David Madore's WebLog: 2017-04

Vous êtes sur le blog de David Madore, qui, comme le reste de ce site web, parle de tout et de n'importe quoi (surtout de n'importe quoi, en fait), des maths à la moto et ma vie quotidienne, en passant par les langues, la politique, la philo de comptoir, la géographie, et beaucoup de râleries sur le fait que les ordinateurs ne marchent pas, ainsi que d'occasionnels rappels du fait que je préfère les garçons, et des petites fictions volontairement fragmentaires que je publie sous le nom collectif de fragments littéraires gratuits. • Ce blog eut été bilingue à ses débuts (certaines entrées étaient en anglais, d'autres en français, et quelques unes traduites dans les deux langues) ; il est maintenant presque exclusivement en français, mais je ne m'interdis pas d'écrire en anglais à l'occasion. • Pour naviguer, sachez que les entrées sont listées par ordre chronologique inverse (i.e., la plus récente est en haut). Cette page-ci rassemble les entrées publiées en avril 2017 : il y a aussi un tableau par mois à la fin de cette page, et un index de toutes les entrées. Certaines de mes entrées sont rangées dans une ou plusieurs « catégories » (indiqués à la fin de l'entrée elle-même), mais ce système de rangement n'est pas très cohérent. Le permalien de chaque entrée est dans la date, et il est aussi rappelé avant et après le texte de l'entrée elle-même.

You are on David Madore's blog which, like the rest of this web site, is about everything and anything (mostly anything, really), from math to motorcycling and my daily life, but also languages, politics, amateur(ish) philosophy, geography, lots of ranting about the fact that computers don't work, occasional reminders of the fact that I prefer men, and some voluntarily fragmentary fictions that I publish under the collective name of gratuitous literary fragments. • This blog used to be bilingual at its beginning (some entries were in English, others in French, and a few translated in both languages); it is now almost exclusively in French, but I'm not ruling out writing English blog entries in the future. • To navigate, note that the entries are listed in reverse chronological order (i.e., the most recent is on top). This page lists the entries published in April 2017: there is also a table of months at the end of this page, and an index of all entries. Some entries are classified into one or more “categories” (indicated at the end of the entry itself), but this organization isn't very coherent. The permalink of each entry is in its date, and it is also reproduced before and after the text of the entry itself.

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Entries published in April 2017 / Entrées publiées en avril 2017:

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(Friday)

Gratuitous Literary Fragment #157 (The Empire harks back)

Chilon shook his head. There he goes again with this Emperor business. Do you really have to believe in such fairy tales?

Chatter on the subject was something of a ritual. But because of Miranda's presence, today's recurrence took a slightly different turn.

You see, Chilon explained, Halcyon fantasizes about a mythical being who supposedly rules over the entire Universe.

Oh, he isn't mythical at all! Halcyon protested. He's a man just like you and I. Only he lives in a distant galaxy.

You think there are human beings on other planets? Miranda asked. What do you make of the Earth myth, then? Is it related?

I don't know about the Earth story, but I'm sure we came from another planet. We can't possibly have originated on this one. And if humans arrived here, they must have settled on other places…

Maybe. Chilon sounded doubtful. But if so, we've lost the ability to travel across space. We're stranded. And the only ruler whose word matters here is the Aedile, not some hypothetical overlord of all the galaxies.

Our Aedile is only one of many, and he answers to a greater ruler, and himself to another, and so on, each more powerful than the last, until we reach the Prime Prefect, and above him the Minister of the Provinces who reports directly to His Majesty the Emperor.

There goes his mythology, said Chilon, addressing Miranda. It's quite elaborate, really. Very inventive. He even has a name for each one of the intermediate ranks of rulership, there are something like twenty of them: procurators and viceroys and governors and I forget what else. Be thankful he didn't get into that! What he can't tell you is where he got the specifics. Even if I were to believe in a grand human civilization spanning the entire Universe, why couldn't it be a Republic?

Miranda ignored Chilon's comments. If these rulers exist, she asked, how come we never get to hear from them? Or even about them?

I don't know. But I think the Aedile is deliberately keeping us in the dark. Surely he's depriving us of our rights as subjects of the Empire!

And the proof? Chilon demanded. You have exactly none.

There's the Great Seal, for one. This was Halcyon's master argument.

