David Madore's WebLog: 2006-12

Vous êtes sur le blog de David Madore, qui, comme le reste de ce site web, parle de tout et de n'importe quoi (surtout de n'importe quoi, en fait), des maths à la moto et ma vie quotidienne, en passant par les langues, la politique, la philo de comptoir, la géographie, et beaucoup de râleries sur le fait que les ordinateurs ne marchent pas, ainsi que d'occasionnels rappels du fait que je préfère les garçons, et des petites fictions volontairement fragmentaires que je publie sous le nom collectif de fragments littéraires gratuits. • Ce blog eut été bilingue à ses débuts (certaines entrées étaient en anglais, d'autres en français, et quelques unes traduites dans les deux langues) ; il est maintenant presque exclusivement en français, mais je ne m'interdis pas d'écrire en anglais à l'occasion. • Pour naviguer, sachez que les entrées sont listées par ordre chronologique inverse (i.e., la plus récente est en haut). Cette page-ci rassemble les entrées publiées en décembre 2006 : il y a aussi un tableau par mois à la fin de cette page, et un index de toutes les entrées. Certaines de mes entrées sont rangées dans une ou plusieurs « catégories » (indiqués à la fin de l'entrée elle-même), mais ce système de rangement n'est pas très cohérent. Le permalien de chaque entrée est dans la date, et il est aussi rappelé avant et après le texte de l'entrée elle-même.

You are on David Madore's blog which, like the rest of this web site, is about everything and anything (mostly anything, really), from math to motorcycling and my daily life, but also languages, politics, amateur(ish) philosophy, geography, lots of ranting about the fact that computers don't work, occasional reminders of the fact that I prefer men, and some voluntarily fragmentary fictions that I publish under the collective name of gratuitous literary fragments. • This blog used to be bilingual at its beginning (some entries were in English, others in French, and a few translated in both languages); it is now almost exclusively in French, but I'm not ruling out writing English blog entries in the future. • To navigate, note that the entries are listed in reverse chronological order (i.e., the most recent is on top). This page lists the entries published in December 2006: there is also a table of months at the end of this page, and an index of all entries. Some entries are classified into one or more “categories” (indicated at the end of the entry itself), but this organization isn't very coherent. The permalink of each entry is in its date, and it is also reproduced before and after the text of the entry itself.

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Entries published in December 2006 / Entrées publiées en décembre 2006:

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(jeudi)

Vacances, nostalgie, calculatrices, Tera, Wikipédia, etc.

L'effet typique des vacances, et ça ne rate pas cette fois-ci, c'est que plein de choses que j'avais remises à plus tard en me disant je le ferai pendant les vacances me retombent dessus à ce moment-là, en plus de diverses occasions sociales de la période (des gens à voir, des choses à faire), bref, ce n'est pas forcément de tout repos. Mais bon, le vrai problème c'est que je me dis je suis en vacances, je ne fais rien et, du coup, ça s'accumule.

Mais parlons d'autre chose. Ces derniers jours, j'ai eu une phase nostalgie informatique. Ça a commencé quand je suis tombé sur un émulateur de la calculatrice TI-92, une calculatrice que j'ai utilisée pendant un temps. Par association d'idées, j'en ai trouvé un autre pour la HP-48, la calculatrice que j'avais en prépa. J'ai toujours été fasciné par les émulateurs, et ceux-ci sont particulièrement soignés (pour la HP-49, il n'y a pas d'aussi jolie chose, même si on nous en promet un jour pour la 49g+ — en attendant, il faut se contenter de ce truc moche pour la 49). D'une part je trouve ça mignon tout plein, d'avoir une calculatrice émulée sur le bureau de l'ordinateur (le plus mignon, en fait, c'est quand elle s'« éteint » pour économiser ses « piles ») ; d'autre part, c'est utile, parce que, finalement, je n'ai pas vraiment d'équivalent sous la forme d'un programme natif (le plus souvent, quand je veux faire des calculs, j'utilise dc ou carrément Pari/GP).

[Splash Screen de Tera (1986)]Après une phase émulateurs de calculatrices, je me suis rappelé que j'avais aussi un émulateur de PC, le fabuleux QEMU, et là j'ai commencé à essayer de repêcher des vieux trucs de l'époque du MS-DOS. [Quelques monstres de Tera]Notamment, un jeu de mon enfance, dont je m'étais brusquement souvenu il y a quelque temps et dont vous voyez ci-contre quelques écrans (tirés de la séquence d'introduction, mais très caractéristiques du jeu) illustrant, notamment par quelques monstres qu'on peut être amené à y combattre, le niveau fulgurant et la perspective fabuleuse des graphismes de l'année 1986 bénie soit sa mémoire. Tellement plus poétique que ce qu'on fait de nos jours.

