David Madore's WebLog: 2023-07

Vous êtes sur le blog de David Madore, qui, comme le reste de ce site web, parle de tout et de n'importe quoi (surtout de n'importe quoi, en fait), des maths à la moto et ma vie quotidienne, en passant par les langues, la politique, la philo de comptoir, la géographie, et beaucoup de râleries sur le fait que les ordinateurs ne marchent pas, ainsi que d'occasionnels rappels du fait que je préfère les garçons, et des petites fictions volontairement fragmentaires que je publie sous le nom collectif de fragments littéraires gratuits. • Ce blog eut été bilingue à ses débuts (certaines entrées étaient en anglais, d'autres en français, et quelques unes traduites dans les deux langues) ; il est maintenant presque exclusivement en français, mais je ne m'interdis pas d'écrire en anglais à l'occasion. • Pour naviguer, sachez que les entrées sont listées par ordre chronologique inverse (i.e., la plus récente est en haut). Cette page-ci rassemble les entrées publiées en juillet 2023 : il y a aussi un tableau par mois à la fin de cette page, et un index de toutes les entrées. Certaines de mes entrées sont rangées dans une ou plusieurs « catégories » (indiqués à la fin de l'entrée elle-même), mais ce système de rangement n'est pas très cohérent. Le permalien de chaque entrée est dans la date, et il est aussi rappelé avant et après le texte de l'entrée elle-même.

You are on David Madore's blog which, like the rest of this web site, is about everything and anything (mostly anything, really), from math to motorcycling and my daily life, but also languages, politics, amateur(ish) philosophy, geography, lots of ranting about the fact that computers don't work, occasional reminders of the fact that I prefer men, and some voluntarily fragmentary fictions that I publish under the collective name of gratuitous literary fragments. • This blog used to be bilingual at its beginning (some entries were in English, others in French, and a few translated in both languages); it is now almost exclusively in French, but I'm not ruling out writing English blog entries in the future. • To navigate, note that the entries are listed in reverse chronological order (i.e., the most recent is on top). This page lists the entries published in July 2023: there is also a table of months at the end of this page, and an index of all entries. Some entries are classified into one or more “categories” (indicated at the end of the entry itself), but this organization isn't very coherent. The permalink of each entry is in its date, and it is also reproduced before and after the text of the entry itself.

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Entries published in July 2023 / Entrées publiées en juillet 2023:

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(jeudi)

Petite pub pour le documentaire Homos en France

Je regarde beaucoup de documentaires (typiquement soit via les sites de chaînes de télé — le plus souvent Arte —, soit sur YouTube). Parfois je signale sur Twitter 𝕏 ceux qui me plaisent (p.ex., ici ou ) ; mais je ne juge normalement pas utile de le faire sur ce blog, d'une part parce que je n'ai généralement pas grand-chose à dire à part j'ai bien aimé ça, et d'autre part parce que, quand il s'agit d'émissions en replay, elles ne sont disponibles qu'un temps limité, et je n'aime pas trop faire un billet de blog qui n'aura plus vraiment de sens dans quelques années quand l'émission sera devenue introuvable (j'ai déjà dit que les liens qui cassent m'agacent et que j'aime préserver l'information ? ah oui). Mais on va faire une exception pour celui-ci, que j'ai déjà mentionné sur le réseau social de l'oiseau bleu mort, mais que je pense bon d'évoquer aussi ici, d'autant plus que plusieurs amis hétéros m'ont confirmé avoir bien aimé.

Bref, en parcourant le site de France TV à la recherche d'un docu à voir vendredi dernier, je suis tombé sur le documentaire Homos en France de Vincent Dedienne et Aurélia Perreau (diffusé à l'antenne en mai sur la chaîne France 2), et je l'ai trouvé vraiment extraordinaire : à la fois juste et émouvant. Et quand je dis émouvant, ce n'est pas souvent qu'un documentaire me touche au point que j'en arrive à plusieurs reprises aux larmes ! Évidemment le sujet me touche personnellement mais j'ai vu N émissions analogues et elles ne m'ont généralement pas fait pleurer et je n'aurais pas jugé utile de signaler, donc celui-ci a vraiment quelque chose de plus.