The Seal doesn't prove anything. Even if it's authentic, we're not even sure what the words mean. Besides, that thing is ancient.

Here's a thought, said Miranda. What if your theory was right, but a long time ago? Maybe the Empire once stood, but then died out?

Halcyon looked distinctly unhappy at the suggestion. The Empire can't die out, he protested. That's impossible.

Or maybe they've forgotten all about us, we're the most obscure backwater of the Universe, and our planet's very existence is lost from the archives.

Halcyon looked even more distressed now. Well, if that's so, then I'll find a way to make contact again, and we can leave this pile of dirt.

Halcyon's theories, of course, were wrong in almost every respect; but the most important way in which he erred was in failing to understand how the pile of dirt they were standing on was, in a very real sense, the capital of the Universe.

[I already wrote about my fascination with Asimov and galactic empires, so I am, obviously, making fun of myself here. That being said, I think I would be curious to read the rest of a novel of which this were a part!]

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(lundi)

Quelques remarques sur les pouvoirs du président français

Je n'ai pas envie de m'appesantir sur les élections françaises. Comme beaucoup d'électeurs, je n'étais pas très heureux d'avoir le choix, essentiellement, entre • l'arriviste qui propose de détruire le système social français, • celui qui propose la même chose mais en version encore plus réac et avec l'ignominie personnelle en supplément, • l'autre arriviste qui propose de détruire l'Union européenne, • celle qui propose la même chose mais en version réac avec une bonne couche de nationalisme nauséabond en supplément et la même ignominie que l'autre réac, ou enfin • les sept nains qui proposent de jeter mon bulletin dans sept corbeilles de couleurs différentes (voire dix, si on compte l'abstention, le vote blanc et le vote nul : que de choix !).

J'ai pris une décision, à la dernière minute et en me basant sur les informations fuitées à 19h30 : décision qu'il n'y a aucun intérêt à ce que je communique parce qu'elle n'a rien de spécialement intelligente devant tant de mauvais choix. Mais je ne veux pas non plus alimenter le thème « tous pourris, tous pareils » qui est encore plus puant que toutes les options que je viens de citer, et qu'on pourrait croire comprendre en lisant en diagonale ce que j'écris. Le débat sur la réforme des institutions, s'il est posé dans des termes raisonnables, est intéressant, et je sais au moins gré à l'un des candidats d'en avoir fait un de ses thèmes de campagne. (La vision positive des choses est que, parmi les candidats crédibles et pas trop détestables, l'un avait les mêmes idées que moi sur l'Europe, l'autre sur la fonction présidentielle : quel dommage qu'ils n'aient pas été le même.) Je reviendrai peut-être là-dessus plus tard (et aussi sur les idées qui tournent autour des problèmes avec le vote, comme les idées de tirages aléatoires), mais le fait est que le système, aussi critiquable qu'il soit, ne changera pas de sitôt, et probablement pas de mon vivant.

Il y a un second tour derrière (quel dommage qu'il n'y en ait qu'un), et je crois profondément en l'importance de faire des choix même quand c'est entre Charybde et Scylla (la description que je fais des candidats ci-dessus devrait rendre mon choix de second tour assez évident) : pas seulement en politique, mais dans tous les aspects de la vie (par exemple, quand je dois choisir un système d'exploitation à mettre sur mon ordinateur ou un langage dans lequel programmer, que de Charybdeis et de Scyllai s'offrent à moi !). Ne serait-ce que parce que le fait de faire un tel choix donne le droit de râler, ensuite, que les choix étaient nuls (j'ai essayé le langage X, il était merdique, j'ai essayé le Y, pareil), et râler est une de mes activités préférées, alors que si on refuse le choix on accrédite l'idée que ceux qui en ont fait un ont forcément approuvé ce qu'ils ont choisi comme moins pire option, ce qui est faux. J'ai voté pour François Hollande en 2012 en pensant qu'il ne ferait pas grand-chose de bien et pas grand-chose de mal (et en me doutant qu'il deviendrait très vite impopulaire), je l'ai raconté ici, mon opinion sur lui n'a guère changé, mais je ne me sens pas du tout comptable de son bilan ni de l'avoir approuvé autrement que comme un meilleur (ou moins mauvais) choix parmi un ensemble de candidats donnés à un moment donné. J'ai voté pour Jacques Chirac au second tour en 2002, et je ne le regrette pas non plus, je savais exactement à quoi m'attendre. (En fait, c'est quelque chose que je ne comprends pas du tout, les gens qui se disent déçus par ce qu'un homme politique fait : jusqu'à présent, dans mon expérience, aucun homme politique n'a jamais fait autre chose qu'exactement ce à quoi je m'attendais de sa part, et je ne crois pourtant pas être extralucide.)

