On dit souvent — et avec justesse — qu'on ne visite jamais aussi mal une ville que quand on y habite soi-même. Muni de cet adage, et profitant du beau temps, je suis allé visiter cet après-midi le cimetière du Père Lachaise en compagnie de Davide, Michel (une connaissance commune), et Niccola (Parisien seulement pour quelques mois, qui héberge Davide lors de son bref passage en France, et qui nous a servi de guide parce qu'il connaissait nettement mieux que nous autres les endroits où se trouvaient les choses à voir). Ci-contre, Niccola, Michel et Davide (dans cet ordre de gauche à droite) admirant le tombeau d'Oscar Wilde ; les traces sombres sur la face de la pierre ne sont pas des taches mais des marques de baisers (pour lesquelles cette tombe est célèbre) ; il y avait aussi une assez émouvante lettre (en allemand) adressée au poète, posée sur le rebord (sous la bougie jaune qu'on voit sur la photo).
On ne le sait pas toujours, mais si Oscar Wilde a fini sa vie dans
la misère (même si celle-ci a probablement été exagérée par les récits
ultérieurs qui en ont été faits), c'est aussi qu'il avait été
abandonné par tous et notamment par les intellectuels de l'époque qui
auraient pu le soutenir. Lorsque Wilde était en prison à Reading,
l'anarchiste américain installé à Paris Stuart Merrill tenta d'obtenir
le soutien de grands écrivains français dans une pétition adressée à
la reine Victoria en faveur de Wilde : à l'exception d'Octave Mirbeau,
aucun de ceux qui allaient peu après soutenir Dreyfus ne se montra
prêt à se mobiliser pour leur confrère, pas même Émile Zola qui,
pourtant, avait fait quelques années auparavant la connaissance de
Wilde et avait pu apprécier l'éclat de sa conversation. We are all in the gutter, but some of us are looking at
the stars.