C'est juste le témoignage d'une douzaine de personnes homo ou bi en France en 2023, qui racontent leur vie et expériences. Mais ce qui est si bon, c'est qu'il évite et démonte les clichés, et laisse parler une belle diversité de voix : jeunes et âgées, féminines et masculines, célèbres et inconnues, venues de classes sociales diverses. Du lycéen dans le nord à la professeure d'histoire à UCLA (Laure Murat), de la jardinière paysagiste à l'ancien ambassadeur de France aux États-Unis (Gérard Araud), du footballeur pro (Ouissem Belgacem) au retraité en passant par la chanteuse pop (Angèle[#]), de la lycéenne très BCBG au black des banlieues, ils ont tous quelque chose de différent et d'intéressant à dire dans ce qu'ils racontent, mais quand même un thème partagé.

[#] Bon, apparemment France inclut ici la Belgique francophone. <U+1F937 SHRUG>

Et l'émission raconte aussi, même si ce n'est pas le sujet principal, l'évolution du regard du public sur l'homosexualité en France, depuis années 60 jusqu'à 10 ans après le vote du mariage pour tous (cet anniversaire étant j'imagine la raison dudit documentaire), ce qui permet de mesurer le trajet parcouru et aussi le trajet qui reste à parcourir.

Bref, à voir, vraiment !

Le documentaire est disponible jusqu'au en replay sur le site de France TV à l'adresse déjà liée ci-dessus.

Digression technique : Si vous ne voulez pas créer de compte ou si vous voulez garder une copie pour (re)voir plus tard quand il ne sera plus disponible sur ce site, je signale à toutes fins utiles que le programme yt-dlp (qui est le successeur de youtube-dl, lequel a l'air d'être mort) sait gérer le site de France TV et permet donc de récupérer le fichier vidéo (mumble mumble ce que je disais dans le billet précédent sur le scraping mumble mumble). Si vous lisez ce billet après expiration du replay de France TV, il est possible que j'aie gardé moi-même une copie du fichier, mais évidemment les lois complètement débiles que nous avons sur la propriété intellectuelle ne me permettent pas de le partager bien qu'il soit passé publiquement sur une chaîne de télé publique que tout le monde pouvait enregistrer : n'hésitez pas à me contacter si vous voulez que je vous nargue en vous disant que je ne peux pas vous en donner une copie.

Sur le fond du sujet, mon propre témoignage d'homo en France (qui ai pris conscience de mon homosexualité vers 1989 et ai fait mon coming out environ dix ans plus tard dans la foulée du vote sur le PACS) a été publié ici sur ce blog, je me permets à cette occasion de le resignaler. J'étais notamment curieux de comparer l'expérience des intervenants du documentaire (qui sont pour la plupart plus jeunes que moi) avec ce que j'ai moi-même vécu. Avec, je l'avoue, une part de préjugé de type pour la génération Z, être homo doit être d'une banalité totale, les uns doivent considérer ça avec la même indifférence que suscite le fait de préférer les escargots aux huîtres, les autres doivent avoir trouvé les personnes trans comme nouveau réceptacle de leur haine, mais apparemment même des jeunes dans un milieu qu'on devine socialement favorisé ne trouvent toujours pas évident de dire qu'ils sont homos.

