Vous êtes sur le blog de David Madore, qui, comme le
reste de ce site web, parle de tout et
de n'importe quoi (surtout de n'importe quoi, en fait),
des maths à
la moto et ma vie quotidienne, en passant
par les langues,
la politique,
la philo de comptoir, la géographie, et
beaucoup de râleries sur le fait que les ordinateurs ne marchent pas,
ainsi que d'occasionnels rappels du fait que
je préfère les garçons, et des
petites fictions volontairement fragmentaires que je publie sous le
nom collectif de fragments littéraires
gratuits. • Ce blog eut été bilingue à ses débuts (certaines
entrées étaient en anglais, d'autres en français, et quelques unes
traduites dans les deux langues) ; il est
maintenant presque exclusivement en
français, mais je ne m'interdis pas d'écrire en anglais à
l'occasion. • Pour naviguer, sachez que les entrées sont listées par
ordre chronologique inverse (i.e., la plus récente est en haut).
Cette page-ci rassemble les entrées publiées en
mars 2004 : il y a aussi un tableau par
mois à la fin de cette page, et
un index de toutes les entrées.
Certaines de mes entrées sont rangées dans une ou plusieurs
« catégories » (indiqués à la fin de l'entrée elle-même), mais ce
système de rangement n'est pas très cohérent. Le permalien de chaque
entrée est dans la date, et il est aussi rappelé avant et après le
texte de l'entrée elle-même.
You are on David Madore's blog which, like the rest of this web
site, is about everything and
anything (mostly anything, really),
from math
to motorcycling and my daily life, but
also languages, politics,
amateur(ish) philosophy, geography, lots of
ranting about the fact that computers don't work, occasional reminders
of the fact that I prefer men, and
some voluntarily fragmentary fictions that I publish under the
collective name of gratuitous literary
fragments. • This blog used to be bilingual at its beginning
(some entries were in English, others in French, and a few translated
in both languages); it is now almost
exclusively in French, but I'm not ruling out writing English blog
entries in the future. • To navigate, note that the entries are listed
in reverse chronological order (i.e., the most recent is on top).
This page lists the entries published in
March 2004: there is also a table of months
at the end of this page, and
an index of all entries. Some
entries are classified into one or more “categories” (indicated at the
end of the entry itself), but this organization isn't very coherent.
The permalink of each entry is in its date, and it is also reproduced
before and after the text of the entry itself.
[Ajout préliminaire : voir
aussi cette entrée bien ultérieure
où je parle également des histoires que j'écrivais autrefois, et de
comment je les ai écrites (et de Voleur de Feu, de ce qu'il signifie
pour moi, etc.).]
Quand j'étais petit (petit voulant dire jusqu'à 18 ans à peu
près), je me racontais des histoires. Je n'arrêtais pas ; même, il
m'arrivait souvent de parler seul, voire de jouer presque des pièces
de théâtre à moi tout seul. Des histoires dans le genre heroic fantasy ou space opera
(comment dit-on ces choses-là en français, d'ailleurs ?) en général
— mais pas forcément. Toujours passablement mêlées d'ésotérisme
et de symbolisme compliqués. J'en ai écrit quelques-unes, d'ailleurs,
comme ma série de romans Anderland (où
apparaît pour la première fois le nom de Ruxor), qui est
absolument illisible et incompréhensible parce que j'écrivais non pour
écrire mais pour me raconter ces histoires. En quelque sorte, il
s'agit d'un concentré de ce que j'avais dans la tête à l'époque, et ce
n'est donc pas facile à comprendre (même moi j'ai du mal). Ce n'est
que plus tard que j'ai commencé à me faire à l'idée que l'écriture
peut aussi avoir un autre intérêt que le récit d'une histoire
tarabiscotée ou l'étalage de métaphores ampoulées : qu'il peut y avoir
un travail de construction, de style, et encore d'autres choses ; en
même temps, j'ai laissé tomber mes tentatives de romancier pour
m'essayer (plus modestement ? peut-être pas) à la nouvelle (je pense
que la première que j'ai écrite a été celle-ci), voire au fragment.
La dernière fois que j'ai vraiment joué au démiurge, c'est en
écrivant La Larme du
Destin. Je dis démiurge, parce que c'était vraiment
un monde que je créais — Anecdar — et pas seulement un
récit. Un monde qui a une histoire, une géographie, des langues, des
peuples et des relations entre eux, que sais-je encore ? (C'est sans
doute aussi à ma propre relation à l'écriture que je pensais quand
j'ai produit cette petite nouvelle qu'est l'Histoire de la Propédeutique
à la Reine des Elfes.) Je ne dis pas que j'ai été très
doué pour cette création, mais j'y ai mis beaucoup d'efforts : j'ai
fait des calculs invraisemblables de mécanique céleste juste pour
placer une éclipse au bon moment dans mon histoire et pour écrire une
scène où les personnages regardent le ciel, j'ai créé des dynasties
d'Empereurs juste pour que mon Quentin II ne sorte pas de nulle part,
et ainsi de suite. Le livre ne montre qu'un tout petit bout de ce
monde. Pourtant, avec tout ça, le roman est, il faut le dire, bien
médiocre (malgré quelques trouvailles intéressantes, c'est surtout une
naïveté presque enfantine qui me frappe quand je le relis
aujourd'hui ; mais au moins il est assez compréhensible, contrairement
à Anderland).
Peu importe que le roman ne soit pas à la hauteur : le monde, lui,
est à moi, Anecdar est ma création, un univers où mon imagination
pourra toujours se réfugier, et je l'aime. Encore maintenant il
m'arrive d'y repenser, car je ne l'ai pas complètement abandonnée
— heureusement, car quoi de plus triste qu'un monde que son
créateur a déserté ? — et, parfois, avant de m'endormir, quand
je laisse mon esprit vagabonder, je vais faire un tour entre les
canaux et les tours de la ville de Tekir pour y retrouver des
créatures familières.
Parmi les (très nombreux) personnages qui l'habitent, il y en a un
qui a ma préférence : c'est celui qui porte le nom qui définit
Prométhée : Voleur de Feu. (Il a un vrai nom à côté de
ce surnom, mais pour l'apprendre on doit lire le livre jusqu'au bout.
Na.) En fait, Voleur de Feu est mon prince charmant, le grand amour
de ma vie (ça y est — mes analystes préférés vont me
diagnostiquer des névroses compliquées parce que je tombe amoureux des
personnages de mes histoires). J'ai écrit le roman à une époque où je
ne révélais pas que j'étais homosexuel, et même le dire d'un
personnage littéraire aurait été suspect, alors il faut le lire entre
les lignes (plus tard j'ai pu me rattraper en écrivant par exemple ce conte de fée, dont les héros
ont plus de chance en amour, d'ailleurs, que Voleur de Feu, lequel
finit par un mariage de complaisance avec la princesse Invar).
J'ai toujours cru à la réalité des personnages de fiction, tant
pour leurs auteurs, dont ils font partie, que pour leurs lecteurs que,
bons ou mauvais, ils accompagneront toujours. Quelque part, donc,
Voleur de Feu existe, et c'est assez frustrant de ne pas pouvoir
le rencontrer dans ce monde-ci, parce qu'il est toujours si proche de
moi.
Allez, je crois que je vais me coucher, et rendre une petite visite
à Tekir pour l'y retrouver.
Je me suis levé ce matin (je veux dire, mardi matin, le matin
dernier) vers 6h et des poussières, et je vais me coucher vers 8h et
des poussières, vingt-six heures plus tard. J'ai dormi deux heures la
nuit dernière, je n'ose imaginer combien je vais en dormir
maintenant.
La raison de mon lever matinal, c'est que j'ai donné mon premier
TD de soutien en licence de maths pures à Orsay (je vais
faire six telles séances de deux heures pour finir ma charge
d'enseignement pour l'année). J'ai donc passé deux heures à expliquer
à quatre charmantes jeunes filles (c'est amusant, au premier semestre
en DEUG MIAS je n'avais que des
garçons et là je n'ai eu que des filles) les subtilités de la
décomposition en éléments irréductibles dans un anneau principal.
Ensuite, je suis passé dire un petit coucou à mon directeur de
thèse et lui expliquer que peut-être il y a un espoir que mes six-huit
derniers mois de recherches ne sont pas irrémédiablement foutus (si la variété
X³+Y³+Z³+t(U³+αV³)=0
a le bon goût d'être plus sympathique que
X³+Y³+Z³+tU³+t²V³=0
du point de vue de ce que je veux en faire, comme un calcul sommaire
semble montrer que cela pourrait être le cas).
Après ça je ne sais pas comment j'ai passé le reste de ma journée.
Le mystère des heures perdues, c'est qu'on ne sait pas où elles vont.
Je sais que ça a terminé par un bon nombre de parties d'Arcanoïd.
I am currently going through reading Noam Chomsky's (rather massive)
book Understanding
Power, which is a sort of compendium of all of his
political thought.
For those who don't know Chomsky, he is a professor of linguistics
at MIT, the inventor in 1956 of
“context-free grammars” (which are of paramount importance
in modern computer science) and generally speaking an important
contributor to the field of structural linguistics (and, incidentally,
psychology); he is also well known for his political writing and
activism: his views, which are markedly left-wing, could be described
as libertarian socialist (or left-anarchist). Chomsky
has been described (in an article in The New York Times,
which is ironic given the amount of criticism that he has thrown at
the Times) as arguably the most important intellectual
alive, and I think this isn't unreasonable.
I started reading with the certitude that, since it would be
essentially an act of “preaching to the choir” (with me as
the choir), I wouldn't learn much. Wrong! I have never found a book
so astounding as Understanding Power. Essentially, the
editors have taken the transcripts of various colloquies and
interviews given by Chomsky (from the eighties to the current day),
slightly edited them and organized them topically. So one can read it
small portions at a time, or skip directly to this or that subject.
All of it is fascinating.
The title is no lie: it is indeed about understanding the game of
power, in other words, international politics—generally the
United States' role in international politics and the reason behind
their actions. Chomsky denounces the official propaganda and explains
the real motivations of the powers that be. He brings it all
under a new and very different light, and it's simply amazing how much
sense it all makes. Even if one does not always agree with all of the
(often provocative) theories presented there, the hard facts
that he presents are stupefying, and the amount of important events
that were simply silenced by the mainstream press is frightening.
Because Chomsky never talks aimlessly or theorizes about nothing: his
assertions are always backed by ample evidence, easily verifiable at
that, and it's wonderful to see how well-documented his explanations
about any given topic can be. Nobody else comes even close to being
half as erudite about current international affairs as Noam Chomsky.
But the really marvelous thing is that all of what he writes remains
completely understandable and very easy to read: no matter how expert
his reasoning, it is always perfectly readable and entirely clear. As
he keeps saying, the facts are there for anyone to see. This is also
the reason why Chomsky can't be considered what might be called a
conspiracy theorist: he doesn't claim that any of it is secret,
it is in fact quite open for anyone to see, it's just that people
won't look—and he also dismisses some of the blatant conspiracy
theories which might superficially seem to fit the facts.
