Il y a des questions, essentiellement des problèmes mathématiques, que, quand elles se présentent à moi, je ne sais pas évacuer : je ne peux pas faire autrement que d'y réfléchir intensément — peut-être pas jusqu'à ce que j'ai trouvé la solution, mais au moins jusqu'à ce que j'aie exploré les pistes qui en partent et que je sois arrivé à une situation d'où je ne sais plus progresser. Parfois la frénésie de la recherche est telle que c'est exclusif de toute autre activité : la nuit dernière, par exemple, à cinq heures du matin, je ne sais pas comment, j'ai commencé à réfléchir à une question de maths, d'abord dans ma tête puis, voyant que ça m'empêcherait de dormir, sur papier, jusqu'à ce que, sept heures plus tard, je me rende compte que j'avais quand même perdu pas mal de temps là-dessus. Entre temps le problème s'était divisé en trois, pour ainsi dire (puisque, dans le cours de mes réflexions, je me suis rendu compte que je n'avais pas compris telle chose, qui, elle-même, à débouché sur une autre question… bref). Et là j'en suis au total à sept questions (certaines sans aucun lien de parenté) qui, urgemment, attendent mon attention : c'est le moment où je commence vraiment à me sentir mal, parce que je n'arrive ni à m'empêcher de réfléchir à un peu toutes à la fois ni évidemment à faire quelque progrès significatif sur autant de problèmes très différents.
Certains seraient peut-être tentés de réclamer que
j'énonce les questions qui me préoccupent. Je ne veux pas le faire
avant d'avoir un minimum débroussaillé les questions (étape pendant
laquelle beaucoup s'avèrent être « idiotes », en fait), parce que si
on me fournit la réponse je perds tout le bénéfice que m'aurait
apporté le fait d'y réfléchir moi-même. Mais pour l'exemple, souvent
les questions que je me pose et que je trouve finalement assez
intéressantes atterrissent
sur sci.math.research
(je pense que cet
exemple est assez typique, par exemple).