Je me suis laissé convaincre par un ami d'écrire une application pour Android d'éphémérides astronomiques (il en existe certainement déjà plein, mais guère qui soient libres / open source) : c'est-à-dire un truc qui calcule au moins des choses comme la position et les heures de lever et coucher du Soleil, de la Lune et des planètes, les dates et heures des saisons et des phases de la Lune, et sans doute d'autres choses du même acabit. Normalement, ça ne devrait pas être difficile, il y a plein de code pour ça, presque déjà écrit, en fait, qu'il suffit de convertir en Java.
Mais le truc, c'est que je suis un chouïa maniaque (←ceci est un euphémisme) sur certaines choses, et j'ai une idée assez arrêtée sur la façon dont les choses devraient être faites. Notamment, un calcul astronomique ne se mène pas vraiment de la même façon si on vise une précision d'une fraction de minute d'arc ou de quelques microsecondes d'arc. Et je n'ai pas envie de faire silencieusement des approximations qui empêcheraient de passer à une précision nettement plus grande : i.e., je ne tiens pas spécialement à ce que mon application permette une précision énorme, mais je tiens à ce que le cadre logiciel le permette. Ça devient un peu un défi (stupide) en soi.
Or il se trouve que réaliser des calculs astronomiques permettant, même en principe, une très haute précision, c'est compliqué. (Ne serait-ce que parce qu'on ne va plus pouvoir négliger les effets relativistes, et qu'on commence à avoir mal à la tête juste pour définir ce que c'est que le temps.) J'ai une assez bonne vision des phénomènes les plus simples, mais si je m'impose le carcan de bien prendre conscience de toutes les approximations, je m'y perds assez.
Prenons l'exemple de la rotation de la Terre.
La zéroïème approximation, celle qu'on apprend à l'école primaire, c'est que la Terre tourne autour du Soleil, effectuant une révolution en une année dans un plan appelé écliptique, et qu'elle tourne aussi autour d'elle-même selon un axe de direction fixe appelé l'axe des pôles et dont le plan perpendiculaire s'appelle le plan équatorial ; l'angle entre les plans écliptique et équatorial, ou bien entre l'axe des pôles et l'axe perpendiculaire au plan écliptique, s'appelle l'obliquité ou inclinaison de l'axe terrestre, notée ε, et vaut 23°26′15.66″. L'angle entre l'axe de rotation et la droite Terre-Soleil est responsable des saisons, lesquelles sont limitées par les deux équinoxes lorsque l'axe est en quadrature avec cette droite, ou, si on préfère, que le Soleil se trouve dans le plan équatorial de la Terre, et par deux solstices lorsque le Soleil atteint ses latitudes minimale et maximale par rapport au plan équatorial terrestre, qu'on appelle tropiques du Capricorne (→été austral) et du Cancer (→été boréal). Ça c'est ce que tout le monde devrait savoir, sauf à être un sombre inculte.
Même en zéroïème approximation, il y a moyen de faire une erreur classique[#] : c'est de penser que la période de la rotation de la Terre est égale à un jour solaire (24h), alors qu'en fait 24h est la période moyenne de la rotation par rapport à la direction du Soleil ; or, comme la Terre tourne en même temps (et dans le même sens) autour du Soleil, la période de rotation par rapport aux étoiles fixes — ou jour sidéral — est plus courte, de sorte qu'il y a tout juste un jour sidéral de plus dans une année qu'il n'y a de jours solaires, c'est-à-dire environ 366.2564 jours sidéraux contre 365.2564 jours solaires, la différence étant justement la révolution qu'on a faite autour du Soleil pendant ce temps ; ce qui donne 23h56min04.1s pour le jour sidéral. Ou pour dire les choses autrement : au bout de 23h56min et un chouïa, les étoiles vues depuis la Terre ont fait un tour complet de la voûte céleste, mais comme le Soleil parcourt l'écliptique d'ouest en est en une année, au bout d'un jour il s'est déplacé de l'ordre de 1° vers l'est (par rapport aux étoiles), et il faut attendre en moyenne à peu près 4min de plus pour qu'il revienne à la même longitude dans le ciel, soit 24h, et c'est la différence entre le jour sidéral et le jour solaire.
