Vous êtes sur le blog de David Madore, qui, comme le
reste de ce site web, parle de tout et
de n'importe quoi (surtout de n'importe quoi, en fait),
des maths à
la moto et ma vie quotidienne, en passant
par les langues,
la politique,
la philo de comptoir, la géographie, et
beaucoup de râleries sur le fait que les ordinateurs ne marchent pas,
ainsi que d'occasionnels rappels du fait que
je préfère les garçons, et des
petites fictions volontairement fragmentaires que je publie sous le
nom collectif de fragments littéraires
gratuits. • Ce blog eut été bilingue à ses débuts (certaines
entrées étaient en anglais, d'autres en français, et quelques unes
traduites dans les deux langues) ; il est
maintenant presque exclusivement en
français, mais je ne m'interdis pas d'écrire en anglais à
l'occasion. • Pour naviguer, sachez que les entrées sont listées par
ordre chronologique inverse (i.e., la plus récente est en haut).
Cette page-ci rassemble les entrées publiées en
juillet 2004 : il y a aussi un tableau par
mois à la fin de cette page, et
un index de toutes les entrées.
Certaines de mes entrées sont rangées dans une ou plusieurs
« catégories » (indiqués à la fin de l'entrée elle-même), mais ce
système de rangement n'est pas très cohérent. Le permalien de chaque
entrée est dans la date, et il est aussi rappelé avant et après le
texte de l'entrée elle-même.
You are on David Madore's blog which, like the rest of this web
site, is about everything and
anything (mostly anything, really),
from math
to motorcycling and my daily life, but
also languages, politics,
amateur(ish) philosophy, geography, lots of
ranting about the fact that computers don't work, occasional reminders
of the fact that I prefer men, and
some voluntarily fragmentary fictions that I publish under the
collective name of gratuitous literary
fragments. • This blog used to be bilingual at its beginning
(some entries were in English, others in French, and a few translated
in both languages); it is now almost
exclusively in French, but I'm not ruling out writing English blog
entries in the future. • To navigate, note that the entries are listed
in reverse chronological order (i.e., the most recent is on top).
This page lists the entries published in
July 2004: there is also a table of months
at the end of this page, and
an index of all entries. Some
entries are classified into one or more “categories” (indicated at the
end of the entry itself), but this organization isn't very coherent.
The permalink of each entry is in its date, and it is also reproduced
before and after the text of the entry itself.
Une remarque de quelqu'un m'ayant conduit à relire certains de mes
textes, je me suis
rappelé qu'à ajouter à mes quatre histoires d'amour très
courtes j'avais ces quatre autres histoires très
courtes qu'un ami (désirant rester anonyme : nous l'appellerons
Aylleté Fonnome) a écrites (le 2004-04-08) et qu'il m'avait autorisé à
publier. Mieux vaut tard que jamais ! J'aime beaucoup ces nouvelles,
qui font un très beau pendant aux miennes. Merci à leur auteur,
donc.
J'avais promis de ne plus parler
de ma déprime d'ici que j'aille mieux. Je peux donc dire : je vais
mieux. Beaucoup mieux, même. Je sais à quel point mon humeur a
tendance à être cyclique, donc rien ne promet que ce soit durable,
mais j'ai quand même l'impression d'avoir compris certaines des causes
qui me plongeaient dans cet état (pour différentes raisons, je ne veux
pas en parler plus précisément au-delà de ce que j'ai déjà dit) et de
savoir un peu agir dessus. Je continue à entretenir mentalement
l'idée de consulter un psy (et pourtant, je viens de revoir Annie
Hall ! qui, d'ailleurs, est fabuleux pour le moral), mais
il me faudra certainement longtemps pour trouver quelqu'un qui ait une
chance de me convenir (quoi ? trouver un psy serait aussi dur que
trouver un petit copain ? je suis mal parti). Une autre chose qui
m'aide à m'en sortir et que quelques circonstances fortuites me
donnent une chance, dans une certaine mesure, d'aider (peut-être pas
dans des aspects très importants, mais c'est tout de même quelque
chose) une personne ou deux (là non plus je ne veux pas en dire plus,
mais j'avais déjà constaté qu'aider
quelqu'un peut être une excellente façon de s'aider soi-même).
Enfin, en tout cas, je voudrais remercier les personnes qui m'ont
apporté un soutien (ne serait-ce que par un petit mot gentil) au
moment où j'en avais besoin, et entre autres (dans un ordre absolument
quelconque) : Pierre, Antoine, Laurent, Adrien, Izys, Ska, Erwan,
Benny, Fabrice, Jean-Louis, Lionel, Dimitri, mon petit frère Mouton,
la maman de celui-ci (qui est donc un peu ma maman aussi), ma maman à
moi (celle qui me supporte vaillamment depuis très bientôt 28 ans), et
un certain nombre d'anonymes (ou pseudonymes) commentateurs de ce
blog, plus ceux que j'oublie. Quelqu'un me demandait récemment,
justement, la chose dont j'étais le plus fier dans cette vie, et je
crois que j'ai eu raison de répondre : mes amis.
Bon, après en avoir fait un peu à
Toulouse, il faut que je me mette sérieusement aux rollers à
Paris. Le but intermédiaire est d'arriver : d'une part, à freiner
correctement (c'est-à-dire sans le frein arrière, en mettant les
patins en T ; pour l'instant, quand j'essaie ça, je fais un demi-tour
et si j'allais trop vite je tombe), et, d'autre part, à avoir le
niveau pour faire la grande balade du vendredi soir (celle qui part,
justement, de la place d'Italie). Pour l'instant, je peux
difficilement me considérer mieux que débutant. Hum, là, j'ai fait,
avec un ami, de Bastille à la Villette en environ une heure : pas
vraiment glorieux ! Le trajet est plutôt agréable, sauf le passage
entre l'émergence du canal Saint-Martin et la rotonde de la
Villette.
Est-ce qu'il existe des plans de Paris « spéciaux rollers » sur
lesquels les axes seraient coloriés pour indiquer à quel point ils
sont plaisants (revêtement lisse, circulation réduite ou
trottoirs larges, ce genre de choses) ? Ce serait bien pratique.
D'un autre côté, je suppose que cela fait partie des compétences à
acquérir en rollers au même titre que la maîtrise technique proprement
dite : savoir quand il vaut mieux monter sur le trottoir ou circuler
sur la chaussée, repérer la trajectoire la plus confortable,
identifier les difficultés du terrain, tout ça tout ça.
Une voix me tire de ma rêverie : Docteur Huyghens, je
suppose ? Je regarde celui qui vient de m'interpeller. Il
ajoute : Je suis ravi que vous ayez accepté mon
rendez-vous.
Voici donc à quoi ressemble mon mystérieux correspondant !
J'avoue que je vous imaginais différent… je m'attendais à
quelqu'un de plus âgé. En tout cas pas à un si bel homme.
La flatterie ne vous mènera nulle part, mais continuez
d'essayer.
Volontiers : j'imagine que c'est votre érudition qui me causait
cette impression, celle d'un vieillard empli de sagesse. Et donner
rendez-vous dans une bibliothèque !
Essayez de garder votre ironie à un niveau tel que je pourrais
feindre de ne pas l'entendre. Mais les bibliothèques me fascinent,
justement, parce qu'elles me font voir l'étendue de mon ignorance.