Dans la foulée, je me suis dit que j'allais mettre une ou deux capture d'écran (en tout cas moins que je n'en présente ici) sur l'article Wikipédia.

Évidemment il s'agit de contenus en théorie sous droit d'auteur (jusqu'en 2056, même, sans compter que la durée du copyright sera étendue plusieurs fois d'ici là). Enfin, ce n'est pas complètement sûr, puisque la compagnie Loriciels n'existe plus : il faudrait voir les termes de sa liquidation, mais il est effectivement probable que les droits aient été transférés en bloc ; en revanche, il est complètement certain que celui qui les détient (1) n'en a aucune idée (le jeu était confidentiel déjà en 1986 et la compagnie a disparu), (2) même s'il le sait, n'en a rien à foutre (un jeu de ce niveau, vingt ans après, on ne cherche plus trop à le protéger) et (3) même s'il en avait quoi que ce soit à foutre, n'irait quand même pas protester pour trois malheureuses captures d'écran. Quand bien même il aurait la folie de se plaindre et, au lieu de simplement demander que les images soient retirées, porter l'affaire devant les tribunaux, il serait amusant de prétendre à un quelconque préjudice du fait de la diffusion de ces images — qui, de toute façon, est à mon avis parfaitement légale sous l'application de la loi stipulant que lorsque l'œuvre a été divulguée, l'auteur ne peut interdire […] sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l'auteur et la source […] les analyses et courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d'information de l'œuvre à laquelle elles sont incorporées. Après tant de qualifications, je ne risque pas grand-chose en affichant ça sur mon blog.

Mais sur Wikipédia, qui ne connaît pas la nuance, les images en question ont été effacées en quelques heures : des gens ont en effet décidé que le fair use n'y avait pas droit de cité. Je ne sais pas pour ce qui est du cas général (fair use n'existe pas en droit français ou d'autres pays francophones, mais le droit de citation existe clairement, et pourtant Wikipédia-fr ne propose pas d'invoquer ça quand on uploade une image), mais dans le cas des captures d'écrans de vieux jeux vidéos, c'est vraiment d'une connerie inimaginable. Je ne veux pas me battre contre des moulins à vent et les fanatiques de tous poils, cependant : donc je jette l'éponge, et j'arrête de contribuer à la Wikipédia francophone.

Quoi d'autre ? Aujourd'hui j'ai rencontré un industriel qui cherche à recruter un géomètre algébriste (ce ne sera pas moi, mais je vais peut-être lui souffler quelques noms) : c'est tellement inhabituel que j'en suis assez scié. Aujourd'hui, aussi, je me suis acheté un nouveau modem ADSL (compatible ADSL2+, pour pouvoir passer à un abonnement à la fois plus rapide et moins cher), un Netgear DM111P : au bout du compte, je le trouve très satisfaisant, mais j'ai quand même passé plusieurs heures avant de lui faire faire exactement ce que je voulais : je ne veux pas qu'il fasse la négociation PPP, je veux qu'il la laisse à mon odinateur et qu'il se contente de transmettre des paquets PPPoE : l'option de configuration pour faire ça, c'est RFC2684 bridging (j'ai beau lire la RFC en question, je ne vois vraiment pas le rapport), et ce n'était évidemment expliqué nulle part.

Toujours sans aucun rapport, il y a deux films qui sortent prochainement, Apocalypto et La Môme, dont l'affiche a ceci de commun qu'elle présente un personnage (probablement le personnage central ou éponyme du film) au centre en contre-jour. Je les ai vues, tout à l'heure, l'une à côté de l'autre, et l'effet était involontairement comique. Je me demande si les publicitaires ont prévu des mécanismes pour éviter, en général, que deux publicités placées de façon adjacentes (dans le temps ou dans l'espace) produisent un effet trop désastreux. Ah, et, sinon, un autre film qui vient de sortir (en France), c'est la suite du plus extraordinaire nanar de tous les temps ; je sais que c'est une qualification qu'on est souvent tenté de donner, mais j'ai vu des nanars grandioses et aucun n'arrive à la cheville, en nanaritude, de ce Dünyayı kurtaran adam / Turkish Star Wars (quand je l'ai vu, toute l'assistance était pliée de rire d'un bout à l'autre). Alors je me demande ce que cette suite peut donner.

