David Madore's WebLog: Les derniers jours de Versailles d'Alexandre Maral et Sept Jours d'Emmanuel de Waresquiel

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(mercredi)

Les derniers jours de Versailles d'Alexandre Maral et Sept Jours d'Emmanuel de Waresquiel

J'ai fini il y a quelques semaines déjà de lire le premier livre nommé dans le titre de ce billet, mais j'étais trop occupé à ranter sur plein d'autres sujets pour en parler (la manière dont je rédige ce blog rend difficile la rédaction de plusieurs entrées en parallèle, et c'est d'ailleurs un problème avec l'inflation de taille — et donc de temps pour les rédiger — que je n'arrive pas à contrôler).

☞ Les Derniers Jours de Versailles

Les derniers jours de Versailles d'Alexandre Maral (2018, édition revue et augmentée 2022) est un livre qui expose, de façon assez scrupuleusement chronologique, le déroulement de la première année de la Révolution française, dans la ville de Versailles. Autrement dit, il commence le et suit le déroulement des grandes journées de la première phase de la Révolution, et des moins grandes journées entre elles, jusqu'au départ de Louis XVI (le ), puis de l'Assemblée nationale, pour Paris. À de petites exceptions près (parce qu'on ne peut pas complètement s'épargner d'évoquer au moins allusivement ce qui s'est passé ailleurs), l'auteur s'impose cette unité de lieu : Versailles, et uniquement Versailles. Et à part brièvement dans un prologue pour rappeler le contexte, et tout aussi brièvement dans le chapitre final pour évoquer le devenir du château lors de la suite de la Révolution et la vision rétrospective du roi dans l'épilogue, il se tient aussi à cette unité de temps : 1789, et uniquement 1789. En outre, l'auteur s'interdit la prolepse : les événement nous sont narrés tels que vécus au moment où ils se sont déroulés, du moins autant que l'historien peut les reconstituer, mais sans la perspective du recul temporel : l'idée est de restituer, autant que possible, l'enchaînement serré des événements à la lumière de la perception qu'en ont eue les habitants du lieu — souverains, courtisans, députés, citadins. Comme l'explique Maral dans l'introduction de ses Derniers jours de Versailles :

Pour l'historien aujourd'hui, qui connaît la suite de l'histoire, les événements de 1789 ont un sens que leurs contemporains, surtout à Versailles, ont été loin de pouvoir comprendre. En outre, déconcertés par l'enchevêtrement des faits, des questions, des enjeux, ils ont été, dans bien des cas, incapables de développer une analyse critique et d'opérer un tri susceptibles de fonder une conduite rationnelle. Pour autant, sans recul, partielle et partiale, cette vision déformée est dans une certaine mesure plus authentique que la relation faite a posteriori par l'historien. Elle seule permet de comprendre le déroulement de certains faits qui nous surprennent aujourd'hui, comme la séance royale du  […].

La table des matières donnera une idée du contenu :

  • Introduction. C'est donc une révolte ?
  • Prologue. La révolution royale
  • I. Jeudi , la cérémonie de l'ordre du Saint-Esprit
  • II. La France vue de Versailles
  • III. La préparation des états généraux
  • IV. Lundi , la procession d'ouverture des états généraux
  • V. Mardi , la première séance
  • VI. Les états généraux en marche vers l'Assemblée nationale
  • VII. Mercredi , la fin de la monarchie absolue
  • VIII. Samedi , le serment du Jeu de paume
  • IX. Mardi , la séance royale
  • X. Mardi , la prise de la Bastille
  • XI. Mardi , l'abolition des privilèges
  • XII. L'été indien de la monarchie
  • XIII. Mercredi , la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen
  • XIV. Les grands débats de septembre
  • XV. Jeudi , le banquet de l'opéra
  • XVI. Lundi , Versailles assiégé
  • XVII. Mardi , le dernier jour de Versailles
  • XVIII. L'Assemblée sans le roi
  • XIX. Tâchez de me sauver mon pauvre Versailles
  • Épilogue. L'année sans pareille
  • Références
  • Index

Alexandre Maral est conservateur général et directeur du centre de recherches du château de Versailles.

☞ Sept Jours

En même temps, il est impossible de parler du livre de Maral sans évoquer aussi, tant leur sujet est proche, celui d'Emmanuel de Waresquiel, Sept Jours (2020), consacré aux journées du  au  et sous-titré La France entre en révolution, que j'ai lu il y a deux ans (et que je n'ai pas relu, seulement rapidement reparcouru, pour écrire ce billet, donc mon souvenir n'est pas forcément exact). Ces deux livres, qui livrent une perspective toute différente, sont complémentaires. La période de temps ciblée par Waresquiel, qui va de la constitution de l'Assemblée nationale jusqu'à la « séance royale » le mardi suivant, est encore plus étroite (une semaine !) que celle que choisit Maral, mais c'est une étroitesse en trompe-l'œil, car le propos de Waresquiel n'est pas de suivre l'ordre chronologique et de rester enfermé dans une unité de temps et de lieu, mais plutôt d'utiliser cette période qu'il considère comme cruciale de la Révolution pour livrer une perspective plus large. Waresquiel écrit dans l'avant-propos de ses Sept Jours :