Tout ça — il montre tout ça d'un geste théâtral,
englobant de son geste des étagères chargées de livres,
— tout ce savoir à une minuscule partie duquel seulement une
vie entière peut suffire à donner accès ! Ces connaissances (quelque
vingt millions de titres, je crois) enregistrées dans toutes les
langues du monde — voilà quel est le poids de mes lacunes.
Puis, sur le ton de la confidence : Érudition ? Vous vous moquez.
Même parmi les classiques, ces livres qu'un plaisant
définissait comme des œuvres que tout le monde veut avoir lues
mais que personne ne veut lire, mon ignorance est encyclopédique, et
ceux-là que j'ai lus c'était souvent, justement, pour les avoir
lus et non pour eux-mêmes. Mais les bibliothèques ne
m'émerveillent que d'autant plus : car tous ces livres non seulement
ont été lus, mais même ont été écrits, et il a donc fallu que chacun,
même le plus rébarbatif, trouvât quelqu'un qui se dévouât à
l'écrire. (Je trouve l'idée saugrenue mais amusante des livres qui
attendent, dans les limbes, qu'on daigne les écrire.)
Il prend une chaise et s'assoit tout près de moi, continue :
J'ai eu la prétention, parfois, de vouloir écrire un roman. Je
m'en sais maintenant incapable, peu importe. Mais je sais comment il
aurait commencé. Dans une bibliothèque. Une jeune femme est en train
de lire Borges. Ou Calvino, peut-être — ou Eco. Un livre qui
parle de livres, et de bibliothèques, en tout cas. Dans une
bibliothèque. Un livre qu'elle ne connaissait pas en entrant qu'elle
a trouvé au hasard, comme attirée par lui. Elle n'a rien d'une
érudite, pour reprendre votre expression, c'est juste ce
livre-là qui lui a plu. Elle n'est même pas le principal personnage
du roman, et le roman ne parle pas de livres — je n'oserais pas,
je laisse ça à d'autres. Mais il commence dans une bibliothèque. Ça,
oui, il le faut. Comme un hommage.
Je souris. Ce n'est pas un mauvais début.
Vous vous moquez encore. N'importe ! Vous avez sans doute vu
ce film de Wim Wenders, Les Ailes du désir : comme j'ai
aimé ces scènes dans la bibliothèque, où les anges écoutent les hommes
qui lisent. Il y a dans cette communion avec le savoir — qui
sait ce que cette dame, là-bas, est en train de regarder dans cet
énorme volume qu'elle consulte ? — quelque chose de profondément
spirituel en même temps qu'immanent.
Je souris encore. Je trouve très touchante votre façon de voir
les choses. Je souris, mais c'est affectueusement. Cependant, je
pense qu'il y avait une raison à notre rencontre…
J'ai été plutôt agréablement surpris : je m'attendais à un film
d'action complètement crétin, et c'est bien un film d'action, mais il
n'est pas sans intérêt. Je m'attendais à ce qu'Asimov serve
uniquement de prête-nom, et ce n'est pas le cas : bon, il est vrai que
le scénario, qui n'est pas directement tiré d'une oeuvre de
l'écrivain, est très hollywoodien et n'a pas la complexité et la
subtilité des intrigues nouées par le Bon Docteur, mais il reste quand
même une certaine influence du maître — en tout cas, je trouve
que ce n'est pas une trahison. Je ne spoilerai pas, mais on peut même
trouver des justifications dans l'oeuvre d'Asimov pour le principal
ressort de l'intrigue au final. Le personnage de Susan Calvin est
assez modifié mais pas complètement trahi non plus. Will Smith ne
joue pas mal du tout, je trouve, son personnage est relativement
plausible, et il y a des passages très rigolos au début (la
grand-mère, notamment, est absolument excellente).
À la limite, ce qui m'a le plus agacé, c'est un petit bout de
morale glissé discrètement au passage : si vous avez le choix entre
sauver un homme (avec une probabilité de 48%, mais à la limite peu
importe) et sauver une petite fille (avec une probabilité de 11%) il
« faudrait » (au sens où : d'après le film, n'importe quel humain
ferait ça) sauver la petite fille. Je ne sais pas pour vous, mais moi
ça fait sonner mon pipotron éthique : je ne vois pas pourquoi c'est
mieux de sauver la vie d'une petite fille que celle d'un homme plus
âgé. Enfin bon, peu importe, ce n'est pas le point central du film,
c'est juste un petit détail.
Bref, si vous vous ennuyez en ce moment (genre, vous êtes coincé à
Toulouse par un stage d'info ?), n'hésitez pas à aller voir ce
film.
PS : Dans les sorties prochaines
de l'été, je vois Riddick
et Hellboy,
qui, dans le genre nanar gratiné, ont l'air tous les deux vraiment
très forts. Forcément, il faudra que je voie les deux.
Voilà que je replonge dans une spirale que je ne connais que trop
bien : celle qui me transforme en légume. Je me suis levé tout à
l'heure à 16h après douze heures de sommeil : je dors énormément. Je
mange n'importe comment, et n'importe quand (et n'importe quoi —
en fait, surtout de la poudre de protéine dans du lait, ce qui est
vraiment le degré zéro de la nourriture). Je n'ouvre pas mes volets,
je ne sors pas de chez moi, je vis dans le noir (il faut dire que deux
ampoules se sont cassées presque simultanément — ensuite, je
n'ai pas eu le courage de les changer). Je ne fais rien de mes
journées à part me planter devant un écran d'ordinateur, ou un écran
de télé (enfin, je serais assez incapable de dire ce qui passe : je ne
regarde pas). Je n'arrive pas à faire quoi que ce soit (même pas
répondre à mes mails, d'ailleurs). Quand je me lève, il est déjà trop
tard pour faire quoi que ce soit de la journée, donc je me dis,
tant pis, j'attendrai demain, mais le lendemain c'est la même
chose. Il faut que j'en sorte, mais je ne sais pas comment.
L'avantage, évidemment, c'est que les légumes ne souffrent pas.
Enfin, c'est la théorie.
Strange: I thought I had mentioned this game on this blog
somewhere before, but I can't find trace of it. So let me say
something of it. It is played with a deck of 81 cards, all unique,
each card displaying one, two or three identical symbols (of three
possible kinds) in one of tree possible colors and one of three
possible shadings (unshaded, shaded or solid filled). So all the
3×3×3×3=81 combinations of symbol count, shape, color and shading
(each of the four parameters having three possible values) are
represented exactly once on the deck. Now we say that three cards
from the deck form a set when each of the four parameters
(count, shape, color and shading) is either identical over the three
cards or different on all three (for example, for three cards to form
a set, it is necessary for them to all display the same count of
symbols, which can be either one, two, or three, or else for one card
to display one symbol, another one two, and the third card three; and
similarly—and independently—for shape, color and shading).
For the benefit of mathematicians, we can say things more concisely:
the deck is the four-dimensional affine space over the finite field
with three elements, and a “set” is simply an affine line
in this space; and mathematicians will quickly compute that there are
1080 possible sets among the 81 cards (with each card belonging to
exactly 40 different sets).
