David Madore's WebLog: Fragment littéraire gratuit #100

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(vendredi)

Fragment littéraire gratuit #100

Qui peux-tu être ? Es-tu Siona Ishgur-Sal, général-en-chef des troupes impériales dans la si meurtrière bataille de Tuqnil — dont Je suis responsable ? Ou bien Marc, dont J'ai brisé la vie ? Alexandre le névrosé ? Gonhirn, le plus grand des héros ? Es-tu celui dont J'ai ouvert les yeux à la Vérité ? Quentin, l'idéaliste qui a vieilli ? Stéphane, à qui J'ai apporté le bonheur ? Es-tu l'esclave qui ploie devant son maître ? L'alchimiste à qui J'ai révélé l'Œuvre ? Brian, nommé en signe de paix ? Le Magicien, le Gardien ou le Général ? Le Dragon ou le Dieu de Vie ? Ou es-tu le Libérateur, décidé à affranchir tous ceux que J'ai créés ? Peut-être enfin es-tu Moi-même, depuis le fond de Mon abyme ?

Tu es venu jusqu'à Moi. Dans cette chambre, ce soir, dans cette chambre où Je croyais être seul, cette chambre où tout se joue, où J'écris ces phrases, tu es entré et tu Me regardes. Tu ne Me quittes pas des yeux. Seul. Seul avec Mes créatures. Tes yeux hurlent la vengeance.

Un instant, Je M'imagine M'agenouillant à tes pieds : te suppliant de Me pardonner, au nom de vous tous, pour ce que Je vous ai fait subir. Mes enfants ! pouvez-vous seulement deviner que Je vous aime autant que tu Me hais ? M'accorderais-tu ton pardon ?

Comprends-tu seulement Mon besoin de créer ? Démiurge de pacotille, qui rêve de mondes infinis, Je n'en accomplis que des fragments. Ressens-tu Ma honte devant ce qui est imparfait ? Sais-tu combien Je souffre des limites qui vous retiennent ?

Non. Tu ne peux pas M'entendre.

Tapi dans l'ombre où vivent les cauchemars et les remords, tu t'approches de Moi. Je frissonne. Je compte jusqu'à trois. Tu lèves la main sur Moi. Je fais ce que Je dois : J'écris trois mots en retenant Mon souffle. Trois mots :

Tu es mort.

J'essuie une larme.

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