Vous êtes sur le blog de David Madore, qui, comme le
reste de ce site web, parle de tout et
de n'importe quoi (surtout de n'importe quoi, en fait),
des maths à
la moto et ma vie quotidienne, en passant
par les langues,
la politique,
la philo de comptoir, la géographie, et
beaucoup de râleries sur le fait que les ordinateurs ne marchent pas,
ainsi que d'occasionnels rappels du fait que
je préfère les garçons, et des
petites fictions volontairement fragmentaires que je publie sous le
nom collectif de fragments littéraires
gratuits. • Ce blog eut été bilingue à ses débuts (certaines
entrées étaient en anglais, d'autres en français, et quelques unes
traduites dans les deux langues) ; il est
maintenant presque exclusivement en
français, mais je ne m'interdis pas d'écrire en anglais à
l'occasion. • Pour naviguer, sachez que les entrées sont listées par
ordre chronologique inverse (i.e., la plus récente est en haut).
Cette page-ci rassemble les entrées publiées en
décembre 2003 : il y a aussi un tableau par
mois à la fin de cette page, et
un index de toutes les entrées.
Certaines de mes entrées sont rangées dans une ou plusieurs
« catégories » (indiqués à la fin de l'entrée elle-même), mais ce
système de rangement n'est pas très cohérent. Le permalien de chaque
entrée est dans la date, et il est aussi rappelé avant et après le
texte de l'entrée elle-même.
You are on David Madore's blog which, like the rest of this web
site, is about everything and
anything (mostly anything, really),
from math
to motorcycling and my daily life, but
also languages, politics,
amateur(ish) philosophy, geography, lots of
ranting about the fact that computers don't work, occasional reminders
of the fact that I prefer men, and
some voluntarily fragmentary fictions that I publish under the
collective name of gratuitous literary
fragments. • This blog used to be bilingual at its beginning
(some entries were in English, others in French, and a few translated
in both languages); it is now almost
exclusively in French, but I'm not ruling out writing English blog
entries in the future. • To navigate, note that the entries are listed
in reverse chronological order (i.e., the most recent is on top).
This page lists the entries published in
December 2003: there is also a table of months
at the end of this page, and
an index of all entries. Some
entries are classified into one or more “categories” (indicated at the
end of the entry itself), but this organization isn't very coherent.
The permalink of each entry is in its date, and it is also reproduced
before and after the text of the entry itself.
Ce soir je dîne avec mes parents et des amis de ceux-ci pour fêter
à la fois la Saint-Sylvestre et l'anniversaire de ma mère : puisque j'ai
échappé au Noël en famille, je peux bien voir mes parents pour le 31,
d'autant plus que c'est avec des amis que j'apprécie beaucoup,
notamment Brandon
CarterFRS (l'inventeur du « principe
anthropique ») et sa femme Lucette Defrise Carter.
Après minuit, je ne sais pas exactement quand, je tâcherai de
profiter du service continu sur le RER (seul problème :
j'ignore la fréquence et les horaires des trains) pour rentrer à
Paris, et terminer la nuit chez des amis qui habitent à deux pas de
chez moi.
Voilà voilà. Bonne année à tous (même les grincheux qui n'aiment
pas qu'on leur souhaite bonne année), et bon mandat aux consuls qui
rentrent en fonction le 1er janvier. On se revoit l'an prochain.
Mais je ne dirai pas son âge, parce qu'un diplomate est quelqu'un
qui se rappelle toujours l'anniversaire d'une dame mais jamais son âge
(dixit fortune).
Some time ago I got into my mind that I should try to write a
little text (perhaps entries into this 'blog, perhaps a standalone
document) explaining something about the meaning of three mathematical
objects, in a way understandable to the layman (whose a priori
level of mathematical culture remains to specify: it should include a
basic understanding of natural numbers and plane geometry but no
knowledge of ordinals).
The three mathematical objects, which I chose because they
fascinate me, because I think there is genuine beauty in them, and I
would like to share with others the vision of that beauty, and because
of their tantalizing relation to “infinity” (in a broad
sense) are: the Long Line, the Stone-Čech compactification of
the natural numbers (also known as beta-omega), and Zariski's
Ciel Étoilé (Starry Vault). These objects
all convey a geometrical, almost graphical, intuition: yet they defy
us (in a way akin to the bewilderment caused by Escher's prints, but
much stronger) as they cannot be represented accurately by
any pictorial representation, they cannot be
“embedded” in our Universe.
Le chat de mes parents
(c'est la photo de droite, hein), qui est aussi un peu le mien (à
moins que ce soit le contraire ; de toute façon, un chat, ça
n'appartient qu'à soi-même), est malade : il souffre d'une grave
insuffisance rénale, a dit le vétérinaire. (On avait remarqué qu'il
buvait énormément d'eau, alors ma mère l'a emmené faire une prise de
sang.) Il est au régime sévère avec des croquettes spéciales, qu'il
n'aime pas du tout, bien entendu. Il a environ neuf ans (on l'a
recueilli au printemps '96, et il a alors été estimé qu'il avait à peu
près un an).
Tiens, pour faire un coq-à-l'âne (ou, plus exactement, un
chat-au-chien), hier soir j'ai vu Didier (d'Alain
Chabat) à la télé, et je suis assez bluffé : l'idée de départ (un
chien qui prend un jour corps humain) est vraiment débile, mais il a
réussi a en faire quelque chose de plutôt réussi. Bon, le scénario
n'est pas exceptionnel, et il est plutôt attendu ; mais le jeu d'Alain
Chabat est absolument époustouflant : réussir à jouer un chien
transformé en homme de façon — je n'oserais pas dire
crédible — convaincante, de façon qui soit drôle sans
être complètement ridicule, c'était vraiment dur — et
il y est arrivé. Je lui tire mon chapeau. (À ce propos, je crois
bien que j'irai voir RRRrrrr
quand il sortira.)
Ayé, j'ai réussi à me procurer mon plan-poster du métro (cf. une entrée précédente) ; en fait, je suis
revenu avec deux plans, même. D'abord j'ai fait un tour à la maison
de la RATP (54 quai de la Rapée, Paris 12e), où, à
l'espace clients, j'ai pu acheter (7.62€) un plan banlieue de
128cm de haut (et je ne sais pas combien de large, je ne l'ai pas
déroulé, là) ; mais ils n'avaient pas la version métro. On m'a
renvoyé à Châtelet, à la boutique de la RATP (dans la
salle des échanges), où ils avaient le plan métro (aussi à 7.62€
— mais en un peu plus petit, seulement 99cm de haut). Reste à
trouver comment accrocher ça (le mur candidat est courbe).
Rectification
(2003-12-31T16:30+0100) : En fait, ces deux plans font la même taille,
128cm × 99cm, c'est juste qu'ils étaient roulés différemment.
À part ça, je ne sais pas si c'est le fait d'avoir obtenu ce que je
cherchais qui me rendait radieux, ou bien si le fait d'avoir un grand
plan roulé dans la main (ça fait vaguement bâton) me donnait une
contenance, mais il faut croire que j'inspirais la sympathie aux
gens : trois personnes différentes m'ont demandé leur chemin en une
demi-heure. L'une était perturbée par le fait que le métro 14 va
maintenant à Saint-Lazare (elle voulait aller à Madeleine) ; pourtant,
je suis sûr que ça ne se voyait pas que mon poster était un plan
RATP, et je doute que ce soit écrit sur ma tête que je
suis fan du métro.
Ensuite, je l'ai aidée à passer les portillons parce que la machine a
bouffé son billet (pas facile parce qu'elle avait une valise), et dans
les cinq minutes suivantes j'ai aidé quelqu'un d'autre à extraire son
sac coincé entre les portes du wagon. Dans la rame, je me suis
copieusement fait mater (et je ne me suis pas privé de rendre la
politesse) par un beau bidasse en treillis (manifestement, il était en
permission et venait de débarquer Gare de Lyon ; apparemment il se
croyait suffisamment en permission pour ne pas bouger le petit doigt
pour aider le Monsieur dont le sac s'était coincé entre les portes,
vous suivez ?). Ensuite, aux Halles, on m'a demandé le boulevard de
Sébastopol (ça je connais, c'est pas difficile) ; puis, sur le
boulevard, on (quelqu'un d'autre, hein) m'a demandé les Halles (enfin,
la station de métro la plus proche, en fait).
Vous croyez que si je sors draguer ce soir tout le monde va me
tomber aux pieds ?
Avoir un mode de vie sain (me lever à des heures civiles, me
coucher idem, manger équilibré et pas n'importe quand).
Baiser.
Faire du sport, me construire un corps de rêve, et devenir un
sex-symbol.
Baiser.
Soutenir ma thèse. Ou sinon, me faire décerner un doctorat
honoris causa (pour votre persévérance dans les études
doctorales).
Baiser.
Écrire un nouveau roman, et le faire publier (sur du vrai papier,
je veux dire, pas sur une page Web). Ensuite, envisager de candidater
à l'Académie française.
Baiser.
Ne pas recevoir le prix Nobel de chimie.
Baiser.
Me faire plein de nouveaux amis. Et ne pas négliger ceux que j'ai
déjà.
Baiser.
Faire quelque chose d'utile pour l'humanité. Bon, d'accord, faire
quelque chose d'utile. Bon d'accord. Faire quelque chose.
Baiser.
Arrêter de ne penser qu'au sexe.
Baiser.
J'ai dit : arrêter de ne penser qu'au sexe.
Baiser.
J'ai dit : arrêter… Oh et puis zut.
Baiser.
Voilà. C'est ambitieux, mais j'espère que j'arriverai au moins à
en tenir la moitié.
Plus sérieusement, en 2003 j'avais pris la résolution de ne plus
prendre de résolutions, pour 2004 je devrais prendre celle d'en
prendre qui ne soient pas débiles, et de les tenir.
Je vous souhaite à tous une bonne et heureuse année 2004 ! Cette fois c'est au calendrier
ISO 8601 (que j'ai déjà mentionné ici) que l'année 2004 de
l'ère commune commence : la semaine qui s'ouvre aujourd'hui est la
semaine 1 de 2004, c'est-à-dire que nous sommes le 2004-W01-1 (le
dernier 1 signifiant lundi). En plus, cette année, vous
avez droit à 53 semaines pour le prix de 52 (2004 est une année longue
au calendrier ISO 8601).
C'est le moment de prendre des bonnes résolutions (on prend mieux
les bonnes résolutions un lundi qu'un jeudi, c'est bien connu).
Quatre heures passées à trier, à jeter, à frotter, à gratter. Un
rouleau entier de sopalin. Je ne sais combien de sacs utilisés comme
sacs poubelle. Une bonne partie d'un sac aspirateur. Une fraction
significative d'une bouteille de spray Mr. Propre. À peu
près tout ce qu'il me restait d'espace vide dans ma cave. Et plein
d'espace dans le local poubelle à force d'y mettre des cartons. Mal
au dos à force de descendre au sous-sol et d'en remonter. Mal à la
tête à force de me demander, et où pourrais-je bien ranger
ça ?
Mais le pire, ce n'est pas tout ça. Le pire, c'est que c'est
comme si je n'avais rien fait. Mon bureau est légèrement moins
encombré (mais c'est toujours complètement désespéré s'il s'agit d'y
travailler), la table de mon séjour aussi (mais c'est toujours
complètement désespéré s'il s'agit d'y manger), la petite table basse
du coin salon aussi (ce qui, du reste, ne sert pas à grand-chose), et
il est légèrement plus facile de circuler. C'est à peu près tout.
Mes vêtements continuent d'occuper tout l'espace disponible partout,
notamment les deux fauteuils du salon (qui ont simplement été
débarrassés des livres qui les squattaient aussi), et je n'ai rien
fait ni dans ma chambre, ni dans la cuisine, ni dans les toilettes, ni
dans la salle de bain.
À ce rythme-là, il me faudrait probablement toute la semaine, à
raison de six heures par jour, pour rétablir un semblant d'ordre et de
propreté chez moi.
C'est impressionnant. Peut-être que je devrais détourner
un fleuve ou deux pour m'aider à évacuer tout ça.
Je hais ces foutues conventions sociales qui font que quasiment
tout ferme un seul et même jour de la semaine. Le dimanche
est le jour où il ne se passe rien dans ce pays, où il n'y a rien à
faire, et où tout est mort : du coup, je ne comprends pas bien comment
les gens peuvent apprécier d'avoir un jour de congé si — parce
que c'est le même pour tout le monde — il est impossible d'en
profiter.
Bon, c'est le rant du jour : ne le prenez pas trop au sérieux, la
vérité c'est que, au moins, le dimanche, j'ai un prétexte à me
plaindre du fais que je ne fais rien, alors j'en profite, tandis que
les autres jours je ne peux me plaindre que de moi-même.
Je me suis dit en début de soirée que j'allais sortir trouver
quelque chose à faire. J'ai croisé un wandering Faré en chemin, d'ailleurs (sur la
Butte aux Cailles). J'ai aussi croisé quelques milliers de gens sur
la rue de Rivoli : apparemment tout le monde allait faire ses courses
de fin d'année aujourd'hui (notamment tous ceux qui ont reçu de
l'argent à Noël, ou ceux qui avaient des cadeaux à rapporter, que
sais-je encore). Du coup j'ai fait comme les moutons
autres, je suis allé m'acheter des chaussures (chez et par Quiksilver) — je ne suis pas
sûr que c'était un achat très réfléchi, d'ailleurs, mais si je
réfléchissais à ce que je fais, ça se saurait. Après le dîner j'ai
voulu de nouveau aller dehors : j'avais même — ce qui est très
rare — l'envie pressante de sortir (n'importe où, mais
sortir). Mais il pleuvait, alors je suis resté chez moi. À
la place, j'ai fait un tour sur le canal #gay de Rezosup (un réseau IRC
français orienté « universités et grandes écoles »).
Si vous êtes sages, demain, pépé Ruxor vous racontera comment
j'aurai rangé mon appartement, ou, ce qui est plus plausible, comment
j'aurai capitulé devant l'ampleur de la tâche.