So, really, I cannot recommend it too warmly: if you have any
interest in international affairs, buy and read this book. But if you
can't be bothered to, at least try reading Chomsky's blog, Turning the
Tide (I've just learned of its existence, so I cannot say
how interesting it is, but judging from all that I've ever read by
Chomsky, I don't think it should be disappointing).
Si je ne me suis pas trompé dans mes
calculs, la répartition en sièges du nouveau Conseil régional
d'Île-de-France sera la suivante :
Département
Paris
S.&M.
Yve.
Ess.
H.d.S.
S.St.D.
V.d.M.
V.d'O.
TOTAL
Liste
75
77
78
91
92
93
94
95
Huchon
26
15
16
15
16
14
15
13
130
Copé
13
7
10
7
11
4
6
6
64
Le Pen
2
3
2
2
1
2
1
2
15
TOTAL
41
25
28
24
28
20
22
21
209
Le site Web du Conseil
régional d'Île-de-France donne des chiffres différents (129
conseillers pour la liste Huchon et 16 pour la liste Le Pen), mais je
suis sûr que ce sont eux qui se trompent. Ils (c'est-à-dire
vraisemblablement des webmasters un peu hâtif) n'ont pas correctement
appliqué l'article L338
du Code électoral : tel que je le lis, la prime à la majorité est
de 53 sièges pour la liste Huchon, et les 156 sièges restants sont
attribués en 77+64+15 aux trois listes pour reproduire à la
proportionnelle les 1922546+1593559+395481 voix exprimées pour ces
trois listes ; au final, cela fait 130 sièges pour la liste Huchon, 64
pour la liste Copé, et 15 pour la liste Le Pen. Heureusement, les
lecteurs du blog de David Madore sont informés des chiffres
corrects.
Bon, j'observe en fait que les résultats en sièges
(mais pas joliment tabulés comme ça, département par département) sont
aussi sur le site du ministère
de l'Intérieur. Apparemment mes calculs étaient corrects.
Je m'abstiens en général de parler de politique (pour toutes sortes
de raisons : parce que ce blog est hébergé — très officieusement
— par une institution publique qu'est l'ENS, notamment, et aussi
parce que je ne crois pas avoir grand-chose à dire d'intéressant ou se
significativement différent de ce que d'autres savent dire bien mieux
que moi). Je me contenterai de faire sobrement remarquer que je ne
suis pas mécontent du résultat de ces élections locales, notamment
parce que les candidats pour qui j'ai voté ont été élus (s'agissant
des cantonales, je précise que je vote chez mes
parents).
Je ne suis pas très content, en revanche, de la raison de
ces résultats : globalement, je trouve lamentable l'idée du « vote
sanction », et je trouve qu'il y a un vrai problème au fait que
l'équipe au pouvoir s'érode systématiquement dans les sondages et
tende à perdre les élections. Certes, il y en a qui deviennent
impopulaires plus vite que d'autres, mais le fait qu'aucun
gouvernement ne gagne jamais en popularité au cours de son
mandat me semble signifier que les citoyens ont des attentes
déraisonnables des pouvoirs publics (si ces attentes étaient
raisonnables, quelqu'un aurait bien fini par y répondre, à moins qu'on
croie à une théorie du complot particulièrement raffinée). Avoir des
opinions politiques de droite ou de gauche, c'est bien, et on peut
même avoir des opinions différentes sur le plan national et régional,
d'ailleurs ; changer d'avis, ce n'est pas forcément mal — mais
en changer à chaque élection pour systématiquement voter contre le
gouvernement au pouvoir, c'est une connerie. Or il me semble
que le gouvernement actuel, qui est si impopulaire, il n'est pas tombé
du ciel : il est là parce que des gens ont voté pour lui, et
je ne parle pas des présidentielles qui ont été un peu particulières
mais bien des législatives qui ont suivi, qui ont été claires ; il me
semble que le gouvernement en question, aussi, applique à peu près le
programme qu'il avait annoncé dès le début, et qu'en tout cas on
pouvait prévoir qu'il mènerait. Il y a donc dans ce pays — ce
n'est pas une surprise, ni une nouvelle — des gens parfaitement
inconséquents et qui ne savent pas ce qu'ils veulent : ils devraient
consulter un manuel quelconque de théorie politique pour apprendre ce
que sont les grandes tendances politiques et pour se faire une idée
qui ne change pas au gré du vent. Les hommes politiques ne peuvent
pas leur dire qu'ils sont des cons, parce que s'ils leur disent ils
perdent des voix, mais je m'étonne que personne n'ait le
courage de le leur annoncer clairement. Ce soir, les cons ont émis
leur voix dans la même direction politique que moi : finalement, je
ne sais pas si je devrais être si content que ça.
On dit souvent — et avec justesse — qu'on
ne visite jamais aussi mal une ville que quand on y habite soi-même.
Muni de cet adage, et profitant du beau temps, je suis allé visiter
cet après-midi le cimetière du Père Lachaise en compagnie de Davide,
Michel (une connaissance commune), et Niccola (Parisien seulement pour
quelques mois, qui héberge Davide lors de son bref passage en France,
et qui nous a servi de guide parce qu'il connaissait nettement mieux
que nous autres les endroits où se trouvaient les choses à voir).
Ci-contre, Niccola, Michel et Davide (dans cet ordre de gauche à
droite) admirant le tombeau d'Oscar Wilde ; les traces sombres sur la
face de la pierre ne sont pas des taches mais des marques de baisers
(pour lesquelles cette tombe est célèbre) ; il y avait aussi une assez
émouvante lettre (en allemand) adressée au poète, posée sur le rebord
(sous la bougie jaune qu'on voit sur la photo).
On ne le sait pas toujours, mais si Oscar Wilde a fini sa vie dans
la misère (même si celle-ci a probablement été exagérée par les récits
ultérieurs qui en ont été faits), c'est aussi qu'il avait été
abandonné par tous et notamment par les intellectuels de l'époque qui
auraient pu le soutenir. Lorsque Wilde était en prison à Reading,
l'anarchiste américain installé à Paris Stuart Merrill tenta d'obtenir
le soutien de grands écrivains français dans une pétition adressée à
la reine Victoria en faveur de Wilde : à l'exception d'Octave Mirbeau,
aucun de ceux qui allaient peu après soutenir Dreyfus ne se montra
prêt à se mobiliser pour leur confrère, pas même Émile Zola qui,
pourtant, avait fait quelques années auparavant la connaissance de
Wilde et avait pu apprécier l'éclat de sa conversation. We are all in the gutter, but some of us are looking at
the stars.
J'avais le choix, ce soir, entre trois groupes pour sociabiliser :
soit aller au buffet mensuel de >Dégel! (qui a lieu le dernier
vendredi de chaque mois), soit rejoindre la réunion (le
« Glou », comme ils disent) des parisiens d'Orkut, soit retrouver des copains normaliens qui faisaient un dîner dans
un restaurant mexicain. Grave dilemme : j'aime bien les gens de
>Dégel!, mais je les vois quasiment tous les vendredis, je ne suis
pas trop fan d'Orkut, mais ça peut être l'occasion de rencontrer en
vrai de nouvelles têtes, quant aux normaliens je les connais déjà
bien, mais il y en avait un ou deux de passage exceptionnellement à
Paris. J'ai bien failli n'aller nulle part, en fait, plongé dans mes
peines informatiques. Mais
finalement j'ai décidé de ne pas déroger à mes petites habitudes et
d'aller à >Dégel! (ce n'est pas non plus comme si les deux autres
événements étaient exceptionnels : chacun se reproduira dans un avenir
pas trop lointain).
Bien m'en a pris, parce que j'ai eu la très heureuse surprise d'y
trouver Davide, l'ami italien dont
j'avais fait la connaissance alors qu'il était en stage Erasmus
en France, et que je n'avais pas vu depuis bientôt trois ans (1007
jours, pour être très précis). (Ceux qui ont vu le merveilleux film
L'Auberge
espagnole de Klapisch comprennent pourquoi il est important
de préciser étudiant Erasmus.) Il est à
Paris pour seulement quatre jours, pour assister à un congrès de
psychanalyse, et c'est la première fois qu'il y repasse depuis l'été
2001 : heureusement, donc, que je ne l'ai pas raté !
J'aime beaucoup lorsque resurgissent dans ma vie des gens connus
autrefois, et perdus de vue entre temps. Le mois dernier, d'ailleurs,
j'ai revu un copain de classe de première, qui m'a retrouvé grâce à la
magie de Google (comme quoi il
est utile de ne pas être anonyme sur le Web).
Ça fait du bien d'avoir à nouveau un clavier qui marche, avec une
vraie touche entrée et pas une touche « enter lock » comme j'avais ces
derniers temps. Un Qwerty US, bien sûr : je ne supporte
pas les Azerty (oui, je sais, un clavier Azerty en vaut deux…
elle est très mauvaise), dont je n'ai jamais compris l'intérêt (même
pour taper du français c'est peu commode : juste essayez de produire
un E accent aigu majuscule sur un clavier Azerty). J'ai eu peur, en
regardant l'emballage, qu'on m'ait refilé un Qwertz (c'est ce qui est
dessiné sur la boîte), mais en fait c'est bien un vrai
Qwerty US.
(D'accord, je tape de toute façon en Qwerty, même si le clavier est
Azerty, je le configure comme un Qwerty. Mais ensuite ça trouble
profondément les gens à qui je prête mon ordinateur.)
À part m'acheter un clavier, aujourd'hui, j'ai dîné, avec mes
parents et Gordon et Margie Fain (des amis de longue date) dans un
très bon restaurant : Les Petites Sorcières,
12 rue Liancourt, dans le 14e. Je recommande. (Menus autour de
20€, soit environ le prix d'un clavier Qwerty.)
Ce soir je suis allé voir Immortel,
le nouveau film d'Enki Bilal, à l'UGC
de Bercy, avec Cossaw, pour me détendre
un peu de mes crises de nerfs
informatiques. C'est visuellement vraiment magnifique (même si
c'est parfois un peu poussé sur le sordide, comme j'ai l'impression
qu'Enki Bilal a tendance à faire), et c'est très poétique, parfois
gentiment humoristique aussi. Mais alors surtout, si vous comptez y
aller, n'essayez pas de comprendre quoi que ce soit à l'intrigue : il
n'y a tout simplement rien à comprendre, et il y a énormément de
questions qui restent sans réponse (qu'est-ce que c'est que l'intrusion zone et à quoi et à qui sert-elle et
pourquoi est-elle dangereuse ? d'où vient Jill, finalement ? et qui
est John ? pourquoi Horus a-t-il été condamné ? pourquoi les dieux
stationnent-ils leur pyramide au-dessus de New York ? que veulent au
juste Eugenics, et que font-ils ? qu'est-ce que sont les
niveaux dans la ville ? quels sont les rapports entre les
humains et les non-humains, et d'où viennent ceux-ci ? quel était le
crime de Nikopol ? à quoi est due sa libération anticipée si
opportune ? qui est le serial killer ? — et j'en
passe…).
La petite question naze du moment : est-ce que la langue que
parlent Horus, Anubis et Bastet dans le film est vraiment de
l'égyptien ancien ? (Je pourrais poser aussi la question,
accessoirement, de la langue qui est parlée dans Stargate.)
