Les signes pernicieux de la calamité sont partout et se
multiplient : c'est sûr, l'été approche. Déjà début juin, les
symptômes trahissent l'état avancé de sénilité de l'année (scolaire ou
universitaire) : l'issue fatale est inévitable ; et même si les
anciens écrits prophétisent qu'en septembre une nouvelle naîtra des
cendres de la précédente, je m'afflige de ce décès précoce et je sais
que tout ne reviendra pas comme je l'aurais aimé — certaines
choses sont perdues pour toujours. L'an prochain me réservera le même
sort que celui-ci : à peine connaissance faite de ce qu'il pourrait
m'apporter, déjà il agonisera. Tu n'as pas su profiter de moi à
temps. Tu m'as laissé échapper. Tu as perdu les opportunités uniques
que je t'offrais.
(Et au-delà d'un an je n'ose voir — je
n'ose réfléchir à ce qui m'attend.) Carpe diem:
carpe annum. Hélas, le fruit désiré est toujours plus loin, plus
inaccessible. Et la ronde recommence :
Each Morn a thousand Roses brings, you say:
Yes, but where leaves the Rose of Yesterday?
And this first Summer month that brings the Rose
Shall take Jamshyd and Kaikobád away.
Mais désormais il est trop tard, il faut, Janus, traverser ces trois mois de deuil chaud et aride. Ensuite, on pourra envisager de recommencer à vivre.