Des fois que des gens mettraient en doute que j'aie vraiment été à la montagne, la preuve en image :
(Photos prises respectivement ici et là — il faut admettre que, pour le coup, Géoportail est largement meilleur que Google Earth.)
Vous êtes sur le blog de David Madore, qui, comme le
reste de ce site web, parle de tout et
de n'importe quoi (surtout de n'importe quoi, en fait),
des maths à
la moto et ma vie quotidienne, en passant
par les langues,
la politique,
la philo de comptoir, la géographie, et
beaucoup de râleries sur le fait que les ordinateurs ne marchent pas,
ainsi que d'occasionnels rappels du fait que
je préfère les garçons, et des
petites fictions volontairement fragmentaires que je publie sous le
nom collectif de fragments littéraires
gratuits
. • Ce blog eut été bilingue à ses débuts (certaines
entrées étaient en anglais, d'autres en français, et quelques unes
traduites dans les deux langues) ; il est
maintenant presque exclusivement en
français, mais je ne m'interdis pas d'écrire en anglais à
l'occasion. • Pour naviguer, sachez que les entrées sont listées par
ordre chronologique inverse (i.e., la plus récente est en haut).
Cette page-ci rassemble les entrées publiées en
février 2009 : il y a aussi un tableau par
mois à la fin de cette page, et
un index de toutes les entrées.
Certaines de mes entrées sont rangées dans une ou plusieurs
« catégories » (indiqués à la fin de l'entrée elle-même), mais ce
système de rangement n'est pas très cohérent. Le permalien de chaque
entrée est dans la date, et il est aussi rappelé avant et après le
texte de l'entrée elle-même.
You are on David Madore's blog which, like the rest of this web
site, is about everything and
anything (mostly anything, really),
from math
to motorcycling and my daily life, but
also languages, politics,
amateur(ish) philosophy, geography, lots of
ranting about the fact that computers don't work, occasional reminders
of the fact that I prefer men, and
some voluntarily fragmentary fictions that I publish under the
collective name of gratuitous literary
fragments
. • This blog used to be bilingual at its beginning
(some entries were in English, others in French, and a few translated
in both languages); it is now almost
exclusively in French, but I'm not ruling out writing English blog
entries in the future. • To navigate, note that the entries are listed
in reverse chronological order (i.e., the most recent is on top).
This page lists the entries published in
February 2009: there is also a table of months
at the end of this page, and
an index of all entries. Some
entries are classified into one or more “categories” (indicated at the
end of the entry itself), but this organization isn't very coherent.
The permalink of each entry is in its date, and it is also reproduced
before and after the text of the entry itself.
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Entries published in February 2009 / Entrées publiées en février 2009:
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Dans le train entre Chambéry et Lyon il y avait un groupe de trois djeunz pas méchants mais un peu remuants. L'un était un skinhead avec la tenue qui va avec (treillis-rangers-à-lacets-blancs-bombers), un autre était plutôt dans le genre métalleux, et le troisième (plus jeune que les autres) faisait juste lycéen endormi — endormi dans le sens presque en coma éthylique, en fait, et du coup il était moins remuant que les deux autres (pas que ceux-ci fussent sobres !). Comme je portais moi-même un treillis et des chaussures de chantier (qu'on peut prendre pour des rangers), ils (les deux pas encore trop endormis) sont venus discuter avec moi. J'ai donc appris que c'étaient des fans d'AC/DC qui allaient à Paris pour un concert au palais de Bercy : ils tenaient absolument à savoir si j'en étais moi aussi un, et ils étaient persuadés que oui, et que j'allais forcément au même endroit qu'eux ; personnellement, je ne connais pas trop la sociologie du fan typique d'AC/DC, mais si j'en juge par leur look à eux, et si on veut absolument que l'habit fasse le moine, ça ne doit pas être trop le genre à porter les cheveux longs, un blouson de ski rouge vif et un tee-shirt Rip Curl. 'Fin bref… Ils m'ont demandé ce que j'écoutais comme musique (la question que je déteste), j'ai esquivé la question, mais le fait que je ne réponde même pas le nom d'un groupe de métal les a désopilés, ils m'ont proposé de boire un coup avec eux, et quand j'ai dit que je ne buvais pas ils ont eu l'air de me considérer comme complètement irrémédiable et ils ont laissé tomber.
Peu de temps après, une jeune femme visiblement dérangée par leurs braillements est venue s'asseoir dans mon compartiment. Moi à ce moment-là je faisais joujou avec mon GPS pour enregistrer le parcours du train : elle m'a demandé ce que c'était, et je crois que je suis passé pour complètement irrémédiable auprès d'elle aussi.
Dans le TGV de Lyon à Paris, je me suis retrouvé de
nouveau dans le même wagon la même voiture que les trois
djeunz AC/DC. Là ils ont vraiment emmerdé le monde parce qu'ils se
sont mis à vomir. Du coup, il y a encore deux jeunes filles qui, pour
les fuir, sont venues s'installer à côté de moi (note pour les mecs
hétéros, donc : si vous voulez que des jeunes femmes s'assoient à côté
de vous dans le train, arrangez-vous pour être dans la même voiture
que des skins bourrés et pour avoir l'air moins lourd qu'eux).