Mon propos n'est pas ici de faire la morale à ceux qui refusent de faire un choix, mais il est assurément de dénoncer ceux qui voudraient prétendre qu'accepter de faire un choix revient à cautionner celui qu'on choisit comme moindre mal. Je ne veux pas non plus rentrer dans le débat de savoir s'il est utile, en admettant qu'on a une idée précise et assumée de quel est le moindre mal, d'aller voter pour lui, surtout si on pense que l'élection est jouée d'avance. Je pourrais rappeler que « tout le monde » croyait l'élection de Clinton jouée d'avance, même s'il faut avouer que l'obstacle est plus haut pour Le Pen que pour Trump ; je pourrais ironiser sur le fait que ce sont souvent les mêmes qui critiquent la sondocratie qui les invoquent maintenant pour dire que ce n'est pas la peine de se déplacer puisque le résultat est certain : la vérité est que je crois moi-même l'élection de Macron extrêmement probable sauf événement imprévu, mais (1) extrêmement probable n'est pas synonyme de certain ni même de quasi-certain (disons que 80% n'est pas 99.9%, whatever that means), et (2) la précision sauf événement imprévu (attentat très meurtrier, scandale…) est très importante. Mais il y a une autre question qui survient (et je conclus là ma bien trop longue entrée en matière) : quel est, au juste, le pouvoir du président, ou quels sont ses pouvoirs de nuisance ? Et spécifiquement, si on imagine que Marine Le Pen soit élue présidente, dans quelle mesure est-ce catastrophique ?

*

Les élections vraiment importantes, en France, sont les élections législatives. C'est un point important à garder à l'esprit plutôt que se dire que tout est joué. Mais, outre l'« effet d'entraînement » (que j'avoue ne pas comprendre) qui voudrait que le président nouvellement élu obtienne automatiquement une majorité à l'Assemblée, le président de la République a réellement des pouvoirs, au moins des pouvoirs de nuisance, même si l'Assemblée est contre lui (i.e., lors d'une cohabitation).

La raison pour laquelle on imagine que le président en cohabitation n'a pas beaucoup de pouvoirs propres c'est que les cohabitations qui se sont effectivement produites étaient entre des gens intelligents et qui avaient (quoi qu'on puisse penser par ailleurs de Mitterrand, Chirac, Balladur et Jospin) un minimum de décence et d'entente commune sur le fait de ne pas nuire à la France (par exemple en jouant à une lutte frontale entre le président et le Premier ministre). Le pire qui s'est produit est que Mitterrand a refusé de signer des ordonnances que Chirac voulait faire passer (il a dû les faire voter par le parlement).

Mais il se trouve que le président peut réellement faire des choses, et je pense que ce sont justement des pouvoirs qui seraient particulièrement dangereux entre les mains de quelqu'un comme Marine Le Pen que je considère comme une populiste sans scrupules. Notamment :

