David Madore's WebLog: Or What You Will de Jo Walton — et les métafictions

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(dimanche)

Or What You Will de Jo Walton — et les métafictions

Et hop, après trois semaines sans nouvelle entrée dans ce blog, vous vous attendiez à ne pas en voir deux d'affilée, n'est-ce pas ? Eh bien si !

Il y a un peu plus d'un an, j'avais lu le roman Lent de Jo Walton, et j'en avais fait une critique dans ce blog : comme j'avais bien aimé Lent, (et aussi sur la base de recommandations élogieuses, par exemple ce fil Twitter), j'ai décidé de lire Or What You Will de la même autrice, écrit peu de temps après, et qui s'avère avoir un certain nombre de points communs. (Ce n'est pas une suite, les deux romans peuvent se lire tout à fait indépendamment, ou dans n'importe quel ordre, ils ne sont même pas dans le même style ni dans le même « univers », mais disons qu'ils vont bien ensemble et ils forment vaguement un diptyque.) Il s'avère aussi que Or What You Will relève du thème littéraire (trope ?) qui est sans doute mon préféré : ce qu'on pourrait appeler la métafiction, c'est-à-dire l'apparition d'une fiction dans une autre fiction et l'interaction entre les deux. Je vais donc parler un peu de ce roman, mais aussi de ce thème en général (et de la manière dont il résonne en moi).

De quoi s'agit-il, donc ? Le roman Lent, comme je l'ai dit dans le billet que je lui ai consacré, tournait autour de la vie de Jérôme Savonarole, le célèbre prédicateur florentin (1452–1498), et la première partie en était essentiellement un récit historique tandis que la seconde relevait plutôt de la littérature fantastique. Quant à Or What You Will, il raconte l'histoire d'une romancière québecoise de langue anglaise, Sylvia Harrison, qui écrit un roman se déroulant dans un monde imaginaire où la magie existe, mais dans une ville (Illyria) qui reflète la Florence du monde réel. S'agissant que la romancière réelle, Jo Walton, est une romancière québecoise de langue anglaise qui venait d'écrire un livre partiellement fantastique se passant à Florence, on voit vite qu'on a affaire à un délicieux jeu de miroirs entre monde réel et monde(s) de fiction.

Le titre Or What You Will fait référence à La Nuit des Rois de Shakespeare (Twelfth Night dont le sous-titre est justement Or What You Will), et c'est de là que proviennent le nom d'Illyria et de son duc, Orsino ; mais c'est aussi et surtout à La Tempête qu'il est fait référence (je renvoie au premier paragraphe de ce billet sur un autre roman inspiré de La Tempête si vous avez besoin d'un résumé en un paragraphe de la pièce) : Miranda et Caliban, notamment, sont des personnages importants du roman-dans-le-roman. (Il n'est pas nécessaire d'avoir lu La Tempête pour lire Or What You Will, mais ça aide d'avoir au moins une idée de l'histoire. Ceci dit, de toute façon, c'est une bonne idée de lire La Tempête, pas seulement pour la culture générale et pour connaître l'origine d'expressions telles que brave new world et such stuff as dreams are made on, qui sont d'ailleurs pertinentes pour le roman dont je parle ici, mais aussi parce que cette pièce est vraiment extraordinaire et a eu énormément d'influence sur la culture occidentale.) À ces personnages de fiction s'ajoutent aussi, dans le roman-dans-le-roman, des personnages réels, notamment Marsilio Ficino (qui apparaissait déjà dans Lent) et — indirectement parce qu'il est mort — Pic de la Mirandole (idem).

Bref, Or What You Will raconte l'histoire d'une romancière, Sylvia Harrison, qui écrit un roman se déroulant dans un monde imaginaire, incluant des personnages de fiction (Orsino, Miranda…) mais ayant des liens forts avec le monde réel et notamment avec la Florence du monde réel et des personnages réels de la Renaissance (Ficino, Pico… vers 1420–1495) ainsi que d'époques plus tardives mais je vais y venir. Le roman (le vrai, je veux dire, Or What You Will) nous livre à la fois des scènes de la vie passée de l'écrivaine, dont on peut soupçonner qu'ils sont au moins en partie autobiographiques (i.e., reflètent la vraie vie de la vraie romancière Jo Walton) mais je n'ai aucune idée de combien, des scènes de l'écriture du roman-dans-le-roman (Sylvia Harrison va à Florence, s'imprègne des lieux et s'en inspire) et des extraits de ce dernier.