Ensuite, je ne sais pas ce qui s'est passé, ils sont sortis pour aller
au bar du train, puis un contrôleur et une contrôleuse sont venus dans
notre voiture regarder le vomi, et enfin les djeunz sont revenus et
ils se sont complètement tenus à carreau pour le reste du trajet.
Au moment où je sortais du train, un autre passager m'a
demandé : Vous aussi, vous allez écouter AC/DC ?
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(Je reproduis ici le contenu d'une remarque que j'ai fait dans un de ces salons où l'on cause virtuellement.)
Le code de pays de la Suisse, que ce soit
dans ISO 3166 ou dans les codes internationaux des
plaques minéralogiques, est CH
pour Confœderatio Helvetica, la version
latine du nom officiel du pays (la Confédération suisse). Pourtant,
si le pays a beau s'autoproclamer confédération
, dans les
faits, c'est très nettement une fédération.
La différence entre une fédération et une confédération
(une terminologie, malheureusement traditionnelle, qui ravit
le Club Texte) n'est évidemment pas
complètement tranchée, mais elle existe tout de même : si ce n'est pas
dans l'étymologie (visiblement la même) qu'il faut la chercher, c'est
dans l'usage. Disons qu'une confédération crée des liens beaucoup
moins forts entre les entités confédérées, qui restent plus ou moins
souveraines (elles créent la confédération par des traités entre
entités souveraines et restent libres de la quitter) : typiquement,
les institutions de la confédération, qui ont des pouvoirs très
limités, ne représentent que les entités confédérées et pas la
population de celles-ci. Les États-Unis, par exemple, ont été une
confédération de 1781 à 1788, et sont devenus une fédération (un état
fédéral) avec la nouvelle Constitution établie par la Convention de
Philadelphie. Il est amusant de constater que pendant la guerre de
Sécession, les états sécessionnistes ont pris le nom d'états
confédérés
, comme pour revendiquer leur souveraineté, alors qu'en
fait la constitution qu'ils ont établie en 1861 était une copie
presque mot pour mot de la constitution fédérale de l'Union. Quant à
l'Union européenne actuelle, ce n'est pas vraiment une confédération,
ni encore moins une fédération, mais plutôt une
entité sui generis qui a certaines
caractéristiques de l'une ou de l'autre.
Pour résumer en quelques phrases l'histoire de la Suisse, elle a
été fondée comme confédération, d'abord au sein du
Saint-Empire (par un pacte conclu entre les cantons d'Uri, Schwyz et
Unterwald, plus ou moins symboliquement daté de 1291), puis
indépendante de fait à la suite des batailles de 1386–1388
contre les Habsbourgs et de la guerre de Souabe de 1499, consacrée à
la neutralité après sa défaite à Marignan en 1515, et enfin reconnue
internationalement comme état indépendant par les traités de
Westphalie de 1648. La France a tenté d'y imposer une république
unitaire en 1798, la malheureuse République helvétique
(dont la
Constitution proche de celle française du Directoire a cependant
laissé des traces dans les institutions modernes du pays, par exemple
l'exécutif multicéphale). Mais l'insuccès de ce régime a été tel que
Bonaparte a redonné à la Suisse une structure entre fédération et
confédération par
l'Acte
de Médiation de 1803, qui reconnaît la Suisse constituée
fédérale par la nature
et stipule dans l'article premier de l'acte
fédéral (placé astucieusement après les constitutions des
cantons) : Les dix-neuf cantons de la Suisse […] sont
confédérés entre eux conformément aux principes établis dans leurs
constitutions respectives.
La défaite de Napoléon et le congrès
de Vienne (qui réaffirmait la neutralité du pays) ont fait que la
Suisse a été restaurée dans sa structure d'avant 1798, mais suite à
une guerre civile (des Radicaux contre les Catholiques) en 1847, la
constitution moderne de 1848, résolument fédérale, a été mise
en place.
La Suisse était donc une confédération de 1291 à 1798, mais depuis 1848, malgré le nom qu'elle proclame, elle est bien un état fédéral.
Pour en revenir aux mots, en allemand on distingue
le Bundesstaat (état fédéral) et
le Staatenbund (union/confédération d'états),
mais la Suisse est dite plus
spécifiquement Eidgenossenschaft[#],
c'est-à-dire une union créée par un serment
(Eid), le serment en question étant
le serment du
Rütli, version légendaire et romancée (notamment par Schiller à
travers son Guillaume Tell) du pacte de 1291. On traduit
normalement Eidgenossenschaft
par confédération
, mais le mot latin qui désigne une union
créée par un serment, et qui est effectivement utilisé dans le pacte
fédéral de 1291 (dont l'original est évidemment en
latin, Eidgenossenschaft étant la traduction
allemande) est conjuratio
(de jus, ce qui lie, donc le droit mais aussi le
serment) ou conspiratio. Donc le terme
de confœderatio n'est pas vraiment
historiquement le bon : on devrait en principe parler
de Conspiration helvétique
ou de Conjuration helvétique
.