However, this is not so much a game of mathematics as one of
observation: essentially, the goal is to quickly spot a set in a given
array of randomly dealt cards. So, for example, the image on the left shows
twelve cards (perhaps not quite identical to the ones found in the
commercial card game, because I have created my own images, but this
hardly matters; here, the three shapes are rectangles, ovals and
butterflies—or whatever you wish to call them—and the
three colors are red, green and blue), among which there is
one—and only one—set: can you see it? It can be quite
tricky (I'm not sure how difficult this particular one is: now that I
know where it is, it simply leaps to my eye so obviously that I can't
imagine how anyone could miss it, but I have spent entire minutes
vainly looking for a set in a given array of cards, so I know how
frustrating it gets): while mathematically all kinds of sets are
equivalent, they appear very different to the brain, and some are much
easier to spot than others (I guess the greater the number of
parameters which are equal over the set, the easier the set is to
locate—except possibly symbol count which had better be
different because “one two three” is easier to find than
“two two two”). As a teaser for the visual cortex (mine
is notably defective), this game is really mind-boggling.
One possible way to play this game among friends is to shuffle the
deck, deal out twelve cards in a rectangular array, and wait until
someone cries set, at which point he must promptly remove the
three cards he found and replace them with new ones from the deck; if
someone calls a set in error, he is forbidden to speak again until
someone else calls one correctly. If all players agree that no set is
to be found (which is rare, but not impossible: around 97% of all
collections of twelve cards have at least one set in them), replace
three arbitrary cards with new ones, or perhaps add three new ones.
At the end of the deck, the winner is the player who spotted the
greatest number of sets.
Incidentally, one can (well, a mathematician might, at least) ask
for the largest possible number of cards that does not contain a set.
It is fairly easy to find sixteen cards not containing a set (how?),
and the best estimate I could find (with a fairly easy reasoning) in
the other direction was that thirty-seven cards always contain a set;
actually, it turns out that one can find twenty cards without a set
(although doing so takes some cleverness), and that any collection of
twenty-one cards always contains a set: the proof of these assertion
can be found in a paper by
Benjamin Lent Davis and Diane Maclagan.
I have written a little program (using GTK+) with which one can
play Set (en solitaire, however: one
simply has an indefinite amount of time to find the set and click on
all three cards, at which point they are replaced with new ones and so
on until the virtual deck runs out): the shapes in the image shown
here are taken from this program (they were designed in PostScript and
rasterized using GNU
Ghostscript). I'm not sure whether I should distribute
this game, however: for one thing, I'm afraid that Set® Entreprises
might throw some intellectual property bullshit at me (we live in a
world where people fear not the ridicule of patenting something like
the four-dimensional affine space over the field with three
elements—and most of the time get away with it); for another,
the programming style is god-awful, because I did this in two hours
whereas I had never used GTK+ before. But if someone
insists (especially if that someone is willing to clean the thing up
and package it), I might declare my code Public Domain and forget it
on an FTP site somewhere.
Une entrée précédente ayant
soulevé une vague de commentaires sur un débat annexe, je tente de
faire une réponse un peu plus construite ici. Précisément, je veux
répondre à un commentateur (anonyme — quel dommage que les gens
n'aient pas le courage d'assumer leurs opinions sous leur nom —
plus précisément le #1187) qui affirme en substance (j'espère ne pas
trop dénaturer ses propos en les résumant très succinctement
ainsi) :
Les Écoles normales supérieures ne sont pas utiles dans leur
fonction supposée, parce qu'on peut dès la terminale détecter des
élèves qui y rentreront, et ces élèves seraient devenus chercheurs ou
profs même s'ils étaient passés par la fac (comme cela se ferait dans
d'autres pays), preuve que l'ENS ne leur aurait pas
servi.
Le déséquilibre en faveur des fils de profs dans ces Écoles est
massif, ce qui montre qu'elles ne jouent pas le rôle d'ascenseur
social qu'elles devraient. Le système actuel est donc injuste.
(Et je passe sur un argument ad hominem discrètement
versé.)
Voilà ce que je souhaite répondre à cela :
Je ne conteste pas du tout le fait qu'on peut souvent, dès la
terminale, déterminer les gens qui feront une ENS (pas
tous, cependant, mais une certaine partie, et, effectivement, le
Concours général peut servir à cela : je ne vois pas ce que ça a de
scandaleux que de constater que les gens qui sont bons en maths au
temps t ont des chances de l'être encore au temps
t′). Cela signifie qu'ils ont déjà développé
certaines capacités, mais absolument pas que c'est une chose
acquise.
Pour ma part, je peux dire positivement (et je m'estime le mieux
placé pour pouvoir en juger) que, si l'ENS n'avait pas
été là pour m'offrir le cadre qu'elle m'a offert, je n'aurais jamais
pu faire de la recherche en maths, ou même de l'enseignement. Il ne
suffit pas d'être capable de calculer un tenseur de Riemann à treize
ans pour avoir la capacité d'engagement personnel nécessaire pour
faire de la recherche : je sais que je ne l'aurais pas eue (et je ne
suis même toujours pas certain, actuellement, de l'avoir), et je
n'aurais jamais fait une thèse, c'est évident. Et je ne suis
certainement pas seul dans ce cas. J'aurais probablement fait des
maths en dilettante, parce que j'aime ça, mais je ne serais pas devenu
mathématicien si on ne m'avait pas donné les moyens qu'on m'a donné.
Ensuite, aurait-ce forcément été regrettable, c'est une autre
question… (Je ne m'étends pas, en revanche, sur ce que
l'ENS m'a apporté dans mon équilibre personnel.)
Le raisonnement ressemble, d'ailleurs, à : les meilleurs sont
bons, de toute façon, donc ne les entraînons pas, ils n'en ont pas
besoin — et c'est n'importe quoi. Il suffit pour le voir de
se demander ce que ça donnerait dans d'autres domaines (quoi ?
arrêtons d'entraîner les sportifs de haut niveau, ce ne sont pas eux
qui en ont besoin !).
Le déséquilibre énorme en faveur des fils de profs dans
l'enseignement et la recherche est incontestable, et je n'ai pas
l'intention de le contester. Mais ce n'est pas forcément un problème,
et je ne suis pas sûr d'avoir été bien compris en soulignant que tous
les enfants ont tendance à avoir envie de faire ce que leurs parents
font. Si les riches sont fils de riches, c'est une inégalité parce
que (presque) tout le monde a envie d'être riche ; mais il est faux
que presque tout le monde a envie d'être prof ou chercheur —
c'est un métier qui n'attire tout simplement pas les masses, il attire
surtout les gens qui veulent faire comme leurs parents, c'est tout.
Pour pouvoir parler d'injustice il faut regarder non pas l'écart entre
la proportion de fils de profs qui deviennent profs et la proportion
de fils d'ouvriers immigrés qui deviennent profs, mais entre la
proportion de fils de profs qui voudraient devenir profs et
qui le deviennent et la proportion de fils d'ouvriers immigrés qui
voudraient devenir profs et qui le deviennent ; et là, je
demande à voir des vraies statistiques. (Alors que si on met
riche à la place de profs, comme je le dis, les deux
statistiques diffèrent peu, donc on peut ignorer cette subtilité, et
il y a bien un déséquilibre.)
Ce serait assez absurde de fustiger les intellectuels parce qu'ils
donnent à leurs enfants le goût de faire des études : chacun a envie
de transmettre à la génération suivante ce qu'il a aimé, c'est assez
normal. Si des parents d'un tout autre milieu essayaient de
convaincre leurs enfants qu'ils doivent absolument devenir chercheurs,
ça marcherait peut-être tout aussi bien (il y a un certain nombre
d'exemples célèbres[#],
d'ailleurs, comme ça, qui sont peut-être anecdotiques et ne
constituent pas une vraie statistique, mais me convainquent
assez).