On l'aura compris, il y a dans ce livre plusieurs scènes. Je ne reste pas à Paris et à Versailles. Je ne me cantonne pas non plus aux sept « premiers » jours de la Révolution. Je regarde en arrière et parfois en avant. Je me promène à travers la France : celle des émeutes parlementaires de juillet 1789, des élections de mars et d'avril 1789, celle des sociétés de pensée, des journaux, des pamphlets et de l'opinion — ce que Jürgen Habermas appelle l'espace public du politique, qui à cette époque arrive à maturité.

Je ne recopie pas la table des matières du livre de Waresquiel parce que c'est un peu long : 82 brefs chapitres, regroupés en trois grandes parties, Le roi ou la nation ?, Nous le jurons et Échec et mat ; mais disons qu'ils sont plus thématiques que strictement chronologiques (exemple de titre de chapitre : Violences électorales — il y parle du climat de peur dans lequel se sont déroulées les élections d'avril 1789). Waresquiel est chercheur à École pratique des hautes études.

☞ Différence d'approche

Disons aussi que Waresquiel s'adresse clairement au grand public (dont je fais partie : ce n'est pas un reproche) : au public féru d'histoire, sans doute, mais probablement pas aux historiens de métier : il écrit comme quelqu'un qui cherche un succès d'édition, donc à captiver son lectorat, et n'hésite pas à livrer sa vision et ses réflexions personnelles ou à jouer de la rhétorique (autre exemple de titre de chapitre : Élections, piège à cons) ; tandis que le livre de Maral semble plus académique, et peut-être même un peu froid par moments : il s'adresse aussi au grand public, bien sûr (ce n'est pas un ouvrage de recherche stricto sensu, comme en témoigne le fait que les références ne sont pas collectées dans des notes en bas de page), mais il garde un style dans lequel je crois reconnaître celui de l'historien habitué aux publications de recherche plus qu'aux éditions grand public (là non plus ce n'est pas un reproche : j'ai aussi l'habitude de lire les publications académiques, et quoique certainement moins souvent en histoire qu'en maths, ça m'arrive).

J'ai beaucoup aimé ces deux livres, même si celui de Waresquiel m'a semblé peut-être plus désordonné si bien que j'ai préféré celui de Maral (mais le problème est peut-être simplement qu'il eût mieux valu les lire dans l'autre ordre, celui de Maral donnant un aperçu solide et précis des faits dans leur contexte chronologique avant de passer à la mise en perspective commentée fournie par le livre de Waresquiel).

(Je vais tenter de restituer dans ce qui suit certaines des informations que j'ai retenues de ces deux livres, surtout pour la partie qu'ils traitent en commun. J'avertis néanmoins que je n'ai pas revérifié chaque information que je donne généralement de mémoire après ma lecture, et qu'il est par ailleurs possible soit que ma compréhension ait été mauvaise soit que ma reformulation ait déformé : donc même en admettant que les livres que je décris soient un reflet parfait de la réalité historique, ce qui suit n'en est sans doute pas un — c'est juste censé être un reflet de ce que j'ai retenu et de ce qui m'a intéressé.)