Soulignons par ailleurs que ceci n'est dit qu'en moyenne : si le jour sidéral est assez constant, le jour solaire (également appelé synodique) n'est égal à 24h qu'en moyenne. Il y a deux raisons à ça, c'est-à-dire deux raisons au fait que la longitude du Soleil par rapport aux étoiles fixes ne progresse pas à un rythme constant. La première est le fait que la Terre ne tourne pas à vitesse constante autour du Soleil : à cause de la loi des aires, elle tourne un peu plus vite vers janvier (quand elle est plus près du Soleil) qu'en juillet (quand elle est plus loin) ; ce phénomène introduit un terme périodique de période 1 an dans le décalage entre heure solaire vraie et heure solaire moyenne. Le second phénomène est le fait que le Soleil vu depuis la Terre parcourt la voûte céleste non selon l'équateur mais selon l'écliptique, qui est penché de ε par rapport à lui : donc même si le Soleil tournait à vitesse constante sur l'écliptique de la voûte céleste, sa projection sur l'équateur, elle, avancerait un peu plus vite au moment des solstices et un peu plus lentement au moment des équinoxes ; ce deuxième phénomène introduit un terme périodique de période 6 mois dans le décalage entre heures solaires vraie et moyenne. La somme de ces deux phénomèmes (et, si on en considère d'autre, tout ce qui peut faire que l'heure solaire vraie n'est pas égale à l'heure solaire moyenne) s'appelle l'équation du temps — je renvoie à cet article, qui est très bien écrit, pour une discussion détaillée.
Pour passer à l'approximation suivante, il y a un nouveau phénomène à prendre en compte, c'est le fait que l'axe des pôles de la Terre ne reste pas de direction constante : cette direction tourne elle-même autour d'un axe perpendiculaire au plan écliptique, dans un phénomène qui s'appelle la précession des équinoxes, dont la période est de 25770 ans. Ceci peut se voir de différentes façons : au bout d'une année qu'on peut qualifier de sidérale, le Soleil est revenu à sa place sur l'écliptique par rapport aux étoiles fixes, mais l'équateur, lui, s'est un peu décalé dans le sens contraire par rapport à l'écliptique, et donc l'intersection des deux, qu'on appelle l'équinoxe (de printemps, disons), et il faut environ 20 minutes de moins pour que le Soleil revienne à sa même position par rapport à l'équinoxe. Donc de même que la révolution de la Terre autour du Soleil (ou, vue depuis la Terre, le parcours de l'écliptique par le Soleil) introduit une différence entre jour sidéral et jour solaire, la précession des équinoxes introduit une différence entre année sidérale (mesurée par rapport aux étoiles fixes) et année tropique (mesurée par rapport aux équinoxes, i.e., par rapport aux saisons) : la période de la précession des équinoxes est de 25770[#2] années sidérales, mais 25771 années tropiques. Du coup, on peut aussi définir trois jours différents, selon qu'on considère la période de rotation par rapport au Soleil (24h), par rapport aux étoiles fixes (23h56min04.10s) ou par rapport aux équinoxes (23h56min04.09s), mais les deux derniers diffèrent évidemment très peu.
La précession des équinoxes est un phénomène connu depuis fort
longtemps, et qui fait que parfois les gens se moquent des astrologues
(ce qui est en soi une activité louable, certes, mais encore faut-il
le faire pour les bonnes raisons) parce que ceux-ci
appellent bélier
, taureau
, gémeaux
, etc., un
douzième de l'écliptique chacun et définis par rapport aux équinoxes
tandis que les constellations astronomiques de ce nom sont (d'une part
au nombre de treize et inégalement espacées) assurées par des étoiles
fixes : c'est une mauvaise critique et
j'ai déjà défendu le fait que les
douze saisons « astrologiques » sont une division parfaitement sensées
des quatre saisons qu'on définit usuellement, et d'ailleurs je les
fais figurer sur
les calendriers que
je me fabrique chaque année. La
cause principale de la précession est l'action des forces de marées
causées par la Lune et le Soleil sur le bourrelet équatorial de la
Terre (i.e., comme cette dernière n'est pas sphérique, l'action de la
Lune et du Soleil qui attirent de façon plus importante la partie qui
en est la plus proche, n'équivaut pas à une action ponctuelle) : il y
a donc un couple de force qui cause
une précession
gyroscopique ; on parle pour cet effet de
précession luni-solaire (il existe aussi une
précession planétaire, due à l'effet des autres planètes du
système solaire, c'est-à-dire surtout Jupiter, mais elle est plus
faible).
