David Madore's WebLog: 2017-01

Vous êtes sur le blog de David Madore, qui, comme le reste de ce site web, parle de tout et de n'importe quoi (surtout de n'importe quoi, en fait), des maths à la moto et ma vie quotidienne, en passant par les langues, la politique, la philo de comptoir, la géographie, et beaucoup de râleries sur le fait que les ordinateurs ne marchent pas, ainsi que d'occasionnels rappels du fait que je préfère les garçons, et des petites fictions volontairement fragmentaires que je publie sous le nom collectif de fragments littéraires gratuits. • Ce blog eut été bilingue à ses débuts (certaines entrées étaient en anglais, d'autres en français, et quelques unes traduites dans les deux langues) ; il est maintenant presque exclusivement en français, mais je ne m'interdis pas d'écrire en anglais à l'occasion. • Pour naviguer, sachez que les entrées sont listées par ordre chronologique inverse (i.e., la plus récente est en haut). Cette page-ci rassemble les entrées publiées en janvier 2017 : il y a aussi un tableau par mois à la fin de cette page, et un index de toutes les entrées. Certaines de mes entrées sont rangées dans une ou plusieurs « catégories » (indiqués à la fin de l'entrée elle-même), mais ce système de rangement n'est pas très cohérent. Le permalien de chaque entrée est dans la date, et il est aussi rappelé avant et après le texte de l'entrée elle-même.

You are on David Madore's blog which, like the rest of this web site, is about everything and anything (mostly anything, really), from math to motorcycling and my daily life, but also languages, politics, amateur(ish) philosophy, geography, lots of ranting about the fact that computers don't work, occasional reminders of the fact that I prefer men, and some voluntarily fragmentary fictions that I publish under the collective name of gratuitous literary fragments. • This blog used to be bilingual at its beginning (some entries were in English, others in French, and a few translated in both languages); it is now almost exclusively in French, but I'm not ruling out writing English blog entries in the future. • To navigate, note that the entries are listed in reverse chronological order (i.e., the most recent is on top). This page lists the entries published in January 2017: there is also a table of months at the end of this page, and an index of all entries. Some entries are classified into one or more “categories” (indicated at the end of the entry itself), but this organization isn't very coherent. The permalink of each entry is in its date, and it is also reproduced before and after the text of the entry itself.

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Entries published in January 2017 / Entrées publiées en janvier 2017:

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(dimanche)

Quelques non-râleries informatiques

Puisqu'on m'accuse souvent, et on a en partie raison, de n'utiliser les ordinateurs que pour accumuler les échecs, et de n'en parler que pour râler, je voudrais parler de quelques succès récents, sans doute le signe que j'avais un peu de karma à dépenser.

D'abord, je peux parler de notre liaison ADSL : il y a une dizaine de jours, nous avons commencé à observer des pertes de synchronisation, ou des synchronisations à un débit anormalement bas par rapport à ce que notre ligne fait habituellement, ainsi que des pertes de paquets ou des incapacités à établir la connexion (malgré une synchronisation apparemment réussie). J'ai changé le filtre sans que cela améliore la situation, j'ai contacté le service technique de mon opérateur (Nerim), qui m'a dit qu'ils plaçaient notre ligne sous surveillance. Je commençais à m'inquiéter que les travaux d'à côté ou un idiot dans le central aient abîmé la ligne de cuivre. Je sais, ça ne ressemble pas à une success story jusqu'à présent. Mais en fait, il s'est avéré que c'était juste notre modem, que nous avions changé récemment parce que son alimentation était morte, qui était défectueux : j'ai remis l'ancien avec une alimentation universelle, et depuis, plus aucun problème. (Je sais, la manie en France est d'utiliser des « box » pour les connexions ADSL ou fibre : personnellement, je ne jure que par un bon vieux modem qu'on peut changer sans difficulté si on le soupçonne d'avoir des vapeurs, et qui est bien séparé du routeur que j'administre moi-même.)

Ensuite, je peux parler de l'ordinateur qui est chez mes parents. Là aussi, ça ne commence pas trop bien : quand j'ai changé celui qui est chez moi, j'ai repris l'ancienne carte mère et je l'ai apporté chez mes parents ; je soupçonnais (déjà en août) que celle-ci était mourante, et elle est effectivement morte (à la fin, elle fonctionnait juste quelques dizaines de minutes avant de planter brutalement), mais finalement, elle aura tenu plus longtemps que je le pensais, et elle était vieille de dix ans, ce qui n'est pas si mal. Bref, comme je ne voulais pas rester sur celle que j'avais avant et qui était vraiment vieille, j'ai refait des achats.

J'ai commandé (sur LDLC) une nouvelle carte mère, un nouveau processeur et une nouvelle barrette de mémoire (ECC, bien sûr !). J'ai pris le mème modèle de carte mère (Asus P10S-WS) que j'avais achetée chez moi, malgré les difficultés qu'elle m'avait causée, parce que je sais maintenant que ce modèle fonctionne correctement sous Linux, et avec quels paramètres. (À l'exception du watchdog TCO, mais j'ai maintenant de fortes raisons de penser qu'aucune carte mère Intel récente — c'est-à-dire supportant l'UEFI — n'a un watchdog TCO qui fonctionne. Donc pas de raison de tenir grief à cette carte particulièrement.) Ça me permettra aussi de faire d'éventuels échanges entre les deux. Et j'ai pris un processeur de base, un Core i3-6300 à 3.8GHz de la génération Skylake. (Les Core i3, contrairement aux Core i5 et aux Core i7, supportent la mémoire ECC — au moins celui-ci la supporte. Je ne comprends vraiment pas la logique d'Intel à ce sujet, d'ailleurs, et si quelqu'un peut me l'expliquer ça m'intéresse, mais en tout cas pour l'ECC je n'avais pas le choix, c'était un Core i3 ou un Xeon.)

Eh bien rien de comparable aux soucis de mon précédent montage : j'ai monté tout ça en une grosse demi-heure, et tout a marché parfaitement. J'ai juste eu un petit peu de mal à brancher certains câbles coincés derrière les disques durs que je ne voulais pas dévisser, mais à part ça, aucun souci, même pas une vis qui se perd, même pas une carte ou une barrette mémoire mal insérée. Je pensais que j'aurais des soucis avec l'UEFI mais je me suis rendu compte par accident qu'en fait, la carte mère en question était en fait quand même capable de booter en mode BIOS traditionnel, donc je n'ai rien eu à rerégler ; pas non plus dans Linux, puisque j'avais déjà un Linux tout prêt pour cette carte mère. Je n'étais pas content de devoir changer le clavier et la souris (ceux que j'avais étaient à connectique PS/2) ainsi que le graveur de DVD (à connectique IDE/ATAPI) parce que la carte mère ne supporte plus des connectiques « obsolètes », mais j'ai trouvé chez mes parents un clavier (QWERTY !, les seuls que je supporte) et une souris USB excellents, et j'ai trouvé chez moi un adaptateur IDESATA dont j'ai eu la surprise de constater qu'il marche même pour un graveur de DVD. La seule chose à laquelle j'ai dû renoncer, c'est un scanner SCSI vieux de seize ans, parce que la carte SCSI était à connectique PCI et que ça aussi, c'est obsolète (et je ne vais pas en acheter une PCIe juste pour brancher un périphérique comme ça).

