Ça ne doit pas faire longtemps — entre deux et cinq ans, je
dirais — que la mode s'est installée d'utiliser la couleur
bleue comme témoin de fonctionnement des gadgets
électroniques. Peut-être qu'auparavant on ne savait pas faire des
diodes électroluminescentes bleues et que l'invention en est récente,
mais ça m'étonnerait quand même : je pense que c'est plutôt un effet
de mode. En tout cas, le bleu est toujours le même : du
rétro-éclairage des touches de mon nouveau téléphone mobile au voyant
témoin d'alimentation de ma nouvelle paire d'enceintes[#], le bleu est devenu le symbole
omniprésent de tout ce qui est hi-tech, là où il y a quelques années
on aurait bêtement utilisé des diodes vertes. Je soupçonne même que
la technologie bluetooth
associe volontairement son nom à la
couleur bleue des diodes qui sont systématiquement présentes
pour flashouiller dans les récepteurs de ce protocole. La raison pour
laquelle le bleu donne un effet si particulier — si
« électrique » — dans la vision des couleurs, c'est que les cellules
rétiennes (les « cônes courts ») qui y sont principalement sensibles
(en vision diurne[#]) ne
participent pas à la sensation de luminosité : autrement dit, un bleu
assez pur se voit énormément sans être très lumineux, d'où une
impression parfois étrange (qu'on retrouve rarement dans la nature[#2]).
Logiquement, dans quelques années, on devrait arriver à faire des diodes avec une longueur d'onde encore plus courte mais toujours dans le visible (du style 430nm). Et ça flashouillera encore plus.
[#] C'est pour cela que j'y pense maintenant : je me suis réveillé dans la nuit et je me suis aperçu que cette seule diode éclairait vraiment tout mon appartement — beaucoup plus que les diodes vertes sur mon ordinateur, mon modem ADSL ou mon téléphone fixe, même réunies. Car contrairement à la vision diurne où le bleu apporte peu de sentiment de luminosité, la nuit il en apporte normalement car ce sont les cellules « bâtonnet » qui détectent la lumière plutôt que les « cônes » longs et moyens : le pic de sensibilité à la lumière en vision nocturne (courbe « scotopique ») est à 507nm (soit un vert nettement bleuté) contre 555nm pour la vision diurne (courbe « photopique »), et dans la région de 470nm où se situe la couleur bleue dont je parle la différence entre vision nocturne et vision diurne est stupéfiante.
[#2] Sauf peut-être dans les pétunias violets : je m'étonne de voir que je n'en ai jamais encore parlé dans ce blog alors que les pétunias violets (qui deviennent roses quand on les prend en photo) sont un de mes dadas chromatologiques. Rappelez-moi d'en parler un jour.