Comments on Un exposé sur la métaphysique (dont je n'ai rien compris)

Dyonisos (2016-09-12T21:43:39Z)

Par exemple, sur un sujet aussi rebattu en métaphysique contemporaine que celui des dispositions, un article relativement récent de Kistler
http://max.kistler.free.fr/articles/MK50.pdf
ne donne pas du tout prise à mon avis aux défauts rédhibitoires évoqués, des qualités de précision et de clarté me paraissent au contraire y résider.

Dyonisos (2016-09-12T21:39:26Z)

J'ai eu la curiosité il y a quelques années de lire la prose et d'écouter des conférences du même auteur Frédéric Nef. A la différence de Ruxor, je suis plus familier avec cette littérature, le vocabulaire mobilisé et même le type d'enjeux/problèmes visés. Sans m'échiner ici à justifier et pour aller directement au verdict, aussi injuste soit-il peut-être sur le fond mais correspondant à mon impression subjective :
1) je trouve aussi que Frédéric Nef a un côté très jargonnant. Au final ce n'est pas à mon avis un souci de simple expression mais ça touche plus profondément au fond. Mais je peux me tromper.
2) il faut bien avoir conscience du caractère exogène de ce type d'exposé par rapport à la tradition et la formation française. Nef se revendique expressément de la tradition analytique (ultra-dominante au niveau mondial) où la métaphysique n'a jamais connu de mort complète et connaît même depuis au moins la fin des années 70 un foisonnement prolifique avec mille directions passionnantes. A mon avis, à part Max Kistler, il y a très peu de choses intéressantes en France qui tiennent cependant la route et très souvent des auteurs (comme Nef ou, pire à mes yeux, l'occupante du Collège de France Tiercelin), agitent la mousse des articles anglophones qu'ils lisent et en ressortent quelque chose de peu digeste. En tout cas c'est le ressenti que j'en ai.
3) des auteurs comme Daniel Dennett s'inscrivent évidemment aussi dans ce courant et des questions qu'il traite comme celui du lien matière-esprit (au sens de mind) relève ultra-classiquement de la métaphysique, ce dont il ne se défend d'ailleurs nullement.
Bref, ce que tu as vu et qui a nourri un jugement que je rejoins par d'autres chemins ne vaut que tant qu'il se limite aux "travaux" d'un chercheur, à la limite symptomatique de l'école française contemporaine de métaphysique dans la plupart de ses représentants (quoique le côté jargonneux de Nef est assez unique en son genre, seul Tiercelin fait pire à mes yeux), et il ne faut en tirer aucune conséquence sur l'état de la métaphysique contemporaine en général.

Angelos (2016-08-21T19:43:55Z)

A part le cas extrême de Mochizuki, n'y a-t-il pas aussi le cas Louis de Branges de Bourcia?

frankie (2016-06-09T20:54:49Z)

Il n'y pas deux attitudes, mais un spectre d'attitudes qui vont d'un extrême à l'autre.
Et disant ceci, on est encore loin de décrire la complexité des choses.
J'illustrerai -chichement- celle-ci avec deux cas particuliers qui me viennent spontanément à l'esprit.
Un chercheur investit toute son énergie et sa passion dans ses travaux de jeunesse couronnés par une thèse qui le fait entrer dans le gotha des chercheurs appointés. Plus rien dès lors ne se goupille aussi bien pour qu'il prolonge son travail d'élite par une oeuvre de maturité. Le temps qui fuit, les responsabilités qui pleuvent comme à Gravelotte, une vie de famille qu'il ne se décide pas à sacrifier, une prise d'avance qui a fondu comme neige au soleil, une motivation dont le souffle s'est épuisé, la saga des petits soucis quotidiens… Bref, il ressortira avec quelques variantes de circonstance chapitre après chapitre ce qu'il pourra de ses travaux pionniers.
Un chercheur de longue date a pioché dans différents domaines, a extrait ici des pépites, là du vil métal. Son caractère impétueux l'a aliéné d'une communauté scientifique où l'image de soi compte au moins autant que la qualité propre de son travail, et où le culte des anciens permet d'asseoir sa propre autorité qui vise pour l'essentiel à en transmettre l'aura. Je marque un peu trop les caractères, certes, mais qui peut avec une absolue certitude démarquer le génie de l'escroc -disons plutôt et sans tant d'emphase de l'honnête homme qui se trompe- chez celui qui sort nettement des sentiers battus ?
On estime, en grande partie à tort, que le temps leur rendra justice, à ces prophètes méconnus. Maigre consolation, et bien aléatoire ! L'histoire n'est souvent réécrite que par ceux qui ont vaincu.
L'inquiétant chez Mochizuki, c'est ce s'il a tort, pour le démontrer, un matheux de très haut niveau (ou probablement plusieurs) devra y consacrer un nombre non négligeable d'années, au détriment de toute autre chose, les travaux de Mochizuki semblant passablement déconnectés de ce qui se fait ailleurs, leur inanité, si avérée, conduisant de fait à une impasse. Et en mathématique, la probabilité qu'une preuve soit exacte est le genre de billevesée que l'on évite… Même si pour la forme on veuille bien se montrer optimiste (prudent) ou pessimiste (avec l'espoir d'être détrompé)…