I forgot to record this here two days ago, but a great man came to
Earth on December 25: arguably the greatest even, who would bring
eternal Light to mankind.
I refer, of course, to Isaac Newton, who was born in Woolsthorpe,
Lincolnshire (prematurely) on Christmas day of 1642, and of whom
Alexander Pope would write—if sarcastically:
Nature and Nature's laws lay hid in night; God said: Let
Newton be!—and all was light.
Much is sometimes made of the fact that Newton was born on the very
year that Galileo Galilei died, a broken man, in his home in Arcetri
(near Florence): for in many ways did Newton vindicate Galileo and
prove him right; the fact may even have been perceived by Newton
himself. Unfortunately, it isn't true: Galileo died on January 8 of
1642 in the Gregorian calendar, which was then used in Italy, but this
would have been December 29, 1641, in the Julian calendar, which
remained in use in England until September 1752, and Newton's birth
date is January 4, 1643 in the Gregorian calendar (so the time is not
yet ripe to celebrate it).
Furthermore, Newton himself did not care so much for physics as his
genius in the field is now recognized: it seems that he considered
himself a mediocre physicist, a talented alchemist, and a theologian
of great genius; certainly he was a mystic of a kind. Needless to
say, this is not exactly what we now think of him: this brings a new
twist to his famous saying,
I do not know what I may appear to the world; but to myself I seem
to have been only like a boy, playing on the seashore, and diverting
myself in now and then finding a smoother pebble or a prettier shell
than ordinary, whilst the great ocean of truth lay all undiscovered
before me.
It is also often pointed out that Newton's celebrated
inverse-square law of gravitation had been, in fact, obtained (but
probably not rigorously derived) by Robert Hooke in 1672, some time
before Newton. I do not propose to revisit one the bitter scientific
quarrels that set the Royal Society afire, nor that which opposed
Newton to Leibniz as to who discovered calculus; nor do I wish to
belittle the work of Christiaan Huygens, which in many ways
foreshadowed Newton's own. Yet it can be said that, undoubtedly, the
Philosophiæ Naturalis Principia Mathematica
(1687) remain as a major landmark in mankind's scientific history, at
par with very few others (such as perhaps Darwin's Origin of
Species).
In 1696, Johann Bernoulli challenged the world's most able
mathematicians of the time to solve the problem of the brachystochrone
(finding the curve of fastest descent between two given points under
gravity; the answer is a cycloid). Besides Johann Bernoulli's own,
four other solutions were proposed: by Leibniz, Guillaume de l'Hôpital
(Johann Bernoulli's student), Jacob Bernoulli (Johann's brother), and
Newton. Newton solved the problem on the very evening that he
received it, and published his solution anonymously; however, it was
immediately recognized as being his: as Johann Bernoulli put it, ex ungue Leonem (you can tell the Lion by his
claw).
Tout à l'heure au journal télévisé j'apprends qu'une dame va porter
plainte contre X parce que son mari avait succombé à l'épidémie de
légionellose qui a sévi dans le Nord de la France.
Je suis stupéfait de voir à quel point, de nos jours, on estime que
toute calamité doit avoir un ou des responsables (et
que ceux-ci, par voie de conséquence, doivent être traduits en
justice). Plus rien n'est la faute à « pas de chance » : la Justice
doit toujours intervenir pour désigner un coupable, sinon les victimes
ne s'estiment pas satisfaites. Bientôt, à chaque fois que quelqu'un
mourra de maladie, quelle que soit la maladie, son médecin finira
devant les tribunaux pour ne pas avoir su le sauver ; à moins que ce
soit déjà le cas. S'il y a des inondations quelque part, c'est aussi
forcément la faute de quelqu'un : Météo France, l'État, qui vous
voudrez, mais quelqu'un. S'il fait trop chaud… Passons.
Combien de fois ai-je entendu les parties civiles d'un procès
d'assises tenir un propos, face aux journalistes, signifiant, en gros,
nous espérons que M. Trucmuche sera reconnu coupable du meurtre de
notre regretté disparu. Quelle monstrueuse erreur de
logique ! Ce qu'elles devraient souhaiter, c'est que le meurtrier
de leur regretté disparu soit reconnu coupable, et donc que
si M. Trucmuche est bien le coupable alors il soit
reconnu comme tel. Mais le fait d'être parents de la victime ne leur
donne pas un don d'enquêteurs : leur conviction sur la culpabilité de
M. Trucmuche vaut la mienne, et elles n'ont pas de raison de vouloir à
tout prix que ce soit lui le coupable ; qu'elles s'indignent si
M. Trucmuche est condamné à une peine trop légère peut se comprendre,
mais qu'elles s'indignent s'il est relaxé (donc reconnu innocent) est
aberrant ; or si elles le souhaitent, c'est qu'elles souhaitent un
coupable, un responsable, à tout prix, et que M. Trucmuche est sous la
main.
Dans le même genre, on voit des procès pour des faits considérés
comme particulièrement graves (par exemple des actes de pédophilie
— ce n'est pas maintenant que je me prononcerai sur la chasse
aux sorcières qui est faite dans ce domaine-là) où un argument censé
renforcer la conviction quant à la culpabilité de l'accusé est
justement, si vous ne le condamnez pas, vous ne faites pas justice
sur quelque chose d'aussi atroce : encore cette monstrueuse erreur
de logique — ce n'est pas parce qu'il y a un coupable de faits
atroces que c'est ce M. Trucmuche, et la gravité des allégations ne
renforce pas la probabilité que M. Trucmuche soit coupable, et s'il
est innocent il est innocent et le relaxer c'est faire la justice et
non laisser impuni un crime atroce.
J'ai peur que la Justice, rapidement, cesse d'être un instrument de
réparation des torts pour devenir un fléau qui s'abat aléatoirement
sur les têtes.
Je naviguais sur le RATP (ma motivation
initiale étant de savoir si je peux me procurer le plan du métro
parisien tel qu'il est affiché dans les stations — je ne parle
pas du succédané pliable qu'on peut trouver dans toutes les agences
mais de la vraie version poster pour afficher au mur), et je suis allé
jeter un coup d'œil à leur FAQ. Pour se convaincre que
les gens sont des râleurs, il n'y a rien de tel ; je cite les
questions auxquelles il est apporté réponse :
Que faites-vous pour que tout le monde puisse aisément accéder
et circuler sur vos réseaux ? Pour emprunter les
transports en commun avec mon fils de 3 ans, je dois utiliser sa
poussette. Pourquoi existe-t-il si peu de dispositifs
adaptés ? Les tarifs des transports ont encore augmenté,
c'est de plus en plus cher ! C'est épouvantable d'être
transporté comme du bétail ! Dans ma station, l'escalier
mécanique est en panne depuis une semaine, c'est inadmissible ! Il faudrait mieux ventiler les bus et les trains car en été c'est
insupportable ! J'en ai marre de payer pour tous ces
fraudeurs qui ne sont jamais contrôlés ! Vous rendez-vous
compte des répercussions des grèves sur la vie des
Franciliens ? Remboursez-vous les titres de transport en
cas de grève ? Que faites-vous pour faire respecter la loi
sur l'interdiction de fumer ? J'ai peur des chiens, ce
n'est pas normal d'en voir partout dans les stations, et sans
muselière ! Pourquoi laissez-vous les joueurs de musique
nous casser les oreilles dans le métro ? Est-ce autorisé ? Nous sommes de plus en plus souvent importunés par des quêteurs.
Que faites-vous pour y remédier ? Pourquoi y a-t-il autant
de SDF qui vivent dans le métro ? Je ne
comprends pas pourquoi je n'ai pas le droit de circuler en roller sur
votre réseau ? Pourquoi est-ce si sale dans les trains,
sur les quais et dans les couloirs ? Pourquoi
autorisez-vous l'affichage de publicités choquantes sur votre
réseau ? Que faites-vous pour lutter contre
l'insécurité ? Quand j'achète un billet banlieue - Paris,
le prix du métro est compris. Or, je n'en ai pas besoin. C'est de la
vente forcée !
Eh bien ! C'est instructif ! Certes, la plupart de ces réflexions
sont justifiées sur le fond, mais en bloc, comme ça, c'est très
impressionnant.
Maintenant je réfléchierai un peu avant de me plaindre des
transports en commun.
On n'est jamais si bien servi que par soi-même. En
fait, je n'aime pas trop recevoir des cadeaux de Noël, parce qu'à part
des coups de génie occasionnels, j'ai souvent l'impression qu'on ne
savait vraiment pas quoi m'offrir et qu'on l'a fait par devoir, et ce
n'est pas très plaisant. Je préfère faire des cadeaux au moment où
j'ai une idée, et pas à un moment fixe dans l'année. Enfin, en
principe, parce qu'en pratique je suis un affreux radin qui n'offre
rien à personne.
Quoi qu'il en soit, je viens de m'offrir quelques cadeaux de fin
d'année. Un nouveau jeu de lentilles de contact, d'une part. D'autre
part, une bouilloire Krups
Aquastyle (exactement celle qu'on voit en ce moment sur
la page d'accueil du site, je crois, d'ailleurs) pour pouvoir me faire
du thé sans avoir à utiliser les plaques électriques. D'ailleurs, en
ce moment, je bois de l'earl grey. (Seul problème : où vais-je
réussir à ranger cette bouilloire ?) Il y a quelques jours, je me
suis acheté une nouvelle parka bien chaude (avec une capuche doublée
en fourure — enfin, en fausse fourure, évidemment) et aussi un
nouveau blouson (il y a un nom de code dessus : Crossby
CBY84, mais ça n'évoque rien à Google) ; et des gants,
aussi. (Tout en noir, bien sûr, puisque je ne m'habille qu'en noir ;
je changerai le jour où j'arriverai à trouver des fringues jaune fluo
sans problème.) Il faut encore que j'achète de quoi me chausser,
parce que ce que j'ai en ce moment s'use vraiment ; et peut-être aussi
de quoi combattre la pluie, maintenant que j'ai le nécessaire contre
le froid.
Vive la société de consommation ! [Tiens, je n'ai
pas de smiley qui tire la langue.]
Is our favorite lizard dead?
I've been using Mozilla as my primary Web browser from version 0.7 of
it or thereabout (that must have been early 2001); I've been
recommending it to everyone since version 1.0 (released 2002-06-05);
and I recompile the beast (the Sea Monkey, to be precise) every week
or so based on the then-current CVS snapshot. Now since
Mozilla 1.4 this summer, perhaps even 1.3, I can't recall any
significant novelty of any kind: whether new feature, bug fix, or
anything. It seems that they've been releasing new version after new
version that were practically identical with each other: is this
because the death of Netscape left
Mozilla moneyless? I follow MozillaZine, but uninteresting
news items are all I ever see, like, this-or-that corporation
recommends Mozilla, or this-or-that government decided to use Mozilla
for its internal use, or here-or-there you can buy Mozilla promotional
tee-shirts (or coffee, or whatever): fine, but not really to the
point.
Perhaps the activity is still going on other fronts, such as
FireBird and ThunderBird — those I do not use (because
recovering all the Sea Monkey features that I need would require
installing zillions of not-too-stable extensions), and I feel like all
of what Mozilla is doing now is putting back in these children what
used to be in the Sea Monkey and which they had removed to create the
birds.
Actually, I've observed a few
regressions in the layout engine, affecting this 'blog. In this very
page, for example, the right margin and/or the bottom margin of each
entry is always wrong with the Mozilla version I use (at least one of
them is too large, and sometimes both are). In this paragraph, in
principle, the left and right margins (the distance between the edge
of the text and the edge of the entry's bounding box) should be
precisely the same, and should also be the same as the bottom margin
of the entry (the distance between the Comments link and the
bottom edge of the box); typically this isn't the case. I haven't
submitted a report for that bug, because I was unable to provide a
clear test case, and it isn't systematically reproducible anyway.
Like everybody, I have my pet bugs in the Lizard. Every time a new
release is announced on MozillaZine, half of the posts are sarcastic
comments from people who ask, have they finally fixed <my
favorite bug> yet? I really really can't use Mozilla until
they do; <insert some more blathering about why this bug is
super-important and should be on the developers' top-priority
list>. Well, I don't complain that much, but I'm still annoyed
that Mozilla can't
handle XHTML content incrementally (which sort of
forbids the use of XHTML, and, consequently, of
XML), <ruby>
support is still missing, X
Window System selection is buggy, helper
applications can't be passed any command-line arguments (this is
the most ridiculous bug ever, and could be fixed in five minutes by
anyone who knows a bit about the Mozilla source tree), pixel
roundoff problems (this is a serious design problem, of which I
already spoke here) still occur, ChatZilla
does not handle DCC, tooltips cause varioustroubles,
SVG has the most ridiculous crash
bug, and so on. I'm not even bothering to count, report, or
mention, printing bugs, because Mozilla printing is so utterly broken
that I've never been able to do anything remotely useful with
it (when I wish to print HTML documents, I generally turn
to Konqueror or something;
maybe I should try FOP instead).
Anyway, none of these bugs are likely to be fixed anytime soon,
unfortunately: if I really cared, I would learn enough
C++ and enough Mozilla-hacking to fix them myself (some
should be relatively easy), but, of course, I won't. But it's not so
much the fact that my favorite bugs aren't (ever going to be) fixed
that worries me: it's the fact that nothing seems to be
happening, these days.
Puisqu'il y a apparemment des gens qui dépriment (si, si, et je ne
parle pas d'un petit coup de blues),
je vous offre pour Noël le kōan suivant (il n'est pas nouveau,
mes excuses à ceux qui le connaissent déjà) :
Un jour, un disciple (ou était-ce une disciple ?) vint
voir le patriarche Gro-Tsen, et lui dit :
— Je crois que je ne trouverai jamais le bonheur dans la vie.
— Pourquoi ? demanda Gro-Tsen.
— Parce que j'ai déjà n années, et que j'ai déjà
tout vu, mais pas le bonheur. Il est trop tard maintenant pour
trouver quelque chose qui m'apporte le bonheur, et encore plus trop
tard pour en profiter.