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(dimanche)

It's Christmas in Heaven, all the children sing…

Un grand classique de saison :

Monsieur et Madame Duciel ont cinq enfants, comment les appellent-ils ?

Réponse :

Bref, joyeuse dernière-semaine-de-2006 à tous.

(Et une pensée particulière pour ceux qui, comme moi, n'aiment pas le foie gras, n'aiment pas les huîtres, n'aiment pas les viandes farcies, n'aiment pas la purée de marrons, et n'aiment pas le champagne. Rattrapez-vous sur la bûche glacée : c'est bon, la bûche glacée !)

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(mercredi)

Les clichés des histoires de dragons

J'ai eu l'idée bizarre[#] d'aller voir Eragon, ce soir. Ce n'est pas spécialement mauvais (notamment si on le considère comme un nanar de Noël pour enfants — et je savais à quoi m'attendre), mais je suis vraiment impressionné par la quantité de clichés du genre qu'ils ont réussi à accumuler en même pas deux heures de film. On a l'impression qu'un scénariste a ouvert un gros manuel intitulé Comment faire une histoire de heroic fantasy comme tout le monde s'y attend et a suivi absolument toutes les recommandations. Par exemple, on a (attention, spoilers en masse, mais bon, justement, tout est déjà spoilé d'avance) :

  • Le jeune homme qui aspire a une vie normale et qui est Choisi par un artefact / une créature pour devenir le héros.
  • Le Grand Méchant qui ne peut être détruit que par un seul truc, qui a comme par hasard ce truc chez lui, et qui le laisse s'échapper. (Hum, il a détruit tous les dragons sauf un seul œuf, c'est amusant, ça.)
  • Le vieux sage (qui sait absolument tout quoi faire au bon moment, et sur lequel on en apprend plus plus loin) qui habite providentiellement dans le même village que le héros.
  • L'oncle du héros qui se fait tuer au début du film par les émissaires envoyés par le Grand Méchant pour tuer le héros, ce qui donne au héros la nécessité de partir à l'aventure (et ce qui justifie vaguement sa motivation par un besoin de vengeance).
  • Les émissaires du Grand Méchant qui sont suffisamment idiots pour tuer l'oncle et repartir avouer auprès du Grand Méchant leur échec à trouver le héros, au lieu de bêtement attendre (sans tuer son oncle) que le dit héros rentre chez lui pour le cueillir.
  • Le Grand Méchant (enfin, son bras droit, en fait) qui tue systématiquement tous ses subordonnés qui échouent dans leur tâche. (Ça c'est vraiment le Cliché Ultime. Ça n'a vraiment aucun sens à part souligner lourdement que c'est vraiment un Grand Méchant.)
  • La voyante qui prévoit plein de choses au héros et qui, forcément, a raison tout du long (mais s'exprime de façon confuse, sinon c'est pas du jeu).
  • Le vieux sage qui prononce quelques adages bien sentis qui servent de paroles de sagesse tout au long du film.
  • Tous les schémas d'apprentissage qui suivent le motif : j'essaie une première fois, j'échoue, on me pousse à réessayer, je me laisse convaincre, j'y mets de la bonne volonté, et je réussis brillamment.
  • Le héros qui découvre ses pouvoirs magiques juste comme il faut et quand il faut, et pour qui les mots magiques qu'on a appris en passant sont exactement ceux qui lui permettent de se tirer d'affaire.
  • La magie qui se dit, bien sûr, dans une langue vachement ancienne et dans laquelle tous les objets ont leur Vrai Nom.
  • Le vieux sage qui a poussé le héros à se mettre en route qui, évidemment, cache des choses sur son passé et a des regrets (pas vraiment des remords) sur la conscience, desquels il cherche à se décharger par l'intermédiaire du héros.
  • La princesse forcément magnifique qui a juste l'âge qu'il faut pour que le héros s'intéresse à elle et réciproquement. Et qui est forcément héroïque et très forte elle aussi.
  • Le héros qui va prendre une décision sur un coup de tête qui va s'avérer être la bonne même si elle conduit à la mort prématurée du vieux sage.
  • La mort du vieux sage avec des paroles lénifiantes à destination du héros.
  • Le copain vaguement surgi de nulle part et sur lequel il plane l'ombre d'un doute, mais qui est quand même bien utile.
  • L'armée bien cachée qui n'attendait qu'une seule chose pour livrer bataille, c'est que le héros en prenne le commandement.
  • Le Grand Méchant qui cherchait à localiser l'armée en question depuis des années et qui n'y arrive que quand le héros la rejoint (OK, il le fait suivre : mais ça a quand même l'air un peu facile).
  • Le bras droit du Grand Méchant dont les pouvoirs varient précisément en fonction des besoins de l'intrigue (un moment il peut tuer d'un seul doigt et se téléporter n'importe où, à un autre moment il a vachement plus de mal, etc.). Pareil pour tous les gentils, d'ailleurs, mais c'est un tout petit peu moins frappant.
  • La bestiole aidant le gentil (en l'occurrence, un dragon) qui gagne son dernier point de pouvoir (en l'occurrence, cracher du feu) pile à temps pour la bataille finale.
  • La bataille finale, qui vient couronner la construction archi-classique : découverte du nœud de l'intrigue, apprentissage+fuite, morceau de bravoure, découverte de l'armée, bataille finale.
  • Le duel entre le héros et le Grand Méchant (enfin, son bras droit : le vrai Grand Méchant, faut le garder pour les films qui suivent) au moment de la bataille finale.

