David Madore's WebLog: 2018-11

Vous êtes sur le blog de David Madore, qui, comme le reste de ce site web, parle de tout et de n'importe quoi (surtout de n'importe quoi, en fait), des maths à la moto et ma vie quotidienne, en passant par les langues, la politique, la philo de comptoir, la géographie, et beaucoup de râleries sur le fait que les ordinateurs ne marchent pas, ainsi que d'occasionnels rappels du fait que je préfère les garçons, et des petites fictions volontairement fragmentaires que je publie sous le nom collectif de fragments littéraires gratuits. • Ce blog eut été bilingue à ses débuts (certaines entrées étaient en anglais, d'autres en français, et quelques unes traduites dans les deux langues) ; il est maintenant presque exclusivement en français, mais je ne m'interdis pas d'écrire en anglais à l'occasion. • Pour naviguer, sachez que les entrées sont listées par ordre chronologique inverse (i.e., la plus récente est en haut). Cette page-ci rassemble les entrées publiées en novembre 2018 : il y a aussi un tableau par mois à la fin de cette page, et un index de toutes les entrées. Certaines de mes entrées sont rangées dans une ou plusieurs « catégories » (indiqués à la fin de l'entrée elle-même), mais ce système de rangement n'est pas très cohérent. Le permalien de chaque entrée est dans la date, et il est aussi rappelé avant et après le texte de l'entrée elle-même.

You are on David Madore's blog which, like the rest of this web site, is about everything and anything (mostly anything, really), from math to motorcycling and my daily life, but also languages, politics, amateur(ish) philosophy, geography, lots of ranting about the fact that computers don't work, occasional reminders of the fact that I prefer men, and some voluntarily fragmentary fictions that I publish under the collective name of gratuitous literary fragments. • This blog used to be bilingual at its beginning (some entries were in English, others in French, and a few translated in both languages); it is now almost exclusively in French, but I'm not ruling out writing English blog entries in the future. • To navigate, note that the entries are listed in reverse chronological order (i.e., the most recent is on top). This page lists the entries published in November 2018: there is also a table of months at the end of this page, and an index of all entries. Some entries are classified into one or more “categories” (indicated at the end of the entry itself), but this organization isn't very coherent. The permalink of each entry is in its date, and it is also reproduced before and after the text of the entry itself.

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Entries published in November 2018 / Entrées publiées en novembre 2018:

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(jeudi)

D'autres termes compliqués sont écrits à propos de mon épaule

Résumé des épisodes précédents : Je savais depuis longtemps que mon épaule droite était facilement sujette aux tendinites (notamment quand je fais de la musculation, mais j'avais trouvé moyen que ça ne se produise plus), mais il y a un mois et demi je me suis fait un coup brusque à cette épaule en retenant une moto qui tombait sur le côté (à l'arrêt) : très peu de douleur sur le coup, mais les trois jours suivants ont été très douloureux, surtout la nuit, et j'étais incapable de lever le bras. Un radiologue m'a diagnostiqué des calcifications aux tendons supra-épineux et sub-scapulaire et une rupture transfixiante au moins du premier ; mais une IRM pratiquée la semaine suivante a contredit la rupture des tendons, et par ailleurs les douleurs ont progressivement diminué jusqu'à revenir essentiellement au statu quo ante.

