David Madore's WebLog: L'embarras du choix

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(vendredi)

L'embarras du choix

Passé l'après-midi, donc, à essayer de convaincre des taupins de venir chez nous et pas chez les renégats du plateau de Palaiseau. Non, sérieusement, ils ont jusqu'à dimanche soir minuit pour entrer leurs choix définitifs dans le Grand Ordinateur Shadok qui va leur dire où ils iront (selon un algorithme des mariages dont les détails[#], d'ailleurs, ne sont pas complètement clairs).

Normalement, la décision ne devrait pas être si difficile. Les écoles ne se ressemblent pas du tout : d'un côté une école qui forme essentiellement des dirigeants et des administrateurs, avec un cursus généraliste imposé, de l'autre, une école qui forme essentiellement des chercheurs et des enseignants, avec un cursus extrêmement libre mais bien suivi (disons, personnalisé). Personnellement, je n'avais pas passé l'X, pour ne pas avoir d'embarras. Mais les admis aux deux se retrouvent tout d'un coup à devoir faire, en deux jours (parce qu'il est impossible de faire le choix quand on est dans le tourbillon des concours eux-mêmes, et pas sûr des résultats !), une décision qui va conditionner leur vie (rien n'est irrémédiable, mais il est indubitable que l'étiquette polytechnicien ou normalien qu'ils vont recevoir, dans le système élitiste français des Grandes Écoles, leur est acquise pour toujours), c'est dur. Les ENS et l'X auraient presque intérêt à écrire une brochure commune, avec le contenu sur lequel elles arriveraient à s'entendre, pour aider les taupins à choisir : parce que personne n'a intérêt à ce que ces choix soient mal faits — ni les écoles ni les candidats.

En tout cas il est dommage de voir des gens qui se disent certains de vouloir faire de la recherche (même, de la recherche fondamentale) comme carrière, et qui hésitent sur le meilleur endroit où s'orienter. Je ne prétends pas qu'il soit impossible de devenir mathématicien en sortant de l'École polytechnique, il y a même de très brillants contre-exemples (y compris récents, voire très récents — d'ailleurs, j'ai un ami qui a soutenu sa thèse récemment dans un domaine très proche du mien, et qui me semble extrêmement doué, qui est polytechnicien). Mais il faut bien reconnaître que ce n'est pas le milieu le plus approprié pour cela (les sciences, certes : mais la patrie et la gloire aussi, quand même). Au fait, Lionel, si tu me lis, tu as fait peur à un taupin en prétendant que le rythme de travail en premier année à Ulm était pire qu'en maths spé (argh) !

Enfin bon, je ne suis pas complètement mécontent, moi, d'en avoir fini avec cette étape-là.

[#] Imaginons (pour simplifier à l'extrême) qu'il n'y ait que deux écoles, A et B, chacune avec une seule place à offrir, et deux candidats, U et V. L'école A classe U avant V, et l'école B classe V avant U. Mais dans ses préférences, U classe B avant A et V classe A avant B. Cela constitue un « deadlock » dans les désistements. L'ordinateur enverra-t-il U à A et V à B (respectant le choix des écoles) ou le contraire (respectant le choix des candidats) ? On me souffle que c'est le premier qui se produit, et peut-être y a-t-il lieu de s'en indigner.

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