En tout cas, on voit mal ce qu'on pourrait reprocher en la
matière au concours d'entrée des Écoles normales supérieures : il
est anonyme et gratuit, et la préparation qui y mène est également
gratuite — on peut dire beaucoup de mal du système des classes
préparatoires françaises, mais au moins ce n'est pas une sélection par
l'argent. Aller plus loin, ce serait faire de la discrimination
positive, et il y a plein de raisons de croire que ce serait
catastrophique.
De toute manière, pour parler d'injustice, il faudrait une notion
morale claire. Or il n'y en a pas. Les gens ne choisissent certes
pas de naître fils de profs, de chefs d'entreprise ou d'ouvriers, mais
ils ne choisissent pas non plus de naître avec plus ou moins de
prédispositions (voire, talents) à ceci-cela, ou avec tel ou tel
tempérament ; donc, juger les gens sur leurs capacités ce n'est pas
fondamentalement plus juste, c'est juste plus efficace et plus
raisonnable.
Après, ça ne m'empêche pas de trouver beaucoup à redire sur le
système des prépas, et de penser qu'il faudrait créer plus de moyens
pour rentrer à l'ENS en venant de la fac. Mais c'est un
débat qui me dépasse (et, concernant les prépas, toutes les
propositions de réformes que j'ai vues me paraissent pires que le
mal).
(Disclaimer inévitable : comme tout ce qui est exprimé ici, les
opinions ci-dessus ne sont que les miennes, à titre personnel, et je
ne prétends pas parler, par exemple, en tant qu'enseignant à
l'ENS.)
[#] S'il faut en citer
un : à ce qu'on me dit, les parents des trois frères Lafforgue (l'aîné
est le dernier médaillé Fields français pour ses résultats sur le
programme de Langlands, et le benjamin est l'auteur de travaux
vraiment remarquables notamment sur la conjecture de Baum-Connes) sont
d'origine tout à fait modeste et ne viennent en aucune manière du
milieu de l'enseignement ou de la recherche, mais ils avaient une
admiration très grande pour ce milieu et l'ont communiquée à leurs
enfants — et ça a eu un résultat brillant.
Je reviens du cinéma où je suis allé voir Le Rôle de sa
vie. Je ne dirai pas grand-chose du film : autant les
personnages étaient assez intéressants et réalistes, autant l'histoire
m'a semblé d'un intérêt assez nul, et je suis plutôt déçu (mais bon,
vu l'ennui absolument souverain qui me possède ce week-end, et n'ayant
le courage de ne rigoureusement rien faire de la montagne de choses
qui m'attendent, le cinéma est encore une façon de s'échapper). Donc
à la place je vais juste mentionner deux pubs que j'ai vues en début
de séance.
D'abord, il y a ce clip (je ne sais pas comment l'appeler
autrement) produit par la mairie de Paris sur la chanson
Paris de Marc Lavoine (Je marche dans tes rues / Qui
me marchent sur les pieds / Je bois dans tes cafés…), où on
voit chanter des stars filmées en noir et blanc dans Paris et sur un
montage très mobile. Eh bien je la trouve absolument magnifique,
cette pub (j'aime beaucoup la chanson, que je ne connaissais pas du
tout, mais c'est surtout la manière dont c'est filmé qui est
admirable). Je l'avais déjà vue l'an dernier à la même saison, mais
je n'y avais pas trop prêté attention : là, je félicite ceux qui ont
fait ça. (Pour ceux qui n'ont pas vu et qui se posent la question,
c'est une pub pour l'opération 3 jours, 3 euros les 22,
23 et 24 août dans tous les cinémas parisiens.)
Ensuite, une pub pour EDF, que je saurais pas vraiment qualifier autrement
que la pub actuelle pour EDF au cinéma. Les deux
premières fois que je l'ai vue, je n'avais pas du tout compris avant
la fin sur quoi elle portait (je pensais plutôt à une agence
d'assurance, ou une banque, ou quelque chose comme ça, parce que ce
sont plutôt elles qui ont tendance à faire des pubs dans le genre,
vaguement lyriques et sans objet évident). En tout cas je n'y avais
pas fait beaucoup attention. Ensuite, on m'a fait remarquer que la
pub faisait très “années 70” (sic, enfin je crois),
et j'y ai fait un peu plus attention cette fois-ci. En réalité, elle
est très construite, ce n'est pas du tout des petites séquences au
hasard comme on en a l'impression en la voyant les premières fois : il
y a toutes sortes de petits indices qui évoquent différentes époques,
et si au début ce sont en effet les années 70 (cela se voit surtout
aux appareils électriques, évidemment, ce qui est normal dans une pub
pour EDF), ensuite on avance jusqu'à nos jours ; et en
fait, l'ensemble évoque, par un nombre de très courts plans-séquences,
la vie de quelqu'un (qui doit être à peu près de ma génération) entre
sa naissance et la naissance de son enfant, les deux naissances étant
représentées par des échographies. Je trouve ça artistiquement très
réussi.
C'était aujourd'hui que tombaient les résultats du concours maths-physique-info des
ENS. Pour être
précis, pour Ulm, les résultats ont
été affichés à 14h08 très précises (en fait, ils étaient prêts depuis
un bout de temps, mais il fallait attendre que M. le directeur de
l'École, Gabriel Ruget, daignât finir de déjeuner pour qu'il signât la
feuille) ; Lyon était arrivé un
peu avant, et Cachan est paru
en fin d'après-midi. Bon, comme les résultats sont maintenant
disponibles sur le Web, l'affichage papier sur place n'a pas la
solennité qu'il avait jadis, mais enfin.
On avait organisé un pot pour célébrer l'occasion. En fait, deux
pots (un pot officiel du concours et un pot préparé par l'association
des élèves), par manque de coordination, ce qui est un peu stupide.
Passons. Ça m'a permis de bavarder aussi bien avec les membres du
jury (j'en connais quelques-uns) qu'avec les admis (je n'en connais
pas directement, mais j'en connais un certain nombre qui en
connaissent). Et d'apprendre un certain nombre de choses, d'ailleurs,
sur le déroulement du concours en général (non, je ne parlerai que
sous la torture ) ou sur cette session en particulier.
Il semble que le peloton de tête (les six ou sept premiers) était
particulièrement brillant cette année ; le major, François Charles,
avec qui j'ai échangé quelques mots, a été apprécié notamment pour son
TIPE sur
les applications de la théorie des modèles à la théorie des corps
(hum, il a bon goût, ce garçon, ça doit être quelqu'un de bien). Et
je sais maintenant aussi qui est le petit malin qui a pondu le sujet
d'Ulm-Lyon de six heures où il s'est agi de démontrer le théorème 90
de Hilbert.
Un joli commentaire d'un candidat sur le concours des
ENS : par rapport à d'autres Écoles, au moins, ici, on
a l'impression que les examinateurs n'ont pas pour consigne d'être
désagréables.