En fait, je n'ai plus mal du tout sauf quand je fais un mouvement de musculation particulier — que j'ai donc logiquement arrêté de faire. C'est d'ailleurs assez fascinant parce que deux mouvements peuvent avoir l'air complètement équivalent et apparemment ils ne le sont pas : le mouvement que je ne peux plus faire est le développé des pectoraux sur machine (en position assise, légèrement inclinée) consistant à pousser vers le haut, main en pronation (i.e., paume vers le bas) — soit à peu près ce qu'on voit sur cette page — j'ai mal en gros au niveau de l'avant de la tête de l'humérus, au retour du mouvement ; alors que l'exercice qui a l'air assez équivalent et où on pousse à peu près à niveau horizontal (le point d'articulation des barres étant au niveau du sol plutôt qu'au-dessus de la tête) ne me pose pas de problème. J'aimerais bien savoir s'il existe des manuels et/ou des modèles mathématiques précis décrivant précisément la mécanique anatomique des bras et de l'épaule pour que je puisse comprendre comment les forces s'exercent et comment les efforts se répartissent ! Parce que déjà rien que pour ce qui est de la terminologie, à la fois des médecins et celle des sportifs a l'air d'obéir à une systématique qui n'est pas du tout transparente pour moi, et qui est très mal expliquée à la fois sur Wikipédia et sur tous les livres d'anatomie sur lesquels j'ai pu mettre la main ; et pour ce qui est de la cinématique ou, pire, de la dynamique des mouvements, je n'ai pas trouvé la moindre source d'information susceptible de m'éclairer. Mais passons.

Comme mon généraliste m'avait référé vers un chirurgien orthopédiste spécialiste de l'épaule, je suis allé le voir même si ça allait mieux. Je lui ai apporté, donc, des radios, des échographies et une IRM, et il m'a essentiellement dit c'est bien, mais on ne voit pas grand-chose là-dessus : allez passer un arthroscanner et revenez me voir (ça fera 80€ s'il vous plaît)

J'exagère, il m'a quand même fait faire quelques mouvements pour voir ce qui me faisait mal, mais ce qui l'intéressait surtout était une petite tâche sur une radio, que le radiologue avait interprété (et que l'IRM avait plus ou moins confirmé) comme une calcification au niveau du sub-scapulaire et dont il se demandait si ça ne pouvait pas être une petite fracture de la glène (divulgâchis : non, je n'ai pas de fracture de la glène). Il m'a donc adressé à un nouveau radiologue avec la lettre suivante :

Faire arthroscanner épaule droite : fracture de glène ou calcification du sous-scapulaire ?

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(jeudi)

Le retour du cruel Docteur No

Le Docteur No est de retour ! Il était plutôt occupé ces derniers temps à résoudre des problèmes informatiques, mais le voilà revenu et qui s'adonne à son passe-temps favori qui consiste à capturer des mathématiciens pour les soumettre à des énigmes idiotes (voir ici pour des épisodes précédents) :

Le cruel Docteur No a capturé 100 mathématiciens pour les soumettre à une épreuve démoniaque. Après avoir permis aux mathématiciens de se concerter initialement, il va placer sur la tête de chacun d'entre eux un chapeau portant un nombre entier entre 1 et 100 (inclus) de façon que chacun puisse voir le nombre porté par les chapeaux de tous les autres mais pas le sien. Les mathématiciens n'ont aucune information sur la manière dont les numéros seront attribués et il peut parfaitement y avoir des répétitions. Les mathématiciens n'auront plus le droit de communiquer à partir du moment où la distribution des chapeaux commence. Chacun devra émettre un avis sur le numéro qu'il pense que son propre chapeau porte : ces avis seront émis par pli secret et connus du seul Docteur No (i.e., les mathématiciens ne connaissent pas les réponses fournis les les autres). Le Docteur No est plutôt clément aujourd'hui : il libérera les mathématiciens si au moins l'un d'entre eux a fourni une réponse correcte (i.e., deviné le numéro que porte son chapeau) ; dans le cas contraire, il tuera tous les mathématiciens avec ses tortures particulièrement raffinées.

Les mathématiciens pourraient évidemment tous répondre au hasard (auquel cas ils auraient 63% de chances d'être libérés ; je laisse ça aussi en exercice mais ça n'a pas vraiment de rapport avec le problème). Mais en se concertant, ils peuvent s'arranger pour être certains d'être libérés : comment font-ils ?