Il faut ajouter que Sylvia Harrison a un ami imaginaire, qui l'accompagnait quand elle est petite, avait disparu de sa vie et a réapparu plus tard (je n'explique pas comment pour ne pas divulgâcher), et ce dont il est question, en même temps que l'écriture du roman-dans-le-roman, c'est aussi la relation entre Sylvia et cet ami imaginaire, qui est le narrateur du roman-cadre et qui a été un personnage de plusieurs romans passés de la romancière fictive. De nouveau, je ne veux pas trop en dire pour ne pas divulgâcher, mais cet ami imaginaire (dont le nom est révélé à la fin) va jouer le médiateur entre la réalité et la fiction. Car la réalité et la fiction se mêlent : dans le roman qu'écrit Sylvia Harrison, des personnages du monde réel entrent magiquement dans le monde fantastique.

[Schéma montrant trois ovales imbriqués, le grand étiqueté R₀, le moyen R₁, et le troisième divisé en deux et étiqueté I et R₂]Je pourrais faire un petit schéma explicatif à la manière d'Umberto Eco dans Six promenades dans les bois du roman et d'ailleurs (à ceci près que je n'ai évidemment pas le talent de sémioticien d'Umberto Eco), mais j'ai perdu patience en essayant d'utiliser l'interface épouvantable d'Inkscape pour dessiner quoi que ce soit, donc je n'ai réussi à faire que trois ovales imbriqués, tant pis. Nous avons le monde R₀ (rien à voir avec l'épidémiologie : j'écris R pour réel) dans lequel nous existons, vous, moi, et l'autrice Jo Walton (enfin, je suppose : je ne l'ai pas rencontrée), le monde où elle vit à Montréal et où elle est allée à Florence pour chercher de l'inspiration pour écrire Lent et Or What You Will, qui sont des romans qui existent dans notre monde R₀. Nous avons le monde R₁ dans lequel vit Sylvia Harrison, et R₁ ressemble énormément à R₀ : il y existent au moins des villes comme Montréal et Florence, et Sylvia Harrison vit à Montréal dans R₁ et est allée à Florence pour chercher de l'inspiration pour écrire son roman. Ce roman (qui existe dans R₁) parle principalement d'un monde I où la magie existe, où la ville qui ressemble à Florence s'appelle Illyria ; mais comme le roman de Sylvia Harrison parle aussi du monde « réel », c'est qu'il y a un monde R₂ (qui est à R₁ comme R₁ est à R₀), et il est possible de passer de R₂ à I, c'est notamment arrivé à Marsilio Ficino et Pic de la Mirandole du monde R₂, ainsi qu'à d'autres personnages, plus tard, en 1847. (J'aurais voulu, dans le schéma ci-contre, mettre un petit dessin de personne humaine étiqueté Jo Walton dans R₀, avec une flèche pointant vers le bord de R₁ qui serait étiqueté Or What You Will, et un petit dessin de personne humaine étiqueté Sylvia Harrison dans R₁, avec une flèche pointant vers le bord de I+R₂ qui serait étiqueté roman de Sylvia, et enfin mettre des petits dessins pour Miranda et Caliban dans I, et un autre étiqueté Ficino montrant un déplacement de R₂ vers I, mais, voilà, comme je le dit plus haut, j'ai complètement perdu patience avec Inkscape. Il faut peut-être imaginer aussi un dessin de ville étiqueté Florence dans chacun de R₀, R₁ et R₂, et un autre étiqueté Illyria dans I.)