J'avoue que ça a une classe certaine : parler latin, c'est rigolo,
parler grec ancien, c'est nettement mieux, mais égyptien ancien, c'est
carrément barbot. Mise à jour
(2004-04-04T02:40+0200) : Quelqu'un que je connais (merci, Liguori !)
a posé la question à Enki Bilal lui-même ; la réponse est qu'il avait
un livre sur l'egyptien ancien et a bidouille lui-meme un truc potable
a partir de ca… C'est donc bien de l'egyptien ancien, mais a la
sauce Bilal (en particulier avec les noms de dieux en anglais).
So I've begun the full reinstallation
of my computer system under Debian GNU/Linux
(“Sarge”). I did realize
it might be no fun, but in my deepest nightmares I had not foreseen
how bad it would turn out. Or rather: I think I had more or less
correctly assessed the amount of work it would be—weeks of
it—but I had not considered the fact that I could not
afford to wait for entire weeks to have a usable system. Maybe I
should have set things up to be able to dual boot under the old system
or the new one while the latter was being configured, which would then
have made it possible for me to take my time at it; but as such, I
have to work fast, because there are plenty of things for which I
direly need a working system, and for the moment I do not
have it.
I won't go through the detail of all the problems I've encountered.
It took me all day yesterday, staying up until 6AM, to
get a bootable system with a reasonably correct network configuration
(it is true that my network setup is a bit baroque). The fact that
the Debian Sarge snapshot CD was quite buggy did not
help. Today, I spent all day trying to get a decent graphical
environment and desktop—with partial success. In principle this
should take minutes: in practice, hours were wasted getting my
USB trackball to work (all right: the fact that I have a
trackball and a mouse attached to the computer might have
made it a bit more difficult than necessary), until I understood that
the mousedev module had to be loaded (not just
hid, input and possibly
usbmouse). More hours were wasted working through the
stupidity of the Gnome desktop
policy decisions: understanding, for example, how to replace the
entirely worthless but now default Metacity
window manager by the acceptable Sawmill, and then how to
work around a stupid limitation of Gnome by adding the cryptic line
(define-special-variable viewport-dimensions '(3 . 3)) to
my .sawfishrc file. (Needless to say, there is
absolutely no kind of documentation anywhere that tells you to add
this line, or why you need it.)
I think from now on I'll urgently discourage people who ask me for
advice from trying Linux. Basically the problem is this: Linux (I
mean the whole program suite included in a given distribution, not
merely the operating system or the kernel) is really powerful insofar
as it is highly configurable. Incredibly configurable, in fact. But
once one starts customizing the penguin to one's tastes, one becomes
accustomed to this specially tailored configuration and one can't live
without it: and since any upgrade is liable to break bits and pieces
of configuration and force one to rewrite whole configuration files,
one can waste an unimaginable amount of time on it.
Basically, I'm on the verge of a nervous breakdown.
Update (2004-03-24T28:02+0100):
On the other hand, I can now re-enable the comments system, which
turned out to be comparatively easy to upgrade (to Apache 2.0.48 and PostgreSQL 7.4.2).
C'est bien une des premières leçons que, comme sans doute beaucoup
de pédés, j'ai dû apprendre dans la vie affective : quelque chose
comme 95% de la population (masculine — enfin, féminine aussi,
mais c'est la première qui m'intéresse en l'occurrence) est
hétérosexuelle, et le fait qu'un garçon soit joli et charmant, de
compagnie agréable et amical avec moi, ne signifie pas que j'aie la
moindre chance[#]. Il n'y a pas
de promesse des cieux, et personne n'a jamais dit que la vie devait
être juste. Depuis le temps, je l'ai bien compris, je crois, et j'ai
appris à vivre avec ; reste que c'est un peu agaçant de devoir subir
des piqûres de rappel de temps en temps.
Allez ! C'est le printemps ! Vive la vie !
[#] Bon, je n'ai
pas de chance avec les pédés non plus, mais ça ça a été la
deuxième leçon, bien plus tard, et je n'ai toujours pas fini
de l'apprendre, celle-là, donc n'en parlons pas.
J'ai rêvé que Chirac décidait de dissoudre l'Assemblée nationale,
devenait ainsi immensément populaire en mettant à la porte le
Gouvernement, se faisant des ennemis mortels de la droite comme de la
gauche (laquelle, placée sans préparation devant la nécessité de
gouverner, ne savait trop que faire) et assurant sa réélection en
2007.
La soirée avait commencé par quelques parties d'Arcanoïd, et, à force de
discussion intéressante avec des gens passionnants, c'est devenu une
nuit blanche. Je n'aime pas rentrer pour me coucher alors que le
soleil illumine le ciel bleu d'une superbe matinée, mais il me faut
vraiment dormir. Il est 33h (c'est-à-dire 9h du matin, le 22).
(samedi) · Équinoxe de Printemps (2004-03-20T06:48:34.08Z) · Nouvelle Lune
Un peu d'éducation civique
Demain, une quarantaine de millions d'électeurs français sont
appelés aux urnes pour renouveler les conseils régionaux et (en
partie) les conseils généraux. Comme apparemment tout le monde n'est
pas très au courant de ce pour quoi on vote ou comment se passe le
scrutin, voici un petit crash-course sur le sujet
pour les lecteurs concernés de ce blog.
La France est divisée en vingt-six régions (vingt-deux en France
métropolitaine, dont la Corse qui a un statut un peu spécial juste
pour embêter tout le monde, et quatre régions en outremer) qui
regroupent ses cent départements (quatre-ving-seize en France
métropolitaine, et quatre en outremer). Chaque région est dotée d'un
conseil régional (sauf la Corse où il y a à la place l'assemblée de
Corse, mais à part le nom personne ne doit connaître la différence
avec un conseil régional). Ces conseils sont élus pour six ans.
Chaque département est doté d'un conseil général (sauf Paris, dont le
conseil de Paris fonctionne à la fois comme conseil municipal et comme
conseil général), élu également pour six ans mais renouvelable par
moitié tous les trois ans. (Noter qu'il ne faut pas confondre ces
différents conseils, qui sont des collectivités locales, avec les
représentants de l'État dans les régions et départements, c'est-à-dire
les préfets de régions ou commissaires de la République, et les
préfets.)
Le mode d'élection des conseils est très différent. Les conseils
régionaux sont élus sur un scrutin de liste sur l'ensemble de la
région, c'est-à-dire que tous les électeurs de la région choisiront
une liste parmi un certain nombre proposées, toujours les mêmes dans
la région. La répartition des sièges entre les listes est faite à la
proportionnelle avec un certain nombre de complications (dont une
prime de 25% à la majorité). Les conseils généraux, eux, sont élus
par un scrutin uninominal par cantons (d'où le nom de
cantonales donné à ces élections où on élit un conseil
général dont le pouvoir est départemental —
vous suivez ?). C'est-à-dire que chaque canton du département (qui
correspond à une ou un petit nombre de communes) va élire un membre du
conseil général, tout à fait indépendamment des autres. Mais comme on
renouvelle chaque conseil général par moitié, seule la moitié des
cantons de chaque département vote, demain. Chacun de ces deux
scrutin est à deux tours : ce qui veut dire que demain on votera (dans
la moitié des cantons) à la fois (mais séparément) pour les
régionales et pour les cantonales, et pareil le dimanche
suivant (exception faite des cas où un second tour n'est pas
nécessaire).
Voyons un peu plus en détail, en commençant par les régionales. Le
scrutin est à deux tours, donc : un second tour aura lieu sauf si une
liste obtient la majorité absolue des voix dès le premier tour.
Peuvent se maintenir au second tour les listes ayant obtenu au moins
10% des suffrages exprimés au premier tour (ainsi, éventuellement, que
les deux premières listes même si elles ne vérifient pas cette
condition) ; celles ayant obtenu au moins 5% des suffrages exprimés
peuvent fusionner (librement) avec d'autres listes qui se
maintiennent ; c'est également le seul de 5% au premier tour qui est
nécessaire pour être représenté au conseil régional dans le cas où il
n'y a qu'un seul tour. Pour répartir les sièges, on commence par
attribuer 25% (arrondi à l'entier supérieur) des sièges du conseil à
la liste ayant obtenu le plus de voix au tour final : c'est la
prime à la majorité ; le reste des sièges est réparti entre les
listes (toutes les listes au second tour, ou seulement celles ayant
obtenu au moins 5% des voix s'il n'y a eu qu'un tour) par la méthode
de la proportionnelle selon la règle de la plus forte moyenne.
Ce terme signifie qu'on commence par répartir les sièges
proportionnellement au nombre de suffrages exprimés, en arrondissant à
l'entier inférieur ; et pour répartir les sièges qui restent, on les
considère tour à tour et, pour chacun, on divise le nombre de voix de
chaque liste par le nombre de sièges déjà attribués à la liste en
question (parmi ceux qui sont répartis à la proportionnelle) plus
un et on attribue le siège à la liste ayant la plus forte
moyenne ainsi formée. La prime à la majorité sert à stabiliser
l'exécutif régional : il suffit à la liste de tête d'avoir le tiers
des suffrages exprimés pour avoir la moitié des sièges au conseil
régional (25% de prime, plus le tiers des 75% restant) et donc pouvoir
élire un président capable d'appliquer son programme, et cela sera
donc nécessairement le cas s'il n'y a que trois listes (ou moins !) au
second tour. La méthode de la plus forte moyenne est simplement une
façon équitable de répartir les restes (et elle possède des propriétés
mathématiques intéressantes, mais il n'est pas utile de rentrer dans
ces détails).
Mais ce n'est pas la fin des subtilités ! Une fois le nombre de
sièges de chaque liste déterminé, il faut encore savoir qui siègera
effectivement au conseil. Normalement, dans une élection à la
proportionnelle, cela se fait simplement en prenant les premiers de la
liste. Mais ici les choses sont plus compliquées : les listes sont
divisées en sections départementales (une pour chaque
département de la région), et si une liste doit bénéficier de
n sièges, plutôt que de prendre les n premiers,
on répartir ces n sièges entre sections départementales
proportionnellement au nombre de suffrages exprimés dans les
différents départements (et, de nouveau, avec la règle de la plus
forte moyenne). Cela fait que si le département X vote
plutôt pour la liste A et le département Y pour
la liste B, les élus de la liste A seront plutôt
ceux de la section départementale du département X, et ceux
de la liste B ceux de la section départementale
Y de cette liste. (Soit dit en passant, on a un petit
problème avec le nombre de candidats : si jamais dans une région un
département devait voter massivement pour une certaine liste tandis
que tous les autres départements s'abstenaient massivement, il n'y
aurait pas assez de noms sur la section départementale de la liste en
question pour remplir tous les sièges. Espérons que ce cas ne se
produira pas !)
Pour les conseils généraux, heureusement, les choses sont plus
simples (mais le scrutin est aussi sans doute fondamentalement moins
juste) : chaque canton élit un conseiller général (plus un suppléant).
Le bulletin ne porte qu'un seul nom. Un candidat peut être élu au
premier tour s'il a obtenu la majorité absolue des suffrages, et sinon
il y a un second tour de scrutin entre les candidats pour qui ont voté
au moins 10% des inscrits (y compris les deux premiers candidats à
l'issu du premier tour, même s'ils ne vérifient pas cette
condition).
