Comments on Quatre ans après, quelles sont les leçons retrospectives de la pandémie de covid ?

Geo (2024-04-06T18:54:42Z)

> nous ne semblons à ce stade pas (encore ?) très enclins à nous replonger dans cet épisode pour en tirer les leçons ou en écrire l'histoire

Ce serait utile, au moins pour tenter de mettre en place un plan d'action cohérent. Peut-être qu'une leçon c'est que de toutes façons, on ne sera pas capable d'appliquer un plan prédéfini dans une situation d'urgence. Il y aura trop de pression de parts et d'autres.

Mais je crois que l'on s'est tellement écharpé sur ces histoires de confinement, que plus personne n'a vraiment envie de se relancer dans ces discussions. Et je pense que même avec le recul, tout le monde restera campé sur ses positions.

> nous avons passé des mois à nous laver très soigneusement les mains

Il y avait quand même une logique il me semble, compte tenu des informations disponibles à l'époque. Ce n'est pas le meilleur example de rituel bizarre. Le port du masque à l'extérieur semble un meilleur exemple parce que personne n'y a jamais cru.

A ce sujet, dans certains pays asiatiques, on voit encore aujourd'hui des pauvres gens (des agents de sécurité par exemple), plantés toute la journée sous le soleil avec leur masque. La France reste très loin d'avoir le monopole de l'absurdité.

Dionysos (2024-04-04T22:23:59Z)

@Ruxor bis :
ok mais ta réaction n'est pas tout à fait incompatible avec ce que je voulais exprimer. Ce que j'avais à l'esprit, c'est une intuition partagée d'un seuil possible où il y aurait un consensus raisonnable sur l'acceptation de confinements. Et dans cette visée, on peut prendre la létalité-bilan dans le cadre d'une situation contrefactuelle : si une maladie conduisait à un pourcentage très significativement supérieur à celui qui a eu lieu pour la covid (mettons par exemple 15 pct et qu'il y avait la possibilité d'organiser un confinement disons là encore de un an avec l'arrivée d'un vaccin réduisant énormément la létalité, un tel consensus aurait lieu. Evidemment, on ne pourrait pas en amont, pendant le surgissement de la maladie, motiver le confinement par cette létalité-bilan puisque par hypothèse elle ne pourrait encore être connue mais ce n'est pas une question de politique pratique que je visais, plutôt une expérience de pensée sur la question du seuil et des intuitions partagées.
Je me rappelle bien à la fois ton raisonnement sur la liberté que l'on devrait laisser à quiconque de se confiner ou de ne pas se confiner ainsi que ton scepticisme dans le cas de figure d'une létalité très élevée qui ferait s'effondrer la civilisation. Et comme naguère, je suis largement d'accord avec toi sur le volet de la liberté attribuée aux individus à condition qu'elle ne soit pas factice/nominale. Ce n'est pas une vraie option libre que de dire oui bien sûr vous pouvez vous confiner mais alors vous perdez tout de vos ressources matérielles liées à votre profession ainsi que d'ailleurs votre métier. Il faudrait dans ce cas trouver une forme d'articulation permettant à ce que ces deux options soient effectivement adoptables, ce qui passerait à mon avis par une socialisation plus poussée de l'économie pendant cette période. Et sur le scepticisme de l'écroulement civilisationnel je n'ai pas le même degré de conviction que toi. Peut-être que ce serait le cas mais là encore ça dépend de beaucoup de facteurs : si là encore on suppose qu'un vaccin supprimant le problème au bout d'un mois/un an et que des confinements et un espacement des distances réduiraient dans l'intervalle drastiquement les morts, pas sûr que tout s'écroule ou que des milliards de gens meurent. Surtout si c'est une létalité à 10 pct de morts parmi les infectés et non pas 70 ou 98 pct !

titipukhân (2024-04-04T13:35:07Z)

une bonne nouvelle, pour ce que j'en vois au boulot, est que la coutume aussi désuète qu'absurde du "serrage de main", a fortement régressé (mais on croise encore qqs relous qui persistent)

Apokrif (2024-04-03T10:51:46Z)

@Dionysos, @Ruxor: pour cette maladie, le confinement risque d'être inutile voire contre-productif, la maladie se transmettant dans des logements partagés mais peu en extérieur (c'est peut-être différent, par exemple, pour la fièvre Q). La gravité d'une maladie n'a aucun lien évident avec la pertinence d'un confinement !

Une mesure curieusement très peu évoquée aurait été de contrôler non les déplacements à l'air libre, mais les entrées dans les bâtiments (ou, ce qui est plus facile, les sorties de ces bâtiments) et la présence dans des véhicules partagés (individuels et transports en commun).