☞ Sur le caractère de Louis XVI

Même s'ils ne se contredisent pas, l'impression qui résulte (ou du moins, qui en a résulté sur mon esprit) de ces deux livres peut être assez différente, et complémentaire. Par exemple, pour ce qui est du tempérament de Louis XVI, Waresquiel consacre un certain nombre de pages à réfuter la description qui est souvent faite du roi comme bon mais faible et indécis, parfois même décrit comme imbécile : il (Waresquiel) note au contraire qu'il (Louis XVI) était précis et pointilleux, renfermé et amateur de solitude (qu'il trouvait notamment à la chasse), méfiant et parfois brusque, sûr de son pouvoir ; que la bonté dont on parle à son sujet peut être une projection de ses contemporains (reflet de sa popularité) ou un terme que nous comprenons de travers ; qu'il a bien su, auparavant, prendre des décisions importantes (comme renvoyer les ministres hérités de son grand-père, financer la guerre d'indépendance américaine ou abolir le servage) quand il se sentait bien conseillé, mais qu'entouré de ministres pour qui il n'a que peu de sympathie (Necker), face à des problèmes qu'il comprend mal (les finances), incapable de penser autrement qu'au travers le système absolutiste qu'il a hérité de ses prédécesseurs, ne supportant pas la contradiction, et se sentant peut-être puni par le ciel (la maladie puis la mort de son fils), il a été comme paralysé devant la crise. Maral, lui, ne cherche pas à livrer une analyse du caractère du roi, donc c'est plutôt au lecteur de la trouver dans les faits exposés ; mais Louis XVI apparaît comme plutôt animé de bonne volonté et persuadé de celle de la majorité de ses sujets, mais à la fois difficile d'accès et dépassé par les événements. Toutes ces choses peuvent être vraies à la fois : de toute façon, il est difficile de saisir ou décrire brièvement une personnalité, qui a toujours de nombreuses facettes plus ou moins difficiles à relier, même quand nous en sommes proches et familiers, et à plus forte raison celle d'un homme que nous séparent à la fois deux siècles et une position hautement ritualisée : l'historien ne peut que sélectionner ce qu'il choisit de souligner, et le lecteur ne retient lui-même qu'une partie de ce qu'on lui montre. On peut aussi mentionner que Louis XVI était gauche, d'une gaucherie renforcée par son embonpoint ou par le fait qu'il ne portait pas de lunettes alors qu'il en avait besoin (au moins pour lire) ; mais il devait aussi avoir un côté facétieux : il aimait se promener sur les toits de Versailles, et a failli perdre la vie, en mars 1789, en tombant d'une échelle où il s'était amusé à monter lors d'une telle promenade. Comme ses prédécesseurs, il aime énormément la chasse (quand il est contrarié de ne pas pouvoir y aller, il note dans son journal le cerf chassait) : il est possible qu'il ait choisi Versailles (avec toutes les conséquences de la proximité de Paris) pour les états généraux entre autres de manière à pouvoir continuer ses parties de chasse habituelles. Il paraît aussi immensément populaire au sens où même quand on lui retire son pouvoir par petits morceaux, ou qu'on envahit son palais, tout le monde passe son temps à crier vive le roi ! — il est difficile pour moi de comprendre dans quelle mesure c'était sincère ou une expression presque figée, mais en tout cas il semble que ses sujets l'imaginaient plus facilement mal conseillé que malveillant.

☞ La vision romancée de l'Histoire

Les deux livres viennent corriger, ou au moins préciser, la vision de la Révolution française qui m'a été présentée à l'école quand j'étais petit, mais aussi dans la fresque télévisée d'Enrico et Heffron dont j'ai déjà parlé ici et dont j'ai déjà dit qu'elle avait fixé dans ma tête les traits de Louis XVI à ceux du personnage joué par Jean-François Balmer. (J'ai vu d'autres fictions ou documentaires sur la période, bien sûr. Et j'ai certainement lu un certain nombre d'autres choses depuis, au moins des pages Wikipédia — qui sont elles-mêmes de qualité assez variable d'un sujet à l'autre ou d'une phrase à l'autre dans la même page — mais ça n'a pas forcément autant marqué mon esprit.) Forcément, une présentation scolaire ou télévisuelle va simplifier les choses et, en simplifiant, va grossir le trait : dans la série de 1989, si Louis XVI garde une certaine complexité, beaucoup d'autres choses ou personnages sont réduit au point d'en perdre toute profondeur : Necker est présenté comme le ministre intègre sans ambition personnelle et qui a tout compris, et les députés du tiers-état agissent comme un seul homme (en l'espèce, Mirabeau, incarné par Peter Ustinov). Et la séance royale du , dans cette fiction, voit Louis XVI venir juste dire je déclare nulles et inconstitutionnelles les décisions de la prétendue Assemblée nationale qui s'est réunie malgré mes ordres ; je suis l'unique garant du bien de mon peuple, et si vous m'abandonnez dans une si belle entreprise, alors c'est vous qui serez abandonnés, et pas moi ! je vous ordonne de vous disperser sur-le-champ et de vous rendre demain matin dans les chambres affectées à vos ordres respectifs pour y reprendre vos séances — ce n'est qu'un prétexte pour représenter l'affrontement verbal qui n'est que trop connu (et dont les deux livres que je décris ici consacrent un certain temps à analyser l'historicité) entre Dreux-Brézé et Mirabeau (la légende fait dire à ce dernier nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n'en sortirons que par la force des baïonnettes, et dans la série il le dit sous les applaudissements). La vérité est bien plus complexe, évidemment : Necker était lui aussi un homme complexe, ambitieux et soucieux de son image et de sa popularité (et qui a tenu à écrire sa propre version des choses après les faits, laquelle n'est pas forcément conforme à la réalité) ; les députés du tiers-état se disputaient tout le temps sur tout ; et la séance royale a vu Louis XVI proposer d'authentiques concessions, même si elles étaient trop tardives, trop hésitantes et très en-deçà de ce que les députés du tiers réclamaient, mélangées à une tentative de fermeté ; et Mirabeau n'a sans doute pas parlé du peuple dans son adresse à Dreux-Brézé (peut-être plutôt de vœu de la nation) et peut-être pas non plus de baïonnettes (mais de force matérielle ?), et d'ailleurs tout le monde n'était pas content qu'il prenne ainsi la parole, au nom d'une assemblée dont il n'était pas le président, et en utilisant des termes inutilement discourtois.

