Quelqu'un m'a fait remarquer que je parlais peu de livres, dans ce blog (je parle même plus des films que je vois que de mes lectures ; pourtant, ailleurs, je donne la liste de mes livres préférés et je ne parle pas de mes films préférés). Quand on compare avec le journal d'un bibliophage comme Matoo (mais comment a-t-il le temps d'avaler tout ça ? c'est stupéfiant ! ah, c'est vrai qu'il passe beaucoup de temps dans les transports en commun, ça doit jouer), j'ai effectivement assez honte du peu que je lis (du moins, sous forme de taches d'encre sur des tranches d'arbres morts reliées entre elles, par opposition à des pixels éclairés par un faisceau d'électrons…). Et pourtant, ce n'est pas tellement une question de vitesse, puisque je vais assez vite.
La dernière œuvre que j'ai lue, c'est The Unicorn, d'Iris Murdoch : un admirateur anonyme m'avait jadis offert un autre roman d'elle, que j'avais beaucoup apprécié, et je m'étais dit que celui-là pourrait me plaire ; en fait, non : le début est très bon, et explore de façon intéressante la question de savoir à quel point on peut être prisonnier en se croyant prisonnier, mais la fin m'a paru vraiment trop brusque et peu intéressante. Ensuite, j'ai essayé de me plonger dans Un Québécois à Paris de Roland Michel Tremblay (je suppose que c'est le fils de Michel Tremblay), l'histoire (au moins partiellement autobiographique) d'un jeune québecois gay qui part étudier à Paris ; l'histoire m'aurait sans doute intéressé mais j'ai peu accroché sur le mode d'écriture (c'est présenté comme un journal, mais il y a quelque chose dans le style qui me semblait ne pas coller) : je pense que je vais plutôt le lire en picorant des pages au hasard, ça semble assez bien s'y prêter. En fait, j'ai plein de livres dans mes étagères que j'ai commencés mais sur lesquels je n'ai pas persévéré (soit parce qu'un autre texte a pris plus de mon attention et que je n'ai pas recommencé une fois que je l'ai fini, soit parce que je n'étais pas assez motivé) : en ce moment, il y a au moins Othello de Shakespeare qui traîne sur ma table de nuit, Tales of the City d'Armistead Maupin qui a un marque-page vers le début, et aussi L'Île du jour d'avant d'Umberto Eco. Mais j'arrive très difficilement à lire plusieurs choses à la fois.
Hier, je suis rentré chez un libraire et je suis ressorti avec les bras chargés et une centaine d'euros de moins sur mon compte en banque. (Si j'arrivais à lire le dixième seulement de tout ce que j'achète, je m'estimerais heureux ! Mais mes propres bibliothèques me rappellent l'étendue de mon ignorance, c'est bien, ça.) Je ne vais pas tout lister parce que c'est long et parce que je suis bien trop fier pour oser admettre que je n'avais pas encore lu Si c'est un homme (par exemple) et que je viens seulement de l'acheter. Il y a entre autres un tout petit roman (j'aime bien les histoires courtes, moi, ça convient bien à un paresseux de mon genre), Gaieté parisienne de Benoît Duteurtre, qui m'a séduit du premier coup d'œil, si j'ose dire (mais c'est notamment parce que l'éditeur avait mis un dessin de Sempé sur la couverture : j'adore Sempé). Ah, et puis aussi un essai intitulé Je suis noir et je n'aime pas le manioc que j'ai acheté à cause de ce petit extrait reproduit en 4e de couverture, que je trouve excellent, et qui me vole une idée que j'avais pour un fragment littéraire gratuit futur :
« Alors mon brave, dit un officiel français à un émigré convalescent dans un hôpital de Bamako : toi content repartir en France regagner sous ! Toi faire quoi en France ?
— Je suis professeur de littérature à la Sorbonne, Monsieur. »
(Je rêverais de pouvoir sortir une réplique de ce genre !)
Enfin, quoi qu'il en soit, j'ai beaucoup de lecture pour les semaines à venir. Dont certainement une partie importante va finir abandonnée sur mes étagères avec un marque-page au milieu du premier feuillet.