En plus de la rotation de la Terre et de la précession des équinoxes, il y a un phénomène appelé la nutation : alors que la précession des équinoxes est un mouvement très lent mais très important de l'axe des pôles, la nutation est un mouvement de bien plus faible amplitude (de l'ordre de la quinzaine ou vingtaine de secondes d'arc) et beaucoup plus rapide (le terme le plus important a une période de 18.6 années qui est la période de la régression des nœuds lunaires, c'est-à-dire la droite d'intersection du plan d'orbite de la Lune avec l'écliptique). En gros, la nutation correspond à de petites oscillations de l'axe des pôles autour de sa position moyenne. Il faut noter que cette nutation se produit à la fois dans le sens de la précession (l'axe avance et recule un peu par rapport à son mouvement de précession) et dans le sens orthogonal (l'axe s'incline plus ou moins que l'obliquité moyenne) : on parle respectivement de nutation en longitude et de nutation en obliquité.
Ensuite, les choses se compliquent® : l'écliptique lui-même n'est
pas fixe (il varie lentement sous l'effet de l'attraction des autres
planètes du système solaire), l'inclinaison de la Terre n'est pas non
plus constante même à long terme (c'est-à-dire même une fois moyennée
la nutation en obliquité — même si en fait l'essentiel de cet effet
est alors dû, justement, au mouvement de l'écliptique), la rotation de
la Terre n'est pas uniforme (elle comporte à la fois des variations
périodiques pas toujours bien connues, et un ralentissement séculaire
qui est estimé — de façon un peu conventionnelle — à 1.64 milliseconde
par jour et par siècle, d'ailleurs pour des raisons que
j'ai déjà expliquées, la durée du
jour est entre 1ms et 2ms plus longue que 24h), et d'ailleurs l'axe
des pôles varie non seulement dans l'espace mais aussi à la surface de
la Terre (on parle de polhodie
ou oscillation
de Chandler) avec une période de l'ordre de 430 jours et une
amplitude de l'ordre de 10m (et ça n'arrange rien qu'il soit difficile
de définir ce qu'on appelle, au juste,
le pôle
[#3]).
▣
Normalement, à ce point-là, le mathématicien explose et
s'exclame : Mais aussi compliqués que soient les phénomènes
physiques sous-jacents (qu'il ne s'agit pas ici de modéliser mais
simplement de décrire), l'orientation d'un objet rigide dans l'espace
peut se décrire
par exactement
trois angles
(angles d'Euler, qui s'appellent justement, et
pas par hasard : la précession, la nutation et la rotation propre —
terminologie néanmoins un peu confusante puisque par exemple la
nutation astronomique en longitude est, du point de vue des angles
d'Euler, une précession). Donc, pour tout décrire, il suffit de
donner un développement temporel de ces trois angles d'Euler (qui
caractérisent la transformation entre le système de coordonnées
terrestre[#4] de
l'IERS[#5] et
leur système de coordonnées
céleste[#6]).
Il y a différentes raisons pour lesquelles ce n'est pas ce qui se
fait, et pour lesquelles on (=l'IERS) décrit
l'orientation de la Terre non comme une seule rotation mais comme une
composition de plusieurs rotations (une pour la précession générale,
une pour la nutation, une pour la rotation proprement dite, et une
pour la polhodie). Une raison est qu'il est utile de décrire non
seulement l'orientation stricto sensu de la
croûte terrestre mais aussi différents repères ou objets géométriques
intermédiaires (l'écliptique, l'équateur moyen, l'équateur instantané,
le pôle à la surface de la Terre…). La séparation des mouvements
entre précession et nutation, par exemple, est un peu arbitraire
(grosso modo, on met dans la précession ce qu'on appelle les
termes séculaires
et dans la nutation les
termes périodiques
, mais tout dépend en fait de l'échelle de
temps considéré), cependant il est utile d'avoir fixé une convention à
ce sujet, pour pouvoir parler d'équateur moyen (celui qui est sujet à
la précession mais pas à la nutation) et d'équateur instantané (celui
qui est sujet aux deux), et s'en servir dans d'autres définitions, par
exemple pour le point vernal — ou équinoxe de printemps — qui est
l'intersection (ascendante) d'un de ces équateurs avec
l'écliptique[#7], et qui
définit le début du printemps. Une autre raison (ou une autre facette
de la même) est de séparer autant qu'on peut les phénomènes qu'on sait
prévoir et ceux qu'on ne peut qu'observer.