Ce que je regrette un peu, cependant, mais le documentaire est déjà raisonnablement long et peut-être que ce n'était pas le sujet, c'est qu'ils n'aient pas ou presque pas abordé la question de comment on se rencontre, et comment on drague, entre homos, en France en 2023. Comme je l'écrivais dans mon témoignage lié ci-dessus, il y a une vingtaine d'années j'ai fréquenté un certain nombre d'associations LGBT étudiantes qui servaient de points de rencontre à la fois pour la sociabilité et pour la drague : j'ai l'impression que ces associations ont en bonne partie disparu : pour la recherche de partenaires sexuels je n'ai pas de doute qu'il y a plein de choses qui les remplacent (Grindr, par exemple ?), mais pour les autres fonctions (convivialité, rencontres pas forcément sexuelles) je me demande ce qui a pris leur place. S'il y a des homos plus jeunes que moi (ou simplement plus actifs socialement) qui me lisent, qu'ils n'hésitent pas à me tirer de mon ignorance.

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(mardi)

Vulgarisation informatique : comment fonctionne le Web ?

Avant-propos

Pour changer un peu des entrées portant sur des maths incompréhensibles, j'ai voulu essayer de faire de la vulgarisation informatique et à un niveau — j'espère ! — compréhensible par tout le monde, pour expliquer les principes de base de comment fonctionne le World Wide Web (ce que la plupart des gens appellent Internet, mais ci-dessous je vais expliquer entre autres choses la différence entre ces termes).

Enfin, du moins, c'était mon idée initiale en commençant à écrire ce billet, mais il a, comme d'habitude, enflé bien au-delà de ce que j'imaginais possible, m'a demandé un temps totalement déraisonnable, et qui s'est plutôt transformé en un tas d'explications disparates (parfois à la limite du rant) sur divers sujets pas reliés de façon très cohérente les uns aux autres (et si certains sont, je l'espère, effectivement compréhensibles par tout le monde, il est clair qu'à d'autres endroits j'ai raté mon pari). Et j'avoue franchement que le plan de ce billet est complètement incohérent (par exemple, ce passage ne devrait pas être relégué à une sous-sous-sous-partie). La bonne nouvelle, c'est que tous ces petits bouts sont assez largement indépendants les uns des autres, donc on doit pouvoir lire ce pavé en sautant — ou en lisant en diagonale — les passages qu'on trouve inintéressants ou incompréhensibles, ou en picorant les passages potentiellement intéressants. Pour essayer d'aider le lecteur à lire en diagonale, j'ai fait précéder les parties et sous-parties d'un bref résumé de ce qui s'y dit (signalé par le signe ‘❖’).

Bon, j'avoue aussi ma crainte d'avoir essentiellement perdu mon temps à déployer des efforts pédagogiques mais que, au final, les gens qui me lisent savent déjà tout et n'apprendront rien, tandis que ceux qui ne savent pas déjà tout se diront que ce sont des questions hautement techniques qui ne les intéressent pas du tout et n'auront pas envie de me lire. Mais je pense que les gens qui se disent que ce sont des questions hautement techniques se trompent, et je pense que l'essentiel de ce que je vais raconter ci-dessous constitue des connaissances extrêmement basiques que tout le monde devrait avoir avant d'ouvrir un navigateur Web, histoire de ne pas risquer de tomber dans le premier hameçonnage venu (ah ben j'ai suivi le lien dans le mail, ça ressemblait bien au site de ma banque, donc j'ai donné mon mot de passe), du coup je fais l'effort de me dire que ça vaut la peine que je prenne la peine de l'écrire, au risque de pisser très longuement dans un violon.

Si au moins quelqu'un apprend quelque chose, n'hésitez pas à dire quoi en commentaire (ou d'ailleurs, à l'inverse, si vous trouvez que c'est trop technique et que ça n'a aucun intérêt, dites moi surtout à quel point vous avez laissé tomber), ça m'intéresse aussi d'en faire une sorte de petit sondage pour savoir si écrire ce genre de billet de vulgarisation a un sens.