La solution est simple, mais on peut perdre beaucoup de temps en cherchant dans la mauvaise direction. Je tire ça d'ici (la réponse est indiquée en rot13 dans un commentaire en-dessous) ; ce fil contient d'ailleurs un certain nombre d'autres devinettes rigolotes.

Sinon, voici un autre problème (pas vraiment une énigme), qui n'a absolument aucun rapport avec celui qui précède si ce n'est qu'il est venu à ma connaissance autour du même moment (il est inspiré de cette question mais c'est une variante assez différente du même genre d'idées) :

On considère n+1 objets et deux joueurs (Alice et Bob). Chacun des deux joueurs a un ordre de préférence (strict) sur les objets, et ces ordres de préférence sont connus de l'un comme de l'autre. Ils vont jouer au jeu suivant : chacun, tour à tour, va éliminer un objet, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un (après n tours, donc). Ce dernier objet est gagné par les deux joueurs (i.e., ils se le partagent, ou si on préfère on peut dire qu'il y en a deux copies et que chacun en reçoit une, bref, chacun cherche à maximiser la valeur qu'il accorde à l'objet restant). Le jeu est à information parfaite (les deux joueurs savent tout : ce que l'autre joueur veut, et ce qu'il fait). Quelle stratégie vont-ils appliquer (en fonction des deux ordres de préférence) ? Et comment peut-on prédire efficacement l'objet final ?

On peut le formaliser plus précisément ainsi : soient 1,…,n les objets, triés dans l'ordre de préférence d'Alice (du moins préféré au plus préféré), et soient σ(1),…,σ(n) les valeurs de préférence de Bob pour les objets dans cet ordre, où σ est une permutation de {1,…,n} (c'est-à-dire qu'il aime le moins l'objet σ−1(1) et qu'il préfère σ−1(n)). Alice va jouer la stratégie qui cherche à maximiser la valeur i du dernier objet restant, tandis que Bob va jouer la stratégie qui cherche à maximiser σ(i) : on demande comment calculer i en fonction de σ et comment Alice doit calculer son premier coup. (On peut évidemment procéder de façon inductive : chaque coup possible d'Alice se ramène à un jeu de même nature avec un objet de moins et les rôles des joueurs échangés, mais ce que je demande c'est si on peut faire mieux ou plus simple.)

À titre d'exemple, si n=2 et que les préférences d'Alice sont 1<2<3, selon les valeurs (σ(1),σ(2),σ(3)) des préférences de Bob pour ces trois objets l'objet choisi est 3 (le préféré d'Alice) dans tous les cas sauf si (σ(1),σ(2),σ(3)) vaut (2,3,1) ou (3,2,1) (i.e., si l'objet préféré d'Alice est celui que Bob aime le moins), auquel cas l'objet choisi est 2 (le deuxième préféré d'Alice). C'est assez intuitif.

Il se peut que la réponse soit très facile : je n'ai pas pris le temps d'y réfléchir (trop occupé que j'étais à coudre des numéros sur des chapeaux).

On pourrait aussi demander ce qui se passe si l'un des joueurs joue la stratégie « gloutonne » (consistant à éliminer à chaque coup son objet le moins préféré), selon que l'autre joueur le sait ou selon que l'autre joueur croit toujours qu'il jouera désormais de façon rationnelle. On pourrait aussi jouer à changer l'alternance des coups entre Alice et Bob (plutôt que de les faire alterner mécaniquement) et chercher l'ordre le « plus équitable » dans un sens qu'il faudrait formaliser. Bon, bref, je trouve l'idée générale du jeu intéressante, mais je ne sais pas quelle est la bonne question à poser (c'est peut-être ça la question, en fait : trouver la question la plus intéressante à poser sur ce jeu).