J'ai décidé d'utiliser non pas le chipset graphique intégré au processeur, mais celui d'une carte graphique externe (le premier prix des Radeon, j'en avais une qui traînait) : je craignais aussi un peu que la présence de deux chipsets graphiques perturbât le BIOS ou bien Linux, mais rien du tout, tout ça fonctionne parfaitement.

En plus de ça, ma nouvelle carte mère a un oscillateur d'une qualité excellente : le quartz n'est décalé que de 1 partie par million si j'en crois NTP.

Et au passage chez mes parents j'ai même trouvé un modem ADSL tout neuf qui ne servait pas, dont je n'ai plus aucune idée de comment il est apparu là, mais du coup même si l'alim universelle ne tient pas très longtemps (ce que je crains), j'en ai un de secours.

En revanche, je me rends de plus en plus compte que je devrais vraiment tenir une base de données du matériel informatique dont je dispose, parce que je me perds dans le nombre de choses que j'ai et qui traînent un peu partout chez moi ou chez mes parents, je finis par ne plus savoir ce qui marche et ce qui est cassé, quelle est l'histoire de chaque composante, et ce qu'il faut savoir à son sujet.

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(jeudi)

Teaser pour une entrée (peut-être) à venir

J'ai commencé à écrire une entrée qui, comme ça m'arrive souvent[#], s'est embourbée (c'est-à-dire qu'elle est plus longue que prévue, que je ne sais pas comment la rédiger clairement, que je n'arrive pas à trouver le bon ton ou le bon niveau d'explications, et plus ça avance lentement plus ça m'agace et du coup ça avance encore plus lentement). D'un autre côté, je n'ai pas envie de laisser indéfiniment en tête de blog l'entrée où j'écris que Donald Trump me terrifie : si on a de la chance et que l'humanité survit jusque là et moi avec, dans quatre ou huit ans ce ne sera peut-être plus d'actualité. Et puis, j'ai fait, pour cette nouvelle entrée que je n'arrive pas à finir, un joli dessin en SVG, un dessin que je n'avais encore jamais vu publié (et qui a d'ailleurs été un peu fastidieux à fabriquer).

Du coup, pour patienter, ou pour me faire pardonner d'abandonner, je vais publier juste ce dessin sous forme de devinette : il faut comprendre la règle (ou peut-être les règles ? parce qu'il y a évidemment plusieurs niveaux de choses qu'on peut remarquer) qui préside au dessin suivant (pour que vous voyiez quelque chose, il faut que votre navigateur supporte le SVG, mais je pense qu'en 2017 c'est une hypothèse raisonnable), comme une sorte d'exercice pratique de sens de la symétrie :

Quelle est, donc, la logique dans le coloriage de ces six hexagrammes(?) avec six couleurs (gris ; noir et blanc ; rouge, vert et bleu) ? Il y a juste une chose que je dois préciser pour écarter toute fausse piste : l'ordre dans lequel les segments se croisent (i.e., lequel apparaît comme passant au-dessus duquel quand ils s'intersectent) n'a aucune espèce de signification (c'est quelque chose qui m'agace profondément parce que cela ruine en partie la symétrie du tout, mais j'en ai déjà parlé et il semble qu'il n'y ait rien à faire). Je peux aussi préciser que la disposition des hexagrammes est partiellement arbitraire ; disons qu'il y a celui entouré de gris d'une part, le blanc et le noir d'autre part, et le rouge, le vert et le bleu enfin. Il n'y a pas besoin de connaître de mathématiques pour remarquer, au moins, toutes sortes de choses sur cette figure, mais pour les matheux le défi sera de comprendre le sujet que je voulais vulgariser (et accessoirement, si vous connaissez des endroits qui seraient arrivés à essentiellement la même figure que moi, ça m'intéresse).

[#] Très systématiquement, devrais-je dire : j'ai un fichier et un répertoire de travail qui se remplissent de cadavres d'entrées à moitié écrites sur toutes sortes de sujets, et celles qui finissent par aboutir — comme celle-ci — sont plus l'exception que la règle. Ce qui est incroyable, quelque part, c'est que je m'obstine à tomber encore et toujours dans la même erreur que de penser que tel sujet sera rapidement traité, pour découvrir que ça prend des pages, et des pages, et des pages, qui sont forcément longues à écrire.

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(mardi)

Donald Trump me terrifie toujours autant

Je n'ai pas l'intention d'écrire une suite infinie d'entrées sur Donald Trump ni de commenter sa présidence pendant les années qui viennent (John Oliver s'en chargera certainement mieux que moi, et je recommande d'avance). Mais il reste encore, au moment où j'écris, une poignée d'heures avant qu'il prête serment, alors il faut en profiter — comme on profite de ne pas encore avoir touché le sol lorsqu'on tombe d'un avion sans parachute (jusqu'ici tout va bien). L'espoir fou qu'on découvre qu'il se comporte différemment une fois élu que pendant la campagne a été bien vite douché. Mais je peux encore avoir l'espoir à peine moins fou qu'un voyageur du futur se matérialise à Washington et annule la cérémonie au nom de l'Empereur galactique ; ou qu'on nous annonce que tout ceci était une gigantesque blague et que c'est bien sûr Hillary Clinton qui a été élue.

Bon, je me rends surtout compte que dans les précédentes entrées où je parle de lui (ici et ) je n'ai pas été très clair sur le distinguo suivant. Il y a trois Donald Trump qui me font peur pour des raisons différentes :

  1. le Donald Trump qui a fait alliance avec tout ce qu'il y a de plus répugnant dans le parti Républicain, c'est-à-dire l'extrême-droite qu'il est actuellement à la mode d'appeler alt-right (représentée, disons, par son conseiller Steve Bannon), les conservateurs les plus extrêmes (représentés, disons, par son vice-président Mike Pence), et les magnats de la big oil et autres intérêts adjacents (représentés, disons, par son secrétaire d'état Rex Tillerson),
  2. le Donald Trump incohérent, impulsif, imprévisible et incontrôlable comme un enfant caractériel, qui n'écoute personne et est capable aussi bien de changer d'avis du tout au tout d'un jour sur l'autre comme de rester buté sur un avis stupide, et surtout capable de nier la réalité avec une obstination impressionnante,
  3. et le tout chapeauté par le Donald Trump égocentrique complexé et mégalomane qui ne voit le monde que sous le prisme de sa propre réussite et de sa propre supériorité, et qui n'a qu'un seul but dans la vie, c'est de combler le puits sans fond qu'est sa soif de grandeur et de richesses.