Mais je crois que ça ne ferait pas trop plaisir à nos amis les
Suisses.
Tiens, si on me pardonne un petit non sequitur, il m'a semblé, pendant que j'étais parti skier en Haute-Maurienne, entendre un certain nombre de gens parler dans ce qui pouvait bien être du Schwyzertütsch (en tout cas, c'était un dialecte allemand — et clairement pas, par exemple, du néerlandais — mais auquel je ne comprenais quand même pas grand-chose). Mais ce qui m'échappe, c'est pourquoi des Suisses alémaniques viendraient aux sports d'hiver dans les Alpes françaises (et du côté de la frontère italienne, qui plus est).
[#] On me signale
d'ailleurs que j'aurais pu signaler que le
mot Eidgenossen
a (probablement) donné en
français huguenots
.
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Si je compte bien, la dernière fois que j'ai fait du ski, c'était à
l'hiver 1990–1991 (dans la petite station jurassienne de
Métabief, où la famille de ma mère a un appartement ; j'y étais
d'ailleurs avec ma cousine et nous avons essayé le monoski, dont la
difficulté un peu gratuite ne nous avait finalement pas trop
convaincus). Mon poussinet
m'ayant persuadé de réessayer, je me
demandais quel serait mon niveau : est-ce que je me retrouverais à
faire du chasse-neige pour descendre les pistes vertes ? Peut-être
que je l'espérais, en fait, comme prétexte pour essayer autre chose
(comme le surf/snowboard, il paraît que ça s'apprend plus facilement ;
ou simplement, diront les mauvaises langues qui me connaissent, pour
ne rien faire du tout). Beaucoup de gens m'ont dit ah, mais ça ne
s'oublie pas !
(ma maman, maman Mouton, et jusqu'à la dame qui m'a
loué les skis) : je me demande d'où tous ces gens tirent leur savoir
parce que, franchement, des gens qui font du ski un peu correctement,
puis qui arrêtent complètement pendant au moins 15 ans, et
qui réessayent ensuite, il ne doit pas y en avoir des masses. En
plus, les skis ont changé depuis le temps : maintenant ils sont plus
courts et ils ont une forme différente (qualifiée de parabolique, même
si je ne vois pas bien où est la parabole).
Ceci étant, je dois reconnaître qu'ils n'avaient pas trop tort : si j'ai oublié beaucoup de choses apprises consciemment (par exemple, comment prendre les remontées mécaniques), il m'est resté des réflexes que je ne pensais plus avoir. Donc je savais encore tourner, m'arrêter en dérapant, bref, les mouvements de base qui font qu'au final je n'étais pas toujours parmi les plus mauvais (même parmi les djeunz qui ont l'air de trouver que c'est une façon de se la péter que de plaisanter à l'idée de prendre une piste qui ne soit pas au moins rouge). Et je continue à ne pas savoir à quoi mes bâtons sont censés servir. Il y a pourtant des choses qui ne sont plus comme quand j'avais quinze ans : d'une, j'ai beaucoup plus facilement le vertige (heureusement pas trop sur les télésièges, mais sur les pistes je devais parfois m'arrêter pour une raison qui n'ait rien à voir avec la difficulté technique). De deux, j'ai beaucoup moins de force dans les jambes (par rapport à mon poids), ce qui m'interdit de dépasser une vitesse modérée de peur de perdre la stabilité de mes skis (surtout le gauche) : mon poussinet refuse d'ailleurs de me croire et prétend que je suis juste trop peureux ou trop flemmard pour aller plus vite.
Mais surtout, ce qui a changé, c'est que je n'arrive plus à trouver
ça grisant en soi, de skier : si autrefois j'ai pu trouver jouissif de
descendre les murs tout schuss
, ou (comme mon poussinet semble
aimer) batifoler dans les champs de bosses, l'idée de convertir de
l'énergie cinétique en frottements sur neige m'amuse beaucoup moins
maintenant. L'intérêt est plutôt de pouvoir regarder le paysage #1
(celui où on espère apercevoir un lagopède alpin, mais ça ne nous est
pas arrivé) et le paysage #2 (celui constitué des jolis garçons au
look sexy, surtout du côté des surfers). Or le paysage #1 ne bouge
pas, et le paysage #2 se voit mieux si on prend le temps de s'arrêter
pour le regarder passer (d'autant que ça évite les accidents) ; bon,
il est vrai qu'il peut y avoir motivation à aller un peu vite pour le
rattraper ensuite (et le poussinet et moi nous sommes pas mal
débrouillés, en somme, entre nos petits codes pour nous signaler le
paysage, et notre façon d'alterner entre le dépasser puis de le
laisser nous dépasser — après, peut-être qu'ils pensaient
exactement la même chose de nous ).
