Comments on Quelques mécanismes de la déprime

Anonymous Coward #1148 (Tomtom) (2004-07-21T21:25:40Z)

Je ne suis pas très sûr que ce ne soit pas intéressant, moi… Ça aide parfois à remplacer les cercles par des carrés, de (se ?) raconter les cercles, non ? Mais je reconnais que c'est plus dur à dire qu'à faire ;-)

Anonymous Hero (2004-07-21T17:43:16Z)

Du Réel et de la Réalité.

Peut-être faut-il courageusement se prémunir de la lucidité déprimée comme des effets de l'hypoxie. Se dire que ce qui semble réel ne l'est pas, et se fier à sa mémoire comme à un sens supplémentaire et sûr.

Je te cite un passage de "La force de l'âge" de Simone de Beauvoir : "…Le Dr Lagache lui proposa de venir à Sainte-Anne se faire piquer à la mescaline; cette drogue provoquait des hallucinations et Sartre pourrait observer le phénomène sur lui-même. Lagache l'avertit que l'aventure serait peu agréable ; cependant, elle ne comportait aucun danger. Sartre risquait tout au plus de présenter pendant quelques heures "des conduites bizarres".
Je passai la journée Bd Raspail avec Mme Lemaire et Pagnez. En fin d'après-midi, comme nous en étions convenus, je téléphonai à Sainte-Anne : Sartre me dit d'une voix brouillée que mon appel l'arrachait à un combat contre des pieuvres où certainement il n'aurait pas eu le dessus. Il arriva une demi-heure plus tard. On l'avait étendu sur un lit, dans une chambre faiblement éclairée; il n'avait pas eu d'hallucination ; mais les objets qu'il percevait se déformaient d'une manière affreuse : il avait vu des parapluies-vautours, des souliers-squelettes, de monstrueux visages; et, sur ses côtés, par derrière, grouillaient des crabes, des poulpes, des choses grimaçantes. Un des internes s'en était étonné ; chez-lui avait-il raconté, quand la scéance avait été finie, la mescaline avait eu des effets tout différents; il avait gambadé dans des prairies en fleurs, parmi de merveilleuses houris. Peut-être, s'il s'était attendu, au lieu de cauchemars, à ces délices, Sartre se serait-il orienté vers ces visions paradisiaques, se disait-il avec regret. Mais les prédictions de Lagache l'avaient influencé. Il parlait sans gaieté, tout en observant d'un air méfiant les fils téléphoniques qui couraient sur le tapis. Dans le train il se tut beaucoup. Je portais des souliers en lézard dont les lacets s'achevaient par des espèces de glands; il s'attendait à les voir, d'une minute à l'autre, se transformer en gigantesques scarabées. Il y eut aussi un orang-outan, suspendu sans-doute par les pieds au toit du wagon, et qui collait à la vitre une face grimaçante. Le lendemain, Sartre allait très bien et il me reparla de Sainte-Anne avec détachement."


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