Spécifiquement, un phénomène qu'on ne sait qu'assez mal prévoir
(même si j'ai du mal à savoir la meilleure précision qu'on sache
atteindre pour une prévision à 10 ans, 100 ans, 1000 ans) est celui de
la rotation propre de la Terre ou ce qu'on appelle en astronomie
le temps universel. Le temps universel (UT1)
est défini par le fait que la Terre effectue une rotation par rapport
au Soleil en 24h de temps universel, ou, en fait, une rotation
sidérale en 23h56min04.0989036903511s. Mais cette définition cache de
nombreuses subtilités (pour commencer, qu'est-ce que c'est
exactement, effectuer une rotation
?). Par exemple, la très
lente rotation constituant la précession des équinoxes constitue,
après tout, une forme de rotation de la Terre, et si on écrit la
matrice de transformation donnant l'orientation finale de la Terre
comme composée d'une matrice de précession, d'une matrice de nutation
et d'une matrice de rotation propre dépendant du temps universel,
cette dernière doit décompter la partie de rotation qui a déjà été
incluse dans la précession et la nutation. Ceci conduit à différentes
façons, toutes désagréables, de traiter cette séparation, soit en
calculant une équation des équinoxes
qui correspond à évaluer
la rotation cachée dans la précession et la rotation, soit en
utilisant un point intermédiaire appelé point de référence céleste
intermédiaire
(et qui est défini comme le point toujours situé sur
l'équateur de la voûte des étoiles fixes et dont le mouvement
est non tournant
en ce qu'il est toujours perpendiculaire à
l'équateur lorsque l'équateur effectue des petits déplacements sous
l'effet de la précession ou de la nutation) ; de même, sur terre, les
effets du mouvement du pôle qui contaminent la rotation de la Terre
conduisent à introduire un point de référence terrestre
intermédiaire
. Tout ceci est assez fastidieux à comprendre.
Heureusement, il existe des documents pas trop mal écrits qui
expliquent tout ce qu'il y a à savoir : soit les
arides Conventions
2010 de l'IERS soit
une circulaire
un peu plus pédagogique écrite par l'observatoire de
l'US Navy.
Après, même si on a compris comment les choses fonctionnent (ce
dont, dans mon cas, je ne suis que partiellement convaincu), il faut
encore trouver les données. La précession est décrite par trois
angles dont la signification est un peu pénible à voir quand on est
comme moi handicapé des trois dimensions, mais qui sont au moins
décrits par des simples polynômes du temps et dont l'utilisation est
clairement indiquée dans les documents que je viens de citer. La
nutation est décrite par des séries de Poisson (une pour la nutation
en longitude et une pour la nutation en obliquité) ; les astronomes
aiment bien ça pour les développements numériques, les séries de
Poisson : ce sont des sortes de séries de Fourier (finies, bien sûr),
mais comportant aussi des puissances du temps, et dont les périodes
sont généralement exprimées comme des combinaisons entières de
périodes perturbatrices fondamentales (typiquement les longitudes
moyennes des planètes ainsi, pour tout ce qui a trait au système
Terre-Lune, que les arguments de Delaunay
c'est-à-dire les
anomalies moyennes du Soleil et de la Lune, l'argument moyen de la
Lune mesurée depuis le nœud, la longitude moyenne du nœud, et
l'élongation moyenne entre le Soleil et la Lune ; les arguments de
Delaunay sont donnés comme des polynômes du temps,
donc stricto sensu on n'a plus affaire à une
série trigonométrique). La désagréable équation des équinoxes
(qui sert à neutraliser la partie de rotation de la Terre introduite
dans la précession et la nutation) est également exprimée comme
polynôme plus série de Poisson (et en principe calculable à partir de
la précession et de la nutation). Tout ça est un peu pénible à
évaluer, d'autant qu'il faut commencer par
trouver où sont cachées
les données et les convertir depuis divers formats texte assez
pourris prévus pour être évalués par des procédures
en *shudder* Fortran. Pour la rotation de la Terre, ainsi que
la position du pôle, on peut soit
utiliser différents
modèles approximatifs soit prendre des données
d'observation publiées
par l'IERS : je suis loin d'avoir les idées aussi
claires que je voudrais sur le rapport entre ces différents ensembles
de données (par exemple sur la question de savoir comment mélanger des
théories plus ou moins anciennes et qui n'utilisent pas forcément
exactement les mêmes conventions).
[Bon, encore une entrée qui s'est retrouvée à devenir beaucoup plus longue que je l'imaginais, dont j'ai maintenant franchement marre puisque ça fait quelque chose comme dix jours que je l'écris, et du coup j'ai la flemme de relire, bref, qui doit être bourrée de fautes en tous genres. De toute façon, les gens vont râler que gnagnagna je n'écris pas ce que j'ai promis sur les octonions gnagnagna.]
