David Madore's WebLog: 2019-10

Vous êtes sur le blog de David Madore, qui, comme le reste de ce site web, parle de tout et de n'importe quoi (surtout de n'importe quoi, en fait), des maths à la moto et ma vie quotidienne, en passant par les langues, la politique, la philo de comptoir, la géographie, et beaucoup de râleries sur le fait que les ordinateurs ne marchent pas, ainsi que d'occasionnels rappels du fait que je préfère les garçons, et des petites fictions volontairement fragmentaires que je publie sous le nom collectif de fragments littéraires gratuits. • Ce blog eut été bilingue à ses débuts (certaines entrées étaient en anglais, d'autres en français, et quelques unes traduites dans les deux langues) ; il est maintenant presque exclusivement en français, mais je ne m'interdis pas d'écrire en anglais à l'occasion. • Pour naviguer, sachez que les entrées sont listées par ordre chronologique inverse (i.e., la plus récente est en haut). Cette page-ci rassemble les entrées publiées en octobre 2019 : il y a aussi un tableau par mois à la fin de cette page, et un index de toutes les entrées. Certaines de mes entrées sont rangées dans une ou plusieurs « catégories » (indiqués à la fin de l'entrée elle-même), mais ce système de rangement n'est pas très cohérent. Le permalien de chaque entrée est dans la date, et il est aussi rappelé avant et après le texte de l'entrée elle-même.

You are on David Madore's blog which, like the rest of this web site, is about everything and anything (mostly anything, really), from math to motorcycling and my daily life, but also languages, politics, amateur(ish) philosophy, geography, lots of ranting about the fact that computers don't work, occasional reminders of the fact that I prefer men, and some voluntarily fragmentary fictions that I publish under the collective name of gratuitous literary fragments. • This blog used to be bilingual at its beginning (some entries were in English, others in French, and a few translated in both languages); it is now almost exclusively in French, but I'm not ruling out writing English blog entries in the future. • To navigate, note that the entries are listed in reverse chronological order (i.e., the most recent is on top). This page lists the entries published in October 2019: there is also a table of months at the end of this page, and an index of all entries. Some entries are classified into one or more “categories” (indicated at the end of the entry itself), but this organization isn't very coherent. The permalink of each entry is in its date, and it is also reproduced before and after the text of the entry itself.

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Entries published in October 2019 / Entrées publiées en octobre 2019:

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(jeudi)

Mise à jour sur mes déménagements

Je suis en ce moment affairé par deux déménagements, qui n'ont aucun rapport entre eux mais se trouvent tomber quasiment au même moment, et me causent tous les deux énormément d'anxiété.

L'un est professionnel : Télécom Paris (autrefois Télécom ParisTech, autrefois École Nationale Supérieure des Télécommunications) a quitté Paris pour s'installer à Palaiseau sur le plateau de Saclay. J'ai écrit la semaine dernière ce que j'en pensais en général (ou ce que je ne voulais pas dire que j'en pensais — bref) ; pour ce qui est du déménagement en pratique, j'ai découvert mon nouveau bureau avant-hier, et écrit quelques fils Twitter, que je n'ai pas vraiment le courage de transformer en entrée de blog : , , , , . Il y aura certainement plus à dire la semaine qui vient quand les élèves seront revenus (ils ont eu une semaine de vacances pour ce déménagement). Question transports, j'ai encore à décider comment je m'y prends au jour le jour, mais ce qui est certain est que toutes les options sont profondément merdiques, ce qui m'affole assez (disons qu'entre perdre ma vie dans les transports en commun ou la risquer à moto, c'est un choix assez peu appétissant).

[Mise à jour sur ce sujet : dans cette entrée écrite presque quatre ans plus tard où je parle très longuement de Paris-Saclay.]

L'autre déménagement est personnel : j'avais écrit ici que mon poussinet et moi achetions un appartement plus grand, dans le même immeuble, deux étages plus haut : nous avons signé l'acte de vente cet après-midi et je suis donc propriétaire de 50% d'un appartement de 91m² (où il va falloir emménager) en plus de mon actuel appartement de 40m² avec terrasse et jardin (d'où il va falloir déménager et qu'il s'agira ensuite de mettre en vente), et bien sûr à la tête d'une montagne de dettes (dont une partie sera liquidée par la vente de mon appartement actuel, et l'autre amortie sur 7 ans). Je pense maintenant avoir fait un très mauvais choix en acceptant cet achat, mais en même temps je pense que c'était le seul possible, ou disons le moins mauvais (i.e., toutes les options étaient mauvaises), et là aussi j'en suis plutôt accablé.

