David Madore's WebLog: Hello lockdown my old friend, I've come to talk with you again

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(dimanche)

Hello lockdown my old friend, I've come to talk with you again

Je ne résiste pas à commencer ce billet en parodiant Marx :

Les épidémiologistes font remarquer que, dans une pandémie, les confinements se produisent deux fois. Ils ont oublié d'ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde comme farce.

La France (comme le Royaume-Uni et quelques autres pays européens) est entrée dans le volet « farce » de cette lamentable histoire, avec un nouveau confinement dont plus personne n'est capable d'expliquer à quoi il est censé servir. Le premier avait au moins pour le défendre qu'on pouvait espérer profiter d'une pause forcée de l'épidémie pour mettre au point de nouveaux protocoles prophylactiques ou thérapeutiques pour lutter contre elle, déployer de nouvelles ressources, etc. Mais cette fois il n'y a aucune perspective particulière que les choses soient meilleures à la fin du deuxième confinement qu'à la fin du premier dont il ne fait qu'illustrer l'absurdité, et la seule perspective que proposent les confinementistes est d'en avoir un troisième, puis un quatrième, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'arrive un vaccin providentiel. La farce atteint des niveaux de grotesque tels qu'on en vient à interdire la vente de chaussettes dans les supermarchés (pas pour des raisons de santé publique mais pour éviter une concurrence déloyale avec des commerces qui ont été obligés de fermer pour des raisons de santé publique — c'est une fuite en avant) : je pense que ce gouvernement n'a plus aucune crédibilité à force de ne savoir jouer que la carte de la répression.

Il me semble constater que l'adhésion collective à la politique du confinement (à la fois celle qui s'exprime sur son principe dans l'opinion, et celle qu'on observe sur le terrain) a énormément diminué par rapport à mars, ce qui me donne quelque espoir pour la suite, mais le présent reste bien sombre.

Bien sûr, cette vague épidémique finira par passer, confinement ou pas confinement. Les défenseurs de la mesure pourront de toute façon avoir raison : si elle passe avec peu de dégâts, ils pourront se vanter c'est parce que nos mesures ont été efficaces !, et si elle est très meurtrière, ils pourront expliquer c'est parce que nos mesures n'ont pas été bien respectées !. (Je pense que c'est leur plan — pas forcément explicitement assumé comme tel, mais plutôt intériorisé sous la forme prenons des mesures, pour montrer que nous agissons, et la suite ne sera plus notre problème ; ce ne serait pas la première fois qu'on prendrait en France des mesures sans se donner ensuite le moyen de les faire respecter, pour le bénéfice de la gesticulation politique, et sans se soucier de l'arbitraire juridique que cette situation engendre, parce que bien sûr ceux qui seront condamnés pour non-respect du confinement ce ne sont pas la classe de privilégiés qui décident de ce genre de choses.)

Je suis hors de moi de colère. Contre les épidémiologistes qui voient le monde par le petit bout de la lorgnette de leur discipline et qui, pétris de l'hubris de sauver des vies pour ce qui relève de leur champ d'action, conseillent à la société des remèdes de cheval dont ils ne se soucient pas de savoir quels sont les coûts ni les conséquences ailleurs en termes de vies brisées, de suicides, de troubles psychologiques, de casse sociale, de destruction des libertés publiques, et — oui, il faut quand même l'évoquer — d'impact économique. Contre les gouvernements qui n'écoutent qu'un seul son de cloche, qui n'ont comme seul mode de pensée que la répression, qui ne savent que répéter leurs erreurs passées comme des shadoks espérant que ça va finir par marcher, et dont l'impréparation n'a cette fois plus aucune excuse. Contre les catastrophistes sanitaires, qui agitent les pires chiffres surgis de nulle part (400 000 morts ! pas un pays du monde, confinement ou pas confinement, ne s'approche de ce taux de mortalité, mais peu importe : il faut laisser croire qu'il n'y a que deux possibilités, tout le monde en prison ou ne rien faire du tout et laisser les cadavres s'entasser) pour forcer l'adhésion à la doxa confinementiste. Contre la différence de traitement qui fait qu'on ne voit que les victimes de la maladie et pas celles de la brutalité du « remède ». Contre l'impossibilité de dégager n'importe quelle idée alternative (par exemple autour de la protection différenciée et/ou optionnelle des personnes âgées ou fragiles : on se contente de dire que ce n'est pas possible, ça ne suffirait pas, ça n'a pas marché dans les EHPAD, comme s'il était moins coûteux de confiner tout le monde de force que de fournir la possibilité à ceux qui le souhaitent de le faire individuellement, comme si ce n'était pas une idée à essayer avant de passer aux méthodes plus brutales). Ou même simplement de remettre en question les règles les plus absurdement violentes du confinement à la française (la limite de 1km du domicile, en premier : quel fondement scientifique à une contrainte aussi mesquine et humiliante, bien plus sévère que ce qui se fait ailleurs en Europe ? soit dit en passant, signez cette pétition).