Or l'astuce de la construction romanesque est de brouiller les frontières entre R₁ et R₂ (car parfois il n'est pas entièrement clair duquel il est question quand on nous parle de Florence, et il n'est pas très clair dans quel monde « vit » le narrateur ami imaginaire de Sylvia) et aussi entre R₀ et R₁ (par l'abondance de détails biographiques sur Sylvia Harrison du monde R₁ qui donnent envie de l'identifier à Jo Walton du monde R₀), si bien qu'on peut se demander si on n'a pas R₀≃R₁≃R₂ et, du coup, s'il n'est pas possible de passer de R₀≃R₁≃R₂ à I. Le fait de nous raconter des anecdotes historiques probablement réelles (s'étant déroulées dans la Florence du monde R sans qu'on sache vraiment si c'est R₀, R₁, R₂ ou sans doute les trois à la fois) contribue à ce brouillage de cartes.

[Tableau de René Magritte représentant un tableau sur son chevalet, devant une fenêtre, le paysage du tableau dans le tableau se confondant parfaitement avec le paysage derrière la fenêtre]C'est un thème qui m'est très cher, la manière dont la réalité inspire la fiction et dont la fiction, à son tour, peut influencer la réalité, parfois jusqu'au point où les frontières deviennent confuses, et encore plus confuses quand on a affaire à plusieurs niveaux de fiction imbriqués. Je pourrais multiplier les exemples d'œuvres que j'ai aimées (et dont j'ai souvent déjà parlé dans ce blog) où ce thème apparaît d'une manière ou d'une autre : n'évoquons que les plus significatifs à mes yeux. (Je renvoie à TV Tropes pour un catalogage certainement plus exhaustif.)

J'avais déjà raconté (dans un bout de cette entrée récente) combien le livre Gödel, Escher, Bach de Hofstadter m'a influencé quand j'étais jeune : or c'est un des thèmes centraux de ce livre que la récursion et la mise en abyme (les fictions dans les fictions dans les fictions, etc.) mais aussi les boucles étranges (quand la fiction dans la fiction se confond avec la réalité), ces thèmes apparaissent un peu partout dans le livre, dans les chapitres sérieux comme dans les dialogues fictionnels qui les préfacent, et aussi dans les œuvres d'Escher (et, si on veut, mais c'est moins évident, de Gödel et de Bach), ainsi que de René Magritte (dont j'ai appris l'existence à travers le livre de Hofstadter), par exemple dans ses tableaux intitulés La Condition humaine (cf. ci-contre) et dans beaucoup d'autres de ses œuvres. Mais un de mes romans préférés est certainement Si par une nuit d'hiver un voyageur d'Italo Calvino, qui certes parle de romans plutôt du point de vue du lecteur que de l'auteur, mais qui est tout entier consacré au dialogue entre fiction et réalité et à la confusion possible entre les deux ; d'ailleurs, ce roman commence par ces mots qui donnent bien le ton : Tu vas commencer le nouveau roman d'Italo Calvino, Si par une nuit d'hiver un voyageur. Détends-toi. Concentre-toi. Écarte de toi toute autre pensée. Laisse le monde qui t'entoure s'estomper dans le vague.

On pourrait citer des films comme Matrix ou Inception (ce dernier est devenu tellement associé à l'idée de mise en abyme que dans un certain milieu geek anglophone on parle de quelquechose-ception pour désigner n'importe quelle inclusion de quelque chose dans quelque chose de même nature), mais, s'agissant du pouvoir magique des livres et de la porosité entre la réalité et les mondes imaginaires, c'est surtout L'Histoire sans fin que je dois évoquer (soit le film, soit le roman dont il est adapté), et qui a certainement inspiré Jo Walton parce que je trouve quelques thèmes communs qui ne sont probablement pas accidentels (ou alors ils ont une inspiration commune que j'ignore).

