Amusez-vous à être quelqu'un d'autre !
Je pense que c'est un exercice qu'on devrait tenter plus souvent,
parce qu'il apporte une véritable ouverture d'esprit. Prenez
quelqu'un que vous connaissez bien (pas forcément très bien,
mais quand même passablement bien), et efforcez-vous de vous imaginer
à sa place. Demandez-vous ce qu'il/elle ressent, comment il/elle
perçoit le monde, quelles sont ses envies, ses raisons d'agir, quels
sont ses buts, et ainsi de suite, bref, à voir le monde à travers ses
yeux. Évidemment, l'exercice est fondamentalement impossible si on
veut le mener complètement (cf. les remarques de Hofstadter et Dennett
dans The Mind's I, notamment sur la
question quel effet cela fait-il d'être Indira Gandhi ?
), et
peut-être finalement futile, mais il n'en est pas moins
enrichissant.
Lorsqu'on donne des conseils à quelqu'un, ou lorsqu'on évalue sa
situation, on a tendance à ne prendre en compte que les éléments
matériels de cette situation. Si je dis je te conseille
de faire <ceci-cela>
, mon conseil est, en fait,
évalué par rapport à ma propre façon de juger ce qui est bien ou pas,
ce qui est utile ou pas, etc. Il est difficile, et rare sont ceux qui
essaient même, de donner des conseils qui tiennent compte non
seulement de la situation matérielle de celui à qui on s'adresse mais
aussi de ses propres buts et de ses propres valeurs (mais tout en
faisant profiter de son intelligence — celle de celui qui émet
le conseil — ainsi que de ses connaissances objectives). C'est
pourtant indispensable si on veut que le conseil soit fondé.
Remarquez, au niveau méta, je me fais aussi avoir : je vous conseille de vous livrer à cet exercice parce que je trouve que c'est un bon exercice. Mais après tout…