Sinon, un autre intérêt est la conversation du poussinet qui, après s'être découvert une passion de geek pour les remontées mécaniques, m'explique à chaque télésiège que celui-ci est un des seuls débrayables construits par cette compagnie ou que celui-là est un fixe dont le moteur et les pylônes sont prévus pour qu'il puisse être converti en débrayable un jour (mais ça n'arrivera pas), et à chaque téléski quelle est la différence entre un lâcher sous poulie et un lâcher sous pylone ou pourquoi on ne peut pas faire deux virages de sens contraires sur un téléski, et encore toutes sortes d'autres choses que je vivais sans la joie de savoir.
Bon, et enfin, une chose qui ne risquait pas de changer en quinze-vingt ans, c'est qu'il faut une quantité invraisemblable d'accessoires à la con pour faire du ski, et qu'ils sont parfois plus embêtants qu'autre chose (entre les gants et les sous-gants quand il s'agit d'attraper un mouchoir parce qu'on a le nez qui coule, ou encore le masque qui fait tout voir d'une couleur ambrée — mais pourquoi diable ne font-ils pas des masques qui atténuent la lumière visible uniformément, donc de couleur grise dans le visibile et opaque dans l'ultraviolet ? pourquoi faut-il que tout devienne jaune ?).
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J'ai toujours trouvé extraordinaire l'idée que des gens arrivent à se détendre en partant en vacances. Pour ce qui me concerne, non seulement je ne suis pas un voyageur, mais même, l'idée de voyager est tellement stressante que j'aurais besoin de trois jours de repos à ne rien faire chez moi pour chaque jour de « vacances » : entre les préparatifs au voyage (ranger la maison, envoyer cinquante mails dont la deadline est située dans le temps du trajet, vérifier qu'il ne reste rien de périssable au frigo, descendre toutes les poubelles, faire une lessive en catastrophe, fermer les volets), le trajet lui-même (transporter des sacs forcément lourds, angoisser de rater son train, s'inquiéter du risque d'accident sur la route ou être tassé comme des sardines dans un avion), le séjour sur place (où on n'est pas chez soi, le confort est toujours relatif, on se rend forcément compte qu'on a oublié de prendre ou de faire des choses importantes à la maison et que comme on est dans le trou du cul du monde on ne peut rien acheter sur place ou alors à prix d'or), et les petites angoisses supplémentaires du névrotique qui quitte sa maison (dégât des eaux, cambriolage…), il n'y a vraiment pas que l'angst du geek privé d'une connexion Internet décente (et qui à son retour trouve environ 50 mails urgents à traiter pour chaque jour d'absence). Alors c'est dire si je ne comprends pas les Français qui partent faire du ski le samedi où commencent les vacances et qui y restent jusqu'au dernier jour, en allant en plus dans des stations bondées qui ressemblent à des usines à beaufs.
Bref, je pars demain pour retrouver mon poussinet en sucre d'orge qui me manque déjà (il n'a pas, lui, de telles angoisses pour voyager, donc il est à la montagne depuis une semaine), et je me demande comment je vais trouver le temps de me reposer après ça : malheureusement, je ne peux pas prendre de vacances pour me remettre de mes vacances (il me reste assez de jours à prendre, mais j'ai un rapport de referee à rendre pour Bientôt® et déjà plein de choses à faire la semaine qui suit).
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Ceci est le résumé du film que je vendrais mon âme au diable pour voir un jour (malheureusement, j'imagine que j'en serais le seul spectateur) :
La première histoire se passe en France, à peu près de nos jours. Le héros est un dénommé Tristan Gavient, il a dix-huit ans au début et il vient de passer le bac : il est sur le point d'entrer en prépa et déménager de Lyon à Paris. Pendant l'été, il commence, sous le pseudonyme de Cidrolin, un roman dont l'écriture va lui prendre les trois ans qui suivent. Ces trois ans, en même temps que son parcours scolaire, c'est sa découverte de Paris, et surtout de sa sexualité. Emblématiquement, dans la première scène il fait son coming out auprès de sa mère ; il a d'abord une vision très « fleur bleue » de l'amour, il s'imagine qu'il va rancontrer son prince charmant, mais au fur et à mesure que le temps passe, il évolue et le roman qu'il écrit évolue avec lui.
La seconde histoire a lieu dans un monde fantastique : on y suit deux personnages principaux. L'un s'appelle Stéphane, duc de Lyash-Balder, et il est le prince héritier, forcément beau et fort, d'un empire qui a des côtés un peu féeriques. L'autre, qui n'apparaît pas immédiatement, s'appelle Pheŋg, et il est, ou plutôt il devient, un archimage extrêmement puissant, et d'autant plus assoiffé de pouvoir. Au commencement, Pheŋg est bon, mais au fur et à mesure que son pouvoir augmente il devient mauvais, il menace l'empire sur lequel règne le père de Stéphane. Puis, comme le personnage de Pheŋg gagne en profondeur et en subtilité et cesse d'être entièrement noir ou blanc, la situation se complique immensément, elle se mêle à des intrigues politiques et les rapports entre les deux personnages deviennent ambigus.
