David Madore's WebLog: Ma fascination pour les collections

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(jeudi)

Ma fascination pour les collections

Je continue à m'efforcer de parler d'autre chose que de covid. Après un peu de maths, je vais parler un peu de moi, en évoquant un de mes goûts, ou peut-être un trait de personnalité, je ne sais pas bien comment le qualifier. C'est sans doute à rapprocher de mon obsession pour la symétrie. Parlons donc de quelque chose d'un peu léger, que je ne prends pas très au sérieux (c'est quelque chose que je fais pour m'amuser), mais qui est probablement quand même révélateur à mon sujet.

Disons que j'aime collectionner les choses ; mais selon des modalités que je ne crois pas être vraiment typiques pour les collectionneurs. Je n'ai aucun intérêt pour collecter les timbres, les fèves, les petits soldats, les étiquettes, les pots de yaourts, les boîtes de sardines, les tire-bouchon ou ce genre de choses : ce n'est pas juste que je n'ai pas spécialement d'intérêt pour aucune de ces choses, c'est plutôt que pour qu'une collection ait le potentiel de m'intéresser il faut qu'il y ait une certaine cohérence (le plus souvent : visuelle et/ou de marque/provenance) dans les objects collectionnés, il faut que ça ne parte pas trop dans tous les sens, et c'est mieux si la collection a un espoir raisonnable de pouvoir être finie.

Dit comme ça c'est un peu abstrait. Prenons un exemple assez typique : je me suis mis à accumuler les gels douche Adidas (photo ici sur Twitter). Comment est-ce que ça a commencé ? Pas spécialement par l'envie de les collectionner : j'avais un gel douche qui me plaisait, il se trouvait que c'était un Adidas (Team Force, pour être précis) ; puis j'en ai acheté un deuxième (peut-être Get Ready, je ne suis plus très sûr), je me suis mis à utiliser l'un ou l'autre selon mon humeur, ou l'un et l'autre pour différentes parties du corps, et je me suis mis à aimer avoir ce choix. Puis j'en ai acheté quelques autres. Et ça a viré à la collection. Et c'est là qu'il y a un mécanisme psychologique qui a certainement un rapport avec ma fascination pour la symétrie : dès lors que je commence à avoir une grosse majorité de gels douche Adidas, j'ai envie de n'avoir plus que ça.

En ce moment, j'ai les suivants à côté de ma baignoire (il y en a deux de plus que sur la photo) : Active Start, Get Ready, Adipower, Team Force, Champions League (Victory Edition), Champions League (Champions Edition), Champions League (Dare Edition), Sport Energy, After Sport, Muscle Massage, Dynamic Pulse, Adipure, Climacool et Ice Dive. Et même si je ne les utilise pas tous (Climacool et Ice Dive ne me plaisent pas trop, par exemple), je fais mon choix entre un bon paquet d'entre eux, en fonction de mon humeur (et, comme je le disais, de la partie du corps : je n'utilise pas le même gel douche pour mon pubis et ma tête). Je pense sincèrement pouvoir distinguer, au nez, quasiment la totalité de cette liste (il y a d'ailleurs des associations qui restent gravées dans mon esprit : par exemple, quand je prenais des leçons de conduite (pour le permis B), j'utilisais le Active Start, et maintenant à chaque fois que je l'ouvre ça me fait repenser à cette période).

Par ailleurs, j'ai aussi une collection, qui va avec, d'eaux de toilette aussi par Adidas : Victory League, Get Ready (For Him), Team Force, Team Five, Champions League (Victory Edition), Champions League (Champions Edition), Champions League (Arena Edition), Champions League (Star Edition), Champions League (Dare Edition) et Dynamic Pulse. Alors oui, il y a plusieurs choses qui m'agacent à différents titres : ce n'est pas exactement la même liste (je ne sais pas si Adidas sort toujours un gel douche avec le même nom quand ils sortent une eau de toilette ; dans l'autre sens, je suis quasiment sûr que non) ; le fait qu'il y ait à la fois un Victory League et un Champions League (Victory Edition) est une manœuvre du Club Contexte (je ne sais d'ailleurs pas pourquoi il y autant de Champions League — peut-être qu'ils en sort un par an ?) ; les parfums ne collent pas tout à fait entre les gels douche et les eaux de toilette (j'adore l'eau de toilette Champions League (Victory Edition), alors que le gel douche du même nom me plaît beaucoup moins) ; beaucoup dans la liste (aussi bien côté gels douches que côté eaux de toilettes) ne sont plus trouvables et ça me désole (pas juste pour l'aspect collection, mais il y en a dont j'aime vraiment bien l'odeur) : je regrette de ne jamais avoir pu mettre la main sur le Team Five en version gel douche et d'avoir fini le gel douche Champions League (Arena Edition), et je suis triste d'arriver bientôt au bout de mon Dynamic Pulse et Champions League (Champions Edition) ; aussi, mon flacon d'eau de toilette Dynamic Pulse est plus petit que les autres (je n'ai pas fait gaffe en passant commande), c'est insupportable parce que ça rompt la symétrie.

