () : Je garantis maintenant l'existence d'au moins un orbe à distance de vue du point de départ (mais ça peut être délicat de le repérer).

Amélioration () : J'ai ajouté un système de balises qu'on peut déposer dans le labyrinthe (et rappeler à tout moment) et qui indiquent la direction dans laquelle elles se trouvent (ou du moins une direction, puisqu'il y a souvent plusieurs chemins menant d'un point à un autre selon la façon dont on tourne dans le monde).

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(vendredi)

Les frontières entre l'imagination et la folie

Je voudrais commencer cette entrée en invitant tous ceux qui ne l'ont pas déjà lue à se plonger dans la passionnante histoire The Jet-Propelled Couch (partie 1, partie 2) : il s'agit du cas psychiatrique célèbre d'un patient du nom de code Kirk Allen, publié par le psychologue et psychiatre américain Robert M. Lindner, d'abord dans Harper's Magazine (vers lequel mènent les liens ci-dessus), puis dans son livre The Fifty-Minute Hour. Pour ceux qui voudraient se contenter d'un résumé très rapide, c'est le cas censément réel, dans les années '50, d'un physicien (mais des faits, notamment la profession, ont pu être changés pour rendre le patient plus difficile à identifier) qui est devenu tellement obsédé par une série de romans de science-fiction style space opera qu'il s'est persuadé qu'il en était vraiment le héros et que les romans étaient sa biographie : il a commencé par les compléter en créant des cartes incroyablement détaillées, des tableaux généalogiques, etc., du monde de fiction dont il s'était emparé ; puis il a viré vers la psychose complète, jusqu'à ce que ses employeurs le poussent à se faire traiter par Lindner, qui a réussi à le guérir, mais s'est lui-même trouvé dans une certaine mesure pris dans, ou du moins pris de fascination par, ce monde imaginaire.

(L'histoire du Jet-Propelled Couch est intéressante aussi au niveau méta, car elle a eu un tel retentissement qu'elle a à son tour inspiré de nombreuses histoires de fiction. Fatalement, on s'est demandé ce qui était vrai et ce qui était modifié dans l'histoire telle que racontée par le psychologue, et on a cherché à démasquer qui pouvait être le patient. La théorie la plus vraisemblable, ou en tout cas la plus développée, est que Kirk Allen est en vérité Paul Linebarger, plus connu sous le nom de plume de Cordwainer Smith qu'il a pris plus tard comme auteur de SF — voir cette page [lien cassé : voir ici le même texte] pour tous les détails sur les raisons de le penser. Dans ce cas, la série de romans serait probablement celle des aventures de Buck Rogers ; mais on a aussi pensé à la série Barsoom d'Edgar Rice Burroughs — l'auteur de Tarzan — et c'est en regardant récemment le film John Carter que j'ai repensé à cette histoire.)

L'histoire de Kirk Allen m'a fasciné quand je l'ai lue (en septembre 2009), d'autant plus qu'il s'agit de thèmes qui m'ont toujours attiré : par exemple, les ressemblances avec ma nouvelle Histoire de la Propédeutique à la Reine des Elfes (que j'ai écrite en 2002, lourdement inspiré de Borges mais bien avant que j'aie entendu parler de The Jet-Propelled Couch) m'amusent parce qu'elles conduiraient à réinterpréter de façon très différente l'histoire Kirk Allen. C'est aussi cette réflexion qui m'a poussé à écrire ce fragment (écrit, pour sa part, après que j'eus lu le cas rapporté par Lindner), dans lequel j'imagine l'empereur déchu d'un empire galactique, condamné par damnatio memoriæ à vivre dans un univers parallèle sur une terre qui ne connaît pas cet empire et pour lequel il n'est qu'un fou — à moins que ce soit vraiment un fou qui se prend pour un empereur déchu. Les boucles étranges entre la réalité, la fiction, et la folie, sont au cœur de beaucoup de ce que j'écris comme fiction (par exemple ici ou ) : auteur de mes romans, je rends visite à leurs personnages (en m'inspirant en cela de l'auteur et personnage du Mahābhārata), je cherche régulièrement à mettre en abyme pour ensuite embrouiller les niveaux. Et nombre de mes auteurs préférés jouent abondamment à ce jeu — j'ai cité Borges, mais je pourrais aussi mentionner Calvino entre nombreux autres.