Les frontières entre les trois ne sont pas parfaitement marquées (par exemple, sa misogynie brutale relève du conservatisme du premier, de l'impulsivité du second et du complexe de supériorité du troisième) ; mais il est intéressant de s'exercer à les séparer et se demander quel Donald Trump agit ou parle (ou tweete) à chaque instant.

Ce que je reproche à beaucoup de gens qui ont critiqué Trump avant et après l'élection ou au contraire qui ont cherché à le défendre (par exemple en expliquant qu'il est isolationniste et que c'est plutôt une bonne chose, ou qu'il disparaîtrait une fois l'élection faite), c'est de s'être concentré sur le premier de ma liste ci-dessus. Ce Donald Trump nº1, à la limite, m'intéresse beaucoup moins : c'est un danger, certes, mais c'est un danger relativement cerné. Il ne fait probablement pas partie du Donald Trump profond : ses alliances actuelles sont juste un deal qu'il a fait pour arriver au pouvoir (il suffit de comparer avec ses positions en 2000 pour se rendre compte de la différence), et qu'il va probablement tenir vue la composition du Congrès, mais ce n'est pas plus fondamental que ça. Par ailleurs, ce premier Donald Trump est relativement compréhensible, on sait quoi attendre de lui, ce n'est pas réjouissant, mais au moins, il n'y aura pas d'énorme surprise de sa part. Et comme je ne suis pas Américain (ou surtout, pas une Américaine qui risquerait d'avoir besoin d'un avortement) et qu'il est relativement improbable qu'on m'enlève pour m'emmener me faire torturer à Guantánamo, égoïstement, je ne suis pas trop inquiet. Enfin, sauf pour le changement climatique. Et pour la personne qu'il nommera à la Cour Suprême.

Mais si on laisse de côté les accusations de racisme et autres qui concernent le premier Donald Trump, il reste le deuxième et le troisième, c'est-à-dire le tempérament du personnage et non ses alliances du moment. (À ce sujet, j'ai trouvé cette interview de ses biographes assez intéressantes.)

Le troisième Trump ne me fait pas spécialement peur. J'irais presque jusqu'à dire qu'il me rassure : si Donald Trump ne fait « que » s'en mettre plein les poches, pratiquer le népotisme et dorer son blason pendant son mandat, ce ne sera pas la fin du monde. Même : comme Donald Trump nº3 a des intérêts financiers dans le monde dans son état actuel, on peut compter sur lui pour éviter les pires désastres, par exemple une guerre atomique — la valeur immobilière de la Trump Tower serait grandement diminuée si New York était la cible d'une bombe atomique, donc il essaiera d'éviter ça, et il est possible qu'il comprenne qu'il vaut mieux ne pas en envoyer une si on ne veut pas en recevoir. Si on est carrément optimiste, on pourrait même imaginer que Donald Trump nº3 se préoccupe de sa popularité comme une mesure de réussite (bon, pour l'instant, ça n'a pas l'air parti pour, mais ce n'est pas complètement exclu pour autant) et même, soyons fous, penser qu'il pourrait faire quelque chose de bien parce que cette chose serait populaire et qu'il verrait ça comme une façon d'être le plus grand président de tous les temps (ce que Donald Trump nº3 se donnera certainement comme mission d'être). Au minimum, pour tout ce qui n'a pas directement lien avec sa personne, Donald Trump nº3 sera simplement peu intéressé par toute la question du gouvernement, et laissera faire, ou sera manipulé par, ses ministres et conseillers, qui sont des gens peu recommandables, certes (cf. ce que je disais sur le nº1), mais au moins, ils ne sont pas complètement fous.

Mais il reste le deuxième Donald Trump de ma liste. Et celui-là, vraiment, il continue de me terrifier, parce qu'il est capable de faire n'importe quoi, y compris les choses les plus absurdes, et je ne vois rien de même modérément rassurant à ce chapitre (sauf si on compte au moins, la fin du monde pourra être rigolote). La personne avec laquelle j'imagine le plus comparer Trump est Berlusconi, et même chez Berlusconi, le nº2 était très loin d'avoir l'ampleur qu'il a chez Trump (ce sont plutôt les nº 1 et 3 qui font marcher la comparaison).

Alors le seul silver lining que j'arrive à trouver concernant le Donald Trump nº2 est le suivant : il n'est pas complètement exclu qu'à un moment où un autre, Donald Trump nº2 décide de bouder parce que les gens ne sont pas gentils avec lui, et qu'il démissionne de la présidence (le nº3 expliquera qu'il aura été le plus grand président de tous les temps et qu'il n'a plus rien à prouver, qu'il aurait pu faire mieux mais qu'on l'empêche d'agir, sad!). On se retrouvera avec Mike Pence, qui est une facette du Trump nº1 : un personnage répugnant, certes, mais pas totalement imprévisible.

Ou alors on peut se réconforter avec l'idée suivante, que l'humanité entière est en quelque sorte unie par cette menace qui pèse sur nous (quelle folie Donald Trump nº2 pourra-t-il bien faire ?) comme une sorte de communion face à une fin du monde possible. Je pense que les dirigeants chinois sont particulièrement inquiets (qui n'aiment pas le chaos ou les choses imprévisibles, bref, tout ce que Donald Trump nº2 incarne) ; mais je soupçonne que Vladimir Poutine n'est en fait pas si heureux que tout le monde le dit, parce que même s'il a quelque bénéfice à ce que le président des États-Unis soit mentalement un gamin, il vaut quand même mieux, globalement, qu'il ne soit pas complètement cinglé.

Ajout : ce sketch du Daily Show reflète parfaitement mon état d'esprit.

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(mardi)

Méditations sur le problème du dangling else

Un problème célèbre dans la syntaxe de langages de programmations informatiques est celui du dangling else : il concerne des langages qui admettent la syntaxe if … then … et aussi if … then … else … pour les instructions conditionnelles (ça n'a pas besoin d'être exactement les mots if, then et else, bien sûr, par exemple le C n'a pas de then du tout, et en fait la partie entre if et then n'a pas d'importance dans l'histoire) ; le problème est que comme le else est optionnel, on ne peut pas toujours décider à quel then il se rapporte. Le problème a été découvert dans Algol 60 dont la syntaxe publiée était ambiguë sans préciser la manière dont il fallait lever l'ambiguïté.