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(samedi)

Les dieux essayent de m'empêcher de communiquer

Quasiment au même moment, au rayon des #FirstWorldProblems :

  1. mon PC de bureau est tombé en panne — donc plus d'accès Internet au bureau —,
  2. la connexion de données (i.e., l'accès Internet) de mon mobile a cessé de fonctionner — donc plus d'accès Internet dans la rue —,
  3. ma ligne téléphonique fixe à la maison, et en particulier ma connexion ADSL est aussi tombée en panne — donc plus d'accès Internet à la maison.

Le (1) est probablement un bête problème d'alim (la machine a planté et n'a plus voulu se rallumer ; ça fait suite à une mise à jour d'Ubuntu qui n'a d'ailleurs pas été de tout repos, et qui m'a obligé à rebooter plein de fois, ça a dû finir d'user une alim sans doute déjà bien fatiguée). Ce serait donc trivial à réparer, mais il faut que je persuade quelqu'un du service informatique de Télécom ParisPloum de me donner une nouvelle alim et de me prêter des tournevis pour la changer (ou quelque chose comme ça), et comme tout doit passer par un système de tickets et que je ne peux plus accéder au système de tickets depuis le bureau, ça prend énormément de temps. (Aller à la maison, écrire le ticket, recevoir une réponse trois jours plus tard qui me demande le modèle du PC, aller au bureau pour regarder, retourner à la maison pour répondre, etc.) Ça fait maintenant huit jours et le problème n'est toujours pas réglé. Les problèmes (2) et (3) ne vont évidemment pas aider.

Le (2) est la faute d'un quelconque imbécile chez Orange. Comme je l'avais raconté ici, mon offre mobile est (ou était) une offre prépayée « Mobicarte » avec une option « Internet Max » qui n'est depuis longtemps plus disponible à la vente chez Orange mais qui continue en principe à être renouvelée pour les clients ayant souscrit avant son extinction. Je la garde parce que je crois qu'il n'est pas évident de trouver une offre donnant un accès Internet illimité (possiblement bridé à partir d'un certain débit mais je ne sais pas combien exactement et apparemment je ne l'atteins pas ou en tout cas je ne m'en rends pas compte) pour 9€/mois en prépayé. Mais l'inconvénient d'avoir une offre très vieille et que plus personne ne connaît chez Orange, c'est que si quelque chose casse, il est impossible de communiquer avec un humain. Mercredi (il y a trois jours), c'est tombé en panne, je n'avais plus de connexion de données. Il y a une « assistance » en ligne mais elle ne vaut rien. Il y a des gens qui fournissent de l'« assistance » sur Twitter, mais manifestement ce sont des bots. J'ai essayé de joindre le service client mais sans succès.

Comme j'avais absolument besoin d'un accès Internet mobile rapidement, j'ai filé m'acheter une nouvelle carte SIM Mobicarte et une offre à la con (« recharge Max » à 20€, à ne pas confondre avec ma vieille option « Internet Max », merci au Club Contexte) qui fournit un accès pendant un mois le temps de me retourner. Mais du coup c'est sur un autre numéro de mobile, et j'ai aussi dû m'acheter un mobile de merde à 20€ pour y mettre l'ancienne carte SIM afin de continuer à être joignable sur mon numéro usuel (mon prochain mobile sera double-SIM, mais j'attends pour ça qu'il y en ait qui soient bien supportés par LineageOS). Me voilà avec deux numéros de mobile et l'obligation de trouver une solution plus pérenne d'ici un mois. Et évidemment, alors que je ne reçois normalement jamais d'appels téléphoniques, depuis que j'ai pris ce mobile de merde pour recevoir mon numéro usuel, j'ai reçu un nombre faramineux d'appels dessus (ce qui signifie que j'ai eu raison de l'acheter, mais même juste pour téléphoner ce truc est juste à jeter).