(samedi) · Équinoxe de Printemps (2004-03-20T06:48:34.08Z) · Nouvelle Lune
Comment font les gens qui ont un glaucome ?
La petite réflexion débile de la journée :
Je lis toujours très attentivement les notices des médicaments. Et
je trouve stupéfiant la fréquence avec laquelle le glaucome apparaît
dans la rubrique des contre-indications. On pourrait croire que
pratiquement tous les médicaments (exceptées les pommades et autres
produits à usage externe) sont contre-indiqués en cas de glaucome
(parfois il y a la précision par fermeture de l'angle). Je me
demande comment font pour se soigner les gens qui en souffrent.
Bizarrement, il semble que l'effet du médicament soit assez peu
important pour cette contre-indication : même des produits d'effets
moralement « opposés » peuvent être à la fois concernés. Encore plus
bizarrement, les insuffisances rénales ou hépatiques (et là je
comprends parfaitement pourquoi c'est un problème) figurent moins
couramment que le glaucome dans les listes de contre-indications.
Je suis toujours malade (et
totalement dans les vapes la plupart du temps). J'ai en plus un
énorme aphte à la langue (c'est la première fois que j'ai ça sur la
langue), ça fait mal quand je mange (même quand je bois). Le temps se
dégrade déjà, c'est dommage. Dimanche je rentre chez mes parents (à
Orsay) pour voter
(c'est là que je suis inscrit sur les listes électorales) ; ça fait un
moment que je ne les ai pas vus. Mon PC est en train de
télécharger la Debian, il en est
à la lettre “p”. Je viens de passer une soirée sympa avec
des copains. Aujourd'hui je me suis encore levé très tard. Il y a
des andouilles qui s'amusent à laisser des messages idiots sur mon
répondeur (de mobile) en ce moment. Bientôt je vais donner des
séances de TD de soutien en licence de maths pures (à
Orsay). J'oubliais : j'ai encore perdu mon parapluie.
Mes fragments littéraires gratuits
ont tous plus ou moins en commun le fait qu'il s'agit de fragments de
récits. Mais on peut imaginer des fragments d'autres choses. Voici
une petite incursion dans cette direction.
Toute tentative de reconstitution historique est intrinsèquement
hasardeuse, surtout lorsque les traditions, légendes et interpolations
tentent de remplir les zones d'ombre du passé et en viennent à se
fondre avec lui. S'agissant d'un personnage dont on ne peut pas
écrire une phrase sans alimenter une polémique, les difficultés sont
extrêmes. Que dire, dans ces conditions, de la vie du Libérateur
lui-même ? Comment oser parler de lui ? Les plus sages ne s'y sont
pas risqués ; prudence qu'un grand historien du siècle dernier (il
s'agit d'Alix Weintag, qui s'exprime ainsi dans ses
Mémoires) résume de la façon suivante : Il nous est
tout simplement impossible de concevoir ce que pouvait être la vie
dans les provinces sous le règne de Cléon VII, encore moins d'imaginer
comment le nom de Jasper a pu désigner un endroit reculé, une région
sous tutelle aux frontières de l'Empire, bref un lieu quasiment
inconnu. Le Libérateur est le prisme au travers duquel nous voyons
toute l'Histoire : mais nous ne pouvons pas examiner le prisme
lui-même. Si tentant qu'il soit de chercher à savoir ce que sa propre
vie a pu être, cela ne saurait être qu'extrapolation et fiction
— laissons ce travail à l'écrivain et non à l'historien.
Fools rush in where angels fear to tread :
nous espérons que ce n'est pas par cet adage que le présent travail
sera jugé. L'auteur croit justement tenir sa légitimité du fait qu'il
n'est pas historien, et que sa démarche n'est pas celle d'un
historien et ne prétend pas l'être. Les plus prudents, donc, pourront
lire notre tentative comme une pure fiction, et la juger pour sa
valeur littéraire seulement.
Mais ce que nous souhaiterions avant tout, c'est que le point de
vue exposé ici (et le débat enflammé que notre thèse engendrera
inévitablement) incite les historiens, soit pour le confirmer soit
pour l'infirmer, à braver leur peur du prisme, à opposer leur
audace aux conseils du vieux Weintag, et à admettre enfin le
Libérateur comme un sujet d'étude légitime.
Pour en arriver là, il nous faut donc remonter le temps. Nous
sommes à la fin du dix-huitième millénaire, et la dynastie des
Zerniens se tarit — elle n'en finit pas de se tarir.
Technical note: system reinstallation ⇒ comments might break
[Traduction française ci-dessous.] I am slowly
beginning the preliminary phases to a complete reinstallation of my
computer system (under Debian). I
expect the full operation to take weeks—if not months—of
hard work. One of the visible consequences is that the comments
system on this blog (which is hosted on my PC, contrary
to the blog itself which is on the students' server of the
ENS) will be broken from time to time.
[French
translation of the above.] Je commence lentement les phases
préliminaires d'une réinstallation complète de mon système
informatique (sous Debian). Je
m'attends à ce que l'opération complète prenne des semaines —
sinon des mois — de travail acharné. Une des conséquences
visibles sera que le système de commentaires de ce blog (qui est
hébergé sur mon PC, contrairement au blog lui-même qui
est sur le serveur des élèves de
l'ENS) sera cassé de temps en temps.
Dans la nuit d'hier à aujourd'hui, j'ai très mal dormi à cause de
mon rhume. Je me suis péniblement
réveillé vers 11h, levé vers 12h, et préparé vers 13h.
J'ai eu la très mauvaise idée de vouloir changer mon filtre à spam
sur mon compte mail à l'ENS (là où je reçois mon
courrier, donc). Il faut dire que j'utilisais une succession peu
maniable de SpamAssassin et SpamProbe ; j'ai opté
pour BogoFilter à la
place, un autre filtre « bayesien » qui a l'air plus simple et plus
rapide à l'exécution que SpamProbe (et peut-être juste un peu moins
fiable pour la classification spam/ham) et qui devrait consommer des
quantités d'espace disque moins monumentales. Mais évidemment, ce
genre de changements ne se fait pas en la minute — j'y ai passé
à peu près tout l'après-midi (ou ce qu'il en restait). Et le temps
que le nouveau filtre ait « appris à reconnaître » (je mets des
guillemets, mais c'est bien de cela qu'il s'agit) le spam du ham, je
vais devoir supporter de voir pas mal de spams dans ma boîte aux
lettres ; ceci dit, il apprend vite, j'ai déjà 88 spams qui y sont
partis contre 37 sur lesquels il n'était pas sûr (en revanche, il va
falloir que je surveille attentivement les mails que je peux recevoir
en anglais, pour voir s'ils ne sont pas classés comme spam, et il va
sans doute falloir un moment pour que le filtre sache identifier comme
tels les spams en français).
Dans la soirée, il y avait une « forumification », c'est-à-dire un
dîner entre habitués du forum de discussion (les newsgroups locaux) de
l'ENS. Comme je l'observais
récemment, je me retrouve de plus en plus souvent parmi les plus
vieux (cette fois j'étais le deuxième en âge) ; mais ça m'a permis de
voir les têtes des petits jeunes déjà croisés virtuellement mais que
je n'avais pas encore rencontrés « en vrai ». (Et, quelque part, je
suis rassuré : l'Esprit ne meurt pas, la relève est
assurée ; ils sont bien, ces conscrits.)
Cela s'est fini, comme il se doit, par un certain nombre de parties
d'Arcanoïd (le jeu de cartes bizarre, parfois appelé
pseudo-tarot, qui a mis un bon moment avant de trouver son nom définitif), qui a donc
acquis un certain nombre de nouveaux joueurs. C'est assez fou comme,
à chaque fois que je commence à expliquer les règles, je pense, ce
n'est pas possible, elles sont impossiblement compliquées, on ne va
pas me laisser aller jusqu'au bout pour me dire que ce jeu est
vraiment cinglé et qu'on ne veut pas y jouer, — et pourtant,
les gens écoutent jusqu'au bout, ils essaient d'y jouer, et ça leur
plaît ! Étonnant. En revanche, ce qui reste dommage, c'est qu'il est
difficile de trouver des cartes (moi j'en ai maintenant plusieurs
paquets, mais un jeu de tarot divinatoire n'est pas ce qu'on trouve
chez tout le monde ; jouer avec un jeu de tarot normal est possible,
mais à condition de connaître par cœur les numéros des arcanes) et, encore plus, de
rassembler quatre, cinq ou six joueurs connaissant les règles (pour
l'instant, il semble que ça ne se trouve qu'à l'ENS).
Bon, et avec tout ça, il est fort tard, donc mes bonnes résolutions
sur le lever tôt et le coucher tôt ont de nouveau volé en
éclats.
Comme un malheur ne vient jamais
seul, j'ai attrapé un rhume (dont la narine bouchée n'était donc qu'un signe
annonciateur — pourtant, chez moi, ça commence normalement
plutôt par un mal de gorge). Je me demande bien comment je fais pour
attraper un rhume justement quand il se met à faire moins moche, mézenfin, c'est comme ça.
Enfin, au moins, j'ai pu passer une après-midi agréable, en
profitant du printemps, dans la
cour « aux Ernests » de l'ENS. C'est d'ailleurs à
peu près la dernière fois qu'on en profite avant longtemps,
semble-t-il, puisqu'une bonne partie de la cour va être fermée, sur
arrêté préfectoral, à cause des travaux qui ont lieu du côté de la rue
Rataud (une grue devant être élevée pour la construction et son
périmètre de sécurité passant à travers la cour) : tout le monde en
est bien désolé, tant cet endroit est agréable quand il fait beau.
(Ceux qui ont vu le film Grande
école en ont d'ailleurs aperçu un instant.)
Pour contredire ce que je disais il y
a deux semaines, finalement, ma thèse n'est plus en voie de se
finir, là. Après des mois passés à mettre en forme (techniquement, résoudre les
singularités d'un modèle) la variété d'équation
X³+Y³+Z³+tU³+t²V³=0
pour finir par en obtenir quelque chose, on s'aperçoit qu'une des
parties du résultat (techniquement, une des composantes irréductibles de
la fibre spéciale du modèle obtenu) est trop compliquée pour
qu'on puisse dire des choses suffisantes dessus (techniquement, c'est — et même, seulement
birationnellement — une hypersurface cubique de dimension 3, et
il faudrait parfaitement comprendre son groupe de Chow de dimension 1,
c'est-à-dire comprendre toutes les courbes dessus), la
situation semble assez désespérée. Alors que mon directeur de thèse
est normalement très fort pour me redonner confiance quand je me dis
là, c'est coincé, cette fois il avait l'air lui-même bien
pessimiste.
Je vais expérimenter à tout hasard avec des équations voisines de
celle que j'ai considérée, pour voir si par chance l'une d'elles
permettrait de réutiliser les calculs déjà faits (ou en tout cas les
méthodes) sans pour autant arriver au même blocage final. Mais c'est
peu vraisemblable.