Pfiou ! Et ce n'est même pas tout, mais je ne vais pas chercher à être exhaustif. (Ça va jusqu'à l'éthniquement correct du chef de l'armée gentille, qui est noir — remarquez qu'il n'a aucune importance dans le scénario, il fait juste partie du décor.)

Notez bien que je ne me plains pas, hein ! C'est la règle du jeu, d'accumuler les clichés, et ce serait aussi absurde de s'en plaindre que de protester que les films indiens des studios de Bombay ont une vision un peu romantique cul-cul de l'amour : on va les voir pour ça. Mais je trouve quand même la dose un peu forte et, surtout, ce n'est pas le problème du nombre de clichés, c'est du fait de ne pas savoir en jouer aussi un peu parfois. (Willow, par exemple, est un film du genre qui, sans s'en affranchir, sait très bien jouer avec les clichés de temps en temps.) Sans aller jusqu'à dérouter le spectateur, il est agréable d'en prendre un à l'envers, ou de faire le contraire de ce que tout le monde attend, ou de rajouter une couche inattendue de méta (c'est-à-dire évoquer le cliché lui-même dans le film, d'une façon ou d'une autre), ou toutes sortes d'autres possibilités qui romptent la monotonie. Ici, rien de tout ça. Mais je rêve d'une histoire de heroic fantasy qui réussirait à la fois à se conformer aux règles des clichés et à les dépasser de façon intelligente.

[#] Partiellement expliquable par une place restante sur une carte UGC à utiliser avant la mi-janvier.

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(dimanche)

Fragment littéraire gratuit #99 (Œdipe et le Sphinx)

Ἰοὺ ἰού· τὰ πάντʼ ἂν ἐξήκοι σαφῆ.

(Sophocle, Œdipe roi)

Lorsque tu reprends connaissance, c'est dans un lit d'hôpital, aux Quinze-Vingts. Les médecins expliquent que ton œil gauche peut encore, avec un peu de chance, être sauvé. Ces jours passés dans l'obscurité sont l'occasion de faire la lumière sur le passé, et tu comprends enfin combien tu as été aveugle.

Obsédé par le mystère de ta naissance, tu as toi-même construit la machination dont tu es tombé victime : la prophétie à laquelle tu t'es obstiné à croire ne s'est réalisée parce que parce que tu en as tiré le fil. Dans ton combat avec Loïc. Dans ton amour pour Julie.

Le mythe d'Œdipe. Cette fascination absurde, qui t'a poussé à donner au projet le nom de Sphinx, a fourni à tes ennemis l'arme pour t'attaquer. Seul l'aveuglement provoqué par cette idée pouvait t'empêcher de prendre conscience de l'évidence : persuadé de lire dans l'histoire du roi de Thèbes ta propre vie, tu t'es entêté à t'imaginer que Loïc pouvait être ton père. Que Julie serait ta mère. Jusqu'à te mutiler dans un mouvement de folie. Jusqu'à livrer le secret du Sphinx.