Bellon (2024-04-03T08:14:33Z)

Il me paraît difficile de dire que cette histoire est terminée quand un grand nombre de personnes restent plus ou moins lourdement handicapés par l’ensemble de troubles regroupés sous le nom de Covid long.
Je ne suis pas sûr ensuite que les leçons de l’expérience ont vraiment été intégrés, quand on voit les difficultés pour arriver à un accord mondial sur la prévention des épidémies. Pourtant, la première leçon a justement été celle de l’interdépendance de toutes les régions du monde, avec le fait que l’on ne peut pas se protéger indéfiniment quand des versions plus contagieuses du virus apparaissent dans les zones où l’épidémie est hors de contrôle.
Il me paraît dangereux de croire que les vaccins à ARN qui ont été si efficaces dans ce cas le seront forcément pour d’autres épidémies: en plus, il ne faut pas négliger les contraintes logistiques, même si les conditions de conservation recommandées péchaient probablement par excès de prudence.
Il me semble qu’une des grandes difficultés est de communiquer sur de la science en train de se faire, avec les incertitudes et controverses qui l’accompagnent: je sais qu’Angela Merkel avait fait un effort pédagogique, mais la plupart des politiques préfèrent les affirmations péremptoires qui donnent l’impression qu’ils sont surs d’eux, même si elles seront contredites par les faits plus tard.
L’épidémiologie me semble coincée entre des modèles utiles, mais trop simples pour vraiment décrire la complexité de la situation, et des modèles plus réalistes, mais qui dépendent d’un nombre trop élevé de paramètres pour qu’ils soient accessibles expérimentalement.
Le suivi des modes de transmission dans les pays qui ont réussi à faire fonctionner la gestion des contacts a certainement permis de mieux comprendre ce qui se passe dans nos hivers habituels.
@Subbak La transmission par les mains est une part importante de la transmission des virus respiratoires: une expérience dans une base US a montré que demander aux soldats de se laver les mains avant d’aller manger diminuait sensiblement le nombre de rhumes. Il est normal d’insister sur le mode de transmission sur lequel il est le plus facile d’agir.
@Antoine Ducros: La menace d’un possible nouveau confinement a pu être utilisée pour inciter à un meilleur respect des consignes de prudence.
@M_a_n_u: J’avais apprécié les communications de Raoult sur les variantes à une époque où beaucoup étaient sur le mode « Mais non, les coronavirus n’évoluent pas ». Mais son refus de soumettre ses intuitions thérapeutiques à de vrais tests et sa critique injustifiée des vaccins montrent que son ego est infiniment plus grand que ses compétences.

Ruxor (2024-04-03T05:11:25Z)

@Dionysos:

Le chiffre dont je parlais à la fin était la mortalité-bilan. Par définition, si on a la mortalité-bilan, il n'est plus question de sauver des vies. Les valeurs pour lesquelles on peut éventuellement discuter de l'éventualité d'un confinement sont la létalité des infections et les paramètres épidémiologiques (nombre de reproduction, durée d'incubation, hétérogénéité de susceptibilité, durée d'immunité, etc.).

S'agissant de la létalité, en fait, je pense que si elle est élevée il n'y aura pas besoin d'ordonner un confinement parce que de toute façon les gens se confineront eux-mêmes (je rappelle une fois de plus que je ne suis pas contre les confinements par principe : ce que je dénonce sur le principe, c'est de les rendre obligatoires, et j'ai écrit un long billet sur le fait que ça avait parfaitement un sens d'organiser un confinement optionnel). Au contraire, si la létalité est assez élevée, le gouvernement serait plutôt à supplier les gens de bien vouloir sortir de chez eux pour maintenir un semblant de fonctionnement de la société (une chaîne de production et de distribution de la nourriture, et l'électricité, au moins) : donc le problème serait plutôt d'anti-confiner de force (réquisitionner la main-d'œuvre), et là aussi il y a un débat à avoir sur la légitimité de la chose, mais c'est une autre question. Mais à vrai dire, si la létalité est assez élevée, je ne crois pas du tout aux chances de notre civilisation de se maintenir (ses structures sont trop fragiles, on retomberait des siècles en arrière sauf qu'avec la technologie de siècles en arrière on n'a pas de quoi maintenir dix milliards de personnes sur Terre, donc il y aurait des milliards de morts quoi qu'on fasse).

Maintenant la discussion doit se faire aussi sur l'épidémiologie de la maladie. L'argument du confinement s'agissant du covid c'était aussi de penser qu'il allait permettre d'éviter beaucoup d'infections. Ce n'est pas du tout clair quels paramètres épidémiologistes permettraient ça, mais ils n'étaient certainement pas réunis. Ce qui peut avoir un sens (dans certaines conditions épidémiologistes), en revanche, c'est la quarantaine, c'est-à-dire le fait d'isoler les personnes contagieuses, ce qui est différent d'isoler tout le monde. Ce qui a tout à fait un sens, bien sûr, c'est de chercher à « aplatir la courbe », comme on proposait au début de la pandémie de covid, et ça peut impliquer des mesures qui ressemblent à un confinement (fermeture de commerces, par exemple), mais celles prises par la France en mars-avril 2020 étaient bien trop strictes pour ça.