D'abord, il y avait, et il va y avoir encore, la paperasse. J'ai une certaine phobie de la paperasse, qui n'est pas la plus aiguë qui soit, mais la quantité de choses qu'il faut faire pour acheter un appartement est tout bonnement ahurissante (et je crois voir que la quantité de choses qu'il faut faire pour vendre l'est tout autant). J'ai dit plusieurs fois en plaisantant qu'il nous fallait un nouvel appartement pour stocker tous les papiers relatifs à l'achat du nouvel appartement, mais, plaisanterie mise à part, et en mettant de côté la quantité ahurissante de papier gâchée, et même en ignorant tout le temps perdu, tout cela est tellement infantilisant et humiliant que mes nerfs ont lâché plus d'une fois. Les démarches pour obtenir un prêt sont démentes, et nous les avons faites auprès de deux banques (parce que nous nous y étions engagés par la promesse de vente), et certains dossiers ont dû être refaits plusieurs fois suite à des erreurs de la banque, bref, je n'en pouvais plus. Et c'est loin d'être fini pour la paperasse, parce que la vente de mon appartement actuel va venir avec son lot de formalités, diagnostics à faire faire, papiers à demander ou à remplir, etc. Et le déménagement lui-même aussi (à un moment il faudra signaler aux impôts que ma résidence principale n'est plus au 11 rue Simonet mais au 11 rue Simonet, et que le premier est maintenant vacant, ce qui risque d'être problématique).

La paperasse, je vais m'en remettre, c'est sûr, mais je note que beaucoup de ces démarches s'accompagnent d'une facture à payer : frais de dossier sur les prêts, frais sur la caution immobilière, solde des charges et impôts locaux à régler à l'acheteur, etc., jusqu'aux frais bancaires sur les virements ou pour la tenue de tous les comptes qu'on a ouverts au passage (ou les agios sur les découverts liés au fait que la banque a prélevé les frais de dossier plus tôt qu'on ne l'attendait…). Ces sommes ne sont pas énormes, et sont assurément petites par rapport au prix du bien acheté (et des droits de mutation ou « frais de notaire » qui vont avec), mais elles s'accumulent et, quand on a prévu le montant des prêts en se laissant juste le minimum sur les comptes bancaires, elles sont désagréables à découvrir.

J'ai eu la chance, ces dernières vingt années, de ne jamais avoir à me préoccuper d'argent (et je pense que c'est la définition opérationnelle intéressante d'être riche ; mais il faut dire que le fait de ne pas avoir de loyer à payer, de ne pas avoir d'enfant, et de ne quasiment pas voyager aident beaucoup à ne pas avoir de soucis d'argent) : à chaque fois que je voulais m'acheter quelque chose, mon compte en banque était pourvu de la somme nécessaire sans que j'aie à m'en inquiéter, même quand il s'agissait d'acheter un ordinateur ou une moto (ou pour commencer, de payer les leçons pour obtenir le permis en question, qui ont été beaucoup plus chères que la moto elle-même), et certainement à chaque fois que je me prenais l'envie de, par exemple, manger au restaurant. L'opulence, quoi. Et même, il en restait un peu à la fin du mois ou de l'année pour s'accumuler en un petit capital qui, évidemment, s'est complètement évaporé aujourd'hui.

Ce serait indécent de ma part de dire que j'aurai désormais des problèmes financiers, mais disons que pour payer ma part des mensualités du prêt et autres frais récurrents liés au nouvel appartement, il va falloir que je tire un trait (pendant sept ans) sur un certain nombre de choses qui me plaisaient énormément : par exemple, plus de restaurants (sauf si le poussinet m'invite) ou de goûters, plus de vêtements qui ne soient pas en remplacement de quelque chose de complètement usé, plus de livres, plus de sorties ciné, et même comme ça ça ne rentre toujours pas dans le budget (je n'ai pas encore décidé sur quoi j'allais tirer un trait exactement). Je ne risque certainement pas mourir de faim, donc, mais je pense quand même que j'ai fait une erreur en décidant de renoncer à beaucoup de choses qui me rendent la vie plus agréable, en échange de quelques mètres carrés de Paris (virtuellement tapissés de billets de 100€). Certes, le poussinet (qui, pour sa part, n'a vraiment aucun problème d'argent et pas à renoncer à quoi que ce soit) promet de me soutenir un peu, par exemple pour que je puisse encore aller au restaurant, mais je n'ai pas envie de vivre aux dépens de mon copain. Peut-être que l'erreur a été de vouloir que nous soyons propriétaires à parts égales du nouvel appartement, mais le contraire me gênait aussi beaucoup.

Or il n'est même pas acquis que nous soyons tellement plus à l'aise pour ce qui est de la place disponible. Ça peut sembler paradoxal, si nous passons d'un 40m² plein à craquer à un 91m², ce dernier devrait logiquement être seulement « à moitié plein » ; mais en fait, la cuisine sera beaucoup plus grande, certes, et nous aurons un grand salon, mais si on part du principe de garder ce dernier bien dégagé pour pouvoir y recevoir des amis, ça ne laisse pour ranger notre bordel que deux chambres plus petites que la chambre et le salon où notre bordel est actuellement entassé. C'est surtout en prenant conscience de ça que je me suis dit que c'était vraiment une erreur de changer ainsi d'appartement.