Ruxor (2016-06-09T19:05:59Z)

Entre la bonne science et l'escroquerie, il y a tout le champ des gens qui sont eux-mêmes honnêtement persuadés de faire quelque chose de juste et d'intéressant, et qui se trompent (de bonne foi, donc). Je pense qu'ils sont beaucoup plus nombreux que les escrocs, même si bien sûr les frontières ne sont pas totalement nettes (aux deux bouts). Et ça arrive en maths : par exemple, malgré beaucoup d'efforts de beaucoup de gens, on ne sait toujours pas où la théorie de Teichmüller inter-universelle de Mochizuki se situe sur le spectre entre le sérieux et le crackpot, ni si l'auteur a démontré la conjecture a·b·c (ou fait un progrès dans ce sens, ou pas du tout). C'est assez rageant (même si des gens commencent à montrer un optimisme prudent).

frankie (2016-06-09T17:24:15Z)

Disons qu'en math, et je rejoins Ooten, l'escroquerie demande plus de talent encore que l'honnêteté.
Contrairement à la physique, pour ne citer qu'elle, où des escrocs notoires et certifiés tels par un organisme comme le CNRS font des cartons dans le rayon dit scientifique des librairies "grand public".
Et inversement !
Ceci dit, je trouve consternant qu'en guise de vulgarisation on ne soit pas capable de développer un plan susceptible de délivrer une once du savoir de pointe à des néophytes curieux. L'esprit d'ouverture ne semble pas guider quelques supposés grands esprits…
Pour ma part, ayant à organiser ce genre de réunion, je demanderais aux spécialistes dans la salle du domaine présenté, à défaut de s'absenter, de s'abstenir de poser des questions. Ils ont suffisamment l'occasion de se les poser entre eux ou d'en connaître les réponses par un procédé quelconque.

SB (2016-06-08T15:21:47Z)

Personne pour rebondir sur cette affirmation d'Ooten: « Au moins en math il ne peut y avoir d'escroquerie » ?

Cum grano salis (2016-06-08T11:58:04Z)

La métaphysique est morte il y a bien deux siècles alors vouloir réveiller un mort c'est créer une espèce de zombie dans le domaine de l'intelligence !
Un peu comme si un astronome voulait sérieusement remettre en selle l'astrologie …

On peut juste parler de l'astrologie et de la métaphysique en tant qu'historien de la philosophie ou des sciences cum grano salis (avec un gros grain de sel) !

Régis (2016-06-08T08:14:38Z)

Dans mon expérience et dans un tout autre domaine j'ai retiré l'idée que 20 minutes sont un très mauvais format. En 10-12 minutes on est tenu d'être dans le sujet et d'être clair. En vingt, on a le temps d'essayer de développer mais c'est illusoire et on finit par embrouiller l'auditoire en pure perte.

DH (2016-06-08T05:48:06Z)

Sinon, y avait-il d'autres interventions auxquelles tu as assisté et qui t'ont semblé intéressantes ?

DH (2016-06-08T05:39:51Z)

<point de détail>
le "dont" du titre du billet choque mon oreille. "Auquel" m'aurait semblé bien plus naturel.
</point de détail>

ooten (2016-06-08T01:15:11Z)

C'est pénible de devoir décoder ces discours de pseudo-intellectuels car comment savoir si ce sont de pures foutaises ou si elles ont un sens caché : j'ai l'impression qu'en philo parfois on dit des choses simples de façon compliqué mais aussi on dit de façon compliqué des choses qui n'ont plus de sens. Au moins en math il ne peut y avoir d'escroquerie :-)


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