Comments on Retour sur ma phobie et fascination des lieux abandonnés

Un lieu pourtant fréquenté qui me donne une sensation similaire est… le métro de New York.

Je suis tombé sur ce compte Twitter qui présente des lieux abandonnés : <URL: https://twitter.com/desertedpiaces_?s=21&t=4UzKof9lbanAvNcTemgGUg >

A/ je suis un peu étonné, j'avais fait un peu d'urbex à une époque et il me semblait t'avoir fourni un album (ou était ce sur twitter ?)
Bref :

* Hôpital abandonné de St Hilaire du Touvet : <URL: https://photos.app.goo.gl/shzogqd8Ytj8ykMe8 >

* Abattoirs de Nozay 2012 : <URL: https://photos.app.goo.gl/vvH778jJih1khoR67 >

* Abattoirs de Nozay 2013 : <URL: https://photos.app.goo.gl/vCJ4CqtMCPVFjHe88 >

B/ sur ta phobie
Il y a un coté psycho de comptoir mais j'assume : tu as une déviance quelque peu marquée pour l'ordre et la structure en général (ce blog, tes logs de vie et autres parcours en moto et/ou en forêt, tes sauvegarde, la symétrie…) or ces endroits sont exactement l'inverse, le pur chaos. Pas si étonnant que cela que tu l'exècre car ça te renvoie certainement à la cause dont la conséquence est ta déviance. Donc ça te met mal à l'aise.

Est-ce que tu te plais à photographier ces endroits abandonnés ou bien seule une présence effective sur les lieux est de nature à te procurer la sensation que tu recherches?

Je suis cataphile, alors forcément je ne peux pas vraiment dire que j'ai une peur paralysante comme toi, mais je soupçonne que j'aime beaucoup les catacombes parce que je me souviens des premières fois où j'y suis entré, et où justement j'ai ressenti un début de peur enfantine: du noir, de l'abandon, des douleurs incompréhensibles qui surgissent ou pourraient surgir, de la conviction qu'on ne viendra pas m'aider (ou que pire, ce sera une aide toxique, comme être sauvé mais mis en prison).

Je suis devenu cataphile parce que, une fois passées ces peurs, j'ai découvert une passion pour marcher longtemps dans le silence et dans le noir avec les copains, avec l'envie de tout voir, tout revoir.

Mais en quelque sorte, oui, cette première impression apeurée colore clairement chaque sortie.

J'ai aussi une fascination pour les grands complexes industriels, même si ils ne sont pas abandonnés mais encore bien plus si ils le sont. J'ai toujours pensé que ça me venait de Half-Life 2 mais il s'agit peut-être de quelque chose d'assez universel.

Pour l'alternance de mur et de fossé autour du chateau est-ce qu'il ne s'agit pas de Ha-ha <URL: https://fr.wikipedia.org/wiki/Ha-ha> ?

Je suis tombée récemment sur une peur irrationnelle et paralysante proche de celle que m'inspire les lieux urbexoïdes, donc autant partager mes conclusions, des fois qu'elles ne s'appliquent pas qu'à moi.

Je commence par noter que différents lieux (me) réclament une différente quantité d'attention, suivant à quel point ils me sont familiers. La différence a été flagrante pour moi sur la N118, à force de la pratiquer deux fois par jour ouvré, l'effort mental pour savoir où je suis, à quelle vitesse je suis censée aller, et où sont les travaux et les difficultés fréquentes, a été largement réduit. Et c'est généralisable aux autres lieux.

Il s'agit de familiarité, et pas forcément de connaissance directe, parce que par exemple je bénéficie de l'archétype des stations RATP lorsque je découvre une nouvelle station, mais je ne bénéfice pas de la familiarité d'un trajet piéton fréquent lorsque j'essaye de faire le même trajet dans un sens inhabituel.

J'éprouve un certain malaise qui tire sur l'angoisse quand je me trouve dans un lieu qui réclame une quantité inhabituelle d'attention, et la peur irrationnelle commence lorsqu'un lieu (me) demande plus d'attention que je ne peux en donner.

Être dans un groupe, même composé d'une seule personne en plus de moi, me donne l'impression de pouvoir partager une partie du budget attention, et éventuellement au point de passer en dessous du seuil de peur.

À l'inverse, la nuit, et les autre situations sensoriellement dégradées, demandent d'autant plus d'attention sur les sens encore valides.

Ce que je n'ai pas encore pu résoudre, c'est à quoi sert exactement ce budget attention. En cas de déplacement, surtout sur la route, la réponse est évidente, tant les dangers y sont largement documentés.