  • Le pouvoir de convoquer un referendum (ce pouvoir n'est pas soumis à contreseing ministériel), par exemple sur tout sujet populiste qui lui passe par la tête (au pif, la « perpétuité réelle », la sortie de l'euro ou de l'UE). Correction : on me signale à juste titre en commentaire que l'article 11 de la Constitution suggère probablement que l'accord du gouvernement est nécessaire ; donc cet item est en fait très douteux (sauf à nommer un gouvernement de complaisance, cf. ci-dessous).
  • Le pouvoir de dissoudre l'Assemblée nationale, évidemment au moment le plus opportun pour ses idées (idem, ce pouvoir n'est pas soumis à contreseing).
  • Le pouvoir de nommer au Conseil constitutionnel (et qui plus est, le prochain président en nommera deux : un en mars 2019 en remplacement de Michel Charrasse, et un en mars 2022 en remplacement de Nicole Maestracci).
  • La présidence du conseil des ministres, même si ceci est probablement plus symbolique qu'autre chose (cf. ci-dessous pour les pouvoirs de blocage).
  • Un siège au Conseil européen, au G7 et au G20. (La voix de la France au Conseil de sécurité, heureusement, est représentée par le chef de la délégation permanente, qui est nommée par le gouvernement ; mais cf. ci-dessous pour des possibilités de blocage.)
  • Peut-être le pouvoir d'invoquer directement l'article 50 du Traité sur l'Union européenne (ce n'est pas clair : l'article lui-même énonce : Tout État membre peut décider, conformément à ses règles constitutionnelles, de se retirer de l'Union, mais on ne sait pas ce qui est conforme aux règles constitutionnelles françaises, et notamment si c'est un acte exécutif ou législatif ; on peut espérer que le Conseil d'État et/ou le Conseil constitutionnel s'inspireraient de ce qu'a décidé la Cour suprême du Royaume-Uni en la matière, mais rien n'est certain).
  • Un pouvoir de commandement militaire[#]. (J'ai entendu Édouard Balladur raconter dans un documentaire sur la cohabitation l'anecdote suivante : il y avait un désaccord entre Mitterrand et lui sur une histoire d'essais nucléaires, je ne sais plus lequel voulait en faire et lequel ne voulait pas, ou s'ils voulaient selon des modalités différentes ou quoi, mais peu importe ; Balladur a demandé au chef d'état-major : au bout du compte, à qui obéirez-vous si le Premier ministre et le président vous donnent des ordres contradictoires ? et le militaire a répondu, sans hésitation, au président. Entendant ça, le Premier ministre qu'il était a choisi de ne pas essayer de jouer à la lutte de pouvoirs.) On peut imaginer, par exemple, le fait de faire bombarder un pays ou un autre.
  • Et le plus terrifiant, les pouvoirs exceptionnels définis (enfin, non définis) par l'article 16 de la Constitution. (Même si on peut espérer que le Conseil constitutionnel interdirait leur usage pour n'importe quel prétexte fallacieux, il n'oserait probablement pas se prononcer sur le fond dans un cas un peu limite, comme un acte terroriste que, au hasard, le président aura veillé à inciter par des paroles ou des opérations militaires savamment calculées. • Ajout/précision : même en cas d'abus manifeste, le fait que le Conseil constitutionnel puisse décider que les circonstances d'invocation de l'article 16 ne sont pas réunies n'est pas très clair, cf. la discussion dans les commentaires ; mais au minimum, il peut publier un avis à ce sujet, qui s'il était assez damnant inviterait fortement le parlement à destituer le président, et il semble plausible que les actes pris sous l'article 16 soient quand même susceptibles de recours par la question préliminaire de constitutionnalité : le président n'a donc probablement pas le pouvoir légal de se transformer en dictateur sans aucun recours au moindre coup de tête ; mais ce n'est pas aussi clair qu'on voudrait, et ça fait quand même bien peur.)

Et c'est sans compter les pouvoirs de blocage :

  • Le pouvoir de nommer le Premier ministre et les autres membres du gouvernement. Certes, l'Assemblée nationale peut renverser le Premier ministre ou le gouvernement, mais le fait que le président le nomme peut donner lieu à une lutte de pouvoir dangereuse. Ajout : comme on me le fait remarquer en commentaire, ceci permettrait notamment de nommer un gouvernement de complaisance qui, avant d'être renversé par le parlement, contresignerait des décisions présidentielles contestées.
  • Un véto absolu sur toute réforme constitutionnelle (il n'y a que le président qui puisse convoquer le Congrès ou faire tenir un referendum). Ajout (suite à un commentaire) : l'article 89 de la Constitution est encore un de ces passages épouvantablement mal écrits : est-ce que la révision est définitive après avoir été approuvée par référendum signifie que le président peut convoquer un referendum ou qu'il doit le faire ? Je crois comprendre que l'interprétation standard est qu'il peut le faire, le fait que les deux chambres du parlement aient adopté une révision dans les mêmes termes ne l'y oblige pas. (Et même s'il doit, il ne semble pas y avoir de moyen à le contraindre à agir, sauf peut-être si le parlement y voit un motif de destitution.)
  • Un pouvoir de nuisance sans doute important sur la marche des institutions (je ne sais pas à quel point il va : je suppose que le président ne peut pas décemment refuser de signer une loi, mais il peut peut-être refuser de prendre un décret en Conseil des ministres qui serait indispensable à l'application d'une loi, et sans doute refuser de nommer des gens à des postes-clés).