Le (3) vient de se produire. Un autre imbécile chez Orange (enfin, je suppose que c'est un autre) a trouvé le moyen de… permuter ma ligne téléphonique avec celle d'un voisin ! C'est-à-dire que j'ai le numéro d'un autre et qu'il a le nôtre. Apparemment ça s'appelle une inversion de ligne (ou interversion ?) et ce n'est pas si rare. Du coup, je ne suis plus joignable sur ma ligne fixe (ce qui est grave parce que mon mobile, quel qu'il soit, ne capte pas chez nous) et je n'ai plus d'ADSL non plus. Et ce qu'on lit en ligne ne rassure pas vraiment quant à la facilité de faire résoudre ce problème par Orange (et le cas précédent où j'avais eu un problème de ligne téléphonique avait duré huit jours). Gentiment naïf, j'imaginais qu'ils enverraient tout de suite un technicien d'astreinte refaire l'échange, mais non, le service client (qui, au moins, était joignable s'agissant des lignes fixes) nous a dit que ce serait fait « d'ici mardi ».

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(vendredi)

Une petite enquête sur de vraies et fausses images du kilogramme étalon

Je recopie un passage de ce que j'écrivais dans l'entrée précédente (dont je précise que celle-ci est indépendante et ne parle pas vraiment de physique) :

Comme je le disais récemment sur Twitter, j'ai une fascination pour le PIK [prototype international du kilogramme], cet artefact complètement unique, en métal précieux, qui a été fait près de là où j'habite et qui est stocké dans un coffre-fort à trois clés dans un parc où je me promène de temps en temps ; un artefact que seule une poignée de gens ont jamais vu, dont l'existence même est assez peu connue, et qui pourtant, à un certain niveau, sous-tend une part énorme de notre science et de notre technologie. Je suis aussi fasciné par le fait qu'il y a si peu de vraies photos du PIK, et notamment, à ce qu'il semble, aucune photo de près : je n'arrive décidément pas à comprendre que, en 2014, on ait pu le sortir de son coffre-fort sans avoir l'idée de documenter la procédure, du début à la fin, en filmant absolument tout et en photographiant de près chaque étape du nettoyage et des pesées.

Pour illustrer cette fascination, je voudrais commenter un peu les images que j'ai pu trouver du PIK, et notamment en signaler une qui ne montre pas le vrai PIK malgré de nombreuses légendes dans ce sens.

(Note : Les droits d'auteurs des images illustrant cette entrée appartiennent probablement en totalité ou en partie au BIPM. J'espère qu'ils n'auront pas le mauvais goût de me reprocher de republier des images qu'on trouve de toute façon en ligne, notamment dans leur propre dossier de presse, pour essayer d'en analyser l'origine…)

Je conviens que l'exercice a quelque chose d'assez futile d'essayer de retracer toutes les images possibles du PIK et de chercher à savoir lesquelles sont « vraies »…

Notamment parce qu'il n'y a rien qui ressemble plus à un cylindre de platine iridié de 39mm de haut et 39mm de diamètre et dont la masse est presque exactement 1kg qu'un autre cylindre de platine iridié de 39mm de haut et 39mm de diamètre et dont la masse est presque exactement 1kg (la façon dont on évite de confondre les copies est que leur numéro est écrit dessus par une légère variation du poli ; mais le PIK lui-même, à la façon de l'Anneau Unique de Tolkien, n'a justement aucun marquage visible).

Et aussi parce que, de toute façon, si on me montre un machin qui a vaguement la bonne forme, je ne sais pas reconnaître à vue d'œil si c'est plausiblement un kilogramme en platine iridié : comme je l'avais écrit naguère, le « Kilogramme du Conservatoire de 1799 » exposé aux Arts et Métiers est une vulgaire copie (en inox, j'imagine) parce qu'ils n'ont pas les moyens de se payer une vitre blindée pour stocker un objet ancien en platine extrêmement précieux — mais si on ne me l'avait pas dit, j'y aurais cru. (Et d'ailleurs Wikimédia commons a une photo du machin, qui ne précise pas que c'est une copie : s'il y a quelqu'un qui veut chercher à clarifier ça, je l'y encourage, moi je ne veux plus éditer Wikipédia tant que je n'ai pas trouvé le temps de régler certaines merdes causées par HTTPS, et de toute façon je ne sais pas fournir de référence fiable puisque c'est juste quelque chose que j'ai entendu le jour où j'ai visité le musée.) Finalement, cela a-t-il vraiment de l'importance ?