Dans un exemple relativement récent, seule dans ma chambre chez les beaux-parents, c'était certes loin d'être aussi familier que chez moi, mais je ne vois pas ce qu'il y a à percevoir de plus que chez moi. Quand je sondais l'instinct qui réclamait frénétiquement cette perception, je n'ai rien eu de plus que des images issus de films d'horreur que j'ai vus (sachant que mon dernier c'était Sinister, autour de sa sortie en 2012, et je n'en suis pas encore complètement remise) ou des tropes comme le civil ou la copine du héros qui se fait brutalement dominer par un ninja ou un autre adversaire incongrument puissant.

Pour l'instant je n'ai rien de mieux que supposer qu'une certaine couche de bas-niveau de mon système mental réclame une certaine bande passante perceptive en fonction de la familiarité des lieux, et déclenche une peur reptilienne quand il n'est pas satisfait, que ce soit par manque d'attention disponible ou par manque de perceptions disponibles.

Ce modèle permet d'expliquer (trop ?) simplement la peur du noir, la vallée de l'étrange des lieux urbexoïdes, le peu de corrélation avec les risques rationnellement évalués, l'effet rassurant du groupe, et la baisse de vigilance sur les trajets habituels (même si cette dernière peut s'expliquer aussi hors de ce modèle, en cherchant à opérer à bande passante perceptive constante, l'habitude baisse la charge mentale ou dégage de la place pour l'ennui, et il ne m'est pas facile de bien calibrer les distractions pour combattre cet ennui sans aller trop loin et entamer le budget dédié à la perception).

Oui, c'est bien ce tunnel-là, que j'ai dû découvrir la troisième ou la quatrième fois que je suis allé aux fauvettes, ce qui faisait quand même une petite trotte depuis chez moi.

Je pense que la raison pour laquelle il n'y a pas de chemin visible sur Openstreetmap autour du manoir, c'est parce que le domaine autour est absolument énorme et recouvre à lui seul tout un bout de versant de la vallée. Il n'y a pas de façon "officielle" de rentrer dedans et je soupçonne que c'est un roncier impraticable sur beaucoup de sa surface.

Tout ça me rappelle aussi qu'un peu plus loin vers Saint-Rémy, il y a aussi des petits ateliers abandonnés, tout au fond de la vallée avant la Guieterie, qui seraient supposément des vestiges d'une activité de tannerie jadis florissante dans cette partie de la vallée.

C'est intéressant que tu mentionnes des lieux relativement loin de tes bases habituelles. Pour ma part j'ai découvert Glauqueland en cherchant des informations sur un manoir abandonné juste à côté de chez mon père (= de chez moi quand j'étais au lycée), que Glauqueland présentait à l'époque sous son nom officiel.

Depuis, Tim a remis ur le site le nom "manoir de Monsieur Hugo", car la réhabilitation du lieu est tombée à l'eau d'une part, et d'autre part parce que l'urbex s'étant popularisée, il veut désormais éviter encore plus strictement qu'avant de donner la localisation exacte des lieux qu'il visite pour les protéger de dégradations potentielles.

Mais je pense que tu connais cet endroit, ou du moins que tu puisses facilement retrouver où il se trouve puisque du coup il n'est pas très loin de tes propres bases, quoique pas aussi proche d'Orsay que le viaduc des Fauvettes aussi présenté sur GlauqueLand, que, pour le coup je sais que tu connais. Personnellement je l'ai découvert assez tard et totalement par hasard, en grimpant sur la crête de la Hacquinière, qui est le seul endroit d'où on puisse le voir, hors du vallon où il se situe. Il est un peu caché de tous les côtés, et c'est ce qui fait son charme (malgré les quelques tragédies qui s'y sont produites).

Mais sur la même ligne de train abandonnée (que nous connaissons bien sur ce blog :D), un peu plus loin au nord, dans la forêt dans la direction de Bure, il y a un petit tunnel dans lequel on peut s'aventurer qui a la propriété intéressante qu'il ne présente absolument aucun danger (il est parfaitement droit et on n'a aucune chance de s'y perdre ou de s'y faire mal en pleine journée), mais d'être juste assez long pour être un peu ténébreux et effrayant, ou en tout cas pour exciter l'imagination.

Personnellement j'ai jamais trop pratiqué l'Urbex par une combinaison de peurs irrationnelles avec d'autres parfaitement rationnelles (telles que "si je me fais griller par les voisins"/"si le bâtiment me tombe dessus"/"y a pas l'air d'y avoir des trucs intéressants là-dedans"/"et si en fait c'était pas vraiment abandonné"/"pas envie de marcher dans des excréments de squatteurs"/"pas envie de rencontrer des squatteurs"/etc), et aussi parce que j'ai toujours été très solitaire et que c'est difficile d'en faire tout seul, mais j'ai toujours trouvé intéressant de constater qu'il y avait en fait pas mal de maisons abandonnées en vallée de Chevreuse, ou en tout cas plus qu'on ne pourrait le croire. Même la "maison du Fada" à Gif semble abandonnée.