Et les pouvoirs non formalisés :

  • Une tribune médiatique permanente. Le droit non codifié de faire des allocutions aux Français diffusés par plein de chaînes de télé.
  • Le pouvoir de distribuer plein de hochets (le moindre étant la légion d'honneur) et pouvoir ainsi se payer le soutien de plein de gens séduits par de tels hochets. Ce qui, comme par hasard, recouvre plein de gens dans le monde politique.
  • Le fait de représenter la France devant toutes les institutions internationales (rien ne dit formellement si c'est le président ou le Premier ministre qui doit le faire, mais le précédent, même en temps de cohabitation, est que c'est quand même plutôt le président).
  • Un réseau d'influence certain dans toute l'Administration, et particulièrement dans la police et le renseignement. (Le cas de Madame Le Pen est particulier, parce qu'on sait que l'armée et la police la soutiennent à une majorité écrasante. Je ne l'accuse pas de vouloir directement mener un coup d'état, mais en cas de bras de fer institutionnel, ceci pèse clairement dans la balance.)

J'ajoute, notamment en lien avec le tout premier point cité ci-dessus :

  • Le président de la Turquie n'avait, jusqu'à il y a huit jours, pas beaucoup de pouvoirs. On sait ce qui est arrivé.

Un tout petit bémol à ce message d'inquiétude : la Constitution a quand même changé les règles de destitution du président, maintenant ce n'est plus seulement en cas de haute trahison, c'est en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat, voilà au moins quelque chose d'un petit peu rassurant dans le cadre d'une lutte de pouvoir entre président et parlement. Mais ça me semble insuffisant compte tenu de tout ce qui précède.

[#] Comme je le faisais remarquer naguère, on voit que la Constitution française est vraiment épouvantablement mal écrite quand on compare l'article 15 (Le Président de la République est le chef des armées), l'article 21 (Le Premier ministre […] est responsable de la défense nationale) et l'article 20 (Le Gouvernement […] dispose […] de la force armée) : quelqu'un de très fort a réussi à trouver des termes dont on ne peut pas dire qu'ils sont explicitement contradictoires, mais dont il soit néanmoins impossible de savoir exactement comment ça se fait qu'ils ne se marchent pas sur les pieds. Dans des conditions pareilles il revient aux militaires de décider à qui ils obéissent, ce qui est véritablement problématique.

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(vendredi)

Peut-on imaginer une musique mathématique intéressante ?

Je viens d'ajouter quelques vidéos à la fin de l'entrée précédente (je conseille de regarder, je les trouve visuellement beaucoup plus intéressantes que les précédentes). Je commence maintenant à en avoir une jolie collection sur YouTube (si Cédric Villani poursuit son idée de créer un musée des mathématiques, j'essaierai de voir si je peux lui en refourguer), certaines ont d'ailleurs un nombre de vues qui m'étonne vu que je n'en ai fait essentiellement aucune pub.

Mais à chaque fois que j'ajoute une vidéo, YouTube m'affiche un message d'avertissement comme quoi il n'y a pas de son (c'est-à-dire qu'il n'y a même pas de canal son : toutes mes vidéos sont produites en calculant les images une par une et en utilisant une ligne de commande ffmpeg — qui horrifierait certainement un ami qui en est développeur — et je ne mets presque jamais de piste son puisque je n'ai rien à y mettre). Les seules exceptions doivent être mes zooms sur l'ensemble de Mandelbrot auxquels j'ai ajouté une musique dans le Domaine Public, celle-ci où j'ai fait un commentaire parlé, et celle-ci qui est justement là pour le son.

Cette dernière est intéressante, parce qu'elle n'est… pas franchement agréable à écouter. Certaines des vidéos que j'ai produites sont visuellement plaisantes, du moins à mes yeux ; mais je n'ai pas, moi-même, le moindre sens artistique en ce qui concerne le graphisme (seulement un sens de la symétrie) : la beauté vient entièrement des mathématiques, tout au plus ai-je facilité sa lecture par le choix des couleurs ou quelque chose comme ça.