À propos du PIK, Richard Davis du BIPM (qui est l'un de la poignée de gens qui ont vu de près, et sans doute manipulé le PIK) m'avait écrit :

There were no photos taken of the IPK during the extraordinary calibrations. Sorry to disappoint. The CGI image of the IPK in the Wikipedia kg article is better than any photo that we have of the real thing.

L'image de synthèse dont il parle est celle-ci. Néanmoins, je cette image de synthèse ne permet pas de se rendre compte de l'exactitude de cette description de 1888 que je citais dans une entrée précédente :

Le kilogramme a des arêtes assez vives et un poli moins parfait que celui des prototypes nationaux. Sur le plan supérieur, il y a, à 2mm environ du bord, des stries à bords mal définis, formant des parties de courbes concentriques, et qui proviennent évidemment d'un défaut de poli. Sur la surface cylindrique, il y a des stries verticales près du bord supérieur, et une piqûre à 1cm environ du bord inférieur, juste au-dessous de la strie la plus accentuée. Le plan inférieur présente des parties polies ou rayées qui paraissent provenir d'un glissement du kilogramme sur son support et auxquels correspondaient des raies analogues sur la lame de platine de son support.

Mais je ne pense pas qu'il existe une seule photo qui permette de confirmer cette description.

Donc oui, c'est peut-être un peu futile d'essayer de démêler le vrai du faux, et Umberto Eco doit rigoler très fort dans sa tombe en rêvant d'un trafic de faux étalons du kilogramme.

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(lundi)

Sur la redéfinition des unités SI : 3. la réalisation du kilogramme jusqu'à 2018

Cette entrée fait suite à celle-ci et celle-ci (et dans une certaine mesure celle-ci), même si je vais essayer de la rendre assez indépendante. Comme souvent, j'ai écrit un peu au fil de mes idées et sans plan précis, et j'ai essayé d'insérer des intertitres a posteriori pour rendre la lecture peut-être un chouïa moins indigeste.

☞ Le kilogramme (et le SI dans son ensemble) va être redéfini

Je me rends compte qu'il me reste à peine une semaine avant la 26e Conférence générale des Poids et Mesures qui doit voter, la résolution formelle de redéfinition du SI (et notamment, du kilogramme) ; je peux d'ailleurs signaler, pour ceux qui veulent regarder, qu'il y aura un webcast de cette partie de la conférence sur la chaîne YouTube du BIPM. (La redéfinition elle-même prendra effet le , date choisie parce que c'est le (12²)-ième anniversaire de la Convention du Mètre de 1875.) Donc si je veux parler du prototype international du kilogramme en écrivant au présent, il faut que je me dépêche !

Pour ceux qui veulent un contexte général sur la redéfinition du SI (pourquoi et comment et tout et tout), voici quelques liens : la page Wikipédia sur le sujet n'est pas mal, ainsi que cette page du NIST. Le BIPM (Bureau International des Poids et Mesures) a aussi édité un dossier de presse, qui est plutôt bien fait. Pour quelque chose d'un peu plus précis du point de vue technique, ces transparents d'un exposé de Martin Milton (directeur du BIPM) m'ont semblé très clairs ; voir aussi cette page Web avec quelques documents supplémentaires, dont le texte exact de la résolution. Il y a aussi une playlist YouTube avec toutes sortes d'explications. (Et pour ceux qui veulent vraiment entrer dans les détails techniques, le nº5 du volume 53 (2016) de la revue Metrologia a été spécialement consacré à la redéfinition du kilogramme.)