Les deux trames sont liées par un cercle vicieux (et d'ailleurs on voit régulièrement apparaître des allusions aux cercles vicieux, comme cette gravure d'Escher représentant deux mains qui se dessinent mutuellement). La seconde histoire est celle du roman qu'écrit Tristan dans la première. Mais à l'inverse, quand Pheŋg décide que, pour accroître ses pouvoirs, il lui faut pratiquer l'invocation, il entre en communication avec un autre monde où, comme la magie n'existe pas, il doit prendre la forme d'un personnage de fiction. Chacun de Tristan, de Pheŋg et de Stéphane apparaît dans les rêves des deux autres. Un pacte est conclu entre l'archimage et l'étudiant, dont les termes ne sont pas révélés. Ce qui est sûr, c'est que les scènes où Pheŋg est sur le point de vaincre l'empire alternent avec les moments de la vie de Tristan où il a ses expériences les plus dures. C'est complètement transparent quand on voit en parallèle le sac de Lyash-Balder sous les yeux d'un Pheŋg transpercé de remords, et une séance de SM à laquelle Tristan participe par dégoût presque autant que par défi.
Enfin, le concours que passe Tristan pour la deuxième fois et un meurtre qui a lieu au palais impérial amènent un dénouement où la réalité et la fiction s'entrecroisent plusieurs fois autour du personnage de Stéphane, avant la résolution finale de plusieurs énigmes.
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Comment on dit, déjà, au cinéma ? Inspiré de faits réels
,
c'est ça. Mais je ne vous dirai pas ce qui est inspiré et ce qui est
inventé.
On nous a apporté nos cafés. Il avait toujours pas l'air de se décider à desserrer les dents, alors je l'ai poussé :
Donc, Hafid, tu voulais me parler ?Il était venu me voir à la fin du cours et avait demandé à me dire quelque chose.
Non, pas ici au bahut. Dehors je préfère. Si vous voulez bien.Ça m'a surpris. Pas le genre à faire des confidences, Hafid : et de toute façon il m'avait pris en grippe dès octobre (j'avais dit un truc qui l'avait vexé, il s'était senti ridiculisé devant la classe). En chemin jusqu'au café, il a pas prononcé un mot.C'est le mec à la fierté vissée au corps. Il porte sa tenue de racaille comme un uniforme, de la casquette aux baskets, chaque accessoire est positionné au micromètre — un cadet de West Point serait pas plus soigneux. Ses potes l'aiment bien, savent qu'ils peuvent compter sur sa fidélité, mais qu'il ne faut pas froisser son sens sourcilleux du respect. En classe, il est pas trop pénible, il se tient assez à carreau, il serait bon élève s'il ne faisait pas un effort pour rester médiocre (sauf en maths et en sport, où il est excellent). Dehors, c'est plus compliqué : je sais que son bushido l'a entraîné dans des ennuis parce qu'il devait venger son petit frère de quelque chose… Par contre, je suis sûr qu'il ne deale pas, et même il ne boit pas, il se contente pas de ne pas manger de porc. Il porte toujours au cou un pendentif sur lequel est calligraphié :
وتواصوا بالحقّ(et ils s'exhortent à la vérité, sourate 103).Il remuait sur sa chaise comme si ça le démangeait. J'ai dû le presser encore un peu pour qu'il accouche. Finalement, les yeux plongés dans son café, il a murmuré :
Je crois que je suis pédé.Immédiatement après, il me suppliait de garder le secret.
Si mon grand frère découvre ça, il me tue : je vous jure, il me tue direct.J'ai été pris de court, moins par la confession qu'il venait de me faire que par sa réaction. Il était à la fois terrifié et résigné. Il se voyait humilié dans sa virilité, détruit dans son image de lui-même, et en même temps il n'avait pas d'illusion que ça lui passerait.
J'ai fini par savoir qu'il avait couché mercredi avec un autre garçon de la classe. Il ne m'a pas dit qui, il s'est retenu de justesse de prononcer le nom, mais j'ai décidé que c'était Bastien : j'avais remarqué jeudi que quand Kévin et Bakary avaient charrié l'aspirant goth (comme à peu près chaque jour en fait) en le traitant de tapette, Hafid était intervenu et s'était engueulé méchamment avec les moqueurs et aussi le moqué, pourtant c'est pas son caractère. J'ai compris que Hafid détestait l'autre pour ce désir qu'il lui avait fait découvrir, se détestait lui-même encore plus pour s'être laissé donner le rôle qu'il considérait comme féminin et y avoir pris du plaisir, et en même temps il se rendait compte de sa propre bêtise à penser ça.
Puis il m'a expliqué qu'il croyait que seul Dieu connaissait la raison de cette épreuve (c'est le mot qu'il a utilisé, et il a insisté : pas une faute, mais une épreuve), mais qu'il fallait qu'il la subisse quand même. Qu'il ne pourrait jamais en parler à ses parents, ça les tuerait. Que peut-être il devrait même se marier. Qu'il vivrait en cachette. Ça faisait beaucoup de conclusions à partir d'une seule nuit : il avait dû y réfléchir avant.