Ce qui m'amène à me poser la question suivante : est-il possible de produire une musique, ou du moins un son, qui soit agréable à l'oreille, par une construction purement mathématique ? Je veux dire, quelque chose dont on puisse légitimement dire qu'il n'y a pas d'auteur, tout au plus un facilitateur, comme je considère que c'est le cas de mes vidéos (musiques d'accompagnement et commentaire audio parlé exclus, évidemment ; bon, à la limite, pour l'ensemble de Mandelbrot, il y a quelques douzaines de bits d'information dans le choix de l'endroit où zoomer, mais pour le reste, essentiellement rien).

J'exclus quand même des choses vraiment triviales comme un son au spectre décroissant en loi de puissance (j'ai calculé ça, ça fait un joli bruit de cascade, mais je ne vais pas faire une vidéo avec !). J'ai vaguement imaginé produire des choses avec des systèmes dynamiques chaotiques (imaginez des systèmes physiques comme celui-ci transformés en ondes sonores d'une manière ou d'une autre : par exemple, un bête double pendule chaotique, si on transforme sa position en onde sonore, c'est peut-être intéressant à écouter), mais je pense que ça sera vaguement intéressant mais certainement pas beau, encore moins musical. Quelqu'un m'avait parlé de transformer mes visualisations d'ordinaux en sons, pour voir l'effet rythmique qu'on peut ressentir en traversant des ordinaux de plus en plus grands, pareil, c'est sans doute intéressant mais je doute fortement de l'effet artistique.

Je peux sans problème générer des sons bâtis sur la gamme à 12 demi-tons utilisée dans la musique occidentale (concrètement, en produisant un fichier MIDI et en le refilant à timidity), mais je ne crois vraiment pas qu'il soit possible de produire quelque chose de beau comme ça sans aller jusqu'à écrire essentiellement une petite intelligence artificielle pour composer de la musique selon les règles de l'harmonie et du contrepoint classiques. (Soit dit en passant, j'ai repéré le livre A Geometry of Music: Harmony and Counterpoint de Dmitri Tymoczko comme « à lire », un livre de musique qui parle aux matheux ; je n'ai pas encore vraiment trouvé le temps de le regarder de plus près, mais la recommandation peut en intéresser d'autres.) Ne me parlez pas de Bach ou autre musicien censément très mathématique : j'aime beaucoup Bach, mais ce serait vraiment lui faire une insulte que de prétendre qu'il se contente d'appliquer les règles d'une construction mathématique pour écrire sa musique.

Bien des gens ont essayé des choses comme transformer les décimales de π (s'ils sont un minimum sophistiqués, les décimales de π en base 12) en musique : je trouve que ça n'a aucun intérêt, ni artistique ni intellectuel. (Il faut vraiment être un mathématicien amateur naïf pour s'imaginer qu'un motif intéressant puisse se trouver dans les décimales de π. D'ailleurs, même le fait de choisir π, et je ne parle pas ici seulement du fait que ce ne soit pas 2π, est le signe d'une certaine naïveté mathématique. Je pense que n'importe quel vrai mathématicien cherchera plutôt du côté de suites quasipériodiques, d'automates cellulaires, de nombres 12-adiques ou des choses de ce genre, s'il doit absolument produire une suite de ce style. Peut-être que cette suite que j'ai « découverte », et qui a amusée Neil Sloane, serait rigolote, par exemple : mais de nouveau, sans doute pas musicale. Ajout : je dois reconnaître qu'effectivement cette suite possède quand même une certaine qualité musicale outre son caractère « rigolo », mais bon, je n'écouterais pas ça pendant des heures.)

Je serais heureux d'être détrompé et qu'on me propose des moyens de produire des musiques, ou en tout cas des sons, agréables, des façons de traduire en musique des objets mathématiques comme en sons comme je le fais en images, qui soient plaisantes à l'oreille, mais franchement, je doute que ça soit possible.

Et ça nous apprend peut-être quelque chose sur le rapport entre la musique et les arts visuels. Peut-être que notre appréciation de la musique est plus dépendante d'un contexte culturel (le choix de la gamme à 12 demi-tons et tout le bagage qu'elle entraîne) que notre appréciation d'images. Sans doute aussi que notre capacité à détecter de la symétrie, et évidemment, la capacité du canal à en transmettre, n'est pas la même.