Dionysos (2024-04-03T01:04:59Z)

La remarque que je me fais à la fin de la lecture de ce post, c'est de me poser la question de savoir s'il y a une bonne réponse quant à savoir, y compris de ton point de vue, à partir de quel seuil un confinement généralisé est pertinent. Je crois qu'on est face à un indéfini type sorite. Tout le monde sent bien à la fois qu'il y a des cas où le confinement s'impose mais que le passage de la frontière du seuil à quelque chose d'arbitraire (pas tout à fait arbitraire, je n'ai bien sûr pas oublié ton opposition radicale à cette mesure étant donné la létalité en lice). Tu évoques à la fin l'hypothèse bien plus haute de quelques pour cents (je pense que tu as en vue quelque chose comme 2/3 pct, peut-être 5/9), mais même là je ne sais pas si pour beaucoup (et dans le ciel platonicien de la bonne réponse) une même mesure convient pour 2 ou 9 ! Tout le monde (ou quasi à part quelques farfelus) admettra que si c'était 70 ou 90 pct et qu'un confinement permettait de sauver des milliards de vie, il s'imposerait.
Mais mettons à 10 pct ? Y aurait-il un consensus (je pense tout de même que quasiment tout le monde l'accepterait pas ad vitam eternam mais au moins pour les mêmes durées que celles qui ont été effectives) ? Et à 5 pct ? Quand est-ce que le taux de létalité forme l'amas suffisant pour qu'on puisse parler du tas de sable de l'acceptation généralisée si je reprends le rapprochement sorite ? Il n'y a je crois aucune réponse à ceci (pas plus que pour le nombre exact de grains formant un tas).
Or, je me dis que , peut-être dans ton cas, il y aussi (ce n'est évidemment pas la raison principale) un agacement en quelque sorte logique à la politique précédemment adoptée. De même que, aussi déplaisant que cela t'impacterait, tu accepterais sans doute sans réserve une mesure de ce type pour un taux extrêmement haut de létalité, la symétrie dans l'autre sens qui devrait jouer dans ta perspective (pour un taux très faible, pas de "tas" pour filer l'image) n'a pas été respectée. Je crois que ça participe de ton ressenti très critique par rapport à ce qui été adopté.

Chacun son vécu (2024-04-01T14:39:39Z)

Je ne saurais tirer des conclusions de la pandémie, mais je peux témoigner de la diversité des vecus et de la façon dont la crise a été abordée dans différents endroits du monde.

Quand l'épidémie a commencé je vivais en Asie mais j'étais par hasard en Europe. Alors j'ai pris des vacances. Pendant que la Chine enfermait des gens chez eux en clouant leur portes, pendant que la Corée du Sud barricadait la seconde ville du pays, moi je visitais de vieux monuments, des rues étroites et j'allais au restaurant tous les jours.

Ensuite l'épidémie est venue en Italie puis dans le reste de l'Europe. Alors je suis rentré en Asie, non pas chez moi (ils m'auraient enfermé) mais dans un de ces pays juste assez pauvres pour avoir besoin des devises apportées par les touristes, mais assez riches pour avoir un système médical potable (quand tu as de l'argent pour payer). Alors j'ai fait du tourisme. J'ai dû faire 4 x 15 jours de quarantaine, chaque fois "enfermé" dans une chambre d'hotel réputé (Hilton, Marriott) où j'étais le seul client donc le chef cuisinait aux gré de mes envies 3 fois par jour. En sortant de là je signais quelques papiers avec un officier d'immigration où je jurais que je n'allais rien faire d'inconvenable et mon ami(e) local(e) se rendait responsable de mes actions. Puis nous partions en vacances : montagne, plage, temples, restaurant. Il y a toujours quelqu'un qui a plus besoin d'argent qu'il n'a peur de la maladie. Un masque, du gel hydroalcoolique et des marcages aux sol pour les distances, et voilà. De toutes les façons il n'y avait personne.

Ensuite j'ai fait un tour en Amérique Latine - il y a des sites magnifiques qui sont infréquentables en temps normal. En Amérique Latine les autorités visiblement s'en foutaient. Il y avait des hopitaux de fortune dans des parcs et des parkings si par hasard tu avais besoin de mourir, mais à part ça pas grand chose. Je me suis fait dépouiller une ou deux fois (les voleurs avaient des masques mais je n'ai pas demandé s'ils s'étaient lavé les mains), j'ai pris de belles photos, j'ai râlé car certains des restaurants connus étaient fermés, mais je me suis rattrapé sur d'autres pour lesquels il faut d'ordinaire attendre 3 mois avoir une réservation.