Pour illustrer de quoi il s'agit, je peux considérer la grammaire suivante (extrêmement simplifiée pour illustrer ce dont je veux parler, bien sûr) :

Instruction → foo | bar | qux | Conditional | begin InstrList end

InstrList → Instruction | Instruction InstrList

Conditional → if Expression then Instruction else Instruction
| if Expression then Instruction

Expression → true | false | happy | trippy | xyzzy

(Digression : Le terme standard est Statement là où j'ai écrit Instruction, mais je trouve que c'est une impropriété : un statement, en anglais, est une affirmation et pas une commande, donc cela ne colle pas pour un langage impératif.)

L'exemple le plus simple d'ambiguïté est : if happy then if trippy then foo else bar, qui peut se comprendre soit (1) en rapportant le else au then le plus proche, ce que je peux suggérer en indentant le programme comme

if happy
then if trippy
     then foo
     else bar

soit (2) en rapportant le else au then le plus lointain, ce qui donnerait l'indentation suivante :

if happy
then if trippy
     then foo
else bar

On peut lever l'ambiguïté au niveau du programme (i.e., sans faire d'hypothèse sur la manière dont le langage interprétera le programme ci-dessus) en ajoutant des begin … end explicites, c'est-à-dire en écrivant soit (1) if happy then begin if trippy then foo else bar end, qui s'analyse forcément comme

if happy
then begin if trippy
           then foo
           else bar
     end

soit (2) if happy then begin if trippy then foo end else bar, qui s'analyse forcément comme

if happy
then begin if trippy
           then foo
     end
else bar

(Pour la suite, on peut complètement oublier cette histoire de begin … else, qui ne servait qu'à illustrer la possibilité ci-dessus.)

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(dimanche)

Sur les adjectifs qui élargissent le nom qu'ils qualifient

Le point de grammaire(?) que je veux évoquer ici concerne surtout la terminologie scientifique, notamment mathématique, même s'il est a priori complètement général.

Normalement, quand on accole une épithète à un nom, ou en fait n'importe quelle sorte de complément, le sens devrait être de préciser, c'est-à-dire de restreindre, l'ensemble des entités possiblement désignées. Par exemple, même si vous ne savez pas ce que c'est qu'un foobar (c'est normal !), ni ce que signifie l'adjectif cromulent (idem), si je parle d'un foobar cromulent, vous pouvez conclure qu'il s'agit d'une sorte particulière de foobar, qui a une propriété additionnelle (être cromulent) par rapport à celle d'être un foobar. De même, un bazqux roncible frobnicable devrait être un type spécial de bazqux roncible, qui est lui-même une sorte de bazqux ; et le groupe des ptérodoncles mouffetés de Linné devrait être un ensemble (d'animaux ?) plus restreint que celui des ptérodoncles.

Je suis sûr que les grammairiens ou les linguistes ont un terme précis pour ce phénomène, mais je ne le connais pas ; ou peut-être, au contraire, un terme pour les exceptions. Car il y a bien sûr des exceptions. Dans le langage courant, elles abondent. Un secrétaire général n'est pas vraiment un secrétaire (et pas du tout un général, mais ça c'est plutôt une blague). Un procureur adjoint n'est pas un procureur, puisqu'il n'est qu'adjoint (et il en va de même d'adjectifs comme délégué). Un faux bourdon n'est évidemment pas un bourdon, comme un faux acacia n'est pas un acacia : on peut s'attendre à ce qu'un faux foobar ne soit pas un foobar, d'un autre côté, une fausse bonne idée est quand même une idée, même si elle n'est pas une bonne idée. Il y a aussi tout ce qui est nommé par métonymie ou par métaphore : un blouson noir n'est pas une sorte de blouson et un visage pâle n'est pas une sorte de visage ; une peau de chagrin était bien ce que ça dit jusqu'à ce qu'un roman de Balzac donne un sens très particulier à cette expression. Et ainsi de suite. Évidemment, les frontières des mots dans le langage non-technique ne sont pas rigoureusement définies, donc il n'est pas toujours possible de décider avec certitude si un adjectif est ou n'est pas restrictif au sens du paragraphe précédent : un tableau noir est-il un type particulier de tableau, par exemple ? certainement si on prend tableau au sens le plus large, mais ce n'est pas ce qu'on entend normalement par ce mot. Un hôtel de ville est un hôtel pour une certaine définition d'hôtel, mais ce n'est plus vraiment le sens courant de ce mot. Et je ne saurais pas vraiment dire si un coup de soleil est une sorte de coup, ou si le clair de lune est une sorte de clair (whatever that may be).

Dans le vocabulaire technique, on pourrait espérer que les mots aient un sens suffisamment précis pour pouvoir éviter ces gags, mais ce n'est pas le cas. En mathématiques, un faisceau pervers n'est pas un faisceau et en physique, un champ quantique n'est pas un type particulier de champ [classique] mais un concept parallèle dans un cadre adjacent (la théorie quantique des champs), et il est discutable qu'une étoile à neutrons soit une étoile. Sans compter, bien sûr, les cas où le terme technique est une locution indivisible : un trou noir (terme technique) n'est pas une sorte particulière de trou (terme non technique). La situation reste beaucoup plus rare que dans le langage courant.

Il y a cependant une situation importante où un foobar cromulent n'est pas une sorte particulière de foobar, et dont les matheux ont assez souvent besoin, et peut-être aussi d'autres sciences (les exemples ne me viennent pas trop à l'esprit, mais je suppose qu'ils doivent exister), ce sont les cas où on veut au contraire élargir le sens d'un mot. Autant la situation normale est que l'adjectif restreint le sens d'un mot, et les diverses situations évoquées jusqu'ici sont des cas où il déplace (comme faux, adjoint, etc.) ou bien le transforme de façon complètement imprévisible et figée par l'usage (blouson noir), la situation d'élargissement est encore un peu autre chose.

Le cas d'usage typique pour les maths est qu'un foobar est défini par différentes propriétés, et on veut désigner un objet qui vérifie toutes les propriétés du foobar sauf une. On peut bien sûr appeler ça un quasi-foobar ou un pseudo-foobar ou un presque foobar (near foobar en anglais ; certains grammairiens grincheux pourraient râler de voir un adverbe — presque — qualifier un nom), ou ce genre de choses, mais on aura peut-être envie de parler de foobar généralisé, et là, l'adjectif généralisé élargit le sens du mot.