Parce que, oui, j'ai bien sûr envisagé l'idée de prendre une droite aléatoire dans l'espace à 8 dimensions, de la parcourir, et de convertir d'une manière ou d'une autre les points de E₈ à proximité en notes de musique : vous vous doutez bien que j'y ai pensé (de même que le fait que le réseau de Leech vit en 24 dimensions et que 24 c'est 2×12 ne m'a pas échappé, vous vous en doutez aussi) ; mais je ne crois vraiment pas à l'espoir de faire quelque chose d'intéressant par là.

Ajout : comme on me le fait remarquer à juste titre en commentaire (et de fait, ma maladresse d'expression a provoqué des remarques un peu hors sujet), je n'aurais pas du tout dû parler de musique, mais d'illustration sonore ou de son tout du long.

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(dimanche)

Sections du diagramme de Voronoï du réseau E₈

Je ne savais pas bien à quoi m'attendre quand j'ai calculé cette image, mais probablement pas à ça :

[Section plane aléatoire du diagramme de Voronoï de E₈]

(Cliquez pour une vue plus large.)

De quoi s'agit-il ? C'est une section plane aléatoire du diagramme de Voronoï du réseau E₈ : il faut que j'explique ces termes (mais is ça ne vous intéresse pas, il y a d'autres images, et des liens vers des vidéos, plus bas).

Le réseau E₈ est un arrangement régulier de points en dimension 8, qui a toutes sortes de propriétés remarquables. En fait, il n'est pas difficile de le définir concrètement : il s'agit des octuplets (x₀,x₁,…,x₇) de nombres réels tels que :

  • les coordonnées x₀,x₁,…,x₇ sont soit toutes entières soit toutes entières-et-demi (par entier-et-demi je veux évidemment dire un nombre qui vaut un entier plus ½, par exemple 5/2),
  • la somme x₀+x₁+⋯+x₇ de toutes les coordonnées (qui est forcément un entier d'après le point précédent) est paire.

À titre d'exemple, (0, 0, 0, −1, 2, −1, 1, −1) et (−1.5, 2.5, −0.5, 1.5, −1.5, −0.5, −2.5, 0.5) sont dans le réseau E₈ ; en revanche, (0, 0, 0, −1, 2, −1, 1.5, −1.5) n'y sont pas (les coordonnées ne sont ni toutes entières ni toutes entières-et-demi), et (−1.5, 2.5, −0.5, 1.5, −1.5, −0.5, −2.5, 0.5) non plus (la somme n'est pas paire).

La somme ou différence de deux points du réseau E₈ est encore dedans : c'est là la propriété essentielle d'être un réseau (et ce qu'un non-mathématicien qualifierait de points régulièrement espacés). Les points du réseau E₈ les plus proches de l'origine (0,0,0,0,0,0,0,0) sont d'une part ceux de la forme (±1,±1,0,0,0,0,0,0) (où exactement deux coordonnées, quelconques, valent soit 1 soit −1 : ceci fait 28×4=112 possibilités — 28 choix de deux coordonnées et 4 choix de leurs signes), et d'autre part ceux de la forme (±½,±½,±½,±½,±½,±½,±½,±½) (où chaque coordonnée vaut ½ ou −½, et où il y a un nombre pair de valeurs −½ : ceci fait 2⁸/2=128 possibilités) : au total, 112+128=240 points tous à distance √2 de l'origine ; ces 240 points sont ce qu'on appelle les racines du système E₈ et ils engendrent le réseau, mais ici c'est le réseau plus que ses racines qui m'intéresse. Entre autres propriétés remarquables, c'est le réseau E₈ qui réalise l'empilement optimal de boules identiques en dimension 8 (mettre une boule de rayon (√2)/2 autour de chaque point du réseau : elles se touchent sans se chevaucher et remplissent 25.367% de l'espace, ce qui ne paraît peut-être pas impressionnant, mais en dimension 8 on ne peut pas faire mieux).