Bref, j'ai perdu 2 années de salaire (mais je pouvais largement encaisser), et j'ai pris 2 années de vacances. Les meilleures vacances de ma vie d'ailleurs.

Ruxor (2024-03-31T08:25:36Z)

@Geo:

Ce que je dis, c'est que c'est vrai mais que c'est aussi le cas de n'importe quelle infection respiratoire virale, à commencer par la grippe, mais aussi les quatre coronavirus qui étaient déjà endémiques et qu'on qualifiait de « rhumes ». La particularité de SARS-CoV-2 c'est que comme personne n'y avait d'immunité avant 2019, les infections ont été beaucoup plus nombreuses, les infections présentant des symptômes graves ont été beaucoup plus nombreuses, et les infections conduisant à des séquelles mesurables et longues ont été beaucoup plus nombreuses (ces deux dernières catégories ne sont pas exactement identiques mais sont néanmoins hautement corrélées). Donc forcément le phénomène a reçu plus d'attention. Ce qui n'est pas mauvais (je me rappelle quand j'étais petit que quelqu'un m'avait parlé d'une infection virale qui l'avait laissé mentalement diminué — fatigue, difficulté à se concentrer — et dont les médecins ne trouvaient aucune cause, et ça m'avait beaucoup fait peur), mais le phénomène est récupéré par le culte « zéro covid » qui voudrait utiliser ça comme prétexte pour prétendre que le covid est vraiment différent de toutes les maladies et qu'il faut l'éliminer (ce qui serait certainement souhaitable en soi, sauf que c'est juste totalement impossible et que les méthodes qu'ils préconisent sont lunaires).

Il est aussi vrai, par ailleurs, que toutes les études observationnelles sur des communautés sont bourrées de facteurs confondants. Typiquement, quand on observe que X est corrélé avec une infection covid (connue !) préalable, ça ne nous dit pas si X est causé par le covid, si le covid est causé par X, ou si les deux sont causés par un même phénomène (typiquement, un problème de santé ou facteur environnemental qui se révèle à la fois par une plus grande probabilité d'attraper le covid et par une plus grande probabilité de développer X). L'article précis que tu cites dit d'ailleurs explicitement : « In the absence of baseline cognitive data before infection, we could not assess cognitive change, and the observational nature of the data means that we could not infer causality. » — c'est le genre de choses que les rapporteurs exigent, et c'est le genre de choses qui passent typiquement à la trappe quand les journalistes écrivent ensuite leur merde sur ces articles.

L'immunologue Marc Veldhoen écrit plein de choses intéressantes sur Twitter⌫𝕏, et je recommande de le lire. Par exemple <URL: https://twitter.com/Marc_Veld/status/1768229728731726205 > (je cite ce tweet-ci parce qu'il y mentionne l'article en question, mais c'est dans un fil).

Geo (2024-03-30T22:53:56Z)

> je ne constate franchement aucune différence de symptômes entre rhume covid et rhume non-covid (j'ai de nouveau une toux pénible), m'aide aussi à me remettre dans l'ambiance.

Je ne sais pas si on peut mettre les deux maladies sur le même plan (j'interprète peut-être mal ta remarque). Apparemment, même avec des symptômes bénins, il semblerait quand même que des gens ont gardé des séquelles, notamment sur le plan cognitif. Il y a plein d'articles sur le sujet qui pour le néophyte que je suis ont l'air sérieux (au hasard [1]). Je ne sais pas quelle est l'ampleur des dégâts, mais ça a l'air établi.

[1] https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2311330

M_a_n_u (2024-03-27T21:44:16Z)

Je trouve toujours étrange de continuer à taper sur Raoult alors qu'à mon sens, il loin d'être la personne ayant fait le plus de dégât pendant cette épidémie. Quelle équipe a découvert et documenté les variants pendant qu'on nous parlait encore et toujours de « vagues » ?

D'autant plus étrange de ne pas parler de l'épisode grotesque du Remdésivir, des efforts de Bill Gates pour empêcher la levée du brevet sur le vaccin, ou du délire autour de la vaccination des jeunes quand les moins de 39 ans représentaient moins de 1 000 morts sur les 150 000 peu ou prou attribués à l'épidémie.