Par ailleurs, je dois participer à la sélection des dossiers des
magistériens du MMFAI (les magistériens ne sont pas
normaliens, mais ils suivent les mêmes cours, sans être payés). Je
n'aime pas trop prendre ce genre de responsabilité, mais j'étais le
seul à être là pendant l'été donc je m'y suis collé : ça me fait
vraiment mal au cœur de devoir rejeter des dossiers de gens qui
sont manifestement très motivés pour venir et qui, tout
bêtement, n'ont évidemment pas le niveau (bon, il faut se dire que si
on les prenait ils seraient bien vite largués). A priori on
cible les gens qui ont été admissibles (ou au moins sous-admissibles)
à une ENS, venant d'une taupe, ou qui, venant d'un
DEUG MIAS, ont au moins la
mention très bien (en pratique il semble qu'il n'y ait que le
DEUG de Paris VI qui envoie des magistériens à
l'ENS en maths) ; mais il y a quelques dossiers vraiment
exotiques dont il faudra que je discute avec le directeur des études
du magistère.
(Hum, je m'excuse de cette entrée qui doit être vraiment emmerdante
pour toute personne qui ne baigne pas dans le petit monde de la prépa
française ou de les ENS. M'enfin bon.)
Allez, parlons un peu d'autre
chose : je viens de voir le navet de l'été, et je l'ai trouvé tout
à fait digérable (j'avais eu des échos positifs et négatifs). Je
précise que je n'avais pas vu le 1. Ce n'est pas très profond, c'est
sûr, mais le film me fait un peu l'effet du héros lui-même :
brouillon, incertain, mais finalement attendrissant. (Soit dit en
passant, physiquement, je ne dirais pas qu'il est très beau, le Peter
Parker — ou en tout cas, je n'arrête pas de changer d'avis d'une
scène sur l'autre —, mais c'est tellement mignon quand il a une
tête de chien battu — enfin, d'araignée battue —, qu'il en
devient craquant.)
Sinon, vous avez remarqué : on voit souvent des histoires avec un
méchant savant fou qui peut être un physicien (qui met au point toutes
sortes d'engins dangereux), un chimiste (qui peut produire des
substances horriblement toxiques ou corrosives), un biologiste (qui va
créer des organismes mutants totalement invraisembables) ou parfois un
informaticien (qui va prendre le contrôle de tous les ordinateurs),
mais on voit rarement un mathématicien. Ha, ha,
only serious! Imaginez un peu une histoire avec un méchant
mathématicien fou qui va prendre le contrôle du monde grâce à un
théorème faramineux, et un super-héros qui va l'en empêcher — ça
ce serait excellent.
Premier cercle vicieux : plus on déprime, plus on fatigue les gens
autour de soi (à force de répéter qu'on va mal, qu'on va mal, qu'on va
mal). Même si ce n'est pas vrai, on s'en persuade soi-même.
D'ailleurs, on a tendance à envoyer promener les gens qui essaient
vraiment d'aider. Du coup, on se retrouve d'autant plus seul. Et
plus on se sent seul, plus on déprime.
Deuxième cercle vicieux : plus on est susceptible de déprimer à
cause d'une mauvaise image de soi, plus cette image s'aggrave, et plus
on déprime. Troisième cercle vicieux : plus on déprime, moins on est
motivé pour agir (y compris pour faire des choses permettant de
sortir, sinon de la dépression, au moins de l'ennui), et donc moins on
a de chances de s'en sortir.
Bon, tout cela n'est pas très encourageant. J'ai fait une petite
plongée introspective dans les profondeurs de ma personnalité, j'y ai
trouvé des choses vraiment pas jolies à voir. Ceci dit, peut-être
qu'il y a le début d'un fil qui va me conduire quelque part… À
suivre, donc.
Et à part ça, je vais arrêter de parler du fait que je vais mal,
jusqu'à ce que quelque chose ait changé, parce que ça n'a plus aucun
intérêt.
L'artiste, nous dit-on, est celui qui fait commerce de ses
névroses. Allons-y !
Alexandre reste longtemps à la fenêtre : les ciels enflammés du
couchant laissent place à la clarté incertaine de la brune.
L'éclairage urbain est encore éteint, tout est glauque dans les rues.
Alexandre se détourne de la vue. La mélancolie monte de nouveau en
lui. Il le sent. Il ne va pas l'arrêter, il ne fait rien pour : il
s'abandonne à elle. Il se laisse envahir par cette impression de
vide, d'inutilité, de futilité.
Nouveau regard sur la pièce. Ce n'est pas celle-ci qui a changé,
c'est l'œil qui la scrute. Une ennemie : voilà ce qu'elle
est. Partout de lâches offrandes à un bonheur qui en cet instant lui
semble odieux. Il n'est pas heureux ! Il ne veut pas être
heureux ! Il n'a pas le droit d'être heureux ! Il n'a aucune raison
de l'être. L'œil balaie tous les objets dont il a décoré
avec tendresse son foyer chéri. Haine. Rien de cela n'a de
sens. Des bibelots formant une décoration sobre mais raffinée.
À quoi bon ?
Son regard finit par se poser sur le chat. Quinze années de son
existence sont là, sur la table basse, dans cette œuvre si
parfaite. Il s'en approche. Non, ne fais pas ça ! hurle
une voix en lui : il l'ignore. Il ne peut pas se satisfaire de cette
chose. Il doit en faire le sacrifice pour justifier son
malheur, pour faire taire cette partie de lui qui continue à sourire.
Rage. Folie destructrice. Le chat vole en morceaux. Quinze ans
rayés d'un trait.
Il se regarde dans le miroir. La transpiration perle à son front.
Il hait ce visage. Il voudrait tant qu'une figure consolatrice
parût pour lui dire quelques mots de réconfort — et pouvoir la
gifler ensuite. Mais aucune figure ne viendra : il est seul chez
lui, il n'a jamais été autrement que seul. Il hait ce visage, qui
est sa seule compagnie.
Il voudrait se crever les yeux ; le courage lui manque. Toute
sa rage ne parvient pas à vaincre la résistance qui défend son
intégrité corporelle. Il cogne son poing contre les murs, se fait
mal, s'arrête. Maudit sa lâcheté : même en cet instant, il tient
trop à la vie. Vie vaine. Vie sans but.
Enfin, les sanglots percent. L'abcès est crevé. Alexandre
hoquette, puis il hurle. Un fragment du visage du chat, tombé à
terre, le regarde d'un seul œil. Comme un animal blessé à mort.
Il pousse des cris inarticulés, balance la tête. Finit par
s'effondrer sur le sol, terrassé par la douleur et la fatigue. Il
s'endort dans un sommeil sans rêves. Fasse le ciel qu'il ne se
réveille jamais.
Just for the fun of testing the Speex codec as well as my new (cheap)
PC microphone, here is a recording of myself reciting a
famous poem by Rudyard
Kipling.