Le déménagement s'accompagnera forcément d'une phase de tri. Je sais qu'à chaque fois que j'ai trié dans mes affaires en me forçant à en jeter une partie, le résultat a été un immense regret de beaucoup de choses que j'avais jetées. (Il m'est d'ailleurs arrivé plus d'une fois de racheter quelques mois après des choses qu'on m'avait convaincu de jeter lors du tri. Ou d'être inconsolable de découvrir qu'elles ne se trouvent plus et que je ne peux donc peux plus les racheter.) C'est assez facilement explicable : en triant, on découvre des choses qu'on avait oubliées, on se dit sur le coup (ou on se laisse convaincre) puisque je les avais oubliées c'est qu'elles ne me servent pas : on peut jeter, mais le fait de les avoir redécouvertes fait renaître l'envie de ces choses, et on regrette plus tard de les avoir jetées — en tout cas c'est ce qui m'arrive tout le temps. Parfois, le regret vient bien beaucoup plus tard (comme pour des cartons de papiers gribouillés quand j'étais ado que mes parents m'ont convaincu de jeter il y a bien longtemps et dans lesquels je serais tellement heureux de pouvoir fouiller aujourd'hui).

Mon poussinet m'a soutenu que tout objet qu'on n'avait pas utilisé depuis plus d'un an ou dont on avait oublié l'existence est bon à jeter : je lui ai alors montré un livre qu'il a acheté il y a dix ans et dont il avait oublié jusqu'à l'existence (en l'occurrence, une intégrale de Tintin) et qui fait partie du bordel qui encombre notre appartement : peut-on jeter ça immédiatement ? Il m'a répondu que pour un livre c'est différent. Et je suis d'accord : je n'aime pas jeter les livres — je me dis que j'ai toujours la possibilité de les redécouvrir et d'aimer me replonger dedans. Le problème est que j'ai vis-à-vis de beaucoup d'objets la même sorte de relation. Vis-à-vis de mes vêtements, par exemple (il est vrai que j'en ai énormément) : je peux les oublier pendant très longtemps, et les redécouvrir avec beaucoup de plaisir. Bon, je digresse du déménagement, là ; mais ce que je cherche à dire est que je m'imaginais naïvement avoir plus de place pour ranger mon bordel, et que je risque au contraire de me retrouver avec plutôt moins, de devoir en jeter une partie, et de ne plus pouvoir le racheter une fois que je regretterai ce que j'aurai jeté.

En partant sur l'idée d'un prêt-relais couvert par mon appartement actuel, je pensais que nous aurions le temps de déménager tranquillement et donc de minimiser le stress engendré : je pensais transporter très progressivement les choses de l'ancien appartement vers le nouveau, et peut-être vivre à cheval entre les deux pendant un certain temps ; c'est un peu ce que j'ai fait pour m'installer dans mon appartement actuel. (On dispose de deux ans pour rembourser le prêt-relais. Je n'imaginais certainement pas étaler ce plan sur deux ans, mais peut-être sur trois ou quatre mois.) En réalité, toutes sortes de facteurs auxquels je n'avais pas pensé viennent contrarier ce plan. D'abord il y a le fait que les mensualités du prêt-relais, si elles m'avaient semblé très raisonnables à première vue, le sont beaucoup moins quand j'essaye de boucler mon budget déjà compliqué avec les mensualités du prêt amortissable (cf. ce que j'en disais ci-dessus), sans parler des charges de copropriété et des autres charges comme l'abonnement électrique. Or la vente elle-même prendra déjà beaucoup de temps (même si je trouve un acquéreur immédiatement, nous-mêmes avons contacté notre vendeur fin avril et n'avons conclu l'achat qu'aujourd'hui, donc six mois plus tard). Mais aussi, il semble que toutes sortes de raisons fiscales obligent à aller vite sous peine de devoir payer plus que ce que je peux me permettre de payer (notamment, il est fortement préférable que nous ayons déménagé avant le 31 décembre [correction : apparemment j'avais mal compris ce point] — je déteste les dates-butoir de ce genre). Toujours est-il que j'espérais un déménagement en douceur et il semble que je me sois lourdement trompé.

Je passe sur plein d'autres inquiétudes qui me tracassent avec cette histoire. Un petit problème de geek, par exemple, est de savoir si nous allons pouvoir faire transférer notre abonnement ADSL : je n'ai pas la fibre parce qu'il semble qu'aucun fournisseur d'accès français ne soit capable de fournir un service fibre de bonne qualité avec, notamment, un bloc IPv6 fixe de taille au moins /56 (ou idéalement, /48) et la possibilité de faire le routage soi-même (ces prestations existent probablement quelque part mais réservées aux « professionnels ») ; j'ai néanmoins un abonnement ADSL qui me fournit tout ça (le bloc IPv6 /48 fixe et la possibilité de router soi-même sans passer par une « box ») via un fournisseur complètement inconnu du grand public, Nerim, qui s'est tourné vers les « pros » et n'accepte plus de clients particuliers mais n'a pas pour autant jeté ses clients plus anciens, comme moi : reste à savoir s'ils accepteront de déménager notre abonnement, et vers qui nous nous tournerons si ce n'est pas le cas. Aucun de ces problèmes n'est grave, mais il y en a une montagne (et quand je dis une montagne, je veux dire une montagne par pièce de l'appartement), je vois bien à mon nouveau bureau tous les tracas que peut engendrer un déménagement mal organisé et mené à la va-vite, je n'ai pas envie d'avoir droit à la même chose pour mon domicile.

