David Madore's WebLog: Le rayon vert

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(samedi)

Le rayon vert

J'ai dîné ce soir chez des amis et voisins (les mêmes chez lesquels j'avais fini mon réveillon du Nouvel An) : ils habitent au 16e étage d'une tour qui surplombe le centre commercial Italie 2 (rue Vandrezanne). Comme leur séjour donne sur le nord-ouest, ils ont une jolie vue sur la tour Montparnasse (enfin, dans la mesure où une vue sur la tour Montparnasse peut être jolie), la tour Eiffel, les Invalides, le Val-de-Grâce… En regardant le paysage nous avons été intrigués par une intense lumière verte, juste à droite de la tour Eiffel, venant apparemment des hauteurs du Trocadéro (ce n'était pas bien clair d'où nous étions). Une petite recherche Web n'a pas permis de trouver d'événement ou de manifestation culturelle qui justifierait un tel éclairage. Un spécialiste en lasers qui se trouvait parmi nous a prétendu reconnaître la longueur d'onde 514nm d'un laser à argon (mise à jour 2004-01-18T16:00+0100 : en fait, il me dit qu'il a parlé de la 532nm d'un Nd:YAG doublé — admettons). Après le dîner (puisque les autres s'apprêtaient à regarder le DVD du film La Planète des singes que j'ai déjà vu), j'ai donc décidé, mû par ma maladive curiosité de cinglé, d'aller voir sur place ce qu'il en était, et d'en profiter pour me promener un peu.

J'ai été surpris de constater que, même sur la ligne 6 à l'esprit pourtant si Rive Gauche™, l'ambiance du samedi soir est assez avinée — qu'on me pardonne l'expression. Je suis tombé sur un groupe d'étudiants d'une école de commerce quelconque qui s'étaient déjà bien saoulés et qui allaient terminer la nuit dans une boîte près de l'Étoile. En fait, au moment où j'arrivais à Corvisart pour prendre le métro, l'un d'eux à commencer à s'engueuler avec la chef de station : pendant ce temps, le reste de la bande a pris la rame qui arrivait, mais lui et moi l'avons ratée de justesse. Sur le quai, en attendant le métro suivant, il a commencé à me faire la causette, et comme il était très beau garçon (dans le genre châtain bouclé aux yeux bleus un peu elfiques) je lui ai tenu le crachoir jusqu'à ce qu'il retrouve ses copains à la station suivante : il m'a raconté son malheur d'être le seul provincial dans une école de Paris où les autres — dixit — même quand ils sont bourrés ils continuent à lever le petit doigt (jolie image ; de fait, c'était le seul à ne pas avoir un look affreusement bourge). En tout cas, la bande a grandi en nombre à Denfert et à Montparnasse, et, petit doigt levé ou pas, ils étaient bien pénibles, nettement plus que les cailleras moyens, en fait.

Quoi qu'il en soit, je suis arrivé (vers 0h15 sans doute) au Trocadéro. Là je me suis senti très con, parce que la lumière verte qui m'avait attiré là n'était ni un laser à argon ni un éclairage festif mais tout bêtement l'illumination d'une grue de chantier située à l'extrémité nord-est du palais de Chaillot, et dont le faisceau se trouve par hasard braqué en direction de Montparnasse et de la place d'Italie.

Puisque j'étais là, cependant, et puisque j'avais eu la bonne idée d'emporter le GPS, j'ai décidé de faire quelques mesures : j'ai trouvé que l'appareil a la possibilité de marquer un point en faisant une moyenne dans le temps pour augmenter la précision, et comme par ailleurs l'endroit est assez dégagé de bâtiments (de sorte que beaucoup de satellites pouvaient être captés simultanément) j'ai pu obtenir une précision assez convenable (une imprécision de moins de 5m, peut-être même 2m, pour certains relevés). J'ai relevé la position de la terrasse centrale de Chaillot, du centre de la tour Eiffel (autant que je pouvais y accéder, car il y a un stupide bâtiment préfabriqué qui y a été posé), et de la statue de Joffre devant l'École militaire.

Ensuite, j'ai voulu reprendre le métro à la Motte-Picquet, et je l'ai raté de quelque chose comme cinq minutes. Je ne peux pas reprocher à la RATP de ne pas avoir pris en compte, au moment où elle a fixé les horaires des derniers trains, le fait que dans la nuit du 17 au 18 janvier 2004 j'arriverais à la Motte-Picquet vers 0h55, mais je peux assurément lui reprocher de ne pas faire une annonce claire (au moins dans cette station) quand le trafic est terminé, ce qui fait que nous étions un certain nombre à poireauter comme des cons sur le quai en se demandant si nous aurions un métro, jusqu'à ce que vers 1h10 on vienne nous dire que non. Je suis donc reparti à pied (et comme un idiot je me suis d'abord dirigé dans la mauvaise direction et ne me suis rendu compte de mon erreur qu'une fois à Dupleix — comme quoi j'aurais dû laisser mon GPS allumé ou me rappeler que les métros à Paris circulent à droite et pas à gauche). Au moins ça m'aura permis, sur le chemin du retour, de mesurer les coordonnées de la place de Catalogne et du Lion de Belfort place Denfert-Rochereau. En revanche, je n'ai plus eu qu'à rentrer directement chez moi.

Pour ne pas laisser de si précieuses (et si chèrement acquises !) informations tomber dans l'oubli, voici les points relevés (voir mon entrée précédente pour les commentaires généraux ; tout ce qui suit est rapporté à l'ellipsoïde WGS 84, et j'ai laissé tomber UTM pour ne relever que la latitude et la longitude, puisque de toute manière il existe d'excellents convertisseurs entre les deux systèmes) :

Palais de Chaillot (dalle centrale entre les deux bâtiments)
(48.86207°N,2.28858°E)
Tour Eiffel (point central)
(48.85834°N,2.29488°E)
Devant la statue de Joffre devant l'École militaire
(48.85294°N,2.30280°E)
Place de Catalogne (plein centre, mesure directe)
(48.83714°N,2.31842°E)
Devant le Lion de Belfort, place Denfert-Rochereau
(48.83426°N,2.33244°E)
Devant l'entrée de mon immeuble
(48.82868°N,2.35180°E)

Il faudrait que je mesure de nouveau, plus précisément, les coordonnées de l'origine que j'ai choisie, pour pouvoir rapporter toutes ces coordonnées au « repère parisien ». Déjà, je suis surpris d'apprendre qu'il y a plus de 400m de l'entrée de mon immeuble à la place d'Italie (j'aurais cru moitié moins). On remarque aussi que les mesures ne sont pas si bonnes que ça puisque les trois premiers points ci-dessus devraient être parfaitement alignés or ils ne le sont pas.

Bon, et la morale de toute cette histoire est : il ne faut pas suivre aveuglément les lumières vertes dans la nuit.

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