Je crois que c'est un manque qui ne sera jamais comblé et qui, à sa
manière, me pèsera toujours : l'amour homosexuel n'a pas la
représentation culturelle qu'a l'amour hétérosexuel. Ce que je veux
dire, c'est qu'il existe quantité de formes artistiques (ou, plus
généralement, culturelles), de la poésie à la peinture en passant par
le théâtre, le cinéma, la chanson ou la sculpture, qui de toutes
sortes de façons ont célébré l'amour, et qui sont les bases d'une
certaine représentation mentale inévitable sur laquelle nous
construisons, ensuite, notre conception de l'amour ; or, si on
excepte, en gros, des choses qui ont été produites dans la seconde
moitié du XXe siècle ou bien des œuvres qu'il faut lire à
travers des filtres sophistiqués, il ne s'agit jamais que de l'amour
hétérosexuel. En se promenant dans un jardin à la française orné de
statues, on ne voit pas une représentation de deux garçons en train de
s'embrasser ; quand on écoute des chansons populaires, on n'en entend
jamais célébrant l'amour entre deux femmes ; quand Shakespeare écrit
Roméo et Juliette, il s'agit d'un homme et d'une femme ;
et ainsi de suite. Il n'y a pas une tragédie de Racine, pas une
comédie de Molière, pas une pièce de Marivaux, pas un drame de Hugo,
qui raconte l'amour entre deux femmes ou entre deux hommes ; pas non
plus un poème de Ronsard ou une chanson de Brassens qui s'entende de
cette façon. Cela est l'évidence même, mais ce silence est vraiment
assourdissant. (Inutile, soit dit en passant, de me sortir des
contre-exemples d'un chapeau de magicien, de me dire qu'à la troisième
allée à gauche du château de Kleinschwarzsteintalseebaden on peut voir
une sculpture représentant deux personnages de sexe masculin en train
de s'embrasser : je n'ai aucun doute que les lecteurs de mon blog sont
capables de dénicher ce genre d'exceptions, mais mon observation
demeure. Et, oui, j'ai lu la seconde églogue de
Virgile, que j'aime énormément, mais qui ne change pas grand-chose
non plus à ce que je dis.)
Bien entendu, les choses ont changé : il n'est plus tabou de
représenter l'homosexualité dans l'art, et on ne s'en prive pas.
Seulement, l'art a évolué, lui aussi. L'art produit à la fin du XXe
siècle, ou au XXIe, n'est pas celui qu'on faisait au XIXe ou au XVIIIe
ou avant. Et pour cette raison, la lacune dont je parle ne sera
jamais comblée. Il n'y aura pas un nouveau Shakespeare pour
écrire Romain et Jules, parce qu'on n'écrit plus comme
Shakespeare (ou alors ce serait une parodie, et ce n'est pas pareil ;
mais il n'y a pas de Pierre Ménard capable de nos jours de refaire du
Cervantès) ; pas plus qu'on n'écrit d'œuvres romantiques comme à
la période romantique. Bref, quand bien même les mouvements de
revendication homosexuels obtiendraient la plus grande satisfaction,
quand bien même la société atteindrait une tolérance parfaite, rien ne
pourra jamais refaire ce qui n'a jamais été fait.
Le point n'est pas anodin : je ne le monte pas en épingle pour le
plaisir de me plaindre. Peut-être est-il vrai que je le prends trop à
cœur (et presque de façon personnelle : je pourrais dire, en ne
plaisantant qu'à moitié, idée saugrenue mais qui me plaît, que
j'aimerais faire mon coming out auprès de Victor
Hugo, qu'un esprit aussi profondément bon, progressiste et
visionnaire, ne pourrait que bien le prendre ; malheureusement, il est
mort presque un siècle avant ma naissance, et il est donc un peu tard
pour lui parler : il faut que je me console en lisant
Bug-Jargal avec une interprétation peu orthodoxe). Le
fait est que cela m'a toujours peiné, et qu'à chaque fois que je vois
une belle représentation de l'amour dans une œuvre d'art
classique (au sens très large) je songe avec chagrin que je ne
trouverai pas de semblable image de la forme d'amour qui est capable
de me toucher.
Bon, mon extrême mélancolie
d'avant-hier soir et d'hier m'est largement passée (mais je ne sais
toujours pas à quoi l'attribuer, et je n'ai aucune idée de si elle
reviendra). Je suis conscient que le caractère très volatil de mon
humeur est inquiétant, comme un commentateur de l'entrée précédente le
signale, mais je ne pense pas qu'il y ait grand-chose à y faire. Une
chose qui m'inquiète aussi beaucoup, c'est qu'à force de faire des
cycles rapides de tristesse↔joie, je vais finir par lasser
vraiment tout mon entourage (chose que j'ai déjà observée : on a beau
ressentir a priori énormément de sympathie pour quelqu'un,
lorsqu'elle tourne toujours obstinément autour des mêmes malheurs,
toute compassion finit par s'user), c'est l'effet du garçon qui criait
au loup (il y avait vraiment un loup à chaque fois, mais le loup s'en
allait bien vite).
L'effet principal de se sentir déprimé, c'est que tout vous paraît
futile et sans saveur : à chaque chose qui devrait normalement vous
réjouir une petite voix dans votre tête résonne et dit et
alors ? — et à chaque action que vous entreprenez elle vous
dit à quoi bon ? — otant ainsi toute motivation. Et
objectivement il n'y a rien à répondre à cette petite voix : la vie
est dénuée de sens et de motivation, ce n'est que par la
force de la volonté qu'on peut lui en donner (manque de chance pour
moi, ma conception du bonheur a l'air de dépendre quand même assez
largement de certaines relations affectives que je n'arrive pas à
avoir — et en ce moment et à ce sujet je ne vois plus aucune des
potentialités qui semblaient exister
il n'y a que quelques semaines).
Mais dans l'immédiat, il vaut sans doute mieux que je me concentre
sur, justement, l'immédiat. Comme rédiger ma thèse (mon directeur a
trouvé satisfaisante une référence que je lui ai proposée pour
justifier un argument de théorie de l'intersection, cela me rassure
assez), rencontrer des gens (le plus de gens possibles, pour ne pas me
laisser passer des soirées seul à ruminer), faire du rollers (il faut
que j'arrive à apprendre à freiner sans utiliser le frein arrière ! j'y
arriverai, scrogneugneu) et claquer tout mon argent (aujourd'hui j'ai
dépensé 100€ dans une bande dessinée — l'intégrale des
Méta-Barons, une suggestion du frangin). Si je m'occupe
assez, je ne trouverai plus le temps de déprimer. Allez, je ne
résiste pas de terminer par une de ces merveilleuses petites phrases
de Sempé (je cite de mémoire… et je ne peux pas, bien sûr,
reproduire le dessin qui va avec) :
Je suis déprimé pour des raisons graves, profondes, existentielles.
Bien sûr, il m'arrive d'être heureux ; mais les raisons pour
lesquelles je suis heureux sont tellement légères, tellement futiles,
que ça me déprime.
C'est une sorte de chape de plomb qui vient de s'abattre sur ma
tête. Ce n'est pas une surprise, car je l'ai vue venir : non que mon
moral se soit progressivement détérioré — j'étais tout à fait
heureux ces derniers jours sauf pendant de brefs moments où justement
je ressentais (sans aucune raison compréhensible à leur venue) comme
un aperçu de ce que j'éprouve maintenant. Il n'y a pas non plus de
raison identifiable à ce que je me sente maintenant aussi mal, mais
c'est un fait ; et c'est mon bonheur, pourtant si proche dans le
temps, qui me paraît maintenant incompréhensible. Je n'ai envie de
rien, juste de dormir et qu'on me laisse en paix. J'en ai assez
d'embêter les gens (en particulier, justement, en me plaignant que je
déprime), j'en ai assez de faire mon David Madore. Je me sens
terriblement las.
J'en profite pour présenter d'avance mes excuses à ceux qui
tenteront de me contacter, je risque de ne pas répondre beaucoup à mes
mails.