Gro-Tsen regarda le disciple un peu de travers, et fini par déclarer,
d'un ton qui coupe court à toute discussion :
— Pour trouver le bonheur, il ne faut pas le chercher.
Puis il se mit en position du lotus et refusa d'en dire plus. Le
disciple s'en alla.
Quelque temps plus tard, le même disciple revint et dit à Gro-Tsen :
— Je crois que je ne trouverai jamais le bonheur dans la vie.
— Pourquoi ? demanda Gro-Tsen.
— Parce que j'ai suivi votre conseil et je ne le cherche
plus. Maintenant, je cherche simplement à apprendre des choses. Le
bonheur, j'ai fait une croix dessus.
Gro-Tsen regarda le disciple un peu de travers, et fini par déclarer,
d'un ton qui coupe court à toute discussion :
— Pour trouver le bonheur, il ne faut pas chercher à ne pas
le chercher.
Puis il se mit en position du lotus et refusa d'en dire plus. Le
disciple s'en alla.
Quelque temps plus tard, le même disciple revint et dit à Gro-Tsen :
— Je crois que je ne trouverai jamais le bonheur dans la vie.
— Pourquoi ? demanda Gro-Tsen.
— Parce que j'ai suivi votre conseil et je ne m'en préoccupe
plus. Si le bonheur vient à moi, je le prendrai. Mais je ne cherche
plus ni à le prendre, ni à l'éviter. Seulement, je doute qu'il vienne
à moi.
Gro-Tsen regarda le disciple un peu de travers, et fini par déclarer,
d'un ton qui aurait dû couper court à toute discussion :
— Pour trouver le bonheur, il ne faut pas chercher à l'ignorer.
Cette fois, le disciple trouva sa patience à bout.
— Mais enfin ! s'exclama-t-il, comment trouve-t-on le
bonheur ? S'il ne faut pas le chercher, s'il ne faut pas ne pas le
chercher, s'il ne faut pas l'ignorer, que faut-il faire alors ?
— Il ne faut rien, répliqua Gro-Tsen.
— Alors comment trouve-t-on le bonheur ? répéta le disciple.
Gro-Tsen fit un sourire radieux (et il était fort choupinou, de la
sorte, d'autant plus qu'il était très blond), et dit enfin :
Traditionnellement (chez moi comme pour beaucoup de gens), Noël est
la fête du réveillon en famille et le Nouvel An est celle du réveillon
entre amis. D'une certaine manière (lorsqu'il n'y a pas d'enjeu
religieux, comme dans ma famille — attention, il paraît que je
n'ai pas le droit de dire quesi je suis athée,
donc restons dans le flou), Noël est juste la fête civile une
semaine avant le Nouvel An qui prépare à ce dernier (rappelons que
le Nouvel An, lui, est une date parfaitement laïque et républicaine
puisqu'il s'agit de la date d'entrée en fonction des consuls de la
République romaine). Passons.
Pour la première fois, je n'ai pas fêté Noël en famille : ce n'est
pas que ça me gêne de le faire (mes tantes préparent de bons repas),
c'est juste qu'à deux heures du matin ce n'est pas évident de rentrer
sur Paris et qu'il n'y avait cette année aucun cousin pour me ramener
(et je ne voulais pas passer la nuit sur place).
Donc pour la première fois j'étais dans les rues le 24 décembre au
soir. Et je suis étonné : je pensais que ce serait assez animé, qu'il
y aurait des gens un peu partout — peut-être ivres — en
train de crier joyeux Noël aux passants. Mais non : les rues
sont vraiment mortes. Rien de semblable au 31 décembre au soir. J'ai
dîné avec un ami dans un restaurant marocain du Marais
(L'Arganier, 19 rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie
— d'ailleurs, c'était très bon), et je n'ai jamais vu le
quartier aussi désert.
Du coup, je comprends mieux l'énervement que certains ressentent
devant ces fêtes de fin d'année : on peut difficilement décider je
m'en fous, elles ne me concernent pas, parce que tout est
fermé.
Malgré cela je vous souhaite un joyeux Noël. Si ce souhait ne vous
est pas utile ou agréable, gardez-le à tout hasard pour le donner à
quelqu'un à qui il fera plaisir.
Je vous souhaite une bonne et heureuse année 2004 ! Non, je ne
suis pas en avance d'une semaine : aujourd'hui est le premier jour de
l'an 2004 de l'ère commune selon le calendrier
lunaire grégorien, soit le 1er terminus 2004 avec les noms que
j'ai choisis pour les mois de celui-ci. Voici donc venu le moment
d'expliquer l'origine de ceux-ci (soyez prévenus, c'est vraiment
idiot) :
Terminus
Le mois de janvier est dédié à Janus, dieu
des portes, des commencements et des fins. Il y a un autre dieu des
commencements (terminus a quo) et des fins (terminus ad quem), c'est Terminus, le dieu des
bornes. Et puis ça fait référence à Asimov en même temps (Foundation) alors ça me plaît.
Lipidus
Ahem… parce que c'est en hiver et qu'il
faut manger gras ? C'était censé être le mois de mardi gras, mais ça
ne marche pas toujours. Disons que si février appelle à la
purification, lipidus appellera à faire bombance.
Vénus
Parce que le mois solaire correspondant s'appelle
mars.
Ambre
Ce n'est pas spécialement une référence à Zelazny
(j'ai utilisé ce nom commun comme nom propre dans mes romans bien
avant de savoir que quelqu'un l'avait fait avant moi, mais ce n'est
pas le point). Je crois qu'on ne connaît pas l'étymologie
d'avril, mais c'est un nom de mois en -il (il y avait
aussi quintilis et sextilis avant qu'ils se fassent rebaptiser en
l'honneur de Jules et Auguste), et j'ai remplacé les noms en
-embre par -il donc je me suis dit que j'allais faire le
contraire, et chercher un mot en -embre et puis j'ai pensé,
pourquoi pas ambre tout court ? Et ça commence par un A comme
avril, hop, adopté.
Pouque
Euh… j'ai honte… Mai est le
mois nommé en l'honneur de la déesse Maia. Mais Maya
l'abeille c'est un dessin animé ringard, il faut vivre avec son
temps, donc les Pokémon. Enfin voilà.
Jouve
Parce que si juin est nommé en l'honneur de
Junon (ce qui n'est même pas le cas, d'ailleurs, enfin, pas
directement au moins), on va nommer un mois en l'honneur de Jupiter,
d'où…
Tibre et claud
Parce qu'on a des mois (Juillet et
Août) nommés en l'honneur de deux Césars, donc je continue (en
éliminant Caligula, quand même, faut pas abuser) avec Tibère et
Claude.
Septil, octil, novil, décil
C'est juste que je voulais
trouver une autre terminaison tout en gardant le motif, et j'ai
emprunté le -il de avril (et quintil et
sextil, même s'ils ont perdu leur nom, ceux-là), quitte à
prendre le -embre pour faire ambre comme expliqué
ci-dessus. En plus, ça rime avec inutile.
Mercuaire (les années embolismiques)
Parce qu'à l'époque
de la république romaine (avant la réforme julienne), le 13e mois
inséré un peu aléatoirement s'appelait mercedonius, et en même
temps j'évoque vaguement Mercure (le messager qui apparaît on ne sait
jamais trop quand).
I wish you a happy new year 2004! No, I'm not one week early:
today is the first day of the year 2004 of the common era according to
the Gregorian
lunar calendar, in other words the first of Terminus 2004 with the
names that I chose for the lunar months. So now the time has come to
explain the origin of these names (be warned, it is really
idiotic):
Terminus
The month of January is dedicated to
Janus, god of doors, beginnings and ends. There is another god of
beginnings (terminus a quo) and ends (terminus ad quem), namely Terminus, the god of
bounds (milestones). And it also refers to Asimov
(Foundation) so I like it.
Lipidus
Ahem… because it is winter and one should
eat a lot of fat? It was supposed to be the month of Shrove Tuesday
(Mardi Gras), but it doesn't always work. So let us say that if
February calls for purification, Lipidus calls for
feasting.
Venuch
Because the corresponding solar month is called
March.
Amber
This isn't a reference to Zelazny (I used this noun
as a name in my own novels before I learned that someone had done it
before me, but that's beside the point). I don't think the etymology
of April is known, but it is a month in -il (there was
also Quintilis and Sextilis before they were renamed in honor of
Julius and Augustus) and I replaced the names in -ember by
-il so I thought I could do the opposite and seek a word in
-ember and then I thought, why not simply Amber? And it
begins with an ‘A’ like April, so I decided for
that.
Pook
Uhm… I'm ashamed… May is the
month named in honor of the goddess Maia. But Maya the
Bee [a silly French cartoon] is ancient, one has to live with
one's times, so, the Pokemon. That's it.
Jupe
Because if June is named in honor of Juno
(which isn't even the case, at least, not directly) we will name a
month in honor of Jupiter, so…
Tibery and Claudy
Because we have two months (July
and August) named in honor of two Cæsars, so I continue
(omitting Caligula, let's not go that far) with Tiberius and
Claudius.
Septil, Octil, Novil, Decil
That's just because I wanted
to find some other ending while keeping the motif, and I took the
-il of April (and Quintil and Sextil, even
if those lost their name), exchanging it with the -ember for
Amber as already explained. And it rhymes with
nil.
Mercuary (on embolismic years)
Because at the time of the
Roman republic (before the Julian reform), the thirteenth month which
got randomly inserted was called Mercedonius, and at the same
time it vaguely recalls Mercury (the messager who appears one never
knows when).
Je ne sais pas pourquoi, ce soir, je suis porté à la mélancolie.
J'ai l'impression que tout ce que je fais ne sert à rien et ne mènera
à rien, j'ai un sentiment de la plus profonde et absurde inutilité, de
futilité infinie…
(En fait, je ne sais pas pourquoi est un artifice
rhétorique. Je sais très bien pourquoi : une dispute dont j'aurais pu
me passer, un échec qui me coûte, une erreur qui me pèse et des
difficultés à l'horizon. Mais je ne veux pas en parler plus ici.
C'est la cause, mais ce n'est pas la raison.)
Le Sexe des anges de Grégory Vivès est un roman qui
part d'une idée amusante, mais qui s'embourbe rapidement. L'écriture
est plaisante, le style est parfois soutenu, l'érudition ne manque pas
et ne pèse pourtant jamais : voilà pour les principales qualités de ce
livre ; son principal défaut est d'être extraordinairement mal
construit : on a le sentiment que l'auteur ne sait vraiment pas où il
va, qu'il accumule les péripéties comme elles lui viennent à l'esprit,
sans aucun plan ni aucune ligne directrice, ajoutant des nouveaux
personnages qui tombent comme des dei ex machina,
bref, c'est agaçant.
For those of us who live in the northern hemisphere, now is the
darkest moment of the year: today is the shortest day, with only 29495
seconds (8h11m35s) from (astronomical) sunrise to sunset at the Paris
observatory. Now we are in winter.
Southern hemisphere dwellers would do ill to laugh now: for the
northern hemisphere has a definite advantage for those who like summer
better, namely that it is longer. Specifically, in the northen
hemisphere, the mean duration of seasons for the J2000 epoch is:
Spring
92.758 days
Summer
93.649 days
Autumn
89.842 days
Winter
88.993 days
(And, of course, summer in the southern hemisphere lasts as long as
winter in the northern, and so on.)
This inequality is due to the ellipticity of the Earth's orbit:
perihelion (the point where the Earth is closest to the Sun) is
reached in the early days of january (next passage of the Earth at
perihelion is around 2004-01-04T01:05Z) and this is the point where
(by Kepler's law of areas) its angular velocity around the Sun is
greatest. Since it falls near the winter solstice, this makes autumn
and winter substantially shorter than spring and summer in the
northern hemisphere (and the other way around in the southern).
This is changing, of course: the Earth's perihelion advances on the
Earth's orbit, with respect to distant fixed stars, at a rate of one
rotation every 1116 (Julian) centuries, whereas the seasons regress on
the orbit (the so-called precession of the equinoxes) over a
period of 258 centuries. So, with a period of 209 centuries, the
length of the seasons oscillates: some 10000 years in the past or in
the future, winter was or will be the longest season in the northern
hemisphere.
J'ai obstinément tendance à lire en diagonale : dès que je suis
face à un texte un peu compact, je ne peux pas m'empêcher de le
parcourir en le survolant, lisant peut-être un ou deux mots par ligne.
Si le sens est globalement clair, je continue ; s'il y a un passage
obscur (par exemple, je ne comprends plus à quoi un pronom fait
référence), je cherche à relire juste la partie qui pose problème.
Dans l'ensemble, c'est une technique qui me permet d'aller assez vite,
et dans la plupart des cas sans rien perdre d'important.
Parfois, évidemment, une phrase cruciale peut être cachée dans un amas
sans intérêt — mais c'est alors souvent le signe d'un mauvais
auteur. Ce qui est plus embêtant, finalement, c'est lorsque je suis
sans arrêt forcé à revenir en arrière, et alors je perds finalement
plus de temps que si je m'étais fait violence pour lire vraiment mot
par mot et phrase par phrase : c'est le cas presque systématiquement
pour la première page d'un roman (mais ce n'est pas trop grave,
puisque ce n'est que la première page, je peux bien passer dix minutes
dessus), mais aussi pour certains textes précis. Je viens de finir de
lire Mrs. Dalloway, qui m'a pris un temps invraisemblable
à lire (quelque chose comme trois semaines pour moins de deux cents
pages) : c'est tout simplement parce que beaucoup de ses paragraphes
(mais pas tous) sont absolument impossibles à lire en diagonale.
Exemple pris au hasard :
That is all, she said, looking at the fishmonger's. That
is all, she repeated, pausing for a moment at the window of a
glove shop where, before the War, you could buy almost perfect gloves.
And her old Uncle William used to say a lady is known by her shoes and
her gloves. He had turned on his bed one morning in the middle of the
War. He had said, I have had enough. Gloves and shoes; she had
a passion for gloves; but her own daughter, her Elizabeth, cared not a
straw for either of them.