Mais je pense que la situation la plus fréquente est celle, très proche, où on fait tout un traité sur les foobars bleutés, alors par flemme d'écrire bleuté à chaque fois, on convient dans l'en-tête du traité : le terme foobar désignera ci-après, sauf précision du contraire, un foobar bleuté. Une fois cette convention faite, pour parler d'un foobar en général, on doit écrire foobar non nécessairement bleuté, et non nécessairement bleuté est une locution adjectivale qui a cette propriété d'élargir le sens du mot foobar (en retirant la restriction bleuté). Et comme le mot nécessairement est lui-même long à dire, on écrit le plus souvent foobar non bleuté, ce qui est un abus de langage ou de logique parce qu'on veut, en fait, dire non nécessairement bleuté (i.e., foobar dans le sens où on retire la convention faite initialement qu'il est sous-entendu bleuté, mais il se pourrait qu'il soit quand même bleuté quand même). Il faut admettre que cela cause une certaine confusion, mais je ne connais aucune façon agréable de se sortir de ce problème de rédaction.

Le cas d'école est celui de la commutativité (et éventuellement de l'unitarité ou de l'associativité) des anneaux : en algèbre, un anneau est défini comme un ensemble muni d'opérations (l'addition et la multiplication) vérifiant un certain nombre de propriétés (l'associativité de l'addition, la commutativité de celle-ci, l'existence d'un neutre et de symétriques pour l'addition, la distributivité de la multiplication sur l'addition, l'associativité de la multiplication et l'existence d'un neutre pour la multiplication ; la dernière, voire les deux dernières n'étant pas systématiquement incluses dans la définition) ; et les gens qui font de l'algèbre commutative vont avoir envie d'ajouter une propriété supplémentaire, la commutativité de la multiplication, ce qui donne la notion d'anneau commutatif (commutatif étant ici un adjectif régulier, c'est-à-dire restrictif). C'est pénible d'écrire anneau commutatif trente-six fois par page, alors on fait souvent la convention que anneau signifiera désormais anneau commutatif (typiquement sous la forme : tous les anneaux considérés ici seront, sauf précision du contraire, supposés commutatifs, et peut-être, pour qu'il n'y ait aucun doute sur la définition utilisée, unitaires [i.e., possédant un élément neutre pour la multiplication] et associatifs). Mais on a quand même envie de temps en temps de dire quelque chose sur les anneaux plus généraux, alors on devrait écrire anneau non nécessairement commutatif en utilisant un adjectif qui élargit le sens du mot. Sauf qu'en fait, il n'est quasiment jamais intéressant de parler spécifiquement d'anneaux non nécessairement commutatifs qui ne sont effectivement pas commutatifs (au sens où il existe vraiment x et y tels que x·yy·x), donc on dit simplement non commutatif pour non nécessairement commutatif ; ce qui conduit à la situation absurde qu'un anneau commutatif est un cas particulier d'un anneau non commutatif (puisque ce dernier terme signifie en fait non nécessairement commutatif). C'est agaçant, j'en conviens, mais je ne connais pas de façon agréable de s'en sortir.

En fait, c'est très souvent le cas avec les adjectifs en non en mathématiques : de la même manière, un automate fini déterministe est un cas particulier d'un automate fini non déterministe (puisque ce dernier terme signifie en fait non nécessairement déterministe).

Le terme d'algèbre est particulièrement merdique parce qu'il signifie plein de choses selon le contexte : la multiplication peut être commutative et associative, ou seulement associative, ou même pas ; si on la suppose associative par défaut (ce qui est quand même le plus courant), ça n'empêchera pas d'écrire algèbre de Lie alors que le crochet de Lie n'est pas associatif (on a une autre hypothèse à la place, l'identité de Jacobi) ; de même, si on écrit algèbre alternative, il faut comprendre que l'hypothèse d'associativité a été remplacée par quelque chose de plus faible (l'hypothèse d'alternativité / de Moufang) ; et c'est pareil pour les algèbres de Jordan. Donc une algèbre de Lie, une algèbre alternative et une algèbre de Jordan ne sont (en général) pas des algèbres [associatives], ce sont des algèbres non [nécessairement] associatives, en revanche toute algèbre [associative] est une algèbre alternative. Et c'est sans compter la notion très générale d'algèbre sur une monade ! Pour le mathématicien habitué, tout ça ne pose pas trop de problème, à part un énervement certain quand on tient à la logique, mais quand il s'agit d'enseigner, c'est vraiment embêtant.

Certains proposent parfois des adjectifs différents pour rendre la terminologie moins incohérente : par exemple, si on convient qu'un corps est nécessairement commutatif (ce qui, n'en déplaise à Bourbaki, est quasiment universellement admis), lorsqu'on veut parler de corps non nécessairement commutatif, plutôt que d'écrire la longue expression corps non nécessairement commutatif ou l'abus de langage corps non commutatif, certains aiment écrire algèbre à division (avantage : c'est bien une algèbre ; inconvénient : personne ne sait au juste ce que c'est qu'une algèbre), ou corps gauche (avantage : c'est relativement court et agréable à écrire ; mais il reste que ce n'est pas un corps, et le terme n'est pas ultra standard), voire corps-gauche (le trait d'union permet de faire comme si ce n'était pas un adjectif et de prétendre qu'il est complètement normal qu'un corps-gauche ne soit pas un corps). Ça peut marcher pour des cas précis, mais ce n'est pas une solution universelle.

On pourrait aussi se demander ce qu'un adverbe est censé avoir comme effet général sur un adjectif (qui lui-même qualifie un nom) : si les foobars orgnesquement cromulents sont censés être des foobars, comment se situent-ils par rapport aux foobars cromulents ? Je ne crois pas vraiment qu'il y ait de convention absolue en mathématiques : parfois localement cromulent implique cromulent, parfois c'est la réciproque qui vaut, parfois ni l'un ni l'autre.

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(samedi)

Râlerie sur le feu orange à Paris

Avertissement : Le seul but de cette entrée est pour moi de faire mon râleur.

Parmi les choses que je déteste particulièrement chez les Parisiens (enfin, je crois que c'est particulièrement parisien ; je n'ai pas fait tellement attention à la manière dont on conduit dans le reste de la France), il y a la manie de griller les feux oranges[#][#2].

Le contraste entre la théorie et la réalité est impressionnant. À l'examen de code, on vous montre des photos avec un feu vert et on vous demande quoi faire, et il faut répondre je ralentis, parce que le feu pourrait passer à l'orange. Dans la réalité, les parisiens sont convaincus que le feu orange a la signification : attention, ce feu va bientôt passer au rouge : accélérez maintenant, pour le traverser quand il est encore temps. Mais quelle bande de connards !