Moi je n'ai sorti que des platitudes. Je me suis senti con : ce gamin me fait des confidences qui lui coûtaient autant à sortir de sa poitrine que s'il s'en arrachait les entrailles, et je ne trouve pas mieux à lui dire que
il faut que tu arrives à t'assumerettu dois réussir à être fort. J'ai été moins mauvais quand je lui ai dit qu'il n'était pas moins masculin pour autant (là, il m'a regardé comme un cancéreux à qui on annonce qu'il est guéri). Enfin, je lui ai promis de lui trouver pour lundi des contacts d'associations de jeunes homos — l'idée a eu l'air de lui faire peur, mais il a hoché la tête.Je lui ai aussi demandé pourquoi il s'était confié à moi : il a vaguement fait référence à la façon dont j'avais évoqué Oscar Wilde, et finalement, vachement embarrassé, il m'a dit qu'il y avait des rumeurs sur mon compte… J'ai rigolé et je l'ai détrompé. Puis on s'est quittés.
Je n'ai rien su de plus. Je lui ai donné quelques adresses la semaine suivante, il les a acceptées en me remerciant discrètement, mais à part le fait qu'il s'est mis à éviter Bastien très soigneusement (évitement peut-être réciproque d'ailleurs) j'aurais pu rêver tout ça. Hafid est resté semblable à lui-même, parlant des meufs avec ses potes sur exactement le même ton. Il est passé en première S surtout grâce à son niveau en maths, et je ne sais pas ce qu'il est devenu.
Peut-être pour faire le pendant de cet autre fragment ?
Pfff… J'ai un mal incroyable à écrire sur un ton familier (et je pense que ça se voit, et que ça fait artificiel) : je dois sans arrêt me retenir d'utiliser le passé simple.
↑Entry #1611 [older|※ permalink|newer] / ↑Entrée #1611 [précédente|※ permalien|suivante] ↑
↓Entry #1610 [older|※ permalink|newer] / ↓Entrée #1610 [précédente|※ permalien|suivante] ↓
Quelque chose de plus à ajouter au catalogue des objets
introuvables (et dont l'introuvabilité est pénible) : des ramettes de
papier B5 (176mm×250mm, le format juste intermédiaire entre A4 et A5).
On trouve éventuellement des livres au format B5 (enfin,
façon de parler : les livres ont l'air d'exister à tous les formats
possibles imaginables, donc dans le tas il y en a bien qui tombent
assez proches de B5, mais on ne sait pas trop si c'est un hasard ou
pas), peut-être des enveloppes (je n'ai pas vérifié), mais du papier
blanc, que dalle : aucun fournisseur en papeterie, que ce soit en
ligne ou dans la rue, n'a ce format — qui pourtant est
prétendument supporté par toutes les imprimantes laser, toutes les
photocopieuses, etc. (Si
on cherche papier
B5
sur le Web, on ne tombe que sur des sites vendant des
imprimantes : qui diable aurait besoin d'une imprimante pouvant faire
du B5 si le B5 n'existe pas‽)
Il paraît que c'est commun au Japon, mais il y a un piège : ce n'est pas du vrai format B5 ISO, c'est un format JIS appelé par le même code, et qui fait 182mm×257mm. Le Club Contexte se félicite !, d'autant plus que la grande majorité des gens au Japon ou ailleurs semblent ignorants de cette subtilité. Bref, même en important d'Asie, je ne trouverai pas mon papier B5.
Par contre, en France, on trouve ce format bizarre qu'est le format
du Canson dessin 24×32
(c'est-à-dire 240mm×320mm) : je ne l'ai
jamais entendu appelé autrement que vingt-quatre-trente-deux
et
j'ignore s'il est un standard ou s'il a un nom officiel (il est proche
de l'ancien format quart de raisin, mais ce n'est pas pareil, le quart
de raisin est du 250mm×325mm — là aussi, le Club Contexte
applaudit très fort). Ah
si, cette
page l'appelle le format A4+
, mais il n'y a aucune
référence et je ne trouve de confirmation nulle part. Je suppose que
c'est parce que les dessinateurs sont des aaaaartistes qu'ils ne
pouvaient pas utiliser le format B4 (250mm×353mm).
Par ailleurs, puisqu'il semble qu'il existe tellement de formats de papier différents, et puisque tout le monde aime tellement fantasmer sur le nombre d'or, comment est-ce possible que personne n'ait standardisé un format de papier défini par le nombre d'or (et un format carré associé) ? Quelque chose comme ceci, qui serait facile à couper :
G | H | |
---|---|---|
0 | 786mm ×1272mm | 786mm × 786mm |
1 | 486mm × 786mm | 486mm × 486mm |
2 | 300mm × 486mm | 300mm × 300mm |
3 | 186mm × 300mm | 186mm × 186mm |
4 | 114mm × 186mm | 114mm × 114mm |
5 | 72mm × 114mm | 72mm × 72mm |
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Une petite pensée pour Darwin et Lincoln, qui auraient 200 ans tout rond aujourd'hui.
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Puisque je parlais de notations mathématiques dans
la dernière entrée, je vais raconter
un autre petite histoire à ce sujet : celle de la police qu'on appelle
le gras de tableau noir
(enfin, je ne sais pas ce qu'on est
censé dire en français : je sais juste que les lettres se
disent double barre
— c'est en anglais qu'on parle
de blackboard
bold
).