Je devrais écrire des choses plus détaillées et plus raisonnées. Par exemple expliquer pourquoi le chiffre de 400 000 morts est irréaliste (en tout cas si on parle simplement de ne pas faire de confinement et pas supprimer toutes les mesures qu'on a déjà mises en place), pourquoi il n'est là que pour faire peur, et aussi et d'où il sort[#]. Ou discuter un peu d'approches alternatives au confinement généralisé et qui soient probablement meilleures que ne rien faire de plus que ce qu'on a déjà fait (même si cette dernière option me semble elle-même déjà bien meilleure que le confinement), par exemple fournir des moyens sérieux à ceux qui souhaitent s'isoler selon le niveau de risque qu'ils souhaitent eux-mêmes accepter.

[#] À savoir, probablement de cette opinion de Fontanet et Cauchemez. (Ce n'est d'ailleurs qu'un commentaire invité par les rédacteurs de la revue, et pas une publication scientifique au sens usuel : our Comments aim to address topical issues […] or offer a short, authorative opinion on a scientific area — citation tirée d'un autre journal du même éditeur, mais ayant sans doute la même politique). Mais même cette opinion évoque l'immunité grégaire inconditionnelle, c'est-à-dire si on supprimait toutes les mesures déjà mises en place, et même sous ces conditions, son calcul est est incroyablement biaisé et pessimiste à toutes sortes de niveau, et même avec ce pessimisme, 400 000 morts est bien en haut de la fourchette qu'ils donnent. Bref, on a pris le non-article le plus biaisé et pessimiste possible, on a mal interprété sa prémisse, et on a pris quasiment la borne la plus pessimiste même là-dedans. Il faudrait vraiment se demander si la politique se base sur les pires cas possibles ou sur le plus plausible : parce que si on cherche le pire cas, il faut aussi le faire quand on parle des conséquences du confinement.

Mais je suis fatigué d'expliquer les choses. Je n'en peux plus de me battre contre la connerie. Je vais plutôt parler un peu de moi et de comment je traverse cette farce grotesque, en espérant que ce soit un peu cathartique.

J'ai déjà raconté à quel point j'avais mal vécu le premier confinement. Le , c'est-à-dire à la veille de sa mise en place, mais alors qu'il devenait de plus en plus évident, le poussinet et moi avons eu une longue conversation pour essayer de décider si nous devions rester à Paris ou fuir. Le poussinet était d'avis de fuir à la montagne, à Termignon (Val-Cenis, en Savoie, en Haute Maurienne Vanoise plus précisément) où ses parents ont une maison, où nous avions raisonnablement confiance qu'il ne serait pas possible de nous empêcher d'aller dans la forêt. Mais en contrepartie, il s'agit d'un village isolé et nous serions bien embêtés pour faire les courses (même s'il y a maintenant un supermarché à distance raisonnable) ou en cas de souci de santé, la connexion Internet n'est pas terrible, et surtout, pour quelqu'un d'aussi casanier et hostile aux voyages que moi, ce n'est pas chez moi.