Mais au-delà de la sophistication littéraire, l'histoire de Kirk Allen m'interpelle aussi à un niveau plus humain. Je crois être sain d'esprit (je crois !), mais si on regarde longuement une mise en abyme, la mise en abyme vous regarde en retour. Quand j'écrivais des romans de science-fiction franchement bizarres quand j'étais petit, je n'irais pas jusqu'à affirmer que je croyais à la réalité de ce que j'écrivais, mais il est certain que, pénétré du désir de créer et d'une imagination nourrie aux aventures à la D&D, je m'étais construit un monde extrêmement développé et qui ne servait pas qu'à écrire des histoires mais aussi à m'en raconter à moi-même. (D'ailleurs, jusqu'à assez tard, il m'arrivait fréquemment de parler tout haut tout seul, et c'était généralement pour me raconter des histoires, ou pour en « jouer », prenant tour à tour la parole de différents personnages.) Puis j'ai réussi à canaliser un peu mon envie de me raconter des histoires pour produire des textes un chouïa moins illisibles, mais il reste que, comme je l'expliquais ici et , la magie me manque. J'en ai besoin pour vivre — si je ne trouve plus le temps d'écrire, elle se réfugie dans mes rêves. [Ajout () : voir ce billet pour plus d'explications sur mes tentatives adolescentes d'écrire des romans.]

Bref, je trouve qu'il y a du vrai dans l'idée qu'un artiste est celui qui fait commerce de ses névroses et psychoses : le bon artiste est certainement le fou qui a réussi à maîtriser sa folie. (Et je suis moi-même sans doute trop peu fou, ou peut-être au contraire trop fou, pour vraiment faire un bon écrivain.)

Ajout : au sujet de l'analogue scientifique, i.e., des frontières entre la science et la crackpotologie, cet article (voir aussi ce fil Twitter pour une discussion) est un témoignage intéressant.

Sinon, j'aimerais bien voir une illustration, dans le style de beaucoup de choses qu'on trouve sur DeviantArt, qui aurait pour titre celui que j'ai donné à cette entrée.

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(mercredi)

Je m'amuse avec les groupes de Coxeter et je continue à disséquer la surface de Bring

Puisque j'étais parti pour manipuler des polygones hyperboliques, j'ai glissé, suivant le fil conducteur de simplement chercher à apprendre des maths belles et amusantes, vers la combinatoire des groupes de Coxeter (et des dessins qui auraient plu à Escher).

[Un pavage hyperbolique étiqueté][Un pavage hyperbolique étiqueté]Sans me proposer d'expliquer la situation en général, je peux facilement en parler sur le cas particulier (mais représentatif) illustré par les images ci-contre à gauche et à droite (peu importent pour l'instant les différences, qui ne sautent d'ailleurs probablement pas aux yeux). Si on ignore les étiquettes, il s'agit d'un pavage du plan hyperbolique par des triangles tous identiques, caractérisés de façon unique par le fait qu'ils ont aux sommets les angles π/4, π/2 et π/5 (lus dans le sens des aiguilles d'une montre pour les triangles blancs, et dans le sens trigonométrique pour les triangles noirs). De façon équivalente, on obtient cette figure en partant de mon pavage préféré de l'espace hyperbolique par des « carrés » dont cinq se rejoignent en chaque sommet, et en divisant chaque carré en huit selon ses quatre axes de symétrie (deux diagonales et deux médianes). On peut donc regrouper les triangles huit par huit pour retrouver le pavage hyperbolique par des « carrés » d'angle 2π/5 en chaque sommet (chercher les bords teintés en gris sur ma figure), et c'est bien sûr cette parenté qui me fait utiliser cet exemple particulier ; on peut aussi, au contraire, regrouper les triangles dix par dix (chercher les bords teintés en rouge sur ma figure) pour obtenir le pavage dual par des pentagones à angles droits. Le pavage triangulaire s'obtient en partant d'un triangle quelconque le constituant, et en effectuant de façon répétée des symétries par rapport à ses trois côtés (je les ai, à chaque fois, légèrement teintés en gris, vert et rouge).

L'ensemble des transformations en question, c'est-à-dire l'ensemble des compositions de symétries par rapport aux côtés des triangles, est appelé le groupe de Coxeter Δ(2,4,5), ou groupe de Coxeter engendré par trois réflexions x, y, z vérifiant x²=y²=z²=1 avec (x·y)⁵=1, (y·z)⁴=1 et (x·z)²=1 (l'opération · étant la composition des transformations). De plus, donnés deux triangles, il existe une et une seule transformation dans le groupe de Coxeter qui transforme l'un en l'autre. Une fois fixé un triangle de référence (disons, celui étiqueté ε sur mes figures), tous les triangles peuvent s'identifier aux éléments du groupe de Coxeter (via la transformation qui envoie le triangle de référence dans le triangle considéré) : on peut donc associer à toute suite de x, y et z un triangle, qui est celui obtenu en partant du triangle de référence (ε) et en effectuant les transformations indiquées par ces lettres. Concrètement, soit on lit le mot de droite à gauche, auquel cas x, y et z désignent les symétries par rapport aux trois côtés fixés du triangle de référence, soit on le lit de gauche à droite, auquel cas x, y et z désignent les côtés qu'on doit traverser, z étant le petit côté de l'angle droit (teinté en rouge sur ma figure), y l'hypoténuse (teintée en vert), et x le grand côté de l'angle droit (teinté en gris).