Un petit bonjour de Toulouse, où je suis en train de squatter une
des machines du LAAS (merci,
frangin) pour lire mon mail et écrire ces quelques mots.
La ville elle-même m'a très peu convaincu. Pour parler
franchement, je trouve Toulouse assez moche : les bâtiments sont
plutôt affreux, et souvent bien délabrés ou, en tout cas, très sales ;
les architectures les plus disparates se côtoient sans harmonie,
l'ensemble n'a aucun caractère et m'évoque une ville du Tiers-Monde
(et puis, accessoirement, il n'y a aucune poubelle nulle part, et
toute la ville est en chantiers, ce qui est pénible). La circulation
est infernale, les rues soit sont trop étroites soit ressemblent à de
véritables autoroutes. Bref, pas une réussite, de ce point de vue-là.
Mais ce n'est pas grave, j'étais surtout venu ici pour voir des gens,
et pour faire du rollers, et je n'ai pas été déçu par tout ça —
je m'amuse bien.
Je suis très mauvais en rollers. J'en avais fait un tout petit peu
il y a deux ans, quand je m'étais acheté mes patins, et je n'avais pas
persévéré. Là c'était l'occasion parfaite : pour aller du
centre-ville au campus de Rangueil (de l'Université Paul Sabatier) —
où se trouve le LAAS où Mouton fait son stage, et
où il loge —, il y a une promenade tout à fait plaisante le long
du canal du midi, notamment sans route à traverser (le principal
risque serait de tomber à l'eau). Bonne raison pour m'y remettre,
donc. Mais je manque furieusement de technique, je sais que je ne
fais pas ce qu'il faut (dans ma façon de pousser sur les jambes,
surtout — notamment, je sais que j'utilise mes pieds de façon
asymétrique et ce n'est pas bon parce que je me fais mal au gauche)
mais je n'arrive pas à comprendre en quoi, ni à m'améliorer. Par
ailleurs, je suis vraiment déchiré entre d'un côté l'envie de faire du
rollers et d'apprendre à bien le faire parce que c'est vraiment
excellent comme moyen de transport, et grisant comme sensation (quand
ça avance et que je contrôle la situation, je me sens vraiment
bien sur mes patins), — et d'autre part la peur parce
que j'ai toujours des alarmes dans la tête qui me disent c'est
dangereux — y'a des voitures — tu risques de tomber
— tu es en équilibre précaire — tu vas te faire mal
— le terrain est mauvais — etc : c'est assez
stressant, tout ça.
Enfin voilà pour le moment, je ne vais pas m'éterniser à raconter
ça. Je crains qu'à mon retour je retombe dans une certaine déprime,
mais j'ai encore le temps de voir — pour l'instant je suis
souvent très heureux. À plus tard ! (Et bonnes fêtes du 14 juillet
pour ceux qui apprécient ça.)
Dans la série « j'essaie de me débarrasser de ma phobie des
voyages », je vais passer cinq jours (de vacances) à Toulouse, pour
retrouver mon frangin qui y fait son stage tout l'été et aussi
quelques autres amis (deux matheux qui vont assister à ce congrès, et
aussi un biologiste qui habite Toulouse). Comme le train met
décidément un temps invraisemblable à arriver à Toulouse, je voyage en
avion (aller par vol EZY4111 départ 2004-07-10T07:10+0200 ORY arrivée
2004-07-10T08:30+0200 TLS ; retour par vol EZY4122 départ
2004-07-14T21:00+0200 TLS arrivée 2004-07014T22:20+0200 ORY) : il faut
bien dire qu'easyJet n'est pas
cher mais passer par eux donne un peu l'impression qu'on aurait en
donnant son numéro de carte bleue à un vendeur à la sauvette au
Bengladesh. S'il y a besoin de me joindre pendant ce temps, j'aurai
mon mobile avec moi, et sinon je loge à l'hôtel
Kyriad Toulouse Centre, 5 boulevard de la Gare, 31500 Toulouse
(tél. 05 61 34 11 71).
J'étais parti pour ne pas écrire d'entrée aujourd'hui (j'ai déjà dit que je ne voulais plus
m'imposer d'écrire forcément au moins une fois par jour), mais cela a
été une prophétie auto-annulatrice. Or en me rendant compte que je
n'avais pas vraiment envie d'écrire, je me suis aperçu que c'était
essentiellement parce que je n'avais pas de malheur à déballer. Je ne
dis pas que je n'ai écrit dans ce blog (jusqu'à présent) que
pour faire part de mon insatisfaction et mon mécontentement, mais,
quelque part, il y a quand même un peu de ça : si je suis malheureux,
j'ai besoin de l'écrire pour dépasser ce sentiment, alors que le
bonheur, lui, n'a pas besoin d'être (d)écrit (et quand il l'est, il
n'est pas très intéressant) —
il a besoin d'être vécu. C'est peut-être aussi pour cette raison que
beaucoup de grands artistes sont des esprits tourmentés. (J'ai
moi-même eu des moments
d'inspiration en des périodes de profonde tristesse.) Mais si
c'est vrai, c'est un peu dommage.
(Tiens, dans cet ordre d'idées : existe-t-il une histoire d'amour
intéressante qui soit parfaitement heureuse ? Je veux dire,
à lire, pas à vivre…)
L'œuvre est « oulipienne » dans sa construction, en ce sens
qu'elle obéit à des règles formelles extrêmement précises et
contraignantes. Mais le génie de l'auteur fait qu'il n'apparaît rien
de cette structure rigide à une lecture naïve : la rédaction semble
couler de source, l'aisance du romancier avec les règles qu'il s'est
imposées les fait oublier, comme si la liberté la plus grande
présidait à l'écriture.
La contrainte la plus particulière concerne l'organisation des
personnages. Le roman en fait apparaître exactement douze, quatre
femmes et huit hommes, — pour lesquels on a pu voir des
correspondances avec les figures d'un jeu de cartes. Mais le livre
est également divisé en cent trente-deux « passages » (de longueur
variable, entre un paragraphe et douze pages), et chacun de ces
passages met en scène (parfois de façon indirecte) précisément six
personnes parmi les douze, toujours de manière différente. La
contrainte est que pour n'importe quel ensemble de cinq personnages il
y a un — et un seul — passage du livre qui fait intervenir
ces cinq-là (ainsi qu'un sixième, comme on vient de le dire). Les
mathématiciens nous apprennent que cette structure remarquable porte
un nom : il s'agit des 132 hexades d'un système de Steiner
d'indices (5,6,12).
Cette combinatoire ne concerne pas uniquement la présence des
personnages, mais également le modèle de la narration. Lorsqu'on lit
le roman tel qu'il est présenté, il semble que l'ordre des passages
est naturel. Néanmoins, il n'est pas chronologique dans le
déroulement de l'action, et il n'est pas le seul possible. En fait,
si l'on permute les personnages de façon arbitraire mais en respectant
chacune des hexades (les mathématiciens diront qu'il s'agit d'un
élément du groupe de Mathieu sur douze objets), on obtient une façon
de réordonner les passages et ce nouvel ordre a encore un sens.
On pourrait continuer encore longtemps la description des
propriétés mathématiques de l'œuvre. Mais le prodigieux tour de
force de l'écrivain, ce n'est pas tant d'avoir su les produire que
d'avoir fait en sorte qu'elles ne se voient pas.