C'est peut-être le principal problème des représentations que nous voulons nous construire de l'Histoire, parce que nous aimons que les choses aient un sens clair, parce que nous aimons les fictions où les personnages tiennent leur rôle et où les scénaristes savent où ils vont : que d'oublier que, dans la réalité, les gens hésitent et changent d'avis, les événements sont brouillons et naissent au moins aussi souvent de malentendus et de hasards que de confrontations, et que ces dernières aboutissent parfois à des compromis boiteux et confus et pas toujours des victoires claires. Nous oublions aussi combien les gens ont du mal à se comprendre les uns les autres, tant leurs modes de pensée ou leur éducation peuvent différer. Je ne suis pas historien, mais j'ai suffisamment vécu et observé l'actualité pour savoir combien la réalité fait un mauvais film et combien les humains sont mauvais pour communiquer, et il n'y a aucune raison de croire que ç'aurait été différent il y a 234 ans ou 1000. Le livre de Maral, sans être lui-même mal écrit, rend très bien le caractère « mal écrit » de l'Histoire.

☞ Difficulté à communiquer

L'année 1789 à Versailles est intéressante en ce qu'elle concentre tous les malentendus. Il y avait d'énormes attentes autour de la convocation des états généraux (qui n'avaient pas été réunis depuis 175 ans), mais tout le monde attendait quelque chose de différent (le roi, Necker, les députés de chaque ordre et au sein de chaque ordre, le peuple…) et ces incompréhensions ont éclaté au grand jour. Les députés (et pas seulement ceux du tiers-état) ne comprennent pas ce monde étrange qu'est la cour de Versailles, avec ses codes archaïques et incompréhensibles, ses querelles de préséance, ses intrigues et ses jeux de pouvoir, dans lequel Louis XVI est enfermé.

Il y a par exemple cette scène surréaliste, le , où Bailly, qui est alors doyen des communes — c'est-à-dire de la chambre du tiers-état — et pas encore président de l'Assemblée nationale, cherche à rencontrer le roi pour savoir quand celui-ci pourra recevoir une députation, et qui montre bien la difficulté à s'adresser à lui : Bailly va d'abord voir Necker pour lui demander conseil, ils vont ensemble au palais, Necker voit le roi et revient avec la réponse que Louis XVI veut bien recevoir Bailly, mais à condition de passer par le ministre en charge des états généraux, c'est-à-dire le garde des sceaux[#] Barentin ; Bailly va donc trouver Barentin chez lui, mais Barentin est sorti dîner, et il rentre tard, et quand quand Bailly et Barentin vont ensemble au palais, cette fois c'est le roi qui est parti (à Meudon, pour voir le dauphin qui est mourant). À un autre moment (je ne retrouve plus le passage), Bailly, qu'on devine un peu excédé, demande s'il n'y a pas moyen qu'il puisse voir le roi à tout moment et sans passer par le ministre (surtout que Barentin justement est fort mal disposé à son égard) : on lui répond que (dans le langage de l'étiquette de la cour, qui remonte à Louis XIV), avoir accès au roi à tout moment cela s'appelle les entrées familières, et qu'il n'y a que je ne sais plus qui (la gouvernante des enfants de France ?) qui a eu les entrées familières au cours des dernières décennies. On repense au film Ridicule (que je recommande vivement au passage), dont le cœur de l'intrigue est, justement, la difficulté d'accéder au roi.

[#] Ajout () : Barentin est qualifié de garde des sceaux dans le livre de Maral (où il joue un rôle important), et de chancelier dans celui de Waresquiel (où il apparaît assez peu). Il me semble que c'est Maral qui a raison : Wikipédia (qui n'a pas toujours raison, mais en l'occurrence n'a probablement pas inventé ce truc, et d'ailleurs je l'ai aussi lu ailleurs) explique que le chancelier était nommé à vie : si le roi voulait confier les sceaux (et le ministère de la justice) à quelqu'un d'autre, ce quelqu'un d'autre était nommé garde des sceaux. (Bon, on peut légitimement se poser la question de pourquoi cette règle visiblement pénible était maintenue, mais c'est une autre question.) Or le chancelier, en 1789, devait encore être Maupeou, nommé en 1768 par Louis XV (et qui avait à la fin du règne de ce dernier mené un « coup » contre les parlements, parlements que Louis XVI avaient ensuite restaurés dans leurs prérogatives, ce qui est possiblement une cause de la convocation des états généraux).