Dernier point d'ailleurs : il faudra documenter comment la publication des chiffres sur la mortalité par classes d'âge a brusquement changé, passant d'un tableau dans chaque bulletin hebdomadaire de Santé-Publique-France à un lien accessible dans chaque bulletin puis à quelque chose de quasi-introuvable (et sauf erreur à construire soi-même à partir des données de l'INSEE)

Brucal (2024-03-19T18:15:28Z)

@Apokrif

On a confiné lors d’une tempête à la Réunion : oui, et pas qu’une fois, et pas qu’à la Réunion, même en métropole sur des phénomènes météo intense, on a des injonctions à rester chez soi.
Mais quand on y entre, on sait pratiquement quand on en sortira, il faut laisser passer l’œil du cyclone ou le front, 24 ou 48 heures max, et entretemps on entend gronder le vent à travers les volets clos et on comprend pourquoi on reste à l’abri.
Là, il s’est agit d’un enferment long, sans critère de sortie préétabli, pour une menace diffuse voire incertaine pour une large part de la population.
Et cette suspension sine die de liberté d’aller et venir s’est mise en place avec une facilité déconcertante et une absence de transparence qui a quand même abolie aussi la démocratie (pourquoi des conseils de défense ? le SARS était-il piloté par des ennemis qui ne devaient pas savoir comment notre gouvernement apprêter à réagir ?)
Donc, non ce n’est pas anodin.

Un consensus pour augmenter les médecins ? une tentative d’éviter que les déserts médicaux s’étendent beaucoup plus, mais ce que Koko90 et d’autres attendaient, c’est une restauration des capacités hospitalières et ça ce n’est au programme de personne.
Et pas de réflexion sur ce qui a été fait et comment, pas de plan pour une prochaine fois que les scientifiques disent s’attendre à voire survenir.
Pour des gens qui croient que « gouverner, c’est prévoir », il y a là de quoi sacrément déchanter. Gouverner, c’est juste gérer l’actualité et quand le tour du covid est passé, c’est fini.

Thomas (2024-03-19T13:18:28Z)

> en fait on ne sait absolument pas prédire quoi que ce soit sur les épidémies parce que celles-ci sont avant tout un phénomène social et nous ne sommes pas sociologues

Les sociologues détiendraient la Vérité sur les phénomènes sociaux ? Et qu'est-ce que tu vas essayer de nous faire gober la prochaine fois : qu'Elon Musk serait un génie car il est l'un des hommes les plus riches du monde ?

Apokrif (2024-03-19T11:28:18Z)

@Koko90: il y a une certaine action (à l'université) et un consensus pour augmenter le nombre de médecins.

@Ruxor: "Il y a toutes sortes de raisons de rejeter cette comparaison avec le comportement routier"

Pourquoi avec le comportement routier ? Police et douane gênent voire empêchent des déplacements (voire enferment des gens), ce qui rappelle le confinement, ou fouillent ou saisissent biens et domiciles, ce qui va au-delà d'une contravention pour excès de vitesse.

On a d'ailleurs confiné (mais j'ignore s'il y avait des sanctions) lors d'une tempête récente à la Réunion.

Koko90 (2024-03-19T08:00:32Z)

Moi ce qui m'a choqué c'est que dans l'après pandémie personne n'a vraiment parlé d'augmenter considérablement notre nombre de soignants et de place à l'hôpital. Il est impossible de calculer l'impact positif (ou négatif) du confinement, mais on peut certainement calculer l'impact qu'aurait eu moins plus de place dans les hôpitaux (vu qu'il y avait une surmortalité liée à la saturation).
Par exemple dans les élections qui ont suivi, sur les programmes abrégés distribués par tous les candidats, pas un seul ne parlait d’augmenter le nombre de lit ou de soignants, alors qu’on venait de faire souffrir toute la France juste à cause de ce problème (le but avoué des confinements était d’aplatir la courbe, pour éviter la saturation, pas de baisser le nombre total de contaminés, vu que le r0 restait en dessus de 1 et que les confinements n’étaient pas une mesure définitive).

Dans la hiérarchie des problèmes à résoudre, j’ai quand même l’impression que se préparer pour la prochaine pandémie devrait être assez haut sur la liste. Le COVID a tué plus que le réchauffement climatique sur les 20 dernières années, par exemple. Ou que l’insécurité lié à l’immigration. Et on sait qu’une nouvelle pandémie va émerger tôt ou tard. Alors pourquoi on ne voit personne en parler ? Pourquoi des jeunes ne lancent pas de la peinture sur des toiles pour qu’on fasse plus de place à l’hôpital ? Pourquoi on n’a pas des partis politiques entiers dédiés à la question comme pour l’immigration ou le réchauffement climatique ?

Subbak (2024-03-18T21:32:49Z)

> Et puis il y a la question des modes de transmission : savoir pourquoi on a cru au début (ou cru qu'on croyait ? ou feint de croire ?) que le virus se transmettait par manuportage, si bien qu'on nous a donné comme consigne abondamment répétée de nous laver soigneusement les mains et qu'on s'est focalisés sur le gel hydro-alcoolique qui ne servait finalement à rien dans une pandémie respiratoire. (Je crois que j'avais vu passer un texte qui expliquait l'origine de cette erreur, mais je ne le retrouve plus.)