Le secret du Sphinx

Il te reste une chance de le sauver : au moment même où on t'annonce que tu n'as pas perdu la vue, tu te rends compte que tu pourrais prendre les autres à leur propre piège.

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(jeudi)

Fragment littéraire gratuit #98 (au restaurant indien)

Nous nous voyons tous les deux ou trois mois, toujours dans le même cadre, un petit restaurant indien près de la rue Mouffetard. Ce n'est pas que nous soyons grands amateurs de cuisine indienne, mais c'est devenu une sorte de rituel, et, à force, nous connaissons bien le patron. Philippe et moi prenons un biryani d'agneau et un lassi (lui à la mangue — moi à la rose), et nous bavardons — c'est-à-dire que je l'écoute parler. Il agite son couteau (qui fait un léger gling-gling) et m'explique gravement que la gauche antilibérale doit s'unir pour devenir enfin un poids politique dans ce pays, qu'il faut faire quelque chose contre les OGM, que la publicité est un fléau dangereux car elle nous empêche de penser par nous-mêmes, ou que sais-je encore. Je l'écoute fasciné : pas par ses idées, dont je suis blasé, mais par la force de sa conviction. J'admire Étienne pour la finesse de ses jugements et pour l'étendue de sa culture historique et politique, mais jamais il ne m'impressionnera comme Philippe qui me parle de la Palestine avec la même énergie que celle avec laquelle il engloutit son biryani. Étienne ne mange pas de biryanis.

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(jeudi)

Élisabeth IV

J'ai donné un exposé de maths, aujourd'hui, devant une assistance un peu inhabituelle pour moi puisqu'il s'agissait essentiellement de spécialistes d'informatique, de théoriciens du codage, du signal et des réseaux : parler de géométrie algébrique ou arithmétique de façon tout à fait accessible — et pourtant intéressante — pour le non spécialiste, c'est un défi amusant, et où j'espère n'avoir pas totalement échoué, dans cette introduction aux surfaces cubiques. J'ai cependant passé très longtemps, ces derniers jours, à préparer cet exposé : pas faute de bien connaître le sujet, mais pour trouver comment le présenter, et dans un temps raisonnable. Peut-être que maintenant que l'exposé est prêt j'essaierai de le recycler dans un autre cadre. En tout cas j'en ai rêvé la nuit, lundi et avant-hier : c'est d'ailleurs amusant, quand on rêve qu'on va faire un exposé mathématique, de voir la part de vraies maths et de délire complet dans ce qu'on raconte.

Hier, en revanche, j'ai fait un songe tout à fait différent : sans doute influencé par un film que j'ai vu il y a quelque temps, j'ai rêvé qu'on m'apprenait que la reine Élisabeth II était morte, mais, qui plus est, depuis longtemps (depuis 1986, je crois, précisément), et que j'étais sans doute le dernier à ne pas le savoir. J'allais même vérifier sur Wikipédia que cette information était correcte, tant j'avais du mal à le croire, et elle l'était. L'actuelle reine d'Angleterre s'appelait Élisabeth IV, et elle avait quinze ans (ne cherchez pas la logique, hein !) ; je me demandais comment il se faisait que le prince Charles n'ait pas succédé, et on me répondait que personne n'avait voulu de la couronne et qu'il avait fallu faire une douzaine[#] de personnes, qui avaient toutes abdiqué, avant de trouver quelqu'un qui accepte. Et elle avait dû, à quinze ans, choisir entre devenir reine et aller à une soirée (oui, bon, c'est un rêve, quoi). La reine Élisabeth IV se promenait un peu dans son palais qui semblait très labyrinthique. Ensuite, j'ai rêvé que je me réveillais et que je racontais ce rêve dans mon blog (sauf que j'hésitais très longuement entre écrire Élisabeth avec une ‘s’ ou Elizabeth avec un ‘z’) : autant que cette partie-là du rêve soit prémonitoire, tant qu'à faire, d'où cette entrée.

Un rêve, c'est sans doute normal que ce soit plutôt surréaliste, comme ça. Un truc qui m'a fait vraiment disbeliever, ce soir, en revanche, c'est d'apprendre que l'ENS hébergeait, aujourd'hui et demain, un colloque international sur le mariage gay (gai ?), ce dont, évidemment, aucun des nombreux normaliens homos que je connais n'avait rien entendu. (Il est vrai que les titres des communications me donnent assez peu envie d'écouter, mézenfin…)

[#] En vérité, si on croit cette liste (qui me fait irrésistiblement penser à Noblesse oblige), il aurait fallu passer environ 80 personnes avant de trouver une autre Élisabeth.

