Pour ceux qui ont raté l'épisode
précédent, je vous le résume très succinctement : je me suis
inscrit (en septembre) pour passer le permis moto. Pour l'obtenir, je
dois passer successivement une épreuve hors circulation
(ou plateau
), puis une épreuve en circulation
(ou conduite
) : je ne parle ici que de la première, parce que
j'en suis toujours à ce point-là. Cette épreuve est composée de cinq
exercices, chacun noté A, B ou C (sauf le premier, qui ne peut pas
être noté C) : la condition pour valider l'épreuve est d'obtenir au
moins deux A et aucun C sur l'ensemble des cinq
exercices[#]. Les 2e, 3e et 4e
exercices (respectivement parcours lent
, freinage
d'urgence
et slalom+évitement
) sont des parcours à
effectuer avec la moto sur un terrain de 130m×6m
appelé plateau
; on dispose de deux essais pour y arriver (sauf
en cas de chute). Je fais un nouveau petit point sur le sujet parce
que je m'ennuie.
[#] Comme je le disais,
d'ailleurs, ce système de notation est assez stupide : il y a deux des
cinq exercices où il est quasiment impossible d'obtenir la note B
(presque toutes les erreurs entraînent la note C). Toute personne
ayant un minimum de sens logique doit bien voir que, s'il y a deux
exercices où on n'obtient jamais de B, la première condition
dans obtenir au moins deux A et aucun C
est impliquée par la
deuxième, et du coup, la distinction entre A et B disparaît
effectivement : mais alors, le premier exercice, qui ne peut entraîner
que les notes A et B, n'a plus aucun intérêt !
J'ai maintenant fait 50 heures de formation réparties sur
16 séances et sur un peu plus que 13 semaines (en comptant
une interruption pour tendinite).
Et, oui, c'est très long. (Je n'ai pas de statistiques précises, et
je ne crois pas qu'il y en ait, mais je crois comprendre que, à la
louche, la plupart des candidats réussissent l'épreuve après environ
la moitié de ce temps.) J'arrive actuellement « souvent » à réussir
chacun des différents exercices, — où souvent
est à comprendre
comme signifiant quelque chose autour de 2 fois sur 3, peut-être un
peu plus. Ce qui devrait suffire à passer
l'examen[#2][#2b] si la réussite de
chaque tentative était une variable aléatoire indépendante des autres
avec cette probabilité. L'ennui, c'est que ce n'est pas du
tout le cas : à chaque séance, et dans une moindre mesure à
chaque fois que je change d'exercice ou qu'on change la disposition du
parcours (il y a deux dispositions qui sont miroir l'une de l'autre),
je commence par me planter lamentablement environ trois fois avant de
retrouver mes marques et d'y arriver ensuite assez
reproductiblement.
[#2] Si on a trois exercices à passer et
que, pour chaque exercice on a droit à deux essais pour y arriver, la
réussite à chaque essai étant indépendante de
probabilité p, la probabilité de réussir l'épreuve vaut
(1−(1−p)²)³ = 8p3
− 12p4 + 6p5
− p6, fonction dont le graphe est tracé
ci-contre (en bleu-vert ; avec la fonction identité en mauve pour
comparaison). On peut se rappeler ce que
j'avais raconté sur les
« amplificateurs de probabilité » (mais celui-ci n'est pas
symétrique par rapport à ½) ; ici, il y a un point d'inflection
à p = (5−√5)/5 ≈ 0.55, donc on peut dire que l'épreuve vise
à sélectionner les candidats qui ont un taux de réussite par essai
dans ces eaux-là. Et j'ai tendance à dire que, sur ce plan-là, la
procédure n'est pas trop mal faite pour rejeter les mauvais candidats
tout en gardant une certaine tolérance pour les erreurs
aléatoires.
[#2b] Ajout / éclaircissement : Je devrais préciser (parce que ce n'est sans doute pas clair en lisant mon entrée) que je n'ai pas spécialement de problèmes par ailleurs pour le maniement de la moto en général ; en tout cas, pour la circulation sur trajet vers et depuis le plateau, il me semble que je m'en sors tout à fait correctement. (Ça ne m'empêche pas de trouver ça stressant de se faufiler entre les voitures ou, pire, entre les camions sur l'A6, mais c'est autre chose.) Les difficultés que j'ai concernent vraiment les exercices techniques de l'épreuve plateau, quand je suis à froid.