Je l'avais remarqué depuis longtemps, mais il y a quelques jours je me suis dit que j'allais regarder plus systématiquement, à chaque fois que je vois un feu passer à l'orange, quelles voitures s'arrêtent et lesquelles non. Et pour l'instant, je n'ai pas vu un seul cas de quelqu'un qui se soit arrêté à l'orange et qui n'y ait pas été contraint par une nécessité évidente (par exemple, une intersection bouchée ou un piéton qui s'engage dangereusement). Je ne me rendais pas compte à quel point le phénomène était répandu !

Bien sûr, si les gens accélèrent pour passer à l'orange, on comprend bien que le début du rouge est tout aussi régulièrement grillé. Les gens essayent quand même vaguement de s'arrêter au rouge, i.e., ils traitent celui-ci à peu près comme ils devraient traiter l'orange. Mais il y en a quand même beaucoup qui grillent carrément le rouge. Et même parfois, qui démarrent au rouge : le cas le plus fréquent que je constate, ce sont les gens qui n'ont pas pu « bénéficier » du vert, par exemple parce que l'intersection était bouchée ou parce que la voiture de devant a tardé à démarrer ou quelque chose comme ça ; apparemment, ces gens estiment que comme ils sont restés assez longtemps arrêtés au feu, et notamment arrêtés au vert, ça « paie d'avance » (je suppose que c'est quelque chose comme ça qui leur traverse l'esprit) le fait de griller le rouge.

Le Parisien, il vaut mieux l'avoir en journal.

Je ne sais pas pourquoi on n'installe pas plus systématiquement des caméras sur les feux afin de verbaliser les gens qui passent à l'orange (plus plein de caméras factices) : même si l'amende n'est qu'entre 22€ et 150€ pour l'orange (contre 90€ à 750€ pour le rouge), le tiroir-caisse devrait se remplir assez vite. [Précision : Je parle évidemment de ceux qui passent à l'orange de façon abusive, c'est-à-dire la grande majorité des gens, pas des véhicules dont, selon l'expression de l'article R412-31 du Code de la route, le conducteur ne peut plus arrêter son véhicule dans des conditions de sécurité suffisantes.] D'un autre côté, la première réforme à faire serait aussi de changer complètement la programmation de tous les feux de circulation à Paris, par exemple pour qu'un piéton puisse aller d'un point A à un point B en les respectant et sans perdre plus de la moitié de son temps à poireauter inutilement. Je parlerai de tout ça une autre fois où je me sentirai l'envie de râler[#3].

[#] J'ai commencé par écrire les feux orange, et puis merde, il est grand temps d'envoyer paître cette règle complètement crétine et illogique du français selon laquelle les adjectifs de couleurs sont invariables lorsque gnagnagna et gnagnagna ou gnagnagna et gnagnagna (sauf gnagnagna et gnagnagna). Donc : des feux rouges, oranges et verts.

[#2] L'autorité administrative les qualifie de jaunes : elle ne doit pas avoir la même perception des couleurs que moi et que la plupart des gens. Je me demande, d'ailleurs, pourquoi on n'utilise pas le jaune comme couleur du milieu.

[#3] Je pense par exemple aux feux antisynchronisés de façon absurde, ce qui fait qu'on est obligé de perdre son temps au milieu quel que soit le moment où on arrive (alors qu'il aurait suffi de laisser un petit recouvrement entre les deux périodes de vert piéton). Ou bien aux boutons appuyez pour traverser : pourquoi ces boutons ne font pas instantanément passer le feu à l'orange pour les voitures s'il est resté suffisamment longtemps au vert et/ou si le radar détecte qu'il n'y a pas de voiture à proximité ? À la place, ces boutons sont un placébo ou imposent une attente minimale absurde.

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(vendredi)

J'aime avoir l'illusion du choix du café

J'ai commencé à boire du café en 1993 pour une raison idiote : plusieurs de nos profs avaient emmené notre classe en voyage en Grèce (j'étais en première à l'époque — pour les non-Français, ça désigne l'avant-dernière année du lycée), nous avons parcouru tous les sites touristiques incontournables en quelque chose comme une semaine, du coup l'agenda était plutôt serré, nous devions nous lever tôt pour monter dans le car qui nous emmènerait de, disons, Delphes à Olympie, et évidemment, la veille au soir, nous étions restés très tard à jouer aux cartes, à bavarder et à refaire le monde comme on fait à cet âge-là ; bref, je manquais de sommeil, et puisque nous étions à l'hôtel, le matin nous avions du café sur la table, et j'ai décidé d'essayer ; j'ai trouvé ça plutôt infect, mais avec assez de sucre dedans, ça passait, et ça m'aidait à lutter contre le sommeil, ou du moins je l'imaginais. Peut-être aussi que c'était une façon pour moi de me sentir adulte : je ne bois pas d'alcool, je n'ai jamais aimé ça, il est possible que j'aie, à cette époque, reporté sur le café l'idée que certains se font de l'alcool comme la « boisson des adultes » (qu'il faut faire semblant d'aimer ?). Bon, j'avais des idées bizarres quand j'avais seize ans : j'ai aussi passé un bon bout de ce voyage en Grèce à chercher dans les boutiques de souvenirs pour touristes une réplique d'un casque de guerrier spartiate (pourtant c'était avant que le film le plus homoérotique de l'Univers ne sublime et ne popularise l'esthétique du beau lacédémonien au torse impeccablement dessiné et inexplicablement laissé sans protection) ; comme le faux casque était un peu trop cher, je suis juste rentré avec un buste de Socrate (en stuc) ; cet épisode m'a d'ailleurs inspiré plus tard, mais je digresse. Je n'ai toujours pas de casque spartiate (ni le physique qui va avec), mais je continue à boire du café.

Je ne me souviens pas à partir de quand je me suis mis à le faire régulièrement, cependant. Toujours est-il que ça fait partie de la culture des mathématiciens. À propos de Pál Erdős par exemple (qui buvait du café un peu comme Balzac), son collègue et ami Alfréd Rényi a lancé l'aphorisme :

A mathematician is a device for turning coffee into theorems.

— ce à quoi une blague de matheux à peine moins célèbre que l'aphorisme de départ (et que j'ai d'ailleurs déjà racontée) ajoute :

A comathematician is a device for turning cotheorems into ffee.

(La blague est que dans beaucoup de contextes mathématiques, si on a un machin f:XY on peut avoir une sorte de dual, ou d'adjoint, ou de co-machin f*:Y*X* — et là ça tombe particulièrement bien parce qu'un co-coffee ce serait logiquement un ffee.)