Je vais faire beaucoup d'efforts pour garder mes explications au niveau le plus bas possible (et encore une fois, là où je n'y arrive pas, faites-le moi savoir, mon but est aussi d'apprendre à expliquer !). Du coup, fatalement, je vais parfois dire des choses qui sont un peu approximatives ou simplifiées (mais j'espère jamais complètement fausses, et je vais essayer de toujours dire que je simplifie) : je précise ça parce que je soupçonne que beaucoup de gens qui me liront seront, en fait, des gens déjà parfaitement compétents et qui vont plutôt avoir tendance à me chercher des poux. (Ceci vaut pour toute tentative de vulgarisation, bien sûr, mais particulièrement ici parce que je tâche de rester bien plus compréhensible que ce que je raconte d'ordinaire.)

Ce qui a déclenché mon envie d'écrire tout ça, ce n'est pas vraiment des questions de sécurité et de hameçonnage, c'est plutôt que Twitter et Reddit ont, à peu près au même moment, décidé de fermer leur API publique et gratuite, je trouve cette évolution très préoccupante (même si elle n'est pas du tout surprenante de la part du douchebro qui a repris Twitter), et je pense que ça a un sens d'expliquer de quoi il est question (c'est quoi, une API publique ?) et d'essayer de donner du contexte sur les enjeux d'ouverture du web. En plus de ça, pendant que j'étais en train d'écrire ce billet, je suis tombé sur cet article de Ars Technica sur la Web Integrity de Google, et j'ai inséré quelque chose à ce sujet.

Mais ces questions-là viendront à la fin : commençons plutôt par le début, c'est-à-dire par les définitions de base de ce que sont Internet et le Web et les très grandes lignes de leur fonctionnement.

Table des matières

Liste des termes définis dans le texte

(Liste donnée dans l'ordre dans lequel les termes sont définis ou évoqués pour la première fois. Chacun est un lien vers cette première définition ou évocation. Le terme apparaît en gras dans le texte à l'endroit lié.)

C'est quoi Internet ? C'est quoi le Web ? Et c'est quoi la différence ?

Dans cette section, je définis l'Internet (réseau d'ordinateurs interconnectés) et le Web (réseau d'information sous forme de pages hypertexte et reliées les unes aux autres par des hyperliens). J'évoque le fonctionnement « client-serveur » du Web et le protocole HTTP (au-dessus d'Internet) central à son fonctionnement, ainsi que le format HTML dans lequel sont écrites les pages hypertexte.

Je dois d'abord définir ce qu'est le Web et quelques termes en rapport avec lui, et contraster avec Internet.

Alors d'abord, le Web n'est pas pareil qu'Internet. Internet c'est un réseau d'ordinateurs interconnectés (en gros, de nos jours, tous les ordinateurs du monde) qui leur permet de s'échanger des informations. (Cela se fait au moyen d'un jeu de protocoles de communication appelé TCP/IP, qu'on peut donc considérer pour simplifier comme synonyme d'Internet, et qui a été inventé entre le milieu des années 1970 et le début des années 1980, essentiellement dans le cadre de recherches financées par le Département de la Défense américain, je ne rentre pas dans plus de détails, voyez Wikipédia si vous voulez en savoir plus. Mais ça vaut la peine de mentionner au moins deux noms de gens qui ont joué un rôle central dans la création de ces protocoles : Vinton Cerf et Bob Kahn, souvent considérés comme les pères d'Internet.)

Le but de ce billet n'est pas d'expliquer comment fonctionne Internet. Ce serait éventuellement pour une autre fois, mais je vais tenir Internet pour acquis.

Le (World Wide) Web, abrégé WWW, i.e. la Toile mondiale, c'est (ou au moins c'était, à l'origine) une manière d'utiliser Internet pour mettre à disposition des informations sous forme de pages Web. Une page Web peut contenir du texte, des images, des sons, des vidéos ou autres animations (et maintenant des programmes complets, je vais y revenir), et surtout, elle peut contenir des hyperliens, ou simplement liens, qui pointent vers d'autres pages Web (permettant à l'utilisateur de passer facilement de l'une à l'autre), l'ensemble de tout ça étant appelé de l'hypertexte. Enfin, je suppose que vous savez ça, parce que si vous lisez ces mots, a priori (sauf si par exemple vous êtes une personne du futur en train de lire une archive de quelques textes ayant miraculeusement survécu à l'apocalypse — auquel cas, coucou, et content de avoir que des bouts de mon blog en font partie), vous savez au moins un peu ce qu'est une page Web puisque vous êtes en train d'en lire une.