Mais c'est un thème que j'ai aussi aimé explorer moi-même : mon Histoire de la Propédeutique à la Reine des Elfes est une nouvelle (faussement présentée comme le résumé d'un roman imaginaire, pour ajouter un niveau d'imbrication qui ne joue qu'à la fin) racontant l'obsession croissante d'un écrivain — d'ailleurs fasciné par Shakespeare — auteur d'un cycle de romans fantastique se déroulant dans un monde imaginaire et qui devient persuadé que finir son œuvre et lui donner un titre permettra de recréer la magie sur Terre. (Je serais presque tenté d'accuser Jo Walton de plagiat pour certaines idées si je n'étais pas pleinement conscient que ces idées flottent depuis bien longtemps et ne cessent de réapparaître sous toutes sortes de variations.) Je peux aussi mentionner certains de mes Fragments littéraires gratuits (voire, le concept même de ces fragments), notamment celui-ci ou celui-ci ou dans un style différent celui-ci.

Si je mentionne mes propres œuvres, c'est parce que ce thème résonne énormément en moi depuis toujours : dans l'espèce de gloubi-boulga philosophique que j'ai écrit sous le nom de cycle d'Anderland quand j'étais ado voire pré-ado (le texte lui-même est ici, mais n'essayez pas de le lire, par contre cette tentative d'analyse/explication peut avoir plus d'intérêt), la relation entre le monde réel et le monde de fiction, et surtout entre un auteur et ses personnages, et la confusion des niveaux, est un thème central et omniprésent. (J'avais été influencé notamment par la lecture [d'une version abrégée] du Mahābhārata, dans lequel l'auteur de l'épopée apparaît dans l'épopée elle-même : c'est dire si ces idées sont anciennes.) Ma toute première histoire, Le Livre de Ruxor (que j'ai écrite quand j'avais entre 12 et 14 ans) se finit par une sorte d'apothéose dans laquelle les héros quittent le monde du roman où ils apparaissaient, et découvrent le livre en question, dont je (ou mon alter ego sous le nom de Ruxor) suis auteur ; la seconde, Anderland est construite autour d'un jeu de miroirs (à vrai dire incompréhensible de mysticisme) entre niveaux de réalité ; encore une autre écrite peu après, Castor et Pollux (tout cela faisant partie de ce cycle d'Anderland), est le récit de la manière dont un des personnages des histoires précédentes (Xanthin) a créé un monde imaginaire et s'est retrouvé prisonnier de celui-ci (et de personnages mal intentionnés dans ce monde) et d'autres doivent venir le sauver. Et encore un peu plus tard, quand j'ai écrit La Larme du Destin, je suis vaguement tombé amoureux d'un de mes propres personnages (Voleur de Feu ; ce qui ne se voit pas forcément dans le roman lui-même mais je l'ai décrit dans ce fragment ou celui-ci) : en fait, Voleur de Feu a été une sorte d'ami imaginaire pour moi à un certain moment, pas si loin de ce qu'est le narrateur du roman de Jo Walton pour Sylvia Harrison.

Je parle là du passé, et je ne sais pas si je retrouverai un jour la combinaison l'énergie, de temps et de motivation pour essayer de nouveau d'écrire un roman (avec, j'espère, un peu plus de maîtrise de la langue et de la construction de l'intrigue que je n'en avais quand j'étais ado), mais s'il y a un thème qui retient mon attention quand je pense vaguement à cette possibilité, c'est d'écrire un roman approximativement selon le schéma suivant : un homme âgé redécouvre et relit un roman qu'il a commencé quand il était jeune, et cherche à résoudre une énigme contenue dans ce roman en même temps qu'il repense à son passé — et on a donc trois fils narratifs entrelacés, celui du jeune homme qui écrit le roman, celui de l'homme âgé qui le relit en cherchant à le comprendre et peut-être à le finir, et le contenu du roman lui-même, qui se présente comme une sorte de mystère dans un monde fantastique, la clé de l'énigme étant en quelque sorte répartie entre ces trois fils.