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(jeudi)

Quelques nouvelles satiriques sur l'état de la recherche

Je suis en ce moment très sérieusement abattu par le déménagement de mon bureau de Paris à Palaiseau (qui est en cours : hier j'ai bouclé mes cartons, mon premier cours à Palaiseau est ). J'ai fait l'autruche à ce sujet, c'est-à-dire que j'ai mentalement occulté ce fait jusqu'à la dernière minute (enfin, semaine), ce qui fait qu'il m'affecte d'autant plus lourdement maintenant qu'il arrive, mais, honnêtement, je ne vois pas comment j'aurais pu m'y préparer intelligemment, que ce soit psychologiquement ou matériellement (autrement qu'en passant le permis voiture et moto, ce que j'ai fait ; ou à la fin en rangeant mon bureau et préparant mes cartons efficacement, ce en quoi je pense avoir été plutôt bon).

Je ne sais pas dans quelle mesure j'ai vraiment envie de raconter ici publiquement tout le mal que je pense de cette décision de déplacer Télécom Paris à Palaiseau (remarquons quand même au passage l'idée intéressante de se renommer de Télécom ParisTech à Télécom Paris précisément au moment où elle cesse d'être à Paris), que ce soit pour parler de la volonté initiale de créer un pôle scientifique sur le plateau de Saclay c'est-à-dire au milieu de nulle part (en expropriant au passage des terres agricoles parmi les plus fertiles de France), des querelles picrocholines ayant conduit à un schisme dudit plateau entre l'Université de Paris-Saclay (en gros à l'ouest de la N118) et l'Institut Polytechnique de Paris (en gros à l'est de la N118 ; temporairement NewUni et que certains décrivent comme l'École polytechnique et ses vassales), ou des problèmes simplement matériels qui se posent et se poseront encore pour moi et mon établissement (entre mon nouveau bureau qui est beaucoup trop petit pour contenir tous les papiers que je dois y transporter, et les inévitables malfaçons qu'on découvrira une fois emménagés dans un bâtiment construit à toute vitesse). Outre qu'il faudrait M entrées de N pages (avec M,N≫1) pour raconter tout ça, et que ça me fait mal au cœur d'en parler alors que je suis déjà remué au point que je n'en dors quasiment plus, la dernière fois que j'ai évoqué le stress que provoquait chez moi l'attitude manageriale de mon employeur, il s'est trouvé un fâcheux, apparemment plus préoccupé par les relations publiques que par ma santé, pour me le reprocher, et je ne suis pas certain que le droit me protège comme il devrait si je dis publiquement ce que je pense, ce qui impliquerait forcément beaucoup d'insultes contre des décideurs précis.

Du coup, comme je suis un gros couard, je vais couvrir mon cul et écrire publiquement je vous rappelle que ce blog est tenu à titre personnel et que les opinions qui sont exprimées ici sont purement les miennes et n'engagent en aucune manière Télécom Paris, que je suis d'ailleurs fier de servir et de suivre dans son déménagement vers des horizons plus radieux :

Je vous rappelle que ce blog est tenu à titre personnel et que les opinions qui sont exprimées ici sont purement les miennes et n'engagent en aucune manière Télécom Paris, que je suis d'ailleurs fier de servir et de suivre dans son déménagement vers des horizons plus radieux.

(À défaut, je peux au moins faire un lien vers le blog d'un collègue, qui formule un certain nombre de critiques très justes et très drôles, mais qui ne couvrent qu'une toute petite partie de ce que j'aurais envie de dire si je n'étais pas un gros couard et si j'avais plus de temps.)

*

Mais aussi, je pense qu'il faut voir ce mouvement dans le contexte[#] plus large d'une politique menée vis-à-vis de la recherche publique (et certainement pas seulement en France) consistant à donner l'illusion qu'on lui accorde plus de moyens en soulignant quelques grands projets emblématiques et « vendeurs » (notamment pour duper le grand public qui garde une image globalement favorable de ses chercheurs et de l'opportunité de la recherche en général), mais en lui mettant, en fait, des bâtons dans les roues à tous les niveaux, — que ce soit par des regroupements, séparations et déplacements menés de force et sans consultation, par des mesquineries administratives quotidiennes, par une manie de l'évaluation poussée jusqu'à l'absurdité et l'humiliation, par la création d'un mille-feuille organisationnel de structures (universités, instituts, établissements, départements, laboratoires, équipes, pôles, unités, etc.) qui se marchent sur les pieds les unes des autres et marchent surtout sur la tête des chercheurs qui les subissent, par l'obsession d'un fonctionnement « par projets » combinant la toute souplesse du plan quinquennal soviétique et toute l'humanité de la concurrence capitaliste, par la poursuite effrénée de toute forme de visibilité internationale et l'importance accordée à des classements dénués de sens (Shanghaï notamment), par la poursuite irréfléchie du dernier sujet à la mode (IA, science des données…) ou de celui qui donnerait les contrats industriels les plus juteux, et par l'abandon systématique des valeurs (oserais-je dire positivistes ?) qui auraient dû inscrire la recherche dans la durée, le désintéressement et l'honneur de l'esprit humain. Vous imaginez bien qu'évoquer tout ça est encore plus déprimant et nécessiterait M′ entrées de N′ pages (avec M′≫M et N′≫N) vu que la phrase précédente était déjà interminablement proustienne. Je n'ai absolument pas le courage de me lancer là-dedans, surtout maintenant ; et surtout que pour que la discussion soit vraiment intéressante, il faut fournir des contre-propositions constructives (par exemple expliquer pourquoi le fonctionnement « par projets » devrait être panaché avec des dotations permanentes attachées aux chercheurs individuels et aux équipes de recherche permettant d'explorer des pistes plus risquées ou peu à la mode), peut-être aussi explorer les mécanismes politiques qui ont amené à cette volonté de saboter la recherche, bref, tout cela serait vraiment long.