Le Web fonctionne au-dessus d'Internet (c'est-à-dire qu'il dépend d'Internet pour fonctionner), selon un mécanisme dit client-serveur : d'un côté il y a l'ordinateur de la personne qui veut lire une page Web, qu'on appelle client : il utilise un programme spécial, appelé navigateur Web, pour consulter le Web et afficher les pages hypertexte : ce programme côté client va contacter la machine qui met la page à disposition, et qu'on appelle le serveur (et qui fait tourner lui aussi un programme spécial, appelé serveur Web — parfois ce terme désigne la machine, parfois le programme, ce n'est pas toujours clair, et souvent pas très important) pour lui demander. La communication a lieu via Internet, c'est-à-dire que le client et le serveur doivent déjà faire partie d'Internet (avoir un accès Internet) pour espérer communiquer. Elle a lieu, plus précisément, par un protocole appelé HTTP (ou sa variante chiffrée, HTTPS dont je parlerai plus bas) qui se place au-dessus des protocoles TCP/IP : imaginez que TCP/IP est comme la poste qui achemine des lettres, alors que HTTP est un formulaire que vous envoyez pour recevoir un livre. Quant au format dans lequel les pages Web sont écrites s'appelle HTML (bon, là je simplifie excessivement, et je vais y revenir), qui est en gros une façon de décrire le contenu (là il y a le texte suivant, là il y a un hyperlien vers telle adresse, là il y a une image dont voici l'adresse).

Le Web a été inventé en gros une décennie après Internet, entre la fin des années 1980 et le début des années 1990, essentiellement au CERN (le Centre européen pour la recherche nucléaire, basé en Suisse), là aussi je renvoie à Wikipédia pour plus de détails, mais il y a un nom qui revient généralement comme le père du Web : Tim Berners-Lee (avec, comme dans le cas d'Internet, le caveat important qu'une invention de ce genre n'est jamais le fruit d'une seule personne et que c'est toujours réducteur de donner un seul nom ou même deux). Il y avait d'autres mécanismes utilisant Internet pour diffuser de l'information générale inventés avant ou à peu près au même moment (par exemple Gopher, qui est maintenant presque mais pas complètement mort, plus simple, utilisant une structure organisée en menus hiérarchiques ; ou FTP, qui joue un rôle un peu différent, puisque c'est plutôt pour échanger des fichiers entre ordinateurs qu'à destination d'un humain, mais il est lui aussi quasiment remplacé par HTTP(S) de nos jours), mais le Web a eu tellement de succès qu'il est devenu quasiment synonyme d'Internet.

Ce n'est pas qu'une confusion du grand public de traiter ces deux termes (Web et Internet) comme presque interchangeables, c'est de plus en plus vrai que beaucoup de systèmes d'échanges de données, même ceux qui concerne pas des pages hypertexte ou même qui ne sont pas des données à afficher directement à un humain dans un navigateur, tendent à utiliser le protocole HTTP(S) initialement prévu pour le Web, et que du coup les contours de ce dernier deviennent un peu flous. Mais c'est aussi et surtout le cas que le navigateur Web devient de plus en plus une sorte d'« application universelle », c'est-à-dire que toutes sortes de services de toutes sortes (communication, bureautique, jeux, etc.) tournent optionnellement ou même exclusivement à l'intérieur d'un navigateur Web, ce qui entretient la confusion non seulement entre le Web et l'Internet mais même entre le navigateur Web et l'ensemble du système d'exploitation (je veux dire que beaucoup de gens ne font sans doute pas une distinction claire entre une « Web application » qui tourne à l'intérieur de leur navigateur web, et un programme distinct du navigateur qui tourne sur leur ordinateur, et c'est encore pire sur les téléphones mobiles ; je reparlerai des Web applications plus bas pour essayer de dissiper cette confusion).