Il est 7 heures du matin, et cela fait maintenant trois heures que
je suis réveillé parce que j'ai une narine obstinément bouchée (la
droite). Je sais, c'est complètement débile, mais je n'y peux rien :
ce sentiment d'avoir la moitié du nez complètement paralysée est
horriblement obsédant, et je ne peux pas m'endormir. J'ai utilisé des
paquets et des paquets de mouchoirs, et des litres de sérum
physiologique — en vain.
Il y a vraiment des jours où je me dis que d'obscurs démons qui ont
décidé de se foutre de moi ne savent vraiment plus quoi inventer.
C'est le genre de lettres qu'on aime à recevoir : l'Éducation
Nationale m'informe qu'en tant qu'agent titulaire de la Fonction
publique détaché dans un poste de contractuel (en l'occurrence, ATER
à mi-temps), je dois m'acquitter d'une retenue pour pension
correspondant à mon grade comme fonctionnaire, en l'occurrence 7.85%
de mon traitement brut. En clair, parce que je suis agrégé je dois payer plus alors que je
ne gagne pas plus — ça fait toujours plaisir (d'accord, je
cotise pour la retraite : mais, à supposer que j'arrive là, y a-t-il
vraiment des gens qui pensent sérieusement que dans 40 ans le système
actuel des retraites n'aura pas complètement fait banqueroute et qu'il
restera quelque chose à toucher ? pas moi). Bref, je dois reverser
89€ par mois aux comptables du Trésor qui ne sont apparemment pas
capables de le retenir quand ils me paient (la raison m'échappe) et
qui trouvent malin de me le demander en une seule fois. C'est
amusant, d'ailleurs, depuis 1997, je gagne chaque année moins que
l'année précédente (tout en travaillant plus) : d'habitude c'est
plutôt le contraire.
D'accord : j'aime bien me plaindre, mais je ne suis pas à plaindre
(je gagne quand même plus que le SMIC, et nettement plus
que le RMI — l'an prochain ce sera moins certain),
c'est surtout de l'argent de poche qui disparaît. Mais je suis assez
énervé par le fait qu'ils ne pouvaient pas prélever cet argent à la
source, comme toutes les cotisations retraite de tous les
salariés.
Un de mes amis (François Kahn) a eu (ou va avoir très
prochainement) son compte informatique à l'ENS fermé suite à des
plaintes relatives au contenu de sa page Web (ce lien
risque de ne pas être valable très longtemps, et pour cause) : une
parodie qu'il avait faite il y a six ans a été prise au sérieux parce
qu'il a eu le malchance d'utiliser un nom qui à l'époque n'existait
pas et qui a été emprunté depuis par un groupe monarchiste (cité dans
une enquête sur des tentatives d'attentat), des gens ont été assez
obtus pour ne pas comprendre le caractère humoristique de cette page
(ou pour regarder à quelle date elle avait été écrite) et ils ont
protesté auprès du fournisseur d'accès de l'ENS (Renater) pour incitation à la
haine raciale, fournisseur qui a retourné la protestation auprès
de l'École, dont l'administration a ordonné au service de prestations
informatiques de fermer illico le compte (François étant, comme moi,
ancien élève et non plus en cours de scolarité, ce compte était une
tolérance).
On ne peut pas vraiment en vouloir à l'École d'avoir fermé un
compte qu'elle maintenait par « pure gentillesse », mais on peut lui
reprocher sa frilosité. On peut surtout regretter qu'on soit arrivé à
une situation où la liberté d'expression, sur le Web, est un vain
mot : n'importe qui peut faire fermer n'importe quelle page
personnelle, il suffit de parler vaguement d'injures à caractère
racial, ou de violation de copyright, ou n'importe quoi de la sorte ;
n'importe quel fournisseur d'accès préférera fermer dans le doute
plutôt que vérifier quoi que ce soit. Et la LEN ne va pas arranger les
choses, c'est le moins qu'on puisse dire ! Surtout, n'essayez pas de
faire d'humour ou de caricature, il y aura toujours des gens assez
idiots pour prendre cela au sérieux. C'est aussi dans l'optique de ce
genre de problèmes que je suis très sceptique quant à l'idée de pénaliser les propos homophobes —
je préférerais largement dépénaliser les propos racistes, ou en tout
cas inscrire en toutes lettres dans la loi un certain nombre de
garde-fous pour empêcher de semblables situations ridicules et mettre
un peu les humoristes à l'abri des poursuites abusives.
Par ailleurs, il est clair que la fermeture de mon compte à
l'ENS est une menace qui flotte vaguement au-dessus de ma
tête (je suis rentré à l'École en 1996 et sorti en 2000). Cela
m'ennuierait bien : mettre en place toutes les redirections
nécessaires, si je devais me faire héberger ailleurs, serait
très pénible ; rien que pour ça, je me suis battu pour
conserver mon :8080 dans mon URL alors que
toutes les autres pages élèves de l'École l'ont perdu (il faut dire
que je suis très fortement attaché à la stabilité des URL). Je
devrais songer à m'acheter un nom de domaine, d'ailleurs, un de ces
jours ; encore faut-il faire un choix à ce sujet.
Allez, un peu de pub gratuite pour les copains : l'association >Dégel! organise le dimanche 28
mars (c'est-à-dire dans deux semaines) un gay tea dance, de 16h à
minuit à l'Enjoye Café (sic ?), 88 rue Amelot, Paris 11e.
L'entrée est gratuite. Venez nombreux !
Le séminaire Bourbaki a
lieu trois fois par an (le week-end), dont aujourd'hui et demain, à
l'Institut Henri Poincaré (11
rue Pierre et Marie Curie, Paris 5e). Il est normalement prévu pour
permettre aux mathématiciens de se tenir au courant des résultats
nouveaux et intéressants dans les branches des mathématiques dont ils
ne sont pas spécialistes : c'est-à-dire que l'idée est que chaque
orateur fasse un exposé sur l'actualité de son domaine de spécialité à
l'intention des spécialistes d'autres domaines, et compréhensible par
eux. En pratique, je trouve que cette idée tout à fait intéressante
ne marche pas du tout : les gens ne viennent pas aux exposés des
domaines dont ils ne sont pas spécialistes, et les orateurs ne jouent
pas le jeu, s'adressant d'emblée à ceux qui connaissent au moins les
bases du domaine dont ils parlent. Par exemple, cet après-midi, Emmanuel Peyre
nous a fait un exposé — au demeurant très bon et très
intéressant, mais, justement, c'est mon domaine de recherche —
sur les obstructions au principe de Hasse et à l'approximation
faible, dans lequel il n'a pas attendu dix minutes pour définir le
groupe de Brauer d'une variété comme le deuxième groupe de cohomologie
étale de celle-ci à valeurs dans le groupe multiplicatif : je ne sais
pas si un mathématicien appliqué, un analyste ou un logicien est censé
comprendre ce que ce charabia veut dire, mais j'en doute assez. (Ne
parlons pas d'Alexander Grothendieck, qui profitait du séminaire
Bourbaki pour poser les fondements de la géométrie algébrique dans des
exposés de très haute technicité !)
C'est vraiment dommage : les mathématiciens ne savent pas
vulgariser ! Alors que tout un tas de physiciens sont rompus à
l'exercice de parler au grand public de ce qu'ils font et de
l'expliquer avec les mains de façon à être compris même par la
proverbiale ménagère de moins de cinquante ans, les mathématiciens
n'ont même pas l'air de savoir expliquer ce qu'ils font à d'autres
mathématiciens qui ne sont pas spécialistes de leur branche étroite de
la discipline. Et même : je ne crois pas que j'assisterai aux exposés
de demain, parce qu'à la lecture du polycopié, même celui qui parle de
géométrie algébrique, pourtant mon domaine de recherche, risque fort
de m'être incompréhensible (je suis trop ignorant des motifs).
Je trouve aussi dommage que l'esprit blagueur et canularesque de
Bourbaki se perde. (Pour ceux qui ne connaissent pas, Nicolas
Bourbaki est le pseudonyme collectif d'un groupe de mathématiciens
fondé par Henri Cartan, Claude Chevalley, Jean Coulomb, Jean Delsarte,
Jean Dieudonné, Charles Ehresmann, René de Possel, Szolem Mandelbrojt
et André Weil. En principe, l'identité des membres — actuels
— du groupe est secrète, et la démission est obligatoire passé
un certain âge. On fait semblant de croire que les Éléments de
mathématique sont l'œuvre d'une vraie personne nommée
Nicolas Bourbaki.) La moindre des choses serait que chaque séminaire
Bourbaki commence par une annonce officielle, Monsieur Nicolas
Bourbaki, organisateur de ce séminaire, vous prie de l'excuser de ce
qu'il n'a pas pu être présent aujourd'hui parmi nous pour <telle ou
telle raison totalement pipo et qui changerait à chaque séance> ;
en son absence, il m'a chargé d'inviter <tel orateur> à
parler…
J'aimerais bien qu'on m'explique à quoi ça rime de renforcer les
mesures de sécurité juste après un attentat. Est-ce que
c'est juste pour tranquilliser les gens (moi ça ne me tranquillise pas
du tout, en fait, parce que ça me rend plutôt évident le fait qu'elles
sont dramatiquement inefficaces) ? Ou est-ce qu'on pense sérieusement
que les menaces d'attentat sont plus élevées juste après un
autre attentat ? J'aurais tendance à croire qu'elles sont moins
élevées, au contraire, vu qu'une organisation terroriste a sans doute
du mal à préparer deux actions importantes en rafale et préfère sans
doute mettre tous ses moyens sur une seule ; donc que juste après un
attentat on peut diminuer un peu la paranoïa sécuritaire. Le moment
où il faut l'augmenter, c'est plutôt lorsque les services de
renseignements (qui sont censés être là pour ça) laisseraient entendre
que quelque chose pourrait se préparer. Sinon, j'ai plutôt
l'impression qu'on fournit de la publicité aux terroristes en
nourrissant le climat de terreur que, justement, ils essaient
d'instaurer.
Pendant que des commentaires sur une entrée précédente de ce blog partent
dans une analyse assez poussée de la mécanique quantique, sur le forum
de l'ENS on parle en ce
moment de relativité générale et de comment vulgariser l'idée que
l'espace-temps est courbe sans donner envie de penser qu'il
est courbe « dans » quelque chose : chacun y va de sa tentative
d'explication, donc, entre des fourmis qui mesurent un four avec une
règle qui se dilate sous l'effet de la chaleur, des gens qui font des
boucles en essayant de regarder tout le temps dans la même direction
et qui se rendent compte en revenant à leur point de départ qu'ils ont
changé d'orientation, des parcours qui apparaissent droits quand on
les regarde de près et courbes quand on les regarde de loin, ou encore
des mathématiciens qui font des calculs et des analogies audacieuses.
En tout cas il est certain qu'il est difficile d'expliquer cette idée
que l'espace-temps est courbe tout en persuadant qu'il ne
faut surtout pas imaginer qu'il y a quelque chose « à côté » de
l'Univers et dans quoi cette courbure s'exerce. De la difficulté de
vulgariser la notion de courbure intrinsèque.