[#] C'est assez vague, dans le contexte de ? Pour n'accuser personne de quoi que ce soit de précis, je veux dire.

Est-ce à dire que je ne vais rien écrire à part le tissu de prétéritions qu'est cette entrée de blog ? Non ! Car fort heureusement, une connaissance à moi, Élodie Sabin-Teyssier (ou plus exactement, Élodie Rachel Nicole Ernestine Sabin-Teyssier, mais nous l'appellerons juste Élodie pour simplifier), lorsque j'ai évoqué avec elle l'idée d'écrire une fiction[#2] qui exposerait les maux de la recherche de façon satirique, m'a repris l'idée et s'est lancée dedans avec enthousiasme, et a écrit une série de nouvelles absolument hilarantes et certainement bien plus convaincantes que tous les rants que j'aurais pu pondre sur mon blog. Je vous laisse donc avec Les dessous de paillasse et vous souhaite bonne lecture !

(Surtout n'hésitez pas à rediffuser ce texte, par exemple sur Twitter en likant et en retweetant ce tweet, mais aussi par tout autre moyen de diffusion : Élodie a besoin qu'on booste un peu son H-number si elle veut un jour obtenir des financements pour continuer ses textes.)

[#2] Mon idée était un petit peu différente : je pensais situer l'action dans un monde un peu façon Harry Potter ou comme dans ce fragment, dans lequel les héros seraient des magiciens (chercheurs en magie théorique et appliquée) luttant difficilement contre un grand méchant et toujours handicapés par une administration qui leur mettrait des bâtons dans les roues de toutes les manières possibles (par exemple en les obligeant à soumettre un projet avec des dizaines de pages de rapports pour avoir accès à la plume de phénix permettant de détruire le horcrux du grand méchant, ou bien poussés à travailler sur la transmutation du plomb en or plutôt que la destruction des horcrux parce que c'est quand même bien plus porteur ; enfin, vous voyez l'idée). Je raconte ça pour mentionner au passage que, non, ce n'est pas moi qui me cache sous ce nom d'Élodie Sabin-Teyssier. Je n'exclus pas de développer quand même un jour mon idée originale, peut-être sous un pseudo ou peut-être pas, mais vue ma flemme proverbiale il ne faut pas compter dessus ; ceci étant, cette idée ne m'appartient pas, donc si quelqu'un se sent inspiré, qu'il n'hésite pas.

[Mise à jour sur ce sujet : dans cette entrée de blog écrite presque quatre ans plus tard, où je parle très longuement de Paris-Saclay, j'évoque notamment la question des fusions qui fait l'objet d'une des nouvelles de ce recueil.]

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(mardi)

Sur les petits rituels de la vie quotidienne

Mon poussinet se plaint régulièrement du temps qu'il me faut pour me coucher : prendre ma douche (si je ne l'ai pas fait le matin ou si j'ai transpiré dans la journée), me laver les dents, me nettoyer les narines au sérum physiologique, aller une dernière fois aux toilettes, me laver les mains une dernière fois, peut-être prendre 1mg de mélatonine… tout ceci constitue un petit rituel du coucher qui me prend bien 15min alors que le poussinet est beaucoup plus efficace. C'est plus court que le temps qu'il fallait à Louis XIV pour se lever ou se coucher, mais ça reste agaçamment long.

Je me suis souvent plaint des langages de programmation (ou bibliothèques informatiques) où pour faire quelque chose d'aussi idiot qu'ouvrir une fenêtre et afficher un message à l'utilisateur on doit prononcer un nombre incroyable d'incantations propitiatoires (pour créer la fenêtre il faut d'abord une connexion au système de gestion de fenêtres, et pour créer cette connexion il faut, il faut, il faut), mais le reproche est peut-être injuste quand je réfléchis au fait que la vie courante impose (m'impose ? que je m'impose ?) aussi ce genre de rituels pour toutes sortes de choses qui « devraient » être rapides et faciles.