Mais bon, les gels douche et eaux de toilette Adidas ne sont qu'un exemple. En voici un autre : juste avant le premier confinement, le poussinet et moi avons acheté une machine à café (avant ça, j'avais pour principe que je prenais toujours le café à l'extérieur, ça faisait partie du rituel, j'aimais bien regarder les gens passer en le buvant, ou bien en discutant de maths avec des collègues) et donc des capsules pour mettre dedans. Forcément, j'ai voulu avoir un peu de choix, j'ai acheté deux ou trois parfums différents de capsules Or compatibles Nespresso — et rapidement c'est devenu une collection (photo ici sur Twitter). En ce moment, à côté de la machine, il y a : Or absolu, Or rose, Forza, Splendente, Supremo, Sontuoso, Satinato, Delicioso, (Lungo) Profundo, (Lungo) Elegante et Decaffeinato (j'ai aussi eu Colombia et Papua New Guinea, mais je les ai finis et mon Carrefour Market local n'en a plus). Contrairement aux gels douche et eaux de toilette Adidas, je ne pense pas pouvoir les distinguer : je suis même à peu près convaincu que si toutes ces capsules étaient rigoureusement identiques je ne remarquerais rien du tout ; mais ça m'amuse de faire semblant de faire un choix, ou de proposer à mon poussinet cette longue liste d'adjectifs italiens. Mais il y aussi des intrus dans ma cuisine : j'ai également des capsules Nespresso de Nespresso : je n'arrive pas bien à décider si ça me dérange ou si je dois commencer une nouvelle collection ou accepter que la collection comporte deux marques différentes — pour l'instant, je les range un peu à part.

Ajout () : Au rayon des parfums, il faut aussi que je signale ma fascination pour la collection Demeter ; j'en avais parlé ici (évidemment ces sagouins ont cassé tous leurs liens entre temps, mais la plupart de ces parfums sont encore trouvables chez eux) : j'en ai acheté un bon paquet à l'époque, dans le format le plus petit possible parce que mon but n'était pas de parfumer quoi que ce soit mais de m'exercer au jeu de la reconnaissance des odeurs. Bon, il est vrai que cette collection est maintenant un peu… encombrante, parce que j'ai une boîte (que j'ai tapissée de papier bulle) pleine de minuscules bouteilles en verre qu'il ne faut Surtout Pas Casser parce que ça parfumerait tout l'appartement du Mélange de Tous les Parfums de l'Univers pendant des siècles.

Un objet facile à collectionner, ce sont les stylos. On pourrait dire que je choisis mes modèles de stylos pas seulement pour leur confort d'écriture mais aussi pour le fait qu'ils existent en un grand nombre de couleurs différentes. J'aime bien, par exemple, les V5 Hi-Tecpoint de Pilot, et j'en ai en noir, bleu, rouge, vert, rose, violet et bleu clair. J'étais particulièrement content, il y a quelques années, de découvrir que Muji (無印良品) vendait un set de stylos à encre gel avec 15 couleurs différentes ; mais j'ai été très déçu, depuis, de découvrir que (a) ces stylos ont tendance à se boucher, et (b) ils ne commercialisent plus le set de 15 couleurs, seulment un set beaucoup plus limité de 9. Sinon, un jour, je suis entré dans une papeterie (Eyrolles, rue des Écoles, pour ne pas la nommer), j'ai vu le choix impressionnant qu'ils avaient de surligneurs Stabilo Boss, et j'en ai acheté un de chaque (photo ici sur Twitter).

Je peux sans doute aussi ranger sous l'étiquette « collection », car même si ce n'en est pas une ça active les mêmes neurones dans mon cerveau, le fait que je me suis acheté une série de flûtes à bec (une sopranino, une soprano, une alto et une ténor ; la basse était trop chère pour la plaisanterie), toutes du même fabricant. Il y a des collections que je n'ai pas faites alors que j'aurais peut-être voulu : je racontais dans cette entrée, par exemple, que j'étais agacé que les livres que j'ai de la série Fondation d'Asimov ne sont pas tous du même éditeur (spécifiquement, je regrette de ne pas avoir ceux avec les dessins de Tim White sur la couverture). En revanche, toujours au niveau des livres, j'ai une collection assez étendue des livres (par ailleurs assez excellents) de la série DTV-Atlas, des sortes de memento synthétiques, en allemand, sur toutes sortes de sujets scientifiques, techniques ou culturels, toujours sur le format « une page d'illustration, une page de texte ». (À une certaine époque, à chaque fois qu'il allait dans un pays germanophone, mon père me ramenait un DTV-Atlas.) Et bien sûr, comme beaucoup de matheux, j'ai dans ma bibliothèque énormément de livres de la série GTM de Springer (et un certain agacement du fait qu'ils ne sont pas tous exactement au même format).