Ici, l'apparition d'Uncle William est un complet non sequitur. Si on lit en diagonale, on se demande
qui est he, on revient en arrière pour retrouver
le sujet, on se demande pourquoi on ne le connaît pas, on se reforce à
lire la phrase, on voit qu'il est normal de ne pas le connaître, on
revient en avant, on ne comprend pas la phrase turned
on his bed, on revient de nouveau an arrière, on ne comprend
toujours pas, puis on va en avant, on voit qu'on revient aux gants et
aux chaussures, qui disparaissent dans la suite, et finalement on a
passé une bonne dizaine des secondes pour lire ce paragraphe, un peu
en vain.
Quand je me suis efforcé à lire très lentement, et très calmement
(le mieux est de le faire à haute voix) un passage du texte, j'ai en
général trouvé ça très beau : il y a une fluidité dans l'écriture, un
très grand naturel, qui me convainquent que c'est objectivement
bien écrit. Mais vue ma façon normale de parcourir le texte,
de fluide il devenait haché, laborieux.
Pourtant, il y a des textes que j'arrive à lire vraiment
linéairement. Un texte en vers, par exemple, surtout si le rythme est
très fort (comme dans un alexandrin), parce que je vais forcément
scander dans ma tête. Un dialogue formé de répliques assez courtes,
également.
[Hum, pourquoi n'ai-je pas écrit cette entrée en anglais, alors que
j'y cite un paragraphe en anglais ? Sans doute parce que je ne
connais pas, en anglais, d'expression aussi jolie que lire en
diagonale pour dire speed reading.]
Nicolas m'a fait observer, après le
repas, ce soir, que s'il trouvait qu'il y avait un domaine où mon
'blog lui semblait problématique, c'est vis-à-vis de mes
étudiants.
La réflexion est assez théorique, parce que je suis quasiment
certain que jusqu'à présent aucun d'entre eux n'a eu l'idée
de chercher
« David Madore » sur le Web. C'est un peu surprenant, parce que
c'est typiquement la première chose que je fais, moi, quand j'entends
parler de quelqu'un, que de chercher son nom dans Google. Mais ils
ont beau être nés vers '85 (c'est-à-dire que le Web est apparu quand
ils entraient à l'école primaire), ils n'ont pas encore la culture
d'Internet, ces étudiants, c'est bizarre. Qu'ils ne passent pas tous
tout leur temps devant un écran, c'est heureux, mais que pas l'un ait
eu la curiosité de faire cette recherche, c'est surprenant ; et si
l'un le faisait, je suis certain que la nouvelle que le chargé de
TD de maths est pédé serait immédiatement connue de
tous, et que j'aurais entendu quelques ricanements idiots à ce sujet
(ou alors est-ce que je sous-estime leur civilité ? j'en doute assez).
Les ricanements ne me gênent pas, d'ailleurs (j'y ai déjà eu droit,
des années passées), ils m'amusent plutôt, en fait ; et, quand bien
même, la possibilité qu'un seul étudiant puisse apprendre la nouvelle
en se disant, tiens, je ne suis pas le seul homo dans cette fac
vaut bien le risque de supporter tous les ricanements du monde. Mais
passons, ce n'est pas le point.
La question que je m'efforce de me poser toujours, c'est, adopté-je
toujours une attitude parfaitement correcte ? Ce que j'ai raconté sur la surveillance d'examens
est-il décent, par exemple ? Il ne faut pas se voiler la face (ni
porter le tchador) : sur une vingtaine de garçons de dix-huit-vingt
ans, il y a forcément quelques belles figures ; mes collègues hétéros
ne pensent pas autrement, mutatis mutandis.
Disons même qu'il y en a un ou deux dans le groupe qui sont beaux à se
cogner la tête contre les murs. Mais je n'ai pas l'habitude de me
branler en regardant le trombinoscope (de toute façon la qualité des
photos est trop mauvaise ) ; je n'ai pas l'intention
de les violer ou de me livrer au moindre début de commencement de quoi
que ce soit qui ressemblerait à de la drague avec chantage
(d'ailleurs, je ne sais pas draguer).
Et dans mon attitude envers eux je crois adopter un comportement
impeccablement stoïque (autant que je puisse penser, intérieurement,
rhâ, mais c'est pas possible d'être aussi beau gosse).
Simplement, ici, je ne vois pas pourquoi je me priverais de faire
quelques remarques comme je viens d'en faire (étant évidemment entendu
que je ne donnerai pas de nom) : ceux qui lisent ceci sont a
prioriavertis, ils ont fait
l'effort de venir jusqu'ici, etc. Suis-je néanmoins trop direct ? Je
me pose la question.
Je me sens radieux. J'ai réuni mes trois amis de plus longue date
(ou à peu près) : Laurent (site Web) — que je
connais depuis que nous avons 6 ans —, Antoine (site Web) et Nicolas (pas encore de
site Web, celui-là ), qui étions inséparables il y a
dix-douze ans quand nous étions au lycée. La dernière fois que nous
nous étions vus tous les quatre remonte au 2001-07-05, et avant cela
c'était peut-être bien en '94.
Nous avons dîné au Village Tao Tao, un excellent
restaurant chinois près de chez moi, que je recommande vivement (mais
j'en ai déjà parlé ici, en même temps
qu'un autre, et c'était justement entre ces deux-là que j'hésitais
pour savoir où aller). C'était délicieux.
Oserai-je espérer que pour mon 20000e jour, le 2031-05-07, je serai
aussi bien entouré et aussi comblé de bonheur ?
La situation : le buffet de fin d'année d'une association étudiante gaie &
lesbienne. Donc tout un tas de garçons et de filles, pour
l'essentiel homos ou bis, qui bavardent bruyamment autour de paquets
de chips et de bouteilles de sodas (ou de bières). Et dans le tas il
y en a un — qui vient pour la première fois à l'association
— que je trouve vraiment gravement mignon, dans le genre
blondinet aux yeux bleus (bon, c'est peut-être vrai, en fait, que j'ai
un petit faible pour les blonds). D'accord, il est polytechnicien,
mais enfin, personne n'est parfait. (Hum, à ce stade-là, tous les
lecteurs de mon 'blog qui se trouvaient être à ce buffet ont compris
que c'est de J. que je parle. Mais je m'en fous assez, après tout.)
La question à deux cents zorkmids : comment je suis censé faire passer
le message qu'il ne m'est pas indifférent ? Dans un lieu anonyme (la
rue, un bar, une boîte), je conçois qu'on peut faire ça par le regard, mais là, c'est quand même
plus technique, vu qu'on discute déjà ensemble, et c'est assez normal
de regarder son interlocuteur quand on parle. J'ai avec tout le monde
à peu près le même comportement gentiment sociable et relativement
loquace. Comment on est censé draguer, dans ces circonstances ? Je
n'en sais rien, moi, on ne m'explique jamais rien, à moi. Et ça doit
bien être possible, puisqu'il y a des gens qui ont réussi. Quand il a
dit qu'il aimerait bien que quelqu'un l'héberge pour la nuit, flemme
de rentrer à Palaiseau par le dernier RER, je lui ai
innocemment offert de coucher chez moi, mais finalement, comme la
soirée devait se prolonger en nuit blanche chez Y. et qu'il a voulu y
aller, ma manœuvre innocente a échoué.
Bah, je ne suis vraiment pas doué, moi. Mais j'en ai l'habitude,
ça fait 9999 jours que c'est comme ça. Je ferais mieux de vous
raconter ce que sont la voûte étoilée de Zariski, la Longue Droite, et
le compactifié de Stone-Čech des naturels. Au moins c'est dans
mes cordes.
Tiens, dans le genre idiot, au cours de la conversation, il a été
question du « Prince Albert ». J'ai été surpris de voir que
pratiquement personne ne savait ce que c'était. Faisons donc
l'éducation des masses : c'est un piercing au pénis, qui traverse le
gland, et qui est nommé de la sorte en l'honneur du mari de la reine
Victoria, Albert de Saxe-Cobourg-Gotha, cela se portait souvent à
l'époque, et servait à retenir le pénis, par une petite chaîne, pour
éviter qu'on pût distinguer la moindre protubérance. J'ai raconté
tout ça, et j'ai sans doute rougi un peu (euphémisme : je rougis
très facilement, en fait à peu près systématiquement si
j'adresse la parole à plus de deux personnes), et « on » a conclu que
je rougissais parce que j'avais moi-même un Prince Albert. Bon, eh
bien je ne dirai pas ce qu'il en est : ceux qui veulent la réponse,
vous savez ce qu'il vous reste à faire.
L'envoi d'un SMS depuis mon mobile, d'après la
brochure officielle des prix de mon opérateur, coûte
0.15€. Sachant qu'un SMS peut comporter jusqu'à 160
caractères (limitation complètement ridicule s'il en est), cela nous
donne un prix de 1006633€ pour un giga-octet. Un
million d'euros le giga-octet ! Comparez ça au prix au
giga-octet d'à peu près n'importe quel autre canal de communication ou
support de stockage : c'est une arnaque absolument monstrueuse.
Je ne sais pas comment est comprimé le son sur les téléphones
mobiles, mais je doute très fortement qu'on soit en-dessous de 1kbps
(ce qui représenterait déjà un rapport de compression de plus de 50
par rapport au son échantillonné à 8kHz en mono, 8 bits par
échantillon). Autrement dit, une minute de communication, facturée
0.48€ par le même opérateur, échange au minimum l'équivalent
d'une cinquantaine de SMS, quasiment un par seconde.
Mais les prix sont loin d'être dans le même rapport, la
minute ne coûtant que le triple du prix du SMS. Comme je
doute que le service vocal soit vendu à prix coûtant, cela signifie
qu'au moins 90% du prix du SMS (et ceci est une
borne inférieure très large) est du pur profit pour
l'opérateur. Pas surprenant, ensuite, qu'on cherche à promouvoir le
SMS comme un mode de communication djeunz et
branchouille. Hallucinante arnaque.
Question subsidiaire : le manuel de mon téléphone parle de
caractères Unicode pour désigner les caractères accentués qu'on
peut mettre dans les SMS. Il s'agit cependant d'un jeu
très restreint de caractères, ne couvrant même pas tout
iso-latin-1 et assurément pas une proportion non
ridicule d'Unicode. Cependant,
il n'est pas clair si c'est parce que le téléphone juste ne permet de
saisir qu'un ensemble très limité de caractères (et peut-être ne sait
afficher qu'eux) ou si le « standard » SMS est
intrinsèquement limité. La mention d'Unicode me laisserait espérer
qu'ils ont pris la bonne décision, à savoir encoder les
SMS en Unicode (disons utf-8 ou
utf-16 — dans ce dernier cas il faudrait diviser
par deux mon estimation du prix au giga-octet, d'ailleurs ; mais je
crois que c'est bien 160 octets d'utf-8, en fait).
Est-ce le cas ? J'aimerais bien pouvoir tester la réception d'un
SMS contenant des caractères un peu exotiques pour savoir
ce que mon téléphone en fait. Comment ces choses-là se passent-elles
au Japon, d'ailleurs, par exemple ?
Je ne sais pas pourquoi, je trouve les films pornographiques fort
peu excitants. D'accord, ce jugement se base sur un nombre
d'observations très limité — vu le prix des productions (et vu
qu'à la télé je n'ai que les chaînes hertziennes non cryptées), étant
donné que je bâille d'ennui au bout de cinq-dix minutes, j'avoue que
je n'ai pas tellement envie d'approfondir mon étude. Enfin, quand je
dis je ne sais pas pourquoi, je peux quand même être plus
précis que ça : je ne vois pas ce qu'il y a d'intéressant à regarder
deux (ou plus) mecs faire l'amour (et à plus forte raison un mec et
une fille, ou deux filles) — ce qui est intéressant, c'est de
le vivre, pas de le regarder. Mais bon, ça ne doit pas être une
opinion trop répandue, sinon l'industrie du porno n'existerait
pas.
Je ne dis pas que je ne peux pas être stimulé par des images : mais
pas par juste celles d'un acte sexuel. Les images qui m'excitent ne
sont pas celles qui montrent mais celles qui suggèrent. Même les
images, par exemple, des célèbres et kitschissimes photographes Pierre
& Gilles, me font en général plus d'effet que du porno cru :
souvent derrière la plastique plus que parfaite on sent affleurer une
force érotique incroyable. J'exagère : leurs images à l'esthétique
onirique ne font pas non plus de bons excitants, mais entre ces
extrêmes il y a de la place pour des choses très fortes. En images
fixes, ce n'est pas difficile à trouver : il suffit de descendre au
sous-sol des Mots à la
bouche pour en trouver quantité d'exemples. Mais n'y
a-t-il rien d'analogue en film ? (On croirait que non : Bel Ami, qui
fait des photos fixes relativement soft, quand il
prend une caméra, réalise des pornos tout à fait ordinaires,
semble-t-il.) J'imagine que ce n'est pas forcément évident à
produire : on sera forcément plus exigeant sur le scénario si le but
du jeu n'est pas simplement d'enfiler les orgasmes que si on demande
qu'ils soient entourés de — ah, euh — préliminaires
plausibles. Pourtant, les films érotiques (de charme, doit-on
peut-être dire) hétéros, ça existe. N'y a-t-il rien de semblable au
rayon gay ?
(Pffffff… Ce que je me retrouve à raconter, moi ! Et dire
que j'ai hésité entre écrire ça et raconter — avec les mains
— ce que c'est que la voûte étoilée de Zariski ! Bon,
ben les amateurs de maths attendront un autre jour. En plus,
maintenant je vais à nouveau passer pour un romantique éperdu ou une
autre sottise de ce genre. )
Finalement j'ai vu Le Retour du
roi aujourd'hui. Pour ceux qui n'ont pas vu, je dirai
juste ceci : n'y allez pas si vous êtes sujet au vertige (parce que
moi je le suis fortement, et les escaliers de Cirith Ungol, j'ai eu du
mal à digérer). [Attention, spoilers dans ce qui suit.] Ah oui, n'y
allez pas non plus si vous êtes arachnophobe (bon, je suis un peu
obligé de spoiler, là : il y a une grosse et vilaine
araignée).