En fait, ces rituels sont plutôt des ensembles d'actions à accomplir avec des relations de dépendances entre ces actions imposant que celle-ci soit accomplie avant (ou au contraire après) celle-là : par exemple, il vaut mieux se laver les mains après être allé aux toilettes qu'avant, il vaut mieux se laver les dents après avoir pris tel ou tel truc contenant du sucre, etc. Certaines actions peuvent être réordonnées, d'autres pas. Mon poussinet a beau se moquer de moi, il oublie régulièrement qu'il vaut mieux que l'action transporter la serviette dans la salle de bain précède l'action se mouiller sous la douche et doit m'appeler au secours pour lui apporter la serviette qui sèche dans le salon sans qu'il ait à mettre de l'eau partout en allant la chercher lui-même.

Et je remarque que les relations de dépendances sont plus difficiles à retenir que les actions elles-mêmes ; ou plutôt, il est plus difficile de résoudre ces dépendances, c'est-à-dire de trouver la bonne action à faire qui ne va pas me mettre dans une impasse (impasse telle que : mouillé, sans serviette, et sans possibilité d'aller en chercher une sans mettre de l'eau partout). Le mieux est sans doute de retenir un agencement fixe d'actions qui résout les dépendances, et de le reproduire rituellement à chaque fois, mais parfois les circonstances imposent des petits changements (par exemple, deux actions peuvent être indépendantes, on peut avoir pris l'habitude de les accomplir dans un certain ordre, peut-être A puis B, et voilà qu'une nouvelle action C rendue temporairement nécessaire par une circonstance passagère, dépend de B et doit être accomplie avant A, si bien qu'on doit réordonner B et A ; cela pourrait être le cas d'un médicament que je veux prendre après m'être lavé les mains mais avant de me laver les dents parce qu'il contient du sucre).

Même après des années de répétition, il m'arrive de me tromper stupidement dans l'ordre de certaines actions. Par exemple, au cours du rituel prendre ma douche, je me rase deux fois : une fois au rasoir électrique avant de prendre ma douche, une fois au rasoir manuel (mécanique ? enfin, non-électrique, quoi) après ma douche mais avant de m'être séché le visage. (Mon problème est que j'ai les poils de barbe extrêmement fins et souples et difficiles à couper, et il n'y a essentiellement que comme ça que ça marche à peu près : le rasoir électrique sur peau sèche puis le rasoir manuel sur peau humide et sans crème à raser.) Et je ne compte plus le nombre de fois où je suis entré dans la douche pour me dire zut, je devais passer le rasoir électrique avant ou bien où je me suis séché le visage pour me dire zut, je devais passer le rasoir manuel avant.

Et quand je ne suis pas chez moi, je me sens souvent tout penaud pour accomplir quelque chose d'aussi bête que prendre ma douche : mes graphes de dépendances sont tout modifiés, je passe un certain temps à passer en revue les actions à accomplir en essayant de m'imaginer les faisant, et j'oublie toujours quelque chose, si bien que je me trouve par exemple comme un con tout mouillé dans la salle de bain et sans la serviette que j'ai oublié de prendre dans ma chambre/valise parce que j'ai l'habitude que chez moi elle traîne toujours dans la salle de bain.

On peut bien sûr se faire une checklist comme les pilotes d'avion au décollage. Mais d'une part, je me vois mal prendre un papier et stylo à chaque fois que je prends une douche pour ne pas oublier les bons moments pour me raser, finalement ça ferait surtout des items de plus dans le rituel vérifier qu'on a la dernière version de la checklist, imprimer la checklist, prendre un stylo, à mettre dans… la checklist ? D'autre part, cela soulève le problème de compiler la checklist elle-même et de s'assurer qu'elle satisfait bien à toutes les dépendances, et, pour commencer, qu'on n'a pas oublié de dépendances un peu cachées (cachées par des vérités aussi profondes et difficiles que l'eau mouille). Dans la pratique, c'est souvent à la N-ième répétition du même rituel (ratées pour toutes sortes de raisons) que je commence enfin à bien comprendre le graphe de dépendances. Et même mettre la liste par écrit n'est pas forcément simple, parce que certaines actions peuvent se diviser et se subdiviser si bien qu'on ne sait pas bien jusqu'où aller (quand je parle de me laver les dents, par exemple, c'est un petit rituel en soi : prendre la brosse à dent, mettre du dentifrice dessus, mouiller la brosse à dent — dans quel ordre vaut-il mieux faire ça ? —, brosser les dents en essayant d'atteindre chaque surface pendant environ 3 minutes, rincer l'intérieur de la bouche, bien rincer le pourtour de la bouche pour enlever les traces de dentifrice, rincer la brosse à dent, reposer la brosse à dent ; pas franchement besoin d'écrire tout ça, même s'il m'arrive d'oublier l'étape bien rincer le pourtour de la bouche et de découvrir que les traces de dentifrice séchées sont assez irritantes pour la peau).