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(mardi)

Encore une curiosité mathématique

Comme je l'ai signalé à bien des reprises, mes goûts mathématiques sont assez portés vers les objets élégants et insolites qui pourraient figurer dans un musée des curiosités du paradis platonique. Parmi mes préférés, vu mon domaine de recherche, figure évidemment le( graphe de)s vingt-sept droites sur la surface cubique : c'est en effet quelque chose d'assez frappant que, même si les surfaces cubiques ne sont pas toutes identiques, toutes (enfin, toutes celles qui sont lisses) ont 27 droites géométriques tracées dessus et que la relation d'incidence sur ces droites (c'est-à-dire lesquelles coupent lesquelles) et toujours la même ; elles définissent donc une structure combinatoire (un graphe à 27 sommets, chacun étant relié à 10 autres) unique et remarquable[#]. Mais j'ai appris qu'il existe un polyèdre (le polyèdre 221 de Schoute) qui code de façon extrêmement élégante la structure de ces 27 droites : il s'agit d'un polyèdre (convexe) à faces carrées, ayant 27 sommets, correspondant aux 27 droites sur la surface cubique, de sorte que deux sommets sont à distance 1 si les droites correspondantes ne se coupent pas, et √2 si elles se coupent, et que les 45 triangles équilatéraux de côté √2 définis par trois droites deux à deux sécantes ont tous le même centre ; je ne peux malheureusement pas le tracer puisqu'il vit dans un espace euclidien de dimension 6. Il est toutefois très facile de donner les coordonnées de ses sommets : en représentant des points de l'espace euclidien de dimension 6 comme des triplets de nombres complexes, ce sont les (0,ωa,−ωb), les (−ωb,0,ωa) et les (ωa,−ωb,0), où a et b varient entre 1 et 3 et où ω est une racine cubique primitive de l'unité.

[#] Rien que son groupe d'automorphismes, le groupe de Weyl d'un système de racines de type E6, à 51840 éléments, est un objet remarquable en lui-même, et qui apparaît à des endroits inattendus des mathématiques.

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(dimanche)

Déplacements

Ce soir je suis allé revoir Le Prestige : il est rare que je retourne voir un film au cinéma (les prix sont, il faut bien le dire, assez prohibitifs, surtout quand on n'est plus étudiant), mais la constuction sophistiquée du Prestige, que j'ai énormément aimé la première fois, m'a convaincu de le revoir. Je préfère ne pas en dire plus sur ce film, s'il y a des gens qui ne l'ont pas encore vu, parce que je pense qu'on l'appréciera d'autant plus qu'on est ignorant de ce dont il est question : je me contenterai de le recommander à ceux qui aiment les intrigues compliquées et savamment construites, un peu à la façon d'Agatha Christie ou d'Isaac Asimov.

Après ça j'ai dîné dans un restaurant japonais (un faux, cette fois-ci, où on mange du sushi et où les serveurs parlent chinois), ce qui a été l'occasion pour moi, une fois de plus, de m'étonner de ce mystère profond de la vie : mais où les restaurants japonais se fournissent-ils en glace au thé vert ? J'adore ce parfum de glace, et il semble n'exister, dans cet Univers, que dans les restaurants japonais (et encore, pas tous). Je ne comprends pas pourquoi les grandes marques industrielles, comme Häagen-Dazs, Carte d'Or ou autres, n'ont pas ajouté ce goût à leur répertoire…

En attendant le métro pour rentrer, je regardais la carte du réseau : ce n'est pas comme si je ne la connaissais pas bien, j'en ai un chez moi, mais maintenant ils affichent fièrement le tramway ; comme si on n'avait pas déjà bien compris qu'il ouvrait au public dans une semaine, ce nouveau tramway figure et sur la carte du réseau métro et sur la carte du réseau bus (et aussi sur la carte d'Île-de-France). Je le prendrai peut-être pour aller au parc André Citroën ; mais ce qui me semble, à moi, autrement plus important que le tramway, c'est le fait que le métro restera bientôt ouvert une heure de plus le samedi soir (c'est enfin arrivé).