Il s'agit des caractères qui ressemblent à ceci :
(en l'occurrence le Z double barre
, qui désigne l'ensemble
des entiers relatifs {…, −3, −2, −1, 0, 1, 2,
3, …}, et qui pour Unicode se nomme U+2124 DOUBLE-STRUCK
CAPITAL Z, soit ℤ si vous avez donné des polices correctes à
votre navigateur). Il s'agit d'une désignation maintenant assez
standardisée pour les ensembles de nombres (les plus communs étant :
ℕ soit N double barre
pour les entiers naturels,
ℤ soit Z double barre
pour les entiers relatifs,
ℚ soit Q double barre
pour les rationnels, ℝ
soit R double barre
pour les nombres réels, ℂ soit C
double barre
pour les nombres complexes). Quelle est leur
histoire ?
La désignation des ensembles de nombres était assez fluctuante
jusque dans la première moitié du XXe siècle : l'utilisation du N pour
les entiers naturels remonte au moins à Peano, celle du Z pour les
entiers — sans doute comme initiale du mot
allemand Zahl
— est sans doute due à Landau dans
ses Grundlagen der Analysis vers 1930 (mais
l'écrivait en gothique fraktur, ℨ, avec une barre
au-dessus), celle du R pour les réels a été faite par plusieurs
personnes indépendamment (mais le R était aussi souvent utilisé au
début du XXe pour désigner les rationnels).
C'est Bourbaki qui a fixé, à la fin des années '40, au moins les lettres suivantes : le N pour les entiers naturels, le Z pour les entiers relatifs, le Q pour les rationnels (qu'il semble avoir été le premier à introduire), le R pour les réels et C pour les complexes (ainsi que H pour les quaternions — par contre, il n'utilise pas O pour les octonions, et il est sans doute difficile d'attribuer à quelqu'un de précis une notation aussi évidente). Il semble que ces conventions se soient imposées très rapidement. Cependant, si Bourbaki a fixé les lettres, il utilise une police grasse normale pour les désigner.
L'histoire du « gras tableau noir » est complètement contenue dans son nom : pour simuler du gras au tableau noir, le plus simple est de doubler les traits. La façon dont cette habitude est passée du tableau noir au papier n'est pas évidente à retracer : il semble que le vecteur ait été les textes imprimés à la machine à écrire, où on graissait une lettre en la frappant deux fois légèrement décalée. (Le premier texte comme ça est peut-être le Lectures on Riemann Surfaces de Gunning, publié en 1966 à Princeton, Gunning lui-même ayant tiré cette idée de l'habitude prise dans le séminaire Kodaira-Spencer à Princeton au début des années '60 ; mais ce n'est pas sûr.)
Je ne sais pas non plus quel est le premier document imprimé de façon plus sérieuse qu'à la machine qui a eu ces caractères, mais il y a eu plusieurs styles de polices « gras tableau noir » dans TeX, essentiellement développées par l'AMS :
(msym10
) est
devenu (msbm10
) vers 1991
(mais ce ne sont pas les seules formes possibles).
Ce qui est amusant, c'est que cette police est apparue par accident
(du gras de Bourbaki au gras « tableau noir » en passant par le
doublement des traits sur un vrai tableau noir et le doublement des
caractères sur la machine à écrire), mais que c'est une invention
vraiment géniale (et maintenant entérinée par son introduction dans
Unicode) : alors qu'en maths on manque souvent de lettres et de
symboles pour désigner les objets, voici une police complètement
unique et très facilement reconnaissable pour désigner des objets
uniques. Car il n'y a pas que les ensembles de nombres : le gras
« tableau noir » semble servir généralement à désigner un objet
mathématique qui n'est pas seulement particulier au problème, mais
plus généralement bien reconnu dans l'ensemble de la branche des
mathématiques où on se place, voire l'ensemble de toutes les
mathématiques — en probabilités on utilisera 𝔼 soit E
double barre
pour l'espérance, en géométrie ℙ soit P
double barre
pour l'espace projectif, etc. (tiens, le μ
double barre
n'est pas dans Unicode : il faudra sans doute que je
propose celui-là aussi — il sert à désigner le groupe des
racines de l'unité).
Un peu de polémique maintenant : les membres de Bourbaki, notamment
Serre, et un certain nombre de matheux français qui s'en sentent
proches, n'aiment pas cette police et refusent de l'utiliser dans les
textes imprimés, arguänt que Bourbaki avait choisi le gras, pas le
doublement des barres. Je trouve que ce refus est une obstination
d'orgueil bien malheureuse, car même si le gras « tableau noir » est
le fruit du hasard, il est vraiment utile, et il a l'avantage de
libérer le gras pour d'autres usages (par exemple pour désigner des
catégories, des foncteurs, que sais-je encore) ; en tout cas,
l'explication c'est un malentendu, le doublement des barres n'est
qu'une façon de faire du gras au tableau noir
ne vaut rien (on est
conscient que c'est un malentendu, mais beaucoup d'inventions utiles
sont nées d'une erreur, ce n'est pas une raison pour ne pas s'en
servir !), pas plus que Bourbaki a choisi le gras
(comme Landau
a choisi la fraktur avec une barre dessus, mais on ne s'en sert plus).
