— Raison ? Oui, c'est bien possible, je n'en sais rien. Mais ce que j'aimerais que tu comprennes, c'est qu'il y a des choses plus importantes que d'avoir raison. Alors voici le choix qui est devant toi : soit tu prends ta plume et recopies ce que je vais te dicter et qui devrait satisfaire tes accusateurs, soit tu t'obstines dans ta foutue Raison, et je ne réponds de rien. Pour la dernière fois : écriras-tu ?
Sans mot dire, G. se saisit du papier et fit signe qu'il était prêt. Une demi-heure plus tard, l'abjuration était signée. U. la relut et hocha la tête, satisfait.
— Cesse de sangloter, à présent : je comprends que ça puisse être douloureux, mais tu as fait la seule chose sensée, et sans doute même celle qui sert le mieux la Raison à laquelle tu tiens tant. Peut-être pas la plus sottement glorieuse, certes. Mais parfois le vrai courage c'est justement d'accepter de paraître lâche. Si tu y tiens, tu peux maintenant, pour la postérité et pour toi-même, murmurer, mais seulement murmurer :
E pur si muove !—Et pourtant elle tourne !