Et puis, il y a les vêtements. La manie à ce sujet m'est venue relativement récemment. Je ne sais plus bien à quel moment j'ai décidé que je voulais m'acheter une nouvelle tenue pour faire ma muscu (c'était avant le covid, à l'époque où je pouvais encore faire de la muscu en salle…) : j'en ai acheté une de la marque Venum parce que j'aime bien l'esthétique (tee-shirt de compression, pantalon de compression, et fightshort) ; puis ils ont sorti un autre modèle qui me plaisait encore plus, et j'ai acheté ça, et c'est devenu une collection, et maintenant j'en ai un nombre assez embarrassant.

C'est un peu selon la même logique que, pour ce qui est de mes vêtements de tous les jours, je me suis mis à porter la marque DC Shoes : je leur ai acheté quelques trucs parce que j'aimais bien le style et le logo, puis c'est devenu une sorte de collection, et aussi une sorte de défi idiot, de réussir à ne porter que des vêtements de cette marque (tout à l'heure, par exemple : boxer, débardeur, tee-shirt, chaussettes, pantalon, hoodie, bandana (porté comme foulard), blouson, chaussures, tour de cou, bonnet, gants, et l'incontournable accessoire de mode de l'année, le masque anti-covid ; ah, et le portefeuille, aussi). Il n'y a pas beaucoup de marques pour lesquelles on puisse faire ça, en fait (ne serait-ce que les sous-vêtements et les chaussures, ce n'est pas évident de trouver de la même marque). À un moment, mes étudiants se moquaient de moi à cause de ça[#], alors j'ai pris l'habitude de donner l'exemple de dc* comme premier exemple d'une expression rationnelle dans mon cours sur le sujet. Mais le petit jeu va devoir cesser, parce qu'il semble que DC Shoes ne fasse plus de sous-vêtements.

[#] Enfin, à cause du fait que je portais toujours des hoodies de cette marque (mais différents à chaque fois). A priori ils ne pouvaient pas voir mes sous-vêtements. ☺️

Là ce n'est plus vraiment pareil qu'une collection : ce n'est pas la même chose d'accumuler plein d'objets quasiment identiques et différant uniquement par la couleur ou le parfum ou le goût, et de chercher à avoir une panoplie complète de la même marque, mais il est clair que cela remplit la même forme de satisfaction dans mon cerveau. À part la tenue de musu Venum et les vêtements de tous les jours DC Shoes, je peux mentionner mon équippement de moto qui est presque[#2] entièrement Dainese (dans les trois cas, il se trouve que j'aime beaucoup le style du logo — il y a peut-être quelque chose là-dessous aussi).

[#2] Presque en été parce que mon casque est de la marque AGV, qui a été rachetée par Dainese, mais qui ne porte pas leur logo. Mais en hiver, je porte des gants chauffants, or Dainese n'en fait pas, donc il a bien fallu que je prenne une autre marque (Five, en l'occurrence). Mine de rien, ça me contrarie : quelque part, ça me dérange plus que tout soit de la même marque à une exception que si c'était plus hétéroclite (je pourrais par exemple porter des bottes d'une autre marque, comme ça je n'aurais de Dainese que le « textile » — blouson, pantalon, coupe-vent, tour de cou et sous-combinaison, ce serait plus cohérent ; mais bon, comme l'équipement de moto coûte quand même cher, je préfère réserver les maniaqueries sur les collections aux choses que je peux acheter sans trop réfléchir, comme des stylos).

Voilà, il y a sans doute d'autres choses que je collectionne sans vraiment y faire attention (je ne suis pas tellement obsédé par mes collections : elles ont même tendance à se développer sans que j'y fasse attention), certaines sont un peu plus « classiques » (je collectionne aussi, ou plutôt je collectionnais parce que je commence à en avoir trop, les bibles, c'est-à-dire les éditions et traductions différentes de la bible, et là je ne cherche pas spécialement une cohérence de marque ni d'apparence) ; mais je pense que les exemples que je viens de donner sont les plus caractéristiques.

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