David Madore's WebLog: À une heure du matin

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(vendredi)

À une heure du matin

Enfin ! Seul ! Horrible vie ! Horrible ville ! Récapitulons la journée : m'être moqué avec d'autres enseignants de l'incapacité des étudiants à résoudre l'inéquation 1/x>-4 ; avoir admis avec un air de moquerie condescendante que peut-être cependant ils arrivent à développer (a+b)² sans se tromper (mais, rajouta quelqu'un, (a+b)³, il en faudrait pas trop en demander). Avoir suivi avec attention une conversation où l'on comparait les films d'Eric Rohmer à la sitcom Hélène et les garçons mais en moins bien : acteurs débutants, dialogues mal écrits, scénario flasque. En avoir écouté un autre se plaindre (ou s'amuser ?) d'une infection sexuellement transmise qu'il avait contractée (par pudeur je tairai comment) : et en être resté partagé entre le dégoût et l'admiration. Ou encore d'autres discuter des détails de la posologie des anxiolytiques et antidépresseurs. Et pendant toute la soirée avoir salivé en secret et en ultime frustré devant une demi-douzaine de personnes avec qui j'entretiens des relations parfaitement courtoises ou bien qui semblent à peu près autant conscientes de mon existence que de celle des pigeons qui passent au-dessus d'eux (i.e. jamais, sauf quand ça chie). Avoir tenu à étaler ma culture en soulignant gratuitement et sur un prétexte minable que je connaissais l'existence de Under the Volcano de Malcolm Lowry, le livre préféré de mon père, que je n'ai pour ma part même pas ouvert, récit du dernier jour d'un consul déchu au Mexique qui sombre dans l'alcoolisme. Avoir vu un beau garçon dédaigner les signes d'intérêt d'un autre beau garçon dont il venait pourtant de me dire une minute auparavant je sombrerais bien dans l'alcoolisme avec celui-là ; et avoir bavé en silence devant l'un et l'autre, mais n'avoir rien fait. Avoir refusé du feu à un inconnu alors que j'avais justement un briquet dans mon sac (moi qui ne fume pas). Être resté longuement place de l'Hôtel de Ville regardant avec irritation et fascination les prémisses de ce qui sera demain la Techno Parade. Ouf ! Est-ce bien fini ? Mécontent de tous et mécontent de moi, je voudrais bien me racheter et m'enorgueillir un peu dans le silence et la solitude de la nuit.

Toutes mes excuses à C. B. pour ce pastiche minable. Mais je lui rends sa plume : si les faits racontés sont techniquement corrects, l'esprit et le ton dans lesquels ils sont rapportés sont commandés par l'exercice, et ne reflètent pas la réalité. La réalité, tout simplement, dispose d'un excellent sens de l'humour, que j'apprécie beaucoup. Les gens, quant à eux, sont vraiment admirables (si, si, je le pense honnêtement).

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