[#] Subtilité qui n'est
pas relevée à l'école primaire. Quand j'étais en CM2, dans le cadre
d'une introduction à l'astronomie, notre institutrice nous a demandé
de définir un jour
, j'ai essayé d'expliquer la différence entre
jour solaire et jour sidéral, je me suis mal exprimé, et c'est moi qui
suis passé pour un sombre inculte qui croit que le Soleil tourne
autour de la Terre.
[#2] En réalité, les niveaux d'approximation suivants font que cette période n'a pas beaucoup de sens en tant que période : ce que je donne là est la vitesse actuelle de précession des équinoxes, mais comme cette vitesse varie elle-même, ce n'est pas dans 25770 ou 25771 ans que les équinoxes auront accompli « un tour complet » de l'écliptique (notion qui n'est d'ailleurs pas évidente à définir vu que l'écliptique n'est pas non plus fixe…).
[#3] Cela peut faire
référence à l'axe de rotation instantané, à l'axe de moment cinétique,
ou à l'axe principal d'inertie. Il semble que les deux premiers
diffèrent de quelques centimètres alors que le second diffère d'eux de
quelques dizaines de centimètres. En fait, le bon
pôle n'est
rien de tout ça, mais une construction un peu compliquée appelée
les axes
de Tisserand, qui coïnciderait avec l'axe principal d'inertie si
la Terre était rigide, mais tient plus intelligemment compte de
l'élasticité du manteau, et cette construction elle-même suppose une
distinction un peu arbitraire dans les périodes des perturbations
(celles qui sont plus longues que deux jours sont placées dans la
nutation, celles qui sont plus courtes sont placées dans la rotation
propre et la polhodie) : on parle de pôle intermédiaire céleste
pour l'objet ainsi construit.
[#4] J'aimerais dire
qu'il s'agit de la latitude, de la longitude mesurée par rapport au
méridien de Greenwich
, et de l'altitude mesurée par rapport à
l'ellipsoïde WGS84, mais en fait la définition
du système
de référence terrestre de l'IERS est un chouïa plus
compliquée (à ce niveau de précision, on ne peut pas ignorer le fait
que la croute terrestre n'est pas rigide et que les plaques
tectoniques se déplacent les unes par rapport aux autres et sont
sujettes à des marées). Suite à toutes sortes de définitions
historiques se précisant les unes les autres, le méridien
international, celui de l'IERS et qui est utilisé par
les GPS, est situé 5.31″ à l'est du méridien historique.
C'est ce que constatent, déçus, les geeks qui se rendent à
l'observatoire royal de Greenwich avec un GPS ou qui
simplement regardent
sur Google Maps.
[#5] Le Service
International de la Rotation de la Terre, qui a pour but de décrire et
modéliser aussi précisément que possible l'orientation de la Terre
dans l'espace (et de décider quand on introduit les secondes
intercalaires). Même si on a tendance à s'imaginer en entendant le
nom que ce sont eux qui la font tourner : j'avoue que ça a une classe
infinie, quand on vous demande et vous, vous faites quoi, dans la
vie ?
de pouvoir répondre oh, je travaille au service de
rotation de la Terre
.
[#6] Système de coordonnées qui est à peine moins difficile à définir en théorie, est certainement beaucoup plus en pratique : on utilise de l'interférométrie à très longue base pour définir un repère cinétiquement sans rotation par rapport à des objets très lointains (des quasars).
[#7] L'écliptique lui-même pose des problèmes de définition, et doit être considéré comme largement conventionnel. Vu que l'orbite du barycentre Terre-Lune, qui est censée définir ce plan, comporte différentes perturbations périodique, on veut prendre une moyenne dans le temps. Traditionnellement, on utilisait le plan (écliptique moyen rotationnel) tel que la position du barycentre Terre-Lune, débarrassée de ses perturbations périodiques, se fasse toujours dans le plan en question. Maintenant, on considère plutôt le plan (écliptique moyen inertiel) orthogonal au moment cinétique moyen du mouvement orbital du barycentre Terre-Lune calculé dans un référentiel sans rotation par rapport aux étoiles lointaines. La différence entre ces deux concepts réside dans le fait que l'écliptique inertiel tient compte de la composante de moment cinétique qui provient de la variation (séculaire) du plan écliptique lui-même, tandis que l'écliptique rotationnel l'ignore (ce qui constitue une définition vaguement circulaire, mais néanmoins utilisable) : voyez cet article pour les détails.