Malgré cette tendance à confondre Web et Internet, il continue à exister un grand nombre de protocoles Internet, plus ou moins spécialisés, qui ne peuvent pas vraiment être considérés comme faisant partie du Web. (Y compris des protocoles utilisés par le grand public : à titre d'exemple, BitTorrent, un protocole de partage de fichiers décentralisé et pair-à-pair, c'est-à-dire que tout le monde s'échange des petits bouts de fichier sans que personne n'ait une copie autoritative, notamment souvent utilisé pour partager des vidéos dites « pirates », c'est-à-dire échangées en contravention du droit d'auteur, est basé sur Internet mais s'oppose radicalement à l'organisation client-serveur du Web. De même, les applications de vidéoconférence comme Zoom ou Skype utilisent leurs propres protocoles propriétaires au-dessus d'Internet, même s'il y a souvent une passerelle Web permettant de les utiliser depuis un navigateur Web.)

En revanche, tous les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Instagram, Reddit, StackExchange, TikTok, etc.) peuvent être décrits comme faisant partie du Web ou construits au-dessus de lui : même s'ils disposent d'une application spécialisée permettant d'éviter de passer par un navigateur Web généraliste, ils restent toujours consultables via un navigateur Web, i.e., ils ont toujours au moins une interface Web en plus d'éventuelles interface mobile (essentiellement Android et iOS) vers le même contenu (je ne sais pas pourquoi, ça semble être uniquement sur mobile qu'on propose ces applications spécialisée, alors qu'il n'y a pas vraiment de raison technique pour laquelle on ne pourrait pas avoir une appli spécialisée pour ordinateur pour accéder à chacun de ces réseaux sociaux — l'explication relève plus de considérations historiques ou sociologiques que techniques).

Le fonctionnement de base du Web à papa

Dans cette section, j'évoque les idées essentielles fonctionnement du Web des années 1990–2000, en parcourant les composantes d'une adresse Web ou URL : nom d'hôte puis nom de chemin.

Comme je le dis ci-dessus, le Web est devenu quelque chose d'assez protéiforme, non seulement presque synonyme d'Internet mais englobant même presque tout ce qui se fait sur un ordinateur, et je pense que cela contribue à la confusion que le grand public peut ressentir. Pour dissiper cette confusion, je pense qu'il vaut mieux commencer par décrire le « Web à papa », c'est-à-dire le Web des années 1990–2000 (en gros), quand il s'agissait vraiment de consulter des pages de texte avec des hyperliens et quelques images et pas de faire essentiellement tout et n'importe quoi jusqu'à ne plus savoir ce qui est sur notre ordinateur et ce qui est dans un cloud vaporeux.

Remontons le temps et replaçons-nous donc dans cette époque où les choses étaient un peu plus simples. Vous voulez consulter une page Web (ou un ensemble de pages Web apparentées : un site Web). D'abord, vous lancez un programme spécial, le navigateur Web. Je vais revenir sur les navigateurs Web et leur histoire, mais tenons-les pour acquis pour le moment. Dedans, vous tapez, dans la barre d'adresse (parce qu'à l'époque il n'y a pas vraiment de moteur de recherche), l'adresse de la page que vous voulez consulter : on parle aussi d'URL ou URI pour cette adresse (il y a une petite différence entre ces deux termes, les URI étant plus générales que les URL, mais ignorons cette subtilité byzantine : les adresses de type HTTP sont bien des URL et donc aussi des URI). Cette adresse peut ressembler à quelque chose comme :

http://www.example.tld/some/where.html

Ceci signifie approximativement : se connecter (au moyen du protocole HTTP) à l'ordinateur serveur ayant le nom www.example.tld sur Internet, et lui demander le fichier ayant pour nom /some/where.html.

Mais donnons quelques explications un peu plus précises à ce sujet.

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