D'autres éléments du cérémonial semblent ridicules non seulement à nous qui les regardons avec plus de deux siècles de recul, mais aussi à certains qui les ont observés à l'époque. Quand le roi voulait s'adresser aux états généraux, il fallait lui installer un trône dans la salle des Menus-Plaisirs, posé sur un dais, opération d'autant plus compliquée que la salle n'était pas prévue pour, et que l'estrade n'était pas d'une très grande solidité : si les députés du tiers ont dû trouver refuge dans une salle de jeu de paume le , c'est parce que la salle des Menus-Plaisirs était fermée pour préparer les lieux pour la séance royale prévue pour le (et finalement repoussée au ). Et encore, une partie du cérémonial avait été assouplie ou modifiée : il n'a pas été demandé aux députés du tiers de s'agenouiller devant le roi (comme c'était le cas en 1614), et on a un peu modernisé leur costume, même s'ils l'ont encore trouvé humiliant. Au-delà des questions plus fondamentales (comme la procédure de vote), il y a tout un tas de petites mesquineries envers le tiers-état, qu'on leur a fait ressentir avant, pendant et après l'ouverture des états généraux, qui ont pu irriter même des gens initialement bien disposés. Par exemple, il y a tout un petit jeu avec les chapeaux lors de la séance d'ouverture (le roi se couvre après son discours, ce qui donne le droit aux députés de la noblesse de faire de même, certains du tiers en font autant alors qu'ils ne sont pas censés : le grand-maître des cérémonies Dreux-Brézé leur ordonne de se découvrir, et c'est finalement le roi qui choisit de se découvrir pour obliger les nobles à faire de même et mettre fin à la différence). Louis XVI semble avoir été au moins conscient du caractère inutilement vexatoire de certaines distinctions, comme le montre cette anecdote des chapeaux, ou le fait qu'il ait parlé de la nation (et pas des trois ordres) dans son discours d'ouverture.

Ce qui n'est pas pour dire que les députés du tiers-état ne soient pas eux-mêmes enfermés dans leur propre vision des choses. C'étaient en grande majorité des juristes (avocats ou magistrats) : le mode d'élections (à plusieurs tours, avec des assemblées intermédiaires) a fait qu'un pays comptant environ 80% de paysans n'en a envoyé qu'une toute petite poignée aux états généraux, comme le laboureur Michel Gérard dont tout le monde s'est moqué de l'accoutrement et du fait qu'il parlait mal le français. Or quand on met 600 juristes ensemble, ils passent leur temps à essayer de faire des beaux discours sans s'écouter les uns les autres, et à se disputer sur des questions de procédure et de protocole : c'est exactement ce qui est arrivé. Mais ils ont aussi fait les touristes, visitant Versailles avec curiosité et parfois avec des idées complètement fausses, ce qui leur a valu les risées de la cour. Marie-Antoinette leur ouvre l'accès au Petit Trianon, et certains députés insistent sur le fait qu'on leur cache des choses, et notamment qu'il y a quelque part une pièce entièrement garnie de pierres précieuses — rumeur dont la cour se gausse ensuite, mais qui semble assez caractéristique de la manière dont certaines fake news ont pu jouer un rôle petit ou grand pendant la Révolution. On leur distribue aussi des places pour la comédie, et certains se disent qu'on cherche à les acheter. Mais de fait, cela semble vrai, en mai 1789, que si certains membres de la cour voient l'ouverture des états généraux comme une sorte de divertissement dont ils ne saisissent pas l'importance, d'autres comprennent l'enjeu politique et cherchent immédiatement à rallier tel ou tel député possiblement influent, ou groupe de députés, en les invitant à dîner et à rejoindre leur cercle.

☞ La raison des états généraux

On m'avait enseigné à l'école que les états généraux avaient été convoqués parce que l'état des finances du royaume était exsangue, i.e., pour éviter la banqueroute. C'est sans doute largement vrai (et Louis XVI était plus ou moins obligé de supporter Necker, qu'il n'appréciait guère, parce que ce dernier rassurait les créanciers quant à la capacité de la France à rembourser ses dettes ; créanciers qui étaient d'ailleurs, en bonne partie, la même classe bourgeoise dont émanaient les députés du tiers-état). L'abandon des privilèges fiscaux de la noblesse, au moins, semblait inéluctable (mais présenté comme un sacrifice nécessitant le consentement de cet ordre, qu'on attendait de lui mais qu'on n'était pas en droit de l'obliger à faire). Mais il est aussi indéniable que le gouvernement attendait aussi des réformes dans d'autres domaines (sur la liberté de la presse, la sûreté publique, la fin des lettres de cachet, la justice… toutes ces questions sont évoquées au moins par allusion dans le discours que prononce Barentin le ). Il semble aussi qu'il était prévu de faire des états généraux une assemblée consultée périodiquement (et d'inviter ceux de 1789 à se prononcer sur le mode de désignation et la périodicité de ceux qui leur succéderaient). Peut-être sentait-on que des réformes juridiques ou sociétales étaient la contrepartie nécessaire des réformes fiscales, peut-être avait-on besoin d'acheter à ce prix le consentement du tiers-état dans des états généraux qui auraient permis de se débarrasser de l'obstruction pratiquée par les parlements. Toujours est-il que ce n'était pas uniquement une question fiscale.