Non, sérieusement, le principal reproche que je ferai au film, en
fait, c'est qu'ils ont complètement raté le personnage de Denethor.
Dans le livre, il est peu amène, mais intelligent et pas complètement
cinglé (sauf vraiment à la fin). Là, c'est du gâchis complet. Et en
plus il n'a aucun intérêt puisque les gardes de Gondor obéissent à
Gandalf sans hésitation (alors que dans le livre ils rechignent).
Déjà je n'étais pas content qu'ils aient fait de Saruman une simple
marionnette dans les mains de Sauron, c'est un peu pareil en fait (je
veux bien que l'œil de Sauron vu dans le Palantír soit puissant,
mais quand même !). Les autres infidélités faites au livre, à mon
avis, se défendent très bien (par exemple celle d'avoir supprimé toute
la partie de sauvetage de la Comté, même si je trouve un peu
regrettable qu'on n'ait pas droit à la confrontation entre Gandalf et
Saruman, ce dernier disparaissant comme par enchantement en laissant
un Palantír inexpliqué dans l'eau d'Isengard).
Sinon, je suis un peu agacé par la manière dont ils insistent pour
rattraper toujours l'action de la plus extrême justesse, pour maximiser
le suspens. Point trop n'en faut ! Dans les scènes de bataille, je
trouve ça absolument exagéré : quand en deux coups de catapulte au
tout début de la bataille la ville de Minas Tirith est à moitié
détruite, je trouve qu'il y a vraiment de l'abus. Et qu'on la sauve
alors que les ennemis ont déjà pénétré la plupart des enceintes, c'est
aussi vraiment inutile. Au lieu de rendre l'effet plus fort, pour
moi, ça le casse complètement : on n'y « croit » plus du tout, parce
que c'est tellement artificiel.
Mais il faut reconnaître à Peter Jackson un vrai talent pour le
spectaculaire et le grandiose (je dis ça en bonne part). Par ailleurs
les scènes dans la montagne du destin sont vraiment bien faites, je
trouve.
Enfin, globalement, le film est conforme à ce à quoi je
m'attendais.
Mon père m'inquiète. Cette fois
ce n'est pas sa santé qui pose problème, ou du moins c'est plus vaste
que ça. Il passe sa vie devant son ordinateur : en cela, je suppose
qu'on ne peut que dire, tel père, tel fils — et il a
d'ailleurs plus d'excuses que moi, puisqu'il est maintenant à la
retraite, donc pourquoi ne pas passer ses journées devant un
ordinateur ? Mais moi au moins je m'alimente à peu près correctement,
alors que lui ne mange le plus souvent rien de la journée et ma mère
en rentrant le trouve dans la même position que quand elle est sortie,
et doit insister pour obtenir de lui qu'il vienne dîner ; si elle est
sortie sans ouvrir les volets, ils seront encore fermés quand elle
rentrera, et ainsi de suite. Bref, mon père est en train de se
transformer en légume, ce qui n'est pas très réjouissant à voir.
On ne sait pas exactement, d'ailleurs, ce qu'il fait de son
ordinateur (un PC sous Red Hat 9). Régulièrement, il me
pose des questions informatiques complètement hétéroclites, parfois
sans queue ni tête (le genre qui prouve qu'il n'a pas compris les deux
tiers des mots qu'il utilise), je commence à lui expliquer (par
exemple à corriger son emploi des termes), il n'écoute pas ma réponse,
et parfois se fâche du ton sur lequel je lui réponds. (Un jour il m'a
fait la gueule pendant des semaines
d'affilée parce qu'il avait eu un problème avec NFS et
s'était persuadé je ne sais comment que le routeur que j'administre en
était responsable.)
En ce moment, je rentre chez mes parents une fois par semaine, le
mardi, après mon TD (j'y passe la nuit de mardi à
mercredi, parce que mon deuxième TD de la semaine est le
mercredi matin tôt, donc c'est commode pour moi d'être déjà à Orsay).
Mais je trouve de plus en plus dérangeant de rentrer dans la journée,
de dire bonjour et d'être accueilli par un grognement et de ne pas
échanger une parole avec mon père avant le dîner (où il consent à
retrouver un semblant de sociabilité). Ma mère se met parfois en
colère, mais le plus souvent c'est de la lassitude : Tu as posté la
lettre que j'avais laissée sur le coffre ? Non, bien sûr. Est-ce que
tu as au moins bougé de ton siège de toute la journée ? Non,
évidemment…
Bon, allez, pour ne pas faire comme lui, je vais décoller, moi.
Fed up of those ridiculous shrink-wrap licenses, by opening this
package you agree to be bound to the following absurdly restrictive
license, blah blah blah? Well, Faré has the following wonderful
solution: the end-seller
license agreement. Nice.
Je m'asseois devant mon ordinateur (façon de parler : comme
d'habitude, j'ai déjà passé l'essentiel de la journée devant). Il est
23h30. J'écoute le Requiem allemand de Brahms. Je
m'apprête à écrire une entrée dans mon 'blog. De quoi vais-je bien
pouvoir parler ?
Déjà, le patron [note : ce mot épouvantable est censé traduire
l'anglais template ; n'y a-t-il vraiment pas un
autre terme ?]. Ça c'est facile. <entry date="2003-12-15"
day_of_week="lundi" number="0396" xml:lang="fr"> …
</entry> Tiens, j'approche de ma 400e entrée (et hop, un
petit coup d'œil rétrospectif sur la 100e, la 200e et la 300e). Situation dans le temps. Nous
sommes le 15 décembre 2003, lundi de la semaine 51, le 21 décil :
est-ce encore le dernier quartier ? non, c'est seulement demain (me
dit Emacs),
donc pas de phase de la Lune à rajouter dans l'immédiat. 9995e jour
de ma vie.
Maintenant, le sujet. Ce n'est pas toujours facile de trouver
quelque chose à raconter quand je ne fais rien de mes journées. Mes
lecteurs n'ont pas forcément envie d'apprendre pour la
n-ième fois que je me suis levé à 15h et que je n'ai
strictement rien fait, que j'ai trop dormi (ou trop peu — je ne
sais même plus). Le lecteur, ça c'est un animal bizarre. On ne sait
pas ce qui l'intéresse, en fait, on ne comprend pas toujours ses
motivations. C'est bizarre, un 'blog.
Ce n'est pas que je manque de choses à raconter, en fait. Il y a
plein de choses que j'ai envie de dire, mais, bizarrement, je n'ai pas
envie de les dire maintenant. Pourquoi ? Parce que le monde
n'est pas dans la bonne phase métaphysique, sûrement.
Je me suis coupé ce matin en me rasant (mais sans penser à
l'élection présidentielle). Ça ne fait pas un bon sujet, ça.
D'ailleurs, ce n'était même pas le matin, c'était plutôt vers 16h.
Autre chose. J'ai un aphte à la joue gauche qui me gêne terriblement
quand je mange, et que j'ai mordu et remordu, si bien que maintenant
ça fait une grosse bosse tout ensanglantée dans ma bouche. Bon, euh,
je vais peut-être ne pas raconter ça, quand même. Ou alors pourquoi
ne pas dire que j'ai mangé ce soir des tartines de rillettes avec des
piments doux qui si j'en crois l'étiquette étaient cachers (les
piments, évidemment, sûrement pas les rillettes !).
Soyons sérieux. Qu'ai-je dans les jours qui viennent ? Mes deux
derniers TD avant les vacances, demain (il faut donc que
je ne me couche pas trop tard ce soir) et après-demain, portant sur
les développements limités (je devrais confier les calculs à
l'ordinateur pour les exercices que je traiterai, ça m'évitera de
risquer de me tromper au tableau). Soutenance de thèse de Yann. Trouver le
temps d'aller voir Le Retour du
roi au cinéma (vendredi ?). Rien de bien folichon. Je me
sens un peu comme dans la vieille blague : Today is
Monday, the day after tomorrow is Wednesday, half the week is over and
nothing done!
C'est quand même épatant, à chaque fois que quelqu'un me demande
quoi de neuf ?, je réponds (même si je ne l'ai pas vu depuis
une éternité) rien de nouveau sous le Soleil ; et j'ai quand
même le culot d'oser trouver à écrire un blurb chaque jour ici.
J'aurais envie de parler de ma situation de louze affective, mais
qu'ai-je d'intéressant à en dire ? Ça fait des années que ça dure
(vingt-sept, même, si on veut), et aucun changement ne semble poindre
à l'horizon (si changement il y avait, il ne pourrait venir que de
moi, sauf si je me mets à croire au beau garçon qui m'enverrait un
mail disant David, je veux coucher avec toi, et, curieusement,
je n'y crois pas trop).
(Denn alles Fleisch, es ist wie Gras,
entends-je : certainement y a-t-il un message caché là-dessous.)
Noël ou le Nouvel An ne m'inspirent rien de particulier non plus.
À Noël je cherche encore un moyen d'échapper au repas en famille.
Pour le Nouvel An, je le passerai à l'ENS en compagnie
d'amis (à boire le champagne sur les ruines du pavillon, sans doute). J'aime assez
cette ambiance particulière des jours autour du solstice d'hiver (du
moins si la météo se montre un peu coopérative), il y a quelque chose
de magique dans l'air ; et en même temps j'ai le désagréable sentiment
de ne pas savoir en profiter. Je chantonne des Christmas Carols que probablement personne
n'identifie comme tels, mais peu importe. Je prendrai sans doute la
bonne résolution de me coucher tôt, de me lever tôt, de faire du
sport, ou d'utiliser un préservatif avant sa date de péremption, et je
n'arriverai à rien de cela. Pfiou.
Et si je parlais de l'actualité ? Mais elle ne m'inspire pas
spécialement. Qu'aurais-je d'intéressant à dire sur le fait que
Saddam Hussein a été arrêté ? Ou sur le port du voile islamique ? Je
n'ai pas d'opinion moi-même sur la question et — oserais-je le
dire ? — elle ne m'intéresse pas vraiment. Heureusement, nous
avons dans ce pays des gens dont le métier est d'avoir un avis sur
tout, on les appelle les hommes politiques.
Parlant de religion, j'avais vaguement pensé écrire un petit texte
sur pourquoi je suis athée, mais à quoi bon, en fait ? Tant
qu'à écrire, je ferais mieux d'écrire des textes de fiction, c'est en
fin de compte plus vrai.
Mais en ce moment je n'écris rien. Je ne lis pas grand-chose non
plus. Je suis retombé l'autre jour sur Mrs. Dalloway,
que j'avais acheté il y a quatre
mois, et je l'ai commencé, mais j'avance à la vitesse d'un escargot
paralytique. Certains passagent arrivent à m'intéresser, mais dans
l'ensemble je trouve ça finalement assez fastidieux, et après 120
pages je n'ai toujours pas une bonne idée de ce à quoi Clarissa
Dalloway ressemble (comme personnalité, je veux dire), à part qu'elle
aime organiser des réceptions. Il est vrai que le style est
remarquable, qui enfile les assocations d'idées avec énormément de
naturel, mais c'est aussi ce qui le rend difficile, surtout que je
suis du genre à lire en diagonale, et c'est là le plus sûr moyen de se
rendre compte soudainement qu'on ne sait plus de quoi il était
question sur les trois dernières pages. Mark Twain n'avait pas
entièrement tort de dire qu'un classique est un livre que tout le
monde veut avoir lu mais que personne ne veut lire. (En fait, j'ai
plusieurs autres livres qui attendent que je les commence, mais je ne
veux pas en avoir plusieurs de front, sans quoi il y en aura forcément
un que j'abandonnerai.)
Rapide coup d'œil à mon TODO. Répondre à des mails —
il y en a un qui m'attend depuis plus d'une semaine, notamment.
Coucher par écrit un tas de petites idées mathématiques de plus ou
moins grand intérêt. Envisager sérieusement de passer mes PC sous Debian
maintenant que c'est fait pour le
Quatramaran. M'acheter des fringues parce que je n'ai plus rien à me
mettre (zut, c'est vraiment la mauvaise période, tout est bondé ; y
a-t-il des gens amateurs de shopping pour me tenir compagnie ?).
Bon, décidément, une heure plus tard, je ne trouve rien à dire. Je
vais me coucher.
Les discours sont une forme d'art injustement déconsidérée —
est-ce parce que cela se rapproche trop de la politique ? — mais
que j'apprécie. Un vrai bon discours a une beauté qui dépasse
l'événement immédiat dans lequel il est prononcé, il nous parle et
nous émeut à travers le temps même si nous ne sommes pas ceux à qui il
était destiné. Quand Lincoln prononça l'adresse de Gettysburg, il ne
soupçonnait pas qu'on s'en souviendrait encore cent quarante ans plus
tard. Quand nous lisons le quousque tandem abutere,
Catilina, patientia nostra de Cicéron, nous pouvons encore vibrer
pour sauver une République qui a cessé d'être depuis des siècles. Le
discours peut être intégré à une œuvre de fiction : un des plus
magnifiques exemples d'art rhétorique est l'oraison funèbre de César
prononcée par Marc-Antoine… dans le Julius Cæsar
de Shakespeare! Le génie absolu, ce serait d'écrire un discours
tellement fort qu'il parvienne à nous émouvoir alors qu'il concerne
entièrement des entités de fiction et sur lesquelles nous ne savons
rien.
Ce serait intéressant, je trouve, de faire un livre rassemblant les
plus beaux discours de tous les temps (choix éminemment subjectif,
évidemment, et dépendant aussi de la définition précise adoptée pour
le mot « discours »). À moins qu'il existe déjà ?
Après un peu de temps passé à continuer le boulot de la veille (c'est-à-dire
juste ce qu'il fallait pour remettre la machine en accès public et
rétablir les services absolument indispensables, de façon à diminuer
légèrement l'urgence des problèmes qui se posent) j'ai occupé
l'essentiel de ma journée à regarder, avec quelques amis, la version
longue des deux premiers volets de la trilogie du Seigneur des
anneaux de Peter Jackson.
