Je sais que j'ai déjà dit ça[#] (δὶς ἐς
τὸν αὐτὸν
ποταμὸν οὐκ
ἂν ἐμβαίης
), mais
ce n'est pas grave, puisqu'on n'écrit jamais deux fois la même entrée
dans le blog.
Je suis gravement, presque maladivement, anxieux devant le
changement. Et bien que je ne sois plus que résiduellement étudiant,
je vis encore sur le rythme des années universitaires, surtout comme
je continue à m'accrocher à l'ENS (cf. l'entrée liée
ci-dessus), et chaque année l'angoisse m'étreint : c'est l'été,
l'année se termine, une autre va commencer dans quelques mois, comment
sera-t-elle ? Il y a des gens qui partent (temporairement ou
définitivement ; il y en a d'autres qui arrivent, aussi, mais je ne
les connais pas), des choses qui changent et auxquelles je m'étais
habitué, des repères qui sont bouleversés, tout ça. Après toute
modification, aussi mineure soit-elle, le monde ne sera plus jamais le
même. Ce n'est pas que je sois porté à dire systématiquement
c'était mieux Avant
(car souvent, ex post
facto je suis tout à fait content des changements qui ont eu lieu,
bien que je garde toujours une certaine nostalgie des choses qui ont
disparu) ; c'est plus la perspective du changement qui m'effraie.
Paradoxal, car je dois parallèlement bien admettre qu'en fait, jusqu'à
présent, presque chaque année de ma vie a été plus heureuse et réussie
que la précédente : mais cela ne suffit pas à me concilier le temps
— d'où mon besoin de toujours enregistrer le monde qui passe.
[#] Je m'amuse d'ailleurs beaucoup de lire la première phrase du second paragraphe de cette note : je précise que ce n'est pas au cours du repas qui y est raconté, mais d'un autre repas au même restaurant un mois plus tard, et avec beaucoup de personnes en commun, que j'ai rencontré un certain ovin.