Je ne sais pas si c'est parce que tout le monde était occupé à
s'extasier sur l'exécution sommaire de la figure tutélaire d'une
désorganisation criminelle (qu'on cherche souvent à nous faire passer
pour une sorte de Corporation of Evil dont il
aurait été le chef, mais je ne pense pas que qui que ce soit croie
sérieusement qu'il s'agit d'autre chose que d'une ligue sans
coordination entre des bandes d'intérêts vaguement semblables), mais
je n'ai pas vu passer un seul entrefilet dans les médias français sur
les élections fédérales canadiennes. Comme ils font d'habitude plus
de cas des élections au Japon ou en Argentine, je vais mettre ça sur
le compte du Monsieur exécuté et des gens qui célèbrent bruyamment sa
mort (et qui deviennent eux-mêmes, semble-t-il, un sujet
d'information). Ou alors je range ça dans le rayon de ma théorie qui
dit que les Français n'ont pas encore découvert que le Canada ne se
limite pas au Québec (plus peut-être la ville de Vancouver qu'ils
doivent imaginer flottant un peu dans le vide) : ils ont l'air de
penser que l'Amérique du nord se compose des États-Unis, du Québec
(et Vive le Québec libre
doit logiquement se rapporter à son
indépendance des États-Unis) et de Saint-Pierre-et-Miquelon. 'Fin
bref, le méchant qui était déjà là a gagné (le méchant
au moins
pour son outrage au parlement, ce qui est quand même assez
gratiné pour un Premier ministre), le principal parti d'opposition a
été remplacé par un autre ; mais surtout, si je mentionne ici ces
élections, c'est parce qu'elles me renforcent dans mes convictions que
c'est un mode de scrutin aussi épouvantablement pourri que simpliste
que de demander aux électeurs de choisir un nom dans leur
circonscription, et prendre juste le nom arrivé en tête après un
unique tour de scrutin.