David Madore's WebLog: Élections en Bavière et en Allemagne

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(jeudi)

Élections en Bavière et en Allemagne

C'est une des choses qui m'ont frappé à Munich, c'est la multiplicité des affiches électorales (et aussi leur uniformité : très peu de grands formats, aucune affiche à la sauvage, presque uniquement des triptyques d'affiches, d'une taille apparemment normalisée, en triangle autour d'un poteau ou quelque chose du genre), et la multiplicité des candidats. Il faut dire que le système électoral fait que les électeurs allemands s'expriment doublement lors des élections au Bundestag : une deuxième voix est portée sur une liste, qui détermine la répartition proportionnelle des sièges, et une première voix va vers un candidat local dans la circonscription, les candidats ainsi élus étant décomptés du scrutin proportionnel — l'idée, louable dans son principe mais douteuse dans ses détails[#], étant d'avoir un scrutin poportionnel tout en gardant une assise locale. Bref, chaque parti va mettre en avant à la fois sa tête de liste et son candidat pour la circonscription, et comme il y a un nombre non ridicule de partis, cela fait déjà pas mal.

Mais aussi, je n'avais pas compris au début qu'en plus des élections imminentes du Bundestag (qui ont lieu ce dimanche, le 22 septembre) il y avait aussi les élections encore plus imminentes du Landtag de Bavière. Lesquelles ont eu lieu dimanche dernier, le 15 septembre, et sans grande surprise le ministre-président de Bavière Horst Seehofer, issu du parti chrétien-social CSU (comme tous les gouvernements de Bavière depuis 1957), a vu son mandat renouvelé, son parti ayant même obtenu la majorité absolue des sièges de l'assemblée du Land. C'est ce double scrutin qui explique que j'ai vu quantité de partis (enfin, de listes) dont je n'avais jamais entendu parler, parce qu'elles ne doivent exister que dans le cadre du Land de Bavière. Et c'est aussi sans doute à cause de la spécificité bavaroise (et le fait que le parti chrétien-démocrate CDU n'existe dans ce Land que par via sa sorte de filiale qu'est la CSU) que je n'ai vu quasiment aucune image de la pourtant très populaire actuelle — et très certainement future — chancelière fédérale (qu'on surnomme Mutti, et qui ressemble énormément à ma maman — c'est troublant). Son rival social-démocrate, Peer Steinbrück, apparaissait un (tout) petit peu plus.

Par contre, j'ai vu des affiches fines et subtiles pour le parti indépendantiste bavarois représentant un âne (je crois) en train de chier de l'or avec la mention genug gezahlt! (assez payé !) ou quelque chose de ce goût-là. Étant moi-même indépendantiste francilien en même temps que je suis fédéraliste européen, je sympathise forcément avec le principe que les régions bénéficient d'une large autonomie[#2] et puissent même demander leur indépendance, j'ai toujours eu le plus profond mépris pour ceux qui le font parce que, étant les plus riches, ils estiment trop payer.

Mise à jour : J'avais inversé premières et secondes voix : j'ai corrigé (les premières sont par circonscription, les secondes par listes).

Mise à jour : les résultats au moment où j'écris () :

  • les libéraux (≈centristes) du FDP ne seront plus présents au parlement allemand pour la première fois depuis la fin de la guerre(?),
  • le nouveau parti anti-euro[pe] Alternative für Deutschland n'entre pas non plus au parlement (de très très peu),
  • les chrétiens-démocrates de la CDU (le parti de Mme Merkel) échouent de tout juste quelques sièges à obtenir à eux tout seuls une majorité absolue (du moins d'après les chiffres actuellement donnés),
  • sur le papier, les trois autres autres partis, de gauche (SPD, Verts, die Linke) semblent donc avoir ensemble la majorité de quelques sièges, mais il est peu probable qu'ils arrivent à s'entendre pour former une coalition (du coup, la CDU devra s'allier soit avec le SPD — le plus probable, et souhaitée par les Allemands d'après certains sondages — soit avec les Verts).

[#] Un problème est que si un parti obtient plus de sièges par les scrutins locaux (premières voix) que la représentation proportionnelle ne lui attribuait, on lui laisse ces sièges excédentaires : du coup, les électeurs ont l'incitation perverse à panacher leurs voix, attribuant la deuxième à un parti « ami » qui n'obtiendrait que peu ou pas du tout de représentation à la proportionnelle — et c'est exactement ce que le parti libéral FDP est en train de supplier ; cette incitation n'existerait pas si la représentation proportionnelle était absolue (quitte à trouver un moyen d'y arriver) ou si les sièges élus localement étaient pris en plus et pas au sein de l'élection à la proportionnelle. Un autre problème est que la barrière de 5% pour entrer au parlement (qui est certainement une bonne idée en soi) introduit une discontinuité : et une bonne partie de l'incertitude du scrutin de dimanche tourne autour de la question de savoir si les libéraux du FDP et/ou le parti anti-euro AfD franchira cette barre.

[#2] Encore que cela soulève des questions pas forcément évidentes. Si dans un pays X se trouve une région Y qui a une composition socio-politique différente du pays et qu'on lui donne donc une large autonomie, mais que dans la région Y se trouve à son tour une ville Z qui a elle aussi une composition socio-politique différente de la région (et c'est probablement en large partie le cas de la ville de Munich dans le Land de Bavière dans la république fédérale d'Allemagne), on peut se demander pourquoi la ville n'aurait pas une autonomie dans la région égale à celle de la région dans le pays.

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