☞ Impréparation

Mais ce qui est frappant pour un événement aussi important (au moins avec le recul du temps), c'est à quel point les états généraux de 1789 ont été mal préparés. Par exemple, il n'avait même pas été décidé à l'avance si les députés seraient payés, ou du moins défrayés, pour leur déplacement (or se loger à Versailles coûtait cher, y manger coûtait cher, et l'habit demandé aux députés coûtait également cher). Surtout, la procédure n'avait pas été réglée à l'avance. Déjà les élections se sont déroulées de façon assez chaotique, chaque assemblée intermédiaire fixant son propre règlement. Et jusqu'à l'ouverture des états généraux, on ne sait toujours pas si le vote, ou du moins la délibération, aura lieu par ordre ou par tête (il y avait 300 députés du clergé, 300 de la noblesse, et 600 du tiers-état, si bien que ces derniers espéraient évidemment un vote par tête). Vraisemblablement, le gouvernement espérait obtenir de la noblesse l'abandon de ses privilèges fiscaux par un vote de sa seule chambre pour ne pas qu'on puisse y voir autre chose qu'un sacrifice libre. Le garde des sceaux Barentin précise dans son discours d'ouverture que le vote pourra avoir lieu par tête si les états généraux (i.e., les trois ordres) y consentent librement et avec l'approbation du roi, ce qui est une façon de décider de ne rien décider. Necker fait un exposé interminablement long (d'un ton emphatique et ampoulé, et accompagné de toutes sortes de gestes ridicules) sur les finances du royaume, et rappelle qu'il attend des deux premiers ordres l'abandon de leurs privilèges fiscaux tout en rappelant au troisième qu'il ne faut pas essayer de ravir aux deux premiers ordres le mérite d'un généreux sacrifice, ce qui est une façon de mécontenter tout le monde. Plus largement, Louis XVI semblait avoir dans l'idée que les états généraux règlent leurs affaires eux-mêmes et lui fassent des propositions dans qu'il se mêle de leur règlement interne, mais ça ne s'est pas bien passé.

☞ La vérification des pouvoirs

Le livre de Maral répond notamment à une question que je m'étais longtemps posée : qu'ont fait les états généraux entre leur ouverture (le ) et le moment où le tiers-état s'est constitué en Assemblée nationale (le ) ? Mes cours d'histoire ont toujours semblé faire une curieuse ellipse entre les deux. En vérité, ils n'ont essentiellement rien fait, parce qu'ils n'ont pas réussi à commencer à faire quoi que ce soit, parce qu'ils ont buté sur le point de départ : la vérification des pouvoirs.

Ceci mérite des explications, parce que la notion n'est pas très clairement expliquée dans les livres dont je parle, et pourtant elle semble fondamentale. Je tire des compléments notamment d'un article de Jean-Paul Charnay, Naissance et développement de la “vérification des pouvoirs” dans les anciennes assemblées françaises (Revue historique de droit français et étranger : première partie ici (1962), suite ici (1963)).

Les assemblées de l'Ancien Régime n'étaient pas comme celles de nos jours (et 1789 a justement fait évoluer de la conception ancienne vers celle que nous avons maintenant) : lors des premiers états généraux, au Moyen-Âge, le roi convoque pour le conseiller soit des individus (grands barons, évêques…) soit des communautés entières (communautés religieuses, villes…). Les uns, quand ils ne veulent pas faire le déplacement en personne, ou les autres, parce qu'il faut bien qu'il y ait une personne qui les représente, envoient en leur place un procureur, c'est-à-dire une personne désignée pour les représenter (procuration), avec un mandat, de valeur contractuelle : le mandataire n'est pas libre de ses votes, il est lié par son mandat à ses commettants et agit en leur nom dans les limites de ce mandat. Le mandataire d'une communauté n'est pas forcément élu, il est désigné par la coutume locale de chaque communauté (par exemple il peut être nommé par les échevins de la ville), et il n'a pas forcément besoin d'y appartenir lui-même puisqu'il ne fait que les représenter. Ce n'est qu'ultérieurement que l'élection est devenue habituelle, sans pour autant mettre fin à l'idée que les mandats étaient impératifs.

La vérification des pouvoirs consiste pour l'assemblée à vérifier et à reconnaître la validité des mandats des représentants qui la constituent. Ce pouvoir était au départ exercé par le roi en son conseil, et a ensuite été délégué aux assemblées elles-mêmes. En fait, la vérification des pouvoirs ne concernait pas tant le contenu du mandat (si le mandataire outrepasse ses instructions, ce sera aux commettants d'agir en justice contre lui) que la régularité de la convocation et le fait pour telle ou telle communauté d'avoir le droit d'être représentée (plusieurs personnes pouvaient prétendre représenter la même communauté par exemple si des assemblées concurrentes avaient prétendu les représenter, ou bien il pouvait y avoir contestation sur le droit de la communauté d'envoyer un représentant, ou sur les limites de tel ou tel bailliage, etc.). Et souvent cela tournait aux querelles de préséance sur l'ordre dans lequel les députations devaient être appelées.