C'était la cinquième fois que je voyais La Communauté de
l'Anneau (la troisième fois en version longue), et à la fin
je dois admettre que je m'ennuyais franchement ; en revanche, pour Les Deux
Tours, je ne le voyais « que » pour la troisième fois, et
la première en version longue, et ce fut donc nettement plus agréable.
Globalement je ne trouve pas que ces versions longues apportent
beaucoup de scènes inoubliables (le premier montage, projeté dans les
salles, était donc un bon choix), néanmoins je suis nettement content
de l'éclairage donné au personnage de Faramir dans la version longue
des Deux Tours, parce que j'avais trouvé dans la version
courte qu'il était vraiment amoché (moralement parlant) par rapport au
livre. Dans l'ensemble, pourtant, j'estime les films extrêmement
fidèles à l'œuvre écrite : si on entend cependant des reproches
nombreux dans le sens contraire, c'est simplement parce que le livre
de Tolkien a ses légions de zélotes prêts à aboyer au moindre écart
— ils feraient bien de lire mon Histoire de la Propédeutique
à la Reine des Elfes pour savoir ce qu'il se passe quand on
vénère trop cette œuvre. Finalement, très peu d'adaptations
cinématographiques ont un tel degré de fidélité au roman dont elles
sont tirées.
Maintenant, un problème fondamental que je me pose est : y a-t-il
entre Frodo(n) et Sam uniquement de l'amitié et de l'affection, ou
doit-on penser que cela va plus loin ? Bon, c'est une question qui
n'a pas vraiment de sens (Frodo et Sam n'existant pas, faut-il le
rappeler) ; dans l'esprit de Tolkien il me semble clair que cela ne va
pas plus loin, mais je m'interroge surtout sur le film. Autrement
dit, les acteurs ont-ils joué avec l'intention de faire paraître des
regards vraiment amoureux entre les deux hobbits (avec l'accord du
réalisateur, ou à sa demande) ou bien est-ce simplement une lecture
possible (et peut-être un peu tirée par les cheveux) ? Ou : est-il
« naturel » quand on on voit le film, de penser qu'ils s'aiment ? On
m'avait plus ou moins convaincu que non, c'est moi qui interprète
parce que je suis homo et donc assez enclin à penser à ce genre de
lecture. Mais à revoir les films (surtout l'un à la suite de
l'autre), je suis de nouveau convaincu que c'est vraiment trop évident
pour que ce soit uniquement dans ma tête. (Et ceux qui regardaient
avec moi avaient l'air d'être aussi assez de cet avis : là, si le
spectateur américain moyen n'était pas aussi puritain, ils devraient
se rouler une pelle a-t-on dit à un moment — enfin, le
problème est surtout que ça ferait hurler les fans, mais l'idée y
est ; et un autre copain plaisante : quand Sam dit si je fais un
pas de plus, je serai allé plus loin que jamais avant il veut dire
voilà, c'est ma première fois….) Finalement, ce qui
me convainc n'est pas tellement la manière dont Sam se décrit auprès
de Frodo comme your Sam ni la façon dont il fait
des scènes de jalousie sur l'attention de Gollum, c'est vraiment la
manière dont ils échangent des regards. En tout cas, si quelqu'un me
dévisageait de façon aussi délibérée et aussi intense que Sam regarde
Frodo à plusieurs reprises, j'en concluerais vraiment qu'il est
amoureux de moi. En revanche, il faut signaler qu'on apprend, dans la
version commentée par les acteurs du film, que c'est Ian McKellen (qui
est lui-même homo) qui a suggéré fortement que Sam prenne la main de
Frodo quand ce dernier se réveille à Rivendell (Fondecombe) : cela
semble indiquer que ce n'était pas trop naturel et spontané pour les
acteurs de le jouer ainsi.
(Désolé si tout ceci est assez obscur et incohérent, je tombe
littéralement de sommeil.)
Même en s'y mettant à trois entre environ 17h et environ 6h du
matin (enfin, 30h, quoi), nous n'avons pas réussi à finir cette foutue
installation de Debian sur le Quatramaran (le lien qui précède
ne marche pas en ce moment, justement parce que la machine est hors
service). L'installation en elle-même n'a pas été spécialement
difficile (c'était juste un peu long de faire tous les backups avant,
et ensuite ça a traîné parce que le noyau d'installation ne gérait
l'interface IDE qu'en mode minimal, d'où un taux de
transfert épouvantable). Mais après, fusionner la config
diaboliquement compliquée de cette machine avec celle de la Debian,
quelle horreur ! Pour les comptes utilisateurs, par exemple : les
UID des comptes système (daemon,
bin, etc.) sont évidemment différents entre
Red Hat et Debian, et le /etc/passwd était un foutoir
invraisemblable qu'il a fallu trier. Ensuite, faire marcher le mail,
mailman, majordomo, tout ça. Et nous avons été vaincus sur la
configuration Apache : le
fichier de configuration utilisé pour l'Apache fourni par Red Hat ne
marchait évidemment pas sur celui fourni par Debian, la
configuration SSL était différente, bref, un merdier pas
possible. À six heures du matin nous avons fini par capituler et
éteindre la machine pour aller nous coucher.
L'ennui, c'est qu'on ne peut pas laisser ça dans cet état trop
longtemps. Trop de gens et trop de choses dépendent de cette machine,
malgré nos consignes répétées de ne pas supposer qu'elle sera fiable.
Je mets donc tout le reste de côté pour me concentrer sur le
Quatra.
Enfin, presque tout le reste : là, je vais faire dodo, et je ne
laisserai rien me déranger.
J'avais mis mon réveil à 5h45 pour pouvoir avoir le temps de
prendre tranquillement mon petit-déjeuner et monter dans le
TGV de 7h08 à Montparnasse. Mais mon réveil n'était pas
en position marche (deux hypothèses pour expliquer cela : soit j'ai
« oublié » de le mettre en marche après avoir réglé l'heure, ce qui
est fort possible, soit, quand je me suis réveillé en sursaut vers 3h
du matin, j'ai eu le réflexe de couper le réveil, ce qui m'est déjà
arrivé notamment quand je rêve que le réveil sonne alors que ce n'est
pas vrai, ou encore machinalement en même temps que j'allume la
lumière). Bref, à 7h10 je me suis réveillé, avec le sentiment
agréable mais inexplicable d'avoir assez dormi, j'ai regardé l'heure
et j'ai eu un moment d'incompréhension, puis de panique. Sachant que
le TGV suivant était à 7h35, et que celui encore après, à
8h05, arrivait trop tard pour que je puisse commencer le séminaire que
je devais donner à 10h30 à l'Université de Rennes 1, et que
ça ne se fait pas, mais vraiment pas du tout, de rater un séminaire
qu'on est censé donner, je me suis senti très très très con.
J'ai pourtant réussi à avoir le TGV de 7h35, quelque
chose comme trente secondes avant son départ (certes, j'habite sur la
même ligne de métro que la gare Montparnasse, mais le temps de mettre
des vêtements, d'envoyer un mail à celui qui m'invitait pour lui
donner au moins mon numéro de mobile et le prévenir que je ne serais
pas dans le train prévu, de courir à la station de métro, d'avoir une
rame, d'aller jusqu'aux quais des grandes lignes… ce n'était
pas gagné !). Forcément, j'étais en piteux état en embarquant dans le
train, en nage tellement j'avais couru, les cheveux hirsutes —
et accessoirement j'ai perdu 55€ dans l'opération, pour acheter
mon billet au tarif de bord — bref. Malgré ça, mon exposé (qui,
pour le contenu scientifique, était à peu près identique à celui que
j'avais donné il y a trois semaines
au séminaire Variétés rationnelles) s'est déroulé sans
problème. Ensuite, les gens m'ont invité à déjeuner dans un
restaurant appelé Le P'tit Bouchon (39 r. Paris,
35000 Rennes — si j'en crois les Pages jaunes) où je me suis
régalé comme rarement. J'ai un peu flâné dans la ville, où je n'avais
jamais mis les pieds, mais elle ne m'a pas fait une impression très
agréable (sauf le parc du Thabor), même si j'aurais du mal à préciser
à quoi c'est dû.
Allez, ma semaine continue (même
si le plus dur est passé).
Listen to this little Ogg
Vorbis file (note: most modern playback programs can read the Ogg Vorbis format) and try
not to go mad. Concentrate on the low beat (that's easy if you have a
watch nearby, because it ticks precisely once every second). Then on
the high beat (the fast one). Now try to concentrate on the medium
beat—I wasn't able to. Also try concentrating not on one
particular beat but just on the general pattern. I find it absolutely
infuriating. Actually, it is almost hard to believe (at any rate, I
would think it so had I not produced the sound file myself) that it is
simply the superposition of three independent and completely regular
beats. But their frequencies are precisely in the ratios
(numerically, about 1:1.465571:2.147899; symbolically, the real root
of the equation x³=x²+1 and its square) which
are hardest to approximate by rationals, so the pattern is as
unperiodic as possible (had there been only two beats, the natural
choice for the frequency ratio would have been the golden mean). I'm
considering burning an entire CD with this crazy thing.
Disclaimer: I refuse to cover the cost of the heavy neurosurgery which
will be necessary (as a treatment of epilepsy, perhaps) if you listen
to it for too long.
Oh, and by the way: I did better than yesterday: 2 to the power of 1558, 3 to
the power of 983, and 5 to the power of 671, are close; for even
smaller powers: 2 to the power of 65, 3 to the power of 41, and 5 to
the power of 28.
[French translation of the above.]
Écoutez ce petit fichier Ogg
Vorbis (note : la plupart des programmes de lecture audio modernes
peuvent lire le format Ogg
Vorbis) et essayez de ne pas devenir fou. Concentrez-vous sur le
battement grave (c'est facile si vous avez une montre à proximité,
parce qu'il bat précisément une fois par seconde). Puis sur le
battement aigu (le rapide). Maintenant essayez de vous concentrer sur
le battement moyen — je n'ai pas réussi. Essayez aussi de vous
concentrer non sur un battement particulier mais juste sur le motif
général. Je trouve ça absolument exaspérant. En fait, c'est presque
difficile à croire (ou en tout cas, je le penserais si je n'avais pas
produit moi-même le fichier de son) que c'est simplement la
superposition de trois battements indépendants et complètement
réguliers. Mais leurs fréquences sont précisément dans les rapports
(numériquement à peu près 1:1.465571:2.147899 ; symboliquement, la
racine réelle de l'équation x³=x²+1 et son
carré) qui sont les plus durs à approcher par des rationnels, donc le
motif est aussi apériodique que possible (s'il n'y avait eu que deux
battements, le choix naturel du rapport de fréquence aurait été le
nombre d'or). J'envisage de graver un CD entier de ce
truc cinglé. Disclaimer : je refuse de
couvrir les coûts de la neurochirurgie lourde qui sera nécessaire
(comme traitement de l'épilepsie, peut-être) si vous l'écoutez trop
longtemps.
Oh, et au fait : j'ai fait mieux qu'hier : 2 à la puissance 1558, 3 à la
puissance 983, et 5 à la puissance 671, sont proches ; pour des
puissances encore plus petites : 2 à la puissance 65, 3 à la puissance
41, et 5 à la puissance 28.
2 to the power of 581369, 3 to the power of 366803, and 5 to the
power of 250382, are very close.
Not impressed? How about:
8502 tropical years, 105155 synodic months, and 3105289 solar days,
are very close.
The bottom line: approximating one real number by rational numbers
is easy, Euclid's (continued fraction) algorithm takes care of that.
But simultaneously approximating several real numbers by rationals of
the same denominator, or similar problems, is a much more
difficult problem. So while it is easy to find a power of 2 and a
power of 3 which are very close (try 2 to the 1054 and 3 to the 665,
for example), or a power of 3 and a power of 5, or a power of 2 and a
power of 5, on the other hand, finding all three powers which are
close is very difficult.
Just dabbling, really. Much study has certainly been done on the
question, and I know none of it; I just experimented with a few
obvious techniques. I guess I should rather stick to my (real)
research work.
Alors que j'approche de mon 10000e jour (c'est le 20 décembre), je
suis enclin à une sorte de nostalgie bizarre. En fait je suis assez
porté à la nostalgie, c'est sans doute mon côté « archiviste
classificateur maniaque » qui s'exprime indirectement. (Peut-être que
j'aurais dû faire des études d'histoire, mais bon, je suis nul en
histoire, donc ce n'est pas vraiment ça non plus. À ceux qui ont lu
la série Dragonlance je peux dire que je me
reconnais assez dans le personnage d'Astinus.)
Ce que j'ai envie d'appeler les « trente glorieuses », à la
différence de l'usage, ce sont les trente dernières années du XXe
siècle, en gros de '70 ('71 si on est maniaque, mais de toute façon je
veux du flou sur le début) à 2000. Il paraît que c'était (pour
l'essentiel) des années de crise — mais moi je n'ai pas remarqué
cette crise, en fait. Je pourrais avancer des arguments bidon selon
lesquels c'étaient effectivement des années « glorieuses » : ça
commence avec le premier pas de l'homme sur la Lune (1969-07-21), ou
encore avec l'apparition d'Internet (symboliquement 1969-04-07, mais
en fait il a fallu une bonne douzaine d'années pour vraiment mettre en
place les protocoles), déjà. Les années du World Trade Center (OK,
j'avance vraiment la date du début, là) ? Et peut-être aussi les
années d'une certaine forme de liberté d'expression et d'une certaine
insouciance que je me demande si on n'est pas en train de perdre
maintenant (les années du déclin de
l'empire américain ? ce film a quelque chose de caractéristique,
justement, de cette période, surtout quand on le compare au suivant).
Mais tout cela est bidon : en fait ce qui m'importe vraiment c'est
tout simplement que ce sont des années que j'ai vécues (en gros).
