David Madore's WebLog: Fragment littéraire gratuit #73 (deux hommes)

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(jeudi)

Fragment littéraire gratuit #73 (deux hommes)

Le cadre de science-fiction, apparemment, ne sert qu'à écarter les particularités de tel ou tel pays ou de telle ou telle époque : mais c'est véritablement de politique, et non de science-fiction, qu'il est question dans cette histoire de la lutte entre deux hommes.

L'un est le président en exercice de la Fédération. L'autre, son rival, un puissant sénateur qui semble avoir la majorité de ses pairs derrière lui. Entre les deux, des personnages secondaires : le « troisième homme », notamment, qui est maire de la capitale, ou encore l'ancien président, retiré de la politique et qui cherche à apparaître comme un sage, un arbitre. La lutte atteint son acmé lors des débats publics qui précèdent l'élection présidentielle finale : débats au cours desquels les coups de théâtre se succèdent, jusqu'au dénouement encore plus inattendu.

La vision présentée des affaires publiques n'est pas tendre : la corruption et le népotisme sont endémiques, la démagogie est poussée jusqu'aux calculs les plus cyniques et le populisme n'est jamais loin ; on voit les lois fondamentales soumises au jet de dé d'un marchandage mesquin, on voit les carrières les plus brillantes et les amitiées les plus fortes sacrifiées pour un bénéfice ridicule. Parmi les deux personnages principaux, c'est le sénateur qui apparaît comme le moins mauvais, car il défend au moins quelques idéaux qui nous semblent justes : mais on ne saura pas — jusqu'à l'extrême fin — s'il y croit lui-même ou s'il les adopte pour porter ses ambitions. Et les méthodes auxquelles il a recours ne sont pas globalement meilleures que celles du président. Quant aux organes de presse et aux divers groupes d'intérêt qui gravitent autour du pouvoir, aucun ne participe à un assainissement du terrain de la république.

Malgré ce tableau dans l'ensemble très noir, quelques notes heureuses émergent, inattendues. Ainsi lorsqu'un des politiciens, que tout pousse à prendre une décision facile et populaire, choisit d'ignorer cette facilité pour suivre ce qui lui semble bon, alors même que ce choix menace de lui coûter l'élection, peut-être de briser sa carrière. Ou lorsque l'autre renonce à une occasion rêvée, que le hasard lui présente, de détruire son adversaire. Et les deux ensemble, en plusieurs occasions, se montrent capables de s'entendre (quitte à faire des compromis) pour ce qu'ils estiment être le bien commun. Le plus étrange, cependant, ce n'est pas tant cette émergence d'une vertu, c'est qu'elle apparaît de façon imprévisible pour disparaître tout aussi inexplicablement.

Ajoutons à cela des morceaux d'une intelligence remarquable : la méthode employée par le sénateur pour faire cesser une rumeur mensongère qui le vise, par exemple, relève du pur génie.

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