Serait-ce cet article de Wired?
https://www.wired.com/story/the-teeny-tiny-scientific-screwup-that-helped-covid-kill/

Jeanne à vélo (2024-03-18T15:40:41Z)

Un exemple intéressant de retour sur cet événement, sur un sujet en particulier, est cet article du Diplo dans son numéro de février 2024 : "Soignants suspendus, autopsie d’une erreur" de par Alexandre Fauquette & Frédéric Pierru.

Je me permets de citer le début de l'article :

"À la télévision, le 12 juillet [2021], [Macron] avertit les soignants de leur suspension s’ils refusent l’inoculation. Tandis que la situation épidémique appellerait selon lui une vaccination de masse, M. Emmanuel Macron s’agace aussi des hésitations de la population : plus de la moitié des personnes interrogées par Ipsos les partageaient début 2021. Il instaure donc un passe sanitaire qui condamne à la mort sociale tous les réfractaires au vaccin. Avant d’annoncer, lors de la même allocution télévisée, des réformes de l’assurance-­chômage et des retraites.

Ce soir-là, M. Macron prend ainsi le risque d’associer injonctions sanitaires et régressions sociales d’abord subies par les classes populaires. Alors qu’à ces catégories, aux travailleurs de la « première ligne » comme à tous les Français, il avait promis le 24 novembre 2020 qu’il n’y aurait aucune obligation vaccinale. Alors surtout qu’un tel raidissement entre en contradiction avec les données pourtant à sa disposition : en dessous de 50 ans, le taux de létalité du Covid-19 tend vers zéro ; les études internationales établissent une efficacité du vaccin limitée dans le temps (trois mois) et une prévention des seules formes graves — ni guère de l’infection ni plus de la transmission. Mais ce 12 juillet, sur la base d’une recommandation de la Haute Autorité de santé (HAS), M. Macron affirme que cette obligation divisera par douze le pouvoir de contamination contre le variant Delta… Ce qui n’empêchera pas certains établissements de faire venir au travail des soignants covidés mais vaccinés."

Isio4 (2024-03-18T11:08:50Z)

Je suis tombé sur ce bouquin à la médiathèque municipale chez moi : <URL: https://www.mediathequesludotheques.grandorlyseinebievre.fr/Default/doc/SYRACUSE/2934245/l-attestation-une-experience-d-obeissance-de-masse-printemps-2020-theo-boulakia-nicolas-mariot >

Il doit pouvoir se trouver dans toute bonne BU de socio.

J'en suis à la moitié, je le trouve intéressant comme retour d'expérience sous un angle très particulier du premier confinement.
On aimerait une enquête similaire sur tous les autres aspects de gestion de la pandémie abordés dans ce billet.

Geo (2024-03-18T01:48:56Z)

> ils s'en souviendront pour d'autres questions et on pourra difficilement leur reprocher de ne pas accorder pleine confiance à la parole scientifique.

Oui, une leçon quand même c'est qu'il y a un paquet de scientifiques qui racontent n'importe quoi, soit parce qu'ils sont incompétents, soit malhonnêtes, soit dans une idéologie etc… je remarque aussi autour de moi qu'il y a des scientifiques reconnus dans leur domaine, mais qui peuvent tenir des raisonnement totalement fallacieux. Donc en effet, il faut "écouter les scientifiques", mais ce n'est pas si simple, encore faut-il savoir si on n'a les bons scientifiques devant nous. Par exemple, prenons Raoult, il s'agit quand même d'un scientifique hyper reconnu. Au début de cette histoire, Macron est même allé visiter son labo et l'a nommé au conseil scientifique (si je me souviens bien). Et même ses collègues prenaient quand même des pincettes pour le critiquer.

Mewtow (2024-03-18T01:09:39Z)

Le problème d'un retex sur la crise covid est qu'il ne serait utile que pour une future épidémie, et encore ! Maintenant que la technologie des vaccins mRNA est utilisée en pratique, le problème est en grande partie résolu. Il y a de grandes chances que tout le monde se reposera sur des vaccins lors de la prochaine, éventuellement sur des confinements en attendant une production de masse du vaccin.