Je vous le fais en très bref : depuis 1889, le kilogramme (l'unité de masse du Système International d'unités) est défini comme la masse d'un objet, le prototype international du kilogramme (PIK dans tout ce qui suit), qui est enfermé dans un coffre-fort au sous-sol du bâtiment dit de l'observatoire du BIPM, dans le parc de Saint-Cloud, et dont j'ai raconté l'histoire dans les deux entrées citées ci-dessus (1 et surtout 2). Après 130 ans, il est temps de mettre cet objet à la retraite et de redéfinir le kilogramme pour qu'il ne soit plus la masse d'un artefact mais quelque chose qu'on peut dériver à partir des constantes fondamentales de la nature (en l'occurrence, la constante de Planck). Cette redéfinition s'inscrit dans une révision profonde du SI, et il n'y a pas que le kilogramme qui va être redéfini mais aussi l'ampère (unité de courant électrique), le kelvin (unité de température thermodynamique) et la mole (unité de quantité de matière) ; mais je m'intéresse surtout au kilogramme, même si je compte aussi parler de l'ampère (mais pas dans cette entrée-ci) et un petit peu de la mole. La seconde, le mètre et la candela (les trois autres unités de base du SI) ne changent pas du tout, mais leur définition va être éclaircie pour écarter certaines ambiguïtés de langage.

(J'espère qu'il va de soi pour tout le monde, mais ça va mieux en le disant, que la redéfinition fait tous les efforts possibles pour préserver la continuité des unités, c'est-à-dire que le nouveau kilogramme sera égal à l'ancien avec toute la précision que nos mesures actuelles sont capables de nous donner, et il en va de même de l'ampère — avec une petite subtilité sur laquelle je reviendrai —, du kelvin et de la mole. Par ailleurs, toute personne qui ne travaille pas dans un laboratoire de métrologie de haute précision est de toute façon totalement à l'abri de toute conséquence pratique de cette redéfinition.)

☞ Généralités sur la métrologie des masses

Mais mon but dans cette entrée n'est pas tant de parler de la redéfinition du SI que de l'état antérieur (i.e., actuel), notamment pour expliquer, justement, les soucis qui amènent à vouloir faire une redéfinition. Donc : une fois qu'on a défini le kilogramme comme la masse du PIK, et qu'on a fabriqué, comme raconté dans les épisodes précédents, ce cylindre de platine iridié d'environ 39mm qui a approximativement la masse de l'étalon précédent (le kilogramme des Archives, lequel avait à son tour approximativement la masse d'un litre d'eau pure), comment s'en sert-on ? Comment réalise-t-on effectivement le kilogramme ? Et quels sont les problèmes avec cette définition ?

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(vendredi)

Quelques impressions de Twitter

Je me suis inscrit sur Twitter il y a 111 jours, et pendant ce temps j'ai tweeté 797 fois (environ 58% en français et 42% en anglais), dont 217 fois de façon initiale (je veux dire pas en réponse à un autre tweet, qu'il soit de moi-même ou de quelqu'un autre), et je ne sais évidemment pas combien j'en ai lu. Le moment est venu de faire un petit bilan.

L'intérêt principal que je vo(ya)is dans l'utilisation d'une plate-forme de microblogging est l'obligation de brièveté : 280 caractères[#] permet généralement d'exprimer une idée ou un slogan, ou d'attirer l'attention, mais pas de développer. Autrement dit, côté écriture : me permettre d'écrire des choses courtes et m'obliger à le faire.

