Je continue la série
commencée ici, là
et là avec d'autres observations
aléatoires et sans transition (voire sans intérêt). Aujourd'hui le
temps était particulièrement pourri dans le genre pluvieux et brumeux
(avant-hier il a fait froid mais sec, hier il y avait un crachin froid
mais pas de vraie pluie, et à partir de demain il devrait faire plus
beau — globalement je ne me plains pas trop). Nous sommes voir
Brooklyn (guère plus qu'y mettre les pieds, en vérité), et la vue des
ponts suspendus sur l'East River et des buildings de Manhattan va bien
avec la brume un peu déprimante (comment
rend-on bleak
en français ?).
Je refais quelques remarques sur la nourriture parce que mon idée
de voyager c'est quand même de bien manger. C'est un peu dommage
que bien manger
à New York semble être si souvent associé à la
cuisine française ou italienne, que je n'ai pas traversé l'Atlantique
pour goûter ici, notamment dans un de ces endroits au nom ou au menu
faussement français et comportant souvent des orthographes un peu
fantaisistes (certes généralement limitées à un accent mal placé,
style créme bruleé
, mais j'ai vu quelque part un restaurant
dont le sous-titre était spécialitées lyonnaises
, sic. : c'est
tout de même bizarre de ne pas prendre la peine de consulter un
dictionnaire avait d'écrire quelque chose partout sur la façade).
Maintenant, ce midi nous avons mangé dans un petit bouiboui
d'inspiration indienne (sur Macdougal Street), qui n'était pas mauvais
du tout même si le cadre était riquiqui et un peu glauque. Et dans
quelques jours un ami doit nous montrer un bon restaurant chinois.
Une chose dont j'ai souvent entendu les Européens se plaindre,
c'est que les Américains ne savent pas faire du café. Et c'est vrai
que la boisson vendue sous ce nom est de l'eau chaude teintée et très
légèrement aromatisée, probablement moins caféinée que ce que j'ai
l'habitude de boire comme thé. Mais il faut simplement considérer
qu'ici le café
et l'espresso
sont des boissons
totalement différentes, qui n'ont qu'un vague lien de parenté : une
fois ce fait admis, on trouve sans trop de mal des espressi tout à
fait convenables, et qui vont bien avec les cookies trop sucrés. (En
revanche, la cannelle un peu partout, je n'arrive pas à m'y habituer,
et je me fais régulièrement avoir en oubliant de vérifier ce qui en
contient.)
J'ai un peu du mal à me faire, dans les commerces américains, à
l'idée qu'il ne faut pas hésiter à faire appel au personnel (qui me
paraît d'ailleurs souvent
considérablement overstaffed) : moi qui en
France, par timidité ou par peur de déranger, préfère tout faire par
moi-même (qu'il s'agisse de trouver un article ou d'en choisir un à
essayer), je suis assez désemparé par la manière dont on me saute
dessus (how are you folks doing today?
) dès que
je rentre quelque part pour me demander de jouer au client-roi
(how can I be of service?
).
Nous sommes passés tout à l'heure par un magasin Muji (無印良品), dont j'ai pu constater qu'ils vendent exactement les mêmes choses qu'ailleurs (ou en tout cas qu'en France et en Allemagne), et la raison pour laquelle je signale ça c'est que dans le tas il y a des règles graduées (uniquement) en centimètres — je serais curieux de savoir combien ils en vendent.
Aucun rapport (j'ai déjà dit que je laissais tomber les transitions), mais j'ai vu plusieurs chantiers devant lesquels un panneau invitait les passants à dénoncer anonymement s'ils voyaient que les ouvriers travaillaient dans des conditions dangereuses : je trouve que c'est une excellente idée. Aussi, quand il y a des travaux sur un immeuble, ils ménagent un passage piéton correct et protégé (par opposition à Paris où on peint vaguement des marques par terre et on invite les piétons à voir en face s'ils y sont).
J'ai
vu une
pub dans le métro que j'ai trouvée vraiment adorable
(I love my boo
, de la
fondation Gay Men's Health
Crisis, photo
ici).
À propos du métro (d'accord, je fais quand même des transitions, même si elles sont pourries), c'est étonnant pour un parisien de voir à quel point les rames sont longues ici (du coup, la même station dessert quelque chose comme trois rues consécutives), et à quel point il est peu profond. Les lignes sont essentiellement nord-sud dans Manhattan, et le graphe ressemble plus à un réseau de bus (i.e., beaucoup de lignes réalisant des itinéraires raisonnables de bout en bout, avec relativement peu de correspondances, et pas trop d'efforts pour unifier les stations) que dans d'autres villes que j'ai pu visiter. Le nom de la station n'est unique que relativement à la ligne, ce que je trouve assez merdique ; une autre chose que je trouve merdique, c'est que les lignes n'ont pas toutes un plan de la ligne bien visible dans chaque voiture, et si elles ont bien un plan de l'ensemble du réseau, il est placé à un endroit où on a neuf chances sur dix de déranger quelqu'un quand on veut le consulter.
Je n'arrive pas bien à me représenter la taille de Manhattan. Il paraît que c'est plus petit que Paris intra muros, mais ça me donne l'impression d'être beaucoup plus grand. Peut-être parce que c'est déjà la partie très centrale donc que j'ai tendance à comparer à la partie centrale de Paris. Peut-être parce que c'est plus allongé ou que la répartition des rues ferait qu'il y aurait plus de longueur de voies au kilomètre carré (j'aimerais bien voir des statistiques sur les villes classées en longueur de voies et en rapport longueur de voie sur surface totale). J'aimerais bien voir, aussi, un plan de New York City et de l'Île-de-France à la même échelle, pour me faire une idée des tailles.
Demain, comme tout sera fermé pour Noël, nous comptons nous promener dans Central Park (surtout qu'il devrait faire moins moche) et peut-être Roosevelt Island.