(Autant parler du premier milliard de secondes de l'ère Unix, à ce
moment-là, qui d'ailleurs se termine à deux jours des attentats du
World Trade Center.)
Et justement, ce qui me frustre, ce qui me rend bizarrement
nostalgique, ce n'est pas que je regrette vraiment cette période,
c'est que j'ai l'impression de ne pas l'avoir correctement
observée. D'avoir raté plein de choses par manque
d'attention. D'avoir été témoin de quantité de choses et de ne pas
les avoir identifiées, de ne pas avoir compris leur importance, de ne
pas être capable de me les remémorer précisément — bref, de les
avoir perdues (et pour Astinus c'est un échec douloureux). Pour des
événements marquants (je veux dire, qui auraient dû l'être), par
exemple : je n'ai aucun souvenir de l'élection de Mitterrand
en '81 (je n'avais pas cinq ans, mais quand même ça aurait pu me
marquer) ; ni de la guerre des Malouines ; et seulement un souvenir
très vague de l'accident de Tchernobyl ; et ainsi de suite — et
même pour des dates plus récentes (comme la chute du mur de Berlin) mon souvenir est
beaucoup trop diffus par rapport à l'importance de la chose.
Mais il ne s'agit pas que d'événements : ceux-ci ne sont finalement
pas ce qu'il y a de plus significatif. Qu'est-ce qui fait que quand
on voit un film des années '70, ou même '80, on repère immédiatement
qu'il n'est pas contemporain ? La manière dont les gens s'habillent,
les modèles des voitures, toute une foule de petits détails qui ne
sont enregistrés dans aucun livre (à la différence des événements)
mais qui sont la toile de fond du Zeitgeist. Et
là aussi je regrette de ne pas avoir assez observé : d'avoir le
sentiment diffus que les choses eurent été différentes mais d'être
incapable de mettre le doigt dessus. Quand ai-je vu le premier
téléphone mobile ? Quand ai-je pour la première fois entendu le mot
Internet ? Et SIDA ? Et ainsi de
suite. Je n'en sais rien : je suis incapable de me rappeler mon
ignorance de ces choses-là.
Bon, je vais arrêter de raconter des âneries sans intérêt et aller me
coucher, moi. L'avenir n'est plus ce qu'il était.
Je n'ai toujours pas réussi à m'inscrire en fac (plus que deux
jours…). En fait, je n'ai réussi à rien faire de ce
que j'avais prévu pour aujourd'hui.
Cependant, j'ai réussi à faire quelque chose que je n'avais pas prévu
mais qui était éminemment nécessaire : m'acheter un agenda 2004 (il y
a quelque chose de délicieusement méta là-dedans).
Malheureusement je n'ai pas réussi à me lever avant 10h30, je n'ai
donc pas pu arriver à Orsay (après déjeuner et achat de l'agenda en
question) avant 14h30 ou quelque chose comme ça (non, je ne sais pas
pourquoi il m'a fallu quatre heures). Après ça, j'ai récupéré les
papiers (signés par les cinquante personnes aux titres pompeux qui
devaient donner leur accord) nécessaires pour mon inscription en
thèse, mais je devais pour compléter le dossier y joindre la
photocopie d'un autre papier (mon contrat d'ATER
pour prouver que j'ai une sécurité sociale) qui se trouvait chez mes
parents, et le temps que je rassemble tout ça, je suis arrivé au
secrétariat de la scolarité du 3e cycle à 17h (non, je ne sais pas
pourquoi il m'a fallu deux heures et demie), et il était déjà fermé.
Résultat, je suis rentré à Paris, et, pour bien compléter la journée
complètement ratée, je n'ai pas corrigé les copies que je devais
corriger, je n'ai pas continué les calculs que je devais continuer, et
je n'ai pas dîné avec Antoine comme prévu (mais là ce n'était pas ma
faute).
Tout cela (enfin, les inscriptions, les corrections de copies et
probablement les calculs) est donc remis à demain, où j'ai déjà plein
de choses à faire, et je n'arriverai donc à nouveau pas à m'en sortir.
Splendide. En plus, ça veut dire que je dois me lever plus tôt demain
(7h), et donc que si je veux dormir assez (autour de 10h), je dois me
coucher il y a un heure. Magnifique.
(Parfois je me demande comment l'Univers a réussi à se passer de
moi pendant quinze milliards d'années. <joke
kind="private">Ah oui, c'est vrai, c'est parce que ça ne
fait en fait que quarante-deux
secondes.</joke>)
Comme noté dans l'entrée
précédente (c'est-à-dire celle qui suit ), j'ai
un nouveau tas de copies à corriger, celles du partiel que j'ai
surveillé vendredi (c'était la première fois que je surveillais ce
semestre), je n'en ai pas parlé.
Quasiment tout le monde sera d'accord pour dire que corriger les
copies est un boulot chiant. À part une ou deux erreurs
tellement énormes qu'elles font rire (et encore — on est très
vite blasé), c'est répétitif donc ennuyeux à en mourir : soit les
copies sont justes (ce qu'on préfère encore), c'est-à-dire contienne
ce qu'on a déjà vu (ou aurait voulu voir) n fois, auquel
cas on met trois traits dans la marge et on reporte les points, soit
elles sont fausses, auquel cas on se fatigue quelques secondes à
essayer de trouver la source de l'erreur pour savoir combien de points
retirer, et on finit par s'énerver parce que cela n'a ni queue ni
tête, et mettre zéro à la question. Bref.
Surveiller les examens, en revanche, à la différence de la plupart
de mes collègues, je trouve ça plutôt amusant. D'accord, il faut se
lever tôt, et pour ça ce n'est pas drôle. Mais une fois qu'on est sur
place, c'est plutôt agréable de déambuler dans la grande salle
chauffée (surtout quand il fait froid dehors) entre les tables, en
prenant un air rébarbatif (ne vous avisez pas de tricher, bande de
petits saligauds), et penser à autre chose. Ou regarder les
étudiants gratter frénétiquement leur brouillon (ou leur copie, mais
ça c'est moins drôle quand on pense qu'on va devoir la corriger
ensuite) ou prendre un air complètement perdu, ou très vague, ou faire
toutes sortes de têtes rigolotes (il y en a un qui a passé trois
heures à faire des dessins de feuilles de cannabis sur son brouillon
et qui a finalement rendu une copie de deux lignes s'excusant en
disant qu'il s'était sans doute trompé d'orientation à venir en
MIAS ; parfois aussi on en voit qui trichent et on
les laisse faire quand même parce qu'ils sont tellement ridicules et
pitoyables dans leur façon de faire et parce qu'on est sûrs qu'ils se
planteront malgré ça).
Et bien sûr, quand j'ai sous les yeux une population de plusieurs
centaines d'individus majoritairement de sexe masculin et d'une
tranche d'âge où, ma foi, ils ne sont pas au plus moche, je ne résiste
pas à chercher à désigner mentalement lequel je trouve le plus mignon.
(Je vous rassure, je ne lui rajoute pas quelques points en douce s'il
se trouve être dans mon tas de copies, même quand il s'avère que j'ai
vu son nom : les copies ne sont certes pas anonymes pour les partiels,
mais pour ma part je les corrige sans regarder le nom, et, qui plus
est, transversalement exercice par exercice.) Celui que j'ai
secrètement couronné de ce douteux honneur, d'ailleurs, n'arrêtait pas
de me regarder (d'un regard complètement indéchiffrable — est-ce que
cela voulait dire t'as pas fini de m'mater comme ça, sale
pédé ? ? pourtant, je ne le fixais pas avec la moindre insistance
— mais en tout cas avec de très beaux yeux bleus). C'est triste,
ça.
Demain lundi : me lever avant 10h mais en tâchant d'avoir assez
dormi, sinon je n'arriverai jamais à tenir le coup les jours
suivants ; aller à Orsay, faire mon inscription administrative en fac
(ou secouer les secrétaires si les signatures ne sont pas toutes
arrivées) ; corriger les copies du partiel d'avant-hier (si je ne le
fais pas demain je n'aurai plus le temps ensuite) ; rédiger proprement
mes résolutions de singularités ; dîner avec Antoine, qui passe
à Paris.
Mardi : retour à Orsay, TD de 10h45 à 12h45 ; puis,
préparer mon exposé de jeudi. Passer la nuit à Orsay chez mes
parents.
Mercredi : TD de 8h30 à 11h30, puis préparer le
TD suivant avec ma binôme à 14h30, et deuxième
TD de 16h30 à 18h. Retour à Paris. Penser à me coucher
tôt.
Jeudi : prendre le train pour Rennes à 7h à Montparnasse ; le
séminaire commence à 10h30. Je déjeunerai à Rennes et j'aurai le
temps d'y flâner un peu (j'espère qu'il ne fera pas trop froid et
pluvieux), mon train du retour arrivant à Paris un peu après 18h.
Vendredi : encore un séminaire
Variétés rationnelles, mais cette fois il n'y a que
deux exposés ; le soir, installation en équipe de Debian sur le Quatramaran (vue la complexité
des services auxquels cette machine sert, on y a pour une bonne partie
de la nuit).
Pfiou, ça va être une semaine un peu rude, moi qui suis habitué à
faire au plus une chose par jour, et encore, surtout pas chaque jour
de la semaine !
Autant prévenir : je risque de ne pas avoir le courage de répondre
à mon mail (et en plus ça va s'accumuler donc, bref) — si vous
avez besoin de me joindre, pour changer, téléphonez-moi
(surtout maintenant que j'ai un nouveau
mobile). Peut-être aussi que je ne réussirai pas à écrire une
entrée chaque jour dans mon 'blog, aussi.
Le 06 66 24 17 72 (soit +33 6 66 24 17 72 si vous appelez de
l'étranger) est mon nouveau numéro de mobile.
C'est encore un Nomad : non que je pense que Bouygues soit plus
honnête que ses concurrents (je demeure absolument scandalisé par la
manière dont ils modifient sans arrêt leurs tarifs, et par l'extrême
brièveté de la durée de validité du crédit-recharge, qui oblige à
dépenser au moins 10€/mois pour garder une ligne opérationnelle,
même à consommation infinitésimale), simplement je suis habitué à eux,
alors… (all experience hath shown, that
mankind are more disposed to suffer, while evils are sufferable, than
to right themselves by abolishing the forms to which they are
accustomed).
Le téléphone lui-même est un Nokia3410 (et qui m'a
coûté 79€ dans ce cadre). Il apporte quelques fonctionnalités en
plus que mon ancien truc (Siemens A36) n'avait pas, mais rien de
transcendant (genre, le keyboard lock automatique, ça c'est
sympatique) ; j'espère surtout que la
batterie sera de meilleure qualité (et qu'elle n'explosera pas ?). À
part ça, j'hallucine d'apprendre que le mobile en question est
programmable en Java™
(personnellement je préférerais pouvoir programmer en Java mon
lave-linge que mon téléphone, ça me permettrait de pouvoir lancer une
lessive à heure donnée, par exemple, mais bon).
Je n'ai pas fait d'effort pour tenter de garder l'ancien numéro :
déjà que j'ai du mal à me motiver pour faire un achat aussi simple,
alors si en plus il fallait passer par des formalités quelconques !
Résultat, ce sont mes correspondants qui vont pouvoir faire l'effort
de changer mes coordonnées. Donc, virer partout
06 99 73 04 49 et mettre 06 66 24 17 72 à la
place : je crois l'avoir fait partout où cela comptait (je veux dire,
aux endroits publics comme ma page
personnelle ; dites-moi si vous en trouvez qui traînent), il faut
encore que j'envoie des mails à ce sujet. Par précaution, j'ai
enregistré sur la boîte vocale de l'ancien numéro (qui va rester
active six mois ou quelque chose comme ça) un message donnant le
nouveau numéro.
La chose vraiment pénible, c'est que je continue à très mal capter
dans mon appartement : je pensais que c'était avant tout un problème
d'antenne (puisque d'autres gens sur le réseau Bouygues m'avaient
affirmé y recevoir correctement), mais apparemment ce n'est pas aussi
simple. Donc il faudra toujours essayer de m'appeler au
01 45 88 39 61 avant le mobile.
Je termine par le petit gadget qui tue : pour composer mon nouveau
numéro de mobile, depuis la France, vous pouvez simplement approcher
votre téléphone (fixe) des haut-parleurs de votre ordinateur et
déclencher la lecture de ce
fichier MP3. Merci à Cigaës pour avoir
écrit à ma suggestion le petit programme qui convertit les codes de
touches en sons (je ne pensais pas que ça marcherait aussi
parfaitement).
[Résumé
en anglais de ci-dessus.] My new cell phone number is
+33 6 66 24 17 72 (same operator as
previously, and the phone itself is a Nokia3410). Any
remaining +33 6 99 73 04 49 in my contact info should be
replaced by +33 6 66 24 17 72 (please tell me if I've left
some out in a public place). Besides, since cell phone coverage
inside of my apartment is very poor, +33 1 45 88 39 61 is the first
number to dial when one attempts to reach me.
Another story fragment for which you'll just have to invent a
context—or not.
Kevin woke up to find a gun pointed at him.
Lionel! What the fuck are you…?
I'm not aiming at you, Lionel answered, I'm after
that—creature at your side. Though if you make any
movement to defend her I will be pointing this at both of
you.
Patricia? But why…?
Is it possible, Kevin? asked Lionel. Is it possible that
you actually have no idea? Can you be so utterly ignorant of who it
is you have been sleeping with?
Kevin just looked blank.
Or perhaps, Lionel went on, you have never heard of
the Iron General? Well, there she is.
You're kidding me. You must be kidding me. This is
just too…
Too wild? Do I look like I'm joking? There she is,
Kevin. Now please stand aside and let me shoot her.
Could it be true? Could it be? Patricia? The Iron
General? This exquisite woman? In his bed! Inconceivable. Simply
ludicrous. Yet Lionel was obviously serious as hell about this.
