Comme je voulais me sortir un peu de chez moi, je suis allé faire
un tour à la Fnac à côté de chez moi, en me disant,
je vais m'acheter un livre
(bon, pas forcément un livre, mais
comme je ne suis toujours pas payé [note : si quelqu'un du Trésor
public lit mon 'blog, je tiens juste à me rappeler à son bon
souvenir], il vaut mieux éviter les DVD pour le moment).
Ce n'est pas, bien sûr, comme si je n'avais pas cinquante livres déjà
achetés et qui n'attendent que que je m'y plonge (ou d'ailleurs
cinquante DVD que je n'ai pas encore regardés), mais
bon.
Et évidemment je n'ai pas su quoi acheter. Je trouve le choix à la
fois beaucoup trop large (ça ressemble vraiment au début d'une blague
débile, ça : c'est un David Madore qui rentre chez un libraire et il
voudrait acheter un livre
) et complètement nul. D'un côté il y
a des milliers et des milliers de titres qui me crient,
achète-moi !
(ou, si on a une un peu plus haute estime de
l'objet-livre, lis-moi !
) et je ne sais pas comment choisir ;
de l'autre, la Fnac Italie 2 n'est pas très riche dans sa sélection,
et n'a, par exemple, pas un seul titre en langue étrangère.
Évidemment je pourrais demander conseil aux libraires, ils sont là pour ça, mais comment voulez-vous que je fasse si je ne sais pas du tout ce que je cherche. Si je cherchais un livre dont la couverture est rose avec des pois bleus, peut-être que ça serait possible. Mais ce que je veux, c'est un livre qui me plairait.
Oh, ce n'est pas comme si il n'y avait pas des aides pour trouver
ça. Meilleures ventes
, lit-on ici (mais ai-je le même goût que
les meilleurs acheteurs des meilleurs ventes ?) ; notre
sélection
ou coup de cœur
lit-on là (mais de qui ?) ;
prix Goncourt
(souvenirs nébuleux d'une polémique à ce sujet,
qui m'intéresse fort peu) ; prix Médicis
, prix Renaudot
,
prix Tartempion
: bon, au lieu de choisir un livre, je peux
choisir un prix, si je veux ; meilleur prix
: non je
plaisante ; Amélie Nothomb
: ça c'est un peu comme prix machin
ou prix truc, ça fait vendre aussi, on dirait ; Nadine Trintignant,
ma fille
, avec un petit feuillet jeté — charmante intention
— qui précise que toute personne accusée est présumée innocente
jusqu'à ce que sa culpabilité ait été prouvée par un tribunal ;
tout ce que vous n'avez jamais voulu savoir sur la sexualité de vos
enfants et que vous allez devoir apprendre à vos dépens
(ou
quelque chose de ce genre) : c'est un peu trop tard pour moi, là.
Pfiou. Tout ça, et un raton-laveur.
Je ne dis pas qu'il n'y a pas de très bons critiques littéraires.
Que ce soit parmi les professionnels ou parmi mes amis ou
connaissances, il y a des gens qui émettent des avis très valables et
très pertinents, je n'en doute pas, et qui pourraient m'aider. Bon,
bien sûr, je ne pense jamais à faire mon choix à l'avance, je n'ai pas
apporté en venant à la Fnac mes petites notes gribouillées sur les
titres que je pourrais envisager d'acheter (et je suis incapable de me
rappeler un seul des titres dont je m'étais dit, tiens, c'est
intéressant, il faudra que je voie ça
). Mais ce n'est pas le seul
problème : les critiques littéraires, aussi bons soient-ils,
critiquent eu égard à leurs propres goûts, qui ne sont pas forcément
les miens. Amazon.com, lui, me
dirait welcome, David Madore, we have some
suggestions for you
, en se basant sur mes achats précédents (et je
découvrirais qu'il s'agit du traité définitif sur la masturbation et
du standard ISO 299792458 sur le filetage des
enclumes, et je me lamenterais de la perspicacité redoutable
d'Amazon.com pour ce qui est de l'évaluation de mon caractère) ; mais
heureusement, nous ne sommes pas en 2038, et quand je rentre à la Fnac
il n'y a pas encore une hôtesse souriante pour me dire ouèlcomeuh,
David Madore, oui av seume suggestieunes feur you
.
Là-dessus, mon esprit profondément dérangé conçoit la solution
ultime du problème du choix des livres : une immense base de données
de critiques littéraires où chacun décrit son avis sur tous les livres
qu'il a lus, et répond à diverses questions comme quel est votre
nom ?
, quelle est votre couleur préférée ?
et quelle
distance une hirondelle peut-elle parcourir en portant une noix de
coco ?
, et le système effectue toutes les corrélations entre ces
différents paramètres (mes goûts connus et ceux des autres critiques),
fait appel aux indicateurs dernier cri de la statistique, et mouline
le tout pour me dire, définitivement et positivement, quel est le
livre qui me convient ici et maintenant. Peut-être
même qu'il l'écrit pour moi, d'ailleurs, ou au moins le fait écrire
par un nègre ad hoc.
Mais bon, ce système n'existant pas encore, j'en suis réduit à
utiliser des méthodes plus traditionnelles. J'ai flâné dans les
rayons et j'ai fini par trouver le dernier Le Chat, et
j'ai acheté ça. Exeunt le prix Goncourt et le
marquis de Sade : là au moins j'aurai (eu) fini en dix minutes et j'en
aurai (eu) pour mon argent. (Enfin, presque : en fait, je suis un peu
déçu, Geluck a fait mieux, notamment parce que dans les précédents
albums il y avait à peu près 50% de jeux de mots et 50% d'autres
blagues, tandis que cette fois c'est plutôt 80% contre 20% ; mais bon,
j'ai quand même relevé cet excellent : quand l'homme a découvert
que la vache donnait du lait, que cherchait-il exactement à faire ce
jour-là ?
…)
Allez, maintenant que je sais comment trouver un livre, je n'ai plus qu'à me trouver un mari. C'est presque aussi facile.