Un rituel un peu interminable concerne le démarrage d'un véhicule à moteur. À ma première leçon de conduite de voiture, qui pourrait porter l'intitulé savoir s'installer, on m'a donné une liste de choses à faire lorsqu'on prend place pour conduire ; quelque chose comme : régler le siège en hauteur, régler le siège en profondeur (avant/arrière), régler le dossier en inclinaison, régler l'appuie-tête en hauteur, mettre la ceinture de sécurité, régler le volant en hauteur, régler le volant en profondeur, régler le rétroviseur intérieur, mettre le contact, régler les rétroviseurs extérieurs, vérifier qu'on est au point mort, enfoncer la pédale de frein, démarrer le moteur, desserrer le frein à main, contrôler, mettre le clignotant, enclencher la première, contrôler de nouveau, démarrer. Les dépendances ne sont pas forcément tout à fait évidentes, certaines sont assez faibles (il vaut mieux mettre la ceinture avant de régler les rétroviseurs pour être sûr qu'on est bien assis, mais ce n'est pas franchement essentiel) ou peuvent dépendre de la voiture (le fait qu'on puisse régler les rétroviseurs extérieurs sans avoir mis le contact, par exemple ; ou même le simple fait que certaines choses soient réglables). La checklist n'est donc pas tout à fait simple à compiler (et celle que je viens de lister est peut-être incomplète ou critiquable). C'est extrêmement court par rapport à une checklist en aviation, mais c'est quand même relativement longuet. Évidemment, si on est le seul à conduire la voiture, la liste se simplifie considérablement (un des intérêts de l'auto-école est d'invalider spectaculairement cette hypothèse et on peut se retrouver à passer juste après quelqu'un de très grand ou de très petit, donc on a intérêt à faire tous les réglages). Mais on peut ajouter d'autres items comme mettre à zéro le compteur kilométrique de trajet, programmer le GPS pour la destination souhaitée, ou brancher la dashcam sur la prise allume-cigare. En moto (où on ne m'a pas donné de liste prémâchée de ce genre), j'ai vite compris que c'était très différent : si le rituel pour démarrer la moto est plus simple que pour une voiture (la selle ne se règle pas — on a intérêt à avoir acheté une moto adaptée à sa hauteur — et le guidon non plus ; il faut surtout penser à enlever la béquille avant de partir mais les motos modernes calent exprès si on oublie ce qui est tant mieux parce que c'est mortellement dangereux sinon), en revanche il y a tout un autre rituel qui le précède consistant à mettre son équipement, et ce dernier a des dépendances qu'il m'a fallu quelques ratées avant de comprendre (si on met les gants avant le casque c'est nettement plus difficile d'attacher ce dernier ; il faut enlever les lunettes avant de mettre le casque pour les remettre après et, donc, trouver un endroit où les poser entre temps parce qu'on aura besoin de deux mains pour mettre le casque : l'endroit évident étant la selle de la moto, il vaut mieux faire tout ça avant d'enfourcher l'engin). Et à l'auto-école c'était pire, parce qu'il y avait en plus les étapes concernant l'oreillette pour recevoir les consignes du moniteur (allumer le talkie-walkie, le mettre dans une poche du blouson, mettre l'oreillette avant de mettre le casque, s'assurer qu'elle tient bien…) : remarquez, j'ai remplacé ça par une GoPro et quasiment autant d'emmerdements à insérer dans la checklist. Toujours est-il qu'il me faut bien dix minutes pour tout ça (bon, là aussi, je suis sûr que Louis XIV mettait plus de temps à monter dans un carrosse, mais je ne sais pas si c'est vraiment une bonne référence).

Ce que je ne comprends pas vraiment, c'est qu'il y a des gens qui semblent beaucoup moins embêtés que moi par des rituels interminables. Est-ce qu'en fait ils en ont et les accomplissent à une vitesse spectaculaire à force d'habitude (alors que j'ai mauvaise mémoire et que je me demande toujours hum, quelle est l'étape suivante de la douche, déjà ?) ? Est-ce qu'ils s'en foutent et font comme mon poussinet qui m'appelle pour lui apporter la serviette oubliée dans le salon (ou, si je ne suis pas là, met de l'eau partout) ? Est-ce qu'ils ont tout simplement moins de choses à faire ? Le mystère reste entier.

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(dimanche)

Message de service : comment communiquer avec des personnes distraites

(Je précise d'avance que je ne vise personne en particulier, ni aucune occurrence en particulier, en écrivant cette entrée de blog ; ou plutôt, je vise tout le monde, parce que l'enfonçage de portes ouvertes qui va suivre, ou en fait, ce qui devrait être un enfonçage de portes ouvertes, semble prendre tout le monde en défaut, moi le premier. Je l'écris donc une fois pour toutes ici pour pouvoir faire des liens à l'avenir.)

Les conseils de communication qui vont suivre s'adressent, donc, à tout le monde, et surtout quand on écrit à un groupe de plusieurs personnes, mais même, en fait, quand on écrit à une seule personne. La morale tient en quelques mots : les gens sont distraits, il faut en tenir compte, il faut toujours tout répéter. Mais je vais la développer un peu.