D'ailleurs, un truc intéressant est que sur le plan économique, la crise a été bien gérée par presque tous les pays. Tous les pays ont compris que ce serait la merde et ont démarré des plans de relance, des politiques de soutien aux entreprises, etc. Ca a tellement bien marché que la stagnation séculaire qui durait depuis 2008 laisse maintenant place au retour de l'inflation.

ooten (2024-03-17T20:57:36Z)

Je crois au contraire à l’importance de comprendre l’origine de l’agent infectieux du Covid. Ne serait-ce que pour éviter qu’un même enchaînement d’événements fortuits ne produisent un autre agent infectieux aussi dangereux et dégénèrent en pandémie.
Je trouve normal qu’à l’époque de l’émergence du Covid tout le monde, et même les plus compétents et les plus qualifiés, ait été pris au dépourvus et pour cause personne ne connaissait cette nouvelle maladie. Sa compréhension et les meilleurs soins n’ont pu se faire qu’au cours des différentes poussées épidémiques. Mais pendant ce temps le pouvoir politique et les spécialistes de la discipline devaient agir afin qu’ils soient le plus irréprochables possible à l’issue de la pandémie c’est à dire qu’on ne leur reproche pas devant des tribunaux des homicides par imprudence. Et là l’arbitrage penche plus facilement vers la coercition que l’espoir d’une vague confiance à la responsabilité des citoyens.
Les enfermistes du début ont donc pour moi raison d’agir par précaution si la stratégie consiste bien à gagner du temps et d’en apprendre suffisamment sur la maladie pour qu’à la sortie on puisse mieux traiter la masse de malades qui afflueraient à l’hôpital ou chez leur médecin traitant.
Le pouvoir politique a quand même abusé d’autoritarisme et il a beaucoup joué sur la peur des français.Son propos a été contradictoire et on s’est rendu compte qu’on était mal administré : les plans contre les pandémies étaient caduques car les masques respiratoires étaient en nombre insuffisants et inutilisables. Le rôle du conseil scientifique a servi de paratonnerre mais il était aussi impuissant surtout au début par manque de connaissances.
Le Pr. Raoult était parti prenante dès le début de l’épidemie en tant qu’institutionnel et scientifique car directeur de l’IHU et chercheur reconnu dans le domaine des épidémies. Les polémiques le concernant me semblent à l’origine se trouver dans des querelles pré-existantes entre les mandarins de la médecine et des médicaments, Il était tout aussi démunis que les autres mais il a dû aussi tâtonné pour trouver au cours du temps les meilleurs soins pour les malades que son institut accueillait. Ces polémiques ont été aussi politiques car il était sensé apporter des solutions au pouvoir politique mis qu’il n’en avait pas au début. Car aujourd’hui il a dressé le bilan et les .eilleures thérapeutiques à adopter (je n’ai plus les références) même s’il n’est pas définitif pour lui. Le personnage est clivant et il me plaît : quand on l’insulte publiquement il ne fait que rendre la pareille et sur le fond j’ai écouté quelques vidéo qui m’ont vraiment intéressées.
Ces querelles n’avaient pas être exposées publiquement car elles décrédibilisent le débat scientifique mais en même temps la science concernant cet agent infectieux et les maladies qu’il provoque était en train de se faire malgré l’urgence des actions à prendre ou pas d’ailleurs. Elles ont été amplifiées par des problèmes politiques : sur-communication politique contradictoire et fausse, dissensions entre une partie de la population et des élites dirigeantes, des débats stériles et mal cadrés et des décisions enfermistes prises dans l’opacité la plus complète (conseil de défense).

Antoine Ducros (2024-03-17T20:08:38Z)

Autre chose que la pandémie a (il me semble) mis en évidence : le besoin compulsif chez certains politiques de faire quelque chose, peu importe quoi. Vis-à-vis de l'opinion sans doute, mais peut-être vis-à-vis d'eux mêmes. Par exemple après que Macron a in extremis résisté aux pressions fin janvier 2021 en faveur d'un troisième confinement, sa politique a essentiellement consisté à faire le dos rond en attendant le sommet des courbes en cloche, mais lui et Castex ont continué à annoncer diverses mesures : contrôles dans les aéroports qui en pratique n'avaient pas lieu, je m'en suis rendu compte à plusieurs reprises ; un vrai-faux confinement à Pâques 2021 qui n'a pas empêché plein de gens de partir en vacances à plus de 100km de chez eux ; le retour du masque en extérieur en janvier 2022, ni appliqué ni contrôlé ; à cette même époque, l'interdiction de prendre un café debout (!!), l'interdiction annoncée de boire et manger dans le TGV qui n'a finalement pas été édictée….
J'ai trouvé ça très horripilant.

Antoine Ducros (2024-03-17T19:32:20Z)

Je pense que si la question de l'origine a eu cette importance, c'est en partie parce que tout le monde aime bien quand surgit un problème savoir qui est responsable. On peut évidemment lutter contre cette tendance, et c'est sans doute sain, mais elle existe indubitablement (qui n'a jamais crié «qui a piqué mon stylo ?» au lieu de dire «zut, j'ai encore égaré mon stylo» ?).

