Opération séduction dans la vallée de l'Yvette ? Vol au-dessus
d'un nid de bacheliers frais pondus ? Je vous laisse imaginer. En
tout cas je me suis insidieusement fait
passer pour un des leurs (facile, me dit un lecteur, je suis à peu
près aussi nul en orthographe). Enfin, je ne sais pas si j'ai été
crédible une seule seconde ou si tout le monde s'est demandé, mais
c'est qui, ce vieux type qui nous mate et qui nous propose des
bonbons ?
— je n'ai adressé la parole à personne et on m'a
laissé dans mon coin (je suis très fort pour ça), ce qui était un peu
ce que je voulais, aussi (pour éviter un embarras certain). Ce sont
surtout les intervenants que j'ai écoutés, pour savoir ce qu'on peut
raconter aux étudiants lors de cette fameuse semaine (enfin, journée,
au moins, pour l'instant) de rentrée. Quelques petites fausses notes,
des informations incorrectes (ou périmées), des oublis, des
contradictions aussi d'ailleurs, qu'il faudra éventuellement que je
rectifie. Et un certain pouvoir soporifique de plusieurs orateurs, il
faut dire (même si j'y étais assez prédisposé) — qui, de fait, a
semblé produire son effet. En fait, ma constatation préliminaire
après observation du Studens deugmiassis Jr. (sur plusieurs
années) fait état de deux phases principales (deux périodes, deux
ères, si l'on voudra) au cours de son évolution : la phase
mouton et la phase glande. Pendant la première
phase, le spécimen note scrupuleusement tout ce qu'on écrit au tableau
devant lui (même si c'est totalement incohérent) et fait plus ou moins
ce qu'on lui dit, si ce n'est pas trop pénible ou trop demandant et
surtout si les autres le font ; pendant la seconde, il est
définitivement assommé par la masse de travail qui a précédé, et
avance droit vers la lobotomie ; nous verrons cette année si je
parviens à catalyser la difficile transformation vers la phase
boulot : comme je ne la connais moi-même que de réputation, ça
semble difficilement parti.
Bon, il y a eu un moment délicat quand quelqu'un, nous ayant
rassemblés en petit groupe (groupe de TD, justement),
nous a proposés de nous présenter. Je me suis souvenu avec Asimov que
The closer to the truth, the better the lie, and the
truth itself, when it can be used, makes the best lie of all.
— et je m'en suis tiré en ne disant que des choses techniquement
vraies (au prix d'un certain effort rhétorique). Mais est-ce mal, au
fait ?