Le cas typique auquel je pense est celui où on essaye de fixer un rendez-vous par mail entre plusieurs personnes. Il va y avoir un échange de messages où, par exemple, quelqu'un va proposer plusieurs dates, un autre va expliquer qu'à tel moment ou tel moment il n'est pas libre, et peut-être que la discussion va converger vers un consensus sur la date, après quoi on va fixer d'autres modalités. Pour les gens les plus directement impliqués dans la discussion, cette dernière semblera peut-être claire. Mais pour ceux qui la suivent d'un peu plus loin, par exemple qui regardent leurs mails après quelque temps d'absence, qui voient plein de nouveaux messages apparus dans leur boîte de réception et qui les lisent en diagonale parce qu'ils ont d'autres choses à faire que de regarder le processus d'élaboration d'un consensus dont seule la conclusion les intéressent, la discussion semblera toujours exaspéramment confuse. Il en va de même de ceux qui n'ont pas lu la discussion parce qu'ils pensaient ne pas être concernés et qui se rendent compte à la dernière minute qu'ils le sont. Ou de ceux qui pensent avoir retenu la date, et qui tout d'un coup ont un doute et veulent la confirmer en relisant l'échange de mails et s'énerveront de ne pas trouver le mail où la date est écrite. Bref, il me semble que la seule solution tenable est la suivante :

À chaque message (ou au minimum à chaque message de la personne qui organise, si ça a un sens), il est utile et pertinent de résumer tout ce qui a été convenu jusqu'à ce point (et éventuellement redire ce qui reste encore à définir). Cela pourrait être dans une phrase au début du message (nous sommes convenus de nous retrouver <tel jour> à <telle heure> : reste à décider le lieu, plus tard on précisera aussi le lieu, etc.), ou dans le sujet du mail (qui sert, justement, à avoir une information qui est répétée à chaque fois et donc facile à retrouver), voire les deux. D'autres informations peuvent aussi passer dans la signature (le numéro de téléphone de celui qui écrit). En gros, il faut viser à ce que quelqu'un qui aurait dormi pendant tout le début de la discussion et qui se réveille soudainement en lisant le message en question ait l'essentiel de l'information ; s'il y a des choses un peu longues pour être résumées, faire un lien cliquable, ou au moins, une référence précise à un message passé (message de <telle personne> daté de <tel moment>).

Je pense qu'il y a énormément à gagner à se plier à cette petite discipline (franchement pas très lourde) : je ne compte plus le nombre de discussions par mail dont j'étais en destinataire ou en copie et où j'ai lu le premier mail en diagonale en me disant je regarderai plus tard et à chaque fois que je me disais que j'allais m'y mettre, de nouveaux mails étaient arrivés rendant plus pénible la tâche de comprendre tout ce qui s'était déjà décidé, et rapidement j'abandonnais par flemme de chercher plus loin. C'est particulièrement dommage dans des projets où j'aurais pu m'impliquer ultérieurement mais que j'ai laissé filer parce que je n'avais pas le temps de chercher à comprendre sur le coup, et que plus tard quantité de décisions avaient déjà été prises et que l'effort pour en retrouver la trace était trop important.

Quand il s'agit d'un projet destiné à devenir pérenne ou semi-pérenne, bien sûr, la documentation de ce qui a été décidé doit prendre une forme différente de l'échange de mails (un site Web, un Wiki, ou si on veut quelque chose de très rapidement opérationnel, une page en markdown hébergée sur GitHub, bref, quelque chose de ce genre, dont on rappellera l'adresse dans les mails), mais la logique est toujours la même : les gens sont débordés, leur attention est précieuse, si vous voulez leur coopération, mâchez-leur le travail.

N'écrivez pas, par exemple, des entrées de blog interminables comme David Madore : personne ne les lira. Ne faites pas des phrases alambiquées comme David Madore : personne ne les comprendra. Mais surtout, cherchez à ce que chaque bout de texte (message d'un échange de mails, par exemple) soit aussi compréhensible indépendamment de tout contexte, ou, si ce n'est pas possible, que des liens explicites soient fournis vers le contexte à connaître.

Ceci vaut même pour un échange de mail 1-à-1 : normalement on devrait être en droit d'attendre que la personne à qui on écrit ait tout lu avec plus d'attention que si elle est un destinataire parmi N, en pratique on sait très bien que ce n'est pas toujours le cas, et dans le doute, toujours récapituler où on en est, ce qu'on a déjà dit (tout seul ou en commun), etc.

Tant que j'y suis, et toujours dans l'esprit « écrire avec les codes correcteurs d'erreur en tête » (cf. ceci) : quand on donne une date, il est utile de la donner complètement (jours, mois, année, et jour de la semaine ; oui, il y a une loi bizarre de l'Univers qui fait qu'on se trompe incroyablement souvent quand on donne le jour de la semaine et le jour calendaire, mais l'intérêt de donner les deux est, justement, que d'autres peuvent repérer l'erreur et la corriger). Si vous voulez vraiment ne pas donner la date complète, utilisez au moins cette convention.

Merci de votre attention. 😉

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