Donné un ensemble (discret) de points dans l'espace euclidien, le diagramme de Voronoï associé est la division de l'espace en cellules de Voronoï, la cellule de Voronoï d'un point étant la région des points de l'espace qui sont plus proches de ce point-là que de tout autre point de l'ensemble. En général, un diagramme de Voronoï ressemble à ce que Google images vous montrera (il est formé de cellules qui sont des polytopes convexes dont les facettes sont hyperplans médiateurs entre le point définissant la cellule et un autre point). Lorsque l'ensemble des points est un réseau, toutes les cellules ont la même forme : la cellule de Voronoï de l'origine est l'ensemble des points plus proches de l'origine que de tout autre point du réseau, elle est d'ailleurs symétrique, et toutes les autres cellules sont identiques autour d'un autre point, elles sont translatées les unes des autres. S'agissant du réseau E₈ précisément, la cellule de Voronoï de l'origine est un polytope convexe ayant 240 facettes[#], une par racine du système de racines, chaque facette étant un morceau de l'hyperplan médiateur entre l'origine et la racine en question. (Il n'est pas vrai dans un réseau en général que les facettes de la cellule de Voronoï de l'origine soient ainsi définies uniquement par les points les plus proches de l'origine. Mais c'est vrai pour ce qu'on appelle un réseau de racines, et notamment E₈.)

[#] Il a aussi 19440 sommets : 2160 sont les points à distance 1 de l'origine ainsi que de quinze autres points du réseau, on les appelle les trous profonds du réseau E₈ (un exemple d'un tel point est (1,0,0,0,0,0,0,0)), et 17280 sont les points à distance (2√2)/3≈0.943 de l'origine ainsi que de sept autres et ce sont les trous superficiels (un exemple d'un tel point est (−5/6, 1/6, 1/6, 1/6, 1/6, 1/6, 1/6, 1/6)).

Bref, le diagramme de Voronoï du réseau E₈ est un pavage de l'espace de dimension 8 par des copies (translatées) de ce polytope à 240 facettes, chacune étant centrée sur un point du réseau. Il y a un algorithme assez simple[#2] pour décider, quand on se donne un point de l'espace, à quelle cellule de Voronoï il appartient, c'est-à-dire, trouver le point du réseau le plus proche (on parle aussi d'algorithme de décodage pour ce réseau).

[#2] En voici une description. Commençons par expliquer comment trouver le point du réseau D₈ le plus proche d'un point donné, où le réseau D₈ est le réseau formé des points de coordonnées toutes entières de somme paire (c'est-à-dire les points du réseau E₈ dont toutes les coordonnées sont entièrs). Donné (z₀,z₁,…,z₇) un point à approcher, on appelle x₀ l'entier le plus proche de z₀ et de même pour les autres : ceci fournit le point (x₀,x₁,…,x₇) à coordonnées entières le plus proche de (z₀,z₁,…,z₇). Si la somme x₀+x₁+⋯+x₇ des coordonnées est paire, c'est le point de D₈ recherché. Sinon, l'astuce suivante permet de le trouver : parmi les coordonnées x, prendre celle qui est le plus loin du z correspondant, et la remplacer par l'arrondi de ce z dans l'autre sens. À titre d'exemple, si on part du point (0.3, −0.1, 0.1, −1.0, 2.0, −0.4, 0.9, −0.7), l'arrondi des coordonnées à l'entier le plus proche donne (0, 0, 0, −1, 2, 0, 1, −1), la somme est impaire, donc on corrige le plus mauvais arrondi, à savoir −0.4 transformé en 0, en prenant l'entier de l'autre côté, donc −1, ce qui donne le point (0, 0, 0, −1, 2, −1, 1, −1) qui est le point du réseau D₈ le plus proche du point initial. S'agissant du réseau E₈, maintenant, on peut faire ce calcul une fois pour trouver le point de D₈ le plus proche, puis soustraire ½ toutes les coordonnées, refaire le calcul pour trouver le point de D₈ le plus proche du point ainsi modifié et rajouter ½ à toutes les coordonnées : on obtient ainsi deux points de E₈ (l'un dans D₈ et l'autre dans D₈+(½,½,½,½,½,½,½,½)) ; il n'y a plus qu'à comparer la distance de ces deux points au point d'origine et choisir le plus proche (soit en comparant les distances soit en calculant l'équation de l'hyperplan médiateur, ce qui revient essentiellement au même). Il existe des algorithmes légèrement plus efficaces que ce que je viens de décrire, mais en contrepartie ils sont plus fastidieux à implémenter et je pense que ça n'en vaut pas la peine.

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