Le choix entre perdre mon foyer et perdre la possibilité de me promener dans la nature a été comme si on me laissait le choix entre me couper les mains ou me couper la langue (c'était même éventuellement un choix triple, parce qu'il y avait aussi l'option que le poussinet parte à la montagne et que je reste à Paris, mais ça nous a semblé encore pire). Je savais que, quel que fût le choix que je fisse, je le regretterais. J'ai choisi de garder mes mains, c'est-à-dire de rester chez moi, et j'ai immensément souffert d'avoir perdu la langue, c'est-à-dire, de ne pas pouvoir me promener en forêt. (Certes, vers la fin de ce premier confinement, nous avons fait le confinement buissonnier, c'est-à-dire que nous sommes sortis sans autorisation pour nous promener malgré tout, dans la forêt de Verrières ou dans celle de Sénart, mais je me sentais comme une bête traquée et ce n'était pas du tout agréable. Peut-être que j'aurais ressenti la même chose si nous étions allés à Termignon.)

À ce moment-là nous avons décidé que, si le choix se représentait, nous prendrions l'autre option, celle consistant à fuir Paris. Mais plutôt que d'aller à Termignon, nous avons penché pour la possibilité d'aller à Chambéry, où mes beaux-parents ont un grand appartement (ils ont beaucoup de biens immobiliers… je ne sais plus pourquoi nous n'avions pas évoqué cette possibilité en mars) : c'est un compromis entre l'isolement de Termignon et l'étouffement de Paris, il y a plus facilement qu'à Termignon moyen de faire des courses ou de consulter un médecin, et il y a plus qu'à Paris de parcs et de bouts de forêt à proximité (y compris moyen de fuir dans la nature si j'arrive à ne pas m'y sentir comme une bête traquée), et au minimum, pour pouvoir prendre l'air, il y a une grande terrasse, que je n'ai pas à Paris, avec une belle vue. En plus de ça, le port du masque à l'extérieur n'est pas obligatoire à Chambéry (sauf dans le centre ; enfin, je crois : c'est devenu absolument impossible de s'y retrouver dans le chaos de décisions contradictoires à ce sujet ; mise à jour () ah zut).

Malgré tout, fuir n'a pas été une décision facile. , quand il est devenu clair qu'un nouveau confinement était inéluctable, nous avons eu essentiellement la même conversation qu'en mars (rester ? fuir ? et si fuir, dans quelles conditions ? à 6h du matin le lendemain ? en attendant l'allocution de Macron le soir suivant ?). À partir de ce moment-là, et jusqu'à la fin de la semaine, je n'ai plus été capable de manger plus que quelques biscuits de temps en temps, ni de dormir plus que quelques heures — déjà que l'angoisse de l'approche du reconfinement et d'autres encore faisaient que je ne dormais plus beaucoup ces derniers jours, je n'étais pas dans un état mental capable d'affronter une décision aussi terrible. Le poussinet piquait de violentes crises de colère, contre le gouvernement et tous les confinementistes de tout poil, de me voir ainsi dépérir ou m'effondrer en larmes sans arrêt, et moi je souffrais encore plus de le voir hurler de colère et jeter nos affaires à travers la pièce. Et nous avons changé d'avis une fois, puis deux, puis trois… Je crois que nous avons dû ainsi compter jusqu'à douze, même une fois que nous étions en route. Finalement nous sommes venus à Chambéry, et c'est là que me trouve en ce moment, en nous disant que nous trouverions bien moyen de rentrer à Paris si je me sentais trop mal d'être exilé loin de chez moi (soit en faisant valoir le fait que les déménagements sont autorisés par le décret qui impose le confinement, soit en obtenant des justificatifs professionnels, soit simplement en passant entre les mailles du filet, ou en espérant que même si on nous met une amende de 135€ on ne nous oblige pas à faire demi-tour).