En tout cas j'en ai profité pour calculer le chiffre inutile du
jour. Le chiffre inutile du jour, c'est le rayon de courbure « moyen
typique » de l'espace-temps là où vous vous trouvez en ce moment
(c'est-à-dire, normalement, à peu près à la surface de la Terre,
enfin, j'espère pour vous, et cette courbure est donc pour l'essentiel
due aux forces de marée exercées par la Terre). Et le chiffre en
question est : 250 millions de kilomètres. Ce chiffre vous était
gracieusement offert par les entreprises David Madore de production
d'informations complètement inutiles. (Et non, désolé, je ne peux pas
expliquer exactement ce qu'il veut dire.)
J'en ai marre de ce temps de merde. Je répète ce que j'ai déjà
dit : un climat tempéré, c'est censé être un climat dans
lequel il ne fait ni trop chaud ni trop froid, pas un climat
dans lequel il fait trop chaud la moitié de l'année et trop froid
l'autre moitié et il pleut le reste du temps !
J'exige une température de 22°C en journée (et 15°C la
nuit) avec un ciel dégagé (juste quelques cumulus pour décorer un
peu), une légère brise et un temps sec. Je vous ferai connaître la
suite de mes exigences en temps voulu.
Je viens de voir L'Effet
papillon à l'UGC
de Bercy, et j'en suis très content : je pense qu'il ne m'a pas
plus uniquement à cause de mon intérêt pour le voyage dans le temps, mais aussi parce
que c'est intrinsèquement un plutôt bon film, malgré quelques
faiblesses ou quelques lourdeurs (notamment des effets trop appuyés).
Le principal « problème », c'est que le début du film — les
moments où le héros a ses trous de mémoire — est extrêmement
stressant (je veux dire, façon thriller ou film d'horreur) et je suis
vraiment petite nature, moi, je sursaute très facilement (je ne
supporte pas les films d'angoisse), donc ce début a été un peu
éprouvant. Ensuite, ça allait.
Étonnamment, je n'ai pas trop trouvé d'incohérences : je dirais
même presque que le film tient debout dans sa logique interne. Ce
n'est pas réaliste, mais si on accepte quelques idées de
principe, ce n'est pas idiot. Il y a quand même un truc (mineur,
heureusement) qui ne va vraiment pas : [ce qui suit est un spoiler
très mineur] la manière dont le héros « acquiert » des stigmates aux
mains sous les yeux de quelqu'un — aux yeux de ce dernier, il
aurait dû toujours les avoir eus, et donc ne s'étonner de rien. Mais
bon, peu importe.
Évidemment, c'est une question qu'on aime à se poser : Et si
j'avais fait les choses différemment à <tel moment>, comment le
cours des événements aurait-il été changé ? (Question que je
m'étais déjà posée ici, d'ailleurs,
dans des termes un peu différents.) Il me semble certain que si on
change quoi que ce soit (la position d'un grain de sable, ou même d'un
amibe sur un grain de sable) il y a, disons, 1000 ans, cela change
complètement la face du monde actuel (et ce n'est pas vraiment la
peine de se demander comment — toutes sortes de choses[#] dans l'Histoire se sont produites
« par hasard » et ne se seraient pas produites, tandis que toutes
sortes d'autres se seraient produites, mais il est vain de chercher à
conjecturer comment la position du grain de sable changerait les
choses) ; mais si on change quelque chose de plus significatif (pour
la vie de celui qui se pose la question) dans un passé plus proche ?
C'est une question qui nous touche plus directement, et qui est posée
dans ce film, avec une certaine habileté.
[#] À commencer
par chaque naissance. Au moment de la fécondation, parmi les milliers
de spermatozoïdes qui cherchent à pénétrer l'ovule, un seul y arrive,
et lequel il est dépend vraiment d'un hasard déterminé à l'échelle
microscopique. Changez un seul grain de sable il y a 1000 ans, et
toutes les naissances à partir de là sont différentes : changez un
seul grain de sable il y a 1000 ans et vous tuez Léonard de Vinci
aussi bien que Hitler — et vous mettez quantité d'autres gens à
la place, évidemment, qui ne sont pas nés dans notre monde.
Je m'aperçois, en parlant de mes déboires avec les derniers métros que je
n'ai pas parlé de cette information suivante, que je reprends telle
quelle (il s'agit d'un communiqué de la Ville de Paris mais il a apparemment
disparu de leur site, donc je ne peux pas fournir de lien) :
La RATP a indiqué il y a quelques jours qu'elle était prête à faire
fonctionner le métro une heure supplémentaire les vendredis et
samedis.
Depuis 2001, la municipalité parisienne s'est toujours montrée très
favorable à cette mesure qui faciliterait, les déplacements de tous
les usagers du métro (franciliens, touristes, actifs en horaires
décalés etc.)
Denis Baupin, adjoint au maire de Paris et vice-président du STIF, a
donc proposé au conseil d'administration du STIF ce matin d'adopter un
avenant au contrat liant la RATP au STIF afin d'intégrer cette mesure.
Le Préfet de Région a refusé de soumettre cette proposition aux votes.
Denis Baupin regrette que le représentant du gouvernement UMP/UDF
rejette sans discussion cette proposition pourtant très attendue par
les Franciliens.
Cette décision confirme la main mise de l'État sur les transports
collectifs franciliens et démontre qu'entre les promesses de campagne
et la réalité des décisions prises par ce gouvernement, il y a un
gouffre vertigineux.
Après avoir dîné avec Padawan au retaurant Le Loup
Blanc (que je recommande au passage), ce soir, je suis allé
voir Big Fish ce soir (un peu sur un coup de
tête : je comptais voir L'Effet
papillon mais curieusement ils ne le donnaient pas à l'UGC
des Halles). Eh bien ce film est vraiment magnifique : j'étais
sceptique (dans le genre ça a l'air un peu n'importe quoi, ce
truc) à la vue de la bande annonce, mais, comme le fils du héros,
je me suis laissé captivé par les histoires racontées. C'est à la
fois mignon, drôle et émouvant (et parfois les trois à la fois),
surtout à la fin (il y a quelques passages, autour du tiers du film,
qui ne m'ont vraiment pas paru terribles, mais ils ont vite été
compensés). Je précise que je ne suis pas un inconditionnel de Tim
Burton.
Ce que j'ai nettement moins apprécié, en revanche, c'est le retour
chez moi : je suis sorti du cinéma juste avant 0h30, donc trop tard
pour attraper le dernier métro de ma
ligne habituelle (la 7,
en travaux ⇒ la dernière rame est avancée !). J'ai hésité entre
l'idée de prendre la ligne 1 jusqu'à Bastille pour y attraper la 5 et celle
d'emprunter la 14 jusqu'à Bercy pour finir avec la 6. J'ai pensé que
cette dernière solution serait meilleure parce que la 14 passe plus
fréquemment que les autres ; j'étais à Bercy à 0h41, j'ai raté une
rame de la ligne 6 de quelques secondes. Je reste sur le quai à attendre
(le dernier métro était censé venir à 0h47), et à 0h45 un haut-parleur
nous annonce que le service est terminé en direction de l'Étoile.
Furieux, je sors de la station pour rentrer à pied, et là je vois
passer, sur le pont de Bercy, le dernier métro en question ! Pire :
en courant un peu, j'aurais même pu le rejoindre à Quai de la Gare,
parce qu'il y a stationné très longtemps, mais, bien sûr, je ne le
savais pas, donc je l'ai vu une deuxième fois me filer sous le nez.
Merci la RATP (Rentre
Avec Tes Pieds, comme on dit) ! (En fait, à la réflexion, au
lieu de sortir de la station, j'aurais dû reprendre la ligne 14 pour continuer
jusqu'à Bibliothèque, ça m'aurait fait un peu moins de marche.) Bref,
je suis arrivé chez moi à 1h15. Et moi qui comptais me coucher un peu
tôt…
I had already written a rather detailed study (in
French) of time travel (recently mentioned in this blog), but I'd like to
say things a bit differenly (more clearly, if possible, and without
going through all the subtleties but spelling out in more detail those
that I do go through), so I've started a new page on time travel. Only
just started, though: this means I've barely written the introduction in
the English version
and haven't even started translating it in French.
Incidentally, I'll probably be seeing The Butterfly
Effect when it comes out (in France, that is), and I'll
certainly complain that it's all incoherent nonsense. Anyway. This
relates to the polychronic version of time travel (what this
means is explained
here).
The monochronic version (essentially: you can't modify the
past) makes more sense, in my opinion, even though it is probably
harder to write a coherent story in this context, because causality is
pretty much lost. It's hard to imagine what “goes wrong”
if you go back in time and try to kill your grandmother, but it sill
leaves some space for an author's imagination: one could succeed and
discover that the person killed is not the person one intended to
kill, or that the person one intended to kill is not one's
grandmother, or one could fail for a lot of different reasons.
The really interesting thing about the monochronic version of time
travel is that, although the past cannot be altered, its
interpretation can be. For example, suppose I was witness to
the murder of someone I loved, and I would like to use the time
machine to “prevent” (undo?) it: how could I do this? In
a monochronic vision, things which have happened have happened once
and for all time, so it is not possible to remove what I saw, but it
is possible to masquerade. So what I would do is go back in
the past, hire a couple of good actors including someone who looks
amazingly like the loved one, kidnap the latter and replace him with
an actor, and have the troupe stage the whole murder exactly as I
remembered seeing it, in front of the eyes of my “former
self” so as to fool him (myself?). Then tell the
might-have-been victim to remain hidden until the day when I travel
back in time, and, when all is set, return to the present (or not, if
I'm willing to go through the same time period twice) and
“discover” that the apparently murdered person has been
alive all the time. So the murder never did take place: what
did take place is a stage act to make me believe that the murder took
place—and there was no reason to it except that, since I saw it
take place, it had to take place (yes, causality is gone: an
event can be its own cause!).
From this basic idea, there are no limits to what an ingenious
author could do with monochronic time travel. Maybe one cannot modify
the course of things by going back in time, but perhaps one can
(willingly or unwillingly) create a gigantic nest of masquerades and
faux-semblants in which one might get caught if
one is not careful enough.
Soit dit en passant, j'irai probablement voir L'Effet
papillon quand il sortira (en France, je veux dire), et je
me plaindrai certainement que c'est totalement incohérent. Enfin bon.
C'est lié à la version polychronique tu voyage dans le temps
(ce que cela signifie est expliqué
ici).
La version monochronique (essentiellement : on ne peut pas
modifier le passé) me semble plus sensée, meme s'il est probablement
plus difficile d'écrire une histoire cohérente dans ce contexte, parce
que la causalité est à peu près perdue. Il est difficile d'imaginer
ce qui « va mal » si on revient dans le passé et tente de tuer sa
grand-mère, mais cela laisse de l'espace pour l'imagination d'un
auteur : on pourrait réussir et découvrir que la personne tuée n'est
pas celle qu'on avait l'invention de tuer, ou que la personne qu'on
avait l'invention de tuer n'était pas sa grand-mère, ou on pourrait
échouer pour un tas de raisons différentes.