Ceci fournit donc (une fois fixé le triangle de référence) une façon de désigner n'importe quel triangle du pavage par une suite de x, y et z (les triangles blancs, dont l'orientation est la même que le triangle de référence, sont ceux ayant un nombre pair de lettres, correspondant à une transformation qui préserve l'orientation, tandis que les noirs, dont l'orientation est opposée, sont ceux ayant un nombre impair de lettres). Mais il existe plusieurs suites pouvant désigner le même triangle : pour commencer, comme x² (c'est-à-dire x·x) est l'identité, on peut supprimer ou insérer un nombre pair quelconque de x consécutifs dans un mot, et de même pour les y et les z : mais ce ne sont pas là les seules simplifications possibles, puisqu'on a aussi (xz)²=1, c'est-à-dire xzxz=1, ce qui se traduit plus concrètement par zx=xz (cette exemple prouve qu'il n'y a pas unicité de l'écriture, même si on impose à celle-ci d'être de longueur minimale). On appelle mot réduit sur x, y et z une écriture de longueur minimale conduisant à un élément/triangle donné ; et même parmi les mots réduits, on peut par exemple s'intéresser à celui qui est lexicographiquement le plus petit (ce qui conduit à préférer l'écriture xz à zx). Ma figure de gauche ci-dessus montre chaque triangle étiqueté par le mot réduit lexicographiquement le plus petit : ceci fournit bien une étiquette unique pour chaque triangle. D'autres variations sont possibles : le mot réduit lexicographiquement le plus grand, le mot réduit lexicographiquement le plus petit lu à l'envers (remarquons que lire un mot à l'envers revient à prendre son inverse dans le groupe de Coxeter), ou le mot réduit lexicographiquement le plus grand lu à l'envers. (La figure de droite ci-dessus montre les mots réduits lexicographiquement les plus grands lus à l'envers : si la différence avec la figure de gauche ne vous frappe pas, cherchez le mot xyxyx d'un côté, qui est yxyxy de l'autre.)

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(mercredi)

Comment lire plusieurs articles scientifiques à la fois ?

Je suis régulièrement confronté au dilemme suivant : je cherche à me renseigner sur un sujet scientifique, disons la frobnication des foobars bleutés. Une petite recherche bibliographique me suggère une demi-douzaine d'articles, entre l'article historique (comment dit-on seminal en français ?) de John Bazqux de 1965 publié dans Annals of Foobarology et une petite note publiée l'année dernière par David Corge-Grault dans The Journal of Foo and Bar. Ces articles se réfèrent les uns les autres (parfois incomplètement) et probablement s'améliorent les uns les autres. Dans quel ordre les lire ?

Si on commence par le plus récent (et a priori le résultat le plus fort), on risque de découvrir qu'il fait référence à un autre : il m'est arrivé plus d'une fois de me plonger dans un article parce qu'il me semblait assez court pour que je puisse en affronter les aspects techniques, et de découvrir qu'en fait essentiellement tout était renvoyé à un article plus ancien et dix fois plus long (nous indiquons maintenant les modifications à apporter à la procédure de frobnication de Bazqux). Inversement, si on commence par le plus ancien, on va certainement lire des choses dans une description sous-optimale que des articles postérieurs auront à la fois améliorées et reformulées de façon plus claire.

Bon, si c'est un domaine avec lequel je suis passablement familier, je vais réussir sans trop de mal à naviguer entre ces articles, parce que je comprendrai assez vite quel est le graphe de dépendances entre eux : je fais une première lecture en survol pour repérer ce qui fait quoi, et une fois que j'en déduis un Leitfaden, je n'ai plus qu'à suivre le Faden. Mais comme je suis très touche-à-tout, souvent, je ne suis pas si familier que ça avec le sujet, j'essaie justement de comprendre ce qu'on sait dire sur la frobnication des foobars bleutés (voire violacés), peut-être sans entrer jusque dans les moindres détails. Et là, je vais maudire les auteurs qui oublient que tous leurs lecteurs ne sont pas forcément spécialistes de la frobnication des foobars bleutés (ni même de la frobnication des foobars tout court, ni peut-être de la frobnication dans son ensemble), et autres spécialistes de la théorie des équations aux dérivées partielles pseudo-paraboliques dans les domaines quasi-convexes qui ne s'abaissent pas à être compréhensibles par les spécialites des équations aux dérivées partielles quasi-paraboliques dans les domaines pseudo-convexes.

On ne saurait donc trop prier les auteurs d'articles scientifiques de prendre le temps de remettre leurs résultats dans le contexte, d'expliquer un peu ce qu'on sait déjà et en quoi le résultat présenté en diffère (et pas seulement en faisant référence à la procédure de Bazqux, mais si possible en rappelant les grandes lignes de ce en quoi elle consiste).

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