Je me souvent demande si le thé ne servirait pas à produire des définitions, le déca des conjectures, le maté des lemmes, le chocolat chaud des corollaires, et le coca-cola des algorithmes.

Mais plus sérieusement, les matheux ont effectivement tendance à boire du café ou du thé comme certains artistes sont censés fumer des psychotropes. En fait, ce n'est pas tellement pour le café lui-même que pour l'occasion de bavarder entre collègues : le thé et les petits gateaux, ou bien le café et la tablette de chocolat, fournissent le prétexte idéal pour se rassembler, prendre une craie et se poser mutuellement des questions amusantes ou instructives. Béla Bollobás a même écrit un livre dont le sous-titre est Coffee Time in Memphis où il rassemble un certain nombre de problèmes à partager autour d'un café et d'un tableau noir. L'intérêt du café n'est donc pas tant le breuvage consommé que la conversation qui l'accompagne.

Toujours est-il que je me suis mis à aimer boire du café. Je ne sais pas vraiment si je me suis mis à aimer le café, mais je me suis mis à aimer le fait de le boire. Même, par extension, quand je n'ai pas quelqu'un avec qui parler de maths quand je bois mon café. Je n'en prends généralement qu'un par jour, après le déjeuner (si j'ai vraiment envie d'un second café, je prends généralement un déca, sauf si je lutte contre le sommeil mais ça reste exceptionnel). Je le bois lentement, soit en discutant de maths rigolotes (cf. ci-dessus), soit en regardant les gens passer dans la rue, soit en lisant un livre, en tout cas en faisant une pause et en essayant de mettre tous mes tracas de côté. Le café du midi est devenu, un peu le symétrique du sommeil, une respiration importante dans ma journée, un petit rituel auquel je tiens énormément. (Par ailleurs, je n'en bois jamais chez moi : je n'ai pas de machine à café chez moi, et d'ailleurs guère de place pour en mettre une ; ça fait partie du rituel d'en boire à l'extérieur.)

Mais quel café ? Je ne suis pas très difficile : comme je l'ai raconté plus haut, quand j'ai commencé à boire du café, je n'aimais pas ça du tout, je mettais plein de sucre pour faire passer le mauvais goût ; maintenant, je continue à sucrer mon café (moins) sauf quand je le prends en même temps que mon dessert, et je ne sais pas vraiment si j'aime le goût du café, ou seulement l'acte d'en boire. Et je n'ai certainement pas la prétention d'être un connaisseur : je peux détecter qu'il est plus ou moins sucré, ou plus ou moins dilué (je l'aime modérément serré, i.e., à peu près ce que les Français appellent un espresso, et qui pour les Italiens serait plutôt un lungo), mais je pense que mon discernement s'arrête là, si on me faisait goûter plusieurs crus différents à l'aveugle, je serais probablement incapable de les différencier.

Pourtant, j'aime quand même avoir le choix. C'est assez paradoxal : c'est une boisson dont je ne raffole pas tant que ça, mais que j'aime néanmoins boire, et dont je ne sais pas vraiment reconnaître les nuances du goût, mais sur laquelle je veux néanmoins avoir un choix à faire. J'aime qu'on me propose le choix entre un arabica du Guatémala et un autre d'Éthiopie, même si ce choix est purement placébo et peut-être qu'on me donnera exactement la même chose au final : le café est un rituel qui me plaît et le fait de choisir l'origine du grain rend ce rituel encore plus magique.

Et bizarrement, s'il est facile de trouver à Paris de quoi satisfaire le désir d'un bobo/hipster qui voudrait le choix entre des dizaines ou des centaines de variétés de thé, si possible chères, c'est nettement plus difficile pour ce qui est du café. Sans aller chercher le kopi luwak qui est digéré par des chats musqués au lieu d'être torréfié (merci, mais ça ne me tente pas spécialement, le caca de civette), j'aime avoir l'illusion de choisir entre de nombreuses options. En fait, si, on trouve pas mal de torréfacteurs qui proposent un grand nombre de provenances différentes, mais la plupart d'entre eux ne proposent pas de service sur place, ce que je recherche. J'ai bien trouvé la chaîne Cofféa, ainsi que le café Verlet (rue Saint-Honoré), et dans une certaine mesure les cafés Malongo (le choix est plus limité), mais je ne comprends pas bien pourquoi le créneau n'est pas plus exploité.

Je pense notamment à Nespresso. Ils ont des points de vente partout, mais à ma connaissance, à de très rares exceptions près, ces points de vente ne font que de la vente à emporter : on peut acheter des capsules et des machines, et peut-être rencontrer George Clooney par hasard, mais pas déguster sur place. J'ai du mal à comprendre que l'idée ne leur soit pas venue qu'avant d'acheter des capsules rouges, vertes ou bleues, les gens auront peut-être envie de les essayer, et que ça peut être une pub formidable que de proposer d'essayer un café préparé à la perfection par les soins de la marque elle-même. J'ai écrit de très rares exceptions, parce que j'en connais une : il existe un Nespresso Café à Londres, dans la City, à peu près ici je crois (Google Street View n'est pas à jour), sur lequel mon poussinet et moi sommes tombé par sérendipité en flânant dans le coin (je nie préventivement tout lien avec la City de Londres). On peut y consommer sur place, donc, des cafés de la marque : exactement le genre de choses que je cherche, sauf que je ne suis pas souvent à Londres. Je ne sais pas si c'est le seul Nespresso Café au monde : le fait est que ce n'est pas facile de chercher Nespresso Café dans Google tout en excluant les résultats concernant le café Nespresso.

Bon, en attendant, la cantine de mon école propose un choix assez varié de capsules (ce n'est pas du Nespresso mais un des zillions de systèmes concurrents et non-interopérables ; encore que celui-là, comme un collègue me l'a appris, est un système ouvert, ce qui est bien). Mais le week-end, quand je mange dehors avec mon poussinet, je n'ai souvent qu'un seul choix. Un drame, dont il faut que je m'empresse de me plaindre en environ 1500 mots sur mon blog. Dont acte.

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(lundi)

De la difficulté à retrouver l'histoire du panneau de sens interdit

J'aime bien chercher des exemples de questions qui

  • semblent éminemment naturelles (le genre de questions dont on se dit : tiens, c'est vrai, pourquoi je ne me suis jamais demandé ça ?, voire d'ailleurs je devrais savoir la réponse),
  • admettent une réponse bien définie et dont il n'y a pas de raison profonde de penser qu'elle serait très difficile à connaître ou à trouver,
  • et dont cette réponse pourtant ne se trouve pourtant pas, ou en tout cas pas facilement, sur le Web.