Et il n'y a pas que la décision (les mains ou la langue ?) qui a été horrible à prendre : moi qui déteste les déménagements et les voyages, j'ai dû choisir à toute vitesse ce que j'emportais avec moi en exil, avec l'angoisse d'oublier des choses essentielles que je ne pourrais plus revenir chercher. Nous sommes partis avec une voiture pleine comme un œuf de tout ce que j'avais trouvé moyen de mettre dans des boîtes. Nous avons confié à des voisins le soin de quelques plantes auxquelles le poussinet s'est attaché (chaque jour il regardait comment elles se portait avec la fierté d'une poule pour ses poussins) et que nous n'espérons guère retrouver en vie.

Il est vrai que le voyage, malgré le manque de sommeil (le poussinet a dû conduire tout du long, je n'étais pas en état de le faire), a été moins éprouvant que je le pensais. Le fait de retrouver pour quelques jours la présence rassurante de ma belle-mère (avant qu'elle nous laisse l'appartement) a aussi été un réconfort. Les quelques jours suivant mon arrivée à Chambéry, j'ai été moins mal, peut-être du simple fait d'avoir agi.

Mais je sens que je retombe déjà dans la spirale de la colère et de la dépression (lors du premier confinement aussi, j'avais connu quelques jours où j'allais moins mal). Sans doute mon état empirera-t-il encore quand mon chez moi me manquera vraiment. En ce moment, la colère n'est pas passée, et si je suis peut-être moins déprimé pour moi-même, je me demande ce que va devenir une société qui n'a plus d'autre perspective que de passer deux mois sur quatre emprisonnée dès que le virus montre le bout de son nez, dans un cycle dont personne n'est capable d'expliquer comment il pourrait finir à part simplement que tout le monde en ait marre et ignore le nombre de morts. Et j'ai beau être dans un environnement moins immédiatement étouffant, je ne me sens pas tellement moins prisonnier qu'en avril : je commence déjà à en faire des cauchemars.

J'avais raconté avoir beaucoup souffert, lors du premier confinement, de l'impression d'être le seul à très mal le vivre. Suite à ces billets (celui du et celui du ), j'ai reçu énormément de témoignages, soit par mail privé soit dans les commentaires de ce blog soit dans d'autres forums où je me suis exprimé, de personnes ayant également souffert, quoique pas forcément pour les mêmes raisons que moi, du premier confinement, et j'en vois maintenant passer au sujet du second (y compris de personnes qui avaient très bien vécu le premier et dont la situation n'est plus du tout la même). Peu décrivent une détresse aussi aiguë que la mienne, mais j'ai par exemple un collègue et ami qui n'a osé sortir de chez lui qu'une fois en tout pendant toute cette période, pour poster une lettre (il a un supermarché en bas de son immeuble pour ses courses essentielles), et qui faisait des cauchemars récurrents dans lesquels il s'imaginait dehors sans son attestation. J'ai une autre collègue qui n'arrive plus à dormir, qui travaille frénétiquement la nuit parce qu'elle n'arrive pas à faire autre chose. J'ai plusieurs amis qui souffrent de solitude à différents degrés. Au niveau indirect (des connaissances de connaissances), je dénombre au moins trois suicides qui semblent assez directement liés au confinement. Et encore, je fais partie, comme la plupart de mes connaissances, d'une classe privilégiée qui n'a guère à subir de conditions matérielles vraiment pénibles qui viendraient s'ajouter à la souffrance psychologique de l'emprisonnement.