Ce qui est vraiment intéressant avec la version monochronique du
voyage dans le temps, c'est que, même si le passé ne peut pas être
modifié, son interprétation peut l'être. Par exemple,
supposons que je sois témoin du meurtre d'une personne aimée, et que
je veuille utiliser la machine à remonter le temps pour « empêcher »
(défaire ?) ce meurtre : comment ferais-je cela ? Dans une vision
monochronique, une chose qui s'est passée s'est passée une fois pour
toutes, donc il n'est pas possible de retirer ce que j'ai vu, mais il
est possible de le faire semblant. Donc ce que je ferais est
de revenir dans le passé, engager quelques bons acteurs y compris
quelqu'un qui ressemble incroyablement à l'être aimé, kidnapper
celui-ci et le remplacer par un acteur, et s'arranger pour que la
troupe mette en scène le meurtre entier exactement comme je me
rappelle l'avoir vu, devant les yeux de mon « moi passé » pour le
tromper (me tromper ?). Ensuite tire à la
victime-qui-aurait-pu-être de rester cachée jusqu'au jour où je
reviens dans le passé, et, quand tout est fait, revenir au présent (ou
non, si je suis prêt à vive deux fois la même période) et
« découvrir » que la personne apparemment assassinée était tout le
temps vivante. Donc le meurtre n'a jamais eu lieu : tout ce
que j'ai fait est prendre part à une masquarade pour me faire croire
que le meurtre a eu lieu — et elle n'avait aucune raison sauf
que, puisque je l'ai vue se dérouler, elle devait se dérouler
(voilà, la causalité a disparu : un événement peut être sa propre
cause !).
À partir de cette idée de base, il n'y a pas de limite à ce qu'un
auteur ingénieux pourrait faire avec le voyage dans le temps
monochronique. Peut-être qu'on ne peut pas modifier le cours des
choses en revenant dans le temps, mais on peut éventuellement
(volontairement ou non) créer un réseau gigantesque de masquarades et
de faux-semblants dans lequel on pourrait se faire prendre si on n'est
pas prudent.
Le Ruxor est toujours à la recherche d'un look qui lui convienne, alors, en
attendant d'avoir trouvé, j'expérimente. (Ce qui est un peu un
prétexte, puisque justement, ce côté éclectique-caméléon me plaît
bien, le fait de changer sans arrêt, de mélanger tout et n'importe quoi
pour voir ce que ça donne.) Ce qui est amusant, c'est de regarder la
manière dont les gens me regardent. Hier soir et ce soir j'ai fait la
même promenade dans Paris. Mais hier j'étais habillé dans le genre
aussi tapiole que possible (je ne suis pas sûr d'y arriver très bien,
mais enfin, je fais ce que je peux, merci à quelques boutiques utiles). Alors que
ce soir c'était un genre vaguement « craignos » (relativement proche
de celui que je portais l'été dernier
mais en plus hivernal et plus gothique, notamment grâce à un zouli
tee-shirt représentant l'allégorie de la mort, à un pantalon avec des
lanières qui dépassent de partout, et une paire de rangers bien
employée ; attention, il ne faut pas confondre avec le look racaille, qui est très différent). Dans
les deux cas, j'attire plus les regards que si je me promène en
jean-baskets, mais pas de la même façon ; simplement, je ne suis pas
sûr de pouvoir décrypter les regards en question, donc finalement
l'expérience n'est pas si concluante que ça pour me décider sur le
genre de piste que je veux suivre.
(Je mettrais bien des photos, mais je n'ai toujours pas trouvé de
solution satisfaisante pour me photographier en pied, sans
l'assistance d'un tiers.)
J'ai fait mes courses à mon supermarché Champion
local, tout à l'heure, comme je fais plusieurs fois par semaine, mais,
je ne sais pas pourquoi, aujourd'hui, j'ai été pris de folie
dépensière, je me suis mis à acheter toutes sortes de choses (à
manger) qui me passaient sous la main : pâte de piments, huile
d'olive, poivrons, chorizo, et même un demi poulet rôti (je n'avais
jamais encore acheté de poulet déjà rôti, en fait). Rien de bien
extraordinaire, certes, mais des choses dont je n'avais vraiment pas
besoin, en fait, et il y en a que je ne mangerai sans doute pas. J'ai
certainement été victime de techniques de marketing subliminal.
À part ça, j'ai remarqué que tous les caissiers du magasin
étaient en fait des caissières. Bonne journée internationale de la
Femme à toutes ! (Et un grand bravo à Champion qui fait
des efforts importants pour favoriser le travail des femmes.)
J'ai acheté le premier numéro pour voir ce que ça donne. Eh bien,
s'il y a une différence entre ce nouveau magazine gay et Têtu, je ne l'ai pas vue.
C'est exactement aussi branchouille-creux avec plein de jolies images
de minets dans des tenues invraisemblables quoique légères (et qui
doivent coûter des prix absolument inabordables — je parle des
tenues, mais vous pouvez généraliser aux minets si vous voulez), et
des articles dont on se dit, tiens, c'est peut-être intéressant, je
lirai ça plus tard, et qu'on ne lit jamais. Seule petite nuance,
peut-être : Préférences n'a pas l'air de faire même
vaguement semblant de prétendre s'adresser aux lesbiennes. Enfin
voilà. Les paris sont ouverts pour savoir s'ils dépasseront le nº5 ou
s'ils mourront avant.
S'il existe des magazines ciblant les homos qui ne sont pas une
sorte de croisement entre le Figaro Madame et le
catalogue de Gucci, ça m'intéresserait de les connaître
(et merci de ne pas répondre le catalogue d'IEM).
Idol était plus rigolo, déjà, mais il n'a pas tenu.
PS : En fait, ce qu'il me faut, c'est XY : celui-là, il est
vraiment marrant — mais à peu près impossible à se procurer en
France, ne parlons même pas de s'abonner.
J'aime aller me promener la nuit dans Paris (généralement autour de
l'hôtel de ville). Ce soir (un peu
plus tôt que d'habitude puisque je me suis levé tôt ce matin —
séminaire oblige — et j'espère pouvoir en profiter pour me
coucher moins tard que d'ordinaire) je suis passé du côté des Tuileries : non, pas pour baiser dans
les bosquets du Carrousel, mais parce que j'aime beaucoup la vue qu'on
a depuis le haut de l'escalier qui descend au jardin, sur les
Champs-Élysées, la Tour Eiffel, les Invalides, le Musée d'Orsay, le
Louvre… et aussi tout simplement sur la verdure des Tuileries
elles-mêmes (qui paraissent si mystérieuses dans l'obscurité). La
nuit, et surtout une nuit de pleine lune comme celle-ci, est aussi
l'occasion de très beaux jeux de lumière, entre le rayon balayeur de
la Tour Eiffel, l'éclairage un peu féerique d'Orsay, je ne sais quel
jeu de rayons du côté de l'Étoile, et un bateau-mouche qui passait par
là (normalement je les accuse d'odieuse pollution lumineuse, mais là
l'effet était très joli, en fait). On remarque que la place du
Carrousel est presque entièrement épargné de cette plaie qu'est la vapeur de sodium.
Le plus magnifique éclairage, cependant, c'est celui de la Cour
carrée du Louvre. Si vous ne l'avez jamais vue et que vous en avez
l'occasion, saisissez-la, c'est d'une beauté indescriptible (en tout
cas c'est mon avis). Il faut voir ça entre la tombée de la nuit et
22h (moment auquel ils ferment la cour), le plus tard est le mieux.
Le clair-obscur des façades, qui met somptueusement en valeur leur
relief, et la tranquillité de la fontaine centrale, font de l'endroit
un lieu magique.
Exposé très intéressant cet après-midi de Philippe Gille au
séminaire
Variétés rationnelles, où il a parlé de questions
apparentées au treizième problème de Hilbert (en gros, la possibilité
de résoudre l'équation algébrique générale du septième degré à l'aide
de fonctions de seulement deux variables ; problème dont la réponse
est oui ou non selon le sens exact qui est donné aux
termes, donc l'énoncé mathématique précis qui est mis sous cette
question vague). Il me semble qu'il y avait dans ce qu'il a dit des
choses qui peuvent se vulgariser, il faudra que j'essaie à
l'occasion.
Ma mère, à laquelle j'ai parlé de mes problèmes de sommeil, me suggère
d'essayer la luminothérapie (aka photothérapie) : elle est prête à
m'offrir la lampe spéciale à fort éclairement qui permet de la
pratiquer chez soi. A priori je suis très sceptique
relativement à toutes les « médecines douces », donc je pars un peu
méfiant (et je ne veux pas faire payer à ma mère un truc qui serait
une arnaque surtout vu que ce n'est quand même pas donné). D'un autre
côté, ce site Web vendant des
appareils de luminothérapie a l'air, à un examen superficiel au
moins, pas complètement escroc-pipo. Et d'autre part, il est
indubitable que mon appartement est sombre même quand il fait jour, et
que je rêve de pouvoir voir un peu plus souvent le Soleil —
alors ce serait déjà un petit palliatif.
À ce que je comprends, il s'agit de lampes qui émettent beaucoup de
lumière dans le visible (de l'ordre de 500cd, si je comprends bien
— alors qu'une ampoule de 100W standard tourne plutôt autour de
120cd — cela donnerait un éclairement de 10000lx à une vingtaine
de centimètres), et si possible à une température de couleur proche des 6500K du Soleil,
le tout en limitant les émissions d'infrarouge et d'ultraviolet pour
qu'on puisse regarder sans risque.
[Ceci est un rebond sur des commentaires d'une entrée précédente, mais peu importe au
fond, les remarques que je fais sont tout à fait générales.]
Je me demande pourquoi je m'obstine à me justifier (comme si
j'avais besoin de justifications…) ou à m'expliquer. Je
suppose que, quelque part au fond de moi, j'attends la venue d'un
Grand Sage à qui j'expliquerai ma situation et qui me dira : mais
c'est évident, David, tu dois faire <telle ou telle chose> !
Seulement, ce Grand Sage ne viendra manifestement pas, et c'est
vraiment stupide de ma part de m'attendre à ce que quelqu'un d'autre
puisse m'apporter la solution « clés en main » de mes problèmes. Je
devrais déjà être content des mèmes que je grapille au hasard des
remarques de certains. Et je devrais surtout cesser de désespérer à
cause du fait qu'on ne me comprend pas : c'est vrai, mais ça n'a pas
vraiment d'importance.
Un coup on me prend pour un romantique éperdu et idéaliste parce
qu'il y a un garçon dont j'ai parlé
en termes un peu tendres ; si je rétorque que je ne cherche à tout prix
l'Amour avec un grand “A” (ou si je me démarque d'une certaine conception de celui-ci), alors
on me reproche de rechercher la facilité du sexe sans sentiments ; ou
alors encore on se dit que je doit être « tout l'un ou tout l'autre »,
que je suis forcément perfectionniste — n'ayons peur d'aucune
pétition de principe ; et, nonobstant le fait que je suis entouré de gens que je suis tout à fait
prêt à prendre tels qu'ils sont, on me conseille de renoncer à ce
perfectionnisme pour prendre les gens comme ils sont. C'est quand
même hallucinant tout ce que les gens sont capables d'imaginer que je
sois, refusant apparemment d'admettre que je puisse être un peu normal
et comme tout le monde de temps en temps. Également impressionnant :
sous prétexte que je sais un peu de maths, je devrais ne trouver aucun
intérêt dans les gens sauf peut-être le cul (mais apparemment, le cul,
ça se paie), comme si les maths retiraient tout leur intérêt aux gens,
sauf peut-être d'autres intellos : faut-il croire qu'on ne peut aimer
que ses semblables, ou que si on fait des maths on est condamné à les
subir jusqu'au pieu.