Bon, d'accord, c'est vraiment une idée saugrenue. Je pense que
même les « PQR » (Perec, Queneau et autres Roubaud) ne seraient pas
allés aussi loin que d'écrire un roman construit selon la structure du
système de Steiner d'indices
(5,6,12). Mais j'aimerais bien voir ce que cela pourrait donner. Le
risque principal serait sans doute que les personnages seraient un peu
trop interchangeables (cinq fois interchangeables, pour être
précis !).
Comme promis, je me lance dans une
tentative pour vulgariser la géométrie arithmétique et notamment mon
sujet de thèse. En fait, le but que je me fixe est de donner un petit
aperçu du sens de l'énoncé suivant (qui est une conjecture due
notamment à mon directeur de thèse, et qui constitue en quelque sorte
le Saint-Graal de la géométrie des variétés
rationnelles-et-apparentées) :
Sur une variété (sur un corps de nombres) projective, lisse,
(géométriquement) rationnellement connexe, l'obstruction de
Brauer-Manin au principe de Hasse est la seule pour l'existence d'un
point rationnel.
Cela risque de prendre un certain nombre de pages et, comme tout
projet que j'entreprends, je ne suis pas du tout certain d'arriver un
jour au bout. En attendant, voici le début, qui commence par
quelques considérations sur les triplets pythagoriciens (en termes
savants : trouver les points rationnels sur le cercle unité).
Je ne saurais pas vraiment expliquer pourquoi, mais mon moral a
assez baissé depuis l'euphorie
récente. En fait, j'ai quand même de sérieuses pistes : d'une
part, une certaine potentialité s'est
refermée dans mon esprit (il n'y a rien de matériel pour le justifier,
mais j'ai cessé de croire à une possibilité qui me semblait imaginable
il y a quelques semaines) ; je m'achemine de nouveau vers l'état
d'esprit (si difficile à éviter) « je ne connaîtrai jamais l'amour, je
n'arrive même plus à croire à une possibilité » ; quant à l'autre
piste, ce n'est pas moi qu'elle concerne directement, et je ne peux
pas en dire plus.
Tout ceci étant, je me demande ce que je vais raconter ici
prochainement. Une des idées qui me sont venues à l'esprit est de
tenter d'écrire une introduction de vulgarisation à mon
domaine de recherche. Ça changera un peu de mes rants sur mon humeur
du moment, de parler un peu de triplets pythagoriciens et de choses de
ce genre.
Un petit exercice auquel il peut être intéressant de se livrer :
choisir une personne de son entourage (qu'on a vue passablement
longuement récemment), et essayer de deviner (sauf qu'il ne s'agit pas
de deviner au hasard, justement, mais d'avoir des raisons et de les
comprendre) à quel moment on a été — dans sa compagnie —
le plus agréable, et à quel moment le plus désagréable, pour cette
personne. Il y a forcément un moment où on est le plus agaçant pour
une personne donnée : il est très instructif de se demander quand.
L'avantage de se demander quand et non pourquoi,
c'est qu'on peut plus facilement demander confirmation auprès de la
personne (c'est tout de même moins polémique et on a donc plus de
chance d'obtenir une réponse vraie et non simplement dictée par la
politesse) ; de plus, cela permet plus immédiatement d'apprendre à
reconnaître ces moments ; mais surtout, cela oblige à penser (et à se
voir soi-même) du point de vue d'une autre personne, ce qui
est incomparablement précieux pour réussir à avoir des rapports
harmonieux avec cette personne.
C'est tellement bête que cela mérite à peine le nom d'une idée,
mais je pense que je ferais bien d'appliquer ça plus souvent.
J'ai souvent écrit des entrées dans ce blog pour dire que ça
n'allait pas bien, alors écrivons-en aussi pour dire le contraire,
pour une fois.
Déjà, la bonne nouvelle à laquelle j'ai fait allusion hier (je voulais attendre
qu'elle soit sûre avant de la dire, mais on m'a fait parler, alors
autant que je l'écrive ici) : je suis pris — sous réserve que le
poste se libère bien — comme caïman (= agrégé préparateur) à
l'ENS à la rentrée prochaine. (Sous réserve que le
poste se libère, ça veut dire que celui qui l'occupe actuellement,
Gaëtan Chenevier pour
ne pas le nommer, devrait avoir un poste de chargé de recherches au
CNRS — il est premier sur la liste complémentaire
— mais ce n'est pas complètement certain non plus. On devrait
en savoir plus sous peu. Mais on m'a appris que j'avais au moins le
poste d'ATER que je demandais à Orsay.) Non
seulement c'est un travail qui m'intéresse beaucoup (je ne me plains
pas du tout de l'enseignement que j'ai fait en DEUG
à Orsay : j'ai beaucoup aimé les quatre années que j'y ai passées,
mais enseigner à l'ENS est encore plus motivant, et
préparer à l'Agrégation c'est quelque chose qui devrait me plaire) et
qui devrait me donner bien du courage pour travailler ; mais aussi, ça
me permet de garder un an de plus un contact avec cette École que je
ne me décide pas à quitter vraiment.
Ensuite, j'ai surestimé la morosité estivale : au moins en juillet
je vais apparemment trouver pas mal de gens à voir. En ce moment,
même, mon agenda social tourne à plein régime, et ça, ça me plaît
beaucoup. Ce soir j'ai dîné avec plein de gens que j'apprécie
beaucoup, samedi soir je remets ça mais à Lyon où je passe le week-end
pour voir mon petit frère chéri, mardi soir je vois encore un autre
groupe de gens pour une soirée d'anniversaire qui devrait être très
sympa, et jeudi et vendredi je rencontre des gens que je n'ai pas
encore vus mais que je suis curieux de connaître. Tout cela est
alléchant. Et même en août, quelques personnes que j'aime beaucoup
m'ont dit qu'elles seraient là.
Par ailleurs, je me suis aujourd'hui acquitté d'une tâche que
j'avais promise à quelqu'un (il s'agit de la saisie d'un texte
mathématique, précisément SGA 2 exposé XI pour ceux qui savent de quoi
il retourne) — que j'aurais dû faire depuis longtemps, certes,
mais je suis heureux d'en être libéré. Maintenant, le cap prioritaire
pour mon travail, c'est décidément la rédaction de ma thèse (première
partie : trouver certaines références en théorie de
l'intersection).
Bref, tout cela pour dire que je vais vraiment bien
aujourd'hui. Et j'ai envie de remercier tout un tas de gens, qui se
reconnaîtront eux-mêmes (ou pas) : merci à tous !
Un petit bémol dans tout ça, quand même, c'est la santé : j'ai
refait, hier matin et ce matin, des crises de tachycardie. Pas les pires que j'aie
eues, rien de vraiment inquiétant (ça ne monte « que » à
140–160 pulsations par minute, et 10 à 15 minutes plus tard
c'est redevenu normal ; comme le rythme est parfaitement régulier, ça
ne doit pas être emboligène ; j'ai tendance à penser que c'est
complètement psychosomatique, en fait, même pas un flutter), mais
c'est en tout cas pénible, ne serait-ce que parce que ça
interrompt mon sommeil et que pendant dix minutes je dois lutter
contre les accès de panique. Pour ma tranquillité d'esprit je vais
tenter de prendre rendez-vous chez un cardiologue, histoire de faire
les tests de base (Holter, ECG, échographie cardiaque,
test d'effort, ce genre de trucs).