Dans le métro, je me suis étonné d'un autre des mystères profonds de l'Univers : pourquoi les publicités dans les wagons sont-elles si différentes de celles qu'on voit sur les quais (ou partout ailleurs dans la ville) ? Notamment, pourquoi y voit-on tellement d'offres pour des cours particuliers à domicile (mais il n'y a pas que ça : il y a aussi les cours d'anglais Wall Street Institute — dont je me demande ce qu'ils valent vraiment —, les dernières expositions de la Cité des Sciences, parfois des assurances du style SOS Malus, les solutions de stockage une pièce en plus, et encore quelques autres, plus la presse people sous forme de bandeaux accrochés au toit). Le marché du cours particulier doit être vraiment juteux, j'imagine. Ici il s'agissait d'une pub dont le visuel me semble particulièrement grotesque, montrant un visage qui est celui d'un enfant sur une moitié et celui de Victor Hugo âgé sur l'autre, avec un slogan pas tout à fait aussi ridicule que votre enfant aussi peut être Victor Hugo mais presque : outre que cette pub est nulle, je trouve que l'image est presque effrayante.

Je pensais me coucher tôt : en ce moment non seulement je dors beaucoup trop (jusqu'à treize heures par nuit, et après ça je suis encore fatigué), mais j'ai aussi tendance à me coucher tard. Seulement, alors que je tournais dans la rue pour rentrer chez moi, je me suis rappelé que je devais absolument faire quelque chose au bureau, ce soir impérativement. Certes, l'ENS n'est pas du tout loin de chez moi (environ 20′ de marche), mais je me serais bien passé de cet aller-retour inutile dans le froid (si j'y avais pensé plus tôt, j'aurais pu au moins sortir du métro à un arrêt plus judicieux). Je donne un séminaire jeudi après-midi et je commence déjà à paniquer parce que rien n'est prêt et que j'ai mille choses à faire d'ici là ! Et demain, j'ai encore un rendez-vous chez le dentiste, le matin qui plus est.

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(samedi)

Fragment littéraire gratuit #97 (le deux décembre)

C'était le deux décembre (je m'en souviens précisément puisque tu as fait une remarque à ce sujet alors que nous marchions sur le pont d'Austerlitz). Il faisait beau et très froid pour la saison, un soleil d'hiver comme tu les appréciais. Tu portais ta chapka noire, celle que je t'avais offerte en revenant de Moscou ; et aussi un anorak rouge vif, dont tu gardais le col fermé pour te protéger du vent glacial. Je te revois frappant dans tes mains plus pour en entendre le son que pour te réchauffer. Tu aimais frapper dans tes mains. Je te revois courant et riant.

Il est de ces souvenirs dont la netteté même font presque douter de leur réalité : ai-je vraiment pu te voir ainsi ? ta forme rouge imprimée sur le ciel bleu, me montrant Notre-Dame comme si tu la découvrais. J'ai d'autres images de toi, bien sûr, mais c'est celle-là que je préfère, car elle a la fraîcheur et la simplicité d'un haïku. Quatre semaines plus tard, tu devais disparaître de ma vie aussi soudainement que tu y avais apparu, ne laissant derrière toi que cette lettre que je n'ai jamais pu lire.

J'ai aujourd'hui les réponses aux questions que tu m'avais posées. Tu n'es plus là pour les écouter, mais je comprends à présent que c'est sans importance, car c'est à moi que ces réponses s'adressent. Et je voudrais te remercier. Pour toi. Pour ce deux décembre. Pour ces questions.

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(samedi)

Contrariétés du samedi soir

Cela fait longtemps que je trouve que le principe « tout le monde a son jour de congé hebdomadaire en même temps [i.e., le dimanche], pour que les familles puissent se retrouver » est vieilli, et une des conséquences agaçantes de ce principe, c'est les foules du samedi soir. Ce soir, mon copain et moi avons voulu dîner au restaurant puis sortir au cinéma : bilan, le restau était complet (il aurait fallu, pour avoir une table, attendre bien plus longtemps que nous le permettait l'horaire de la séance), nous nous sommes rabattus sur un autre trouvé en vitesse parce que nous n'avions pas énormément de temps (et qui, du coup, était moins bien), nous sommes arrivés bien en avance au ciné (quelque chose comme 20 minutes avant le début de la séance, pour un film sorti depuis trois semaines et n'ayant pas fait un carton) pour découvrir que c'était aussi complet. Grrr…

Moralité : j'arrête de sortir le samedi soir. Le jeudi, ça a l'air globalement bien mieux.