Heureusement, je crois qu'ils ont complètement perdu cette bataille
(les notations pour les ensembles de nombres en « gras tableau noir »
s'enseignent maintenant au collège/lycée, en France et dans beaucoup
d'autres pays, et l'immense majorité des mathématiciens les
considèrent maintenant comme acquises).
PS : Si quelqu'un
veut bien faire à ma place l'effort de rendre un peu plus corrects les
articles de Wikipédia (It is frequently claimed that
the symbols were first introduced by the group of mathematicians known
as Nicolas Bourbaki. There are several reasons to doubt this
claim…
), ce serait bien. L'ennui, c'est qu'il est à peu
près impossible de donner une référence pour tout ce que je viens de
raconter.
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Aujourd'hui j'ai fait une tentative pour augmenter mon karma geek : j'ai soumis un caractère à Unicode. Il s'agit d'un caractère qui ressemble à ça :
— c'est-à-dire une combinaison de ça : et ça :
Les deux symboles de droite existent déjà dans Unicode : il s'agit du symbole du produit de suites ou familles (U+220F N-ARY PRODUCT) ∏ (le glyphe est juste un grand pi majuscule) et du symbole du coproduit de suites ou familles (U+2210 N-ARY COPRODUCT) ∐ (le glyphe est le même mais inversé). Le symbole que j'ai proposé d'ajouter (et qui pourrait recevoir le nom de N-ARY RESTRICTED PRODUCT) a un glyphe dont la partie supérieure est celle du symbole du produit et la partie inférieure est celle du symbole du coproduit (donc le même à l'envers). Il dénote le produit restreint (toujours de suites ou familles) et apparaît en théorie des nombres — dans un contexte où le coproduit d'une famille infinie d'objets (qui, en général, est une opération duale du produit) serait le sous-ensemble du produit dont toutes les coordonnées sont nulles sauf un nombre fini, le produit restreint est intermédiaire entre le coproduit et le produit, il correspond au sous-ensemble du produit dont toutes les coordonnées sauf un nombre fini appartiennent à un sous-ensemble des facteurs compris implicitement ; cela apparaît par exemple, dans la définition de l'anneau des adèles ou du groupe des idèles d'un corps de nombres. Ce produit restreint est souvent noté ∏′ (pi-prime, quoi) par les auteurs qui n'aiment pas ou ne savent pas typographier le symbole ci-dessus, mais cette notation, proposée par John Tate, est occasionnellement utilisée, graphiquement élégante, et il me semble important de l'ajouter à Unicode.
Ça faisait longtemps que je pensais soumettre ce caractère (depuis
un exposé
au séminaire Variétés
rationnelles, il y a un an, où il était apparu sous la
craie de David
Harari). Mais pour cela, il me fallait trouver des exemples de
son utilisation : c'est là qu'était la difficulté, parce que pour
convaincre que le symbole existe vraiment, il faut des exemples
imprimés, or il sert surtout au tableau noir où ce n'est pas difficile
de le faire et où le prime dans ∏′ (pi-prime) risquerait
de ne pas être vu — alors que dans un texte imprimé, c'est le
contraire, écrire ∏′ est plus facile (le symbole inventé
par Tate, non seulement il n'est pas dans Unicode, mais il n'est pas
non
plus dans
les jeux de macros LaTeX usuels). Je savais que je l'avais vu
quelque part dans un livre, mais encore fallait-il retrouver où. Un
ami m'a rapidement trouvé un spécimen
dans Galois
Cohomology de Serre, et ce n'est que récemment que je suis
retombé sur un autre exemple que j'avais oublié,
dans Algebraic
Number Theory de Neukirch. Avec ces deux références (de
deux auteurs différents et imprimées par un éditeur connu), je pense
qu'il y a de bonnes chances que le caractère soit inséré : plutôt que
m'adresser directement au working group,
sur la suggestion d'un ami j'ai confié le combat
à une
experte en typographie mathématique qui m'a répondu
que : the unicode technical committee has accepted
the principle that math notation is open-ended, so they are receptive
to well-documented submissions of new symbols. your informants are
correct that, at present, i'm the "fast track" entry point to the
system, and that will probably continue for several more
years.
Nous allons donc maintenant voir combien de temps il faudra pour que ce caractère apparaisse dans une version ultérieure du standard. (Il ne faut jamais perdre espoir, avec Unicode : la première proposition d'encoder les hiéroglyphes date de 1999, maintenant c'est quasiment acquis, au moins pour la partie la plus basique, mais il faut encore attendre la sortie de la prochaine version, donc ça aura pris environ dix ans.)
[Mise à jour () : j'ai essayé de rassembler sur une page différents caractères dont je voudrais proposer l'addition à Unicode (voir une entrée ultérieure). Au fait, les hiéroglyphes basiques ont bien fini par arriver dans le standard.]
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