Il y a sans doute toutes sortes de raisons pour lesquelles le gouvernement français ignore totalement, ou choisit de ne pas voir, les victimes du confinement (sauf dans une petite mesure sur le volet économique), ne leur adresse pas la moindre parole, même symbolique, pas la moindre reconnaissance de leurs souffrances, alors qu'il en fait des tonnes pour les victimes de la maladie. Il s'agit d'une douleur qui, quoique bien réelle, n'est pas aussi aisément quantifiable ou même simplement détectable, que les morts dans les hôpitaux, les personnes en réanimation qui provoquent l'émotion de notre ministre de la Santé à l'Assemblée nationale : comme je le dis ci-dessus, j'ai moi-même eu du mal à prendre la mesure de ceux qui souffrent dans mes cercles de connaissances. Mais un autre aspect est que les ministres ne sont évidemment pas personnellement touchés par le confinement : je trouve frappant que la presse ait jugé pertinant de signaler qu'on avait observé le ministre de l'Intérieur faisant son jogging à plus de 1km de chez lui, parce que ça signifie qu'il n'est pas complètement évident pour tout le monde (comme ça l'était pour moi) que ces gens ne sont pas concernés par les mesures qu'ils décrètent — qui imaginait sérieusement M. Darmanin remplissant son attestation avant de sortir, et qui imaginaient-ils qui allait lui demander des comptes sur où il allait ? Par contraste, le covid touche effectivement les hommes politiques, et même plutôt plus que les autres à cause de tous les contacts qu'ils ont : il n'est donc pas très surprenant qu'ils aient la tentation de prêter plus attention aux victimes de la covid qu'aux victimes du confinement.

Mais ce que je trouve vraiment terrifiant, c'est aussi que je n'arrive maintenant plus à éprouver en moi-même d'empathie pour les personnes qui meurent ou souffrent du covid[#2], et à peine plus pour ceux qui se battent héroïquement pour les soigner. On a détruit ce qui fondait ma volonté de la vivre, aboli ma liberté, dans une tentative absurde, farcesque et scientifiquement infondée d'alléger leur combat, sans même accorder une seconde d'attention, pas la moindre étude officielle, pas le moindre mot de compassion (fût-il feint !) pour ceux comme moi, pendant qu'en même temps on instrumentalise la souffrance qu'on veut montrer : devant tant de mépris, je n'arrive pas à tendre l'autre joue. Je soupçonne que cette incapacité à éprouver de l'empathie doit être ce que ressentent les condamnés pour un crime qu'ils n'ont pas commis par rapport à la famille de la victime de ce crime : la douleur de ces proches est réelle et indéniable, mais s'ils appellent à ce que vous soyez puni, il faut être un saint pour réussir à la partager. Je sens en moi grandir l'abominable haine qui engendre les guerres : celle qui rend incapable de se rendre compte de la souffrance de l'autre parce qu'on éprouve soi-même une douleur qui l'obscurcit, et dont on les ressent comme responsables : vous refusez de voir ma douleur, pourquoi consentirais-je à voir la vôtre ?. Vous avez fait de moi un monstre. À prétendre qu'il n'y avait pas le choix, vous avez fait de nous tous des monstres incapables de comprendre la douleur les uns des autres.

[#2] Ceci changera bien sûr si moi ou un de mes proches est gravement touché par la maladie. On peut me faire d'avance un procès pour hypocrisie. Mais j'imagine de même que ceux qui appellent à un confinement plus strict et plus sévère, pour sauver un maximum de vies, changeront de position s'ils voient leurs proches se suicider parce qu'ils ne supportent plus leur prison ou parce que tous leurs espoirs pour l'avenir sont anéantis.

Je ne sais pas comment tout cela va finir. Scientifiquement, l'issue que je vois à cette pandémie qui soit la moins catastrophique passe par une combinaison de mesures de protection/distanciation tenables dans la durée et une immunité partielle dont on limiterait le dégât de l'acquisition par une protection différenciée des plus vulnérables. Tant que la société s'obstine à refuser de prendre ce chemin, je ne vois pas comment nous pouvons échapper au cercle infini des confinements et reconfinements soit jusqu'au moment où ils deviendront tellement inacceptables qu'ils ne s'appliqueront plus, soit jusqu'au moment où le virus estimera avoir eu sa dose de victimes, soit jusqu'à ce que ses structures mêmes s'effondrent complètement. Ce refus entraînera un bilan bien plus lourd, non seulement sur le plan des pertes humaines, mais aussi à cause de la faillite morale d'une société qui aura préféré renoncer à ses libertés fondamentales pour la protection illusoire d'un régime autoritaire. Le monde de l'après-covid sera bien plus sombre que celui d'avant, mais ce ne sera que très peu la faute du virus : ce sera avant tout la faute de notre réaction face au virus.

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