David Madore's WebLog: L'enfer des prépas ?

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(mardi)

L'enfer des prépas ?

Je viens de finir de lire le roman N'oubliez pas de vivre de Thibaut de Saint-Pol, édité chez Albin Michel : une évocation de l'enfer de la prépa à travers la vie, racontée chronologiquement, d'un (hypo)khâgneux scientifique (on ignore son nom : le récit est à la deuxième personne) dans un grand lycée de banlieue, depuis son entrée en hypokhâgne jusqu'au moment du concours. Le roman n'est pas trop mal écrit (même si je suis bien placé pour y reconnaître certaines maladresses de débutant) et il est intéressant à lire, surtout quand on est soi-même passé par ce système. L'auteur est normalien, ma petite enquête me laisse penser qu'il doit être de la promotion 2000 à Cachan (j'ai cherché dans les annuaires récents de chez nous, il n'y figure pas — à moins qu'il ait signé d'un nom de plume, mais je ne crois pas).

Je ne sais pas s'il a spécialement mal vécu sa prépa, d'ailleurs, mais le portrait qu'il en dresse fait froid dans le dos. Peut-être ce livre est-il pour son auteur une thérapie. (Il l'avoue à mi-mot : Benoît se demande si un jour vous pourrez échapper au joug de la prépa. Est-ce qu'on ne demeure pas un khâgneux toute sa vie ? Ces quelques années vont vous marquer, c'est sûr. Mais est-ce à tout jamais ? Pourrez-vous vous en sortir et mener un jour une vie normale ? […] Coucher [la folie] sur le papier est un moyen de la contrôler ou du moins de l'approcher, de comprendre, de toucher. Peut-être qu'il vous faudra écrire pour dépasser. Passer à autre chose. Surpasser. Oublier.)

Mon propre souvenir est émoussé par le temps, et j'ai eu la chance de bénéficier d'un environnement tout à fait favorable, donc je ne me rends pas forcément compte, mais s'il y en a qui vivent ça comme il le décrit, c'est vraiment abominable !

[Résultats de concours]Une chose qui m'a assurément marqué, c'est l'attente des résultats. Je crois que c'est un moment qui reste forcément gravé dans la mémoire de tous ceux qui passent ces fameux concours d'entrée, quel que soit leur niveau et quelle que soit leur réussite à leur issue. Voir ou ne pas voir son nom sur la fatidique liste dont on s'est persuadé, deux ou trois ans durant, et peut-être à raison, qu'elle conditionnait tout votre avenir, c'est un événement qu'on se rappelle longtemps. Moi-même j'avais eu la chance que, pendant mes oraux pour l'ENS de Lyon, un examinateur de maths me dise quelque chose du genre : Bon, on n'a pas le temps de finir, mais si vous acceptez de venir chez nous l'an prochain, je vous raconterai la fin. Ce qui m'avait pas mal rassuré lors de cette attente effroyable (et lorsque le résultat de l'ENS Lyon était tombé — à l'époque les listes des trois ENS paraissaient sur trois jours consécutifs — j'avais su que je n'aurais en tout cas pas à redoubler ma spé, donc les attentes suivantes étaient beaucoup plus sereines). Malgré cela, cette répétition incessante du code 3615 EDUTELPLUS (ce n'était pas sur le Web, à l'époque, et d'ailleurs nous n'avions pas encore d'accès Internet à la maison) pour savoir si j'étais pris et à quel rang, je ne suis pas près de l'oublier.

Bref, s'il y a des taupins, khâgneux ou autres élèves de prépa qui lisent mon blog, je leur adresse un petit salut amical en leur souhaitant de tenir le coup et de ne pas se laisser submerger. Comme le conseille si sagement le titre du roman dont je parle, n'oubliez pas de vivre !

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