Je me rappelle en commençant cette entrée que j'ai créé une
catégorie astro
sur
ce blog, qui ne me sert franchement pas beaucoup. D'ailleurs, je suis
assez nul en astronomie sauf peut-être dans ses aspects les plus
mathématiques (genre, la mécanique céleste), et comme je suis trop
myope pour voir les étoiles même quand je ne suis pas à Paris où c'est
essentiellement impossible de toute façon, regarder le ciel nocturne a
assez peu d'intérêt pour moi. Mon papa m'a montré Saturne à travers
un télescope emprunté à l'Université de Toronto quand j'étais petit,
mais ma pratique de l'observation directe s'est arrêtée là.
Pour autant, je ne peux pas nier que, parmi d'autres objets
monstrueux qu'il est intéressant de
s'exercer à imaginer, les planètes
et autres corps du système solaire exerçaient et exercent toujours sur
moi une certaine fascination et si j'ose dire une certaine
collectionnite. Soit en raison de leur similarité avec la Terre qui
les rend au moins vaguement imaginables : Mars, maintenant, on en a
tellement de photos en très haute résolution, de vidéos, et de toutes
sortes de mesures, que ce n'est même plus drôle de l'imaginer (enfin
bon, si par hasard la NASA lit mon blog, j'aimerais
bien voir des vues d'Olympus Mons depuis une bonne distance, et
de Valles Marineris depuis son bord). Titan est, de nos jours,
ce que Mars était quand j'étais petit, et j'ai déjà mentionné
que cette
photo, la seule que nous ayons prise depuis la surface d'autre
chose que la Terre, la Lune, Mars ou Vénus, est, à mes yeux, l'image
la plus extraordinaire de l'astronomie et peut-être de toute la
science, parce que ces cailloux d'apparence banale (et qui sont
d'ailleurs essentiellement de la glace d'eau) ont été photographiés à
plus d'un milliard de kilomètres d'ici, sur un astre qui a une surface
solide, une atmosphère de pression semblable à celle de la Terre
(certes pas très respirable pour nous), et même des vrais lacs et mers
(d'hydrocarbures). Je rêve de voir une vidéo des lacs de Titan (y
a-t-il des vagues dessus ? [ajout :
apparemment non et
c'est un peu un mystère]). Mais si on écarte cet intérêt pour ce
qui ressemble au moins formellement à la Terre, j'ai tendance à
trouver que c'est la taille qui compte, et (comme Randall Munroe)
j'aimerais bien voir des photos de près des nuages des planètes
géantes. Ou d'ailleurs, des bonnes photos d'Uranus et Neptune, parce
que franchement celles qu'on en a ne sont pas terribles : à tel point
que quand on
cherche Uranus
dans Google Images, une bonne partie des
images renvoyées sont, en fait, celles de Neptune (bizarrement, celles
renvoyées pour Neptune ont bien l'air d'être de Neptune — mais c'est
aussi un peu toujours la même).
Au rayon c'est la taille qui compte
, d'ailleurs, bien avant
que Pluton ne soit dégradé au rang de planète naine, je
militais pour qu'on arrête d'appeler par le même nom les satellites
sérieux qui ont une forme bien ronde (ceux qui sont à peu près en
équilibre hydrostatique sous l'effet de leur propre gravité) et les
autres petites merdes qui tournent autour des différentes planètes.
Non, dis-je fermement, Jupiter n'a pas 67 lunes (nombre qui change
d'ailleurs régulièrement, quand j'étais petit c'était évidemment
beaucoup moins, et il ne peut que tendre vers des quantités colossales
quand on en sera à répertorier chaque molécule de son système
d'anneaux), il en a exactement 4, à savoir celles, Io, Europe,
Ganymède et Callisto, connues depuis Galilée, et les autres cailloux
qui orbitent autour méritent à peine qu'on les compte, pas qu'on les
range dans la même catégorie, et certainement pas qu'on leur
donne des noms individuels (je sais que Zeus était gros coucheur, mais
au bout d'un moment, l'arrachage de cheveux pour trouver la nymphe
violée après laquelle on va nommer le caillou du mois, ça devient
ridicule). Évidemment, quelle que soit la définition, il y aura des
cas tangents (comme Mimas ou Encélade, si bien que je ne sais pas
combien de lunes « sérieuses » a Saturne), mais au moins si on
convient de ne nommer que les objets ronds sous l'effet de leur propre
gravité, on a un espoir que le système solaire ait un nombre
d'objets localement exhaustible, c'est-à-dire, dont on puisse
énumérer la totalité jusqu'à une distance donnée du Soleil.
À ce titre-là, la consultation
de cette
page Wikipédia ou
de celle-ci
est assez intéressante comme catalogue des objets sérieux du système
solaire. La liste des transneptuniens, notamment, c'est-à-dire des
objets du même genre que Pluton et qui ont fait qu'on a dû déclasser
ce dernier parce que sinon on arrivait à un nombre ridicule de
planètes, est très rigolote, et on peut légitimement s'interroger sur
ce que peut être la taille du plus gros objet qui tourne autour du
Soleil au-delà de l'orbite de Neptune. Je ne comprends pas
parfaitement le diagramme de Venn des différentes classifications
d'objets transneptuniens (ceinture de Kuiper, disque épars, plutinos,
objets à orbites classiques ou résonantes, objets « détachés », objets
intérieurs du nuage d'Oort), et les définitions ne sont peut-être pas
très bien établies, mais ce qui est sûr c'est qu'il y a beaucoup plus
d'objets ronds connus dans le système solaire que quand j'étais petit,
et qu'ils ont des caractéristiques rigolotes. Dites bonjour
à : Éris,
à peu près de la taille de Pluton mais avec une orbite bien
excentrique et très inclinée qui l'emmène nettement plus loin que
lui ; Haumea, qui
tourne incroyablement vite sur lui-même et qui du coup est déformé en
un ellipsoïde très
aplati ; Makemake,
le plus gros connu après Pluton et Éris et dont l'orbite ressemble à
celle de
Haumea ; Orcus,
qui a une orbite sembablable en taille, excentricité et inclinaison à
celle de Pluton (on dit que c'est
un Plutino
) ; 2007 OR₁₀,
qui n'a même pas encore été nommé, et qui a une orbite semblable à
Éris ; Quaoar,
qui a une orbite bien classique (ronde et peu inclinée) et qui est
apparemment la première du lot à avoir été découverte ;
et Sedna, dont
l'orbite extrêmement elliptique l'entraîne à plus de 900 unités
astronomiques du Soleil (pour mémoire, Neptune est autour de 30 ;
actuellement, Sedna est autour de 90UA — c'est bien sûr
parce qu'il est vers son périhélie qu'on a pu le détecter), ce qui
pose plein de questions sur le nombre d'objets de ce genre. Si comme
moi vous avez du mal à vous y repérer,
voyez ce
diagramme
ou celui-ci
pour les orbites (demi-grand-axe et inclinaison)
ou là
si vous voulez voir Sedna dans le tas,
et là
pour une idée de la taille, forme et couleur de ces objets.
Tout ça pour dire que je suis content qu'on ait enfin de jolies photos de Pluton, mais que maintenant je voudrais en avoir d'Éris et autres (voire une vidéo de Haumea en train de tourner ?), et en tout cas j'ai plein d'images que je rêve d'avoir du système solaire. Par comparaison, les planètes extrasolaires, je n'arrive pas du tout à m'y intéresser, même quand on nous pipote qu'elles ressemblent à la Terre.