En 1789, l'enjeu est donc de savoir si la vérification des pouvoirs doit s'effectuer en commun, ou séparément pour chaque ordre (la vérification séparée ayant été la règle pour les états généraux sauf en 1484) : la vérification en commun suggère qu'on a affaire à une assemblée unique, et donc la délibération en commun et le vote par tête, tandis que la vérification pour chaque ordre suggère que chacun délibère séparément et dispose d'un droit de veto. En outre se pose la question du caractère impératif des mandats : un certain nombre de députés refusent le vote par tête en prétendant que leur mandat précise le vote par ordre, et des déclarations royales puis des résolutions de l'Assemblée (notamment à l'initiative de Talleyrand) cherchent à les en délier. De là cette maxime qui continue à avoir valeur constitutionnelle en droit français (Constitution française, article 27), et qui est la base de la conception actuelle des assemblées représentatives : Tout mandat impératif est nul.

☞ L'impasse

Les états généraux de 1789 ont donc passé l'essentiel du mois de mai et le début du mois de juin à se disputer sur cette question, que le gouvernement n'avait pas pris le soin de régler en amont, de la vérification des pouvoirs, prérequis à pouvoir traiter de n'importe quelle question de fond. De là une impatience grandissante de toutes les parties concernées, parce que, après tout, on avait convoqué ces états généraux pour faire quelque chose, pas pour se disputer sur comment voter. Le garde des sceaux Barentin (que le tiers-état considérait avec méfiance) a tenté d'organiser des réunions de conciliation : les commissaires du tiers-état et de la noblesse restaient sur leurs positions (en faveur d'une vérification en commun, respectivement par ordre, et d'ailleurs la noblesse a commencé à se vérifier elle-même), les commissaires du clergés se déclaraient prêts à se rallier à la solution adoptée par les deux autres ordres, et les choses ne bougeaient donc pas. (Il ne semble pas que qui que ce soit ait envisagé ou proposé de solutions de compromis du style les pouvoirs seront vérifiés doublement, au sein de chaque ordre puis des trois ordres réunis, et ultérieurement toute motion doit être approuvée par une majorité des députés de l'ensemble des états généraux et une majorité des députés de deux ordres sur trois, comme quoi ces gens n'étaient pas prêts à fonder l'Union européenne.) Et ensuite, les choses se sont envenimées quand les commissaires à ces réunions de conciliation n'arrivaient même pas à se mettre d'accord sur la manière de signer le procès-verbal de la précédente réunion de conciliation, ce qui est quand même sacrément hilarant. Le fait que le dauphin soit décédé à peu près quand les choses s'envenimaient (le ) n'a évidemment pas aidé à rendre le roi plus facile à rencontrer ni les blocages à être surmontés.

☞ De la constitution de l'Assemblée nationale…

C'est dans cette condition d'impasse que le tiers-état a fini, le , sur l'initiative de Sieyès, par se proclamer Assemblée nationale et représentante de la nation, et par inviter les députés des deux autres ordres qui ne l'avaient pas déjà fait à se joindre à elle (ce que Louis XVI finira par leur demander le ). Mais l'Assemblée nationale nouvellement déclarée ne s'arrête pas là : elle mène un véritable coup d'État en annulant tous les impôts comme illégitimes et en les restaurant provisoirement mais seulement tant qu'elle continue à siéger (ce qui est une façon de menacer le roi — qui avait au moins implicitement reconnu la compétence fiscale des états généraux — que s'il tente de disperser l'Assemblée, les impôts cesseront d'être prélevés). Ils en profitent aussi pour déclarer la dette publique sous la garde de l'honneur et de la loyauté de la nation française (c'est-à-dire de ne pas la répudier, une façon de chercher à rassurer les créanciers de l'État, dont certains devaient faire partie). Dans les faits, ils revendiquent le pouvoir législatif et mettent donc fin (au moins dans la mesure où leur coup d'état réussit, ce qui n'était pas si évident à ce moment-là) à la monarchie absolue.

Les deux livres que je cite sont unanimes sur l'importance de cette date du  : Maral y voit la fin de la monarchie absolue tandis que Waresquiel y fait commencer ses sept jours. Madame de Staël (la fille de Necker) écrira ce décret [du ] était la révolution même. La date du serment du jeu de paume, le , semble beaucoup moins importante même si l'histoire (au moins celle de la légende nationale) l'a peut-être plus retenue.