[#] Enfin, c'est un peu plus compliqué que ça, tous les caractères Unicodes ne sont pas égaux pour Twitter depuis qu'ils sont passés de 140 à 280. Disons qu'on a droit à 280 « unités », où chaque caractère compte pour deux « unités », sauf certains blocs qui comptent pour une seule « unité » par caractère : essentiellement, les langues alphabétiques (tous les blocs Unicode jusqu'à la fin du georgien, donc en gros : latin, grec, copte, cyrillique, arménien, hébreu, arabe, syriaque, thaana, n'ko, samaritain, mandéen, langues brahmiques, sinhala, thaï, laotien, tibétain, birman et georgien ; mais l'éthiopien, le khmer et le mongol, par exemple, ne bénéficient pas de ce privilège) plus une sélection bizarre de ponctuations (en gros : diverses espaces, les tirets et guillemets courbes et, allez savoir pourquoi, les primes ; mais les points de suspension comptent pour deux, ainsi que le point d'énumération, l'obèle et quelques autres caractères dans le coin). Voir ici pour ma source.

Évidemment, rien ne m'interdit d'écrire une entrée sur mon blog qui ne dépasse pas une centaine de caractères. Je l'ai déjà fait par le passé — quand je m'obligeais plus ou moins à écrire au moins une entrée par jour, on peut même presque dire que ce blog a commencé comme du microblogging. Mais je n'aime plus trop l'idée, et l'entrée la plus courte que j'aie écrite ces dernières 5 années ne tient pas dans un tweet. (J'avais envisagé de créer des entrées d'un type différent, présentées différemment, pour les contenus très courts, et c'est là que je me suis dit que j'étais trop flemmard pour coder ça, et que le mieux était en fait d'utiliser ce que tout le monde utilise, quitte à mettre en place une archive sur mon site. Dont acte.) Du coup, j'écris sur Twitter des choses que je ne mettrais pas trop ici. Par exemple, je pourrais éventuellement imaginer écrire une entrée dans mon blog pour cette série de petites définitions ou encore une réflexion comme ça voire une semi-blague comme ceci ; je l'imagine plus difficilement pour des blagues comme ça ou ça ou des petites râleries aléatoires comme ça ou des minuscules faits comme celui-ci.

Pour ce qui est de m'obliger à la concision, je pense que c'est un exercice intéressant, même s'il est parfois frustrant, d'être tenu à une limite de ce genre. (Cela permet d'apprendre à écrire tel père tel fils plutôt que conformément aux principes généraux de l'héridité, il est fréquent qu'on puisse facilement constater une similarité marquée entre un individu et sa progéniture naturelle — moi j'ai plutôt tendance à écrire la seconde phrase.) Ou, même si on décide de déborder d'un seul tweet en un « fil », de faire l'effort de les découper soi-même et de s'en tenir à une idée par message (comme ce que j'ai cherché à faire ici dans une sorte de « conversion » de cette assez longue entrée de blog).

Secondairement, partager des liens (par exemple comme ça) : avant de me créer un compte Twitter, j'envoyais un peu aléatoirement sur un forum à l'ENS ou par mail à telle ou telle personne, ou en message privé (souvent à mon poussinet) des liens vers un article que j'aurais trouvé particulièrement intéressant, une vidéo que j'aurais trouvée particulièrement débile, etc. Idée géniale : utiliser Twitter à la place de tout ça ; résultat : une possibilité supplémentaire. Mais bon, ce n'est pas un mal.

Et tertiairement, me permettre éventuellement d'interagir avec des personnes qui sont déjà sur Twitter, voire, interpeller telle ou telle compagnie ou institution qui se préoccupe de sa présence sur les « réseaux sociaux » (exemple).

Voilà pour le côté écriture. En lecture, je m'attendais essentiellement aux mêmes choses que ce que je comptais écrire, avec l'idée que je pourrais certainement suivre plus de gens sur Twitter que je ne pourrais raisonnablement lire de blogs ou quoi que ce soit. C'est partiellement vrai, mais c'est surtout en lecture que je ne suis pas content de Twitter (et je ne veux pas dire que c'est parce que tout le monde n'écrit pas des choses aussi géniales que moi…).

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