Je m'abstiens en général de parler de politique (pour toutes sortes de raisons : parce que ce blog est hébergé — très officieusement — par une institution publique qu'est l'ENS, notamment, et aussi parce que je ne crois pas avoir grand-chose à dire d'intéressant ou se significativement différent de ce que d'autres savent dire bien mieux que moi). Je me contenterai de faire sobrement remarquer que je ne suis pas mécontent du résultat de ces élections locales, notamment parce que les candidats pour qui j'ai voté ont été élus (s'agissant des cantonales, je précise que je vote chez mes parents).
Je ne suis pas très content, en revanche, de la raison de ces résultats : globalement, je trouve lamentable l'idée du « vote sanction », et je trouve qu'il y a un vrai problème au fait que l'équipe au pouvoir s'érode systématiquement dans les sondages et tende à perdre les élections. Certes, il y en a qui deviennent impopulaires plus vite que d'autres, mais le fait qu'aucun gouvernement ne gagne jamais en popularité au cours de son mandat me semble signifier que les citoyens ont des attentes déraisonnables des pouvoirs publics (si ces attentes étaient raisonnables, quelqu'un aurait bien fini par y répondre, à moins qu'on croie à une théorie du complot particulièrement raffinée). Avoir des opinions politiques de droite ou de gauche, c'est bien, et on peut même avoir des opinions différentes sur le plan national et régional, d'ailleurs ; changer d'avis, ce n'est pas forcément mal — mais en changer à chaque élection pour systématiquement voter contre le gouvernement au pouvoir, c'est une connerie. Or il me semble que le gouvernement actuel, qui est si impopulaire, il n'est pas tombé du ciel : il est là parce que des gens ont voté pour lui, et je ne parle pas des présidentielles qui ont été un peu particulières mais bien des législatives qui ont suivi, qui ont été claires ; il me semble que le gouvernement en question, aussi, applique à peu près le programme qu'il avait annoncé dès le début, et qu'en tout cas on pouvait prévoir qu'il mènerait. Il y a donc dans ce pays — ce n'est pas une surprise, ni une nouvelle — des gens parfaitement inconséquents et qui ne savent pas ce qu'ils veulent : ils devraient consulter un manuel quelconque de théorie politique pour apprendre ce que sont les grandes tendances politiques et pour se faire une idée qui ne change pas au gré du vent. Les hommes politiques ne peuvent pas leur dire qu'ils sont des cons, parce que s'ils leur disent ils perdent des voix, mais je m'étonne que personne n'ait le courage de le leur annoncer clairement. Ce soir, les cons ont émis leur voix dans la même direction politique que moi : finalement, je ne sais pas si je devrais être si content que ça.