Puisque mon rythme d'écriture sur ce blog semble avoir baissé d'une entrée par jour à une entrée par semaine[#], j'ai intérêt à forcer un peu sur le côté racolleur de mes titres, d'où mon annonce du secret du bonheur (ceci étant, les lecteurs réguliers savent que j'en ai déjà parlé et même donné le secret : désolé si je me répète, mais comme vous savez tout et que je sais tout, nous ne pouvons que répéter ce que nous savons déjà). J'y viens.
Il y a une conférence qui se tient annuellement à Monterey en
Californie et qui s'appelle TED
, comme Technology Entertainment Design
(voici ce
que Wikipédia en dit, et voici leur
site Web), et qui, bien entendu, prétend être une sorte de marmite à
pensées de gens remarquables. Et pour le commun des mortels qui n'ont
pas l'honneur de payer les quatre mille dollars pour être un gens
remarquable, il y a des vidéos sur leur site ; j'en ai
regardé quelques-unes et il faut admettre qu'il y en a de très bonnes
dans le tas :
- Dans une des toutes premières sessions à être enregistrées, par exemple, on a Hans Rosling (vidéo en ligne ici ou ici, vidéo téléchargeable là) qui présente des statistiques, sous forme d'animations époustouflantes, sur l'économie (et l'état, plus généralement) du monde, à la fois pour le présent et pour l'évolution depuis une quarantaine d'années, les différences géographiques, etc. Il s'agit d'une réfutation assez flagrante d'un certain nombre d'idées reçues sur ce qu'est « le tiers-monde », « les pays riches », tout ça. Quel pays a, selon vous, la plus forte mortalité infantile, entre le Sri Lanka et la Turquie ? Si vous pensiez comme moi que c'était le premier, vous feriez bien de regarder pour vous remettre les idées en place.
- Le secret du bonheur que je vous promettais, c'est le psychologue Daniel Gilbert qui le révèle (vidéo en ligne ici, audio téléchargeable et vidéo téléchargeable là). Il présente quelques expériences tendant à montrer la thèse apparemment surprenante suivante : si demain vous deviez gagner un jackpot au loto ou si demain vous deviez devenir tétraplégique, cela ne ferait pas une différence significative sur votre bonheur à long terme ; et notre idée de la manière dont nous seront heureux dans l'avenir, ou dont nous le serions dans tel ou tel avenir hypothétique, sont totalement fausses par rapport à ce qu'on observe vraiment. Je connaissais ce phénomène par la lecture par exemple de ce rapport, qui prouve que, contrairement à ce que tout le monde croit, on devient plus heureux en vieillissant (alors qu'on s'imagine soi-même avoir été plus heureux quand on était jeune et devoir devenir moins heureux en vieillissant).
- J'ai aussi bien aimé l'intervention du statisticien Peter Donnelly
(vidéo
en ligne ici, audio
téléchargeable et vidéo
téléchargeable là), qui réfute plusieurs idées fausses, parmi les
préférées, qu'on a souvent sur les statistiques. Notamment le piège
« bayesien » classique : s'il y a une maladie qui frappe environ une
personne sur dix mille et qu'on dispose d'un test fiable à 99% pour
déterminer si quelqu'un a cette maladie, si le test indique que
quelqu'un est malade, quelle est la probabilité qu'il le soit
vraiment ? (La réponse est, environ 1%, pas 99% comme beaucoup de
gens s'imaginent. Malheureusement, quand les
beaucoup de gens
constituent un jury d'assises et que le test est dans le cadre d'une enquête criminelle, l'erreur peut conduire un innocent en prison. C'est aussi le même genre de phénomène qui fait que mes spams sont souvent mal classés.)
Zut, j'avais prévu de parler d'autres choses que seulement de ces vidéos, mais, comme toujours, je commence à m'étaler sur un sujet à tel point que j'ai l'impression que ce serait vraiment disproportionné d'en mentionner un autre après. Ce sera pour un autre jour.
[#] Mon avocat me
conseille de ne pas révéler, dans cette baisse de productivité, les
parts relatives des effets David, arrête de raconter ta vie et
viens te coucher
et zut, je n'ai vraiment pas fini le boulot
que je m'étais promis de faire pour demain, je continue
. Plus
sérieusement, il y a des fois où ça me manque, de ne pas trouver le
temps, par exemple pour écrire des fragments
littéraires gratuits.