Ah, et ce n'est pas tout : je suis instamment prié d'en rire, en
plus. Désolé, mais la sitcom avec les rires pré-enregistrés, je n'ai
jamais trouvé ça drôle même quand c'est bien fait, et là les
scénaristes de David Madore cherche un mec désespérément
ils sont plutôt nuls : ça fait 543 épisodes que c'est exactement la même
chose.
Un jour j'apprendrai à couper court aux dialogues de sourds.
Il y a quelque chose comme six milliards d'humains sur cette
planète. Au cours de ma vie j'en aurai côtoyé — de quelque
manière que ce soit, même si on compte les gens croisés une seule fois
dans la rue — une infime partie ; certains seront devenus des
amis, ou au moins des connaissances, des personnes avec qui j'aurai
bavardé au moins une fois, échangé un mail, une forme quelconque de
communication.
J'aimerais pouvoir dire que les gens que je fréquente sont ceux qui
ont le plus d'affinité avec moi, que nous nous sommes rassemblés parce
que nous devions nous rassembler. Hélas ! C'est surtout le
hasard qui a fait les choses. Si je n'ai pas à me plaindre de mes
amis, que dire en revanche de ceux que la chance n'a pas voulu que je
rencontre ? Rien que dans ma petite rue, les habitants se comptent en
centaines, et peut-être parmi eux y a-t-il quelqu'un comme je rêve
d'en connaître, mais il s'est simplement trouvé que nos chemins ne se
sont jamais croisés (ou en tout cas pas assez sérieusement pour que
nous fassions vraiment connaissance).
Les fréquentations semblent aller et venir sans raison véritable.
Des gens que je voyais très régulièrement il y a un an ou deux, il y a
cinq ans, que sais-je, ont maintenant complètement disparu de ma vie
— sans un adieu — sans vraie raison identifiable, sans
dispute : au hasard simplement des changements d'activités ou
d'emplois du temps. (Et ce n'est pas toujours facile d'en rencontrer de nouveaux.)
Je trouve que tout cela a quelque chose d'attristant.
Immortel
(le film d'Enki Bilal qui sort dans trois semaines) a l'air carrément
space. J'ai vu des teasers il y a des mois, et maintenant la bande
annonce (enfin, en partie, parce que je suis rentré dans la salle
— j'allais voir
Paycheck — au milieu de ce trailer), et ça me
donne assez envie de voir de quoi il retourne : si c'est du mystico
space opera bien fumé, ça devrait me plaire. (Cependant, j'avais lu
une BD d'Enki Bilal — Le Sommeil du
Monstre, je crois —, et je n'avais pas aimé du tout,
c'était beaucoup trop « théorie du complot mis en images », si j'ose
dire.) Si des gens veulent le voir avec moi quand il sortira, qu'ils
se dénoncent.
À part ça, Podium,
c'est bien ? Et Big Fish (là je suis un peu méfiant) ?
Dans un autre genre, la section cinéma gay de la FnacItalie 2 (celle qui est à côté de
chez moi) s'est pas mal enrichie depuis un mois ou deux. Il faudra
que je fasse quelques acquisitions.
L'ennui avec les DVD, c'est que soit j'achète des
choses que j'ai déjà vues, et alors je regarde rarement plus qu'une
fois (et parfois jamais, en fait), soit j'achète des films que je n'ai
pas encore regardés, et alors je ne sais pas si ça va me plaire. Je
pourrais louer, mais autant aller au cinéma, à ce titre-là. Ou alors
il faudrait un truc intermédiaire entre la location et la vente (si on
aime, on achète le DVD avec un prix qui déduit celui de
la location, et si on n'aime pas, on se contente de payer la
location) : ça existe (j'ai le souvenir qu'on m'avait parlé d'une
combine de ce genre) ?
Ce matin je suis allé voir mon directeur de thèse (qui revient du
Japon — où d'ailleurs mon père est justement aussi en ce
moment). Évidemment, le fait que j'avais rendez-vous à 10h à Orsay
signifie que je n'ai guère dormi de la nuit (pour être précis, j'ai
dormi de 2h30 à 5h30 ; à 6h45 je me suis levé en me disant que ce
n'était plus la peine de continuer à me retourner dans mon lit comme
ça), et du coup je suis un peu zombie. Ce qui est curieux, c'est que
dans cet état, en fait, le plus désagréable, c'est encore les voyages
en RER : si j'essaie de lire, les lignes dansent devant
mes yeux et il faut que je relise chacune cinq fois avant de la
comprendre, et si j'essaie de regarder le paysage, mes yeux se ferment
et je dois lutter contre le sommeil (sauf qu'évidemment si je décide
d'accueillir celui-ci il ne vient pas).
Nous avons parlé de mon article
rejeté (par le Journal of Algebra) : Colliot-Thélène (c'est
le nom de mon directeur de thèse) est d'avis que le rapporteur a en
effet été gratuitement agressif avec mon texte. Le problème vient
essentiellement du fait qu'une partie de l'article (trois pages
environ, sur huit au total) est consacrée à la description précise
d'un objet (le torseur universel sur une variété torique), une
construction qui n'est pas neuve, et qui figure à plusieurs endroits
dans la littérature mais jamais de façon pleinement satisfaisante ou
vraiment claire (surtout pour la démonstration du fait que le torseur
en question est bien universel) : j'ai donc jugé bon de la refaire, en
précisant clairement que cette partie n'était pas originale. Or les
revues n'aiment pas trop qu'on refasse des choses « déjà connues »,
surtout si l'article est court ; le rapporteur dit en substance, le
résultat principal de l'article est une conséquence immédiate de
propriétés bien connues sur le torseur universel sur les variétés
toriques qui figurent déjà dans la littérature et qui sont ici
redémontrées de façon peu agréable : ce n'est pas faux (sauf que le
peu agéable est une question de goût, bien sûr), mais c'est une
présentation un peu partiale des choses. Tout cela n'est pas
dramatique, évidemment : je vais resoumettre l'article dans une autre
revue encore à déterminer (en faisant d'avance savoir que je suis prêt
à retirer la partie consacrée à la construction du torseur universel),
c'est juste que j'aurai perdu un certain temps pour rien. On me
conseille aussi d'envoyer à l'éditeur, pour la forme, une réponse à
certaines remarques du rapporteur (au-delà des reproches que j'ai
résumées ci-dessus, il soulève également quelques points mineurs qui,
pour le coup, sont vraiment contestables).
Ce texte à resoumettre compté, ça va d'ailleurs me faire trois
courts articles à envoyer dans la foulée. Ils sont déjà écrits,
évidemment, mais il reste les résumés, quelques phrases de conclusion
ou d'introduction, et tout simplement les courriers à l'éditeur, et
rien que ça ce n'est pas un travail négligeable.
Pour le reste, nous avons discuté du calcul que je mène en ce
moment (et qui doit être le dernier élément de ma thèse) : il s'agit
du calcul de ce qu'on appelle un groupe de Chow de zéro-cycles (d'une
hypersurface cubique, en l'occurrence : presque tous mes résultats
dans cette thèse portent sur les hypersurfaces cubiques, en fait). Ni
mon patron ni moi ne pensions, quand il m'a proposé de faire ce
calcul, qu'il serait aussi fastidieux, et cela fait maintenant quelque
chose comme six mois que je traîne
dessus : il faut d'abord désingulariser un modèle de
l'hypersurface, puis étudier finement la théorie de l'intersection
dessus. Au stade où j'en suis, j'ai obtenu une désingularisation du
modèle, mais elle est très difficile à exploiter parce que sa
présentation est mal adaptée à la suite des opérations (disons qu'on a
une description très locale d'un objet qu'on voudrait voir de façon
globale). Nous sommes quand même convenus que ma description devrait
suffire pour faire travailler un peu la théorie de l'intersection :
comme il a dit, on termine sur une note d'espoir, l'espoir que
je termine un jour cette thèse ! (Disons que si le calcul très
brièvement esquissé dans un coin du tableau est bon et qu'il n'y avait
aucune arnaque, et si la puissance du nombre premier 3 est avec moi,
alors j'entrevois la lumière au bout du tunnel.) Évidemment, le temps
de rédiger cette dernière partie, de tout mettre ensemble, de trouver
des rapporteurs et tout et tout, ça sera encore long.
Ça y est, je suis
célèbre. Alors j'ai préparé un petit discours :
Mesdames et Messieurs, je voudrais vous dire à quel point je suis
heureux et flatté d'être le mois de mars. Déjà tout petit, je rêvais
d'être le mois de mars (alors que mes petits camarades, bêtement, ils
voulaient être avril, ou juillet : moi j'avais des ambitions
différentes). Le mois de mars, c'est le mois qui commence le
printemps, c'est le mois où les petits zoiseaux se mettent à chanter
dans les arbres, c'est le mois qui produit des lièvres qui apprécient
le thé, c'est le mois du renouveau, c'est le mois avec lequel Romulus
(qui n'avait apparemment pas compris qu'il y avait douze mois dans une
année et pas dix) avait choisi de commencer son calendrier dans les
temps immémoriaux de la fondation de Rome : c'est pour ça qu'octobre
ou décembre sont comptés comme le huitième et dixième mois —
c'est en mars que tout commence. Et Romulus, donc, a nommé ce premier
mois après son divin papa, le dieu de la guerre (il s'y connaissait,
en guerre, Romulus) mais aussi de la virilité, dont le symbole
(♂ le petit rond avec une flèche en coin) est le symbole du
sexe masculin : c'est dire si je suis honoré d'avoir été choisi comme
mois de mars !
Je voudrais en profiter pour rendre un petit hommage à mes
illustres prédécesseurs, le mois de janvier (qui commence
officiellement l'année de nos jours, mais c'est une magouille
politique, une histoire d'élection des consuls romains) et le mois de
février (ce n'est pas parce que
c'est un petit mois riquiqui de vingt-huit jours alors que moi j'en ai
trente-et-un qu'il faut l'estimer moins). Et puis bien sûr je
voudrais remercier la ville de Nogent-sur-Marne, Garoo pour avoir réussi à prendre la
zoulie photo avant que je sois complètement mort de froid (rejoignant
ainsi le cercle très select des photographes qui m'ont eu pour modèle
— et se sont donc sans doute à jamais promis de ne pas
recommencer), ma maman sans quoi rien n'aurait été possible, Romulus,
et Emmanuel Marcq
juste comme ça parce que j'en ai envie. Si vous voulez vous cotiser
afin de m'offrir des cours pour apprendre à sourire quand je prends la
pose, j'accepte les chèques et les espèces.
Je terminerai par une citation : Aim for the moon.
If you miss, you may hit a star. Ça n'a rien à voir avec le
schmilblick, mais je l'ai toujours trouvée jolie. Merci de votre
attention.
Post Scriptum : Des mauvaises langues prétendent que Jules César
aurait été assassiné aux ides de mars. Je nie toute implication dans
cette sordide affaire. Il n'y a aucune raison de se méfier des ides
de mars. Ayez confiance.