Là il faut forcément que je mentionne (comme source d'inspiration, au moins pour le paragraphe précédent, mais peut-être aussi pour le roman de Jo Walton) l'excellent livre The Hours de Michael Cunningham (qui a été adapté au cinéma par Stephen Daldry, avec Nicole Kidman, Julianne Moore et Meryl Streep dans les trois rôles principaux) : il s'agit de trois trames narratives entrecroisées : l'une en 1923 avec Virginia Woolf qui écrit le roman Mrs. Dalloway (en même temps qu'elle lutte contre ses problèmes mentaux et notamment ses tendances suicidaires), une autre en 1949 avec Laura Brown, une mère de famille qui lit le roman de Woolf et réfléchit à sa propre vie, et une troisième en 1999 avec Clarissa Vaughan, éditrice dont la vie ressemble curieusement à celle du personnage (Mrs. Dalloway) du roman de Woolf.

Aussi bien dans The Hours que dans Or What You Will (quoique de façon moins aiguë et douloureuse), et d'ailleurs dans ma nouvelle Histoire de la Propédeutique à la Reine des Elfes, il y a la question de la santé mentale, qui se manifeste forcément dès qu'on réfléchit aux frontières entre le réel et l'imaginaire, et surtout à leur porosité. Là je dois faire référence à une autre histoire absolument fascinante et apparemment réelle (mais certainement au moins en partie modifiée pour des raisons de secret professionnel) racontée par le psychiatre américain Robert M. Lindner sous le nom de The Jet-Propelled Couch : voir ce billet passé pour un résumé rapide, ou encore cet article Wikipédia, ou bien lire le texte complet de l'histoire telle que racontée par Lindner dans Harper's Magazine (première partie, seconde partie ; ou via l'Internet Archive : première partie, seconde partie) ; mais disons en très bref qu'il s'agit du cas de quelqu'un qui en lisant des romans de science-fiction s'est tellement identifié à un personnage qu'il a finir par confondre la fiction et la réalité et à s'imaginer une autobiographie incroyablement complexe et développée dans un monde inventé terriblement détaillé — un délire psychotique où il a failli entraîner le psy avec lui.

Tout ceci était une longue digression par rapport à Or What You Will, mais c'est intentionnel : ne voulant pas divulgâcher le contenu du roman, j'ai préféré broder sur les thèmes qui y apparaissent au moins vaguement, les possibles sources d'inspiration, ou les résultats d'inspirations communes : si ces réflexions vous ont semblé intéressantes, le roman a des chances de vous plaire.

Je ne dis pas non plus qu'il est parfait. Mon principal reproche serait que j'ai parfois trouvé qu'il y avait un problème de rythme, ce qui est normal parce qu'au final il ne se passe pas grand-chose : ni dans le monde R₁ (ou R₂) ni même, finalement, dans le monde I. Quelques passages donnent un peu l'impression d'avoir été recopiés d'un guide touristique sur Florence (au passage, on y apprend que le glacier Perchè no!, via del Tavolini est excellent ; bon, ça m'amuse parce que suis moi-même passé à Florence peu de temps avant le moment où Jo Walton — et, dans un autre monde, Sylvia Harrison. — y était pour travailler sur son livre, et je suis forcément passé devant ce glacier, d'un autre côté il faisait terriblement froid en décembre 2017 à Florence, et je ne cherchais pas une glace). Il y a aussi un peu de lampshading, quand le roman réel pointe du doigt des faiblesses ou même des incohérences du roman-dans-le-roman dont on vient de lire des extraits, que je ne sais pas bien comment prendre.

D'un autre côté, je ne veux pas donner l'impression que Or What You Will n'est qu'une construction intellectuelle sophistiquée autour d'une imbrication de mondes : c'est juste que l'aspect « métafiction » m'a particulièrement intéressé, moi personnellement. Mais il s'agit aussi d'une œuvre qui évoque les thèmes de la mort, de l'absence et du deuil, de façon émouvante et pas simplement tragique. Et il y a plus d'une scène (dans le monde réel ou imaginaire) qui sont amusantes ou touchantes. On n'apprendra pas autant sur la renaissance florentine qu'en lisant Lent (qui est très sérieusement documenté), mais on apprendra des choses sur la difficulté d'acheter une chaise chez Ikea en Italie quand on est une romancière qui a mal au dos, et c'est assez rigolo.

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