Car tout le savoir du monde n'est pas encore sur Internet (et il faut se dépêcher de corriger ces lacunes). J'avais donné un exemple précédemment, mais il n'était, franchement, pas très convaincant.

En voici un qui me séduit beaucoup plus :

Quelle est l'histoire précis du panneau de signalisation routière indiquant un sens interdit, et qui est maintenant utilisé essentiellement partout dans le monde ? Pourquoi et comment s'est-on retrouvé à l'indiquer par une barre blanche horizontale sur un panneau rond rouge ?

Pour qu'il n'y ait aucun doute, je parle du symbole représenté par le caractère Unicode ⛔️ (U+26D4 NO ENTRY), que votre navigateur vous a peut-être montré en couleur, et sinon, s'il affiche au moins le SVG, qui ressemble à quelque chose comme ceci (si je prends environ les proportions de la version française du panneau) :

— bref, cela ressemble un peu au drapeau autrichien, mais en rond, et il est possible que ce ne soit pas un hasard. D'où vient ce symbole ?

Je ne dis pas qu'on ne trouve pas du tout d'information sur le Web. Par exemple, on apprend facilement les choses suivantes :

  • Le panneau est normalisé au niveau international par la convention de Vienne de 1968 sur la signalisation routière sous le code C1 (il en existe apparemment deux modèles, C1a et C1b, mais je ne trouve aucune version en ligne du traité avec les dessins des signes, donc je ne sais pas en quoi ils diffèrent). Cela n'empêche pas des variations entre pays, notamment dans les proportions de la bande blanche (par exemple, elle est plus longue, relativement au rayon du cercle, en Allemagne qu'en France, et légèrement moins large) ou même dans la couleur (en Suède, en Finlande et Islande, la bande est jaune plutôt que blanche — et de façon générale les panneaux routiers de ces pays utilisent le jaune là où la plupart des autres pays européens utilisent le blanc).
  • D'autres pays du monde n'ayant pas adopté la convention de Vienne utilisent néanmoins le panneau, ou au moins une variante proche. Par exemple, il est utilisé tel quel au Canada, et avec les mots do not enter aux États-Unis (qui ont leur style assez différent de signes routiers) et no entry en Australie ou en Nouvelle-Zélande. Aux États-Unis, l'introduction du signe internationale semble s'être faite dans les années 1970.
  • En Allemagne au moins l'utilisation de ce panneau remonte à 1934 (la version précédente de la réglementation ne comportait apparemment pas le signe).

On trouve quelques informations un peu plus douteuses çà et là, mais qui ne donnent guère de détails ni de source fiable :

  • La page Wikipédia One-way traffic affirme (sans référence) : The abstract "No Entry" sign was officially adopted for standardization at the League of Nations convention in Geneva in 1931. The sign was adapted from Swiss usage, derived from the practice of former European states that marked their boundaries with their formal shield symbols. Restrictions on entry were indicated by tying a blood-red ribbon horizontally around the shield. The sign is also known as C1, from its definition in the Vienna Convention on Road Signs and Signals. C'est peut-être vrai, mais j'aimerais bien en savoir plus (quelle est cette convention de 1931, qui a poussé à l'adoption de ce signe, et qu'est-ce que c'est que cette histoire de pratique de nouer un ruban autour du blason, à quoi est-ce que ça ressemblait ?). [Ajout : On me signale en commentaire (Archiviste, ), qu'il s'agit de la Convention de Genève du 30 mai 1931 sur l'unification de la signalisation routière, déposée au secrétariat de la SdN, disponible sur le site de l'ONU (nº3459, à partir de la page 247 du PDF), et qui est l'ancêtre de la convention de Vienne de 1968 ; donc la standardisation du panneau remonte au moins au début des années 1930, mais on n'en sait pas plus sur ses origines.]
  • Cette page de discussion (d'un forum concernant spécifiquement le Royaume-Uni) évoque une idée semblable, autour des couleurs des Habsbourgs, avec une sorte de début de commencement de référence, mais tout ça n'est vraiment pas très précis.
  • L'article Wikipédia français sur le panneau en question suggère, pour ce qui est de son histoire en France, le fait qu'il aurait été introduit par les Allemands lors de l'Occupation : la référence citée est un article de Libération, qui ne dit pas grand-chose (La France n’avait que trois ou quatre panneaux, et les bornes Michelin qui indiquaient le kilométrage. Le panneau sens interdit était écrit en français et les Allemands ne pouvaient pas le comprendre. Alors ils instaurent des panneaux avec la barre blanche pour sens interdit, des signes pour l’obligation de tourner à droite, etc.) Cette histoire est reprise à peu près comme telle par cette vidéo, par exemple. Je n'ai pas réussi à trouver la moindre photo d'un panneau de signalisation de sens interdit français d'avant guerre.
  • Ajout : Un autre bout d'information sur Wikipédia que j'avais raté est donné sur la page Signalisation routière en français : il y est dit assez clairement que le panneau sens interdit ne figurait pas dans la première convention internationalie de 1909, et que : En juin 1928, à la demande des villes suisses et de l'Association internationale des congrès de la route (AIPCR), plusieurs panneaux nouveaux furent créés, et notamment le signal de sens unique, le signal de direction, le signal de parking, et le signal de stationnement interdit. Ce qui confirmerait l'origine suisse du panneau.

Je ne peux pas vraiment dire que le mystère soit éclairci. Il y a quelques pistes, mais en l'occurrence Internet ressemble plus à un papy qui raconterait des histoires à la fiabilité douteuse lors d'un repas de famille qu'à un historien consciencieux. Si quelqu'un est plus doué que moi pour trouver des références vraiment précises, ou s'il a le courage de quitter Internet pour aller chercher dans des vraies bibliothèques du Monde Réel, qu'il me le signale, j'ajouterai ici les précisions qu'on me fournira. (Bien sûr, vous êtes aussi encouragés à améliorer les informations sur Wikipédia.)

Toujours est-il que je trouve cet exemple assez frappant, parce que les panneaux sens interdit se rencontrent vraiment partout, à peu près tout le monde sur Terre doit comprendre la signification du signe, qui ne remonte pas à si longtemps (même sans avoir la réponse précise à l'énigme, on peut être assez certain qu'il y a 150 voire 100 ans personne n'aurait eu la moindre idée de ce que ce signe pouvait représenter), et pourtant tout ce qu'on peut dénicher avec un effort modéré est une vague histoire pas très précise de blasons aux frontières.

Ajout : Il y a quand même des pays qui n'utilisent apparemment pas du tout le panneau sens interdit rouge à barre blanche, par exemple le Mexique (qui semble utiliser une flèche noire barrée de rouge).

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