Je pense que ce besoin de trouver un responsable explique la focalisation sur l'origine. Ensuite évidemment le côté roman d'espionnage (une faille dans un labo de haute sécurité, dissimulée par la Chine) a peu évidemment contribuer à l'excitation.

ancilevien74 (2024-03-17T19:13:56Z)

Pour le coup des auto-attestations, je me demande s’il n’y avait pas aussi l’idée d’avancer sur la mise en place d’un contrôle social "à la chinoise".
Un peu comme le prétexte des JO cet été pour autoriser l’expérimentation de la reconnaissance faciale automatisée (avec des dates qui dépassent largement la fin de l’événement). Une fois que ça commence, ça ne sera pas arrêté et ça intégrera le droit "normal" ultérieurement. Ça été le cas des mesures anti-terrorismes exceptionnelles suite aux attentats Charlie et Bataclan.
Mais sans plus d’éléments concrets, ça reste de la spéculation (du complotisme 😁 ?)

@Ruxor je viens de réaliser que tu es le maître des lieux et que c’est ton pseudo dans cet espace de commentaires 🤦. La couleur différente de tes commentaires aurait dû me mettre la puce à l’oreille.

Ruxor (2024-03-17T17:48:16Z)

@Pays des droits de l'homme:

Je crois que c'était en Espagne que les enfants de moins de je ne sais plus quel âge ont été interdits de sortir de chez eux TOUT COURT. J'ai un peu oublié les détails (qui dépend peut-être des régions), mais je me souviens que le confinement italien était légèrement pire que le français.

Concernant l'argument « si on est contre le contrôle par la force, il faut demander la suppression de la police », j'ai répondu assez longuement dans mon billet sur le confinement optionnel (<URL: http://www.madore.org/~david/weblog/d.2020-11-11.2665.confinement-optionnel.html#d.2020-11-11.2665 >), notamment le passage « Il y a toutes sortes de raisons de rejeter cette comparaison avec le comportement routier ».

À part ça, j'en profite pour signaler que les noms du style « Pays des droits de l'homme » m'agacent. Le champ « name » est censé être un surnom que VOUS prenez. Je ne vous demande pas de révéler votre véritable identité, mais prenez un surnom stable dans le temps, ou au minimum un truc qui désigne une personne, pas la première phrase qui vous passe par la tête. Je ne suis pas en train de m'adresser à un pays, là.

Pays des droits de l'homme (2024-03-17T17:36:20Z)

"palme de la bêtise revient sans doute, en Europe du moins, à l'Italie ou à l'Espagne"

Que voyez-vous de pire en Espagne ou en Italie ?

"faire confiance à sa population et ne pas chercher à la contrôler par la force"

Contrôler par la force, et ne pas faire confiance à la population, ne sont pas mauvais en soi (ou alors on demande la suppression de la police et de la douane): ce qui est problématique est quand on contraint dans un mauvais sens: par exemple, le système d'attestation aurait pu être utilisée pour restreindre uniquement les situations à risque: les regroupements, dans un lieu fermé (dont transports en commun), de gens ne vivant pas ensemble, et accompagné d'incitations à quitter les domiciles partagés et à faire de l'exercice en extérieur. Le couvre-feu censé lutter contre l'effet apéro n'avait pas de raison d'être à deux heures du matin, l'absence de nuance selon âge, comorbidités ou statut vaccinal posait problème aussi. Quant à l'obligation partielle du masque au restaurant, elle était shadokienne !

jeanas (2024-03-17T14:52:35Z)

Je trouve intéressante la constatation du manque de rétrospectives sur le Covid, parce que d'un côté cela m'étonne que de tels livres soient difficiles à trouver, et d'un autre côté, je sais que je devrais vraiment me forcer pour en lire un. D'une part, ça évoque beaucoup de mauvais souvenirs, et d'autre part, en dehors de la « cacophonie des complotistes », les débats étaient tellement intenses et conflictuels même entre les gens raisonnables et de bonne volonté que je suis découragé à l'idée de chercher à y voir clair : j'ai l'impression qu'il faudrait que j'y passe des mois pour me faire des opinions fiables.

À part ça, j'ai un cousin qui était au milieu d'une thèse d'épidémiologie quand le Covid est arrivé (je ne mets pas son nom, pour ne pas créer un résultat de recherche qu'il n'apprécierait pas forcément). Je me rappelle d'une discussion avec lui, avant le Covid, où il se plaignait que son directeur de thèse se targuait d'être compétent en épidémiologie alors qu'il était spécialiste d'hydrologie, avait un nombre délirant de doctorants, était difficile à critiquer à cause de son statut, et sous-estimait largement l'incertitude sur les modèles (ou ne la prenait pas vraiment en compte, je ne sais plus très bien).


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