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(vendredi)

Pensées pendant la nuit

Je suis hypocondriaque, et j'ai d'ailleurs l'impression que cette condition a tendance à empirer avec le temps (ou alors peut-être suis-je méta-hypocondriaque ? ce serait assez typique de moi, en fait). Toujours est-il que c'est surtout la nuit que ça se manifeste, sous la forme de crises d'angoisse qui prennent des formes variées (maux de tête qui me réveillent, réveils en sursauts de terreur, crises de tachycardie ou douleurs diverses au cœur, ou simplement mal-être général et indéfinissable). Des médecins consultés au sujet de certains de ces maux m'ont diplomatiquement fait savoir que j'étais simplement angoissé, et je suis porté à les croire, mais ça ne m'aide pas tant que ça à faire disparaître ces symptômes.

Bref, je passe souvent des périodes plus ou moins longues de ma nuit à attendre, dans un état mentalement plus ou moins cohérent, de retrouver la sérénité nécessaire à me rendormir. J'ignore si c'est la proximité des phases de sommeil paradoxal qui m'y conduit, ou le stress supposé causer ces crises d'insomnie, ou quoi, mais je ressens souvent en ces moments-là une certaine fermentation des pensées (parfois à la limite du délire). Parfois j'ai des idées en ces moments-là (ou juste après le réveil) qui, sur le coup, me semblent géniales et dont je me rends compte, dans un état plus conscient et éveillé, qu'elles sont tout à fait banales ou idiotes ; parfois j'ai un rappel inopiné d'un souvenir que je n'avais pas vraiment perdu mais simplement laissé de côté et qui semble venir de façon vraiment saugrenue.

Hier ou avant-hier, pendant une période d'insomnie (à vrai dire peu inquiète), je me suis souvenu, je ne sais pourquoi, d'un jeu auquel j'avais joué il y a bien longtemps (au début des années '90, sans doute) sur mon premier PC : tout d'un coup, tout m'est revenu avec une clarté presque fulgurante, du détail des graphismes (en CGA 320×200, quatre couleurs noir-rouge-vert-jaune ou noir-magenta-cyan-blanc selon les scènes), aux méandres d'un scénario très approximatif. Il s'agissait d'un jeu sans doute écrit par deux programmeurs (français) amateurs, en Turbo-Pascal, et qui se qualifiait lui-même avec humour de superproduction en graphmodcolor (GraphColorMode étant le nom de la procédure Turbo-Pascal qui activait le mode graphique) et dont le but était de bannir d'un monde futuristico-fantastique le démon Arioch. Je suis assez scié de voir que ce jeu, pourtant hautement confidentiel, Tera, la Cité des crânes, n'est pas inconnu de notre source de wikirenseignement préférée (ceci étant, l'article en question est assez orphelin). Il va falloir que je retrouve le jeu lui-même et que je le lance dans un émulateur pour faire quelques captures d'écran.

Tout aussi récemment, j'ai eu un autre souvenir qui m'est revenu de façon inexpliquée : je me rappelle que mes parents m'ont emmené autrefois (j'avais peut-être autour de dix ans, et c'était peut-être aux États-Unis, mais tout cela est très flou) dans une sorte de musée qui était rempli de quelque chose qui m'échappe (peut-être des poupées, mais c'est vraiment très très très flou, et peut-être que je confonds avec autre chose — ou alors des chinoiseries) qui ressemblait plus à un labyrinthe qu'à un musée : il y avait un nombre faramineux de salles, sans fenêtres, et la visite guidée durait un temps invraisemblable, j'avais trouvé ça terrifiant de voir salle après salle se succéder dans ce dédale et de ne jamais en atteindre le bout. C'est bizarre, parce que c'est un souvenir qui m'a ensuite hanté dans des rêves, mais ce n'est que maintenant que je me rappelle qu'il correspond à une situation réelle (même si je suis complètement incapable de retrouver les détails — il faudra que je demande à ma maman si elle sait de quoi il peut s'agir).

De façon plus terre-à-terre, dans ces moments de demi-sommeil, j'ai toutes sortes d'idées qui me viennent à écrire dans ce blog, et le lendemain soit je suis incapable de les retrouver soit je me rends compte qu'elles n'ont guère d'intérêt. Alors pour me consoler, je fais une entrée sur mes insomnies elles-mêmes. 😐

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