Ask her, Kevin. Just ask her! Was she or was she not
made a senator by the Parimsah emperor out of gratitude for her loyal
services? Did she or did she not retire at the age of
thirty-five—the youngest senator in the history of the Empire,
she who had been its youngest general—after killing
twenty-five billion of ours? Is this woman not responsible
for the massacre of Tuqnil? Go on! Ask her!
Now Kevin was beginning to grasp this. Please, Patricia, he
said weakly, tell me that's not true.
It is, she answered. Not in the frail and timid voice Kevin
had thought hers but steady and proud, she announced: I am Siona
Patricia pa-Lehyll pa-Drusia Ishgur-Sal, Lady of Tyren, sometime
general in His Majesty's army, dame of the Empire, and senator of
Tuqnil. Then, more softly: I'm sorry, Kevin.
Sorry? Lionel roared. He spat. Sorry?
Sorry for what? For the billions whom you killed at Tuqnil?
I'm sorry I was unable to tell Kevin the truth from the
start. She spoke calmly. As for those who fell in battle, I
always grieve for them—for all times and for all wars. But I
did my job and what I thought was right, and I feel no shame at
that.
Lionel was delirious with anger, yet he still did not shoot.
Your job? What you thought right? This was no battle, Lady!
Armed as we were—armed as you were—it was no
battle, it was mass slaughter. It was genocide. I lost three
brothers on Tuqnil.
Well, my condolences, then—there was a slight
contempt in her voice. And I lost my father in the battle, or in
the slaughter if you prefer the word. Now will you fire or not? This
conversation gets us nowhere.
But why, Patricia? This time it was Kevin who
spoke. Why do this to me? How can I go on, knowing that I slept
with Ishgur-Sal, the Iron General?
My name, dear saint, is hateful to myself, because it is an
enemy to thee; had I it written, I would tear the word, she
quoted. Is it so difficult to understand? I love you,
Kevin.
Mon état d'esprit présent m'inspire l'histoire suivante (un
kōan?) :
Un jour, Maître Gro-Tsen raconta l'histoire suivante devant un
disciple :
Un homme est perdu dans le désert, poursuivi par la soif. Il va
se résigner sur son sort quand il voit à l'horizon l'éclat d'une
oasis. Rassemblant toutes ses forces, il marche jusqu'à l'endroit en
question — où il découvre qu'il ne s'agit en fait que d'un
mirage. Il maudit alors le ciel et s'effondre par terre. Mais en ce
faisant, il aperçoit un nouvel éclat au loin : cette fois ce n'est
plus un mirage ! Avec une énergie renouvelée il va jusqu'à ce nouveau
lieu. Mais il s'est de nouveau trompé, et est de nouveau frappé par
le désespoir. Cependant, une nouvelle lumière attire ses
yeux…
Et ainsi de suite, interrompit le disciple, jusqu'au
moment où il trouve enfin la véritable oasis qu'il n'aurait pas pu
découvrir sans ces mirages. Est-ce bien cela, Maître ?
Gro-Tsen sourit.
Non, répondit-il. Il n'y a pas d'oasis dans ce désert.
L'homme auquel je pense finit par mourir de la soif.
Alors il aurait aussi bien pu rester sur place ! protesta le
disciple.
Mais il n'aurait pas accompli tout ce chemin, observa
Gro-Tsen. Peut-être n'aurait-il pas pu le faire sans ces illusions
devant lui ?
Quelle importance le chemin accompli, rétorqua le disciple,
furieux, si c'est pour mourir de toute manière ? Ou du moins
l'homme aurait-il pu être courageux et avancer sans se nourir de faux
espoirs !
Est-ce à moi d'en décider ? demanda Gro-Tsen d'un ton
paisible.
What I call the Gregorian
ISO 8601 calendar is simply the
ISO way of numbering weeks in the year: week 1 is
defined as the week (Monday through Sunday, says
ISO) containing January 4 of the given year, or,
equivalently, the week containing the first Thursday of the year, and,
after that, weeks are simply numbered consecutively from 1 through 52
or 53, the last being the week containing the last Thursday of the
year, or containing December 28 (and the ISO year
is short or long—contains 52 or 53 weeks—according as the
usual Gregorian year contains 52 or 53 Thursdays). For example, today
is 2003-W49-3, meaning Wednesday (3) of the 49th week of 2003 (and I
refer to my
little cgi calendar script that I already mentioned for other
numbers).
Most people are unaware of this calendar: our practice of counting
months rather than weeks is not soon to be given up. Yet week numbers
are occasionally found, here or there, and I find it fun to spot them.
For example, the French flu
surveillance network's bulletin
uses ISO week numbers. I also noticed that Paris
metro (subway) tickets are punched with the week number on them (and a
letter representing the day in the week). My pocket calendar also
gives the week number (albeit in very small characters).
[French translation of the above.]
Ce que j'appelle le calendrier
grégorien ISO 8601 c'est simplement la
manière ISO de numéroter les semaines dans
l'année : la semaine 1 est définie comme la semaine (du lundi au
dimanche, dit l'ISO) qui contient le 4 janvier de
l'année considérée, ou, de façon équivalente, celle qui contient le
premier jeudi de l'année, et, après cela, le semaines sont simplement
numérotées de 1 à 52 ou 53, la dernière étant la semaine qui contient
le dernier jeudi de l'année, ou encore qui contient le 28 décembre (et
l'année ISO est courte ou longue — contient
52 ou 53 semaines — selon que l'année grégorienne usuelle
contient 52 ou 53 jeudis). Par exemple, aujourd'hui est le
2003-W49-3, c'est-à-dire le mercredi (3) de la 49e semaine de 2003 (et
je renvoie à mon petit script
cgi de calendrier que j'ai déjà mentionné pour d'autres
numéros).
La plupart des gens ignorent ce calendrier : notre habitude de
compter les mois plutôt que les semaines n'est pas près de
disparaître. Pourtant les numéros de semaines se trouvent çà et là,
et je trouve amusant de les repérer. Par exemple, les groupes d'observation de la grippe
utilisent les semaines ISO dans leur bulletin.
J'ai aussi remarqué que les tickets de métro à Paris sont compostés
avec le numéro de la semaine (et aussi une lettre représentant le jour
dans la semaine). Mon agenda de poche donne aussi le numéro de la
semaine (mais en tout petits caractères).
Mais comment est-il possible que les gens soient aussi
bêtes quand ils téléphonent dans le RER ? Ce n'est pourtant pas difficile de comprendre
qu'il y a des tunnels partout, et que le téléphone mobile, dans le
tunnel, il coupe. Eh bien non, ils ne comprennent pas, au lieu de
dire à leur correspondant je suis dans le RER, ça va
couper, je te rappelle, ils commencent des longues conversation,
s'énervent parce qu'ils sont coupés, et re-coupés, et re-re-coupés, et
réussissent à échanger trois logons d'information en tout et pour tout
dans un trajet d'un quart d'heure, tout en agaçant leurs voisins et en
communiquant (dans tous les sens du terme) leur stress et leur
énervement.
On voit assez nettement que
cette photo (ici copiée exactement
telle qu'elle était sur le CD qu'on m'a remis) est un
scan d'une photo d'identité et pas prise directement en numérique : il
y a même un ou deux pixels qui montrent une impureté au moment du
scan, et les bords montrent une nette aberration chromatique, mais le
plus évident ce sont les bords mal alignés. Rajoutez une pixelisation
poussive (300dpi ! pour un labo censément professionel, c'est
décevant), des effets d'alias et des artefacts JPEG :
c'est finalement assez nul. Et c'est dommage, parce que la prise, en
elle-même, ne me déplaît pas trop (en tout cas, à part les reflets sur
les lunettes, elle est plutôt meilleure que ce que j'obtiens
moi-même).
Bon, j'arrête là, sinon Mathieu va encore se foutre de moi. Un
Jour®, j'aurai une photo de moi qui me plaît.
Quelle est l'espérance du maximum de quatre variables gaussiennes
indépendantes chacune de moyenne zéro et écart-type un ?
Numériquement, une valeur approchée est celle qui sert de titre à
cette entrée. Si on remplace quatre par
trois ou deux (ou bien sûr une) variables, je
sais trouver une valeur symbolique exacte (enfin, surtout Mathematica
sait si je le dirige un peu) : 1/√π (désolé, c'est moche,
mais je veux dire un sur racine de pi, je ne vais pas mettre de MathML
ici) pour deux variables, et 3/2 fois ça pour trois variables. Mais
quatre… Péter m'a suggéré une
façon de faire le calcul qui devrait aboutir à un résultat
exact, mais c'est assez atroce à mener explicitement (de toute façon
le problème est de délimiter une région sur la sphère de dimension
trois qui a pour mesure un 24e de la mesure totale, et de faire une
intégrale dessus).
Mise à jour () : Complètement par
hasard, j'apprends que la valeur exacte de ce nombre est :
(3/√π)[½+arcsin(1/3)/π]. Et pour cinq variables :
(5/(2√π))[½+3·arcsin(1/3)/π].
Voir cette page,
qui prétend que des expressions en forme close existent aussi pour six
et sept variables en utilisant des dilogarithmes (et huit et neuf avec
des trilogarithmes).
Nouvelle mise à jour () :
Voir
aussi ce
lien, qui explique un peu comment cqlcuer ces choses.
Encore une mise à jour () :
Voir ce
fil Twitter où je récapitule (sans rien dire de nouveau) l'état de
l'art sur ce problème.
Je suis allé me faire faire des photos d'identité tout à l'heure,
dont j'aurai besoin pour mon inscription universitaire. Chez Photo Service. J'en profite
(cf. ce que je disais il y a quelques
semaines) pour demander si je peux en avoir une version numérique (un
fichier TIFF ou JPEG). On me répond
que oui. J'avais pris le soin d'apporter avec moi une petite clé
mémoire : première déception, on me dit qu'on ne peut pas mettre les
photos sur cette clé, ils me donneront un CD. Ça me
semble un gâchis absurde d'utiliser tout un CD pour
mettre deux photos (qui doivent faire quelques mégas à tout casser).
En plus, je sais qu'ils ont sur place les périphériques pour gérer ces
petites clés mémoire, puisque si on en apporte une ils peuvent la
développer : s'ils ont de quoi la lire, ils ont aussi de quoi écrire
dessus, non ? Mais bon, va pour le CD (du coup, il
faudra revenir dans un jour — enfin deux parce que je ne serai
pas là demain). Le type prend la photo et l'imprime, et je le vois
mettre de côté un exemplaire tiré sur papier pour en obtenir les
versions numériques ! J'ai failli hurler de rire. Ils prennent la
photo en numérique, ils l'impriment, mais pour me donner une version
numérique ils doivent scanner la version imprimée ! C'est
d'un ridicule pitoyable. Bon, ce sera toujours mieux que si je le
fais moi-même (enfin, j'espère, parce qu'à 0.50€ le scan, ça a
intérêt à être bien), et je suppose même que la qualité ne sera pas
trop dégradée, mais c'est complètement absurde, ubuesque, de devoir
faire comme ça : si on veut le faire correctement, ça suppose
trois ajustements colorimétriques fins (au moment de prendre
la photo, au moment de l'imprimer, au moment de la rescanner), chacun
limitant la gamme des couleurs, sans parler de la possibilité de flou,
de petites impuretés, tout ça pour absolument aucune raison puisque la
photo a été prise en numérique ! Mais non, l'appareil qui
prend la photo n'est pas relié à un périphérique quelconque de sortie
numérique (uniquement l'imprimante qui tire sur papier), donc on
ne peut pas faire autrement. J'ai exprimé ma stupéfaction
(en des termes mesurés : est-ce que ce n'est pas un peu dommage de
prendre la photo en numérique et de l'imprimer pour la
rescanner ?) au photographe, mais il n'a pas vraiment eu l'air de
comprendre ce qui me choquait.
C'est le problème typique de l'informatique en ce début de XXIe
siècle : on développe des solutions embarquées, des solutions
fermées, des solutions qui sont censées remplir un rôle précis
(l'appareil qui prend des photos d'identité et les imprime sur papier,
par exemple), et on néglige totalement la possibilité de faire des
extensions, d'exporter, d'échanger les données. On se crée
des barrières (mentales ? ahem) artificielles, des barrières sans
raison d'être : ici, l'appareil photo numérique et l'appareil dans
lequel on peut mettre la carte mémoire étaient tous les deux là, mais
sans interface entre les deux, puisque chacun a été prévu pour servir
dans une fonction bien délimitée, fermée, verrouillée. C'est le même
genre de connerie qui fait que je ne peux pas contrôler mon appareil
photo numérique depuis mon PC bien qu'il dispose d'un
port de communication : mon appareil photo a été prévu avec un
logiciel embarqué qui permet de prendre des photos, et le contrôle fin
est verrouillé. Et même si la solution de contrôle existait, elle
serait bridée derrière un logiciel (sous Windows uniquement,
évidemment) qui impose une interface utilisateur, donc bride les
fonctionnalités (pas de moyen de scripter, etc). Bon, d'accord, je
suis en train de ranter, là. Je pourrais continuer en me plaignant
que mon ordinateur ne me permet pas de régler la lumière chez moi
(alors qu'il me permet d'acheter un livre depuis les États-Unis !) ou
de démarrer mon four à micro-ondes, mais ce serait s'écarter du
sujet.
Mais ce que je trouve stupéfiant, c'est que tout le monde trouve ça
normal : ça se passe d'explication. Autrefois on savait
mettre au point des solutions ad hoc quand cela s'imposait,
bricoler : avec l'informatique, on ne sait plus adopter que des
solutions embarquées et préformatées. Et du coup, aussi, les
problèmes informatiques sont devenus un prétexte universel pour
expliquer tout et n'importe quoi, un dysfonctionnement quelconque
pouvant toujours être mis sur le compte de ce Protée. Trop
facile.
Bon, concrètement, quelqu'un sait-il comment je pourrais obtenir
une photo numérique de moi de bonne qualité, qui ne passe pas par
cinquante étapes stupides comme une impression pour être scannée
ensuite, et qui soit facilement reproductible (pas comme demander à un
copain qui a un appareil photo numérique de venir en prendre une, par
exemple) ?