À chaque fois que j'assiste à une assemblée générale d'association,
et notamment de celle-ci (comme
ce soir), je suis amené à constater à quel point la démocratie directe
est lamentable. Enfin, il y a essentiellement deux sortes
d'AG d'associations : les mortes, où il ne se passe rien
du tout (le bureau ou le CA font voter leur rapport moral
et financier, leur quitus, leur budget prévisionnel, et toutes les
mesures suivantes éventuelles, et personne ne bronche) et les
gueulantes où tout le monde se tape dessus à tout propos. Le
COF tient fortement à la démocratie directe (toute
décision importante, et notamment toute attribution de fonds hors d'un
petit budget burô
, doit être votée en AG), et par
donc connaît toujours des AG de type engueulades
,
qui durent jusqu'à tard dans la nuit (pour ne pas dire tard le matin).
D'autant plus que les normaliens ont tendance à être hautement
procéduriers ou adeptes du canular qui sert juste à faire traîner les
choses (par exemple demander un budget complètement pipo — il y
en a eu un ce soir pour acheter Notre Dame de Paris pour faire des
duels derrière au petit matin ; on a aussi eu un club
Internationale qui avons chanté le premier couplet de
l'hymne révolutionnaire, renouant ainsi avec une tradition ancienne)
ou les deux. N'ayant rien de particulier à défendre, j'étais là pour
observer et pour m'amuser (c'est un événement social intéressant).
Quoi qu'il en soit, cela me laisse imaginer ce qu'ont pu être les assemblées à l'époque de la démocratie antique athénienne, les prises de bec mesquines, les règlements de compte à tout propos… Sans micro devant des milliers de personnes, bien sûr ! Il devait falloir être un sacré orateur pour se faire écouter, ou encore plus pour conduire les débats.
Un des problèmes, c'est que sur presque n'importe quel vote donné, la grande majorité des gens n'ont pas vraiment d'avis sur le fond : ils vont donc réagir sur la forme (sur la manière dont la proposition a été faite, sur le fait que l'orateur leur est sympathique ou pas, ce genre de choses) et ils sont beaucoup plus nombreux que ceux pour qui le fond du vote a vraiment une importance. Il y en a qui ressortent vraiment dégoûtés. Et celui qui a vraiment le pouvoir, c'est celui qui attribue le temps de parole et qui propose les votes.