David Madore's WebLog: Kōan du bonheur

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(jeudi) · Noël

Kōan du bonheur

Puisqu'il y a apparemment des gens qui dépriment (si, si, et je ne parle pas d'un petit coup de blues), je vous offre pour Noël le kōan suivant (il n'est pas nouveau, mes excuses à ceux qui le connaissent déjà) :

Un jour, un disciple (ou était-ce une disciple ?) vint voir le patriarche Gro-Tsen, et lui dit :

— Je crois que je ne trouverai jamais le bonheur dans la vie.

— Pourquoi ? demanda Gro-Tsen.

— Parce que j'ai déjà n années, et que j'ai déjà tout vu, mais pas le bonheur. Il est trop tard maintenant pour trouver quelque chose qui m'apporte le bonheur, et encore plus trop tard pour en profiter.

Gro-Tsen regarda le disciple un peu de travers, et fini par déclarer, d'un ton qui coupe court à toute discussion :

— Pour trouver le bonheur, il ne faut pas le chercher.

Puis il se mit en position du lotus et refusa d'en dire plus. Le disciple s'en alla.

Quelque temps plus tard, le même disciple revint et dit à Gro-Tsen :

— Je crois que je ne trouverai jamais le bonheur dans la vie.

— Pourquoi ? demanda Gro-Tsen.

— Parce que j'ai suivi votre conseil et je ne le cherche plus. Maintenant, je cherche simplement à apprendre des choses. Le bonheur, j'ai fait une croix dessus.

Gro-Tsen regarda le disciple un peu de travers, et fini par déclarer, d'un ton qui coupe court à toute discussion :

— Pour trouver le bonheur, il ne faut pas chercher à ne pas le chercher.

Puis il se mit en position du lotus et refusa d'en dire plus. Le disciple s'en alla.

Quelque temps plus tard, le même disciple revint et dit à Gro-Tsen :

— Je crois que je ne trouverai jamais le bonheur dans la vie.

— Pourquoi ? demanda Gro-Tsen.

— Parce que j'ai suivi votre conseil et je ne m'en préoccupe plus. Si le bonheur vient à moi, je le prendrai. Mais je ne cherche plus ni à le prendre, ni à l'éviter. Seulement, je doute qu'il vienne à moi.

Gro-Tsen regarda le disciple un peu de travers, et fini par déclarer, d'un ton qui aurait dû couper court à toute discussion :

— Pour trouver le bonheur, il ne faut pas chercher à l'ignorer.

Cette fois, le disciple trouva sa patience à bout.

— Mais enfin ! s'exclama-t-il, comment trouve-t-on le bonheur ? S'il ne faut pas le chercher, s'il ne faut pas ne pas le chercher, s'il ne faut pas l'ignorer, que faut-il faire alors ?

— Il ne faut rien, répliqua Gro-Tsen.

— Alors comment trouve-t-on le bonheur ? répéta le disciple.

Gro-Tsen fit un sourire radieux (et il était fort choupinou, de la sorte, d'autant plus qu'il était très blond), et dit enfin :

— En étant heureux.

À ce moment-là, le disciple fut Éclairé.

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