☞ …à la séance royale

Ce qui est incroyable, c'est combien le roi a été lent à réagir. Sept jours, c'est peut-être une période courte pour en faire un livre d'histoire, mais c'est interminable quand il s'agit de réagir à une révolution. Son frère le comte d'Artois (futur Charles X), devenu le point de ralliement de la noblesse, préconise la fermeté. (Talleyrand serait venu lui rendre visite pour recommander la dissolution immédiate des états généraux. Il aurait existé un projet pour exiler chacun des trois ordres dans une ville différente et mettre le roi en sécurité dans une quatrième. Il ne semble pas clair à quel point ces projets étaient sérieux, ou portés à la connaissance du roi.) Barentin considère que la division en trois ordres fait partie de la constitution du royaume et que ni les états généraux ni le roi ne peuvent l'abolir. Necker recommande de ne pas brusquer le tiers état et formule une proposition de compromis. Le roi, visiblement désemparé par des avis contradictoires, tient plusieurs conseils (à Versailles et à Marly), mais passe aussi du temps à chasser et en diverses cérémonies, avant de se décider finalement. Il adopte l'essentiel de la proposition de Necker, mais revient sur plusieurs des concessions qu'elle contenait (comme l'accès de tous sans conditions à tous les offices civils et militaires) : son ministre le prévient que ces modifications compromettent l'équilibre de l'ensemble. Necker prévient aussi le roi que lors de son adresse aux députés, il devrait au moins commencer par leur donner les bonnes nouvelles (les différentes concessions, notamment en matière fiscale) avant les mauvaises (c'est-à-dire le fait que le roi déclare nulles, illégales et inconstitutionnelles les décisions prises par le tiers-état le ) : le roi n'en tient pas compte.

Lors de la séance royale du où ces décisions sont lues, Necker est absent (il n'en avait pas informé Louis XVI, et cela a été perçu de toutes part comme un affront) : façon de montrer par sa chaise vide sa désapprobation pour la manière dont son projet a été dénaturé. Ce fait, comme le fait que le discours de Barentin commence par exiger que l'ancienne distinction des trois ordres soit conservée en son entier comme essentiellement liée à la constitution du royaume et par déclarer nulles les mesures de l'Assemblée nationale autoproclamée, font que le tiers-état n'entend rien des concessions offertes dans la suite de l'exposé, qui ne sont pourtant pas négligeables. C'est ce qui mène à cette fameuse confrontation où les députés du tiers-état décident de rester dans la salle malgré l'ordre qui leur est donné de se disperser ; ils renouvellent les décrets de la semaine précédente, et se déclarent inviolables. Une foule de mécontents envahit la cour du château, à laquelle les gardes n'opposent essentiellement aucune résistance, et Necker est porté en triomphe. Ce soir-là, essentiellement, Louis XVI capitule : il ne fera pas arrêter les députés du tiers-état qui lui ont tenu tête, et désormais il a complètement perdu la main sur les événements. C'est là que s'achèvent les sept jours du livre de Waresquiel.

Je sais que les historiens n'aiment pas l'histoire-fiction, mais on ne peut s'empêcher de se demander ce qui se serait passé si Louis XVI avait écouté Necker complètement et pas seulement à moitié (ou si, au contraire, il avait opté pour la fermeté). Ou bien si le programme présenté le , presque une constitution, avait été proposé par le gouvernement dès l'ouverture des états généraux. On ne peut s'empêcher de se demander à quel moment le roi a vraiment perdu une chance raisonnable de conserver sa couronne, ou sa tête : était-ce le  ? ou bien plus tôt ? avant même 1789 ?

☞ Quelques mots sur la suite

La suite de l'histoire (réelle, pas fiction) est intéressante, mais je ne la retrace pas dans ce billet, qui est déjà trop long. La suite, c'est notamment le rôle grandissante joué par le peuple, la foule (et notamment de ceux de Paris, mais aussi de Versailles même). Je ne sais pas comment, mais je m'étais fait l'idée que la prise de la Bastille le était un non-événement qu'on a choisi d'ériger en symbole : je découvre que c'est faux. (Autre idée fausse : que l'Assemblée nationale avait une bonne maîtrise des événements ; en fait, certains n'étaient pas moins terrifiés que la cour.) Cette suite est néanmoins un peu plus difficile à suivre (dans le livre de Maral), parce que les événements où interviennent des masses de gens, parfois en plusieurs endroits à la fois, sont plus complexes à décrire, et plus difficile pour le lecteur à visualiser, que les intrigues politiques. (Et comme j'avoue que je n'avais pas bien fait attention à la distinction entre gardes françaises, gardes suisses, gardes du corps, cent-suisses, j'ai un peu été largué dès qu'il était question de ces différentes compagnies.)

☞ Divers livres

Quoi qu'il en soit, je recommande ces deux livres, et un peu plus chaudement celui de Maral. Tant qu'à faire, et tant qu'à parler de livres d'Histoire, si on veut en savoir plus sur l'histoire de la cour de Versailles avant 1789, j'ai aussi aimé La cour de Versailles aux XVIIe et XVIIIe siècles de Jacques Levron (1965, réédité en 1999 et en 2010 et sans doute d'autres fois depuis) ; j'ai été moins intéressé, en revanche, par Vivre à Versailles (Derrière la façade, la vie quotidienne au château) (2008, réédité en 2014) de William Ritchey Newton, mais si on veut savoir comment on mangeait, lavait son linge, s'éclairait, allait aux toilettes, etc., au château de Versailles au XVIIIe, c'est l'ouvrage à consulter ; enfin, si on veut en savoir plus sur le quadrisaïeul de Louis XVI (c'est-à-dire Louis XIV) et son quotidien, Le Roi-Soleil se lève aussi (2000) de Philippe Beaussant m'a bien plu.

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